RSS

Archives de Catégorie: Musique

Au Chili, une chanson dans la nuit : Victor Jara et moi je pense à Walter Benjamin, à l’ange de l’histoire

 

Au Chili une femme brave le couvre feu et chante la chanson du poète troubadour communiste tué par Pinochet après avoir eu les mains tranchées. Ecoutez la réaction des Chiliens en entendant ce chant… C’est un peu ce que j’ai voulu vous dire dans mes mémoires… ce que les êtres humains puisent dans la mémoire quand elle leur est restituée pour le combat.

« L’histoire, dans ce qu’elle a eu toujours d’intempestif, de douloureux, d’imparfait, s’inscrit dans un visage – non : dans une tête de mort»

Pour ceux qui ont lu mes mémoires, ils savent à quel point je fais de 1973 le point de départ de tout ce que nos mémoires doivent recomposer, repenser pour envisager un avenir. Il y a beaucoup de clés dans ces mémoires, mais l’une d’entre elles est incontestablement une référence à Walter Benjamin et à la nécessité de la mémoire des vaincus pour entrer dans l’histoire de l’humanité, être révolutionnaire.

Walter Benjamin a écrit ses thèses sur l’histoire entre deux fuites qui se termineront par le suicide à Port-Bou en 1940 parce qu’il croit être rattrapé par les bourreaux nazis. Je n’ai jamais fini de fuir et quelle que soit ma mort elle sera toujours ce suicide à l’idée d’être rattrapée, c’est le cauchemar que j’ai fait toute ma vie. Les Thèses sur l’histoire constituent le dernier texte achevé de Benjamin : elles nous laissent un testament. Il y consigna d’ultimes pensées, tenues secrètes. Dans une lettre, il confia qu’il les avait « préservées pendant vingt ans, oui préservées, en se les dissimulant même à lui-même ». Elles sont marquées par le terrible pessimisme de celui qui croit qu’il n’y a plus d’issue, le nazisme a triomphé. Le futur n’est plus qu’apocalypse, champ de ruines, le progrès qui devait libérer l’humanité de ses chaînes est devenu le lieu même de la barbarie. Mais il y a au fond de la douleur un chant qui s’élève, celui de la mémoire, le temps retrouvé, celui de cette femme qui chante dans la nuit le troubadour communiste dont les mains furent tranchées pour qu’il ne joue plus d’accord de guitare.

Les bourreaux donnaient rendez-vous dans un stade et ils inventèrent une contre révolution qui nous rendirent coupable de tout, ils eurent de nombreux complices.

Oui mais cette femme chante dans la nuit et en appelle à la mémoire de l’ouvrière Amanda, la vaincue de l’histoire.

Mais ce n’est pas seulement un de profundis dont fait état Walter Benjamin, seul le présent est écrasé par la barbarie, mais il est là dans le temps de nos mémoires. Il s’ancre sur le passé pour ressusciter l’avenir: « Le passé est marqué d’un indice secret, qui le renvoie à la délivrance . » Est-ce notre commune origine juive qui me fait penser à cette espérance enfouie dans le cœur des hommes et qu’il faut faire revivre, le temps à venir parce que l’espérance n’est pas assouvie.

Cette femme qui chante dans cette nouvelle nuit de crime du Chili est l’angelus novus, ce tableau de Paul Klee dans lequel Walter Benjamin voyait la marche de l’histoire, cet ange entouré d’un halo de feu, les ailes déployés qui marche à reculons en tentant de ramasser et de réveiller les vaincus, ce présent que l’ange contemple incrédule et stupéfait tandis qu’une force irrésistible le pousse vers l’avant et qu’il s’attache à cet amas de ruines, parce que de tout cela dépend peut-être la délivrance.

Publicité
 

Le Burkina vista social club: la musique afro-cubaine entre accords musicaux et politiques

 

Le Burkina faso, voilà encore un autre univers révolutionnaire, le pays des hommes droits… Là aussi la France, en revanche personne n’a oublié Cuba dont les soldats sont revenus seulement avec les ossements de leurs morts sans pour la première fois piller l’Afrique. Cela dit la musique comme le cinéma dans ce pays a continué à porter l’engagement révolutionnaire. Par parenthèse Thomas Sankara était un excellent guitariste. A Cuba comme en Afrique, les enfants spontanément se mettent à danser dès que l’on entend de la musique, j’ai même vu en bas de chez moi un camion de policiers qui était là pour sécuriser le carnaval à la Havane et les hauts parleurs diffusaient la musique, tout à coup j’ai vu – je vous promets que c’est vrai – le camion qui bougeait dans le rythme c’étaient les policiers qui à l’intérieur dansaient. Ceci me permet de plaider pour quelque chose auquel je tiens et que j’esquisse dans mon livre, je suis pour le lien entre les avant-gardes, l’avant-garde révolutionnaire celle de la classe ouvrière, ses alliés partant de ce qu’ils sont pour révolutionner un monde qui pourrit, mais aussi l’avant-garde de l’humanité tout entière, celle du savoir et celle de l’art. Cette avant-garde de l’art plonge ses racines dans le peuple, sa créativité pour donner de l’énergie à de nouvelles formes et la musique nous dit assez bien cela… Les Cubains et ce qu’ils ont toujours su exprimer et laisser dans la mémoire des peuples disent cela ( note de Danielle Bleitrach).

Résultat de recherche d'images pour "Sankara joue de la guitare"

Cuba, Burkina, Sankara, Ouaga, rumba, salsa, cha-cha-cha: la musique cubaine rime avec l’Afrique, et à Ouagadougou, l’Afro-cubain fait toujours recette sur fond de souvenirs et de politique.

Sports bar, Mezzanine, Kaseto Rimnoma… De nombreux bars de Ouagadougou programment des orchestres jouant live et ayant de l’Afro-cubain dans ses portées musicales pour des amateurs souvent âgés de 60-70 ans voire plus mais toujours vifs sur la piste de danse. Quelques jeunes sont là mais ils sont plutôt une exception.

Imperturbable, chapeau borsalino, lunettes noires, visage ridé, le bassiste à la peau ébène tripote ses cordes sur un rythme cubain tandis qu’un guitariste de 65 ans égrène un solo virtuose sans avoir l’air d’y toucher.

Au Boulougou bar, institution ouagalaise fondée en 1952, on croirait voir une reformation du mythique Buena vista social club, qui avait refait surface au milieu des années 90 après des années d’oubli et alors que leurs membres virtuoses (Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Manuel Mirabal) étaient déjà des papis. Ici, ce sont « Les Elites du Faso », un groupe burkinabè, composé de musiciens, qui étaient jeunes au moment de la révolution cubaine.

« Les Burkinabè aiment ça,  la musique cubaine, ça leur rappelle les anciens temps, les temps de nos papas et nos vieux et de notre ancien président Thomas Sankara, parce qu’il aimait trop les morceaux cubains, franchement dit il aimait ça », affirme Le chanteur Bobo Seydou, né en 1965.

– « révolutionnaires » –

La musique cubaine doit en partie son succès à la politique et au soft-power cubains castristes à l’époque des luttes pour les indépendances et des leaders anti-impérialistes qui ont suivi.

Parmi eux, Thomas Sankara, surnommé le « Che africain », qui a présidé le Burkina de 1983 jusqu’à son assassinat en 1987. Panafricaniste, anti-impérialiste, Sankara, qui vivait chichement, a tenté d’éliminer la corruption et avait mis l’accent sur l’éducation et la santé tout en soutenant l’agriculture. Ses « Comités de défense de la révolution » (CDR), chargés de contrôler la population d’une main de fer, sont la face sombre de son régime.

Sous Sankara, de nombreux burkinabè sont partis se former à Cuba.

Inversement, si Cuba envoyait conseillers politiques, militaires et médecins en Afrique, +l’île+ y faisait aussi tourner des orchestres comme le célèbre Orquesta Aragon.

Les vies particulières des musiciens des Elites de Faso racontent bien l’histoire et l’Histoire.

Bobo Seydou n’est pas Burkinaè mais de Guinée Bissau qui a connu « 25 ans de guerre pour la libération » (1974). « Ce sont les Cubains qui nous fournissaient les armes » ainsi que des instructeurs militaires contre les Portugais, rappelle-t-il, soulignant que « Amilcar Cabral (assassiné en 1973) et Thomas Sankara (assassiné en 1987) étaient des révolutionnaires ».

« A cette époque, j’étais militaire (service militaire). Je sortais de la caserne le soir pour jouer dans les funérailles, mariages, baptêmes. La musique cubaine, c’était la mode… », dit-il. Il garde de cette époque un doigt mutilé par un accident de tir.

En 1978, avec son groupe Africa Ritmo, il quitte la Guinée Bissau pour « l’aventure ». « On était jeunes, on est parti. On rêvait d’Europe. On jouait de la musique cubaine », se souvient-il. Au hasard, des voyages, il arrive en 1978 au Burkina qu’il ne quittera plus.

Cinq ans plus tard, Sankara prend le pouvoir. « J’ai joué à la conférence des CDR. On a joué avec lui. Il aimait la musique. La musique cubaine mais aussi congolaise », assure Bobo.

– Orchestre Missile –

A cette époque, son groupe évoluait souvent dans un bar dont tous se souviennent: le Don Camilo. « On jouait de tout mais aussi de la musique cubaine ou des compositions personnelles d’inspiration cubaine. Les médecins cubains venaient danser ».

Il évoque une époque bénie pour les musiciens. « Sankara a baissé le prix des boissons, favorisé les groupes de musique live. Il n’aimait pas les discothèques. Les gens sortaient. On était à l’aise à cette époque », dit-il.

Aujourd’hui, si les boites de nuit prennent doucement le pas sur la musique live, Ouagadougou reste une capitale musicale avec une scène toujours vivante. Musique et politique restent liées, l’insurrection de 2014 qui a renversé Blaise Compaoré a été l’oeuvre de nombreux jeunes, se disant souvent sankaristes, écoutant surtout rap et reggae.

Le guitariste, Roger Bihoun, 65 ans, peut lui se targuer d’avoir fait partie du même groupe que Sankara, guitariste de bon niveau: « l’orchestre Missile ». « C’était quand il était officier. Avant qu’il soit président. Il chantait bien, jouait bien. Il connaissait bien la musique même s’il n’avait pas la dextérité », confie-t-il, assurant lui avoir donné quelques conseils pour la guitare.

« Après, il avait moins le temps mais il continuait à jouer de temps en temps à la présidence », raconte-t-il.

Les révolutions sont révolues mais sur la piste, Ousseny Lamizana, retraité de 67 ans, qui maitrise tous les pas de danse, fait tourner cavalières jeunes et moins jeunes. « On s’éclate », dit-il en se reposant à côté d’une bière bien fraiche. Pour lui Cuba et l’Afrique sont indissociables.

« Il y a beaucoup de culture africaine dans la musique cubaine, le rythme, les percussions bien sûr, mais aussi des sonorités aiguës: la salsa elle vient de Cuba mais elle est africaine! La rumba, c’est Africain!!!

D’ailleurs voici Cuba, je puis vous assurer que les enfants spontanément se mettent à danser dès que l’on entend de la musique, j’ai même vu en bas de chez moi un camion de policiers qui était là pour sécuriser le carnaval à la Havane et les hauts parleurs diffusaient la musique, tout à coup j’ai vu – je vous promets que c’est vrai – le camion qui bougeait dans le rythme c’étaient les policiers qui à l’intérieur dansaient.

