Hier jeudi 6 février , le couturier français Jean-Paul Gaultier,est arrivé à Moscou pour la première de son Fashion Freak Show, a expliqué sur les ondes de l’émission Fashion Sentence, que les filles russes sont belles et les hommes, au contraire, ne sont vraiment pas attirants. Explication c’est parce que les Russes seraient d’abominables machos et les femmes devraient faire tous les efforts pour leur plaire.
réponse ce matin, c’est vrai que les hommes russes soignent moins leur apparence que leur éducation… et il y en a d’autres… c’est le contraire.
Pour ouvrir une discussion globale sur nos perspectives historiques dit l’auteur de l’article Denis COLLIN, je partage sa vision sur bien des points quant à la nécessité de dénoncer ce que l’on tente de nous imposer ce qu’a été mai 68. parce que ce que l’on peut reprocher à son analyse pertinente sur bien des points c’est qu’elle est comme les autres sur cette époque là, elles surestiment certaines figures et sousestiment l’existence d’une forte CGT et d’un parti communiste qui ont donné un tout autre visage à mai 68 que dans le monde, en allemagne, au Japon, où la révolte était celle de jeunes étudiants… Mais même sous cette forme-là je n’ai jamais eu que méfiance pour le bilan historique de mai 68 qui s’avère à mes yeux être la pire des corruptions de la gauche et de l’espérance révolutionnaire, celle d’un Mitterrand en train de se décomposer et de tout détruire autour de lui, mes mémoires (le temps retrouvé d’un communiste. Delga. 2019) font état de cette analyse et c’est pourquoi je crois qu’un critique à la fois de mai 68 et de sa représentation qui sont réellement une sorte de tradition de la gauche qui pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants, je ne sais mêle plus si le PCF pourra être sauvé de la débâcle telle qu’elle s’amplifie y compris dans la célébration des 100 ans du pCF confié à des soixante-huitards nostalgiques et des marxistes de salon. (note de Danielle Bleitrach)
« La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. » (Karl Marx, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte)
Nous vivons depuis plus d’un an une sorte de « mai 68 rampant », des Gilets Jaunes au mouvement contre la réforme des retraites, la grande majorité du peuple semble en train de faire sécession. Dans le même temps, par toutes sortes de canaux, ce pouvoir qui déploie une violence supérieure à celle du pouvoir gaulliste en 68 tente de se présenter comme l’héritier de 68. Dans l’escouade des idéologues au service du pouvoir, une place particulière est accordée aux « revenants » de mai 68. Daniel Cohn-Bendit, le célèbre « anarchiste » et Romain Goupil, le guérillero du Quartier latin vont à l’assaut de tous les médias pour défendre la loi sur les retraites et leur idole, Emmanuel Macron.
Il y a bien longtemps que Guy Hocquenghem a écrit sa Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary (1986). Il y donnait une série de portraits saignants : Serge July, Finkielkraut, BHL, Glucksmann, Cohn-Bendit, Roland Castro, Coluche, Arrabal, Bizot, Patrice Chéreau, Marguerite Duras, Marin Karmitz, Bernard Kouchner… Ces grands révolutionnaires étaient devenus des bourgeois installés dans le beau monde. Toute cette petite camarilla continue d’officier, eux ou leurs héritiers en ligne directe. Certains sont devenus ministres comme Kouchner, d’autres conseillers des princes comme Castro, passé de Mitterrand à Macron (ils ont la peau dure, ceux-là !). On y ajoutera le sénateur Henri Weber, ex-auteur de Mai 68, une répétition générale. Et d’autres, moins connus que l’on retrouve socialistes puis macronistes dans des bataillons de notables qui donnent irrésistiblement l’envie d’entonner la chanson de Jacques Brel, « Les bourgeois, c’est comme les cochons… »
On peut se dire que c’est un classique : soyez rouges dans votre jeunesse, vous avez bien le temps de blanchir ! Ou encore cet adage assez débile, « celui qui n’est pas révolutionnaire à 20 ans n’a pas de cœur, celui qui l’est encore à 40 ans n’a pas de tête. » Ce qui est nouveau, ce n’est pas le changement de camp, la trahison aux cheveux blancs, c’est que, pour ces gens, il n’y a pas de trahison, pas de véritable changement de camp, et que leur « révolution » de 1968 n’était au fond que les premiers cris du nouveau-né des années 80 à nos jours : le « néolibéralisme » qui s’épanouit avec Macron. Il faut pour comprendre cela revenir sur 68 et la suite, comprendre comment l’échec de ce qui fut, pour nombre d’entre nous un vaste mouvement révolutionnaire a ouvert une nouvelle période de la domination capitaliste.
Intrication de trois grands mouvements
Mai 68 est un nœud, un moment de l’histoire où s’entremêlent trois mouvements qui semblent converger et qui vont se désintriquer au profit d’un seul de ces mouvements et au détriment des deux autres. Intrication, cela veut dire non seulement que les mouvements différents qui composent mai 68 se combinent de manière parfois explosive, mais aussi que les courants politiques réels et les individus n’appartiennent pas nécessaire à l’un ou l’autre mais sont à la fois dans l’un et l’autre.
Nous avons, d’une part, un mouvement ouvrier classique, un soulèvement dans la lignée de 1936 contre les conditions de vie que la « modernisation » du capital impose aux travailleurs. Il y a des prémices : la grève des mineurs de 1963, les mouvements de jeunes ouvriers chez Citroën à Rennes ou chez Berliet à Caen, mouvements très durs qui voient de nouvelles couches de la classe ouvrière affronter les CRS, les protestations contre les ordonnances de 1967 sur la Sécurité sociale, etc. Une nouvelle couche d’OS directement arrachés à la vie rurale et qui ne connaissent pas le sens de la discipline de la vieille classe ouvrière bien encadrée par le PCF et la CGT. Dans ce mouvement ouvrier en pleine mutation, il faut aussi noter l’arrivée massive des ingénieurs, cadres et techniciens, la « nouvelle classe ouvrière » chère à Serge Mallet et dont le PSU se voulait de fait le représentant politique attitré.
Ce mouvement va prendre le dessus à partir du 14 mai par la grève avec occupation partie de la SNIAS à Nantes et de Renault à Billancourt, mouvement qui va s’étendre comme une trainée de poudre. Avant le 13 mai, c’est le mouvement étudiant qui tient le haut du pavé, avec Cohn-Bendit (mouvement du 22 mars), Jacques Sauvageot (UNEF), rejoint par le SNESup dirigé par Alain Geismar. À partir du 13 mai, ce sont les syndicats qui reprennent la main. Le mouvement se terminera avec les accords de Grenelle, qui furent loin d’être négligeables : importante augmentation du SMIG, quatrième semaine de congés payés, nouveaux droits syndicaux dans l’entreprise. La reprise fut difficile parce que l’occupation des usines avait fait naître des espoirs d’un changement plus profond. Les dirigeants syndicaux doivent s’y reprendre à deux fois pour faire avaler les accords de Grenelle (voir le fameux épisode du discours de Séguy à Renault-Billancourt). Les comités de grève qui n’ont jamais réussi à se centraliser font de la résistance et bien après mai 68 beaucoup pensaient que ce n’était qu’un début et que le mai réussi était devant nous. Mais ce fut, de fait, le dernier grand mouvement ouvrier où la question d’un horizon socialiste fut posée dans la lutte même.
Le deuxième mouvement était celui de la radicalisation politique de toute une frange, notamment de la jeunesse étudiante comme prolongement de la situation internationale. La génération de ceux qui avaient combattu la guerre d’Algérie retrouvait ceux qui dénonçaient la guerre américaine au Vietnam et qui prenaient comme nouveau modèle, face à une URSS un peu démonétisée, la révolution cubaine (« Un grand espoir, c’est Cuba », chantait Colette Magny, comme réponse à son « J’ai le mal de vivre »). Beaucoup d’espoirs, parfois un peu puérils, beaucoup de confusions et d’illusions aussi. Derrière ce mouvement, les grandes puissances (URSS et Chine) agissaient aussi en coulisses. Et puis il y eut le « Printemps de Prague » et l’espoir d’une convergence entre les mouvements pour la démocratie à l’Est et contre le capitalisme à l’Ouest. Pour des jeunes gens qui pour la première fois avaient une vue directe sur le monde (par la télévision), il y avait matière à penser et à chercher ce qu’étaient les fins ultimes de l’humanité.
