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Cuban network , l’épopée et le bon film d’aventure…

Hier j’ai vu le film Cuban network alors que la veille j’avais lu dans le numéro de Positif de février l’interview de son auteur sur les conditions du tournage dont il parle comme d’un quasi cauchemar, tant il a été suspendu jusqu’à la dernière minute  aux autorisations.  Quand elles lui ont été données,  il a eu  une totale aide du pays malgré son manque de moyens (pas d’hélicoptères pour le tournage) et le fait qu’il était impossible alors de tourner les scènes de Floride en Floride. Malgré ce cela lui a permis un petit budget parce que tout dans l’île est à moindre prix.

Comment le même Olivier Assayas dont de surcroît en général le cinéma est plutôt intimiste est-il arrivé à réaliser ce film qui nous tient en haleine et qui ne trahit pas trop ce que fut cette odyssée des cinq? Sans doute parce qu’il part d’un livre qu’il dit brouillon et très pro-castriste de Fernando Morales (Les derniers soldats de la guerre froide), mais surtout soyons réalistes parce que son producteur brésilien Rodrigo Teixera, lui a mis le livre et le sujet en main. Financièrement il était un peu cerné et ses acteurs étaient des latinos, plutôt du bon côté. Même le montage réalisé à toute vitesse puisqu’il devait être présenté le 4 juillet à la sélection de Venise a été déterminé par le tournage terminé le 4 mai. Assayas dit n’avoir rien coupé, il s’est contenté d’ajuster .Donc disons que son film a été pris financièrement et techniquement  dans une ambiance générale moins anti-castriste qu’il aurait pu l’être.

Le scénario autour d’un couple fidèle…

Le film,  a pour héros principal un homme fidèle par excellence, à son pays, au communisme mais aussi à sa femme et à ses enfants, René Gonzales, un ancien militaire qui a servi en Angola, ce qui n’est pas non plus une mince et banale histoire,. Il feint de déserter pour aller infiltrer les terroristes qui attaquent l’île pour empêcher le tourisme de se développer. Les terroristes sont en Floride, à 200 km, ce sont d’Infâmes salopards, trafiquants de drogue, parrains mafieux qui ont des liens avec la CIA et le FBI . L’URSS est en train d’être rayée de la carte, l’île est asphyxiée, faute de nourriture, des biens les plus élémentaires les gens fuient sur des bateaux de fortune. René Gonzalvés vole un avion cubain pour atterrir à Miami. Peu à peu d’autres compagnons viennent le rejoindre  par divers moyens et ils infiltrent les différents groupes,préviennent les attentats. Mais le réseau est découvert, ils sont condamnés à de lourdes peines de prison s’ils refusent de collaborer, et sur la dizaine cinq refusent dont René.. Le film s’arrête là et il y manque non seulement ce qu’ont été pour eux pour leur famille, pour le peuple cubain cette incarcération. Il n’est donc pas question de ce qui a suivi leur longue incarcération,  c’est-à-dire la manière dont a été obtenu leur libération, cette lutte de tout un peuple qui s’élargit à l’Amérique latine puis au monde entier… Un autre sujet qui devrait être traité par un Eisenstein…ou même par l’auteur du superbe « Soy Cuba ».(1)..

Résumons le diagnostic en quelques mots: Cuba est une épopée, Cuban network un bon film d’aventure.

Ce peuple de l’épopée cubaine,  réclamant inlassablement la libération de leur cinq héros, a pour moi un visage, celui d’un française, Marie Dominique. Elle a été emportée par un cancer foudroyant et a fait don de son corps à la science cubaine, effectivement il n’y avait pas un millimètre de son âme et de son corps que Marie Do n’avait pas donné à Cuba, à sa Révolution. Elle était mon amie. En regardant le film, Marie-do, l’immense peuple cubain dont les dirigeants sont le reflet, tous m’ont manqué, mais ils n’ont pas été totalement absents. La principale qualité du film est la sincérité, le fait qu’il n’a pas de sous entendu, il est direct. comme dans les films d’aventure classique. C’est renforcé par une bande son efficace et avec des trouvailles remarquables, par exemple quand les explosions ont lieu dans les hôtels, on voit le terroristes payé par les fascistes de Miami qui dépose ses engins pour empêcher le tourisme de se développer et le fracas de la bombe est couvert mais aussi exprimé par le bruit des vagues tapant sur la rambarde de Malecon, ce bruit familier et si fréquent symbole de l’île mais aussi du siège qu’elle subit.

la guerre comme un jeu ? certainement pas…

Assayas est efficace  parce qu’il s’engouffre dans les codes les plus établis du cinéma d’aventure et il utilise une voix off pour nous aider à accélérer la lecture d’un film qui aurait pu être trop bavard.. La plupart des critiques que j’ai entrevu sur le sujet déduisent de ce choix quelque chose qui est à la fois vrai et faux. Il y aurait une sorte de plaisir comme dans un James Bond entre les deux adversaires,les Etats-Unis et Cuba, ils jouent à cache-cache comme dans la scène où la chasse cubaine abat les avions des terroristes de Miami. C’est vrai, dans la manière dont les Cubains défient la principale puissance du monde il y a un côté sportif, parfois cela va jusqu’au rire comme quand on a gagné dans une partie de pelota (le base ball); Cela s’accompagne d’une absence de chauvinisme stupéfiant, une sympathie pour le peuple américain qui désarçonne. On retrouve cela dans le film, ce n’est pas simplement du à la volonté d’Assayas de ne pas faire un film trop pro-castriste, cela existe réellement. Mais c’est aussi de l’intelligence politique et il faut un sacré niveau pour tenir une telle attitude, ne jamais donner dans la paranoïa.

Parce que ce n’est pas un jeu que de subir ce qu’ils subissent depuis 1959, pour avoir refusé de rester une colonie des Etats-Unis, d’en être le bordel et le lieu préféré de la mafia… Pour avoir nationalisé les biens des magnats en réponse aux attentats déjà… ce serait  abominablement erroné de l’imaginer un seul instant , parce que le courage qu’a du déployer Cuba face à ce monstrueux adversaire est surhumain.  Ils ont payé et continuent à payer le prix fort d’une véritable torture, la plus injuste qui soit. Autre qualité du film, il était difficile de comprendre comment fonctionne le réseau d’organisations « anti-castristes » de Miami,les armés, ceux qui pratiquent le trafic de drogue, ceux qui ont une couverture humanitaire et leurs liens avec le FBI hérité de Hoover ce grand paranoïaque anti-communiste. On en retire une impression générale de corruption, d’impunité de véritables gangsters, qui n’est pas inexacte. Mais cette description de la mafia anticastriste et sa haine tranche avec les habitants ordinaires de Miami, le désir profond des familles d’être réunies, ce qui est également vrai..

Face à un tel ennemi on ne doit pas baisser la garde un seul instant. ,On ne peut pas faire confiance à un ennemi qui jamais ne tiendra sa parole.

Une scène du film passe très vite sur la manière dont le réseau de lutte antiterroristes infiltré à Miami a été découvert et les cinq condamnés pour avoir refusé de « coopérer ».  Pourtant c’est révélateur. De cela je ne parlerai pas plus que le film, parce que c’est aux Cubains de dire comment cela s’est passé et qui a été assez naïf pour tenter de coopérer avec les autorités américaines pour qu’ils mettent hors d’état de nuire  les terroristes et trafiquants comme Posado Carriles qui sévissent sur leur sol. C’est à partir d’un échange de documentation entre le gouvernement cubain et celui des Etats-Unis, que le FBI loin de mettre hors d’état de nuire ceux qui portaient la mort contre Cuba et toute l’Amérique latine, a arrêté puis condamné les cinq pour espionnage sur  le sol américain. Ce que Fidel explique dans un cours interview d’une manière très claire: « le pays le plus espionné accusé d’espionnage et celui qui ne fait que se défendre pour tenter d’arrêter les terroristes qui tuent sur son sol, condamné pour terrorisme! » Parce que quelqu’un a cru en la bonne foi des USA, le réseau a été démantelé et les 5 héros ont payé.

Il l’ont fait avec une dignité, un courage dont le personnage de René Gonzales donne une vision intimiste  mais forte.

Oui le peuple cubain manquait et pourtant le choix de René Gonzales comme héros principal d’un certain côté permettait d’en exprimer beaucoup de qualités. ce choix ne paraissait pas évident pour qui avait suivi l’affaire des 5. Sans doute parce qu’il avait justement le tempérament secret alors que Gerardo (dans le film sous son nom d’emprunt Manuel Viramontes) est le Cubain type, joyeux, extraverti, à la manière d’un Raoul Castro avait souvent la vedette.  il  était le porte-parole du groupe. René, joué par Edgar Ramirez avec qui Assayas avait déjà tourné Carlos, beaucoup plus introverti fait du film une énigme . En même temps, ce personnage secret  rend justice au sens moral, à l’esprit de sacrifice, à l’humanité du héros cubain, comme l’amour avec sa femme (jouée d’une manière magnifique Penélope Cruz) témoigne d’une sorte de fidélité à l’engagement, cette dépendance amoureuse que les Cubains à l’inverse des français ne craignent pas d’exprimer.