 

Alicia la cubaine n’a pas quitté son île

Alicia Alonso, cousine Ballerina Assoluta de Cuba
Photo: Tonatiuth Gutiérrez

 

 

Omar Souleyman, la Syrie et sa musique…

Voici un plaidoyer qui me touche pour la musique de ce Syrien venu des quartiers populaires, d’une zone actuellement déchirée à laquelle il dit son amour… Tout part d’un match dans lequel les arabes chantent la gloire du Hezzbollah et les kurdes celle de Bush junior, cela se termine dans le sang et la police s’en mêle. Mais ce n’est pas là l’essentiel… Ce plaidoyer nous permet d’approcher cette réalité syrienne, cette mosaïque et ce mélo , ce feuilleton sentimental qui rapproche les individus et que jamais les géopoliticiens ne pourront connaitre. Il est question d’une Syrie que l’on ne peut même pas imaginer; celle après la mort du vieil homme Hafez Al Assad et sous le règne actuel de son fils Bashir, traverse une sorte de période de perestroïka, une ouverture à la fois interne et externe et par conséquent l’intelligentsia du pays est particulièrement sensible à l’image de la Syrie à l’étranger et soucieuse que la bonne musique soit autorisée à représenter le pays sur la scène internationale. Omar est évidemment loin d’être l’ambassadeur culturel qu’ils avaient en tête. Oui mais l’auteur inconnu dit une chose qui me touche profondément l’art « a besoin de déchets pour augmenter son énergie », c’est plus que ça l’art vient de la rue mais le propre de l’artiste c’est un travail qu’il fait là-dessus et dont il tire la modernité. D’où le choc éprouvé quand on découvre cet individu en djellaba avec des lunettes noires, une sorte de caricature de son pays avec laquelle il se débrouille.

La Syrie

Al Hassakeh est une ville de béton par jour. Sa couleur vient de la variété de ses habitants: Arabes, Kurdes, Assyriens, Iraquiens, Shiites, Sunnites, Chrétiens, Chaldéens, Yazidis, Arméniens, Alaouites. Les rues et les marchés sont encombrés de vieilles femmes tatouées au visage, de chrétiens assyriens portant des croix ridiculement surdimensionnées autour du cou, d’hommes arabes vêtus de leurs keffiyas et jellabiyas traditionnels, de femmes avec ou sans foulards et de toutes sortes de tribus traditionnelles. La région vous rappelle la véritable nature de métis de la Syrie et du Levant, un mélange riche et fécond que les pédants et puristes raciaux et religieux et les puristes de toutes sortes aimeraient bien se défaire.

Je demande à Omar si toutes ces ethnies différentes parviennent à coexister pacifiquement chez elles. «J’ai toutes sortes d’amis, chrétiens et kurdes», répond-il. «Mes deux membres du groupe, Rizan et Ali sont kurdes. Je suis un Arabe. Lors de la dernière tournée, nous avions un poète avec nous et il était chrétien. ”

Il y a eu des conflits interethniques à Jazeera, notamment en mars 2004, quand une «intifada» kurde a éclaté après un match de football dans la ville d’Al-Qamishli. Apparemment, les Kurdes présents dans les tribunes chantaient les louanges de Talabani, Barzani et George Bush Junior et les Arabes les contraient avec des hollers pro-Saddam. Le ton a monté et les esprits se sont échauffés. Les forces de sécurité syriennes ont ouvert le feu sur les Kurdes lors des célébrations annuelles de Nowruz, le nouvel an kurde, à Al Raqqah aussi récemment cette année.

Mais c’est la grande politique. Je n’ai aucun problème à croire que l’harmonie ethnique au niveau de la rue prévaut à Al Hassakeh et dans ses environs. Omar lui-même est né dans une famille arabe du village de Tell Amir, à Jazeera, et a grandi en écoutant la pop irakienne à partir des années 1950, en particulier le dabke pop et le choubi des années 70 et 80. Un nom qu’il cite volontiers dans notre interview est celui du chanteur et joueur de rabab (violon traditionnel) Saad Harbawi. Un grave accident de moto au début de son adolescence lui a endommagé les yeux. C’est pourquoi il est rarement vu sans lunettes de soleil. À la fin de son adolescence, Omar est devenu ouvrier. «Quel genre de travail?» Demandai-je. «N’importe quoi» dit-il. La musique n’était qu’un passe-temps jusqu’au milieu des années 1990, alors qu’Omar avait environ 20 ans. Son cauchemar lui a valu une réputation locale en tant que musicien de mariage et il a commencé à chanter de manière professionnelle.

À peu près à la même époque, Souleyman a commencé à travailler avec le clavieriste Rizan Sa’id et le joueur sazien Ali Shaker, qui l’accompagnent toujours. Rizan est un prodige du Korg et un producteur de disques réputé, reconnu pour avoir inventé la nouvelle forme de dabke plus compacte et plus dure qui a émergé de la Jazeera au milieu des années 1990. Il a produit des hits pour des mégastars de dabke et de la pop syrienne tels que George Wassouf et Shari Al Fawaz et a travaillé pour la télévision syrienne. En grignotant des morceaux de Kettle dans un grand sac noir, Rizan me raconte tout ce qu’il a sur son studio à Al Hassakeh, où il produit une bonne partie de la production d’Omar Souleyman, ainsi que celle de nombreuses autres stars locales, dont il reprend les noms avec sa rapidité, son intelligence et sa confiance en soi. manière. Je ne me souviens d’aucun d’entre eux. Sur scène, Rizan tourne des boutons, joue des mélodies comme un virtuose.

Les premières publications promotionnelles occidentales ont proclamé que Souleyman avait sorti plus de 500 cassettes en Syrie… mais il ne s’agit bien sûr que d’une hyperbole flottante. Quatre-vingt pour cent de ces sorties sont des enregistrements réalisés lors de mariages et présentés aux couples mariés comme une sorte d’album photo sonore de leur journée bienheureuse. Les copies sont copiées, recopiées et vendues aux kiosques locaux. Le turn-over est implacable. Chaque fois que Gergis retournait en Syrie, il découvrait que ses airs préférés de Souleyman étaient déjà dépassés. «Il est un peu surpris que les gens aiment sa vieille musique», me dit Gergis. « Mais encore une fois, » vieux « est l’année dernière. »

Lorsque Gergis a finalement retrouvé Omar Souleyman en 2006 et obtenu l’accord sur la publication d’une compilation de sa musique sur le label Sublime Frequencies, Souleyman était déjà une étoile montante du monde arabe, grâce au succès de son tube de 2005 intitulé «Khataba» ( La proposition) et son clip vidéo sensuel et succulent sur You Tube. Il avait été réservé pour des résidences dans des discothèques damascènes, ainsi que pour des mariages et des fêtes à Dubaï et à Abu Dhabi. Gergis a proposé une nouvelle aventure en Europe et en Amérique du Nord, et Souleyman a accepté. À ce jour, Sublime Frequencies a publié trois CD («Highway to Hassake» 2006, «Dabke 2020» 2009 et «Jazeera Nights» 2010). Alors que Souleyman commençait à ensorceler l’Occident, son succès remontait en Syrie par le biais de l’éther numérique.

La réaction alors dans certains quartiers fut de pure horreur.

Voici ce que dit un de mes amis promoteur et journaliste syrien: «Je suis un grand défenseur du chaabiou de la musique populaire. Cependant, Omar est un très mauvais chanteur. Et c’est vraiment dommage qu’il ait eu de la chance. Ce n’est pas un jugement social; C’est une opinion artistique, surtout quand Al Jazeera est pleine de chanteurs populaires incroyables, comme Ibrahim Keivo par exemple. En termes de musique chaabi (comme vraiment de la musique de taxi), je suis un fan de Wafik Habib de la côte. Et la plus grande star du pays est bien sûr Ali Al Dik. La musique d’Omar choque les musiciens locaux, en particulier lorsqu’elle est présentée dans des festivals internationaux sous forme de musique syrienne. Personne ne le connaît ici, à part peut-être des camionneurs du nord. C’est juste une musique horrible, avec des paroles stupides. Mais je comprends que le public occidental pourrait trouver ça «cool» parce que c’est kitsch et à cause de son drôle de look. Je ne pense pas que les gens de Sublime Frequencies seraient intéressés par ces grands chanteurs (Ibrahim Keivo et Wafik Habib). C’est plus commercial de présenter un chanteur mauvais et kitsch comme le son syrien !! ”

Ibrahim Keivo

J’ai lu ce passage à Mark Gergis et il a riposté comme suit: «Eh bien, encore une fois… confirmé. Les frontières entre le grand art et la culture pop sont assez profondément tracées dans le monde arabe. Omar est devenu l’exportation la plus réussie de l’histoire de la musique syrienne, telle qu’elle est perçue dans le reste du monde. Il n’y a jamais eu d’artiste de dabke ni de Syrien, et encore moins de Jazeera, qui a connu de telles tournées à l’ouest . Les gens sont soit très amusés, soit en colère, soit déconcertés. Mais nous sommes vraiment heureux et bien sûr, il est vraiment heureux. »Gergis développe ensuite une théorie selon laquelle la Syrie, après la mort du vieil homme Hafez Al Assad et sous le règne actuel de son fils Bashir, traverse une sorte de période de perestroïka. , une ouverture à la fois interne et externe et par conséquent l’intelligentsia du pays est particulièrement sensible à l’image de la Syrie à l’étranger et soucieuse que la bonne musique soit autorisée à représenter le pays sur la scène internationale. Omar est évidemment loin d’être l’ambassadeur culturel qu’ils avaient en tête.

Omar lui-même donne l’impression de ne pas s’intéresser aux controverses qu’il suscite. «Très peu de gens retrouvent leur héritage avec cette attitude snob», dit-il. «Tout le monde peut avoir son opinion, mais s’ils le pensent, ils ont tort. Par exemple, dans notre pays, les feuilletons sont très populaires . »Apparemment, un feuilleton appelé« Bab El Hara »(« La porte du quartier ») est le grand succès du moment . Cela se passe dans une époque révolue de valeurs sûres et solides, où les hommes étaient des hommes et les femmes étaient des femmes. Les gens adorent ça et ont même ignoré un discours télévisé en direct de Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah et une sorte de divinité politique en Syrie, pour regarder le feuilleton en masse lors d’une récente émission du Ramadan.

