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Expatrié il reste à Wuhan par devoir moral et humanitaire

  • Expatrié, il reste à Wuhan par devoir moral et humanitaire. reproduit par Courrier international, cet article de l’orient le jour donne une autre vision de l’épidémie en Chine. La propagande déversée par les Etats-Unis et les médias aux ordres contre la Chine commencent à provoquer un réflexe de résistance chez les gens les plus politisés et ceux qui ne supportent pas que l’on utilise une épidémie comme un argument de déstabilisation politique (note de danielle Bleitrach)

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Adham Al-Sayed, en live Facebook, témoigne de la réalité de la situation à Wuhan. PHOTO Adham al-Sayed
Adham Al-Sayed, en live Facebook, témoigne de la réalité de la situation à Wuhan. PHOTO Adham al-Sayed

Cet article est issu du Réveil Courrier. Chaque matin à 6h, notre sélection des meilleurs articles de la presse étrangère.

OUVRIR DANS LE RÉVEIL COURRIER

Adham Al-Sayed, un jeune Libanais installé à Wuhan, refuse de quitter la ville et de faire partie des rapatriés consécutivement au coronavirus. Entre fausses informations, virulence du virus, gratitude et soutien envers la ville, il explique son choix.

Adham Al-Sayed est l’un des trois Libanais qui vivent encore à Wuhan (Chine), berceau de l’épidémie de la nouvelle infection à coronavirus (2019-nCoV). Ce jeune de 32 ans, originaire de Barja au Liban-Sud, est installé en Chine depuis cinq ans. Il y poursuit un doctorat en économie quantitative.

Contrairement à ses deux autres compatriotes – le premier a été rapatrié il y a cinq jours sur un vol affrété pour des étudiants jordaniens et palestiniens, et le deuxième hier sur un vol iranien comptant à son bord des Syriens, des Irakiens et des Iraniens –, Adham refuse de quitter Wuhan.

Les raisons qu’il invoque sont multiples :

Jusqu’à présent, les autorités chinoises et l’Organisation mondiale de la santé n’ont pas encore appelé à l’évacuation de la ville. Ce sont les autorités américaines qui ont insisté dès le premier jour de la déclaration de l’épidémie, campagne médiatique à l’appui, pour rapatrier leurs ressortissants. Ils ont été suivis par l’Australie et plusieurs autres pays, notamment sous la pression des familles. À cela s’ajoute le fait que de nombreux étudiants n’ont aucune expérience des fléaux ou autres événements graves. Ils ont donc préféré partir.”

La propagation de fausses informations

Adham déplore dans ce cadre les fausses informations qui ont circulé dès le premier jour sur ce nouveau coronavirus. “On voyait des vidéos montrant des gens qui tombaient par terre, comme s’ils étaient victimes d’une crise cardiaque” critique-t-il. “C’est aberrant. Si on suivait de près les informations scientifiques, on

[…]

Nada Merhi
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Publié par le février 8, 2020 dans Uncategorized

 

Cuba : Coronavirus, une autre action de terrorisme biologique?

Achèvement du premier hôpital de Wuhan en Chine pour traiter le coronavirus
La Chine fait face au coronavirus de manière responsable et avec son peuple., À l’image du premier hôpital à soigner les malades, construit en seulement dix jours, et le deuxième hôpital est déjà livré dans le même but. Photo: XINHUA

Un article publié dans son blog personnel par le journaliste espagnol Patricio Montesinos  examine  la théorie selon laquelle le coronavirus peut être un germe créé dans des laboratoires aux États-Unis, comme une arme bactériologique de la guerre commerciale déclenchée par Washington contre la Chine.

Selon le texte reproduit dans Rebellion, plusieurs déclarations récentes de hauts responsables de la Maison Blanche et une campagne médiatique internationale anti-chinoise de plus en plus intense nourrissent l’hypothèse que l’administration du président Donald Trump pourrait être responsable de l’épidémie qui est apparue à la fin Décembre 2019, dans la ville de Wuhan.

Montesinos se réfère à ce qui a été dit le 31 janvier par le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, qui a déclaré: « l’épidémie de coronavirus qui a infecté des milliers de personnes pourrait stimuler l’économie américaine ». Mais le haut fonctionnaire est allé plus loin en affirmant que « cela contribuera à accélérer le retour des emplois en Amérique du Nord ».

Ces déclarations de Ross ont suivi celles du secrétaire d’État Mike Pompeo, qui, au milieu de l’urgence dans le monde en raison de la maladie susmentionnée, a identifié la Chine comme une menace pour les principes démocratiques internationaux.

À cela s’ajoute le silence complice des grands médias qui ne mentionnent pas les énormes efforts consentis par les autorités du pays asiatique pour maîtriser l’extension de l’épidémie, dont la construction en un temps record de deux grands hôpitaux destinés à Fournir une assistance médicale de la plus haute qualité aux patients et la recherche de médicaments efficaces qui peuvent guérir la maladie.

Le journaliste déclare dans son article que bien qu’ils aient tenté de le cacher, le monde sait bien comment les administrations successives des États-Unis sont allées jusqu’à la guerre biologique pour renverser des gouvernements considérés comme des conflits adverses, déchaînés entre les nations et exterminer les populations.

Fidel, l’un des premiers objectifs

Un regard sur ce qui s’est passé dans le monde au cours des 60 dernières années nous permet d’affirmer que peu de nations ont subi des formes d’attaques biologiques aussi variées que Cuba.

L’une des premières victimes de cette sombre façon d’agression était peut-être le commandant en chef Fidel Castro au début de la Révolution, lorsque la Central Intelligence Agency (CIA) a conçu un plan pour contaminer une combinaison de plongée. qui devait  être utilisé par le leader cubain.

Soigneusement infectée par les bacilles de la tuberculose, la société a voulu utiliser l’hospitalité de Fidel avec James Donovan, un avocat qui a négocié avec le gouvernement cubain pour libérer les mercenaires capturés lors de l’invasion de Playa Girón, pour l’envoyer au chef de la Révolution le costume susmentionné.

Le cadeau macabre n’a pas été remis par Donovan à son hôte et les versions arrivées à ce jour suggèrent qu’il a refusé ou cherché un prétexte pour éviter de s’impliquer dans l’acte infâme.

Il y avait aussi pas mal de tentatives d’inoculer des micro-organismes dans le tabac que Fidel fumerait, afin de favoriser la chute de sa barbe emblématique.

Après l’échec de l’invasion de Playa Girón, en 1962, la société, avec l’approbation du gouvernement américain, a mis en œuvre la soi-disant opération Mongoose, (mangouste) qui comprenait parmi ses actions l’utilisation d’agents biologiques et chimiques capables de détruire les cultures cubaines et de neutraliser les  travailleurs agricoles.

Ce n’est donc pas par hasard que peu de temps après, le virus pathogène New Castle est apparu dans les champs de la plus grande des Antilles et a causé de graves dommages aux  volailles dans l’île et le fait que nous avons dû en sacrifier des dizaines de milliers de spécimens.

Selon la déclaration de William Turner, ancien agent du FBI et du journaliste Warren Hinckle, dans le livre Lethal Secrets: The War of the CIA and the American Mafia against Fidel Castro and the Assassination of John Fitzgerald Kennedy , les États-Unis ont utilisé le La guerre bactériologique à Cuba pendant l’administration de Richard Nixon (1969-1974) et de la CIA a engagé le gouvernement du Nord dans une guerre secrète non déclarée et illégale contre Cuba. La preuve en est l’émergence soudaine et la propagation rapide en 1971 de la première épidémie de peste porcine africaine, dont le contrôle et l’éradication ont conduit à l’élimination de plus d’un demi-million de porcs.

Le 7 janvier 1977, un câble de l’agence américaine UPI, daté de Washington, rapporte qu’une source non identifiée de la société a déclaré avoir reçu un conteneur contenant des virus au début de 1971, à Fort Guglick, base de l’armée américaine dans le Zone du canal de Panama. Le même serait transféré dans un bateau de pêche à des agents chargés d’opérer clandestinement à Cuba.

Grâce aux recherches effectuées par un groupe de scientifiques du Centre national de la santé agricole (Censa), dirigé par le Dr Rosa Elena Simeón Negrín, il a été conclu que ce germe spécifique des porcs avait été artificiellement adapté pour le véhiculer. à travers les oiseaux. Les spécialistes ont averti que cela ne pouvait être réalisé que de manière intentionnelle et avec des techniques raffinées de génie génétique et de biotechnologie.

C’était la première fois qu’une maladie agressive se propageait dans l’hémisphère occidental.

La peste porcine africaine est réapparue à Cuba en 1979. A cette occasion, on pouvait savoir que la réinfection avait pour origine les environs de la ville de Caimanera, très proche de la base navale, qui occupe illégalement le territoire de Guantanamo.

D’autres actions de guerre bactériologique subies par le peuple cubain entre les années 70 et 90 du siècle dernier ont été l’introduction délibérée du moule bleu du tabac (1971), qui a gravement affecté la production d’un article exportable aussi important, la Roya de La Caña (1978), dont l’effet dévastateur a forcé le démantèlement de presque tous les champs plantés avec la variété de canne Barbados 4326, avec des rendements agricoles et industriels élevés; la douloureuse épidémie de dengue hémorragique (1981), faisant 158 ​​morts, dont 101 enfants, et la peste des insectes Thrips palmer qui ont dévasté diverses cultures.

Lors du procès à New York en 1984 à l’agent de la société d’origine cubaine Eduardo Arocena, il a déclaré ouvertement que la mission du groupe sous son commandement avait été confiée pour obtenir certains germes pathogènes et les introduire à Cuba.

Les aveux sont consignés dans le procès-verbal de la page 2189, dossier 2-fbi-n et 185-1009, mais le procureur n’a jamais ordonné l’enquête.

Il n’y a aucune preuve pour le moment que le coronavirus fasse partie d’une action terroriste biologique aux États-Unis, mais la pratique de ce pays et les déclarations de certains de ses plus hauts responsables amènent le journaliste Patricio Montesinos dans son grand article à demander: « N’est-il pas très suspect que le coronavirus soit apparu en Chine et que Washington l’ait introduit pour affaiblir ce que beaucoup considèrent déjà comme la première puissance économique du monde, au-dessus de l’empire  sous la  direction catastrophique de Trump?