Le troisième mouvement est celui de la modernisation du capitalisme, du passage d’un capitalisme fondé sur la transmission du patrimoine au capital mobile qui se mettait en place et que la modernisation industrielle avait préparé — en France comme ailleurs. Le gaullisme était vraiment trop « vieille France », trop engoncé dans ses préjugés, bien que là aussi les choses commençaient à changer puisque c’est le gaulliste Lucien Neuwirth qui avait fait légaliser l’usage de la pilule contraceptive, au grand dam de la plupart de ses collègues. La liberté sexuelle devint un mot d’ordre chez les enfants de la bourgeoisie ; il y avait belle lurette que les ouvriers enfreignaient allégrement les « normes » bourgeoises en cette matière : en l’absence de patrimoine à gérer, on y pratiquait souvent l’union libre (on « vivait à la colle »), mais les bourgeois étaient encore coincés, nous dit-on : la pratique des « rallyes » pour orienter les mariages, qui existe toujours aujourd’hui, se doublait pourtant des booms, où les stupéfiants étaient de règle chez les rejetons de la bonne société, et ce bien avant 68 (le cinéma en offre de nombreux témoignages). Quoi qu’il en soit, « l’héroïque bataille » pour la liberté sexuelle était dans l’air du temps et recouvrait un contenu politique qu’on peut résumer par « à bas les normes ! » Cette partie du mouvement de 68 représentait très précisément « l’extrême gauche du capital » et Cohn-Bendit était son porte-parole attitré. Le « mouvement du 22 mars » né à Nanterre sous la houlette du futur macronien défendait cette idée ébouriffante : permettre aux garçons d’avoir accès à la cité des filles.
Ces trois mouvements étaient complètement intriqués et l’on trouve la même intrication en Italie, mais ni aux États-Unis, ni en Allemagne, par exemple, où la composante ouvrière du mouvement est absente. L’idée largement partagée à « l’extrême gauche » d’un vaste mouvement révolutionnaire mondial est notoirement fausse, mais elle a entretenu la flamme et permis l’existence de mouvements dits révolutionnaires assez importants dans toute une série de pays avancés.
Le déclin du mouvement ouvrier
À partir de 1968, nous assistons, à travers des soubresauts, à un long déclin du mouvement ouvrier organisé, c’est-à-dire des grands partis ouvriers de masse et des syndicats. Après une pointe dans les années 80, le PCI se saborde au congrès de Bologne (1991) pour devenir « social-démocrate », puis démocrate tout court en fusionnant avec une aile de la démocratie chrétienne. Le PSI, miné par la corruption de son chef, Craxi, disparaît à peu près du paysage. Les tentatives de maintenir un espoir communiste en Italie, avec le Partito Comunista Rifondazione finiront aussi par s’enliser. En Allemagne, nous assistons à un lent déclin du SPD qui n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. En France, le PCF a commencé à décliner à la fin des années 70 pour presque s’effacer après la disparition de Georges Marchais, ne survivant que grâce à ses alliances électorales avec le PS, alliances qui dans le même temps contribuaient aussi à son déclin. Le PS français n’a jamais été véritablement un parti ouvrier, faute de liens sérieux avec la classe ouvrière organisée. Il était devenu un parti des classes moyennes salariées et des intellectuels. Mais son lien avec l’histoire en faisait tout de même une sorte de « parti ouvrier ». Sa quasi-disparition dans le macronisme n’est peut-être pas définitive, mais elle est tout de même une confirmation de ce déclin du mouvement ouvrier traditionnel. Cela ne signifie pas que la lutte des classes a disparu. « La classe ouvrière a le dos au mur », disaient les « lambertistes » avant 68. C’est maintenant que cette proposition prend tout son sens. Toutes les batailles récentes, après 1995 qui fut le dernier grand mouvement qui ait eu à peu près gain de cause, ont été perdues. Non seulement le mouvement ouvrier n’a plus engagé de bataille pour gagner de nouveaux acquis, mais il a été incapable de défendre ses positions et nous assistons, en France, mais aussi dans toute l’Europe à des reculs importants. Symboliquement, la défaite des mineurs britanniques battus par Mrs Thatcher en 1983 exprime toute la période et le conflit présent autour des retraites doit être compris dans ce contexte. Il est nécessaire de s’interroger sur cet affaiblissement du mouvement ouvrier, car les explications traditionnelles par la trahison des appareils ou la méchanceté de la bourgeoisie sont ridicules. Et si l’on s’avance dans cette recherche, on sera obligé d’aller loin. Je laisse ici la question ouverte. Y a-t-il une fatalité qui fait que la classe ouvrière soit vouée à l’impuissance politique (comme aujourd’hui) ? Doit-elle toujours subir une représentation politique qui finit par préférer l’ordre existant au danger d’un changement révolutionnaire ? Faut-il accepter la thèse, défendue par Costanzo Preve, selon laquelle les classes subalternes ne peuvent jamais devenir des classes dominantes ? Quoi qu’il en soit, on peut comprendre des pans entiers du gauchisme post-soixante-huit comme des tentatives pour trouver des substituts à la classe ouvrière qui se révélerait incapable d’accomplir la mission historique que le marxisme orthodoxe et sa version marxiste-léniniste lui avaient attribuée. Plus de classe ouvrière comme « sujet révolutionnaire », place aux nouveaux sujets révolutionnaires : la « petite bourgeoisie radicalisée », les « nouvelles avant-gardes larges ayant rompu avec le réformisme dans la tactique des luttes », tout ce que l’on pouvait trouver dans les écrits de Daniel Bensaïd, notamment le fameux bulletin intérieur de la Ligue communiste (BI 30) publié en juin 1972. Dans ce texte Jebrac-Ségur-Bensaïd spéculait même sur les « vertus militaires de la paysannerie » et imaginait une guerre de guérilla rurale l’échelle du continent européen. Je sais qu’aujourd’hui il faut dire du bien du grand penseur Bensaïd, mais à ce niveau de délire, on s’interroge… Le plus important est bien cette élimination progressive de la classe ouvrière et ce mouvement vers la petite-bourgeoisie « radicalisée » dont nous voyons maintenant les manifestations éclatantes.
La seule lueur de reprise d’un mouvement social sérieux est venue d’où l’on ne l’attendait pas, avec les Gilets jaunes, mouvement atypique, mais incontestablement populaire mêlant salariés et travailleurs indépendants, comme dans les premières heures du mouvement ouvrier, et pratiquant l’action directe. Une large partie de l’intelligentsia de gauche n’a rien vu, souvent rien compris à ces manifestations où la couleur jaune était l’uniforme, le chant révolutionnaire La Marseillaise et le drapeau un drapeau tricolore ! Plus rien à voir avec la « convergence des luttes », les « Nuits debout » et autres spectacles pour petits bourgeois. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la reconstruction d’un mouvement populaire, dont la composante ouvrière au sens large est essentielle mais fait la jonction avec les autres composantes des classes laborieuses et dont la base pourrait ne plus être entreprise mais la commune, le quartier, base dont le rond-point est l’emblème.
Les impasses de l’anti-impérialisme
Le deuxième aspect est la révélation de l’impasse politique de l’anti-impérialisme. Évidemment, sur le plan moral, l’agression américaine au Vietnam était insupportable, comme le fut la mainmise sur le Chili le 11 septembre 1973. Défendre inconditionnellement les nations agressées par l’impérialisme n’est pas seulement un devoir « révolutionnaire », mais aussi un devoir de quiconque est attaché à la démocratie et à la souveraineté des peuples, toutes choses proclamées par la révolution « bourgeoise » de 1789. Mais cela n’implique pas le soutien politique aux gouvernements des nations agressées. Être contre les guerres menées contre l’Irak en 1991 (merci Mitterrand !) et 2003, ce n’est évidemment pas soutenir Saddam Hussein, tyran spécialisé dans la pendaison des communistes. Dénoncer les ingérences US au Venezuela n’implique pas de se rallier au « bolivarisme » de Chavez ou Maduro. Mais ces distinctions étaient trop subtiles pour nos « anti-impérialistes » qui se mirent en devoir de trouver partout des gouvernements révolutionnaires sui generis, comme le Parti communiste vietnamien, et pendant un temps le Front Uni National du Kampuchéa (le FUNK, autrement dit les sinistres Khmers rouges).
Cet anti-impérialisme avait deux effets : premièrement le développement d’une complaisance, pour le moins, envers les régimes staliniens qui étaient classés, peu ou prou, parmi les anti-impérialistes ; et, deuxièmement, de nourrir une vision de l’histoire dans laquelle l’intelligentsia petite-bourgeoise tient le rôle principal. Le premier aspect est peut-être même le moins important. Après tout pour vaincre le pire des dangers on peut faire alliance avec le diable et même avec sa grand-mère et l’Union soviétique avait joué un rôle majeur dans la défaite du nazisme. Le plus important est le deuxième aspect : nous avons un mouvement historique qui place au premier plan la classe petite-bourgeoise, intellectuels, militaires, indépendants, etc., et elle prétend accomplir les fins ultimes de l’humanité ! En effet, les principaux mouvements révolutionnaires anti-impérialistes sont aux mains de cette classe et le mouvement ouvrier n’y joue aucun rôle ou un rôle minoritaire, quand il ne s’oppose pas à ces nouveaux « sujets historiques ». Ce ne sont même pas les chefs petits-bourgeois des ouvriers. Leur base est essentiellement paysanne en Chine, au Vietnam, au Cambodge et même dans la plupart des pays d’Amérique latine. Il y a une classe ouvrière active en Argentine, en Bolivie et bientôt au Brésil, mais elle restera totalement imperméable au discours des guérilleros. Le destin du marxisme est désormais étroitement lié à ces classes intermédiaires qui trouvent dans la « dictature du prolétariat » une couverture idéologique adéquate pour légitimer leur action en vue du pouvoir, qu’elle se sent fondée à exercer. Elle doit pour cela combattre les puissances capitalistes étrangères. J’ai développé tout cela de manière un peu approfondie dans Le cauchemar de Marx. Mais dans ces mouvements exotiques, la petite bourgeoisie intellectuelle européenne, qui ne sait pas trop bien quel sera son avenir, va trouver un idéal auquel s’identifier. Il y a de nombreuses théorisations de ce déplacement de l’axe de la pensée révolutionnaire : l’encerclement des villes par les campagnes (Mao), les damnés de la terre (Frantz Fanon), etc. Les élucubrations du congrès de Bakou des peuples d’Orient (1920) vont être reprises sous des formes diverses en remplaçant l’opposition entre prolétaires et bourgeois par l’opposition entre nations impérialistes et nations prolétaires — une thèse que l’on trouve déjà chez Mussolini dans les premières années du mouvement fasciste.