Feuilletons télévisés, danses, glamour, bons moments, valeurs anciennes solides, quartier, camionneurs, chauffeurs de taxi, fragilité humaine; Bienvenue dans la Syrie moderne, bienvenue dans le monde entier. Je trouve frustrant que des artistes comme Omar Souleyman génèrent tant de bruit dans les cercles des érudits au sujet de «l’inconnu», de la légitimité, du contextualisme culturel, de la tradition, de la modernité, de l’appropriation illicite, de ce schisme, c’est ça. La vraie merveille de quelqu’un comme Omar Souleyman, et que l’endroit d’où il vient, n’est pas celui de la différence avec le monde que nous connaissons, mais sa ressemblance sanglante, la véritable tragédie et la farce humaines fondamentales. Les musiciens du monde entier partagent un rêve commun: jouer la musique qu’ils aiment au plus grand nombre de personnes possible le plus souvent possible. Et qui se soucie de savoir si leur public éloigné ne les « comprend » pas, ou parlent leur langue, ou sont au courant de 3000 ans de leur histoire, ou n’ont lu aucun traité d’ethnomusicologie sur leurs traditions et se contentent de frapper la tête sans grâce à leur musique avec la plus pure appréciation dans leur cœur: simple émerveillement et l’amour. Comme si une triste jeunesse des quartiers d’Al Hassakeh avait besoin de tout savoir sur l’histoire de l’Amérique noire, la migration du nord rural du sud rural, l’industrie automobile de Detroit, la musique gospel, l’esclavage et tout ce jazz pour apprécier Thriller. par Michael Jackson. Si vous décidez de creuser plus profondément et d’explorer les contextes de la musique que vous aimez, cela vous fera du bien, mais ne blâmez pas les autres de ne pas passer leur temps de la même façon. ou n’ont lu aucun traité d’ethnomusicologie sur leurs traditions et se contentent de frapper la tête sans grâce à leur musique avec la plus pure forme d’appréciation qui soit dans leur cœur: un émerveillement et un amour simples.

J’adore la musique d’Omar Souleyman. Ok, je ne sais pas de quoi il parle et ses talents lyriques pourraient bien être une blague pour tout ce que je sais. Le fait qu’il apparaisse régulièrement aux côtés d’un poète fumeur de chaîne appelé Mahmoud Harbi, qui se tient sur la scène et murmure des mots doux à l’oreille d’Omar, à la manière de Cyrano de Bergerac, confirme peut-être ce doute. Autant dire que les chansons trébuchent apparemment dans un paysage Technicolor composé de belles femmes, de mariages douteux, d’adultère, d’amour, de haine, de frustration, sexuelle ou autre, et parfois de font référence à Assad père et fils. Mais, comme Gergis, Bjork, Albarn et tous ces autres transes, je suis touché par la frénésie, l’honnêteté brute, le manque de polissage et de retenue, la virtuosité éblouissante de lamé, la déchirante les intros ‘mawwal’ et la fièvre martelante de dabke. J’adore le fait qu’Omar Souleyman ne soit pas un artiste au sourire optimiste, comme Wafik Habib ou Ali Al Dik, malgré leurs capacités vocales potentiellement supérieures. Comme Gene Vincent, Dee Dee Ramone ou Iggy Pop.

Et quiconque pense que Sublime Frequencies gagne des millions de dollars avec Omar Souleyman est un imbécile qui ne connaît pas les réalités de ce sous-sol indépendant et passionné de l’industrie de la musique qu’habite le label. Je serais surpris s’ils gagnent assez d’argent pour gérer un bureau, verser un salaire minimum vital à quelques personnes et continuer à diffuser la musique qu’ils aiment. Mais je crois qu’ils ont compris quelque chose de fondamental, et tout est question de confiance et de foi. La vérité est que de nombreux labels et producteurs de musique occidentaux à la recherche de talents sur des continents autres que le leur ont perdu la foi en la capacité des populations locales à produire elles-mêmes une musique de qualité et digne d’un potentiel international. Apparemment, ils avaient cette capacité il y a quelque temps, dans les années 50, Dans les années 60 et 70, des musiciens, des ingénieurs et des producteurs locaux ont enregistré des musiques magnifiques dans des studios tels que le Congo, l’Algérie, le Maroc, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, etc. Mais cette capacité a été étouffée par la piraterie, la réduction des budgets de production et l’effacement darwinien des « vrais » instruments par des synthés et des claviers bon marché. Il y a certes une part de vérité dans cela, mais cela ne tient pas compte du fait que la modernité est un défi créatif dans le monde entier, et que les Africains, les Arabes, les Asiatiques, etc. Et si une partie de cette réinterprétation nécessaire de la musique plus ancienne nécessite que quelqu’un comme Rizan s’assied dans son studio à la maison dans un univers oublié dans les confins d’un pays d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient et joue sur un synthé Korg et une boîte à rythmes brut, vital et le coup de pied commence à apparaître, puis les producteurs de l’Ouest doivent avoir une certaine confiance dans ce processus, ou au moins une curiosité. Sublime Frequencies semble avoir cette foi, et c’est pourquoi elles méritent le respect.

Et dans tous les cas, il ne faut jamais rejeter la corbeille, quelle que soit sa définition. Le grand art a besoin de déchets pour augmenter son énergie. Shakespeare, Dickens, Bartok et Joyce l’ont très bien compris. Comme les gars de Sublime Frequencies, je suis constamment surpris par l’énergie et la qualité de l’invention de la musique sur des cassettes bon marché et collantes, avec une valeur de production nulle, que je trouve dans les souks du monde. Nous devons faire confiance aux gens qui font cette musique et à leur façon de la créer, des gens comme Omar, Rizan et Ali Shaker. Peut-être ont-ils besoin d’un peu plus de corde, de quelques heures dans de meilleurs studios et salles de mastering, de l’utilisation d’un équipement légèrement supérieur. Mais, fondamentalement, ils font ce qu’ils font, se heurtant comme un jour à un avenir dangereux et nous devrions être à l’écoute. Croyez-moi, «l’autre inconnaissable» l’est.

 
Poster un commentaire

Publié par le octobre 17, 2019 dans Musique

 

Cuba :Diaz-Canel : travaillez à faire une réalité de tout ce que vous estimerez bénéfique à la patrie, à sa spiritualité, à l’avenir

IX Congrès de l’UNEAC

Photo: José Manuel Correa

(Traduction de la version sténographiée du Conseil d’État)

Chers écrivains, artistes, créateurs,

Compañeros et compañeras de la présidence,

Ministres et vice-ministres présents,

Tout d’abord, recevez les salutations chaleureuses du général d’armée,  salutations dont je suis porteur.

Votre 9e Congrès s’achève. Je ne parle pas de ces journées d’analyse et de débats au Palais des Conventions, mais des longs mois d’échanges et de contributions de la base. Combien d’intelligence et de talent, combien apprend-on de vous !
Il s’agit d’un processus que nous avons suivi de près lors de fréquentes réunions avec la Commission d’organisation, en tentant de trouver, autant que possible, des solutions aux insatisfactions les plus généralisées, et en confirmant, une fois de plus, la valeur d’aller au fond de l’extraordinaire foisonnement créatif du peuple cubain. La vérité nous y attend toujours.

Permettez-moi de me sentir un de plus parmi vous : dans l’insatisfaction et aussi dans l’engagement. Je suis un passionné d’art et de culture dans leurs expressions les plus diverses, qu’elles soient de Cuba ou universelles.

Les questions qui ont été abordées ici sont généralement le pain de chaque jour dans notre famille et entre amis. Du fait des professions de mes trois enfants et de mon épouse, la culture est presque permanente dans nos vies. En raison du besoin impérieux de l’esprit, nous ne saurions pas vivre sans accès aux arts.

Le contact avec la création artistique, ainsi que la gloire de notre Patrie, provoque sans cesse en nous l’émotion la plus profonde Personnellement, je ne saurais séparer le sentiment de plénitude, voire de bonheur, d’un plaisir esthétique déterminé. Et s’il s’agit de culture cubaine, le plaisir s’en trouve multiplié.

Ce que je veux vous dire, c’est que durant ces derniers mois, ces journées, ces heures, plus d’une fois, nous avons eu l’impression d’être parmi vous, partageant ce que vous exprimez et engagés envers ce que vous faites.

Et d’après ce que vous dites et ce que vous faites, je sais que beaucoup d’entre vous, parfois, se sont sentis à notre place, mis au défi de donner continuité à un processus historique unique, à l’impact et à la portée universelle et au leadership comparable seulement à la grandeur de la Révolution elle-même, un fait culturel supérieur qui a transformé depuis la racine une petite nation arriérée en une puissance mondiale indiscutable, non en raison de ses ressources matérielles mais de ses ressources humaines et sentimentales.

Photo: José Manuel Correa

Lorsque nous regardons le monde et que nous passons l’Histoire en revue, nous pouvons dire : Quel miracle de pays, quel grand peuple sommes-nous devenus ! C’est ce que nous ressentons quand nous assistons à un ballet ou à un spectacle de danse, à des concerts de musique, aussi bien dans un grand théâtre que dans un théâtre de nos quartiers ; à des pièces de théâtre, à des premières de films, à des foires du livre, d’artisanat, dans des galeries, à des « bœufs » de rumba ou à des écoles de dessin.

Un pays soumis à un blocus pendant six décennies, persécuté avec hargne et perfidie jusque que dans la gestion des médicaments pour enfants, bombardé par les médias les plus influents de la planète, ne s’est pas contenté de résister et de survivre. Comme je l’ai dit à l’occasion : « Nous sommes une Révolution qui peut se vanter d’avoir été racontée et chantée, depuis ses origines, avec le talent et l’originalité de ses artistes et créateurs, authentiques interprètes de la sagesse populaire et aussi des insatisfactions et des espoirs de l’âme cubaine.

« Et il en sera toujours ainsi. Intellectuels, artistes, journalistes, créateurs, seront toujours à nos côtés avec la détermination que cet archipel que la Révolution a placée sur la carte politique du monde continue d’être reconnu pour sa façon unique de se battre, en chantant, en dansant, en riant et en étant victorieux.»

Peut-être n’avons-nous pas encore appris, et dans certains cas avons-nous désappris, à raconter cette merveille, mais personne ne peut désormais nous ôter la fierté d’être une nation qui se respecte, grâce à une Révolution qui a toujours placé l’être humain au centre.

C’est quelque chose que notre génération doit en premier lieu aux fondateurs, depuis Céspedes jusqu’à Marti. Aux créateurs qui ont poursuivi leurs luttes et principalement à Fidel, l’intellectuel et guide incontesté de la Génération historique qui, en même temps que la remise de la terre et des usines à ceux qui la travaillaient, a alphabétisé le peuple, universalisé l’enseignement, créé des institutions culturelles puissantes et, dans les moments les plus difficiles, nous a appris que «  la culture est la première chose qui doit être sauvée ».

Photo: José Manuel Correa

Pourquoi Fidel insistait-il sur cette idée, qu’il a répétée si souvent ? Vous le savez sûrement, mais il n’est pas superflu de le rappeler. Parce que« nulle proue n’est capable de fendre une nuée d’idées », disait Marti.

Et Fidel a su mettre en garde sur le risque de perdre notre plus grande force : l’unité, l’identité, la culture, avec l’avalanche colonisatrice qui avançait au temps de la mondialisation, avec l’accès massif aux nouvelles technologies, promu par les marchands modernes, non pour enrichir mais pour appauvrir la capacité critique et la pensée libératrice.

Conscient que ces technologies au développement accéléré seraient une arme puissante d’éducation et de multiplication des connaissances auxquelles la Révolution ne pouvait ni renoncer ni accéder tardivement, Fidel fonda l’Université des Sciences informatiques (UCI), et alertait parallèlement la société cubaine sur l’importance de sauver la culture.

Ainsi qu’auparavant, dans ces réunions de la Bibliothèque nationale qui donnèrent lieu à ses « Paroles aux intellectuels » et très peu de temps après à la création de l’Uneac, Fidel se tournait vers l’avant-garde intellectuelle et artistique pour relever des défis que seul un visionnaire, comme [Miguel] Barnet l’avait défini, pouvait remarquer.