 

En contexte

  • Selon un rapport publié hier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 31 400 cas de coronavirus infectés existent dans le monde, et plus de 31 200 en Chine.
  • L’épidémie est déjà dans 25 pays et 638 personnes sont décédées, dont une seule a été enregistrée en dehors du géant asiatique.
  • Aucun pays d’Amérique latine n’est encore sur la carte de distribution du coronavirus préparée par l’oms, bien que la contagion d’un citoyen argentin voyageant sur un bateau de croisière détenu au Japon ait été prouvée.
  • Jusqu’à présent, les médecins chinois ont sauvé 1 540 personnes, selon un rapport du Quotidien du Peuple.
  • Le Quotidien du Peuple a rapporté que le président chinois, Xi Jinping, s’est entretenu vendredi par téléphone avec son homologue américain, Donald Trump, pour demander la raison dans l’atmosphère des médias internationaux, où ils exposent délibérément des chiffres et des données sans contraste, qui véhiculent une image. que la nation asiatique ne fait pas assez pour lutter contre l’épidémie.
  • Lors de la 146e session du Conseil exécutif de l’oms, tenue le 4 février, le directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a félicité la Chine pour les mesures énergiques et la rapidité de la confrontation.
 
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Publié par le février 8, 2020 dans Uncategorized

 

Toujours à propos du nouveau blog,un échange-contribution

chère jeanne, dominique, merci, tu me permets de reprendre ton texte, il est si proche de ce que je veux produire, de ce que Marianne qui est plus jeune que moi apporte que je te remercie de l’avoir compris… C’est ça que je veux partager et pas ce viol constant de ma mémoire, de mon intelligence, de mon coeur que représentent certains comportements… Jeanne Dominique, tu le sais ce blog t’es ouvert comme à tant d’autres. Ce sera avec ou sans le PCF, mais avec ce qu’il a créé en nous d’exigences et que tu dis si bien… Il me semble que toi qui sait lire et si bien écrire, tu pourrais nous tenir une rubrique de compte-rendu de lectures à la manière de ce que tu décris, comment une lecture incite à une autre, les parcours de lutte autant que de connaissance. (note de danielle Bleitrach)

Platon disait qu’il fallait aller « aux grandes choses en tournant autour » , il parlait de la philosophie comme propédeutique à la politique.
Bien sûr si nous étions des matérialistes mécanistes on dirait qu’il n’est qu’un idéaliste mais sachons le lire.
Je trouve Danielle que votre projet est un excellent projet, en fait je trouve que c’est un projet qui revient sur ces bases.
Ce qui m’avait immédiatement accrochée quand j’ai commencé à lire ton blog c’est à dire quand tu l’as commencé sous ce titre, c’est que tu mêles , pas en rhapsodie dénuée de sens ,mais en constellation, des plans qui font la richesse et d’une vie, et d’une pensée politique éducatrice pour tous.
Tu parles, d’art, de musique, de littérature, de cinéma, de tes indignations,de tes goûts, tu m’as permis de réfléchir à des choses comme la psychiatrie quand tu as mis des textes de Saint-Alban, tu as parlé de Brecht tant de fois, tu as fait découvrir avec Marianne des peintres russes et Soviétiques, tu m’as ouvert les yeux sur Cuba que je ne connaissais que par ouï dire…
Lire tes mémoires, quelle ouverture ! Tu as rencontré tant de gens ,tu t’y es frottée, confrontée, caressée, tu as les soucis de nous tous, condition humaine de mère courage confrontée à la mort et en même temps avide de faire circuler.
Je pense qu’effectivement l’époque et les forces qui nous restent demande « un long détour » car il y a tant de perte! quand on pense ce qu’était l’éducation que m’a donnée le Parti et la sphère complète de la « nébuleuse » communiste, les discussions entre copains, les discussions sérieuses entre camarades responsables quand on militait, on ne disait pas n’importe quoi, on frottait nos esprits les uns aux autres et on avait un peu de flamme…
Dans mon travail de professeur je me suis astreinte non seulement à lire les philosophes du programme ,mais aussi les oeuvres de nos classiques et leurs adversaires in extenso de Plékhanov, aux mémoires de Georges Cognot ! Je me suis tapée les Mystère de Paris d’Eugène Süe en parallèle de misère de la philosophie , j’ai lu tous les rogatons mais aussi Feuerbach et Sénèque, Lucrèce et Sade, Rousseau et Stendhal,
Quand je suis parvenue à ton blog :je me suis dit « il n’y a pas que moi »! qui a cette fringale de savoir.
Danielle toi tu as le courage, la rage, la puissance et le talent de savoir écrire et pas que lire, tu sais bouger, aller et venir …
Ton nouveau blog va remettre les choses en place et nous permettre à tous de progresser dans cette étape oublieuse, déculturée,

« Mais avec tant d’oubli comment faire une rose,
Avec tant de départs comment faire un retour,
Mille oiseaux qui s’enfuient n’en font un qui se pose
Et tant d’obscurité simule mal le jour. »

Danielle ton projet commun avec Marianne est très excitant, je vous soutiens fort, si je puis avec mes petites forces te recopier des textes, t’apporter un éclairage de petites chroniques dis le moi.
Bravo en tous les cas vous êtes complémentaires,des passeuses sur le long détour…

 
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Publié par le février 8, 2020 dans Uncategorized

 

Patrushev a répondu aux menaces américaines contre la Russie pour avoir soutenu Maduro

On sait que Llavrov a entamé une tournée tranquille et à la Soviétique en Amérique latine, en commençant par Cuba, puis en allant au Mexique, puis au Venezuela, ce qui a mis hors de lui Trump qui y a vue une contestation intolérable de sa politique, au moment même où comme Macron un peu plus tôt, il recevait Juan Guaido l’opposant dont la position est totalement affaiblie au Venezuela  le secrétaire du conseil de sécurité russe lui répond (note et traduction de danielle Bleitrach)

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7 février 2020, 16:16
Photo: Mikhail Mettsel / TASS
Texte: Alexey Degtyarev

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Le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolai Patrushev a déclaré que les menaces de Washington contre Moscou et Caracas visaient à soutenir les forces anti-gouvernementales au Venezuela.

« Les déclarations de la partie américaine que vous avez mentionnées ne sont rien d’autre qu’une tentative d’encourager les forces anti-gouvernementales dans le contexte de la faible cote de leur chef et au contraire du renforcement de la position des autorités légitimes », a déclaré Patrushev, rapporte RIA Novosti .

En effet, le représentant spécial américain pour le Venezuela, Elliott Abrams, avait déclaré peu de temps auparavant  que la Russie « découvrirait bientôt » que le soutien apporté au président vénézuélien Nicolas Maduro ne restaierait pas impuni.

l’administration américaine a mis en garde contre la possibilité d’imposer des sanctions contre Rosneft (l’entreprise d’hydrocarbure) en raison de la poursuite de la coopération avec les autorités du Venezuela. En novembre de l’année dernière, les médias américains ont fait état de « fournitures secrètes » de pétrole du Venezuela.

 
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Publié par le février 8, 2020 dans Uncategorized

 

Nouvelles du futur BLOG qui continuera sans doute à s’appeler Histoire et societe

A paramilitary policeman stops a toddler from crossing a restricted area at Tiananmen Square, opposite to the Great Hall of the People, the venue of the National People’s Congress or parliament, in Beijing March 3, 2010. The annual sessions of China’s top political advisory body and top legislature, the Chinese People’s Political Consultative Conference and the National People’s Congress, are to open respectively on Wednesday and Friday. REUTERS/Nir Elias (CHINA – Tags: POLITICS SOCIETY IMAGES OF THE DAY)

dans notre futur blog, pour le moment nous prévoyons la possibilité de plusieurs rubriques.

L’une concernera la culture et surtout le cinéma, pour mon plaisir, mais pas seulement, à travers le cinéma, il y a  le choix de nous intéresser non seulement à l’avant-garde mais aussi aux aspects les plus populaires de la culture. Si je n’avais pas trois antipathies fondamentales, le sport et les voitures, les jeux vidéos il est probable que j’aurais fait une rubrique sur ces formes populaires par excellence.


L’autre rubrique sera consacrée essentiellement comme aujourd’hui à l’actualité internationale avec nos traductions à Marianne et à moi. ce sera donc le prolongement de ce que vous connaissez déjà dans ce blog et que l’on pourrait intituler Actualités internationales. 


La troisième rubrique est à l’origine de la transformation puisque c’est Marianne qui a regretté que des textes essentiels ne soient pas mieux mis en évidence. Trop souvent les lecteurs s’intéressent à certains textes qui nous paraissent plus marginaux et un peu « sensationnels » et négligent des textes qui appellent réflexion, les mettre dans cette rubrique qui sera moins mobile, moins alimentée que la précédente la désignera au lecteur.  Nous ne serons pas nécessairement en accord total avec ce qui sera publié mais cela nous paraîtra de nature à ouvrir le débat sur les changements de sociétés, tels qu’ils s’annoncent. 

Une quatrième rubrique portera le titre de « civilisations » c’est-à-dire qu’il abritera des textes, des photographies, des vidéos consacrées à la connaissance des civilisations dans le temps et  dans l’espace. Nous le meublerons à partir de nos connaissances et intérêts de linguiste pour Marianne et de sociologue pour moi..


Il est également prévu des brèves journalières si la « plume » est d’accord.

Vous remarquerez qu’il n’y a plus d’espace pour la politique au jour le jour et en particulier pour les campagnes électorales. C’est volontaire, il s’agit pour nous à la fois de tenter ce que nous avons jadis connu dans le PCF, une vulgarisation de divers domaines de la connaissance, « du matérialisme historique », comme dans la très ancienne Nouvelle Critique.  Nous ne négligerons pas de parler de la France mais dans chacune des rubriques et comme un pays du même type que les autres, c’est-à-dire en publiant des informations sur le fond. Nous accueillerons volontiers comme aujourd’hui les contributions en discutant avec leurs auteurs comme toute rédaction.

j’allais oublier : il y avait à l’origine la célébration des cent ans du pCF. La direction du PCF a tranché dans un sens qui ne me convient pas, ce sont les gens qui m’ont interdit, censurée, diffamée depuis plus de vingt ans qui sont les maîtres d’oeuvre de l’opération. Je n’en attends rien et ne m’en préoccupe plus. Cela m’économisera un travail qui ne mène à rien , celui de tenter d’aider les communistes à être fier de leur parti : on ne fait pas boire de force un âne qui n’a pas soif.


Nous en sommes-là et nous avançons dans le projet qui devrait s’articuler sur des débats choisis et dont nous ferions des compte-rendus.