Si l’on revient sur cette histoire, on comprend mieux l’islamophilie d’une large partie des groupes d’extrême gauche d’aujourd’hui. Un musulman est par définition un représentant des nations prolétaires, alors qu’un ouvrier blanc et hétérosexuel est un membre de l’aristocratie ouvrière vendue à l’impérialisme — il y a même des citations de Lénine toutes prêtes ! On comprend mieux avec quelle constance cette « petite bourgeoise radicalisée » a su conquérir les lieux du pouvoir intellectuel pour imposer progressivement sa façon de voir le monde, pour conquérir l’hégémonie comme on dirait en paraphrasant Gramsci. Il y a un dernier point à souligner. Le soutien « anti-impérialiste » aux luttes armées a développé une vision militaire de la vie politique. Dans Le bon, la brute et le truand, le personnage joué par Clint Eastwood dit : « tu vois, le monde se divise en deux catégories, celui qui a un pistolet chargé et celui qui creuse et toi tu creuses. » C’est la vision du monde qu’ont développée les partisans de la lutte armée : les armes décident de tout. Il n’est donc pas très étonnant que certains d’entre eux aient rejoint sans sourciller le camp de l’impérialisme US quand ce pays s’est engagé dans une politique d’exportation par les armes des « valeurs de l’Amérique ». C’est ainsi que l’ancien chef du Service d’ordre de la Ligue communiste, Romain Goupil, s’est retrouvé comme l’un des porte-parole des « néocons » à la française en soutenant l’intervention américaine contre l’Irak en 2003.
Tout cela doit être nuancé. La révolte morale contre le domination est fondamentalement juste. La défense de la liberté est universelle et il faut reconnaître la sincérité de l’engagement politique révolutionnaire de beaucoup de jeunes. Il faut seulement en comprendre les limites : cet engagement peut conduire au socialisme, c’est-à-dire au « vieux mouvement ouvrier », issu de l’Internationale Ouvrière. Mais il peut aussi nourrir une pensée cynique, l’idée que tout est possible et que tous les moyens sont bons pour gagner. Sinon, comment expliquer que la révolte morale débouche sur le soutien à des régimes abominables ?
La révolution sociétale
La « révolution sexuelle » est le point de départ de la prise de conscience de soi d’une nouvelle classe ayant vocation exercer le pouvoir dans tous les domaines, le pouvoir politique dès que possible, mais aussi le pouvoir dans le monde de la culture et le pouvoir idéologique avec un but : en finir avec les normes étouffantes, « vivre sans temps mort » et « jouir sans entraves ». En finir avec les normes bourgeoises, c’est d’abord en finir la vieille morale familiale, ce qui n’est pas pour déplaire aux plus lucides des membres de la classe capitaliste. La famille est un obstacle à la fluidité nécessaire au marché du travail. En outre, la liberté sexuelle a deux avantages : elle ouvre un nouveau marché, le marché du sexe sous toutes ses formes, et, en second lieu, elle procède de cette « désublimation répressive » dont parle Marcuse — comment user de l’énergie sexuelle pour augmenter le profit. Le libertarisme sociétal est devenu le cheval de Troie de la liquidation de toutes les normes protégeant les individus. « Vivre sans temps mort » : voilà un mot d’ordre que n’importe quel capitalisme reprendra à son compte. Il ne doit y avoir aucun temps mort pour le travail pendant la journée de travail et dans la vie elle-même il ne doit y avoir aucun temps mort pour entreprendre, commercer, acheter et vendre, aucun temps qui ne soit sacrifié à Mammon ! Quant à « jouir sans entraves », c’est le mot d’ordre sous-jacent à la plupart des publicités. Évidemment, ceux qui veulent jouir sans entraves, qui veulent « tout, tout de suite » (autre mot d’ordre de VLR), ceux-là sont dans le sens de l’histoire, dans le sens du « progrès » et ils devront être prêts à en payer le prix.
On pourra objecter que le capitalisme est capable de tout récupérer, et qu’il peut récupérer les révoltes qui sont dirigées contre lui. Sans doute. Mais dans le cas d’espèce, ce sont les « rebelles » eux-mêmes qui ont expliqué pourquoi le néolibéralisme (ils lui ont donné un autre nom) était l’avenir qu’il fallait faire advenir. L’idéal du mode de production capitaliste est la « société liquide » (Zigmunt Bauman), une société d’individus en mouvement, d’individus sans appartenance, une société qui réalise pleinement les vœux de Deleuze et Guattari dans leur livre de 1972, L’Anti-Œdipe. C’est un autre héros intellectuel de l’extrême gauche, Michel Foucault qui va faire de l’extension de la « liberté » capitaliste et de l’abolition des normes la véritable émancipation. La French Theory, le « postmodernisme » va sonner la fin du grand récit révolutionnaire (cf. Lyotard) et transformer la « rébellion » en carburant de la machine capitaliste.
Des individus interchangeables, ni hommes ni femmes, ni jeunes ni vieux (d’ailleurs il n’y a plus que des jeunes dans le monde postmoderne), des forces de travail mobiles et des consommateurs occupés à consommer, voilà ce qu’a fabriqué la révolte des soixante-huitards, du moins ceux qui se présentent sous cette étiquette et construisent le récit de 68 à destination des médias dominants d’aujourd’hui. Le lien entre le macronisme et les héros de la « révolution sexuelle » d’antan se fait facilement. Macron, tout en essayant de se garder de sa droite, est favorable aux innovations « sociétales », il est prêt à laisser toutes sortes de bouffons (comme Bellatar) occuper la scène et il s’affiche volontiers avec les anciens soixante-huitards, devenus les soutiens des lanceurs de LBD et de grenades lacrymogènes contre des manifestants qui, eux, n’ont pas de pavés en main…
Ce qui était intriqué est dénoué. L’époque peint maintenant du gris sur du gris. La page de 68 est tournée, mais encore faut-il la penser sérieusement. Ces quelques réflexions ne visent qu’à ébaucher des lignes suivant lesquelles des élaborations plus rigoureuses pourront être conduites. Nous avons eu de nombreuses analyses politiques mais nous manquons d’une vraie compréhension sociale et psychologique de l’ensemble de cette période historique et cette compréhension nous aiderait grandement à l’heure où s’impose la nécessité de reconstruire un mouvement de résistance au capitalisme et de transformation sociale.
Regardez sur les plateaux de télévision actuellement la différence d’attitude entre les chercheurs scientifiques qui nous parlent de l’épidémie du coronavirus et les politologues qui s’affirment spécialistes de la Chine, sans parler de ceux qui ont lu deux ou trois articles sur ce pays et qui mènent souvent le débat. Ceux-là nous infligent leur vision du « péril jaune » incontestablement aggravé par le fait qu’il est rouge. La manière dont la Chine a mis en quarantaine des villes énormes, le vide qui s’est créé dans les rues et les hôpitaux construits en quelques jours provoquent non pas l’admiration, mais l’inquiétude légitime chez ceux qui ne sont pas informés. Outre le fait qu’ils ont le sentiment d’être confrontés à une fourmilière d’anonymes dirigés par le big brother habituel. Face à ce mouvement spontané d’inquiétude qui est celui de la population, quelles sont les réponses médiatiques?
Il existe une catégorie particulièrement pernicieuse de gens qui se disent informés puisqu’ils occupent les médias et qui en profitent pour faire passer leur haine de la Chine, leur anticommunisme primaire. Ces gens là sont souvent les mêmes qui non seulement s’estiment compétents sur tout mais qui souvent dénoncent le complotisme des réseaux sociaux. Dans cette affaire, comme dans d’autres, ils le pratiquent sans état d’âme en utilisant leur place d’éditorialistes bien vus du pouvoir et des groupuscules médiatiques. Alors que les scientifiques qui souvent sur le même plateau mènent un discours parallèle et ignorent les remarques précédentes des sinologues autoproclamés, donnent le visage d’une véritable collaboration, d’une écoute mutuelle et d’une transmission d’information. Ils annoncent avec joie les résultats en France, en Chine aux Etats-Unis. Ils rationalisent les dangers sans pour autant nous faire baisser notre garde, pour aujourd’hui et pour demain.