S’il y a 60 ans, la tentative de fracturer l’union viscérale entre cette avant-garde et sa Révolution, autrement dit, elle-même et son peuple, a été vaincue, plus tard et à maintes reprises au long des années l’adversaire s’est acharné inutilement pour y parvenir. Au changement de siècle, la bataille a atteint des sommets en s’attaquant aux forces progressistes dans la région et dans le monde.

Des mouvements tels que le Réseau en défense de l’Humanité et des projets culturels qui ont fleuri dans tout le pays ont démontré l’extraordinaire force de l’avant-garde pour nourrir et soutenir la spiritualité de la nation.

Photo: José Manuel Correa

De l’UNEAC fondée par Nicolas Guillén et d’autres cubains universels est né un éternel engagement envers le destin de la culture nationale, qui s’est affirmé ces jours-ci. Et c’est extraordinaire de voir la continuité de cette œuvre dans une organisation dirigée jusqu’à aujourd’hui par l’un des plus jeunes délégués à cette rencontre il y a 58 ans : le poète, essayiste, ethnologue, intellectuel, en bref, Miguel Barnet.

Ici, il a été question à plusieurs reprises des « Paroles aux intellectuels ». Je ne conçois pas un artiste, un intellectuel, un créateur cubain qui ne connaîtrait pas ce discours qui a marqué la politique culturelle en Révolution. Je n’imagine pas qu’un dirigeant politique, un fonctionnaire ou un dirigeant de la culture qui ignorerait ses définitions de principe pour s’acquitter de ses responsabilités.

Mais j’ai toujours été préoccupé par le fait que quelques phrases soient extraites de ce discours et qu’elles soient brandies comme des consignes. Il est de notre devoir de le lire en sachant que, s’agissant d’un document pour tous les temps, en raison des principes qu’il établit pour la politique culturelle, il requiert également une interprétation contextualisée.

Manifestement, Fidel a posé un point de départ : la relation entre la Révolution, l’avant-garde intellectuelle et artistique et le peuple. À cette époque, tout le monde n’était pas clairement conscient comme l’était Fidel de ce que les artistes et les intellectuels allaient comprendre dans la construction de leur œuvre : que la Révolution, c’était eux, c’était leurs œuvres et c’était le peuple.

C’est pourquoi il est réducteur de se limiter à citer sa phrase fondamentale : « Dans la Révolution tout, contre la Révolution rien », en ignorant le fait que la Révolution c’est plus qu’État, plus que Parti, plus que gouvernement, parce que la Révolution, c’est nous tous qui la rendons possible dans la vie et dans l’œuvre.

Et il serait également contradictoire avec l’originalité et la force de ce texte, de prétendre qu’il régisse de manière unique et inébranlable la politique culturelle de la Révolution. Ce serait couper les ailes de son vol fondateur et de son esprit de convocation.

Photo: Juvenal Balán

Aujourd’hui, nous avons le devoir d’apporter ses concepts à notre époque et de défendre leur incontestable actualité, en évaluant les temps que nous vivons, les nouveaux scénarios, les plateformes néo-colonisatrices et banalisantes que l’on tente de nous imposer, ainsi que les besoins, mais aussi les possibilités qui se sont ouvertes au cours années et des avancées technologiques.

Il convient de faire de nouvelles et enrichissantes lectures de ces Paroles. Développer et renforcer la politique culturelle, qui n’a pas été écrite au-delà des Paroles… et de lui donner le contenu que l’époque actuelle exige de nous.

Vous en avez fait beaucoup. Comme nous l’avons apprécié, vous avez travaillé et vous avez mieux progressé là où vous avez agi en coordination avec d’autres forces intellectuelles, comme celles créées par les universités et d’autres centres de recherche en sciences sociales et humaines.

De toute évidence, les résultats sont plus nombreux et meilleurs là où la création est soutenue par de nouveaux supports technologiques qui facilitent le travail.

Il y a quelques jours, lors d’un entretien avec la Commission d’organisation, j’ai abordé l’un des sujets qui suscitent toujours le plus de discussions dans les événements de l’UNEAC : la relation avec le tourisme. Et un autre sujet plus actuel qui est la politique culturelle dans les espaces de l’économie d’État et privée.

Aujourd’hui, je tiens à rappeler que nous avons, depuis l’administration, le devoir d’être cohérents. Il n’y a pas de politique culturelle pour le secteur d’État et une autre pour le secteur privé. Dans les deux secteurs, il convient de promouvoir, défendre et donner de l’espace à ceux qui font de l’art véritable.

Et dans le cas spécifique du tourisme, j’ai insisté sur le fait que la culture est un maillon fondamental dans les chaînes de production qu’il nous intéresse de promouvoir. Mais je défends surtout l’idée que le tourisme ne doit pas seulement amener les artistes dans ses établissements, mais que nous devons promouvoir une activité culturelle très intense dans toutes nos villes et zones touristiques qui, tout en enrichissant la vie culturelle du peuple, attire et conquiert le visiteur. Il nous faut être authentique et cesser de vendre des « spectacles en conserve », des produits pseudo-culturels qui répondent plus à la rentabilité qu’à la fierté de montrer qui nous sommes vraiment.

Cuba est une puissance culturelle et aujourd’hui le tourisme, tout en étant une activité économique qui contribue quotidiennement au budget, la vérité c’est qu’il apporte cependant beaucoup moins de ce qu’il pourrait le faire si les touristes sortaient pour consommer des biens et des services, non seulement culturels, mais surtout culturels (applaudissements).

À ce propos le système d’écoles d’art dispose d’une source de revenus provenant de l’exportation de services, insuffisamment exploitée, dans la production de cours dans des domaines de l’éducation artistique, dans lesquels nous sommes vraiment compétents et où nous devons établir des modalités et des prix cohérents avec le niveau de l’académie cubaine.

Dans le même ordre d’idées, il revient à l’UNEAC d’être une sorte d’électrode mobilisatrice de forces et d’actions visant la projection internationale de nos industries culturelles. Ne pas oublier que lorsque toutes les portes ont été fermées pour Cuba à cause son audacieuse volonté de souveraineté et de liberté, même dans l’empire, au moins quelques petites fenêtres se sont ouvertes par lesquelles sont entrés la musique, les arts plastiques, le ballet, la danse, le théâtre et autres manifestations culturelles.

Les ponts que la culture cubaine a construits, avec le soutien d’amis fidèles, durant tant d’années où n’ont existé aucune ou de rares relations entre Cuba et les États-Unis, nous ont permis de maintenir vivant un échange entre nos peuples d’une force telle que l’actuelle administration étasunienne a décidé de l’interrompre définitivement.

Mais les intellectuels et les artistes ont servi d’ambassades culturelles également vers l’Europe, l’Asie, l’Afrique ; ils ont ouvert des portes et favorisé des compréhensions qui pourraient être plus difficiles et même impossibles sans eux.

Il faut beaucoup, beaucoup travailler dans ce sens. Et vous avez le talent, la force et les connaissances pour le faire grandir, en apportant au pays les ressources indispensables à son développement.

Photo: José Manuel Correa

Je partage également les préoccupations de ceux qui estiment que certaines institutions de la Culture sont restées en arrière des créateurs. Il est inacceptable que l’on ne comprenne pas que toutes les institutions culturelles existent pour et par les créateurs et leur œuvre (exclamations et applaudissements), et non l’inverse, et que le bureaucratisme et le manque de professionnalisme étouffent la création.

Dans la bataille contre ces moulins à vent, aussi anciens qu’ils sont nuisibles, nous considérons que l’UNEAC a un rôle fondamental à jouer. Il faut rendre l’organisation plus proactive dans ses bases: enquêter sur les missions que chacune des sections accomplit en fonction de ceux qu’elles représentent et quels domaines de discussion elles conduisent. À partir de quelles positions ? Avec quels leaderships ?

Je vois aussi l’UNEAC lutter pour sauver et renforcer le poids et le rôle de la critique culturelle. Le manque d’analyses sérieuses et bien fondées sur les valeurs réelles des œuvres et des espaces culturels décourage les créateurs et prive les publics, en particulier les plus jeunes, de critères d’orientation qui établissent des hiérarchies artistiques à temps.

Il est incontestable que les créateurs cubains résidant dans le pays ont des œuvres capables d’égaler le meilleur de la création de leurs contemporains qui travaillent et vivent dans des pays du Premier monde, dans des conditions matérielles et incitatives parfois bien supérieures, ce qui leur a permis d’accéder à des marchés exigeants.

Pourquoi depuis Cuba ne parvenons-nous pas pas insérer, diffuser, exporter l’œuvre de ceux qui travaillent dans le pays et au lieu de cela faisons-nous la promotion et la reproduction de ce que le marché a déjà estampillé et nous renvoie enveloppé dans ses règles ? (Exclamations et applaudissements prolongés.) De quoi nos institutions ont-elles besoin pour faire en sorte que nos créations culturelles les plus authentiques s’épanouissent ?

On entend beaucoup le reproche – sur lequel il est important que les organisations d’artistes réagissent – selon lequel le système d’entreprises ou les dénommées industries culturelles, liées à la création artistique, en matière de production, promotion et commercialisation, sont restées à la traîne.

La culture peut et doit contribuer au Produit intérieur brut du pays et c’est à cela que servent ses entreprises. Les insatisfactions des artistes et des créateurs qui doivent gérer absolument tout pour diffuser ou promouvoir leurs œuvres ne manquent pas, alors que ceux qui en auraient la responsabilité exercent une sorte de parasitisme de l’inactivité (exclamations et applaudissements prolongés).

Les artistes ont le devoir de payer leurs impôts, mais ils ne devraient pas avoir à payer les entreprises si celles-ci n’ont rien eu à voir avec leurs contrats de travail, leur promotion ou leur protection juridique (exclamations et applaudissements prolongés).

Le fait que ce parasitisme favorise la corruption est un secret de polichinelle (exclamations et applaudissements), et masque le non-respect de la fonction de représentation et de gestion des opportunités pour le créateur et son œuvre. Il est inutile et trompeur que le peu de ressources dont dispose le pays soit recyclé entre des organismes sans aucun effet sur l’économie réelle (Exclamations et applaudissements).

D’autres questions qui, à mon humble avis, devraient susciter des actions et des réactions de la part de nos créateurs regroupés au sein de l’UNEAC concernent ceux que certains d’entre nous appelons « mercenaires culturels », qui sont prêts à lyncher tout artiste ou créateur qui fait l’éloge de la Révolution ou chante en faveur des causes les plus difficiles et en même temps les plus nobles dans lesquelles sont engagées les forces progressistes de notre région et du monde (Applaudissements).

Souvenons-nous du message du général d’armée Raul Castro Ruz, à l’occasion du 55e anniversaire de l’UNEAC :

« Aujourd’hui, nous sommes doublement menacés dans le domaine de la culture : par les projets subversifs qui prétendent nous diviser et par la vague colonisatrice mondiale. L’actuelle UNEAC continuera de relever ces défis complexes avec courage, engagement révolutionnaire et intelligence. »

Cette plate-forme colonisatrice promeut les paradigmes les plus néolibéraux : un minimum d’État ; le marché le plus que possible ; tout se vend et tout s’achète ; le soi-disant succès unique de l’entreprise privée ; attentifs à ceux qui mettent le marché en premier et non la culture ; égoïsme et vanité personnelle et non engagement social de la culture (Exclamations et applaudissements).Nous avons déjà dénoncé le fait que l’administration étasunienne actuelle alloue de nouveau des fonds plus importants à la subversion et qu’elle demande à ceux qui souhaitent accéder aux terres privilégiées de l’empire de rendre compte de ce qu’ils font ou disent sur les réseaux sociaux. Au vu de ce que certains taisent ou disent contre leurs propres compatriotes, il est facile de déduire lesquels aspirent à gagner le pitoyable billet.