Sans toutefois négliger  aussi ceux qui les entourent y compris l’invraisemblable Juan Pablo Roque qui est lui un véritable aventurier, Je dois dire que les scènes de son mariage, qui est sensée décrire  « miami vice » comme elle ont  été tournées à Cuba font un peu miteux par rapport au luxe flamboyant des mafieux de Floride.  Les personnages principaux , ceux du réseau et les mafieux, les épouses,  sont peints dans des scènes d’action menées tambour battant avec d’autres personnages qui traversent l ‘écran, des figurants qui lui imposent son rythme rapide, celui des truands, mercenaires en Amérique latine,..  Tous les trucs d’un récit alerte, palpitants sont utilisés pour que le rythme ne retombe jamais, mais peut-être ceux qui n’ont pas vécu de l’intérieur ces vingt années, celles de la chute de l’URSS dans laquelle faute d’engrais, la récolte de la canne ne cessait de baisser et où il a fallu installer un tourisme dans une île assiégée, où l’on crevait littéralement de faim, je peux en témoigner et où il a fallu faire face au sabotage n’ont-ils pas toutes les clés que le film ne donne pas…

Mais où est passé le peuple cubain? 

Le peuple de Cuba est filmé d’une manière assez passive dans laquelle est privilégié l’effet esthétique, par exemple quand les tracts  des anticastristes tombent comme de la neige dans les coursives d’un immeuble. Puis dans les assassinats où l’on suit le terroriste salvadorien effrayé, au bord de l’évanouissement d’hôtel en hôtel, des mercenaires et des chauffeurs de taxi… Les anticastristes ont cru que l’île allait tomber, les foules protestaient, d’autres tentaient de les empêcher de s’enfuir… Fidel est arrivé et  a dit « laissez les partir! » et tout s’est retourné la foule a crié « Vive Fidel! » cela n’est pas montré. Seulement des uniformes, mais aussi la solidarité familiale… Autour de la femme du « Gusano » (ver de terre traduit par traître). A disparu tant de choses, tant d’héroïsme anonyme…

Et le film est juste dans les eaux de ce que l’on peut montrer pour rester crédible dans ce petit monde médiatique, il est même mieux que ça, parce que ne serait-ce dans le personnage de René passe quelque chose d’un engagement humaniste, de l’incapacité de rompre avec sa morale jusque dans le combat le plus âpre… 3Eux ils sont comme ça, moi je ne peux pas! »… je l’ignore chacun sans doute le lit à sa manière… L’intervention de Fidel me parait tout dire sur le fond, elle sera interprétée par d’autres comme la paranoïa d’un régime, mais oui… Il y a beaucoup de gens comme ça…même chez les communistes ou qui se disent tels. Il y a un effet Koulechov (2) non seulement entre plans, mais aussi entre les plans et les stéréotypes des spectateurs.  Incontestablement , en France tout a été fait pour que se dégrade l’image du communisme. Les motivations du héros en deviennent obscures, renforcé par le silence de René et les non-dits de son épouse. Pourquoi laisse-t-elle leur dernière fille à Miami?

S’il suivait de plus près encore la vérité, serait-il crédible en Occident, en France ? 

Je serais curieuse de savoir comment perçoivent ce film  ceux qui ne connaissent pas Cuba, ceux qui ont été irradiés par la propagande anticommunistes, il en existe même à l’intérieur du PCF. Au passage remonte en moi la colère qui me hante, celle de l’Humanité, mon journal, dans ces années-là, appuyant sur invitation de Robert Ménard alors dirigeant de reporter sans frontière « un dissident » cubain. Robert Ménard qui a reconnu lui -même être appointé par les Etats-Uns.Les bobos parisiens se réunissant aux champs Elysées pour dénoncer « la dictature de Castro », à l’appel de Ménard, avec affiches de Publicis grand format, un grand portrait de Fidel « Cuba si , Castro no »… l’ambassade de Cuba prise d’assaut par une bande de nervis le tout avec l’appui de  Laurent Fabius qui pour cette occasion en appelle aux mannes de …Salvador Allende… Qui comme lui seul et les bobos le savaient avait été assassiné par… Castro toujours lui…  Oui on entendu tout cela au sein de la gauche… Quand on a vécu ces moments-là en tentant en vain de faire partager l’héroïsme cubain, on se dit que le film d’Assayas est ce qui pouvait sortir de mieux de la France

Donc allez voir ce film et dites vous bien que les héros furent encore plus nombreux, plus exemplaires que ce qu’ils apparaissent ici et que ce peuple à la fois héroïque, joyeux, d’une immense culture et passionné vous attends…

Danielle bleitrach

(1) Soy Cuba (en russe : Я — Куба) est un film soviéto-cubain en noir et blanc réalisé par Mikhaïl Kalatozov, sorti en 1964.

(2) Au cinéma, l’effet Koulechov est un effet de montage par lequel les spectateurs tirent plus de sens de l’interaction d’un plan (prise de vue) avec un autre plan auquel il est associé, que d’un plan isolé.

 

De la candeur de nos chaînes en continu… et autres journaux télévisés…

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Il y décidément dans nos télévisions des gens qui ont un tempérament candide, ils ne voient malice à rien… Ainsi aujourd’hui on apprend que Trudeau a affirmé que le Boeing 637 ukrainien qui s’est crashé dans la banlieue de Téhéran en faisant 176 morts aurait été abattu par un missile iranien qui passait par là…

Déjà Trudeau j’ai comme un doute, souvenez-vous de ces deux imbéciles Trudeau et notre Macron pouffant de rire face aux ridicules du président Trump au sommet de l’OTAN. Il s’était fait remonter les bretelles par les Canadiens qui non sans pertinence jugeaient que le Canada n’a pas à se conduire comme un gamin facétieux face à l’ogre voisin… Il s’est dit comme notre Macron que c’était l’occasion de rentrer en grâce… Sur le dos des Iraniens, entre nous je ne suis pas sûre que Trump les en estime plus… mais enfin j’ai du mal à percevoir la psychologie de Trump qui a la moitié du cerveau comme un adepte du klux klux klan et l’autre comme un tiroir-caisse… Mais le fait est que même avec un président un peu moins atrabilaire, la diplomatie exige des qualités dont ces trois-là paraissent dépourvus… et qu’ils compensent pas un mépris total de ce que peut penser de leurs affirmations un être raisonnable…

Donc Trudeau affirme que l’avion ukrainien a été abattu par un missile iranien qui voletait à proximité de son aéroport et qui il trouve comme caution : « les services de renseignement américains « ! déjà on se dit que n’importe qui aurait des doutes et attendrait le résultat de l’enquête. Celle-ci serait laissée à un commission dans laquelle les Etats-Unis auront le meilleur rôle et nous annonce cela sans le moindre sourire…

L’impérialisme est l’impérialisme, il a ses exigences qui n’ont rien à voir avec la psychologie mais qu’il y ait à la tête de ces principales puissances comme les Etats-Unis, mais aussi de la France et du canada, des gens incapables de sortir d’eux-mêmes au point que tels des pervers narcissiques, ils ne craignent pas d’affirmer n’importe quoi et de prétendre nous convaincre par leur seule assurance, est déjà un problème qui intéresserait le freud de malaise dans la civilisation,. BIen, mais  ce comportement parait contagieux dans toute la médiacratie. Il n’y a plus que Meurice, le chroniqueur humoriste de France inter dont les propos paraissent être in fine frappés du coin du bon sens Comme quand  il dit qu’il y ait un mec décidé de mettre le feu à la planète et que Manu lui suce le briquet, voilà ils sont deux désormais, Macron et Trudeau en « suce-briquet »…

trois plutôt…

Parce qu’ intervient le troisième larron, le gouvernement ukrainien dont chacun connaît la fiabilité, le caractère totalement incorruptible du régime et l’indépendance à l’égard de Etats-Unis. Et bien, il n’y a pas eu un journaliste pour mettre en doute la véracité des auteurs des déclarations ci-dessus. Il est vrai que nous sommes désormais aux avant-postes de la guerre des Etats-Unis face à l’Irak.

Mais je dois dire que quand j’écoute nos chaines d’information en continu et nos journaux télévisés, je me dit que dans le fond pourquoi ils ne se considèrent pas comme d’honnêtes tabloïds et nous parlent pas des malheurs de la couronne britannique au moins c’est distrayant et là une certaine candeur ne nuit pas ?

J’ai une autre question? Pourquoi dans ce débat sur les retraites personne ne dit à quel point l’argument du coût de la retraite, argument démonté dès que l’on rentre un peu dans le coût de l’opération jusqu’ici, donc pourquoi on ne demande pas le coût de notre armée installée en Irak et ailleurs.

Il y avait beaucoup de jeunes à la manif de hier, ils me regardaient avec étonnement et joie, nous avons discuté quand je leur ai parlé du coût de nos expéditions militaires, ils ont été étonnés, ils l’ignoraient…

 

Danielle Bleitrach

 
 

Noam Chomsky: ce sont les États-Unis, et non l’Iran, qui menacent le plus la paix mondiale

Dans un discours prononcé samedi à la New School de New York, Noam Chomsky a expliqué pourquoi il pensait que les États-Unis constituaient la plus grande menace pour la paix mondiale. «[Les États-Unis] sont un État voyou, indifférent au droit et aux conventions internationales, qui a le droit de recourir à la violence à volonté. … Prenons, par exemple, la doctrine Clinton – à savoir, les États-Unis sont libres de recourir à une utilisation unilatérale de la puissance militaire, même à des fins telles que garantir un accès sans entrave aux marchés clés, aux approvisionnements énergétiques et aux ressources stratégiques – sans parler de la sécurité ou des allégations de préoccupations humanitaires. Et l’adhésion à cette doctrine est très bien confirmée et pratiquée, car il n’est guère nécessaire de discuter entre les personnes désireuses de regarder les faits de l’histoire actuelle. « Chomsky a également expliqué pourquoi il croyait que les États-Unis et ses alliés les plus proches, à savoir l’Arabie saoudite et Israël, sapent les perspectives de paix au Moyen-Orient. «Lorsque nous disons que la communauté internationale s’oppose à la politique de l’Iran ou que la communauté internationale fait autre chose, cela signifie les États-Unis et toute autre personne qui s’y rallie.»