Le véritable problème n’est plus la Chine alors, il est le sous développement. Des pays entiers qui ne peuvent être mis en veille sanitaire et qui n’ont pas les laboratoires, les hôpitaux qui peuvent isoler. Les échos de transmission du virus proviennent tous de pays développés, que se passe-t-il dans ceux où la surveillance est insuffisante, les voyageurs dont on ignore tout. On ne peut pas nier les migrations, il faut gérer avec humanité, soigner, prévenir.
L’autre problème est la capacité qu’a un pays à imposer à sa population la discipline extraordinairement contraignante des mises en quarantaine de masse. Certains urgentistes qui font des simulations sont aujourd’hui confrontés à cette inconnue que la Chine traite à une échelle inouïe, celle de l’ensemble de la population française.
Il y a là quelque chose de l’avenir de l’humanité, comment créer chez les êtres humains ce désir véritable et attentif de ce qu’est l’autre, la formation à la connaissance et le contraire de la rumeur destinée à conforter les stéréotypes.
De la méthode, apprendre à lire, à voir, à penser autrement… Et je suis de plus en plus inquiète, il me semble qu’il faudrait apprendre à lire, à voir, à entendre, cultiver nos sens pour les affiner jusqu’à ce qu’ils contribuent à eux aussi s’ouvrir à la mondialisation, en partant de ce que nous sommes. Mais aussi pour provoquer ce que nous avons d’irremplaçablement humain face aux conquêtes de l’intelligence artificielle. S’ouvrir à quelle mondialisation? Peut-être faudrait-il là aussi ouvrir le dialogue avec ce que la Chine tente de nous dire : « Construisons ensemble une communauté de destin », dit Xi Jinping dans ce livre que j’ai le privilège de lire avant qu’il soit diffusé en France. C’est-à-dire, restons ce que nous sommes avec nos valeurs propres, nos mœurs, mais cherchons entre nous les points d’intersection qui garantissent progrès et sécurité pour l’ensemble de l’humanité.
Apprendre à lire par exemple, à se documenter réellement, à la manière de ces chercheurs et a contrario de ces éditorialistes qui n’ont plus le temps que de paraître. « Tirer d’un livre jusqu’à la dernière goutte de substance est un art presque aussi difficile que celui d’en écrire un. Lorsqu’on a appris à le faire, un seul livre profite autant que des centaines. » Henry Miller.
Je suis d’autant plus d’accord avec cette remarque que personnellement je ne connais que deux manières de lire. La première que j’ai pratiquée depuis ma plus tendre enfance consiste à recopier les livres que je lis. Il m’est arrivé dans les bibliothèques de recopier durant des mois des livres et j’en ai encore un doigt déformé avec une boule que même la pratique de la machine à écrire puis de l’ordinateur n’a pas totalement résorbé. L’autre manière qui m’a gagnée à l’adolescence a été de prétendre écrire un livre et de se documenter.
C’est pour cela que j’aimais tellement l’année de maîtrise et la direction de ce premier acte de recherche pour mes étudiants. Je suivais leur propre exploration non seulement sur le terrain mais dans leur sollicitation de documents, d’archives et d’auteurs. Certains apprennent à réellement lire pour la première fois et ils le font à partir d’interrogations sur la réalité d’un terrain, ils ne tentent pas de conforter leurs opinions mais en les construisant, ils se remettent en cause et ils s’enrichissent.
Si je suis obligée de recopier des livres entiers, c’est que je suis une visuelle, le sens me parvient par le sens regard mais ce qui me pousse, moi comme tant d’autres à lire, à me documenter est pourquoi le nier une sorte de transcendance typiquement humaine. Comme le disait récemment François Cheng dans une émission de la grande librairie, la quête du beau est quête du sens. Ce mot français, « le sens » une sorte de diamant à multiples facettes: le sens qui est une direction, un mouvement de votre propre transformation, le sens qui est non seulement un contenu mais l’essentiel de ce contenu, sa substance. Le sens qui est l’instrument privilégié de votre compréhension, la sensualité, et pour moi c’est l’oeil d’abord et après le goût.
La connaissance est recherche et celle-ci est quête de l’autre, de ses potentialités, de l’échange. A partir de cette réflexion de François Cheng, s’impose à moi le film « séjour dans les monts Fuchun », tous ces sens sont magnifiés dans ce film et cela vous permet à la fois de vous ouvrir à une autre civilisation, à son irréductible étrangeté et dans le même temps avoir avec elle le contraire des stéréotypes ambiants, l’hostilité, la peur, la manière de plaquer ce que nous avons de pire sur ce que nous découvrons. Cette manière de croire savoir parce que nous refusons le temps de connaitre.
Il y a là quelque chose de l’avenir de l’humanité, comment créer chez les êtres humains ce désir véritable et attentif de ce qu’est l’autre, la formation à la connaissance et le contraire de la rumeur destinée à conforter les stéréotypes. Ce qu’on trouve à l’état embryonnaire dans l’art, dans la recherche scientifique, malgré les mises en concurrences, les contraintes du profit comment peut-il devenir la communauté de destin de l’humanité?
C’est en quelque sorte le contraire de ce que favorisent les réseaux sociaux, les like après un article dont on a vaguement lu le titre et quelques lignes, parce que c’est le seul intérêt que l’on puisse avoir pour votre interlocuteur que celui d’un post où tout ce qu’il a à vous dire tient en une phrase qui a le bon goût de confirmer vos idées reçues sur la question. Et pourtant il y a un désir de savoir.
J’ai cru longtemps que la politique était la voie royale de cette connaissance qui part de nos intérêts pour atteindre ceux de l’humanité, je pense que telle qu’elle se présente aujourd’hui elle reste incontournable mais mérite d’être considérée aussi dans ses limites actuelles, le fait qu’il existe un état de la science qui a besoin de mondialisation, d’investissements collectifs, la force productive du travail et que celle-ci ne trouve pas les rapports sociaux, les institutions à la mesure de ses avancées potentielles dont l’humanité a besoin pour sa survie. Le fait que lutter contre les entraves a d’abord une dimension nationale, comme la lutte contre l’épidémie, mais que ce qui est recherché en terme de coopération est international. Quelle force politique est en capacité de penser cette contradiction et son dépassement?
Un groupe de jeunes communistes a décidé d’éditer son propre matériel dans lequel il expose ses analyses,ici il s’agit de décrire le rôle de Blackrock, la multinationale financiarisée dans la destruction de notre système de protection sociale avec la complicité active de macron et de son gouvernement.
Mais ces jeunes-gens vont plus loin, ils interpellent la gauche et le parti communiste sur le rôle que doit jouer la souveraineté nationale dans la défense de la souveraineté populaire. C’est court, clair, précis.
Comme lepessimisme est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, ce blog va être très attentif au point de vue des jeunes qui tentent de créer une issue politique.
Après le coup d’éclat de Taha Bouhafs, “journaliste militant” accusé d’avoir signalé la présence d’Emmanuel Macron dans un théâtre, le journalisme non-militant a repris ses droits sur les chaînes info. Pour condamner les actions terroristes de syndicalistes radicalisés et vanter les réformes d’un gouvernement dépolitisé.
Est-ce qu’on peut parler de climat insurrectionnel ? » demande Amélie Carrouër sur LCI, appuyée par le bandeau « Social : la violence comme mode d’action ». « La CGT est-elle hors de contrôle ? » interroge Olivier Truchot sur BFMTV, appuyé par le bandeau « Actions coup de poing : la CGT sans limite ? » Celui de 24h Pujadas questionne :« Radicalisation : qui sont les activistes ? » Certainement pas les journalistes de LCI ou de BFMTV… Enfin, je respire. Après un week-end pollué par Taha Bouhafs — « journaliste militant »,« activiste » ou « militant islamiste »,hésite BFMTV, bref, celui qui a osé informer qu’Emmanuel Macron se trouvait au théâtre des Bouffes du Nord — je renoue avec le journalisme non-militant.
Dès dimanche soir, LCI donne la parole à un « éditorialiste politique » non-militant. Daniel Cohn-Bendit révèle : « À Clermont-Ferrand, pendant les vœux du candidat LREM aux municipales, une cinquantaine ou une quarantaine LFI, CGT et la candidate LFI attaquent le siège, cassent les vitres, commencent à cogner ceux qui sont dedans… C’est ça le problème. » Effectivement, pour tout journaliste non-militant, l’action violente de groupuscules radicalisés est problématique.
Le lendemain matin, l’éditorialiste non-militant insiste : « À Clermont-Ferrand, le groupe LREM veut faire ses vœux et lance la campagne municipale. Il y a une quarantaine de personnes, dont certains Insoumis, CGT, Gilets jaunes et tout ça, je sais pas, qui cassent, qui rentrent, qui veulent les empêcher de faire leurs vœux. » Dans un tweet militant, Marianne Maximi, militante LFI et candidate aux municipales, nie toute forme de violence en citant un article du journal La Montagne. Celui-ci, surtitré « Vérification », proclame : « Vitres brisées et personnes agressées dans la permanence d’Eric Faidy, candidat LREM… Quand Daniel Cohn-Bendit travestit la vérité sur LCI. » Et de prétendre qu’il ne s’est produit qu’une brève « bousculade ».