Marti les appellerait « apostats ». Je me demande si quelqu’un croit que le fait de servir celui qui nous soumet au blocus, nous attaque et entrave notre développement lui ouvrira pour longtemps la petite porte par laquelle ils donnent accès à ceux qui renient leurs racines.

Nous n’allons pas limiter la création, mais la Révolution qui a résisté 60 ans pour avoir su se défendre, ne va pas laisser ses espaces institutionnels entre les mains de ceux qui servent son ennemi, soit parce qu’ils dénigrent tout effort pour surmonter le siège économique, soit parce qu’ils bénéficient des fonds pour détruire la Révolution (applaudissements).
Les limites commencent avec le non-respect des symboles et les valeurs sacrées de la Patrie. (Applaudissements).

La Constitution que nous venons d’adopter et qui sera complétée par ses lois correspondantes a, parmi les premières, celle des symboles nationaux.

Les naïfs font autant de mal que les pervers. Ce ne sont pas des temps de négation des idéologies, ni de décontextualisation. Et rien de tout cela ne signifie nier la liberté de création ou faire des concessions esthétiques. Cela signifie avoir le sens du moment historique, savoir qu’au-delà de Cuba, le monde vit des heures de grands risques et d’incertitudes, où les puissants passent outre les lois internationales, déclenchent des guerres sous le couvert de « fake news » ou fausses nouvelles et détruisent des civilisations millénaires au nom de l’intervention humanitaire. Construire et défendre un projet socialiste signifie défendre l’humanisme révolutionnaire.

Comme à l’époque de « Paroles aux intellectuels », la Révolution insiste sur son droit à défendre son existence qui est, aussi, l’existence d’un peuple et de ses créateurs et intellectuels.

J’aurais beaucoup plus à leur dire, mais je sais qu’il y aura de nouvelles occasions de le faire. Nous avons proposé de tenir des réunions mensuelles avec les dirigeants élus et les groupes de créateurs, ainsi qu’avec les ministères, pour examiner tout ce sur quoi nous pourrons collaborer pour enlever chaque fois une partie plus grande des problèmes et des difficultés (applaudissements).

Pour cela, comptez sur le soutien du gouvernement, dont six ministres et vice-ministres des organismes de l’Administration centrale de l’État sont présents aujourd’hui. Le Rapport des commissions nous offre un très large éventail de questions que nous devons maintenant traiter ensemble et y apporter des solutions.

Ne laissez pas mourir le Congrès. Travaillez à faire une réalité de tout ce que vous estimerez bénéfique à la nation, à sa spiritualité, à l’avenir que ceux qui n’ont pas pu nous détruire veulent nous refuser.

Nous nous sentons à l’aise parmi vous, enthousiastes, optimistes, conscients de fait que comme nous l’enseigne Raul : « Oui, on peut » quand on le veut.  Et vous et nous, c’est-à-dire la Révolution, nous voulons la même chose :

Un pays libre, indépendant et souverain,

Fidèle à notre histoire,

Qui garantisse la justice sociale et une répartition équitable des richesses,

Dans le respect de la pleine dignité de l’être humain, femme et homme,

Avec une identité culturelle solide,

Où l’accès gratuit et universel à l’éducation sera préservé,

Qui avancera vers un développement économique équilibré et durable,

Prospère, inclusif, participatif,

Invulnérable sur les plans militaire, idéologique, social et économique,

Avec des services de santé gratuits de la plus haute qualité pour tous,

Solidaire, généreux, humaniste,

Qui condamnera toute forme de discrimination,

Où le crime organisé, la traite des personnes ou le terrorisme ne prospèreront jamais,

Défenseur des droits humains pour tous, et non pour des segments exclusifs ou privilégiés,

Libre de toute forme de violence, d’esclavage, d’exploitation humaine,

Avec un exercice exemplaire de la démocratie du peuple et non du pouvoir antidémocratique du capital,

Capable de vivre en paix et de se développer en harmonie avec la nature et de prendre soin des sources dont dépend la vie sur la planète.

Compañeros et compañeras,

J’adresse notre reconnaissance à Miguel Barnet pour le travail intense qu’il a réalisé durant ces années à la tête de l’Uneac.

Nous félicitons la nouvelle direction de l’UNEAC, son président élu, [Luis] Morlote, avec la conviction qu’ils comprennent que leur mission la plus importante est de déclencher une lutte intransigeante contre l’inculture et l’indécence (applaudissements), et dans cette bataille, les créateurs devront être, comme toujours, comme Fidel l’a demandé dans ses Paroles aux intellectuels : plus que des spectateurs, des acteurs.

Un monde meilleur est possible.

Nous avons hérité de cette conviction de nos parents et nous avons le devoir de la maintenir pour nos enfants.

Nous sommes Cuba ! Nous sommes continuité !

La Patrie ou la mort !

Nous vaincrons !

(Ovation)

Díaz-Canel: la creación artística junto con la gloria de la Patria

Las palabras del Apóstol fueron retomadas por el Preseidente de los Consejos de Estado y de Ministros, Miguel Díaz-Canel Bermudez, en la clausura del IX Congreso de la Uneac, en el Palacio de Convenciones…

MIGUEL DÍAZ-CANEL

0 comentarios

 15 votos

Díaz-Canel: la creación artística junto con la gloria de la Patria
La emoción más profunda, junto con la gloria patria, nos la provoca constantemente el contacto con la creación artística. (Marcelino Vázquez Hernández / ACN)

Versiones taquigráficas del discurso pronunciado por el Presidente de los Consejos de Estado y de Ministros, en la clausura del IX Congreso de la Uneac, en el Palacio de Convenciones.

Queridos escritores, artistas, creadores;

Compañeras y compañeros de la Presidencia;

Ministros y viceministros presentes:

Ante todo, reciban el cálido saludo del General de Ejército, del cual soy portador.

Ha concluido su IX Congreso.  No digo estos días de análisis y debate en el Palacio de Convenciones, sino los largos meses de intercambios y aportes desde las bases.  ¡Cuánta inteligencia y talento, cuánto se aprende de ustedes!

Es un proceso que hemos seguido de cerca en frecuentes encuentros con la Comisión Organizadora, tratando de aproximar, en lo posible, soluciones a las insatisfacciones más generalizadas, y confirmando, una vez más, el valor de ir a lo profundo del extraordinario caudal creativo del pueblo cubano. Allí siempre nos espera la verdad.

Permítanme sentirme uno más de ustedes: en la insatisfacción y también en el compromiso, soy un apasionado del arte y de la cultura en sus más diversas expresiones, sea de Cuba o universal.

Los temas que aquí se han tratado suelen ser pan de cada día en nuestra familia y entre amigos. Por las profesiones de mis tres hijos y de mi esposa, la cultura está de manera casi permanente en nuestras vidas.  Por imperiosa necesidad del espíritu, no sabríamos vivir sin acceso a las artes.

La emoción más profunda, junto con la gloria patria, nos la provoca constantemente el contacto con la creación artística. Personalmente no puedo separar el sentido de plenitud, incluso de felicidad, de un disfrute estético determinado.  Y si es cultura cubana, el goce se multiplica.

Lo que quiero decirles es que durante estos meses, estos días, estas horas, más de una vez nos hemos sentido entre ustedes, compartiendo lo que expresan y comprometidos con lo que hacen.

Y por lo que dicen y lo que hacen, sé que muchos de ustedes, alguna vez, pueden haberse sentido en nuestro lugar, desafiados a dar continuidad a un proceso histórico único, de un impacto y alcance universal y de un liderazgo solo comparable a la grandeza de la Revolución misma, hecho cultural superior que transformó desde la raíz a una nación pequeña y atrasada en una indiscutible potencia mundial, no por sus recursos materiales, sino por sus recursos humanos y sentimentales.

Nosotros cuando miramos al mundo y repasamos la historia podemos decir: ¡Qué milagro de país, en qué gran pueblo nos hemos convertido! Es lo que nos ocurre cuando asistimos a una función de ballet o danza, a conciertos de música, lo mismo en un gran teatro que en uno de nuestros barrios; a obras teatrales, a estrenos de cine, a ferias del libro, de artesanías, a galerías, a descargas de rumba o a escuelas de arte.

Un país bloqueado durante seis décadas, perseguido con saña y alevosía hasta en la gestión de medicamentos infantiles, acribillado mediáticamente por los medios más influyentes del planeta, no se ha conformado con resistir y sobrevivir. Como ya dije una vez: “Somos una Revolución que puede presumir de haber sido contada y cantada, desde sus orígenes, con el talento y la originalidad de sus artistas y creadores, intérpretes genuinos de la sabia popular y también de las insatisfacciones y esperanzas del alma cubana.

“Y así seguirá siendo. Intelectuales, artistas, periodistas, creadores, nos acompañarán siempre en el empeño de que este archipiélago que la Revolución puso en el mapa político del mundo siga siendo reconocido también por su singular modo de pelear cantando, bailando, riendo y venciendo”.

Quizás aún no hemos aprendido, y en algunos casos hemos desaprendido, a contar esa maravilla, pero nadie puede ya quitarnos el orgullo de ser una nación para respetar, gracias a una Revolución que siempre ha puesto al ser humano en el centro.

Es algo que nuestra generación les debe a los fundadores en primer lugar, desde Céspedes a Martí. A los creadores que continuaron sus luchas y fundamentalmente a Fidel, el indiscutible intelectual y guía de la generación histórica que, junto con la entrega de la tierra y las fábricas a los que la trabajaban, alfabetizó al pueblo, universalizó la enseñanza, creó poderosas instituciones culturales y en los momentos más difíciles nos enseñó que “la cultura es lo primero que hay que salvar”.

¿Por qué insistía Fidel en esa idea, que repitió tantas veces? Ustedes lo saben seguramente, pero no está de más recordarlo. Porque “no hay proa que taje una nube de ideas”, diría Martí.

Y Fidel supo advertir el riesgo de perder nuestra mayor fortaleza: la unidad, la identidad, la cultura, con la avalancha colonizadora que avanzaba en los tiempos de la globalización, con el acceso masivo a las nuevas tecnologías, promovido por los mercaderes modernos, no para enriquecer sino para empobrecer la capacidad crítica y el pensamiento liberador.

Consciente de que esas tecnologías de acelerado desarrollo serían una poderosa arma de educación y multiplicación del conocimiento a la que la Revolución no podía renunciar ni acceder tardíamente, Fidel creó la Universidad de Ciencias Informáticas (UCI) y paralelamente alertó a la sociedad cubana sobre la importancia de salvar la cultura.

Así como antes, en aquellas reuniones de la Biblioteca Nacional que dieron lugar a sus Palabras a los intelectuales y muy poco tiempo después a la creación de la Uneac, Fidel acudía a la vanguardia intelectual y artística para enfrentar desafíos que solo podía advertir un iluminado, como Barnet lo definió alguna vez.