Il s’agit de la deuxième partie d’un discours en trois parties. Regarder la partie 1 || Regardez la partie 3

Transcription
Ceci est une transcription précipitée. La copie peut ne pas être dans sa forme définitive.

AMY GOODMAN : Nous passons l’heure avec le professeur du MIT, auteur, activiste, dissident politique, Noam Chomsky. Au cours du week-end, il a parlé à un public bondé à The New School ici à New York.

NOAM CHOMSKY : L’ancien Parti républicain est devenu une «insurrection radicale» qui a abandonné la politique parlementaire. Je cite deux commentateurs politiques très respectés et très conservateurs, Thomas Mann et Norman Ornstein de l’American Right Institute de droite. Et en fait, ils peuvent réussir à augmenter les sanctions, voire des sanctions secondaires contre d’autres pays, et à mener d’autres actions qui pourraient conduire l’Iran à se retirer de l’accord avec les États-Unis. Cela ne signifie pas pour autant que l’accord soit annulé. Contrairement à la façon dont il est parfois présenté ici, ce n’est pas un accord américano-iranien. Il s’agit d’un accord entre l’Iran et ce qu’on appelle P5 + 1, les cinq membres détenteurs d’un droit de veto du Conseil de sécurité plus l’Allemagne. Et les autres participants pourraient convenir de poursuivre — l’Iran également. Ils rejoindraient ensuite la Chine et l’Inde, qui ont déjà trouvé des moyens d’échapper aux contraintes américaines sur les interactions avec l’Iran. Et en fait, s’ils le font, ils rejoindront la grande majorité de la population mondiale, le Mouvement des pays non alignés, qui a toujours soutenu vigoureusement le droit de l’Iran à poursuivre ses programmes nucléaires en tant que membre de la NPT. Mais souvenez-vous qu’ils ne font pas partie de la communauté internationale. Donc, lorsque nous disons que la communauté internationale s’oppose à la politique de l’Iran ou que la communauté internationale fait autre chose, cela signifie que les États-Unis et toute autre personne qui s’y rallie, nous pouvons donc les rejeter. Si d’autres continuent d’honorer l’accord, ce qui pourrait se produire, les États-Unis seront isolés du monde, ce qui n’est pas une position inconnue.

C’est aussi l’arrière-plan de l’autre élément d’Obama – ce qu’on appelle l’héritage d’Obama, son autre principale réalisation en matière de politique étrangère, le début de la normalisation des relations avec Cuba. En ce qui concerne Cuba, les États-Unis sont presque totalement isolés depuis des décennies. Si vous regardez, disons, les votes annuels à l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’embargo américain, ils sont rarement signalés, mais les États-Unis votent essentiellement seuls. Seul Israël a rejoint. Mais, bien sûr, Israël viole l’embargo; ils doivent juste voter, parce qu’ils doivent voter avec le maître. Parfois, les îles Marshall ou Palau ou quelqu’un d’autre se joint à eux. Et dans l’hémisphère sud de l’Amérique, les États-Unis sont totalement isolés depuis des années. Les principales conférences hémisphériques ont sombré parce que les États-Unis ne se joignent tout simplement pas au reste de l’hémisphère dans les grandes questions qui sont discutées. Dernière en Colombie, les deux principaux problèmes étaient l’admission de Cuba dans l’hémisphère – les États-Unis et le Canada ont refusé, tout le monde était d’accord – et la guerre contre la drogue aux États-Unis, qui est dévastatrice en Amérique latine, et ils veulent s’en sortir, mais les États-Unis et le Canada ne sont pas d’accord. C’est en fait le contexte de l’acceptation par Obama des étapes vers la normalisation des relations avec Cuba. Une autre conférence hémisphérique allait se tenir au Panama, et si les États-Unis n’avaient pas pris cette décision, elle aurait probablement été rejetée de l’hémisphère, donc Obama a fait de ce qu’on appelle ici un geste noble, une initiative courageuse pour mettre fin à l’isolement de Cuba, bien qu’en réalité c’est l’isolement américain qui ait été le facteur de motivation.

Donc, si les États-Unis finissent par être presque universellement isolés sur l’Iran, ce ne sera rien de particulièrement nouveau, et en fait il y a pas mal d’autres cas. Eh bien, dans le cas de l’Iran, les raisons des préoccupations des États-Unis sont exprimées très clairement et à plusieurs reprises: l’Iran est la menace la plus grave pour la paix mondiale. Nous l’entendons régulièrement de hauts lieux – des représentants du gouvernement, des commentateurs, d’autres – aux États-Unis. Il se trouve aussi qu’il y a un monde autre et qu’il a ses propres opinions. Il est assez facile de les trouver à partir de sources standard, comme la principale agence de sondage américaine. Les sondages Gallup prennent régulièrement des sondages d’opinion internationale. Et l’une des questions qu’elle a posées : quel pays est, selon vous, la menace la plus grave pour la paix mondiale? La réponse est sans équivoque: les États-Unis par une énorme partie de l’opinion mondiale. Le Pakistan est loin derrière – il est sûrement gonflé par le vote indien – et par  quelques autres. L’Iran est mentionné, mais avec Israël et quelques autres, en bas. C’est l’une des choses qui ne sera jamais dite et en fait, les résultats trouvés par la principale agence de vote américaine ne sont pas passés par les portails de ce que nous appelons la presse libre. Mais cela ne disparaît pas pour cette raison.

Eh bien, étant donné la doctrine régnant sur la gravité de la menace iranienne, nous pouvons comprendre la position pratiquement unanime selon laquelle les États-Unis ont le droit de réagir avec la force militaire – unilatéralement, bien sûr – s’ils prétendent détecter un écart iranien par rapport aux termes de l’accord. Donc, encore une fois, en prenant un exemple pratiquement au hasard dans la presse nationale, considérons l éditorial principal dimanche dernier dans le Washington Post. Il appelle le Congrès – je cite – à «préciser que M. Obama ou son successeur bénéficiera d’un soutien pour une action militaire américaine immédiate si une tentative iranienne de construire une bombe est détectée» – signifiée par les États-Unis. Ainsi, l  presse, encore une fois, indique clairement que les États-Unis sont exceptionnels. C’est un État voyou, indifférent au droit et aux conventions internationales, habilité à recourir à la violence à volonté. Mais les éditeurs ne peuvent pas être blâmés pour cette position, car c’est presque universel parmi la classe politique de cette nation exceptionnelle, bien que cela signifie, encore une fois, une de ces choses qu’il ne faudrait pas dire.

Parfois, la doctrine prend une forme tout à fait remarquable, et pas seulement à droite, en aucun cas. Prenons, par exemple, la doctrine Clinton – à savoir, les États-Unis sont libres de recourir à l’utilisation unilatérale de la puissance militaire, même à des fins telles qu’elles garantissent un accès illimité aux marchés clés, aux approvisionnements énergétiques et aux ressources stratégiques – sans parler de la sécurité ou des allégations de préoccupations humanitaires. Et l’adhésion à cette doctrine est très bien confirmée et pratiquée, car il n’est guère nécessaire de discuter entre les personnes désireuses de regarder les faits de l’histoire actuelle.

Eh bien, le Washington Post, les éditeurs expliquent également pourquoi les États-Unis devraient être prêts à prendre des mesures aussi extrêmes dans leur rôle de primauté internationale. Si les États-Unis ne sont pas prêts à recourir à la force militaire, expliquent-ils, alors l’Iran peut – je cite –  «intensifier sa tentative d’établir l’hégémonie sur le Moyen-Orient par la force». C’est ce que le président, le président Obama, appelle l’agression de l’Iran, que nous devons contenir. Pour ceux qui ne savent pas comment l’Iran a tenté d’établir l’hégémonie sur le Moyen-Orient par la force – ou pourraient même rêver de le faire – les éditeurs donnent des exemples, deux exemples: son soutien au régime Assad et au Hezbollah. Eh bien, je n’insulterai pas votre renseignement en discutant de cette démonstration que l’Iran a cherché à établir l’hégémonie sur la région par la force; cependant, sur l’agression iranienne,

Eh bien, ces efforts iraniens choquants pour établir une hégémonie régionale par la force peuvent être mis en contraste avec les actions des alliés américains – par exemple, la Turquie alliée l’OTAN, qui soutient activement les forces djihadistes en Syrie. Le soutien est si fort qu’il semble que la Turquie a aidé ses alliés du Front al-Nusra, le Front al-Nusra affilié à Al-Qaïda, à tuer et à capturer les quelques dizaines de combattants qui ont été introduits en Syrie par le Pentagone en quelques semaines. C’est le résultat de plusieurs années et qui sait combien de milliards de dollars de formation. Ils sont entrés et ont été immédiatement capturés ou tués, apparemment avec l’aide des services de renseignements turcs. Eh bien, plus important que cela est le rôle central du principal allié américain, l’Arabie saoudite, pour les rebelles djihadistes en Syrie et en Irak, et, plus généralement, pour l’Arabie saoudite ayant été – je cite – « une source majeure de financement aux organisations rebelles et terroristes depuis les années 1980. » C’est une étude, une étude récente, par le Parlement européen, répéter ce qui est bien connu. Et plus généralement encore, le zèle missionnaire avec lequel l’Arabie saoudite promulgue ses doctrines radicales et extrémistes wahhabites-safafistes en créant des écoles coraniques, des mosquées, envoyant des religieux radicaux dans le monde musulman, avec un impact énorme. L’un des observateurs les plus proches de la région, Patrick Cockburn, écrit sur la «wahhabisation» de l’Arabie saoudite – «La « wahhabisation » de l’islam sunnite dominant est l’une des évolutions les plus dangereuses de notre époque» – toujours avec un fort soutien américain. Ce sont toutes des choses qui ne mériteraient pas d’être mentionnées, ainsi que le fait que ces développements pernicieux sont une conséquence directe de la tendance à long terme des États-Unis, qu’ils ont repris de la Grande-Bretagne avant eux, pour soutenir l’islam radical en opposition au nationalisme laïc. Ce sont des engagements de longue date.