Permettez-moi de douter. La Montagne ayant été créée en 1919 par un militant socialiste, il est fort probable qu’elle pratique un journalisme militant. Au contraire, en s’abstenant de contredire Daniel Cohn-Bendit, Amélie Carrouër et Audrey Crespo-Mara ont prouvé qu’elles étaient des journalistes non-militantes.
Dimanche soir, BFMTV invite un sondeur non-militant, Stéphane Zumsteeg, d’Ipsos. Pour lui, « le gouvernement ne s’est pas trompé en jouant le pourrissement, en se disant que les Français seront toujours majoritairement favorable au mouvement mais c’est pas pour autant qu’on ira vers une amplification ». Nul besoin d’être militant pour comprendre que le gouvernement était visionnaire : « Et c’est ce qui s’est passé, il n’y a pas eu d’amplification du mouvement. » « Excusez-moi mais sur cette question de l’opinion, j’aimerais qu’on en revienne aux faits, proteste Benjamin Amar, militant CGT. Vous avez un sondage Ifop qui date d’aujourd’hui. Si vous cumulez les chiffres de l’opposition et de l’hostilité au mouvement, ça fait 33 %. Et vous avez 51 % des gens qui soutiennent ou qui ont de la sympathie. »
Cette présentation du sondage est manifestement militante. Car BFMTV s’empresse d’afficher ses résultats à l’écran et là, surprise, les chiffres sont différents de ceux cités par le militant syndical : « 51 % soutiennent le mouvement, 49 % s’y opposent », proclame le graphique. BFMTV a tout simplement ajouté les 16 % de sondés« indifférents » aux 33 % opposés au mouvement. Prenant ainsi le contre-pied de l’information militante livrée par le syndicaliste de la CGT.
Deux jours avant, le journaliste non-militant Christophe Barbier avait pareillement livré une analyse non-militante d’une étude selon laquelle 56 % des sondés s’opposent à la réforme des retraites, déduisant très logiquement : « Les Français sont profondément convaincus qu’il faut passer à la retraite par points. » Christophe Barbier poursuivait avec une interprétation tout aussi non-militante du sentiment des sondés à propos de la mobilisation contre la réforme : « On additionne généralement “sympathie” et “soutien”. Je suis pas d’accord ! Moi, j’ai de la sympathie pour les grévistes. Mais je les soutiens pas, parce qu’on n’a pas le droit d’empêcher les gens d’aller au boulot et de pourrir la vie des Franciliens comme ils l’ont fait. » Christophe Barbier offre là une définition toute particulière de la sympathie.
Lundi, David Pujadas s’interroge sur LCI sur « le paradoxe France, déprimée mais attractive » (pour les investisseurs étrangers). Le journaliste non-militant est perplexe : « Les impôts ont baissé, il y a eu la prime pour l’emploi. » Et pourtant les Français râlent. Pour l’éclairer, Emmanuelle Ménard, présentée à l’écran comme « députée divers droite de l’Hérault » dans un souci de neutralité non-militante. À ses côtés, Romain Goupil, cinéaste non-militant. « C’est le paradoxe de Tocqueville, explique-t-il. Plus on résout les inégalités, plus l’inégalité la plus petite paraît insupportable. » Or, il saute aux yeux de tout journaliste non-militant que le gouvernement d’Emmanuel Macron « résout les inégalités » à marche forcée. Seuls les journalistes militants auront la mauvaise foi de prétendre que la fortune de Bernard Arnault est passée de 60 à 117 milliards d’euros en deux ans pendant que le taux de pauvreté augmentait.
« Donc, poursuit Romain Goupil,comme ce pays va bien, les gens, les Gilets jaunes disent : “Pourquoi pas nous ? Pourquoi on a ce reste-à-vivre aussi peu (sic) alors que plein d’autres se gavent, n’arrêtent pas de profiter de la vie dans les villes, les ministères ?” » Ils sont jaloux, d’où leur mouvement exagérément militant. « Cette inquiétude du déclassement qu’a cette population… Il y a une espèce d’inquiétude anxiogène, au lieu de se dire : “Nom de Dieu, ce pays, par rapport aux retraites, au niveau de vie, à la protection sociale, aux hôpitaux, c’est un pays de cocagne !” » Surtout avec la providentielle réforme des retraites ou les largesses en faveur des hôpitaux offertes par notre gouvernement non-militant et saluées par tous les journalistes non-militants.
« Romain Goupil a mis le doigt sur quelque chose qui est très juste, approuve Nicolas Bouzou, économiste non-militant. Quand vous regardez l’histoire, vous voyez que les périodes de troubles sociaux arrivent toujours quand il y a de la croissance et du pouvoir d’achat. C’est très exactement ce que l’on voit aujourd’hui. » Notre pays est trop riche, ce qui avive les passions des militants de tout poil : « Il y a une sorte de bataille pour la valeur. L’historiographie nous montre que 1789, c’est une période de croissance, d’augmentation du pouvoir d’achat. » Qui aurait perduré si on avait évité de couper sa tête au roi non-militant. « En 1895, le président Sadi Carnot se fait assassiner, c’est une période de croissance, l’économie française est la plus innovante. » Pareil quand Henri IV est assassiné par un militant nommé Ravaillac.
David Pujadas en vient à la question de la « radicalisation » des militants. « Qui sont ces activistes qui ont tenté de s’en prendre à Emmanuel Macron au théâtre ou de mener d’autres opérations coup de poing ? Faut-il s’en inquiéter ou faut-il s’en accommoder ? » S’accommoder de la violence ? Seuls les militants terroristes y consentent. Ainsi, relève Olivier Truchot, présentateur non-militant de BFMTV, « la coupure d’électricité géante dans le sud de Paris, elle est revendiquée par la CGT », comme s’il s’agissait d’un attentat. Idem sur LCI, où un journaliste non-militant indique que la « nouvelle intrusion au siège de la CFDT a clairement été revendiquée par la CGT Energie. La précédente intrusion, vendredi dernier, a été revendiquée par la Coordination RATP-SNCF. C’est un groupe qui est assez proche du NPA ».
Le journaliste pujadiste livre au public les noms de quelque-uns de ces terroristes militants, parmi lesquels Anasse Kazib, connu pour avoir fait allégeance au NPA.
« En ce qui concerne le théâtre des Bouffes du Nord et l’incendie de la Rotonde, là, pas de revendication. » Même pas de Daesh ? « Au sujet du théâtre, on a entendu un nom, celui de Taha Bouhafs, c’est lui qui a signalé la présence du président par un tweet. » Un autre journaliste militant, David Dufresne, a prouvé que Taha Bouhafs n’était pas le premier à avoir informé de cette présence. « Il a 22 ans, il a été candidat en 2017 pour La France insoumise. » Preuve d’une militance exacerbée. « Depuis, il a pris ses distances, il se revendique comme “journaliste des luttes”, c’est lui qui a filmé Alexandre Benalla le 1er mai 2018. Il était aussi l’un des initiateurs de la marche contre l’islamophobie. » C’est donc aussi un militant islamiste.
« Il se passe quelque chose de très inquiétant », réagit Romain Goupil. Nicolas Bouzou approuve son point de vue non-militant : « Il y a une radicalisation de l’opposition à la réforme des retraites qui est due au fait que cette réforme va passer. » Il suffit d’être non-militant pour le savoir. « Les syndicats qui demandaient le retrait ont perdu. » Par excès de militance. « Je voudrais ajouter que Les grandes gueules, l’émission de RMC, a été arrêtée vendredi dernier à Béziers. Ça, franchement, c’est atroce ! » Atroce, en effet, d’attenter à la liberté d’expression des réactionnaires non-militants des Grandes gueules.
À propos de la violence des militants (syndicaux, pas libéraux), David Pujadas propose de revenir à « hier, lorsqu’on interrogeait sur cette chaîne Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry lors de leur traditionnel débat ». Luc Ferry, ancien ministre non-militant : « C’est arrivé à tous les présidents de la République… » « Vingt-sept tentatives d’attentat contre de Gaulle ! », complète Daniel Cohn-bendit, confirmant que les actions des syndicalistes sont bien des attentats.
David Pujadas diffuse ensuite la réaction de Sibeth Ndiaye : « Si provoquer de la violence, c’est faire les réformes pour lesquelles vous avez été élu, je peux l’assumer. » En tant que non-militante de la non-violence. Suit Franck Riester, ministre de la Culture non-militante : « Nous sommes décidés à ne nous laisser manipuler par des individus politisés et radicalisés. » Alors que les membres gouvernements ne sont pas politisés et encore moins radicalisés. « Ça s’est complètement jaunisé », résume Romain Goupil en référence aux militants des Gilets jaunes.