Si hace 60 años fue vencido el intento de fracturar la unión visceral entre aquella vanguardia y su Revolución, es decir, ella misma y su pueblo, más tarde y muchas veces a lo largo de los años el adversario se empeñaría inútilmente en ello. En el cruce de siglos, la batalla alcanzaría cotas mayores golpeando a las fuerzas progresistas en la región y en el mundo.

Movimientos como la Red en Defensa de la Humanidad y proyectos culturales que florecieron por todo el país demostraron la extraordinaria fuerza de la vanguardia para alimentar y sostener la espiritualidad de la nación.

De la Uneac fundada por Nicolás Guillén y otras cubanas y cubanos universales emergió un compromiso para siempre con el destino de la cultura nacional, que se ha afirmado en estos días. Y es tremendo ver la continuidad de esa obra en una organización dirigida hasta hoy por uno de los más jóvenes delegados a aquella cita de hace 58 años:  el poeta, ensayista, etnólogo, intelectual, en suma, Miguel Barnet.

Aquí se ha hablado varias veces de las Palabras a los intelectuales. No concibo a un artista, a un intelectual, a un creador cubano que no conozca aquel discurso que marcó la política cultural en Revolución. No me imagino a ningún dirigente político, a ningún funcionario o dirigente de la Cultura, que prescinda de sus definiciones de principio para llevar adelante sus responsabilidades.

Pero siempre me ha preocupado que de aquellas palabras se extraigan un par de frases y se enarbolen como consigna. Nuestro deber es leerlo conscientes de que, siendo un documento para todos los tiempos, por los principios que establece para la política cultural, también exige una interpretación contextualizada.

Claramente Fidel planteó un punto de partida: la relación entre Revolución, la vanguardia intelectual y artística y el pueblo. Entonces, todos no tenían tan claro como Fidel lo que los artistas e intelectuales irían comprendiendo en el desarrollo de su obra: que la Revolución eran ellos, eran sus obras y era el pueblo.

Por eso resulta reduccionista limitarse a citar su frase fundamental: “Dentro de la Revolución todo, contra la Revolución nada”, soslayando que Revolución es más que Estado, más que Partido, más que Gobierno, porque Revolución somos todos los que la hacemos posible en vida y en obra.

Y también sería contradictorio con la originalidad y fuerza de ese texto, pretender que norme de forma única e inamovible la política cultural de la Revolución. Eso sería cortarle las alas a su vuelo fundador y a su espíritu de convocatoria.

Hoy tenemos el deber de traer sus conceptos a nuestros días y defender su indiscutible vigencia, evaluando el momento que vivimos, los nuevos escenarios, las plataformas neocolonizadoras y banalizadoras que tratan de imponernos y las necesidades, pero también las posibilidades que con los años y los avances tecnológicos se han abierto.

Hay que hacer lecturas nuevas y enriquecedoras de aquellas palabras. Hacer crecer y fortalecer la política cultural, que no se ha escrito más allá de Palabras… y darle el contenido que los tiempos actuales nos están exigiendo.

Ustedes han hecho bastante. Como hemos apreciado, han trabajado y avanzado mejor allí donde más coordinados han actuado con otras fuerzas intelectuales, como las que crean desde las universidades y otros centros de investigación de las ciencias sociales y humanísticas.

Evidentemente, hay más y mejores resultados donde la creación se apoya en nuevos soportes tecnológicos que facilitan el trabajo.

Hace unos días, compartiendo con la Comisión Organizadora, les comentaba sobre uno de los temas que más discusiones genera siempre en los eventos de la Uneac: la relación con el turismo. Y otro tema más actual que es la política cultural en los espacios de la economía estatal y los privados.

Hoy quiero reiterar que tenemos, desde la administración, el deber de ser coherentes. No hay una política cultural para el sector estatal y otra para el privado. En ambos sectores tiene que promoverse, defenderse, dárseles espacio a quienes hacen arte verdadero.

Y en el caso específico del turismo, yo he insistido en que la cultura es un eslabón fundamental en los encadenamientos productivos que nos interesa promover. Pero defiendo, sobre todo, que el turismo no solo lleve a los artistas a sus instalaciones, sino que propiciemos una muy intensa actividad cultural en todas nuestras ciudades y zonas turísticas que, a la vez que enriquezca la vida cultural del pueblo, atraiga y conquiste al visitante. Hay que ser auténticos y dejar de vender “shows enlatados”, productos de seudocultura que responden más a la rentabilidad que al orgullo de mostrar quiénes somos realmente.

Cuba es una potencia cultural y hoy el turismo, siendo como es una actividad económica que aporta cotidianamente al Presupuesto, la verdad es que todavía tributa mucho menos de lo que podría si los turistas salieran a consumir bienes y servicios, no solo culturales, pero sobre todo culturales (Aplausos).

A propósito, el sistema de escuelas de arte tiene una fuente de ingresos por exportación de servicios, insuficientemente explotada, en la generación de cursos en áreas de la enseñanza artística, en las que somos realmente fuertes y donde debemos establecer modalidades y precios coherentes con el nivel de la academia cubana.

En esa misma línea de pensamiento, a la Uneac le corresponde ser una especie de electrodo movilizador de fuerzas y acciones para la proyección internacional de nuestras industrias culturales. No olvidar que cuando todas las puertas se cerraron para Cuba por su osada pretensión de soberanía y libertad, hasta en el imperio se abrieron al menos ventanitas por donde entraron la música, las artes plásticas, el ballet, la danza, el teatro y otras manifestaciones culturales.

Los puentes que ha levantado la cultura cubana, apoyada por fieles amigos, en tantos años de ninguna  o escasas relaciones entre Cuba y Estados Unidos, nos han permitido sostener vivo un intercambio entre nuestros pueblos de tanta fuerza que la actual administración estadounidense se ha propuesto clausurarlo definitivamente.

Pero también hacia Europa, Asia, África, los intelectuales y artistas han fungido como embajadas culturales, han abierto puertas y favorecido entendimientos que podrían ser más difíciles y hasta imposibles sin ellos.

Hay mucho, mucho que trabajar en ese sentido.  Y ustedes tienen el talento, la fuerza y el conocimiento para hacerlo crecer, aportando al país recursos imprescindibles para su desarrollo.

Comparto igualmente las preocupaciones de quienes sienten que algunas instituciones de la Cultura se han quedado por detrás de los creadores.  Resulta inaceptable que no se comprenda que todas las instituciones culturales existen por y para los creadores y su obra (Exclamaciones y aplausos), no a la inversa, y que el burocratismo y la falta de profesionalidad ahogan la creación.

En la pelea contra esos molinos de viento, tan antiguos como dañinos, vemos un papel fundamental de la Uneac.  Es preciso hacer más proactiva a la organización en sus bases: indagar qué misiones cumple cada una en función de aquellos a quienes representan y qué ámbitos de discusiones lideran.  ¿Desde cuáles posiciones?  ¿Con qué liderazgos?

Igualmente veo a la Uneac batallando por rescatar y elevar el peso y el papel de la crítica cultural.  La sequía de análisis serios y bien fundamentados sobre los valores reales de obras y espacios culturales desestimulan a los creadores y privan a los públicos, particularmente a los más jóvenes, de criterios orientadores que establezcan las jerarquías artísticas a tiempo.

Es un hecho incontestable que los creadores cubanos residentes en el país tienen obras capaces de emular con lo mejor creado por sus contemporáneos que trabajan y viven en naciones del Primer Mundo, bajo condiciones materiales e incentivos muy superiores a veces, lo que les ha valido acceder a mercados exigentes.

¿Por qué desde Cuba no logramos insertar, difundir, exportar la obra de los que trabajan dentro del país y en cambio promocionamos y replicamos lo que ya el mercado acuñó y nos devuelve envuelto en sus reglas?  (Exclamaciones y aplausos prolongados.)  ¿Qué necesitan nuestras instituciones para hacer florecer nuestras más auténticas creaciones culturales?

Se escucha mucho la queja —sobre la cual es importante que actúen las organizaciones de artistas— de que el sistema empresarial o las llamadas industrias culturales, con relación a la creación artística, en cuanto a su producción, promoción y comercialización, se han quedado atrás.

La cultura puede y debe aportar al Producto Interno Bruto del país y para eso están sus empresas.  Sobran las insatisfacciones de artistas y creadores que deben gestionarse absolutamente todo para difundir o promocionar su trabajo, mientras quienes tendrían la responsabilidad de hacerlo ejercen una suerte de parasitismo desde la inactividad (Exclamaciones y aplausos prolongados).

Los artistas tienen el deber de pagar sus impuestos, pero no deberían tener que abonar a las empresas si estas no han tenido nada que ver con los contratos de trabajo, con su promoción ni con su amparo jurídico (Exclamaciones y aplausos prolongados).

Es un secreto a voces que ese parasitismo favorece la corrupción (Exclamaciones y aplausos) y enmascara el incumplimiento de la función de representación y gestión de oportunidades para el creador y su obra.  Es inútil y engañoso que el escaso dinero de que dispone el país sea reciclado entre entidades sin ningún efecto en la economía real (Exclamaciones y aplausos).

Otros temas que, en mi modesta opinión, deberían concitar acciones y reacciones de nuestros creadores agrupados en la Uneac tienen que ver con lo que algunos llamamos “mercenarios culturales”, esos dispuestos a linchar a cuanto artista o creador exalte a la Revolución o les cante a las causas más duras y a la vez más nobles en que están empeñadas las fuerzas progresistas de nuestra región y del mundo (Aplausos).

Recordemos el mensaje del General de Ejército Raúl Castro Ruz, en ocasión del aniversario 55 de la Uneac: “Hoy estamos doblemente amenazados en el campo de la cultura: por los proyectos subversivos que pretenden dividirnos y la oleada colonizadora global.  La Uneac del presente continuará encarando con valentía, compromiso revolucionario e inteligencia, estos complejos desafíos.”

Esta plataforma colonizadora promueve los paradigmas más neoliberales: Estado mínimo, mercado hasta donde más sea posible, todo se vende y se compra, el supuesto éxito único de la empresa privada; atentos a los que ponen por delante mercado y no cultura; egoísmo y vanidad personal y no compromiso social de la cultura (Exclamaciones y aplausos).

Ya se ha denunciado que la actual administración estadounidense destina nuevos y mayores fondos a la subversión y que pide a quienes desean acceder a los cotos privilegiados del imperio que rindan cuenta de cuanto hacen o dicen en las redes sociales.  Por lo que callan y por lo que dicen algunos contra sus propios compatriotas, es fácil colegir quiénes aspiran a ganarse el penoso boleto.  Apóstatas les llamaría Martí.  Me pregunto si alguien cree que servir al que nos bloquea, ataca y obstaculiza nuestro desarrollo le abrirá por largo tiempo la pequeña puerta por la que les dan acceso a quienes reniegan de su raíz.

No vamos a limitar la creación, pero la Revolución que ha resistido 60 años por haber sabido defenderse, no va a dejar sus espacios institucionales en manos de quienes sirven a su enemigo, sea porque denigran cualquier esfuerzo por sobreponernos al cerco económico o porque se benefician de los fondos para destruir a la Revolución (Aplausos).

Los límites comienzan donde se irrespetan los símbolos y los valores sagrados de la Patria (Aplausos).

La Constitución que acabamos de aprobar y que se complementará con sus leyes correspondientes tiene, entre las primeras, la de los símbolos nacionales.