Bientôt je vous présenterai une première maquette.

 

danielle Bleitrach

 
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Publié par le février 8, 2020 dans mon journal

 

Le Vietnam a réussi à cultiver et à isoler les souches du nCoV

tandis que Trump s’amuse à créer la peur pour poursuivre sa guerre économique, tandis les politicards et les médias aux ordres e Europe, en France en particulier continuent à agiter le péril jaune et leur haine du communisme, le reste du monde et les scientifiques continuent à tenter ensemble de vaincre l’épidémie. Comment voulez-vous que des êtres sensés , épris d’idéal, soucieux de l’avenir jugent ce monde criminel et  mesquin, pourrissant sur ses inégalités et la répression des révoltes autant que de la pensée? ici nous avons désormais décidé de voir le monde autrement (Danielle Bleitrach)

L’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie a annoncé sa réussite de la culture des souches du nouveau coronavirus (nCoV), a déclaré vendredi à Hanoï, le vice-ministre de la Santé Nguyen Thanh Long.
Nguyễn Thị Hồng Minh source 
Le Vietnam a reussi a cultiver et a isoler les souches du nCoV hinh anh 1Des souches du nouveau coronavirus (nCoV) sont cultivées et isolées par l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie (Photo: VNA)

Hanoï (VNA) – L’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie a annoncé sa réussite de la culture des souches du nouveau coronavirus (nCoV), a déclaré vendredi matin, à Hanoï, le vice-ministre de la Santé Nguyen Thanh Long.

En conséquence, l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie a cultivé et isolé avec succès les souches du nouveau coronavirus (nCoV) en laboratoire. Cela facilitera le dépistage rapide des infections au nCoV et des cas suspects.
Actuellement, le Vietnam compte plus de 1 000 personnes rentrant de Chine et près de 500 personnes qui sont en contact étroit avec des personnes infectées par le nCoV sont isolées et surveillées pour attendre les résultats des tests.
Avec ce signal positif, le Vietnam a la possibilité de tester chaque jour des milliers d’échantillons de patients en cas de besoin. Ce sera également une prémisse pour la recherche et le développement de vaccins contre ce virus à l’avenir.
Selon le vice-ministre de la Santé Nguyen Thanh Long, jusqu’à présent, le Vietnam assure toujours la fourniture de produits biologiques pour les tests. -VNA
 
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Publié par le février 8, 2020 dans Asie, INTERNATIONAL

 

Ne laissez pas les médias du capital ou DNC vous tromper – Sanders a obtenu une grande victoire dans l’Iowa

Sous une pression énorme, le président du Comité national démocrate (DNC) assiégé, Tom Perez, a appelé à une «recanvassation» en raison des complications majeures entourant le processus qui a largement entravé Sanders au profit de Pete Buttigieg.

En plus d’être à la tête du  total des votes, au moment de la rédaction de ce rapport (97% des votes totaux), le sénateur du Vermont devrait prendre la tête d’une formule compliquée d ‘«équivalent délégué de l’État», selon le New York Times . Si ces résultats se maintiennent, cela privera Buttigieg, qui a terminé avec une solide deuxième place, d’une chance de remporter la victoire de manière crédible – ce qu’il a déjà essayé de faire lundi soir une fois alors que zéro pour cent des résultats du vote avaient été rapportés.

Sanders n’a pas prononcé de discours de victoire aux heures de grande écoute lundi soir, mais sa campagne se trouve désormais en position de force. Le modèle de sondage de Nate Silver à FiveThirtyEight donne à Sanders de loin la meilleure chance de remporter la nomination.

Le modèle montre également Sanders comme le favori dans une grande majorité des États du Super Tuesday, y compris la Caroline du Sud , où Joe Biden avait longtemps été favoris. Le premier sondage national (Morning Consultune ) publié depuis l’Iowa montre que Sanders mène et gagne  de trois points.

Le scrutin pour la primaire du New Hampshire, qui a lieu le mardi 11 février, donne Bernie Sanders avec une avance considérable. Une victoire décisive de Sanders dans le New Hampshire pourrait porter un coup aux chances d’Elizabeth Warren, qui (comme Sanders) représente un État voisin. Sanders est également favoris pour remporter l’état de Warren, le Massachusetts, le Super Tuesday. Si cette tendance persiste, Warren pourrait se retrouver sans issue réaliste vers la nomination.

« Merci l’Iowa d’avoir mené notre campagne à la victoire », a déclaré Sanders . «Nous sommes bien placés pour remporter la nomination démocrate et vaincre le président le plus dangereux de l’histoire moderne de ce pays.»

« Il y avait toujours une chance », a déclaré jeudi matin la représentante  de Sanders, Nina Turner, en réponse aux résultats du caucus de l’Iowa. «L’Iowa a travaillé si dur. Tout comme des milliers de bénévoles. Nous avons remporté le vote populaire à deux reprises avec une coalition diversifiée [et] nous sommes sur le point de gagner le décompte des délégués. »

Au milieu de la confusion, une chose est claire: Biden dégringole

Même dans le brouillard de confusion sur les résultats de la course, un fait qui est rapidement devenu évident est l’effondrement époustouflant de Biden, qui a été traité comme le favori avant-coureur pendant plus d’un an.

Le camp de Biden a tenté de réduire les espoirs  avant de se rendre dans l’Iowa.

« Si Amy [Klobuchar] ou Pete fait mieux que prévu et obtient une tonne de buzz dans le New Hampshire, c’est vraiment mauvais pour Biden », a déclaré un démocrate avant le caucus. « Plus il y a de candidats modérés qui se disputent les restes de table pendant que Bernie gagne en force, plus le chemin est étroit pour lui à l’avenir. »

En terminant à la quatrième place, Biden n’a pas atteint le seuil de viabilité de 15% dans une grande partie de l’État.

Dans les circonscriptions où Biden n’était pas viable, beaucoup de ses partisans ont choisi de caucus avec Buttigieg au deuxième tour de scrutin. Cela a aidé l’ancien maire de South Bend à avoir une forte présence dans l’État, mais cela crée également le chaos dans l’aile d’établissement du parti.

«Étant donné que tout l’attrait de Biden est basé sur l’éligibilité, ce n’est pas un bon look pour lui de se classer à la quatrième place. Et puisque le maire Pete n’a aucun espoir avec les minorités, cela pourrait laisser l’établissement sans candidat viable », a déclaré Steve Maher, rédacteur en chef du Socialist Register et partisan de Bernie Sanders, dans une interview à Truthout . « Compte tenu des récents sondages montrant que le pare-feu tant vanté de Caroline du Sud pourrait s’effondrer, la voie à suivre pour Bernie semble plus claire que jamais. »

Biden a tenté de cacher ses performances lamentables en demandant un long audit du processus et en montrant plus tard son scepticisme quant aux chiffres incomplets publiés mardi.

Biden a également des difficultés financières, selon Lee Fang de The Intercept. «  La campagne de Biden est lancée, au cours des deux dernières semaines dans l’Iowa, son SuperPAC dirigé par des lobbyistes … est la seule chose qui le maintient en ondes à égalité avec d’autres candidats », a tweeté Fang . «Il est principalement financé par le milliardaire George Marcus, l’un des plus grands propriétaires immobiliers de Californie.»

Le maire Pete prendra-t-il le relais comme alternative modérée à Biden?

Buttigieg s’est bien comporté dans l’Iowa, sur lequel sa campagne comptait. Il a effectué sa première visite en Iowa en février 2019 et la décision de se concentrer sur l’Iowa fonctionnait; il a atteint le sommet des sondages à la mi-novembre, selon le sondage CNN / Des Moines Register (DMR). Cela a été aidé en partie par une couverture extrêmement favorable des médias du capital .

La première place de la campagne dans l’Iowa a faibli en hiver, lorsque Buttigieg a chuté de 10 points lors du sondage CNN-DMR du 10 janvier . Le dernier grand sondage avant le vote ( Emerson College du 2 février 2020) lui donne 15% des voix.

Malgré ces sondages négatifs, plusieurs personnes sur le terrain dans l’Iowa ont déclaré que Buttigieg avait un solide jeu sur le terrain et dominait certaines zones riches.

Le problème pour l’aile d’établissement du parti est que Biden est viable dans beaucoup plus d’États que Buttigieg, en particulier les États de Caroline du Sud et de Super Tuesday, selon certains sondages récents. Buttigieg continue de lutter pour construire une coalition diversifiée et obtient de mauvais résultats parmi les électeurs noirs. Son travail avec McKinsey & Company, une société de conseil qui aide les entreprises clientes peu recommandables à s’engager dans les actes les plus vils du capitalisme, est également devenu une source de controverse .

McKinsey, selon les rapports , a été complice de «certaines des débâcles commerciales et financières les plus spectaculaires de ces dernières décennies». Il a travaillé pour le compte de nombreux régimes autoritaires, de sociétés pharmaceutiques complices de la crise des opiacés et de l’Agence d’immigration et des douanes. . Ce ne sont pas des associations flatteuses pour de nombreux électeurs potentiels dans la primaire du Parti démocrate.

La campagne Sanders plaide pour l’optimisme

Indépendamment de la performance de Bernie Sanders lors de la première course primaire de 2020, il était largement anticipé parmi les progressistes que les médias du capital  et l’establishment du Parti démocrate peindraient ses résultats de la manière la plus négative possible. Si Sanders arrivait en première place, ils diraient que les résultats sont illégitimes. S’il venait en deuxième position, ils rédigeraient sa nécrologie politique.

Mais les résultats du caucus de l’Iowa montrent que même face à des obstacles sans précédent et à des courtiers malhonnêtes en charge du processus primaire du Parti démocrate, le mouvement populaire derrière la campagne de Sanders peut gagner.

« Oui, ce qui s’est passé était injuste pour Bernie », a déclaré Naomi Klein dans un fil sur Twitter . « Ne laissez pas cela devenir l’ambiance de cette campagne… Les organisateurs et les bénévoles de l’Iowa qui ont travaillé leurs ânes pendant des mois ont le droit de se sentir en colère, navrés et démoralisés aujourd’hui. Prenons donc bien soin les uns des autres, c’est ce que font les mouvements. Et ça va être un long combat.  »

 
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Publié par le février 8, 2020 dans Uncategorized

 

John Heartfield, « la beauté révolutionnaire » disait Aragon

En 1935, l’artiste allemand John Heartfield (1891-1967), co-fondateur du Club Dada de Berlin et célèbre contributeur de l’hebdomadaire communiste Arbeiter Illustrierte Zeitung (couramment abrégé AIZ), fut invité à Paris par l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, alors dirigée par Louis Aragon, pour y présenter la première exposition française de ses œuvres, à la Maison de la Culture (fig. 1). Cette exposition, annoncée par le sous-titre « 150 photomontages politiques et satiriques d’actualité », se tint dans le contexte du vaste débat qui animait alors la scène artistique et culturelle française autour des enjeux du réalisme. Elle donna lieu à quelques affrontements demeurés célèbres entre les tenants de l’autonomie de l’art et les partisans d’un rapprochement avec le réalisme socialiste.