« À entendre ce qui se dit sur le plateau, proteste Nicolas Bouzou, on pourrait croire que le peuple français est en train de se révolter, de marcher sur l’Élysée. C’est évidemment pas du tout ce qui se passe. » Si des dizaines de professions s’insurgeaient, des enseignants aux musiciens de l’Opéra en passant par les avocats, les dockers ou les égoutiers, les journalistes non-militants le diraient. « Y a une réforme globalement impopulaire, comme la totalité des réformes économiques et sociales faites depuis vingt ou trente ans. Il n’y en a aucune qui a été populaire. » Les non-militants du libéralisme se sont pourtant échiné à convaincre qu’elles étaient indispensables au développement de la précarité, à l’enrichissement des détenteurs du capital et au démantèlement des services publics.
« En revanche,poursuit Nicolas Bouzou, on a une radicalisation d’une partie de l’opposition. » Alors que la majorité, par définition, ne peut se radicaliser. «Les chaînes d’info en continu et les réseaux sociaux accroissent considérablement la rentabilité de cette radicalisation parce qu’elle est extrêmement visible. » Maudits réseaux sociaux noyautés par des militants. Quant aux chaînes info, il faudrait leur interdire de relayer les discours militants. « Mais ne faisons pas croire que le pays est à feu et à sang. » Quand un policier frappe à terre un militant ensanglanté, c’est par goût du non-militantisme.
Sur LCP, je retrouve l’éditorialiste Roland Cayrol qui, à 78 ans, a passé l’âge de militer. « Moi, je crois que c’est plutôt une réforme de justice sociale, cette affaire de retraites. » Ce n’est pas être militant de l’affirmer. « Et c’est un paradoxe inouï de voir les catégories populaires plutôt contre alors que c’est censé être fait pour elles. » Ces catégories populaires se font intoxiquer par des militants alors même que tous les journalistes non-militants leur assurent à longueur d’antenne que cette réforme leur sera une bénédiction. « L’essentiel du problème, c’est qu’ils ne savent pas ce qui les menace ou les attend avec cette nouvelle formule de retraite. » Il faudrait user de pédagogie non-militante. « Donc c’est vraiment le problème : comment on fait pour mettre les citoyens dans le coup des réformes. » Sans jamais faire de militantisme, évidemment.
Un bandeau s’affiche,« Christophe Barbier : profession journaliste ». Non-militant, ça va de soi. « On parle un peu de votre livre, Macron sous les masques, propose la présentatrice de LCP. De qui le président est-il le fils ? Sur le bandeau, vous fournissez quelques pistes, Louis XVI, Caligula, Giscard… Pourquoi y a pas Bonaparte ? » « Parce que je pense que c’est faux. Bonaparte n’a pas été élu, il a fait un coup d’État. » Alors que Louis XVI, lui, a été élu. « Si on peut le comparer, c’est peut-être à l’autre Bonaparte, élu comme lui à 40 ans président de la République. » Avant de fomenter un coup d’État non-militant.
« Je pense qu’il est assez proche des deux Thiers, avance Christophe Barbier. Celui qui a servi Louis-Philippe et puis celui qui a installé la IIIe République. » En massacrant les militants de la Commune, c’est de bon augure. « Il est évidemment saint-simonien en économie mais il a aussi quelque chose de Schumpeter… C’est très complexe, les racines historiques de Macron. Il a raison d’ailleurs, il faut se construire de manière protéiforme pour correspondre à une modernité. » Tous les journalistes non-militants vous le diront : le président a toujours raison.
« Du côté romanesque, précise Christophe Barbier, le premier Macron était évidemment stendhalien ; aujourd’hui il évolue. S’il veut embrasser le plus la France et n’oublier personne, y compris la France populaire, faut qu’il aille un peu vers Balzac. » « Rastignac ? », suggère la présentatrice limite militante.« Non, plutôt des figures plus consensuelles, peut-être le père Goriot, un modèle plus pompidolien, plus paternaliste. » Le paternalisme, voilà un mouvement non-militant, Pétain en est témoin. « Mais aujourd’hui, le penchant l’emmène vers quelque chose qui est plus à droite, on va être plus près de Mauriac. » Voire de Maurras, qui non-militait à l’Action française.
« Vous racontez que, sous la nef du panthéon, il s’autorise à toucher et à relancer le pendule de Foucault… » « Ce pendule, explique Christophe Barbier, c’est ce qui prouve que la Terre tourne et donc, lancer ce pendule immense, c’est un geste extrêmement symbolique, c’est un peu comme mettre en marche le monde à l’aube des temps, et il s’offre ce petit plaisir. » En toute modestie. « Il a une volonté de se mettre dans une perspective historique. Y a une vision de l’Histoire chez cet homme. » L’Histoire avec une grande hache pour tailler dans les acquis sociaux et les services publics, diraient les journalistes militants.
Comme la présentatrice l’interroge sur l’avenir du macronisme, Christophe Barbier craint qu’il n’y en ait pas en dehors de Macron. « Imaginons qu’il soit réélu en 2022… » Grâce aux louanges de journalistes non-militants dévoués à organiser son duel avec l’extrême-droite. « … Nous sommes dans l’obligation d’avoir un autre candidat macroniste pour 2027. » Pas du tout. Si son modèle est Napoléon (le Petit), il suffit à Emmanuel Macron de recourir à un coup d’État pour se maintenir au pouvoir.
Sur BFMTV, on continue à s’interroger sur la « radicalisation » des militants CGT. Pour Jean Garrigues, historien non-militant, « le renoncement d’Édouard Philippe à l’âge pivot, qui a donné une victoire à la CFDT, c’est un tournant dans l’histoire des relations entre syndicats ». La victoire de Laurent Berger, syndicaliste non-militant, est indéniable : il a obtenu le retrait provisoire de l’âge pivot en attendant qu’il passe de 64 à 65 ans.« Il y a une forme de giletjaunisation du mouvement syndical de la CGT, la base a débordé les fédérations, ce qui explique cette forme de dérive. » Terroriste. « Y a des formes de manifestations du mouvement social expérimentées au moment du mouvement des Gilets jaunes qui ont gangrénées les pratiques syndicales. » Sans parler du journalisme, gangréné par des reporters militants.
Olivier Truchot revient sur la prise de parole de Nicolas Sarkozy, qui s’inquiète d’un « climat de violences ». Mais pas de violences policières, cette inquiétude-là est réservée aux journalistes militants et aux militants droits-de-l’hommistes. Selon le présentateur non-militant, « il dénonce la tyrannie des minorités… » Mais pas celle de la minorité qui nous gouverne, plutôt celle de la minorité qui soutient majoritairement le mouvement social.
Extrait du discours de l’ancien président : « Certains essaient d’allumer partout des feux de la discorde et de la haine. » Pour briser le consensus non-militant en faveur des réformes du gouvernement. « Je peux pas accepter ce spectacle-là. Parce qu’il abaisse notre pays. Et moi, je n’aime qu’une chose, c’est ce qui valorise la France. » Pour valoriser la France, Nicolas Sarkozy sera le premier président à être jugé pour corruption. « Ces scènes de violence, elles abaissent la France. » « C’est un Nicolas Sarkozy qui a pris de la hauteur, commente Olivier Truchot. Il parle en tant qu’ancien président, comme un sage. » Non-militant.
très bon résumé du Front syndical de classe, texte auquel j’ajouterai que quand la situation est celle décrite ici, la réponse ne peut plus être autre chose que politique, malheureusement c’est là où le bât blesse il semble n’y avoir rien d’autre en magasin que des combinaisons usées, des rafistolages justes bon pour les élections locales mais qui ne posent jamais la question du pouvoir d’Etat face à ce qui apparaît de plus en plus aux « masses » populaires comme la « dictature de la bourgeoisie ». La solution qui peut convenir et encore à Bécon les Bruyères est totalement inadaptée à la crise mondiale d’hégémonie du capital dans laquelle la France est désormais prise. (note de Danielle Bleitrach)
Publié le par FSC
Le dernier sondage rendu public hier ne laisse pas de doute :
les français très majoritairement (61%) demandent le RETRAIT de la contre-réforme et manifestent méfiance et condamnation de la politique de MACRON et de son comportement.
Sur BFM-TV les commentateurs qui d’habitude s’évertuent à défendre sa politique ne cachaient pas leur étonnement de tels résultats et leur inquiétude.
Si bien que Bruno JEUDY d’habitude si prompt à justifier les choix du pouvoir pouvait s’exclamer : « on ne peut gouverner longtemps contre les classes populaires », classes qui massivement considèrent que le chef de l’état pratique une politique qui non seulement n’a pas changé leur sort, mais l’a aggravé.