Los ingenuos hacen tanto daño como los perversos. No son tiempos de negar ideologías, ni de descontextualizar.  Y nada de esto significa negar la libertad de creación ni hacer concesiones estéticas.  Significa tener sentido del momento histórico, saber que más allá de Cuba el mundo vive horas de mucho riesgo e incertidumbre, donde los poderosos pasan por encima de las leyes internacionales, lanzan guerras al amparo de las llamadas fake news o falsas noticias y destruyen civilizaciones milenarias en nombre de la intervención humanitaria.  Construir y defender un proyecto socialista significa defender el humanismo revolucionario.

Como en los tiempos de Palabras a los intelectuales, la Revolución insiste en su derecho a defender su existencia que es, también, la existencia de un pueblo y de sus creadores e intelectuales.

Tendría mucho más que decirles, pero sé que habrá nuevas oportunidades para hacerlo.  Nos hemos propuesto realizar encuentros mensuales con la directiva electa y grupos de creadores, junto a los ministerios, para revisar todo cuanto podamos colaborar en arrancarles cada vez un pedazo mayor a los problemas y dificultades (Aplausos).

Para eso cuenten con el apoyo del Gobierno, presentes aquí seis ministros y viceministros de los organismos de la Administración Central del Estado.  El Dictamen de las comisiones nos ofrece un menú de temas muy amplio que debemos ahora abordar entre todos y en darle solución.

No dejen morir el Congreso.  Trabajen por hacer realidad todo lo que entiendan que aportará al bien de la nación, a su espiritualidad, al porvenir que quieren negarnos los que no han podido destruirnos.

Entre ustedes nos sentimos cómodos, entusiastas, optimistas, conscientes de que como nos enseña Raúl:  “Sí se puede” cuando se quiere.  Y ustedes y nosotros, es decir, la Revolución, queremos lo mismo:

Un país libre, independiente y soberano;

Fiel a nuestra historia;

Que garantice justicia social y justa distribución de la riqueza;

Con respeto a la dignidad plena del ser humano, mujer y hombre;

Con una sólida identidad cultural;

Donde se preserve el acceso gratuito y universal a la educación;

Que avance hacia un desarrollo económico equilibrado y sostenible;

Próspero, inclusivo, participativo;

Invulnerable militar, ideológica, social y económicamente;

Con servicios de salud gratuitos y de la mayor calidad para todos;

Solidario, generoso, humanista;

Que repudie todas las formas de discriminación;

Donde no prosperen nunca el crimen organizado, la trata de personas o el terrorismo;

Defensor de los derechos humanos de todos, no de segmentos exclusivos o privilegiados;

Libre de toda forma de violencia, esclavitud, explotación humana;

Con un ejercicio ejemplar de la democracia del pueblo y no del poder antidemocrático del capital;

Capaz de vivir en paz y desarrollarse en armonía con la naturaleza y cuidando las fuentes de las que depende la vida en el planeta.

Compañeras y compañeros:

Nuestro reconocimiento a la intensa labor realizada por Barnet en estos años al frente de la Uneac.

Felicitamos a la nueva dirección de la Uneac, a su presidente electo, Morlote, con la certeza de que comprenden que su misión más importante es desatar una irreconciliable batalla contra la incultura y la indecencia (Aplausos), y en ese bregar los creadores deberán ser, como siempre, como pidió Fidel en Palabras a los intelectuales:  más que espectadores, actores.

Un mundo mejor es posible.

Esa certeza la heredamos de nuestros padres y tenemos el deber de sostenerla para nuestros hijos.

¡Somos Cuba!   ¡Somos continuidad!

¡Patria o Muerte!

¡Venceremos!

(Ovación)

(Versiones Taquigráficas – Consejo de Estado)

 

 

La Rutgers University honore Paul Robeson en lui consacrant une place

cette inauguration intervient dans un contexte de manifestation syndicales que n’aurait pas désavoué Paul Robeson et pourtant celui qui a tenté de s’adresser aux invités a été arrêté et repoussé. Mais l’ensemble dit bien comment Robenson qui avait tous les talents mais à qui l’Amérique reprochait ses sympathies communistes est rentré en grace dans une Amérique qui se cherche et ne se contente plus de ses certitudes aticommunistes et de la glorification d’un capitalisme indépassable (note et traduction de Danielle Bleitrach)

L’Université Rutgers a rendu hommage vendredi à  Paul Robeson – un étudiant , citoyen, athlète et activiste  exemplaire – avec l’inauguration d’une place en son nom sur le campus de College Avenue au Nouveau-Brunswick.

« Ce qui était si extraordinaire chez mon grand-père, c’est que plus il réussissait, plus il était riche, plus il était célèbre, plus il était devenu chanteur et acteur accompli, moins il était concentré sur lui-même et plus il était attentif à la souffrance des autres », a déclaré Susan Robeson, la petite-fille de Robeson, une ancienne élève de Rutgers.

Le président de Rutgers, Robert Barchi, le chancelier Rutgers-Nouveau-Brunswick, Christopher Molloy, et environ 500 invités, professeurs, étudiants et anciens élèves se sont joints à elle pour assister à la coupe du ruban du Paul Robeson Plaza, au coin de College Avenue et de Seminary Place.

« Il ne fait aucun doute, comme vous venez de l’entendre, que Paul Robeson est l’un des plus grands des centaines de milliers d’anciens élèves de Rutgers. En fait, nous ne reverrons peut-être jamais autant de talents réunis en une seule personne », a déclaré Barchi.

Le Paul Robeson Plaza du campus de l’Université Rutgers-Nouveau-Brunswick a été dévoilé le vendredi 12 avril 2019.
Catherine Carrera / NorthJersey.com

Cet événement était l’un des nombreux rendant hommage à la vie de Robeson dans la célébration du centenaire de Rutgers, qui a duré un an. Athlète vedette avec une moyenne pondérée cumulative élevée, Robeson obtint son diplôme de valedictorian et prononça le discours d’ouverture le 10 juin 1919.

Plus: Marquez un pour Rutgers: Paul Robeson, autrefois décrié, redevient un grand homme sur le campus

Plus: Basketball Rutgers: Le morceau de l’héritage de Paul Robeson que vous ne connaissez probablement pas

Plus: L’ art et l’activisme sont des leçons de Paul Robeson

Barchi en grève potentielle

La célébration de Robeson par Rutgers, qui est devenue une artiste de scène, une star de cinéma et un activiste mondial, a coincidé avec le hérissement de pancartes sur des bâtiments adjacents manifestation d’ un corps enseignant prêt à lutter contre les inégalités salariales entre les races, les sexes et entre les campus.

Les panneaux avertissaient que « le temps comptait » pour une éventuelle grève et demandaient aux étudiants et aux professeurs de s’inscrire aux piquets de grève.

Rutgers AAUP-AFT et les équipes de négociation des universités se sont rencontrés à plusieurs reprises cette semaine, y compris le vendredi, et des sessions supplémentaires étaient prévues jusqu’au lundi. Les équipes se rencontrent depuis plus d’un an pour tenter de parvenir à un nouvel accord. Les membres du syndicat le mois dernier ont donné à leurs dirigeants l’autorisation d’appeler à la grève dans le cadre des négociations. Si une grève est déclenchée, ce sera la première des 253 années d’histoire de l’école.

Plus: Voici ce qui se passerait si la faculté de l’Université Rutgers se mettait en grève

Constitué de plus de 4 800 professeurs et diplômés, le syndicat souhaite que l’université réponde à ses exigences en matière d’équité salariale, engage davantage de professeurs à temps plein et augmente le salaire des assistants des cycles supérieurs et des assistants d’enseignement, rémunérés en moyenne à 26 000 $. Ils demandent également un salaire minimum de 15 $ pour les étudiants travailleurs.

Malgré la grève imminente, Barchi a déclaré vendredi qu’il n’était pas inquiet.

« Je pense que nous avons une grande faculté ici et que des gens formidables dirigent les syndicats et discutent de cela avec nous », a déclaré Barchi à NorthJersey.com et au réseau américain TODAY NET dans le New Jersey à propos de la menace de grève du syndicat si un accord n’était pas conclu rapidement .

« Je pense que nous sommes sur le point de nous entendre », a déclaré Barchi. «Je suis pleinement convaincu que nous aurons un accord et que nous ne verrons pas ici la moindre interruption de travail. Je ne suis pas trop inquiet.

Une membre du syndicat, Julie Flynn, une enseignante du programme d’écriture de l’école, a tenté de s’adresser aux invités lors de la cérémonie des informations sur les efforts du syndicat et une éventuelle grève, mais les policiers de l’université ont ordonné à la police de l’arrêter parce que ses actions étaient considérées comme des manifestations.

« L’officier de police m’a demandé de me rendre dans une zone réservée aux piquets de grève, très loin de là, ce qui est un problème car Paul Robeson était un activiste et c’est le genre de chose à laquelle il serait favorable », a déclaré Flynn.

L’histoire continue sous la galerie

Mais alors que le soleil se levait à travers un ciel nuageux et que la pluie tombait vendredi après-midi, les négociations sur les contrats ne semblaient pas préoccuper les 500 invités réunis pour célébrer l’un des anciens élèves les plus acclamés de Rutgers, qui se sont battus pour l’égalité des droits. les gens opprimés.

La place comporte huit panneaux de granit noir gravés à l’eau-forte qui décrivent les années Rutgers et plus tard de Robeson: star du football, orateur émérite, Phi Beta Kappa et membre de la société d’honneur Cap and Skull, et entre autres moments remarquables, un chanteur de concert devenu célèbre dans les années 1930 et 1940.

La classe Rutgers de 1971 a fait un don de 241 000 $ pour la création de la plaza sur le campus du Nouveau-Brunswick.

Au coin de la place, une exposition d’art intitulée « Portraits de Paul Robeson » peut être visionnée au Zimmerli Art Museum jusqu’au 28 avril.

Le Nouveau-Brunswick a également célébré l’héritage de Robeson. La ville a été rebaptisée une partie de l’avenue commerciale sur 3 km, l’une de ses artères principales, « Paul Robeson Boulevard ». Il y aura une place dédiée au nom de Robeson avec une statue à Feaster Park, au large de l’avenue Commercial.

« Mon plus grand espoir est que les étudiants d’aujourd’hui s’efforcent de devenir des citoyens du monde qui transcendent les frontières et s’attachent aux problèmes de la paix et de la justice sociale aux quatre coins du monde – et qui, comme Paul, ne craignent jamais de dire la vérité au pouvoir », a déclaré Susan Robeson.

Email: carrera@northjersey.com

 

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel était aujourd’hui au Printemps de Bourges

il a donné quelques précisions utiles sur les conséquences du vote aux européennes… (note de danielle Bleitrach)
Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel était aujourd'hui au Printemps de Bourges

Delphine Piètu, Fabien Roussel et Jean-Michel Guérineau dans les allées du festival.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, était aujourd’hui en visite sur le Printemps de Bourges à la rencontre des acteurs du festival, des syndicats et des militants.

La tradition fut respectée, aujourd’hui, avec la visite du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur le Printemps de Bourges.