Il y en a d’autres, comme l’ambassadeur des Nations Unies Samantha Power, qui condamnent la déstabilisation de la région par l’Iran. La déstabilisation est un concept intéressant de discours politique. Ainsi, par exemple, lorsque l’Iran vient à l’aide du gouvernement de l’Irak et du Kurdistan irakien dans la défense contre l’agression d’ISIS, c’est la déstabilisation, et nous devons l’empêcher, sinon l’agression, peut-être. En revanche, lorsque les États-Unis envahissent l’Irak et tuent quelques centaines de milliers de personnes, génèrent des millions de réfugiés, détruisent le pays et déclenchent un conflit sectaire qui déchire l’Irak et, maintenant, toute la région est en lambeaux, et, sur le côté , multiplie par sept le terrorisme dans le monde, rien que la première année, c’est la stabilisation, une partie de notre mission que nous devons poursuivre pour le bien du monde. En fait, l’exceptionnalisme des institutions doctrinales américaines est tout à fait merveilleux à voir.

Eh bien, continue avec le Washington Post son rédacteur en chef, ils rejoignent le négociateur d’Obama, le négociateur d’Obama Clinton, Dennis Ross, Thomas Friedman, d’autres notables, en appelant Washington à fournir à Israël des bombardiers B-52, et peut-être même les bombardiers B-2 les plus avancés, et aussi énormes, ce qui sont appelés informatiquement les pénétrateurs de munitions massives – les briseurs de bunker. Il y a un problème: ils n’ont pas de pistes d’atterrissage pour de gros avions comme ça. Mais ils peuvent peut-être utiliser les pistes d’atterrissage de la Turquie. Et rien de tout cela n’est pour la défense. Ce ne sont pas des armes défensives, rappelez-vous. Toutes ces armes sont des armes offensives qu’Israël peut utiliser pour bombarder l’Iran, s’il le souhaite. Et, vous savez, comme Israël est un client américain, il hérite du maître de la liberté du droit international, donc rien de surprenant à lui donner de vastes fournitures d’armes offensives à utiliser quand il le souhaite.

Eh bien, la violation du droit international va bien au-delà de la menace; elle passe à l’action, y compris les actes de guerre, qui sont fièrement proclamés, probablement parce que c’est notre droit – en tant que nation exceptionnelle à nouveau. Un exemple est le sabotage réussi des installations nucléaires iraniennes par la cyberguerre. Le Pentagone a des vues sur la cyberguerre. Le Pentagone considère la cyberguerre comme un acte de guerre, ce qui justifie une réponse militaire. Et il y a un an, l’OTAN affirmait la même position, déterminée que l’agression par des cyberattaques pouvait déclencher les obligations de défense collective de l’OTAN, ce qui signifie que si un pays est attaqué par une cyberguerre, toute l’alliance peut répondre par des attaques militaires. Cela signifie des cyber-guerres contre nous, pas par nous contre eux. Et la signification de cela est, encore une fois, quelque chose qui ne mériterait pas d’être mentionnée. Et vous pouvez vérifier que cette condition est bien observée.

AMY GOODMAN : Noam Chomsky, s’exprimait samedi à la New School de New York. À notre retour, le professeur Chomsky continue sur la question du Moyen-Orient, des relations américano-israéliennes, de la politique présidentielle et de Donald Trump. Plus en une minute.

[Pause]

AMY GOODMAN : Dans notre démocratie maintenant! spécial, nous continuons notre émission d’une heure avec Noam Chomsky, dissident politique de renommée mondiale, linguiste, auteur, professeur émérite de l’institut au Massachusetts Institute of Technology, où il a enseigné pendant plus d’un demi-siècle. Il est l’auteur de plus d’une centaine de livres. Nous vous apportons le reste de son discours, «On Power and Ideology», qu’il a prononcé ce week-end à The New School ici à New York.

NOAM CHOMSKY : Peut-être que les États-Unis et Israël sont justifiés de se recroqueviller de terreur devant l’Iran en raison de son extraordinaire puissance militaire. Et il est possible d’évaluer cette préoccupation. Par exemple, vous pouvez vous tourner vers l’analyse faisant autorité, une analyse détaillée, du Centre d’études stratégiques et internationales, la principale source de ces informations, en avril dernier, qui a mené et publié une longue étude de l’équilibre militaire régional. Et ils trouvent – je cite – «un cas probant que les États arabes du Golfe ont… un avantage écrasant [sur] l’Iran en termes de dépenses militaires et d’accès aux armes modernes». Ce sont les États du Conseil de coopération du Golfe; c’est Bahreïn, le Koweït, Oman, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis. Ils dépensent l’Iran en armes par huit. C’est un déséquilibre qui remonte à des décennies. Et leur rapport observe en outre que «les États arabes du Golfe ont acquis et acquièrent certaines des armes les plus avancées et les plus efficaces au monde [tandis que] l’Iran a [été essentiellement] contraint de vivre dans le passé, en s’appuyant souvent sur des systèmes initialement livrés à le temps du Shah », il y a 40 ans, qui sont essentiellement obsolètes. Et le déséquilibre est, bien sûr, encore plus grand avec Israël, qui, avec l’armement américain le plus avancé et son rôle de base militaire virtuelle offshore de la superpuissance mondiale, dispose d’un énorme stock d’armes nucléaires.

Il existe, bien sûr, d’autres menaces qui justifient de graves inquiétudes et ne peuvent être écartées. Un État doté d’armes nucléaires pourrait divulguer des armes nucléaires aux djihadistes. Sans blague. Dans le cas de l’Iran, la menace est minuscule. Non seulement les djihadistes sunnites sont les [ennemis] mortels de l’Iran, mais les religieux au pouvoir, quoi qu’on en pense, n’ont montré aucun signe de folie clinique, et ils savent que s’il y avait même un indice qu’ils étaient la source d’un fuite d’arme, eux et tout ce qu’ils possèdent seraient instantanément vaporisés. Cela ne signifie pas que nous pouvons ignorer la menace, cependant – pas de l’Iran, où elle n’existe pas, mais de l’allié américain du Pakistan, où la menace est en fait très réelle. Il a été discuté récemment par deux éminents scientifiques nucléaires pakistanais, Pervez Hoodbhoy et Zia Mian. Dans le principal journal britannique des affaires internationales, ils écrivent que les craintes croissantes de «militants saisissant des armes ou des matières nucléaires et déchaînant le terrorisme nucléaire [ont conduit] à la création d’une force dédiée de plus de 20 000 soldats pour garder les installations nucléaires. Il n’y a cependant aucune raison de supposer que cette force serait à l’abri des problèmes associés aux unités qui gardent des installations militaires régulières », qui ont fréquemment subi des attaques avec« l’aide d’initiés ». En d’autres termes, tout le système est lacé de djihadiste éléments, en grande partie à cause de ce que Patrick Cockburn a décrit, la «wahhabisation» de l’islam sunnite d’Arabie saoudite et avec le ferme soutien des États-Unis, depuis l’administration Reagan. Eh bien, en bref, le problème est assez réel, très réel, en fait. Ce n’est pas sérieusement abordé. Ce n’est même pas discuté. Plutôt,

Les opposants à l’accord sur le nucléaire iranien soutiennent que l’Iran a l’intention de développer des armes nucléaires. Les services de renseignement américains ne peuvent en discerner aucune preuve, mais il ne fait aucun doute que par le passé, ils ont effectivement l’intention de le faire. Et nous le savons parce que cela a été clairement déclaré par les plus hautes autorités iraniennes. La plus haute autorité de l’État iranien a informé les journalistes étrangers que l’Iran développerait des armes nucléaires « certainement, et plus tôt qu’on ne le pense ». « Pour construire une bombe nucléaire. » Et un rapport de la CIA avait également, selon leurs propres mots, « aucun doute » que l’Iran développerait des armes nucléaires si les pays voisins le faisaient, comme ils l’ont bien sûr fait.

Tout cela était sous le Shah, la «plus haute autorité» qui vient d’être citée. C’est au cours de la période où de hauts responsables américains – Cheney, Rumsfeld et Kissinger – exhortaient le Shah à poursuivre ses programmes nucléaires et faisaient également pression sur les universités pour qu’elles acceptent ces efforts. Ma propre université était un exemple, le MIT. Sous la pression du gouvernement, il a conclu un accord avec le Shah pour admettre des étudiants iraniens au département de génie nucléaire en échange de subventions du Shah. Cela a été fait en dépit des objections très fortes du corps étudiant, mais avec un soutien comparable des professeurs. C’est une distinction qui soulève un certain nombre de questions intéressantes sur les établissements universitaires et leur fonctionnement. La faculté ou les étudiants d’il y a quelques années auraient une place institutionnelle différente. Les opposants au nucléaire – en fait, certains de ces étudiants du MIT dirigent maintenant les programmes nucléaires iraniens.