Quelques résultats de ce sondage :
Des motifs d’encouragement pour contester la légitimé des contre-réformes qu’il veut mettre en oeuvre, exiger le RETRAIT du contre-projet des retraites :
Tout à fait d’accord sur cette analyse, la vraie question est qui peut lutter contre cette tendance, aucun des partis qui ont été au pouvoir depuis l’ère Mitterrand qui a été le déclencheur en France de la dite tendance.. Seul un parti communiste qui retrouvera ses fondamentaux et ne se vivra pas dans un rafistolage permanent de la gauche plurielle,une subordination acceptée parce qu’on ne croit plus au socialisme et n’ose pas le défendre (ce qui est le cas actuellement) peut impulser un changement profond. Sans ce parti là, il n’y aura pas de gauche mais des gens prêts à nous installer des Macron sur ordre du grand patronat, des soutiens d’une UE belliciste, néo-libérale, anticommuniste et proche de fait des fascistes des syndicats vendus au patronat comme la CFDT, tout cela perdurera et avec cette situation l’abstention, l’extrême droite. La seule question est de savoir s’il est possible qu’un véritable parti communiste colonne vertébrale du changement réel pourra enfin apparaître? Un projet de société contre un autre projet de société, pas les petits arrangements , pas l’éternel constat mais le Que faire? … (note de danielle Bleitrach)
En France, le modèle social est aussi « en danger », selon l’ONG, « car notre fiscalité repose de manière croissante sur des impôts régressifs comme la TVA et la CSG, des impôts qui pèsent proportionnellement plus sur les citoyen.ne.s les plus pauvres ». A l »inverse, l’impôt sur les sociétés est en baisse de 23 % depuis 20 ans.
Oxfam dénonce clairement les mesures fiscales prises par le gouvernement de M. Macron : « L’instauration de la flat tax et la suppression de l’ISF[impôt de solidarité sur la fortune] ont accentué cette tendance en diminuant de nouveau la participation des plus riches à notre système de redistribution ». D’après un rapport du Sénat, le top 100 des contribuables qui payaient l’ISF a gagné en moyenne 1,7 millions d’euros chacun grâce à ces mesures, sans impact visible sur l’investissement, qui était pourtant la justification de la réforme.
L’ONG en tacle au passage le projet de réforme des retraites, qui « pourrait pénaliser les carrières hachées qui concernent le plus souvent des femmes ». « Les grand.e.s gagnant.e.s de notre système actuel de retraite sont les plus riches puisqu’ils profitent en moyenne plus longtemps de leur retraite par répartition, avec une espérance de vie de treize ans supérieure à celle des plus pauvres, indique le rapport. Au lieu de les mettre plus à contribution, le projet de réforme actuel prévoit de baisser leurs cotisations au-delà de 10.000 euros de rémunération par mois. »
Pour Pauline Leclère porte-parole d’Oxfam France, « les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde car personne n’est dupe : la crise des inégalités traduit la complicité plus que l’impuissance des États à agir pour la combattre. Les inégalités ne sont pas une fatalité, elles sont le résultat de politiques sociales et fiscales qui réduisent la participation des plus riches – entreprises et particuliers – à l’effort de solidarité par l’impôt, et fragilisent le financement des services publics. Transports, éducation, santé, système de retraites…. sont sacrifiés alors qu’ils sont décisifs pour lutter contre la pauvreté. »
Pour lutter contre les inégalités, Oxfam recommande de : Reconnaître le travail de soin peu ou non rémunéré effectué principalement par les filles et les femmes comme une forme de travail ou de production apportant une vraie valeur. Rétablir une fiscalité plus équitable sur les plus aisé.e.s n, supprimer les niches fiscales qui bénéficient disproportionnément aux grandes entreprises sans bénéfice pour l’économie et lutter efficacement contre l’évasion fiscale.
Lisez la biographie d’Ambroize Croizat et voyez à quel point cet homme fut ce qu’on appellerait aujourd’hui un stalinien, il fut condamné au bagne pour avoir refusé avec ses camarades de désavouer l’URSS, on appelait ça le chemin de l’honneur… Ils disaient eux et tous ceux qui moururent sous les balles allemandes que c’était Munich, la guerre et ils dénonçaient le refus de Blum et des socialistes d’intervenir en Espagne contre Franco… Aujourd’hui on prétend vous présenter un parti aseptisé et vous faire trahir ce glorieux passé, c’est ça que je ne puis tolérer… que des petits marquis crachent à la gueule de ces gens-là dans la célébration d’un PCF dont ils ne sont pas dignes… (note de Danielle Bleitrach).
Son père, Antoine Croizat, est ouvrier et sa mère, Louise Jeannette Piccino, employée dans un tissage de velours. Il travaille en usine dès l’âge de 13 ans lorsque son père est appelé sous les drapeaux en 1914. Apprenti métallurgiste, il suit en même temps des cours du soir et devient ouvrier ajusteur-outilleur dans la région lyonnaise.
Parcours syndical et politique
En 1917, il s’inscrit aux Jeunesses socialistes et adhère au Parti socialiste en 1918. Il se déclare partisan de l’affiliation de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) à l’Internationale communiste. Il anime les grandes grèves de la métallurgie lyonnaise. Ambroise Croizat entre lui-même au Parti communiste dès sa fondation en 1920 et il est l’un des dirigeants des Jeunesses communistes de 1920 à 1928. Il devient un permanent du Parti communiste en 1925. En 1928, il est nommé secrétaire de la Fédération unitaire des métaux. En 1929 — et jusqu’à sa mort en 1951 — il est membre du comité central, puis membre du bureau de la Fédération de la jeunesse. Il déploie une intense activité militante dans de multiples endroits en France En 1936, au moment où se réalise l’unité syndicale, il devient secrétaire général de la Fédération unique des métallurgistes CGT, qui regroupe alors 20 % des effectifs de la CGT
Aux élections législatives de 1936, il est élu dans la deuxième circonscription du 14e arrondissement de la Seine. Il est négociateur de la convention de la métallurgie parisienne, rapporteur sur la loi des conventions collectives à la Chambre. Il est également négociateur dans le secteur des grands magasins et membre à la Chambre de la commission sur les armements.
A la suite de l’interdiction de leur parti survenue le 26 septembre 1939, parce que les communistes sont accusés par ceux là même qui ont signé Munich et refusé d’intervenir en Espagne d’approuver le pacte germano-soviétique, les députés communistes présents à Paris se réunissent les 27 et 28, et décident la formation d’un nouveau groupe ; le 29, le Journal officiel (JO) annonce la création du Groupe ouvrier et paysan français (GOPF). Accusé d’avoir, avec ses collègues communistes, « participé à la formation et au fonctionnement du Groupe ouvrier et paysan » il est arrêté dans la nuit du 7 au , déchu de son mandat le et condamné le par le 3e tribunal militaire de Paris à 5 ans de prison, 4 000 francs d’amende et 5 ans de privation de ses droits civiques et politiques. Ayant transité par 14 prisons, il finit par être transféré en au bagne de Maison Carrée dans la banlieue d’Alger. Libéré le , trois mois après le débarquement allié en Afrique du Nord, il est nommé par la CGT clandestine à la commission consultative du gouvernement provisoire d’Alger. Au titre de la CGT, à partir de , il siège à l’Assemblée consultative provisoire et participe à ses délibérations. À la Libération, il est élu membre des deux Assemblées constituantes (scrutins du et du ) puis de l’Assemblée nationale de 1946 à 1951.
Le journal » L’Opinon » se fend aujourd’hui d’un article intitulé « Des méthodes totalitaires «
D’après Wikipedia
L’Opinion est un quotidien français lancé en mai 2013 par Nicolas Beytout, ancien président des Échos et ancien directeur des rédactions du Figaro. Le journal suit une ligne libérale, favorable à l’entreprise et europhile3,4. Il est édité en version imprimée et en version numérique1.
L’actionnariat est gardé secret, mais le journal serait contrôlé par son fondateur Nicolas Beytout (24,4 %), associé à Bernard Arnault (22,8 %), la famille Bettencourt (17,1 %) et Dow Jones and Company, maison mère du Wall Street Journal (7,6 %), et les 28,1 % restants seraient détenus par des plus petits actionnaires.
Tous les ingrédients colportés dans la plupart des médias système y sont présents :
le mouvement a perdu la bataille
du coup il quitte le terrain revendicatif et une minorité s’engage dans une pure action politique et la violence
les syndicalistes qui luttent contre la réforme empruntent la voie des gilets jaunes
il est insidieusement suggéré que l’incendie du restaurant La Retonde a quelque chose à voir avec le fait qu’il était fréquenté par MACRON.
enfin le qualificatif de RADICALISATION attribué ordinairement à ceux qui dérivent vers le terrorisme islamiste est à présent accolé aux militants et aux organisations qui poursuivent la lutte contre la réforme des retraites.
Et cette trame on la retrouve dans nombre d’articles ou d’interventions sur les plateaux de télé comme hier où les duettistes de la soit-disant confrontation entre Cohn-Bendit et l’ancien ministre Luc Ferry entonnent la même ritournelle à propos de l’incendie de La Retonde.
Reprise également sur France Inter ce matin par Thomas LEGRAND dans son éditoriél.
Ce type de suggestion s’apparentant, avant toute espèce d’enquête, à ce que d’ordinaire ils appellent le « complotisme » qu’ils attribuent de préférence à leurs adversaires.