Fig. 1 : Affiche de l’exposition des œuvres de John Heartfield à la Maison de la Culture, Paris, 1935.

© CC-BY.

  • 1 Louis Aragon, « John Heartfield et la beauté révolutionnaire » (1935), Commune, 21, 15 mai 1935, re (…)

2 Dans ce contexte, l’œuvre de Heartfield, issue des expérimentations du Club Dada, mais désormais conforme aux exigences de la IIIe Internationale, pouvait recueillir une certaine unanimité. Dans un texte intitulé « John Heartfield et la beauté révolutionnaire », Louis Aragon identifie l’œuvre du photomonteur comme la synthèse des nécessités de l’art et des nouveaux enjeux politiques dans une Europe menacée par la montée du nazisme. Pour justifier cette légitimité politique, Aragon convoque une référence significative à la tradition satirique, et notamment française. Il établit en effet une filiation dans laquelle se succèdent naturellement Francisco de Goya, Honoré Daumier et Heartfield : « Depuis Les Châtiments et Napoléon le Petit, aucun poète n’avait atteint les hauteurs où voici Heartfield face à Hitler. Car aussi bien, dans la peinture et le dessin, les précédents manquent-ils malgré Goya, Wirtz et Daumier1. » Ce sont les mêmes noms que sollicite à son tour René Crevel dans son intervention à l’occasion de ces débats :

  • 2 René Crevel, fragments d’une conférence donnée le 9 mai 1935 à la Maison de la Culture, publiés dan (…)

John Heartfield a traité, avec la plus exacte violence et la plus péremptoire imagination, les sujets que l’actualité, l’urgence de la lutte, le besoin de savoir, l’indignation qui n’a pas à se contenir, les nécessités révolutionnaires peuvent imposer à l’artiste, pour le plus grand profit de l’art. D’autre part, l’histoire nous montre que des tableaux, des dessins à signification politique précise, des œuvres révolutionnaires, aussi bien par le sujet que par la technique, comme furent celles de Goya, de Daumier, non seulement ont décrit, pour la condamner dans ce qu’elle avait de plus atrocement particulier, leur époque, mais encore ont permis aux artistes à venir de trouver des chemins nouveaux2.

3La réception française de l’œuvre de John Heartfield témoigne de la vitalité des réseaux de l’avant-garde européenne. Elle exprime également la pérennité de certains modèles graphiques véhiculés par la tradition satirique dont il a assuré le renouvellement. Nous proposons d’étudier, à travers son exemple, les mécanismes par lesquels le corpus du dessin de presse français a pu se communiquer à l’avant-garde allemande de l’entre-deux-guerres. Nous identifierons dans un premier temps les principaux acteurs de ce transfert (critiques, historiens d’art, éditeurs et collectionneurs) ainsi que la pérennisation de certains motifs par la tradition du dessin de presse. Nous aborderons alors les spécificités du photomontage envisagé dans son champ d’action politique et sa caractérisation comme « arme ». Enfin, nous proposerons de rapprocher les œuvres de leurs sources afin d’isoler des procédés récurrents et de faire émerger une typologie de motifs.

Transfert et intercesseurs

  • 3 Fedor von Zobeltitz, Chronik der Gesellschaft unter dem letzten Kaiserreich, Hambourg, 1922, cité p (…)
  • 4 George Grosz, Un petit oui et un grand nonSa vie racontée par lui-même (1955), trad. Christian Bo (…)
  • 5 Voir notamment Eduard Fuchs, Honoré Daumier. LithographienMunich, Albert Langen Verlag, 1921.
  • 6 Eduard Fuchs, Der Maler Daumier, Munich, Albert Langen Verlag, 1927, p. 11.

4Les rencontres organisées à Paris en 1935 donnèrent l’occasion de voir s’exprimer des personnalités au rôle déterminant dans le rapprochement entre la tradition satirique française et le combat antifasciste en Allemagne. La Maison de la Culture accueillit en effet deux autres exilés allemands : Eduard Fuchs et Walter Benjamin. Le premier était un francophile convaincu, collectionneur et historien de la caricature, qui avait fréquenté Heartfield et George Grosz dans le milieu des années 1920. Connu depuis de nombreuses années des marchands d’estampes parisiens, il était souvent décrit comme un bibliophile compulsif et génial3. Grosz le qualifia notamment de « scarabée du genre à ramasser tout ce qui se trouvait sur son passage4 ». Il passe également pour avoir fait connaître l’œuvre de Daumier en Allemagne, en lui consacrant de nombreux articles et plusieurs volumes aux éditions Albert Langen5. La double entreprise de Fuchs visait d’une part à abolir la perception de l’œuvre de Daumier en deux ensembles séparés, la grande peinture et l’illustration, et, consécutivement, à encourager une lecture politique de celle-ci. Il fait ainsi valoir que « [le] secret de la puissance de Daumier se trouve justement dans sa conviction politique. […] Et par conséquent, on ne peut, lorsque l’on fait une analyse de son œuvre peint, rejeter le problème politique, comme cela a été fait jusqu’ici par tous ceux qui ont commenté la peinture de Daumier6. »

  • 7 Walter Benjamin, « L’auteur comme producteur » (1934), dans id.Essais sur Brecht, trad. Philippe  (…)
  • 8 L’article avait été commandé par l’Institut für Sozialforschung de Francfort.
  • 9 Walter Benjamin, « Eduard Fuchs, collectionneur et historien » (1937), dans id.Œuvres, t. II, tra (…)
  • 10 Voir l’article d’Ulrich Weitz, « Der Sammler Eduard Fuchs. „Das Wesen der Revolution ist das Wesen (…)
  • 11 Erich Knauf, « Der aktuelle Daumier », Die Front, 8-9, 1930, reproduit dans Christine Hoffmeister e (…)

5Fuchs avait trouvé un ami et exégète en Walter Benjamin, qui était également à Paris au milieu des années 1930. Après son célèbre discours à l’Institut pour l’étude du fascisme, dans lequel il avait identifié en Heartfield le modèle de l’auteur « producteur », à même de donner à sa technique une « valeur d’usage révolutionnaire7 », il était en effet occupé à la rédaction de deux nouveaux articles, dont le fameux « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique ». L’autre texte était précisément consacré à Eduard Fuchs, « collectionneur et historien8 ». Il reconnaissait l’apport significatif de ce dernier à la formation d’une méthodologie marxiste de l’histoire de l’art liée à la singularité de sa position d’historien collectionneur d’estampes, qui l’avait mis en contact avec une production sérielle remettant en cause les principes d’unicité de l’œuvre et de génie. L’autre apport de la méthode de Fuchs consistait en sa capacité à éclairer les œuvres du passé de sa connaissance de la production contemporaine. Benjamin l’avait relevé : « La référence permanente à l’art contemporain fait partie des impulsions les plus importantes du collectionneur que fut Fuchs. […] Sa connaissance incomparable de la caricature ancienne permet à Fuchs d’accéder très tôt aux travaux d’un Toulouse-Lautrec, d’un Heartfield et d’un George Grosz9. » Après avoir été proche de Max Liebermann et de Max Slevogt, il s’était intéressé aux productions les plus radicales de son temps, pour peu que ces dernières affichassent des intentions révolutionnaires10. La lecture marxiste de l’histoire à laquelle s’était prêtée l’œuvre de Daumier donna encore lieu à une autre explication, dans les termes d’une actualisation. C’est celle que proposait le journaliste et critique d’art Erich Knauf, qui pouvait présenter les « dessins politiques » de Daumier comme « toujours actuels », en précisant : « Ses dessins, et les légendes qui les accompagnent, sont d’une telle clarté politique qu’ils s’accordent avec l’analyse la plus claire des phénomènes de l’époque, c’est-à-dire avec les analyses de Marx et Engels11. »

6Si le rapport de Heartfield au dessin de presse français a pu être décrit dans les termes d’une filiation, il apparaît que ce mécanisme linéaire de transmission est assez peu opérant pour comprendre la circulation des modèles graphiques. Heartfield est né en 1891, soit douze ans après la mort de Daumier, et fut actif en Allemagne durant la période comprise entre la guerre de 1914-1918 et l’accession au pouvoir des nazis, c’est-à-dire dans des circonstances politiques extrêmement défavorables aux échanges culturels entre les deux pays. Le lien qui les unit se serait davantage construit a posteriori et selon un principe de recherche de sources et de citations.

  • 12 Cité dans Werner Hofmann, Daumier et l’Allemagne, trad. Thomas de Kayser, Paris, Éditions de la Mai (…)
  • 13 Julius Meier-Graefe, Entwicklungsgeschichte der modernen Kunst. Vergleichende Betrachtungen der bil (…)
  • 14 Erich Klossowski, Honoré Daumier (1908), Munich, R. Piper & Co., 1914.
  • 15 Ibid., p. 119.

7La connaissance de Daumier en Allemagne a bénéficié de plusieurs intermédiaires qui, dès le tournant du siècle, avaient rendu son œuvre accessible à tel point qu’en 1956, Jean Adhémar pouvait dire que l’œuvre de Daumier avait bénéficié d’une meilleure reconnaissance en Allemagne qu’en France12. Dès 1904, le célèbre critique d’art Julius Meier-Graefe avait en effet réservé au peintre français une place de choix dans son Histoire des développements de l’art moderne, un ouvrage plusieurs fois réédité13. Mais c’est en premier lieu à l’historien de l’art Erich Klossowski que l’on doit d’avoir étudié la peinture de Daumier et d’avoir entrepris le premier travail de catalogage en 190814. On peut identifier une première tendance de la réception de Daumier en Allemagne, qui, comme en France, a d’abord accompagné une intention de reconnaissance du peintre et s’est inscrite dans une lecture sensualiste et nietzschéenne qui trouvait un certain écho chez les artistes expressionnistes. Klossowski décrit ainsi Daumier comme « le peintre de l’énergie vitale, le visionnaire d’un chaos dans lequel les forces naissantes gonflent et frémissent avec une puissance terrible et surnaturelle15 ».