Les opposants à l’accord sur le nucléaire soutiennent qu’il n’est pas allé assez loin. Vous en avez beaucoup entendu parler. Et fait intéressant, certains partisans de l’accord sont d’accord, exigeant qu’il aille au-delà de ce qui a été réalisé et que tout le Moyen-Orient se débarrasse des armes nucléaires et, en fait, des armes de destruction massive en général. En fait, je cite le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif. Il réitère l’appel du Mouvement des pays non alignés – la plupart du monde – et des États arabes, depuis de nombreuses années, à établir une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Ce serait maintenant un moyen très simple de faire face à la menace que l’Iran représenterait. Mais beaucoup plus que cela est en jeu. Cela a été discuté récemment dans le principal journal américain sur le contrôle des armements , Arms Control Today, par deux personnalités du mouvement international anti-nucléaire, deux scientifiques vétérans de Pugwash et des agences onusiennes. Ils observent que «L’adoption réussie, en 1995, de la résolution sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient était le principal élément d’un paquet qui permettait… l’extension du [Traité de non-prolifération]». Il s’agit du traité de contrôle des armements le plus important qui soit, et sa poursuite est conditionnée à l’acceptation des mesures visant à établir une zone exempte d’armes de destruction massive, une zone exempte d’armes nucléaires, au Moyen-Orient.

À plusieurs reprises, la mise en œuvre de ce plan a été bloquée par les États-Unis lors des réunions d’examen quinquennal annuel du Traité sur la non-prolifération, plus récemment par Obama en 2010 et à nouveau en 2015, il y a quelques mois. Les deux mêmes spécialistes antinucléaires commentent qu’en 2015, cet effort a de nouveau été bloqué par les États-Unis «au nom d’un État qui n’est pas partie au [Traité de non-prolifération] et qui est largement considéré comme le seul dans la région. possession d’armes nucléaires. »C’est une référence polie et discrète à Israël. Le sabotage de cette possibilité par Washington, pour la défense des armes nucléaires israéliennes, pourrait bien saper le Traité de non-prolifération, ainsi que maintenir une instabilité dangereuse au Moyen-Orient – toujours, bien sûr, au nom de la stabilité. C’est d’ailleurs ce n’est pas le seul cas où les possibilités de mettre fin à la menace iranienne présumée ont été sapées par Washington – quelques cas assez intéressants; pas de temps, et je ne vais pas y entrer. Mais tout cela soulève des questions assez intéressantes, que nous devrions nous poser, sur ce qui est réellement en jeu.

Donc, pour en revenir à cela, quelle est réellement la menace posée par l’Iran? Manifestement, ce n’est pas une menace militaire. Cela est évident. Nous pouvons mettre de côté les déclarations fiévreuses sur l’agression iranienne, le soutien au terrorisme, la recherche de l’hégémonie sur la région par la force, ou l’idée encore plus étrange que même si l’Iran avait une bombe, il pourrait l’utiliser, et donc souffrir d’effacement instantané. La véritable menace a été clairement expliquée par les services de renseignement américains dans leurs rapports au Congrès sur la situation de la sécurité mondiale. Bien sûr, ils traitent avec l’Iran. Et ils soulignent – je cite les renseignements américains – «Le programme nucléaire iranien et sa volonté de garder ouverte la possibilité de développer des armes nucléaires est un élément central de sa stratégie de dissuasion.» N’est-ce pas? Cela fait partie de la stratégie de dissuasion de l’Iran – pas de politiques offensives, mais ils essaient de construire un moyen de dissuasion. Et que l’Iran a un intérêt sérieux pour une stratégie dissuasive ne fait aucun doute parmi les analystes sérieux. Il est reconnu, par exemple, par les services de renseignement américains. Donc, l’analyste influent,Le vétéran de la CIA , Bruce Riedel, qui n’est en aucun cas une colombe, écrit que «si j’étais planificateur de la sécurité nationale iranienne, je voudrais des armes nucléaires» comme moyen de dissuasion. Et les raisons sont assez évidentes.

Il fait également un autre commentaire crucial. Il souligne que la marge de manœuvre stratégique d’Israël dans la région serait limitée par une dissuasion nucléaire iranienne. Et c’est bien sûr également le cas aux États-Unis. «Marge de manœuvre» signifie recourir à l’agression et à la violence. Et c’est… oui, il serait limité par un moyen de dissuasion iranien. Pour les deux États voyous qui se déchaînent librement dans la région – les États-Unis et Israël – toute dissuasion est, bien sûr, inacceptable. Et pour ceux qui sont habitués et tiennent pour acquis leur droit de gouverner par la force, cette préoccupation est facilement transformée en ce qu’on appelle une menace existentielle. La menace de dissuasion est très grave, si vous comptez recourir à la force unilatéralement à volonté pour atteindre vos objectifs, comme le font couramment les États-Unis et, accessoirement, Israël. Et plus récemment, le deuxième allié américain, l’Arabie saoudite, a essayé d’entrer dans le club, assez incompétemment, avec son invasion de Bahreïn pour empêcher des mesures réformistes légères, et plus récemment son bombardement étendu du Yémen, qui provoque une énorme crise humanitaire. Donc pour eux, la dissuasion est un problème, peut-être même une menace existentielle.

C’est, je pense, le cœur du problème, même si cela ne veut pas dire ou penser. Et à l’exception de ceux qui espèrent éviter une éventuelle catastrophe et évoluer vers un monde plus pacifique et plus juste, il est nécessaire de respecter ces injonctions. Ce sont des choses qui ne feraient pas à dire, ne feraient pas à penser – vous ne lisez pas à leur sujet, vous n’en entendez pas parler – mais elles sont, je pense, au cœur du problème. Merci.

AMY GOODMAN : Professeur Noam Chomsky, prenant la parole à The New School ce week-end.

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Des révélations embarrassantes pour la police canadienne: des tireurs d’élite étaient prêts à ouvrir le feu face à la révolte autochtone

Des révélations embarrassantes pour la police canadienne: des tireurs d’élite étaient prêts à ouvrir le feu face à la révolte autochtone
© Reporters

Sabina Dennis stands her ground as police dismantle the barricade to enforce the injunction filed by Coastal Gaslink Pipeline at the Gidimt’en checkpoint near Houston, British Columbia on Monday, January 7, 2019. The pipeline company were given a permit but the Office of the Wet’suwet’en, who have jurisdiction over the territory in question, have never given consent.

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Monde

Publié le – Mis à jour le 

Ce sont des informations pour le moins interpellantes que révèlent ce vendredi The Guardian. Le média britannique, documents à l’appui, affirme que la police canadienne était prête à tirer sur des autochtones qui bloquaient leur région afin que ne puisse s’y construire un gazoduc.Cela se serait passé l’hiver dernier, dans le nord de la Colombie-Britannique, province la plus à l’ouest du Canada. Selon les documents (des dossiers de police comprenant des transcriptions des séances de stratégie de la police, des rapports déposés après le raid et des fichiers audio et vidéo), les commandants de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) auraient estimé qu’une « surveillance mortelle était requise », c’est-à-dire un déploiement de tireurs d’élite dans la zone.

Selon le rapport, les commandants de la GRC auraient également demandé à leurs hommes « d’utiliser autant de violence qu’ils le souhaitaient » contre un barrage routier qui avait pour but d’empêcher la construction du gazoduc.

Les habitants de Wet’suwet’en et leurs partisans avaient en effet installé en décembre 2018 un point de contrôle pour contrer ce projet de 670 km de Coastal GasLink. Début janvier 2019, des agents de la GRC, armés de fusils d’assaut, sont descendus au point de contrôle, l’ont démantelé et ont arrêté 14 autochtones.

A nos confrères canadiens d’Espaces autochtones, l’un des leaders des manifestations, le chef Na’Moks, affirme ne pas être surpris par les récentes déclarations du Guardian« Nous savions que les tireurs d’élite étaient là, j’étais en première ligne. Tout ce qui s’est passé était prémédité », déclare-t-il. Et d’ajouter: « Ils allaient nous tuer ». Lui affirme pourtant: « Nous ne sommes pas un peuple violent. Nous voulons une terre propre, une eau propre, une air propre. La seule arme que nous avions était nos chansons et notre plume d’aigle ».

Depuis lors, selon The Guardian, tout est mis en place pour que la population autochtone ne puisse plus s’opposer à la construction du gazoduc. « Ce que j’ai vu au cours de l’année dernière, ce n’est pas seulement l’oppression violente de la GRC et de l’État le 7 janvier, mais l’occupation continue de nos territoires et la surveillance de notre peuple et du camp par les forces de police », déclare ainsi Molly Wickham, une autre protectrice des terres de la région.

 
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Publié par le décembre 22, 2019 dans Amérique

 

Chine: critique du thème du piège à l’endettement tendu par la Chine, par Deborah Brautigam

Un article passionnant à plus d’un titre d’une universitaire, d’abord parce qu’il démonte les thèmes idéologiques concernant la mainmise de la Chine à travers l’endettement qui fait aujourd’hui fureur chez les politiques occidentaux et leur presse, mais aussi parce qu’il contient une véritable adresse aux universitaires « sortez de votre tour d’ivoire » et de « la zone grise » de vos savoirs, ceux dans lesquels vous ne vous résignez pas à trancher et intervenez dans le débat public pour dénoncer les thèmes idéologiques. Dites ce que vous savez et qui va a contrario le plus souvent de ce qui se diffuse partout y compris dans les réseaux sociaux. Ici à travers l’étude de quelques cas, l’auteur démontre le caractère au moins superficiel des allégations concernant la manière dont la Chine utiliserait l’endettement des pays dans lesquels elle construit des infrastructures pour s’en emparer y compris les ports. Encore que l’auteur en bonne universitaire me paraît sous-estimer le poids de la concurrence pour le capitalisme que représente la Chine et donc le fait que ce qui est diffusé par la presse occidentale et repris par les politiciens relève moins de l’ignorance que de l’hostilité (note et traduction pour histoire et société par Danielle Bleitrach).