Cela fait en effet des années que pour chaque édition, les secrétaires nationaux communistes viennent se promener dans les allées du festival à la rencontre des festivaliers et des militants PCF du Cher. C’était en plus une première pour Fabien Roussel (également député du Nord) qui n’était jamais venu sur le Printemps de Bourges. Une belle découverte visiblement pour celui qui se dit « spécialiste des festivals du Nord », et tout particulièrement d’un festival d’accordéons qu’il a longtemps présidé.

Déambulation dans les allées du Printemps donc ponctuée d’une rencontre avec les responsables du festival en compagnie de Delphine Piétu (candidate sur la liste européenne), Magali Bessard (conseillère municipale de Bourges) et Jean-Michel Guérineau (secrétaire départemental du Cher). Direction ensuite le siège de la fédération à Bourges où Fabien Roussel avait souhaité une rencontre avec plusieurs syndicats départementaux. L’occasion de « prendre le pouls » des revendications syndicales et d’écouter leurs doléances.

Contre l’abstention

Mais c’est aux militants communistes que Fabien Roussel a réservé un discours offensif à la fois sur la politique du président Macron et surtout sur les prochaines échéances Européennes. Fabien Roussel veut que les citoyens se saisissent de cette élection « pour envoyer un message clair à Emmanuel Macron » et « dénoncer sa politique ultra-libérale en faveur des plus riches ». Il se bat également, avec tout autant de force, sur « le réflexe de s’abstenir au premier tour pour ensuite voter contre le Front national ». Fabien Roussel ne veut pas entendre cet argument de l’abstention. « Les élections Européennes sont un scrutin à un seul tour et il n’y aura donc pas d’autres chances de dénoncer la politique française ».

Le mode de scrutin accorde un député et plus suivant les résultats, aux listes dépassant les 5 %. « Si vous votez pour un parti proche des 8 % et qu’il progresse d’un point, il n’aura qu’un seul député en plus, tandis que si la liste PCF conduite par Ian Brossard atteint les 5 %, cela voudra dire quatre députés pour nous… » CQFD.

Le temps de la campagne s’écourte, les élections sont le 26 mai prochain, et Fabien Roussel exhorte les militants à convaincre ceux qui ne comptaient pas voter.

Frank Simon

 

Rubén Velázquez : le chant de la mémoire et des racines meurtries…

écrit par Nicolas Coulaud 28 mars 2019 08:08

Grand interprète d’œuvres lyriques, le ténor toulousain Rubén Velázquez tisse aujourd’hui avec son association La Dame d’Aragon des liens culturels forts entre l’Occitanie et la province de Saragosse. Son histoire familiale, ses ascendances castillanes, nous tendent aussi le miroir d’une Espagne tourmentée, de ses mystères et de ses sortilèges.

Ruben Velasquez

La voix est suave, le timbre chaleureux. Attablé dans un café du Vieux Toulouse par une matinée froide et ensoleillée, Rubén Velázquez parle d’un ton posé, marque des silences comme pour mieux laisser vagabonder sa mémoire. Quelques semaines après la double représentation à la Halle aux grains de Hambre, Jota & Zarzuela, spectacle plastique et musical promu par son association La Dame d’Aragon, le ténor international, né dans la ville rose dans les années 50, semble reprendre le fil d’une longue discussion. L’histoire de sa famille (d’un côté des paysans sans terres du village de Navaluenga, dans les environs d’Ávila, et de l’autre les descendants de la noblesse d’épée d’une vieille lignée de Ségovie), son enfance et son adolescence passées en divers lieux de la rive gauche toulousaine, sa carrière de chanteur lyrique, de Barcelone à Milan en passant par Trieste, Madrid ou Venise : les grandes étapes, les faits indélébiles, mais aussi les détails et les anecdotes de sa vie et de son parcours passent tour à tour dans la voix et les mots du chanteur.

Des nombreux souvenirs qui remontent à sa mémoire, Rubén Velázquez évoque immédiatement des rues, des adresses, des numéros. Une façon de fixer sa géographie intime, sa topographie sentimentale, à la manière d’un Patrick Modiano… Naissance à Saint-Cyprien, au 76 rue Réclusane, dans ce quartier populaire peuplé d’exilés espagnols, de gitans, de familles pauvres qui vivent sans eau courante ni électricité dans des pièces souvent borgnes dont le sol n’est fait que de terre battue. « Je suis un enfant de Saint-Cyprien. Après la rue Réclusane, nous sommes allés vivre rue de Cugnaux, où j’ai passé l’essentiel de ma jeunesse, comme mon frère. Tous les jours ma mère partait travailler. Elle vendait notamment des beignets, des bonbons. D’abord de façon ambulante, avant d’ouvrir un stand aux halles de Saint-Cyprien. Quand j’étais petit, vers 4 ou 5 ans, je ne supportais pas que ma mère me laisse seul. Quand je n’étais pas à l’école, je l’accompagnais souvent au cours de ses tournées, dans les music-halls, les cafés, aux arènes du Soleil d’Or, tous les endroits où il y avait des animations» raconte Rubén Velázquez.

De bals en cabarets

Cantatrices, catcheurs, mimes, toreros, le tout jeune Rubén grandit dans un univers où se mêlent artistes et gens du spectacle. « Quand j’ai huit ou neuf ans, j’ai pris l’habitude d’aller tous les dimanches chez une sœur de ma mère qui avait la télévision. Nous regardions un programme de concerts classiques qui passait à 17 heures. Je pense que cela a été un éveil musical très important » poursuit-il. Les années passent. Rubén Velázquez fait la découverte des bals populaires. Aux halles de Saint-Cyprien, il donne parfois un coup de main aux membres d’un petit orchestre tenu par un caviste du marché. Le groupe se produit dans des messes, des apéros-concerts. Il faut transporter le matériel, le sortir, le ranger. Un beau jour, l’adolescent se voit proposer de monter sur scène pour pousser la chansonnette. Il accepte, se révèle doué, reproduit l’expérience dès que l’occasion se présente, écume les bals. La passion s’empare de lui. Le travail et la persévérance feront le reste.

Au début des années 70, il s’inscrit au Conservatoire. Un soir, une femme frappe à la porte de la maison familiale. C’est Caroline, sa tante paternelle, chanteuse émérite au Liban, qui a fui le pays du cèdre où s’abat la guerre civile. Durant tout le temps qu’elle passe à Toulouse, elle donne à son neveu des cours de chant, lui inculque le répertoire classique mais aussi celui du cabaret. En l’espace de quelques années, Rubén Velázquez se perfectionne au point de pouvoir se présenter à divers concours internationaux et de s’y distinguer. Vienne, Pampelune, Madrid, puis la consécration à La Scala de Milan, à Barcelone et à Venise, auprès de Jaime Francisco Puig et Aldo Danielli. A Trieste, il débute dans Mozart et Salieri, l’opéra de Rimski Korsakov, avant d’enchaîner les premiers rôles dans les œuvres de Beethoven, Verdi, Bizet, Offenbach…

Ruben

Vicente Pradal, Rubén Velázquez et Serge Guirao

L’Espagne, tableau tragique…

D’une telle carrière, accomplie pendant près de trente ans sur les plus grandes scènes du monde, ponctuée également d’œuvres personnelles telle YedraHispanias miticas ou encore La Nuit obscure avec Vicente Pradal et Serge Guirao, Rubén Velázquez évoque des épisodes qu’il relate sans aucune vanité. « Quand on sait d’où je viens, quand on y pense… » confie-t-il soudain au gré de la conversation, avec le regard voilé de ceux qui n’oublient pas leurs racines, ni les sacrifices consentis par leurs aïeux. Car l’histoire de cet « enfant de Saint-Cyprien », celle de sa famille, convoque peu ou prou tous les éléments du tableau tragique de l’Espagne du siècle écoulé. Côté maternel, c’est « l’exil de la famine » qui pousse dans les années 1910 le grand-père de Rubén Velázquez, Antonio de Pinto, à quitter les environs d’Ávila, l’immensité écrasante de la Vieille Castille, sa sécheresse et son aridité, pour s’installer à Trèbes, dans l’Aude, afin de travailler dans les vignes comme manœuvre dans l’espoir de nourrir enfin femme et enfants.

Vingt ans plus tard, dans une famille noble des alentours de Ségovie qui ne cachait pas ses sympathies franquistes et phalangistes, deux frères âgés de 16 et 17 ans, fascinés par Marx et Engels, décident en 1936 de prendre les armes pour défendre la cause républicaine. Luis et Antonio Velázquez montent au front. Le jeune Luis y sera blessé et une jambe broyée le laissera en partie invalide. En 1939, lors de la « Retirada » dont on commémore en ce moment-même les 80 ans, il connaît parmi tant d’autres l’internement dans les camps d’Argelès-sur-Mer, au sud de Perpignan, et de Noé, en Haute-Garonne. A Noé justement, durant l’hiver 39/40, une jeune femme depuis longtemps déracinée de sa Castille natale vient en aide aux Républicains vaincus et humiliés. C’est ainsi que Juliette de Pinto et Luis Velázquez, les futurs parents de Rubén, se rencontrent. Parti rejoindre son frère Antonio dans le maquis auvergnat où tous deux serviront en 1944 parmi les guerilleros espagnols engagés dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), Luis Velázquez ne reviendra à Toulouse qu’une fois la guerre terminée. Antonio restera quant à lui à Clermont-Ferrand, où il entrera chez Michelin avant de s’envoler un jour pour l’Argentine.

Ruben Velasquez

La faim, l’exil, les conflits armées, la famille déchirée, la diaspora, les ruptures, les adieux, les tabous, les aveux : il y a sans aucun doute dans l’histoire de Rubén Velázquez tout ce qu’une trajectoire individuelle peut révéler d’un destin collectif. Celui de l’Espagne contemporaine, ses racines meurtries, sa dictature, mais aussi sa transition démocratique symbolisée par la « movida » des années 70 et 80, que d’aucuns disent inachevée… « L’Espagne est une douleur énorme, profonde, diffuse » écrivait José Ortega y Gasset. Rubén Velázquez, dans l’évocation discrète de sa mémoire et de ses souvenirs ensevelis, pourrait entièrement faire sienne cette si belle phrase du philosophe madrilène…

Nicolas Coulaud

photos  ©  Pierre Beteille  /  Culture 31

 

Marilyn et pasolini le petit peuple et la beauté comme une poussière d’or disaparue…

Avec l’un de ses plus beaux poèmes, Pasolini revient aux racines du drame, la pauvreté initiale, l’immense vulnérabilité de la beauté. C’est un poème de Pasolini traduit par René de Ceccatty dans « La Persécution », éditions Poésie Points.

Marilyn dans un restaurant de la ville de New York, mars 1955.
Marilyn dans un restaurant de la ville de New York, mars 1955. Crédits : Ed Feingersh/Michael Ochs Archives – Getty

Du monde antique et du monde futur / n’était resté que la beauté, et toi, / pauvre petite sœur cadette, / celle qui court derrière ses frères aînés, (…) 

toi petite sœur la plus jeune de toutes, / cette beauté tu la portais humblement, / avec ton âme de fille du petit peuple, 

/ tu n’as jamais su que tu l’avais, / parce qu’autrement ça n’aurait pas été de la beauté. / Elle a disparu, comme une poussière d’or.

 

Pier Paolo Pasolini, « Marilyn », in La persécution. Une anthologie (1954-1970), préface et traduction René de Ceccatty, Editions Poésie Points, édition bilingue.

 

Waesaw Ghetto : Paul Robeson sang in yiddish