  • 16 Hofmann 2005, cité n. 12, p. 43.
  • 17 Walter Serner, « Honoré Daumier »Die Aktion, 46-47, 21 novembre 1914, p. 875-878.

8La réception de l’artiste par les cercles expressionnistes, et en particulier par Ernst Ludwig Kirchner, a été soulignée par Werner Hofmann16. Mais on pourra également relever qu’elle fut plus particulièrement le fait des tendances urbaines et révolutionnaires de ce mouvement qui avaient pu se former à la veille de la Première Guerre mondiale. L’une de ces tendances était représentée par l’hebdomadaire Die Aktion, dirigé par Franz Pfemfert, qui avait reproduit des œuvres de Daumier, en couverture comme au sein du journal, après le déclenchement des hostilités (fig. 2). Au moyen d’un procédé comparable à ceux qu’employait Daumier pour contourner la censure, la revue convoquait une œuvre du dessinateur français éloignée d’un demi-siècle pour dénoncer le nouvel embrasement nationaliste au cœur de l’Europe. La couverture du numéro du 12 septembre 1914 fait en effet référence à un autre conflit en présentant des soldats français au moment de la campagne d’Italie, en 1859. Deux mois plus tard, c’est au tour de l’écrivain Walter Serner, futur contributeur de Dada à Zurich, d’évoquer l’œuvre de Daumier en se référant à la toile Ecce homo17.

Fig. 2 : Die Aktion. Wochenschrift für Politik, Literatur, Kunst, 36-37, 12 septembre 1914.

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  • 18 Voir Ursula E. Koch, Der Teufel in Berlin. Von der Märzrevolution bis zu Bismarcks Entlassung. Illu (…)
  • 19 Voir par exemple la reproduction du dessin L’émeute dans Jugend, 32, 1913.
  • 20 Dessin paru dans Le Charivari du 3 juin 1850.

9Les revues allemandes telles que Die Aktion ont grandement contribué à la diffusion de ce corpus et à façonner ce qui apparaît comme un modèle satirique français. Fondées pour la plupart dans la période dite du Vormärz, autour de 1848, comme c’était le cas de Fliegende Blätter et de Kladderadatsch, elles revendiquaient une filiation avec les revues satiriques françaises La Caricature et Le Charivari18. Les revues apparues à la fin du xixe siècle, qui constituaient le patrimoine visuel des artistes de la génération de Heartfield, avaient prolongé cette tradition. Jugend avait par exemple publié à plusieurs reprises des planches de Daumier à côté de celles d’illustrateurs contemporains19. On signalera encore le rôle particulier joué par un autre titre, le Süddeutscher Postillon. Cet organe socialiste, dont Eduard Fuchs fut le rédacteur en chef, faisait également référence à la satire française. Comparé aux célèbres « moucherons politiques » de Daumier20, le dessin de couverture du numéro 10, de mai 1898, réalisé par Max Engert, confine au plagiat.

  • 21 « Epouvantés de voir l’Allemagne puis l’Amérique s’emparer de tous les Daumier importants, voici lo (…)
  • 22 Claude Keisch « „Ungeheuer ! “ – Daumier ungeteilt », dans Hofmann 2013, cité n. 10, p. 21.
  • 23 Hofmann 2005, cité n. 12, p. 43.

10Le rôle des collectionneurs privés et publics fut également décisif. Certains d’entre eux permirent de constituer des corpus importants, voire exhaustifs, dans le domaine de l’estampe satirique, à tel point que certains commentateurs, comme par exemple Claude Roger-Marx, s’inquiétèrent de voir l’Allemagne « s’emparer » de l’essentiel des œuvres de Daumier21. Parmi eux, l’entrepreneur et assureur berlinois Otto Gerstenberg, très grand collectionneur de l’art français du xixe siècle et en particulier de l’impressionnisme, qui, avant 1914, avait acheté plus de trois cents œuvres du dessinateur. Max Liebermann, qui avait également joué un rôle important dans la connaissance de l’œuvre de Daumier, possédait 3 000 de ses lithographies22. Du côté des institutions publiques, on retrouve la figure du grand défenseur de la modernité et de l’art français Hugo von Tschudi. Ce dernier fut à l’origine de l’entrée de nombreuses œuvres de Daumier dans les collections publiques allemandes à Berlin, Munich et Mannheim. Comme l’a souligné Werner Hofmann, l’acquisition par Karl Ernst Osthaus, en 1909, de la toile de Daumier Ecce homo pour le musée Folkwang de Hagen (aujourd’hui à Essen) put aussi être considérée comme un événement23.

Le photomontage comme arme

  • 24 Günther Anders, « Die Kunst John Heartfields » (1938), reproduit dans Wieland Herzfelde, John Heart (…)

11La question de la transmission à l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres de ces modèles, issus de la stratification des exemples donnés par la presse allemande et du corpus sélectif des collectionneurs, soulève cependant d’autres questions. L’une des plus déterminantes est celle de l’adaptabilité des procédés de la caricature, reposant sur la déformation des motifs traditionnels empruntés à l’enseignement académique, aux recherches d’une avant-garde qui s’est débarrassée de toute tradition naturaliste. Au moment de la fondation du Club Dada, aux lendemains de la Première Guerre mondiale, le langage graphique de Daumier, dont la forme avait pu se transmettre à certains artistes de la Sécession berlinoise, comme Max Slevogt ou Max Liebermann, pouvait sembler parfaitement étranger aux expérimentations de Dada. Daumier était de surcroît associé au goût de la bourgeoisie libérale pour l’art français, qui cristallisait toute l’exécration des jeunes artistes. Dada n’était cependant pas exempt d’une forme de réalisme : sa production, en particulier le collage, passait pour l’expression d’une réalité déconstruite et parcellaire, par analogie avec la société de Weimar et la crise de l’après-guerre. Le philosophe Günther Anders affirme par exemple que Dada n’était « rien d’autre qu’un moyen pour représenter, par le trouble de l’image, le désordre du monde24 ».

  • 25 Sonia de Puineuf, « Manipulation dadaïste de la photographie : caricature de l’art », Ridiculosa, 1 (…)
  • 26 Raoul Hausmann, « Mon Allemagne » (1921), dans id.Houra ! Houra ! Houra ! 12 satires politiques(…)
  • 27 Raoul Hausmann, Le Critique d’art, 1919-1920, collage et lithographie, 31,8 × 25,4 cm, Londres, Tat (…)
  • 28 Hannah Höch, Coupe au couteau de cuisine dans la dernière époque culturelle bedonnante de l’Allemag (…)

12Peu d’observateurs ont cependant relevé la corrélation entre la simplification du photomontage dada et l’adoption plus systématique et plus lisible des procédés satiriques. Sonia de Puineuf a souligné l’importance de la composante caricaturale du photomontage dada, qui combine des éléments de la réalité pour les rassembler dans un dispositif grotesque25. Raoul Hausmann peut par exemple avoir recours à des procédés de déformation ou d’animalisation pour représenter un Ludendorff ou un Hindenburg, dans un ouvrage dont le sous-titre revendiquait une portée satirique26. On peut également observer leur emploi dans son célèbre collage de 1920 intitulé Le Critique d’art : le personnage y est représenté doté d’une tête démesurée, d’une bouche déformée et d’un stylo, attribut lié à sa fonction qui joue également ici un rôle de substitut phallique27. Dans la même veine, Hannah Höch dresse le portrait collectif de la République de Weimar en une série de grands collages envisagés comme des coupes transversales de la société28.

  • 29 Andrés Mario Zervigón, John Heartfield and the Agitated Image, Chicago, University of Chicago Press (…)

13Cette composante satirique apparaît très tôt également dans les montages de Heartfield. La première publication où apparaît son nom, le numéro unique de Jedermann sein eigner Fussball [À chacun son propre football], paru en 1919, en exploite les ressorts. Dans un collage apparemment inoffensif, il se prête au jeu de l’association visuelle. Le portrait collectif des principaux dirigeants de la République de Weimar, présentés en éventail, rapproche en effet des personnalités d’obédiences politiques différentes pour suggérer une certaine collusion : le président social-démocrate Friedrich Ebert se trouve ainsi associé à son ministre répressif, Gustav Noske, ou encore au héros de guerre Ludendorff. L’historien de l’art Andrés Mario Zervigón nota que l’écart entre l’image et le texte, « Lequel d’entre eux est le plus beau ? », ouvre également une brèche satirique qui interroge la validité de la photographie elle-même29.

  • 30 Wieland Herzfelde, « Zur Erführung », dans Erste Internationale Dada-Messe, Berlin, Der Malik-Verla (…)
  • 31 Benjamin (1934) 2003, cité n. 7, p. 133.

14Dans les perfectionnements qu’allait lui apporter Heartfield, le photomontage pouvait encore se rapprocher d’une certaine forme de réalisme social. Parce qu’il intégrait un matériau photographique, dont la qualité supposée objective avait été largement promue par la guerre, il semblait également en mesure de satisfaire aux exigences du combat politique révolutionnaire. En 1920, le promoteur des éditions Malik, Wieland Herzfelde, fait encore valoir cette composante réaliste dans l’activité de Dada : « Les dadaïstes se reconnaissent pour unique programme le devoir de donner pour contenu à leurs images l’événement présent tant sur le plan du temps que du lieu, raison pour laquelle ils prennent comme source de leur production non pas les Mille et une nuits ou les Tableaux indochinois mais les magazines illustrés et éditoriaux de presse30. » Le photomontage présentait l’avantage de pouvoir conserver la puissance réaliste de l’image photographique en lui adjoignant, par la découpe et l’assemblage, les moyens de déformation du dessin satirique. Walter Benjamin relève également qu’une photographie modifiée et augmentée d’une légende peut s’apparenter à « un instrument politique31 ». Il rejoint en cela Sergueï Tretiakov, qui voit dans l’évolution du photomontage développé par Heartfield un potentiel révolutionnaire. Auteur de la première monographie consacrée à l’artiste allemand, il décrit ainsi cette évolution :

  • 32 Sergueï Tretiakov, John Heartfield. Eine Monographie, Moscou, Ogis, 1936, cité d’après Herzfelde 19 (…)

L’épanchement dadaïste dans les travaux de Heartfield n’a pas tenu très longtemps. Il a rapidement renoncé à employer sa force créatrice à ce feu d’artifice inutile. Ses œuvres sont devenues des armes acérées. Bientôt ses montages sont devenus indissociables de son activité pour le parti. Ils sont une histoire du Parti communiste d’Allemagne. Les photomontages de la période dadaïste de Heartfield, consistaient en l’assemblage d’une multitude de détails, mais plus le temps passait, plus son langage devenait laconique, et plus ses montages se construisaient avec une économie de moyens32.