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Un thème idéologique est une idée qui se propage d’une personne à l’autre au sein d’une culture, souvent dans le but de transmettre un phénomène, un sujet ou un sens particulier. Le 23 janvier 2017, un thème concernant la diplomatie chinoise qui  se baserait sur le piège de la dette est né dans un groupe de réflexion du nord de l’Inde et a été étayé par un document rédigé par deux étudiants diplômés de l’Université de Harvard qui l’appelaient la « diplomatie du livre de la dette » chinoise. Le document des étudiants a été cité avec enthousiasme par The Guardian et le New York Times et d’autres grands médias comme preuve académique des intentions néfastes de la Chine. Le Thème  a commencé à prendre racine à Washington, DC, et a ricoché au-delà de Delhi jusqu’au Japon, tout au long de la Route de la Soie et à nouveau dans le New York Times et au-delà.

Plus tard, il a été amplifié, il a été repris par un secrétaire d’État américain, il est entré tranquillement dans les cercles du renseignement, il a plané au Congrès américain et s’est installé au Pentagone. Tous ces gens sont devenus très inquiets à propos de cette idée, de ce thème.

En novembre 2018, une recherche sur Google avait généré 1.990.000 résultats en 0,52 seconde.

L’idée commençait à se solidifier comme une certitude, une vérité basée sur des faits et à être acceptée comme une vérité historique profonde.

Cet article explore ce thème, la  » diplomatie chinoise du piège de la dette  », l’affirmation selon laquelle la Chine cherche délibérément à piéger les pays dans un réseau de dettes pour se  garantir une sorte d’avantage stratégique ou un atout quelconque. Il examine la montée, la propagation du thème et les phénomènes sous-jacents qu’il prétend mettre en évidence.  Le document définira également le contexte plus large en racontant certains des mythes et récits les plus connus sur le prêt chinois, des histoires tissées pour expliquer des choses que les observateurs ne comprennent pas clairement.

RASHOMON: DES HISTOIRES VRAIES ET FAUSSES

Pour raconter certaines de ces histoires, je m’appuie fortement sur une méthodologie utilisée par le réalisateur japonais Akira Kurosawa dans son film Rashomon des années 1950. Rashomon se déroule au huitième siècle au Japon. Il raconte l’histoire de ce qui semble à première vue être un cas clair du meurtre d’un guerrier samouraï par un bandit local et du viol de sa femme. Dans le premier récit, le bandit semble avouer, et tout semble clair, sans ambiguité. Cependant, trois autres personnes (la mariée, le fantôme du samouraï et un bûcheron) qui étaient tous des témoins de l’événement racontent ensuite l’histoire, et chaque histoire pointe vers des logiques et des fins complètement différentes.

Ces récits radicalement différents ne sont pas simplement le résultat de la manière dont les témoins oculaires ne sont pas fiables et les frontières entre les faits et la mémoire sont floues dans ce que les témoins oculaires pensaient avoir vu. Ces histoires sont très différentes, donc cette affaire apparemment claire et nette s’avère être tout sauf ça.

Toutes les histoires conviennent qu’il y avait un corps dans les bois, mais, au fur et à mesure que le film se déroule, on peut douter qu’il existe des preuves à l’appui de l’histoire initiale. Le génie de Rashomon, a déclaré le critique de cinéma Roger Everett, est que tous les flashbacks à travers lesquels ces histoires sont racontées sont à la fois vrais et faux, ils sont des récits précis de ce que chaque témoin pensait qui était arrivé, mais reflètent également un point de vue.

Les histoires sur la Chine sont similaires aux histoires rappelées dans Rashomon en ce qu’elles contiennent des vérités et des mensonges.

Garder à l’esprit Rashomon sera utile alors que nous explorerons le thème de la diplomatie chinoise du piège de la dette. Il sera également utile de se rappeler que les êtres humains sont plus enclins à se souvenir et à remarquer des exemples négatifs que des exemples positifs.

CRAINTES, PRÉJUGÉS NÉGATIFS ET PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT L’ENGAGEMENT DE LA CHINE À L’OUTRE-MER

Les scientifiques affirment qu’en tant qu’espèce, l’Homo sapiens a un biais de négativité intégré basé sur la peur. Comme le soutient le psychologue cognitif Daniel Kahneman (2011), qui a remporté le prix Nobel d’économie en 2002 pour ses idées et sa psychologie cognitive sur le cerveau des êtres humains et des autres animaux, le cerveau humain  contient un mécanisme conçu pour donner la priorité aux mauvaises nouvelles.

Les expériences montrent que les informations, les histoires, les événements et les expériences que nous percevons comme négatifs sont imprimés plus rapidement dans notre esprit que les perceptions positives, et que les expériences et les événements négatifs persistent plus fortement et plus longtemps dans nos mémoires que les positifs.

Dans le monde universitaire, un exemple est fourni par les réponses des auteurs aux critiques d’articles soumis à des revues où les commentaires positifs des arbitres sont ignorés pour la plupart des gens et où ce qui est rappelé sont les remarques critiques de  » l’arbitre numéro deux  ».
Le même principe s’applique aux évaluations pédagogiques où les enseignants ruminent 12 fois plus longtemps sur les commentaires négatifs anonymes d’un élève qui ne les aime pas et dénigre  leur enseignement que sur les commentaires élogieux d’élèves qui les apprécient.

Ce biais de négativité est démontré dans une grande partie de la réaction de l’Occident sur le rôle de la Chine en Afrique.

Vers 2006, l’occident a commencé à remarquer que les Chinois étaient également en Afrique. La Chine finance des infrastructures en Afrique depuis au moins 1960, mais à part une brève période où s’est répandue la «peur rouge» dans les années 1960 et 1970, personne ne s’en rendait compte.

À une époque où le reste de la communauté internationale s’était détourné du financement des infrastructures, les Chinois construisaient principalement des routes, des ponts et des centrales électriques, des aéroports et des bâtiments gouvernementaux.

Comme nous le verrons ci-dessous, selon les sondages d’opinion, leur contribution a été largement considérée comme positive dans les pays où ils travaillaient. Pourtant, vers 2006, les médias, en particulier dans les pays occidentaux, et les politiciens, en particulier les républicains et démocrates de Washington, ont commencé à percevoir la Chine comme une menace, la qualifiant de «nouvelle puissance impériale». Ils ont vu sa participation comme une mauvaise nouvelle pour les autres pays développés et en développement. Les Chinois pourraient financer la construction de dizaines d’hôpitaux, mais si l’un d’eux s’est fissuré comme cela s’est produit en Angola, ou si un effondrement s’est produit dans un virage d’une route zambienne, l’impression s’est répandue que tous les travaux de construction chinois étaient de mauvaise qualité (The Economist, 2011).

Il y a plus de 10 ans, Mawdsley (2008) a magnifiquement saisi le côté médiatique de cette dynamique, où des preuves ont été présentées que lorsque les médias britanniques regardent ensemble la Chine et l’Occident, la Chine est généralement décrite sous un jour négatif comme un acteur néfaste et l’occident est présenté sous un jour positif.

Ce ne sont pas seulement les journaux britanniques qui décrivent l’engagement de la Chine en Afrique d’une manière effrayante.

Le gouvernement américain a fait des déclarations similaires. L’ancien secrétaire d’État Rex Tillerson a qualifié la Chine de prêteur prédateur. Lorsque l’ambassadeur John Bolton, conseiller à la sécurité nationale, a lancé la politique africaine de l’administration Donald Trump en novembre 2018, il a mentionné l’Afrique 40 fois dans son discours et la Chine 17 fois. La Chine, a-t-il affirmé, « utilise des pots-de-vin, des accords opaques et l’utilisation stratégique de la dette pour maintenir les États africains captifs des souhaits et des demandes de Pékin ». Bolton a poursuivi en affirmant que la vision américaine de l’Afrique était «d’indépendance, d’autosuffisance et de croissance» plutôt que «de dépendance, de domination et de dette», 2017).

Ce biais de négativité concernant le rôle de la Chine dans d’autres pays en développement ne se limite pas à l’administration actuelle et aux républicains. En 2011, la secrétaire d’État Hillary Clinton s’est rendue en Afrique pour mettre en garde les Africains contre «le nouveau colonialisme» ; et lors du sommet américano-africain de 2014, le conseil paternaliste du président Barack Obama aux dirigeants africains selon lequel ils  » s’assurent que si, en fait, la Chine met en place des routes et des ponts, premièrement, qu’ils embauchent des travailleurs africains  », a répété un autre mythe : que la Chine n’emploie pas de travailleurs africains, dont la fausseté a été démontrée par des universitaires tels que Barry Sautman (Sautman & Yan, 2015).

Le résultat est une situation où, depuis plus d’une décennie, des politiciens et des experts occidentaux ont averti que la Chine est un donateur voyou en ce qui concerne ses finances, un nouveau colonialiste et un prêteur prédateur et pernicieux qui piège les États vulnérables dans un piège à dette mobilisant ses prêts afin de tracer sa route en utilisant des gouvernements faibles.

De mon point de vue en tant que personne qui a commencé à étudier la Chine il y a 40 ans en 1979, seulement trois ans après la fin de la révolution culturelle de Mao, le changement relativement soudain, en particulier au cours des deux dernières années, de la situation mondiale et du degré d’alarme en ce qui concerne les activités de la Chine en dehors de ses frontières, qui se reflète dans ces titres, interroge, surtout quand on considère les preuves réelles des activités de la Chine par opposition aux craintes et aux projections sur ce que ces activités présagent.