De fait ce récit du mouvement est MENSONGER :
Comment parler de défaite quand l’affrontement est loin d’être clos et que pour y faire face, tenter de le diviser le pouvoir macronien a dû profondément modifier le projet initial en rétablissant près de 10 régimes spéciaux qu’ils prétendait supprimer ?
Comment parler de victoire du pouvoir quand le ministre de l’éducation la PDG de Radio France nommée par Macron doivent battre en retraite à l’occasion des voeux aux personnels, quand le président lui-même doit quitter un théâtre sous haute protection policière rameutée en urgence, quand la fronde monte contre la réforme du Bac et du lycée, quand l’Opéra affiche son opposition et se produit publiquement et gratuitement devant une foule, quand les avocats jettent leurs robes à la tête de la ministre de la justice, quand les personnels de l’hôpital en lutte depuis des mois jettent à terre leurs blouses blanches, quand les ports sont bloqués …?
De fait au-delà de la question des retraites c’est tout un pays qui se dresse contre les décisions politiques du macronisme, résistance de masse que ce dernier croit pouvoir dissimuler sous des accusations outrancières et mensongères et qu’il doit recourir aux violences policières qu’il ne peut plus nier pour tenter de faire peur et de passer en force.
Comment donc continuer à parler d’un mouvement devenu minoritaire?
Comment attribuer la violence à ceux qui résistent à une politique de destruction systématique de toutes les garanties et conquis sociaux et travestir des actions spectaculaires en actions violentes?
L’opération actuelle relayée abondamment par les chiens de garde a donc pour objectif de masquer l’isolement et la fragilité du pouvoir, tout en préparant les conditions d’une répression élargie et aggravée.
En vue d’isoler, de faire refluer et de faire taire une résistance populaire certes encore dispersée, centrée cependant sur le REJET de la cotre-réforme des retraites MAIS qui dans l’action cherche les voies de l’unité contre l’oligarchie, sa politique et sa domination au service exclusif des riches et des puissants.
Nul doute que la semaine qui vient et les manifestations
du VENDREDI 24 JANVIER
vont constituer une première réplique cinglante à cette entreprise d’enfumage, de contre-vérités et d’accusations mensongères!
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La grève dans les transports vit ses derniers soubresauts. Les opposants à la réforme des retraites ont perdu, même s’ils ont poussé le gouvernement à ouvrir les vannes de la dépense et à multiplier les exceptions. Moins ces opposants restent nombreux et plus leur échec est patent, plus leurs actions s’éloignent de la revendication sociale pour aller vers la contestation politique teintée de violence. Un quarteron de syndicalistes en roue libre et d’activistes d’extrême gauche ravive la facette la plus exécrable des Gilets jaunes.
Il y a d’abord eu les blocages de dépôts de bus et les injures (homophobes, tant qu’à faire…) contre les machinistes reprenant le service. Il y a ensuite eu le harcèlement d’une conductrice de métro entamant son service. Il y a encore eu l’envahissement du siège de la CFDT, avec bousculades et insultes (« Berger traître », « syndicalistes pourris »…). Ce week-end sont venus l’attroupement organisé autour du chef de l’Etat lors d’une sortie privée au théâtre, puis l’appel à le « décapiter » tel Louis XVI, relayé notamment par l’ancienne porte-parole de La France insoumise Raquel Garrido. Et peut-être l’incendie criminel de La Rotonde, restaurant où Emmanuel Macron a ses habitudes.
Il est possible de s’interroger sur l’essoufflement de la démocratie représentative ou sur le rôle des réseaux sociaux, utile de débattre des erreurs du Président ou de sa condescendance réelle ou supposée, nécessaire de dénoncer les bavures de certains policiers. Mais en démocratie, le seul moyen légitime d’influencer la décision politique est le vote. Intimidations, menaces, agressions verbales et physiques sont des méthodes totalitaires par lesquelles quelques centaines, parfois quelques dizaines d’individus prétendent imposer leur loi à tous les autres. Rien ne permet de les cautionner.
Non seulement l’armée avait été comme la police et d’autres exclus de ce merveilleux et si égalitaire régime que l’on veut nous vendre, mais ce qui leur est proposé ne les satisfait pas… on se demande qui en dehors des sociétés d’assurance et des fonds de pension est satisfait de cette « réforme »? (note de danielle Bleitrach)
Unification des 42 caisses de retraite et mise en place d’un système par point, dans lequel chaque euro cotisé donnera les mêmes droits : tel est, dans les grandes lignes, l’esprit de la réforme des retraites qui, proposée par le gouvernement, est au centre d’un conflit social depuis le 5 décembre.
Or, pour les armées, l’enjeu est de continuer à permettre aux militaires de quitter ses rangs après quelques années de service afin de garder une « armée jeune ». À plusieurs reprises, le président Macron a assuré qu’il veillerait à ce que la singularité du métier militaire soit prise en compte dans le projet de réforme des retraites.
« Il n’y a donc pas lieu de transiger avec l’exigence de disponibilité en tout temps et en tout lieu, qui est le corollaire du principe constitutionnel de libre disposition des forces armées. Et il faut sans cesse rappeler que le service des armes est imprévisible, risqué, dangereux, qu’il implique esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême. […] Alors, je le redis : la singularité du métier militaire et les exigences du modèle d’armée, une armée tournée vers les opérations, seront prises en compte dans les réformes à venir, notamment celle de notre système de retraite. Les pensions militaires relèvent d’abord de la condition militaire et d’un contrat passé entre la nation et ses armées », avait en effet encore affirmé M. Macron, le 13 juillet 2018.
Et Jean-Paul Delevoye, alors Haut-commissaire à la réforme des retraites, avait affirmé, à la même époque, que le système universel maintientrait « les particularités objectivement justifiées par les missions assignées aux militaires. »
Dans le même temps, le sénateur Dominique de Legge s’était inquiété de voir cette réforme des retraites fragiliser la politique du ministère des Armées en matière de ressources humaines. « Sa fragilisation serait donc susceptible de mettre ce modèle d’armée, reposant sur des effectifs jeunes, en péril, alors même que le nombre de militaires quittant le service sans droit à pension a d’ores et déjà augmenté ces dernières années », avait-il mis en garde.
Et le parlementaire d’insister : « Au total, les pensions militaires relèvent davantage d’un système de gestion des ressources humaines, unique dans la fonction publique, et du choix d’un modèle d’armée jeune que d’une pure logique d’assurance-vieillesse. »
Cela étant, pour le Conseil supérieur de la fonction militaire [CFSM], saisi par la ministre des Armées, Florence Parly, cette réforme des retraites ne prend justement pas assez en compte la singularité des armées. C’est en effet ce qu’il ressort, selon le quotidien Le Parisien, de l’avis qu’il a rendu le 15 janvier.
« Après l’étude du projet de loi », le CSFM « ne peut, en ce qui concerne la condition militaire, émettre un avis favorable », écrit le contrôleur général des armées Olivier Schmit, le secrétaire général du Conseil supérieur de la fonction militaire.
Ainsi, « certaines dispositions fragilisent notre modèle d’armée et la condition militaire », est-il estimé dans cet avis, qui pointe notamment les « modalités de calcul de la pension militaire qui suivraient le régime de droit commun ». En effet, celles qui incitent à rester en activité plus longtemps participeraient « au vieillissement de la population militaire », ce qui est « une discordance entre l’objectif poursuivi par le projet de loi et l’impératif de jeunesse imposé par la loi à nos armées », affirme le CSFM.
Par ailleurs, « la mise en place d’une règle de calcul assise sur l’ensemble de la carrière au lieu des six derniers mois » est également critiquée dans cet avis étant donné que cela « engendrera inexorablement une baisse des pensions » pour certains militaires « n’étant pas ou peu primés ». Et ce serait essentiellement les militaires du rang qui en feraient les frais. De même que les jeunes sous-officiers. « Le principe même de l’escalier social est mis à mal avec le nouveau système », assène le CSFM.
Pourtant, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], avait dit vouloir un système de retraite plus « équitable » pour les militaires sous contrat.
Quoi qu’il en soit, lors de ses voeux aux armées, le 16 janvier, le président Macron a abordé le sujet des retraites. Le CSFM « a rendu son avis et j’en tiendrai le plus grand compte », a-t-il dit.
« Je connais la sensibilité sur le sujet et je la comprends parce que les pensions militaires constituent une garantie essentielle du contrat que l’État et la Nation passent avec ceux qui acceptent de les servir par le métier des armes. Elles constituent une contrepartie que la Nation apporte solidairement à votre engagement exorbitant à la défendre. Elles sont également une garantie du modèle d’armée dont la France a besoin pour assurer sa défense et ses missions dans le monde : une armée jeune, agile, disponible sans contrepartie », a déclaré M. Macron.
Et ce dernier de conclure : « Aussi, je le redis, les engagements que j’avais pris devant vous il y a un an, de prise en compte des spécificités militaires et du modèle d’armée, sont et seront tenus. J’y veillerai personnellement. »