15Le réalisme socialiste auquel avait adhéré Tretiakov requiert en effet un langage unifié et simplifié empruntant aux codes d’une photographie à laquelle il attribue des qualités de véracité et de sincérité. Heartfield s’en était rapproché en augmentant la part photographique de ses collages et en retrouvant une certaine cohérence visuelle par ses assemblages. Sa contribution à l’hebdomadaire Arbeiter Illustrierte Zeitung à partir de 1930 l’amena tout particulièrement à systématiser ces procédés. On observe également que les grands satiristes français, au premier plan desquels Daumier, y sont plus directement cités.

Une iconographie actualisée

  • 33 John Heartfield, Selbstporträt mit Polizeipräsident Zörgiebel [Autoportrait avec le chef de la poli (…)

16La référence à la tradition satirique commence avec l’association de son auteur à l’iconographie de la liberté de la presse. Celle-ci est dominée par le motif de la paire de ciseaux qui, de La Résurrection de la Censure de Grandville à l’Anastasie de Gill, ponctue l’imagerie satirique du xixe siècle français. Si l’on rapproche ici le portrait du chef de la police Zörgiebel33, responsable des répressions contre les spartakistes, du portrait du ministre Antoine d’Argout par Daumier, on trouve dans les deux cas un usage détourné du motif : associée à la censure, la paire de ciseaux se voit ici retournée contre ses instigateurs (fig. 3).

Fig. 3 : Honoré Daumier, « D’ARG… », La Caricature, 9 août 1832.

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  • 34 Honoré Daumier, Gros, gras et… Constitutionnel, lithographie publiée dans Le Charivari, 19 novembre (…)
  • 35 George Grosz, dessin de jaquette pour le livre d’Upton Sinclair, Sündenlohn, Berlin, Malik Verlag, (…)
  • 36 John Heartfield, Wer Bürgerblätter liest wird blind und taub [Qui lit la presse bourgeoise devient (…)

17La dénonciation de la presse bourgeoise, qui, chez Daumier, était incarnée par le journal Le Constitutionnel, devenu l’organe officiel de la monarchie de Juillet, fournissait un autre sujet de moquerie. Dans une planche de Daumier, Chevassut est représenté aveuglé par son bonnet de nuit34. Plus tard, George Grosz adapte ce principe à l’ensemble de la presse bourgeoise en employant à son tour la métaphore des yeux bandés pour mieux montrer l’aveuglement dont ses lecteurs seraient victimes35. Un procédé repris également par John Heartfield deux ans plus tard, qui emmaillote cette fois complètement le lecteur dans les feuilles de la presse sociale-démocrate, Vorwärts et Tempo36.

  • 37 Nous reprenons ici une comparaison proposée par Roland März dans id. (dir.), Daumier und Heartfield (…)
  • 38 Anders (1938) 1962, cité n. 24, p. 337.

18Un autre motif fut également rendu célèbre au cours d’un xixe siècle qui vit se répéter les scènes de répression politique et les opérations militaires : celui des terres dévastées et des champs de cadavres. En associant à ce paysage une figure identifiée, les satiristes trouvèrent un moyen de pointer du doigt quelque chef de guerre rendu responsable des atrocités. Heartfield puisa également dans ce registre. On pourra s’en convaincre si l’on rapproche le photomontage Der Krieg, paru dans le numéro 29 de l’AIZ en 1933, de la planche de Daumier Voyage à travers les populations empressées, tirée de La Caricature du 14 août 1834. L’analogie entre Louis-Philippe arpentant un champ de morts sur une monture grotesque et Hitler assimilé à l’allégorie de la Guerre du célèbre tableau de Franz von Stuck a été plusieurs fois soulignée37. Les commentateurs de l’époque virent à juste titre dans ce nouveau montage l’exploitation de deux niveaux de lecture : celui, évident, de la dénonciation de la marche à la guerre, et celui, plus subtil, du détournement d’une œuvre qui a pu être associée à une certaine tradition picturale38.

19L’un des procédés les plus populaires du dessin satirique consiste en l’application de traits zoomorphes aux physionomies humaines. C’est ainsi que les « représentants » politiques de Daumier peuvent voir leurs intentions exprimées à travers les caractères de l’animal auxquels ils sont apparentés. Le fouriériste Victor Considérant, dont la généreuse chevelure se prêtait facilement à cette assimilation, est par exemple représenté en fauve dans une lithographie de 1849 (fig. 4).

Fig. 4 : Honoré Daumier, « Victor Considérant », Le Charivari, 24, 22 février 1849.

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  • 39 John Heartfield, « Zum Krisen-Parteitag der SPD » [Au congrès de crise du SPD], Arbeiter Illustrier (…)
  • 40 On pourra par exemple comparer le photomontage de Heartfield, Gespräch im Berliner Zoo [Conversatio (…)

20Dans une planche décrivant les conclusions d’un congrès du SPD qui s’était tenu non loin du zoo de Berlin en 1931, John Heartfield affuble à son tour un représentant social-démocrate, tenu pour avoir trahi les intérêts du peuple ouvrier, d’un faciès félin39. On relèvera l’intérêt pour le motif du zoo de Berlin, qui put jouer un rôle comparable à celui du Jardin des Plantes parisien au xixe siècle. Les animaux, identifiés à des corps sociaux ou à des types, permettent aux artistes d’exprimer leurs considérations sur la société et la politique40.

21De manière générale, l’imaginaire attaché aux sciences naturelles est régulièrement sollicité dans l’imagerie satirique. Les Métamorphoses du jour de Grandville ou La Ménagerie impériale de Paul Hadol attestent de son empreinte. Parmi ces motifs, les descriptions des mutations biologiques furent entre autres employées pour désigner, par analogie, les transformations de la société (fig. 5).

Fig. 5 : J.-J. Grandville, « La Métaphore de la chrysalide », Le Magasin pittoresque, 8, 1841.

Source : gallica.bnf.fr / BnF.

  • 41 John Heartfield, Deutsche Naturgeschichte [Histoire naturelle allemande], Arbeiter Illustrierte Zei (…)
  • 42 Honoré Daumier, Gargantua, lithographie publiée dans La Caricature le 16 décembre 1831, et John Hea (…)

22C’est bien à cette tradition graphique que Heartfield semble faire référence lorsque, dans le montage Deutsche Naturgeschichte [Histoire naturelle allemande], il décrit la gestation du nazisme41. La chrysalide du social-démocrate Ebert y engendre la chenille Hindenburg, qui elle-même donne naissance au papillon-sphinx Hitler. Une nouvelle fois, les procédés satiriques imaginés par le dessin de presse se prêtent efficacement à la description d’une société en proie aux mutations les plus radicales. Le registre scatologique, largement associé à la tradition satirique, est également réactualisé dans le cadre du combat antifasciste de Heartfield. Là où, dans son célèbre Gargantua, Daumier installe la chaise percée de Louis-Philippe place de la Concorde et décrit le cheminement digestif de l’impôt du roi, Heartfield montre la radiographie de Hitler avalant l’argent du peuple pour le transformer en fer-blanc42.

  • 43 John Heartfield, « Daumier, lebendig wie nie! », Volks-Illustrierte, 33, 1937, d’après trad. Claude (…)

23Après l’accession d’Hitler au pouvoir, l’existence de nombreux artistes allemands jugés subversifs fut menacée et beaucoup d’entre eux durent s’exiler. Heartfield se réfugia d’abord à Prague, où il rejoignit l’équipe éditoriale de l’AIZ, qui put, en empruntant des voies clandestines, continuer de diffuser le journal à travers l’Europe et en Allemagne. Cette situation put conforter encore le sentiment d’identification aux grands satiristes français, menacés et parfois condamnés pour avoir défendu la liberté de la presse. Il semble en effet que Heartfield cultivait largement l’analogie entre les moments héroïques de la biographie de Daumier et sa propre situation. Dans un article paru en 1937, il fait valoir la réactualisation, nécessaire à ses yeux, du message de l’artiste républicain : « Le chef-d’œuvre de Daumier, son crayon sagace, d’une intelligence politique incomparable, a survécu à maintes “œuvres d’art éternelles”, et le combat qu’il menait est encore aujourd’hui notre combat43. »

  • 44 John Heartfield, « Daumier im „Reich“ », Freie Deutsche Kultur, février 1942, dans ibid.p. 137-14 (…)

24En 1942, il reprit cette comparaison pour réagir à l’exploitation, par les autorités nazies, d’un dessin de Daumier paru dans la revue SS Das Reich. Ce nouvel article au ton indigné fournit à son auteur l’occasion d’un inventaire de quelques planches de l’artiste français contre la Prusse de Bismarck, mais aussi d’un hommage à Eduard Fuchs, mort peu de temps plus tôt, et qui se trouvait désormais inscrit dans la même généalogie héroïque des grands opposants à l’obscurantisme44. Davantage que la filiation soulignée par la proposition de Heartfield, nous reconnaîtrons ici une communauté d’intentions dans les stratégies éditoriales d’une presse contournant la censure, dans la reconnaissance du rôle qu’avaient à jouer les artistes dans le combat politique et, enfin, dans la foi, partagée aussi bien par Daumier que par Heartfield, en la capacité de l’œuvre imprimée à se propager et à transformer les consciences. Les mécanismes par lesquels des motifs apparus dans les conditions particulières de la monarchie de Juillet ont pu être transposés dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres ne peuvent être appréhendés qu’au regard de certains éléments de continuité culturelle. Les préceptes républicains qui ont pu servir de référence au socialisme allemand en sont une composante essentielle. Mais ces derniers sont également intimement liés au développement du dessin de presse, qui en est à la fois le produit et le mode d’expression privilégié. Dans ses spécificités techniques, le photomontage apparaît comme la combinaison la plus aboutie des qualités supposées réalistes de la photographie et de la capacité de déformation du dessin. À ce titre, il a pu assurer la continuité de certains procédés satiriques et satisfaire aux exigences d’un réalisme que le premier conflit mondial avait imposé aux arts visuels.