Certes, il existe des raisons de s’inquiéter des nouveaux développements de l’engagement chinois à l’étranger. Un exemple est la mer de Chine méridionale où les Chinois fortifient les îles et créent de nouveaux «territoires artificiels» en affirmant que de vastes étendues de la région font partie de la Chine. Je me souviens, en tant qu’étudiant diplômé dans les années 1980, d’avoir étudié les revendications qui se chevauchaient sur les îles au large des côtes du Japon, les îles et les hauts-fonds de la mer de Chine méridionale (Spratly, Paracel, Pratas, Scarborough Shoal, Macclesfield Bank, etc.) et les allégations de la Chine. Quarante ans plus tard, ces préoccupations se sont intensifiées à mesure que la Chine et d’autres pays de la région se mobilisent pour militariser certains de ces affleurements rocheux. Des conflits ont éclaté.

Parmi les inquiétudes accrues concernant l’engagement chinois à l’étranger, celle qui, selon moi, a le fondement le plus concret est qu’en juillet 2017, les Chinois ont ouvert leur première base militaire (de soutien) à Djibouti, même si l’établissement d’une base à l’étranger est quelque chose que la Chine a dit à plusieurs reprises qu’elle ne ferait jamais. Djibouti occupe un emplacement stratégique sur le détroit de Bab-el-Mandeb qui sépare la Corne de l’Afrique du Yémen et de la péninsule arabique. L’installation chinoise se trouve sur la principale voie maritime du golfe d’Aden – Suez et se situe à seulement 7 km des opérations spéciales américaines que Camp Lemonnier avait utilisées pour poursuivre la «guerre contre le terrorisme». Le US Africa Command (AFRICOM) en Allemagne s’alarme de la proximité des deux installations. L’établissement d’une installation chinoise n’est pas une surprise. Il est peu probable que la Chine permette à sa sécurité économique d’être protégée pour toujours par le parapluie de sécurité américain, d’autant plus que les États-Unis ont l’habitude d’imposer des embargos commerciaux paralysants à la Chine et à d’autres pays. Pourtant, la base de Djibouti soulève des questions quant à savoir si la marche extérieure de la Chine continuera d’être pacifique.

L’INITIATIVE DE LA CHINE ET DE LA ROUTE (BRI) ET LA QUESTION DE LA DETTE

En 2013, Pékin a lancé une nouvelle stratégie mondiale de construction d’infrastructures beaucoup plus vaste: la Belt and Road Initiative (BRI). Pour beaucoup de gens, la BRI est passionnante, elle ressemble à un nouveau plan Marshall, et pour d’autres, elle est alarmante. Pékin la décrit comme un plan de relance économique transfrontalier gagnant-gagnant qui stimulera la croissance économique en Chine et dans les pays avec lesquels il s’engage le long des anciennes routes de la soie (Liu et Dunford, 2016).

La Chine s’est engagée à financer et à construire des infrastructures, créant de nouveaux couloirs économiques qui s’étendent à travers l’Asie centrale vers l’Europe et le sud et le sud-est jusqu’à l’Indo-Pacifique.

À Washington, cependant, le spin est que la BRI ne concerne pas vraiment le commerce mais la domination stratégique de la Chine: que la Chine veut utiliser sa puissance  économique comme un levier politique, que la Chine veut réécrire les règles et pratiques commerciales développées par l’Occident ou même que la Chine veut gouverner le monde, en utilisant la BRI comme une sorte d’arme.

Ce genre de rhétorique a augmenté alors que la BRI a rapproché la Chine de l’Europe. Les investissements récents d’entreprises chinoises dans des ports en Grèce et ailleurs dans le sud de l’Europe ont été désignés comme des chevaux de Troie entrant en Europe par le biais de leur ventre mou (Johnson, 2018 ; Lee, 2018).

La Chine, en rachetant des ports, tenterait furtivement d’étendre sa présence militaire le long d’anciennes routes commerciales et de lignes maritimes vitales.

Ces images ont de l’impact.

Quelles sont les intentions de la Chine? Jusqu’à présent, il y a beaucoup de spéculations, mais aucune preuve incontestable de la stratégie militaire chinoise liée à la BRI.

Cependant, en 2017, certaines personnes pensaient avoir trouvé un cas. Cette année-là, le Sri Lanka a vendu la majorité des actions de son port déficitaire de Hambantota à China Merchants Port Holdings Co pour 1,12 milliard de dollars américains (Brautigam, 2019). 1 Cette transaction a été qualifiée de  » saisie d’actifs  » comme si les Chinois avaient pris le contrôle du port de force alors que les Sri Lankais n’auraient pas été en mesure de rembourser les prêts chinois qui avaient financé la construction du port.

Comme nous le verrons, l’histoire réelle était très différente de cette description. Pourtant, c’est à partir de là que le thème de la diplomatie chinoise sur le piège de la dette a été inventé par un expert indien alarmé.

Le gouvernement américain a sauté dans  le train en marche et, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, les hauts responsables de l’administration Trump ont commencé à avertir à plusieurs reprises que la Chine avait une stratégie délibérée consistant à prendre d’autres pays en développement dans un réseau de dettes, puis à utiliser la dette pour obtenir des concessions injustes ou stratégiques.

La viabilité de la dette de plusieurs pays empruntant à la Chine dans le cadre de la nouvelle BRI est préoccupante. Lors d’une conférence conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque populaire de Chine à Pékin en avril 2018, l’ancienne directrice du FMI, Christine Lagarde, a déclaré que, dans le cas de dépenses à grande échelle,  » les expériences du monde entier montrent qu’il existe toujours un risque de projets potentiellement échoués et de détournement de fonds  » et que le financement des infrastructures  » peut également entraîner une augmentation problématique de la dette, limitant potentiellement les autres dépenses à mesure que le service de la dette augmente et créant des problèmes de balance des paiements  » (Lagarde, 2018).

Lors du Forum Belt and Road pour la coopération internationale d’avril 2019, elle a déclaré:

l’histoire nous a appris que s’ils ne sont pas gérés avec soin, les investissements dans les infrastructures peuvent entraîner une augmentation problématique de la dette. … J’ai déjà dit que pour réussir pleinement, la Ceinture et la Route ne devraient aller que là où elles sont nécessaires. J’ajouterais aujourd’hui qu’elle ne devrait aller que là où elles ont des effets durables, à tous égards. (Lagarde, 2019 )

Ces préoccupations apparaissent car la plupart des pays qui empruntent actuellement à la Chine ont des antécédents de sauvetage par le FMI, de sorte qu’ils ont traversé des cycles de dette par le passé et semblent remettre ça. Et presque tous, y compris la Chine, ont des institutions faibles.

Cependant, existe-t-il des preuves de ce type d’effet levier de l’endettement?

La Johns Hopkins School of Advanced International Studies organise une base de données sur les prêts chinois à l’Afrique (Brautigam & Hwang, 2016). Il contient des informations sur plus de 1 000 prêts et, jusqu’à présent, en Afrique, nous n’avons vu aucun exemple où nous dirions que les Chinois ont délibérément ligoté un autre pays dans la dette, puis ont utilisé cette dette pour extraire des avantages injustes ou stratégiques d’une certaine sorte en Afrique, y compris les «saisies d’actifs».

L’Angola, par exemple, a emprunté un montant énorme à la Chine. Bien sûr, bon nombre de ces prêts sont garantis par les exportations de pétrole de l’Angola, mais il s’agit d’une transaction commerciale. La Chine n’obtient pas un énorme avantage stratégique dans cette relation.

De même, d’autres ont examiné les prêts chinois ailleurs dans le monde – quelque 3 000 cas – et, bien que certains projets aient été annulés ou renégociés, aucun, mis à part l’unique cas du port du Sri Lanka, 2019).

Jusqu’à présent, les éléments de preuve, y compris l’affaire sri-lankaise, montrent que le klaxon que l’on fait mugir concernant le financement des infrastructures par les banques chinoises à travers la BRI et au-delà est exagéré.

Dans une étude que nous avons menée en utilisant nos données sur les prêts chinois et le surendettement africain jusqu’en 2017, la Chine était un acteur majeur dans seulement trois pays africains à faible revenu qui étaient considérés par le FMI comme surendettés ou au bord du surendettement (Eom , Brautigam et Benabdallah, 2018).

Une analyse pays par pays similaire qui incluait l’utilisation de nos données montre que les Chinois ne sont pas, dans l’ensemble, le principal acteur du surendettement africain (Jubilee Debt Campaign, 2018). Par conséquent, le rôle de la Chine dans le désendettement de l’Afrique était limité quand on se souvient qu’il y a 54 pays en Afrique.

Le fait que ce récit sur la menace chinoise comporte des fissures apparaît dans d’autres choses telles que les sondages d’opinion. Lorsque le Pew Charitable Trust se rend en Afrique, quand Afrobaromètre mène des enquêtes et lorsque les sondages d’opinion publique mondiale (PIPA) de la BBC posent des questions dans les pays en développement, et en particulier en Afrique, sur les attitudes à l’égard de la Chine, ils constatent que, bien qu’il y ait des exceptions, un grand nombre de personnes ont une opinion favorable de la Chine comme modèle économique et considèrent la Chine comme un partenaire attrayant pour leur développement. Par exemple, en 2014, 65% au Kenya, 67% au Ghana et 85% dans le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigéria, avaient une opinion favorable de la Chine.

La question est pourquoi? La réponse est simple. La BRI s’intègre très bien dans les aspirations nationales de développement d’autres pays. La Chine a un excédent de devises, une capacité de construction, fabrication de niveau intermédiaire et il doit investir ces derniers à l’étranger. Dans le cas de l’Asie, la Banque asiatique de développement (BAD) a identifié un déficit de financement des infrastructures évalué à 26 billions de dollars américains sur les 15 années entre 2016 et 2030 (BAD, 2017).
D’énormes sommes sont nécessaires pour soutenir la croissance, réduire la pauvreté et atténuer le changement climatique. En Afrique, la Banque africaine de développement estime que les besoins annuels en infrastructures sont de 130 à 270 milliards de dollars / an. La Banque mondiale et les autres pays riches donateurs qui sont actifs dans ces domaines n’ont pas financé beaucoup d’infrastructures.