NOTES

1 Louis Aragon, « John Heartfield et la beauté révolutionnaire » (1935), Commune, 21, 15 mai 1935, reproduit dans id.Les Collages (1965), Paris, Hermann, 1980, p. 79-89.

2 René Crevel, fragments d’une conférence donnée le 9 mai 1935 à la Maison de la Culture, publiés dans Serge Fauchereau (dir.), La Querelle du réalisme, Paris, éditions Cercle d’Art, 1987, p. 211.

3 Fedor von Zobeltitz, Chronik der Gesellschaft unter dem letzten Kaiserreich, Hambourg, 1922, cité par Thomas Huonker, Revolution, Moral & Kunst. Eduard Fuchs. Leben und Werk, Zurich, Limmat Verlag, 1985, p. 101.

4 George Grosz, Un petit oui et un grand nonSa vie racontée par lui-même (1955), trad. Christian Boulay, Nîmes, éditions Jacqueline Chambon, 1990, p. 260.

5 Voir notamment Eduard Fuchs, Honoré Daumier. LithographienMunich, Albert Langen Verlag, 1921.

6 Eduard Fuchs, Der Maler Daumier, Munich, Albert Langen Verlag, 1927, p. 11.

7 Walter Benjamin, « L’auteur comme producteur » (1934), dans id.Essais sur Brecht, trad. Philippe Ivernel, Paris, La Fabrique Éditions, 2003, p. 134.

8 L’article avait été commandé par l’Institut für Sozialforschung de Francfort.

9 Walter Benjamin, « Eduard Fuchs, collectionneur et historien » (1937), dans id.Œuvres, t. II, trad. Maurice de Gandillac, Paris, Gallimard, 2000, p. 189-190.

10 Voir l’article d’Ulrich Weitz, « Der Sammler Eduard Fuchs. „Das Wesen der Revolution ist das Wesen der Daumierschen Kunst“ », dans Werner Hofmann (dir.), „Daumier ist Ungeheuer!“ Max Liebermann. Gemälde, Zeichnungen, Graphik, Bronzen von Honoré Daumier, cat. exp. (Berlin, Stiftung Brandenburger Tor – Max Liebermann Haus, 2 mars – 2 juin 2013), Berlin, Nicolaische Verlagsbuchhandlung, 2013, p. 69-73.

11 Erich Knauf, « Der aktuelle Daumier », Die Front, 8-9, 1930, reproduit dans Christine Hoffmeister et Christian Suckow (dir.), Revolution und Realismus. Revolutionäre Kunst in Deutschland 1917 bis 1933, cat. exp. (Berlin, Altes Museum, 8 novembre 1978 – 25 février 1979), Berlin, Staatliche Museen, 1979, p. 92.

12 Cité dans Werner Hofmann, Daumier et l’Allemagne, trad. Thomas de Kayser, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2005, p. 45.

13 Julius Meier-Graefe, Entwicklungsgeschichte der modernen Kunst. Vergleichende Betrachtungen der bildenden Künste, als Beitrag zu einer neuen AesthetikStuttgart, Hoffmann, 1904.

14 Erich Klossowski, Honoré Daumier (1908), Munich, R. Piper & Co., 1914.

15 Ibid., p. 119.

16 Hofmann 2005, cité n. 12, p. 43.

17 Walter Serner, « Honoré Daumier »Die Aktion, 46-47, 21 novembre 1914, p. 875-878.

18 Voir Ursula E. Koch, Der Teufel in Berlin. Von der Märzrevolution bis zu Bismarcks Entlassung. Illustrierte politische Witzblätter einer Metropole 1848-1890, Cologne, C. W. Leske Verlag, 1991, p. 137.

19 Voir par exemple la reproduction du dessin L’émeute dans Jugend, 32, 1913.

20 Dessin paru dans Le Charivari du 3 juin 1850.

21 « Epouvantés de voir l’Allemagne puis l’Amérique s’emparer de tous les Daumier importants, voici longtemps que nous réclamions une exposition… ». Claude Roger-Marx, Daumier. Peintures, aquarelles, dessins, cat. exp. (Paris, musée de l’Orangerie, 14 mars – 3 juillet 1934), Paris, Musées nationaux, 1934, p. 16.

22 Claude Keisch « „Ungeheuer ! “ – Daumier ungeteilt », dans Hofmann 2013, cité n. 10, p. 21.

23 Hofmann 2005, cité n. 12, p. 43.

24 Günther Anders, « Die Kunst John Heartfields » (1938), reproduit dans Wieland Herzfelde, John Heartfield. Leben und Werk. Dargestellt von seinem Bruder, Dresde, VEB Verlag der Kunst, 1962, p. 317.

25 Sonia de Puineuf, « Manipulation dadaïste de la photographie : caricature de l’art », Ridiculosa, 17, 2011, p. 167-180.

26 Raoul Hausmann, « Mon Allemagne » (1921), dans id.Houra ! Houra ! Houra ! 12 satires politiques, trad. Catherine Wermester, Paris, Allia, 2004, p. 8.

27 Raoul Hausmann, Le Critique d’art, 1919-1920, collage et lithographie, 31,8 × 25,4 cm, Londres, Tate Modern, [en ligne] URL : www.tate.org.uk/art/artworks/hausmann-the-art-critic-t01918.

28 Hannah Höch, Coupe au couteau de cuisine dans la dernière époque culturelle bedonnante de l’Allemagne, 1919-1920, 114 × 90 cm, Berlin, Nationalgalerie.

29 Andrés Mario Zervigón, John Heartfield and the Agitated Image, Chicago, University of Chicago Press, 2012, p. 158.

30 Wieland Herzfelde, « Zur Erführung », dans Erste Internationale Dada-Messe, Berlin, Der Malik-Verlag, juin 1920, n. p., d’après trad. François Mathieu, dans Olivier Lugon (dir.), La Photographie en Allemagne. Anthologie de textes (1919-1939), Nîmes, Jacqueline Chambon, 1997, p. 214.

31 Benjamin (1934) 2003, cité n. 7, p. 133.

32 Sergueï Tretiakov, John Heartfield. Eine Monographie, Moscou, Ogis, 1936, cité d’après Herzfelde 1962, cité n. 24, p. 309.

33 John Heartfield, Selbstporträt mit Polizeipräsident Zörgiebel [Autoportrait avec le chef de la police Zörgiebel], 1929, Houston, The Museum of Fine Arts, [en ligne] URL : www.mfah.org/art/detail/15579.

34 Honoré Daumier, Gros, gras et… Constitutionnel, lithographie publiée dans Le Charivari, 19 novembre 1833.

35 George Grosz, dessin de jaquette pour le livre d’Upton Sinclair, Sündenlohn, Berlin, Malik Verlag, 1928.

36 John Heartfield, Wer Bürgerblätter liest wird blind und taub [Qui lit la presse bourgeoise devient sourd et aveugle], photomontage pour AIZ, 6, 1930.

37 Nous reprenons ici une comparaison proposée par Roland März dans id. (dir.), Daumier und Heartfield. Politische Satire im Dialog, cat. exp. (Berlin, Altes Museum, 18 juin – 30 août 1981), Berlin, Staatliche Museen, 1981, p. 28-29.

38 Anders (1938) 1962, cité n. 24, p. 337.

39 John Heartfield, « Zum Krisen-Parteitag der SPD » [Au congrès de crise du SPD], Arbeiter Illustrierte Zeitung, 24, 1931, [en ligne] URL : www.mfah.org/art/detail/15731.

40 On pourra par exemple comparer le photomontage de Heartfield, Gespräch im Berliner Zoo [Conversation dans le zoo de Berlin], AIZ, 24, 1934, avec certaines planches de Grandville tirées de P.-J. Stahl (dir.), Scènes de la vie privée et publique des animaux, 2 vol., Paris, Hetzel, 1841-1842.

41 John Heartfield, Deutsche Naturgeschichte [Histoire naturelle allemande], Arbeiter Illustrierte Zeitung, 33, 1934, [en ligne] URL : photobibliothek.ch/Photo005/AIZ01.jpg.

42 Honoré Daumier, Gargantua, lithographie publiée dans La Caricature le 16 décembre 1831, et John Heartfield, Adolf der Übermensch, photomontage paru dans AIZ, 29, 1932.

43 John Heartfield, « Daumier, lebendig wie nie! », Volks-Illustrierte, 33, 1937, d’après trad. Claude Riehl, dans Emmanuel Guigon et Franck Knoery (dir.), John Heartfield. Photomontages politiques. 1930-1938, cat. exp. (Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain, 7 avril – 23 juillet 2006), Strasbourg, Éditions des musées de Strasbourg, 2006, p. 136-137.

44 John Heartfield, « Daumier im „Reich“ », Freie Deutsche Kultur, février 1942, dans ibid.p. 137-141.

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Légende Fig. 1 : Affiche de l’exposition des œuvres de John Heartfield à la Maison de la Culture, Paris, 1935.
Crédits © CC-BY.
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Légende Fig. 2 : Die Aktion. Wochenschrift für Politik, Literatur, Kunst, 36-37, 12 septembre 1914.
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Légende Fig. 3 : Honoré Daumier, « D’ARG… », La Caricature, 9 août 1832.
Crédits © CC-BY.
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Légende Fig. 4 : Honoré Daumier, « Victor Considérant », Le Charivari, 24, 22 février 1849.
Crédits © CC-BY.
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Légende Fig. 5 : J.-J. Grandville, « La Métaphore de la chrysalide », Le Magasin pittoresque, 8, 1841.
Crédits Source : gallica.bnf.fr / BnF.
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AUTEUR

Université Lyon 2, Bibliothèque des musées de Strasbourg

© Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, 2019

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Les grands enjeux de la recherche marine : l’éclairage de la prospective

je poursuis un dialogue très enrichissant avec le jeune ingénieur de l’aérospatiale rencontré dans le train au retour de mon débat à Béziers. Nous sommes d’accord à propos de l’écologie sur deux points essentiels, premièrement une écologie qui s’appuie sur la science au lieu de la nier, deuxièmement une écologie qui intègre les rapports sociaux de production des êtres humains. Il voudrait travailler sur les océans et il m’envoie ce texte que j’apprécie et publie. Dans la perspective du futur blog j’espère pouvoir multiplier les collaborations et les échanges au-de là de la politique au jour le jour dans laquelle je trouve de moins en moins d’intérêt et de perspectives. (daniele Bleitrach)

Denis Lacroix

Les Terriens commencent à prendre conscience que la mer est vitale. Le changement climatique, désormais observable dans leur quotidien par des milliards de personnes, est un des aspects du changement global. Ce dernier affecte tout l’écosystème, notamment l’océan et tous les grands services qu’il rend à la vie sur terre : la fixation de carbone, l’absorption de chaleur, l’émission d’oxygène, la production de ressources vivantes, sans parler des dimensions énergétiques, minérales et culturelles…

Ce changement global dans l’océan pose des questions auxquelles la recherche peine souvent à répondre, faute de connaissances assez précises et assez démontrées. Mais, comme les moyens de recherche sur la mer restent relativement limités au regard de l’immensité du domaine marin et de la complexité des interactions avec les activités humaines, il faut donc travailler sur des priorités. Mais comment en faire la sélection tant elles sont nombreuses : les besoins en observation, mesure, modélisation,, depuis l’espace jusqu’aux abysses, l’interface terre-mer, les risques liés à la mer notamment ceux entrainés par la montée de son niveau, la durabilité des écosystèmes productifs comme la pêche, les conséquences des activités humaines sur la qualité des eaux côtières et océaniques, la pollution par les plastiques n’en étant qu’une petite facette.

La réflexion de long terme, au moins à 10 ans, peut aider à discerner le poids de ces domaines et leurs interdépendances dynamiques. Cet éclairage de la prospective donne aussi le droit d’introduire des ruptures et d’en évaluer les conséquences selon divers scénarios. Ces derniers, élaborés selon des méthodes rigoureuses et variées, contribuent à éclairer la décision stratégique et à assumer des choix responsables. Cet outil, par nature interdisciplinaire, donne ainsi la capacité d’explorer les formes de notre futur afin d’apprendre à « éviter l’ingérable et de gérer l’inévitable ».

 
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Publié par le février 8, 2020 dans environnement climat

 

Qu’est-ce que  les années 90 en Russie avaient de si sauvage?

Des personnes portant les masques des anciens dirigeants soviétiques Boris Eltsine, à gauche, et Mikhaïl Gorbatchev dans un marché de rue à Moscou, quelques jours avant l'effondrement de l'Union soviétique, le 28 octobre 1991.

Des personnes portant les masques des anciens dirigeants soviétiques Boris Eltsine, à gauche, et Mikhaïl Gorbatchev dans un marché de rue à Moscou, quelques jours avant l’effondrement de l’Union soviétique, le 28 octobre 1991.

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Du chaos et de la criminalité à la liberté et aux opportunités, cette période de l’histoire de Russie a été une sorte de montagnes russes, que nous appelons communément les «années 90 sauvages».

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Vous souvenez-vous d’une époque antérieure aux iPhones et aux réseaux sociaux ? Dans la Russie des années 90, la période de mon enfance, nous trouvions de la joie dans d’autres choses (comme une nouvelle Barbie, un jeu Tetris sur console portable ou un chewing-gum) et nous nous connections avec nos amis dans la vraie vie, pas par le biais de WhatsApp ou de Telegram.

Les unités militaires ayant pris le parti du Parlement russe devant le bâtiment du Soviet suprême de la RSFSR

La période 1991-1999 a été une période passionnante pour grandir. Les Russes ont été témoins de beaucoup de choses : la tentative de coup d’État de 1991, l’effondrement de l’URSS et la nouvelle Constitution de 1993, ouvrant la porte aux libertés démocratiques, les premières élections libres, la privatisation des biens de l’État, deux guerres en Tchétchénie, la chute (et la montée, et la chute encore) du rouble – la liste est longue ! Dans la conscience collective russe, cette période s’est ancrée comme « les années 90 sauvages ». Voyons cela de plus près.

Changements brusques

Des punks russes vivant dans un bâtiment abandonné près de la place Pouchkine, où ils survivent grâce aux poubelles de Pizza Hut et de McDonald's, ainsi qu'en mendiant.

Beaucoup rêvaient que la chute de l’Union soviétique apporte instantanément au pays des jeans et d’autres produits occidentaux, mais la réalité s’est vite imposée. Les magasins se sont vidés et l’argent a perdu de sa valeur. Ceux qui travaillaient dans des institutions gérées par l’État ou qui dépendaient de l’État sont ceux ayant le plus souffert, tandis que les individus doués pour les affaires ont vu de nouvelles opportunités à saisir.

Des enfants russes buvant du Pepsi.

D’une part, la chute du régime précédent a anéanti tout espoir de stabilité qu’il avait promis à ceux qui le servaient : chacun savait auparavant qu’il obtiendrait un emploi après avoir décroché son diplôme, et qu’il pourrait subvenir aux besoins de sa famille avec un salaire décent – et même se détendre occasionnellement dans les stations balnéaires soviétiques. Mais, d’un autre côté, la nouvelle voie démocratique a permis aux gens ordinaires d’accéder aux voyages internationaux (pas à l’argent, bien sûr) ainsi qu’à des choses comme la liberté accrue des médias, qui sont devenus une véritable force dans la Russie des années 90.

Un garçon des rues, 1993

Essor de la criminalité

La loi et l’ordre ont temporairement cessé de signifier quoi que ce soit avec l’effondrement du pays. L’anarchie totale et le chaos ont pris le dessus. Certains hommes d’affaires russes se souviennent encore aujourd’hui des risques encourus dans les années 90 : soit vous étiez tué, kidnappé et torturé, soit vous deviez vous soucier de la sécurité de votre famille et de vos proches.

Les forces spéciales de police de Moscou (OMON) arrêtent un voleur présumé de voitures issu de la mafia .

« Dans les années 90, tout a basculé. Le pays s’était divisé en deux camps : les chasseurs et les proies, se souvient Valeri Loktionov, champion d’Europe de bodybuilding. Les hommes d’affaires étaient les proies et les gangsters étaient les chasseurs. Comme la loi ne fonctionnait pas, ce sont les chefs criminels qui étaient la principale source de pouvoir. Les gens venaient vers eux de leur plein gré pour demander de l’aide et les hommes d’affaires aussi, pour se protéger. Si vous obteniez la protection d’un bon gang, vous n’aviez pas beaucoup à vous inquiéter ».

Lire aussi : Quiz: que savez-vous des «sauvages» années 90 en Russie?

Perspectives d’enrichissement

Marché de Loujniki, 1996

Les années 90 ont été une période où de nombreux milliardaires d’aujourd’hui ont accumulé leur richesse – certains ont encaissé des fonds en localisant des logiciels étrangers ou en créant la première bourse, tandis que d’autres, comme Roman Abramovitch, ont commencé par vendre des poupées en caoutchouc ou par proposer des services d’encaissement avec une commission énorme, à l’instar de l’exilé Mikhaïl Khodorkovski. Certains ont même réussi à profiter de la situation pour acheter des marques russes de renommée internationale à un prix inférieur à leur valeur marchande. Prenez la vodka Stolitchnaïa, par exemple. Yuri Scheffler, qui a acheté la marque dans les années 90, a gagné entre 500 et 680 millions de dollars par an, selon diverses estimations.

Imaginez le nombre de niches ouvertes aux Russes dans les années 90. Du vinyle et des pièces automobiles aux vestes en cuir et à l’alcool – les négociants et revendeurs pouvaient faire fortune à l’époque. Par exemple, il existe une histoire sur un type qui a réussi à obtenir de France un million de sacs en plastique défectueux (gratuitement ou à bas prix). Tous les Soviétiques rêvaient d’avoir un tel sac, surtout avec une inscription étrangère dessus. Cet homme les a donc tous vendus à Moscou pour 5 roubles chacun – 5 millions au total !

Une femme et un homme portant des vêtements de style occidental près d'une collection de souvenirs soviétiques et russes sur la rue Arbat, à Moscou, en 1991.

De plus, il y avait une chance de toucher le gros lot grâce à l’inflation et aux fluctuations du rouble. Vitali, 69 ans, originaire de Riazan (200 km au sud-est de Moscou), se rappelle qu’à la fin des années 90, il avait des économies pour sa retraite sur son compte en banque. « J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles il allait y avoir une inflation. Ma femme m’a recommandé d’échanger mes économies contre des dollars américains – j’ai donc acheté d’abord 1 000 dollars, puis 500 de plus, au taux de 1 dollar = 6 roubles. Et puis le rouble a effectivement baissé, et le dollar a fortement augmenté », témoigne-t-il, ajoutant qu’il a ainsi réussi à acheter une nouvelle voiture avec la somme qu’il avait gagnée.

Mais risques de perdre tout

Le bureau de change de la 2e rue Brestskaïa, en mars 1996.

« Les années 90 ont été très difficiles, assure Larissa, 64 ans, de Moscou. Nous avons cessé d’être payés, l’inflation était colossale, toutes les économies avaient pratiquement disparu. Ma tante avait économisé pour acheter une voiture, et quand elle a vu ce qui se passait, elle a retiré tout l’argent de son compte en banque en une fois et a acheté un nouveau manteau d’hiver ». Il y a beaucoup d’autres histoires de ce genre, avec des gens qui non seulement ont perdu leur stabilité financière, mais ont aussi été les victimes de systèmes pyramidaux (comme les MMM) et de spéculateurs sur les devises.

Des citoyens vendent leurs biens sur un marché installé le long d'une rue boueuse de Moscou.

« Avez-vous oublié comment les gens avaient l’habitude de prendre les choses les plus précieuses de leur maison (pour les vendre) ? Je connais une femme qui s’est coupé les cheveux et les a vendus pour acheter du lait pour ses enfants, se souvient Ivan, un homme d’affaires de RostovEt quand certains disent que c’était une époque de liberté – je suppose que c’était le cas, mais c’était une mauvaise sorte de liberté, sauvage et sanglante. Je ne voudrais pas y retourner ».

Maria et sa fille Maria, âgée de 4 ans, mendient dans un passage souterrain de Moscou. De nombreuses personnes originaires des anciennes républiques soviétiques ont afflué à Moscou à la recherche d'un emploi mais se sont retrouvées à la rue.

Et de nombreux Russes seraient d’accord avec cette opinion. En 2016, 56 % d’entre eux ont déclaré que l’ère de Boris Eltsine, le premier président de la Fédération de Russie nouvellement établie, avait apporté plus de mal que de bien au pays.

En Russie, les marchés en plein air étaient le reflet des changements survenus dans le pays au cours de cette tumultueuse décennie, comme en témoignent les photographies dans cet autre article.

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