En outre, les leaders d’opinion des pays en développement qui ont écrit des articles d’opinion publique sur ces questions voient souvent la Chine comme offrant un menu passionnant de nouvelles idées sur le développement, tandis que de nouvelles idées ne viennent pas de l’Occident. Par conséquent, plutôt que d’être non éclairés, ignorants et ayant besoin d’une protection paternelle des pays occidentaux, ils peuvent voir les mêmes scènes différemment que nous ne le faisons ici en Occident.

RASHOMON, CHINE ET AFRIQUE: DES HISTOIRES VUES ET INTERPRÉTÉES DIFFÉREMMENT

Tout au long de mon exposé, j’ai fait valoir qu’en ce qui concerne la Chine, les observateurs, en particulier de l’Occident, ont tendance à voir un ensemble d’événements et à les interpréter très différemment de la façon de la manière dont ils peuvent être vus par ceux qui participent aux activités. Quelques histoires vont maintenant illustrer le mécanisme de ces interprétations.

Dette pour les ressources naturelles

Un pays très grand et très pauvre mais riche en ressources qui sortait juste d’une période de conflit intense a décidé de se concentrer sur le développement. Peu de temps après, il a été visité par une grande puissance asiatique qui était déjà devenue un consommateur important de son pétrole. Cette grande puissance a déclaré: nous conclurons un accord avec vous. Nous vous fournirons une ligne de crédit d’une valeur de 10 milliards de dollars américains et vous pouvez utiliser ce crédit pour amener nos entreprises à développer vos ports, développer vos centrales électriques et construire des infrastructures pour vous, et vous pouvez nous rembourser avec du pétrole. Cette proposition était assez controversée et il a fallu beaucoup de temps au pays pour l’approuver. Finalement, cependant, il a signé un accord: le financement a commencé à couler et les travaux ont commencé.

Quand je raconte cette histoire, le public est généralement invité à identifier le grand pays pauvre avec du pétrole. Très peu de personnes qui n’ont pas lu cette histoire répondent « la Chine» (Brautigam, 2009 ; Brautigam & Hwang, 2016).

Et pourtant, le pays riche en pétrole de cette histoire était la Chine, et l’année 1978 était celle où la Chine sortait du tumulte de la révolution culturelle. Après des années de négociations, Deng Xiaoping a signé cet accord avec le Premier ministre japonais Tanaka.

Alors pourquoi le Japon a-t-il fait cela?

Le Japon et la Chine n’étaient pas amis, loin de là. Cependant, le Japon a vu des opportunités commerciales pour ses entreprises. Les Japonais ont réalisé que la Chine n’était pas solvable, car on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle obtienne suffisamment de devises pour rembourser ses prêts. Par conséquent, les Japonais ont garanti le prêt avec des exportations de pétrole et de charbon. C’était des affaires. Le Japon a fait entrer ses entreprises en Chine très tôt ainsi que ses exportations, de sorte que lorsque la Chine aurait besoin de machines, d’expertise et, éventuellement, de pièces de rechange pour ces machines et projets de suivi, elle se tournerait d’abord vers le Japon. Pour le Japon, cette étape revêtait une importance économique stratégique, tandis que pour la Chine, qui n’était pas membre de la Banque mondiale ou du FMI et ne pouvait pas emprunter sur les marchés internationaux de capitaux, l’acceptation de ce prêt avait un sens pratique.

C’est à la lumière de cette expérience que les Chinois réfléchissent à ce qu’ils peuvent faire dans des endroits qui ne sont pas solvables et comment ils peuvent garantir leurs prêts et générer des affaires dans des endroits où d’autres ont peur de marcher.

Cette expérience a été très influente, mais ce modèle n’était pas nouveau au Japon non plus: c’est un modèle financier international qui existe depuis longtemps.

Une ville fantôme angolaise

La deuxième histoire concerne une ville fantôme en Angola. En 2010, l’Angola a accepté un prêt pétrole contre infrastructure de 2,5 milliards de dollars de la Banque industrielle et commerciale de Chine pour construire la Nova Cidade de Kilamba, à 30 kilomètres de la capitale, Luanda. À ce jour, la ville compte quelque 750 immeubles de cinq à treize étages, plus de 100 locaux commerciaux, 17 écoles et 24 garderies ainsi que plus de 240 magasins. Au début, cet énorme complexe était vide. Vers 2012, des journalistes l’ont visité et photographié une magnifique étendue de bâtiments et de terrains de jeux, mais il n’y avait personne là-bas. Ils l’ont déclarée ville fantôme, ont écrit et publié leurs histoires, sont rentrés chez eux, puis l’histoire de la ville fantôme de l’Angola a commencé.

Cependant, alors que l’histoire de la ville fantôme circulait, la ville réelle de Kilamba a commencé à se remplir.

Comme les chercheurs l’ont noté, le décollage de la ville a été lent pour plusieurs raisons (Alves et Benazeraf, 2014 ; Buire, 2015). Premièrement, l’occupation de la ville a dû attendre la fourniture par la partie angolaise des services d’eau et d’assainissement. Deuxièmement, la société de gestion a fixé des prix trop élevés: une fois que des prêts hypothécaires à long terme et à faible coût étaient disponibles pour les appartements de 70 000 à 140 000 USD, les appartements se sont rapidement remplis d’Angolais avertis qui ne pouvaient pas se permettre un appartement à Luanda, l’un des les villes les plus chères du monde.

La ville fantôme financée par un prêt chinois n’existe plus, et pourtant cette idée morte est comme un zombie qui continue de surgir et de marcher encore et encore.

Une histoire vénézuélienne

L’histoire suivante concerne le Venezuela, analysée avec pertinence par Matt Ferchen, chercheur résident au Centre Carnegie-Tsinghua pour la politique mondiale, où il dirige le programme Chine et monde en développement. Ferchen a souligné que le Venezuela a renversé les allégations de diplomatie chinoise du piège de la dette:  » les allégations concernant la diplomatie chinoise du piège de la dette supposent incontestablement que les propres intérêts économiques et géostratégiques de la Chine sont maximisés lorsque ses partenaires prêteurs sont en détresse. Ces hypothèses doivent être examinées plus attentivement, et le cas du Venezuela montre pourquoi  » (Ferchen, 2018).

Il a souligné que le Venezuela est le principal bénéficiaire des financements officiels chinois à l’étranger. La Chine a investi dans le pétrole à long terme pour des partenariats de prêts des types décrits à l’égard du Japon et de la Chine.

Après une phase de prix élevés du pétrole, atteignant plus de 100 $ US le baril, jusqu’en 2014, les prix ont chuté de plus de moitié. À partir de mars 2015, le gouvernement américain a imposé des sanctions au Venezuela, notamment à l’encontre de la Banque centrale du Venezuela (BCV) et de la compagnie pétrolière d’État Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), qui génèrent 90% des revenus du pays.

Selon le département américain de l’Énergie, en avril 2019, la production de pétrole vénézuélien a atteint un creux pendant  16 ans, tandis que le pays a souffert d’une crise économique et politique prolongée et n’a pas fourni à la Chine les livraisons de pétrole promises. Dans ces circonstances, la réponse de la partie chinoise a été de restructurer les conditions de remboursement, accordant au Venezuela un répit de deux ans des remboursements du principal. Au cours de cette période, la Chine a acheté du pétrole du Venezuela au comptant, plutôt que d’utiliser le produit de la vente des livraisons de pétrole pour rembourser le prêt.

Cependant, une fois ces deux années écoulées, la situation économique au Venezuela s’est encore détériorée, tandis que le pays a également d’autres obligations internationales envers la Russie, notamment plusieurs projets pétroliers dans lesquels Rosneft est impliqué. Les observateurs ont noté que la Chine avait peu d’intérêt à accumuler des actifs vénézuéliens, même lorsque le Venezuela n’était pas en mesure de reprendre le remboursement (Faiola & DeYoung,2018 ).

Dans cette situation, qui ressemble à un piège à prêts pour la Chine plutôt qu’à un piège à dettes pour le Venezuela, la Chine n’a pas pu recourir à la coercition pour garantir les livraisons de pétrole et les remboursements de prêts, notamment parce qu’elle est incompatible avec sa position sur la non-ingérence dans le marché intérieur. les affaires des autres États souverains. La Chine se retrouve sans instruments de politique étrangère pour récupérer l’argent qui lui est dû.

Ferchen conclut que le cas du Venezuela montre que dans ce cas important, les prêts de la Chine ont «  clairement sapé les intérêts économiques et géostratégiques de la Chine  » (Ferchen, 2018 ).

Diplomatie piège de la dette: le cas du Sri Lanka

La Chine a participé à la construction ou à l’exploitation de 116 ports d’outre-mer dans 62 pays. Parmi ces projets, celui de Hambantota, au Sri Lanka, est le seul cité comme exemple réel (plutôt que de possibilité projetée) de diplomatie piège de la dette car, à la suite d’un bouleversement électoral, le Sri Lanka très endetté a concédé le contrôle d’un port à un Entreprise chinoise en location de 99 ans. Le New York Times ( 2018 ) a décrit la situation en ces termes «  la Chine a obligé le Sri Lanka à cracher un port  ».

Existe-t-il des preuves que la Chine a planifié les choses de cette façon? La Chine a-t-elle délibérément mis un piège à la dette? S’agit-il d’une saisie d’avoirs pour non-paiement?

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d’examiner le contexte historique et de demander tout d’abord pourquoi la Chine est intéressée par le financement, la construction et l’acquisition de ports. Le mème diplomatie piège de la dette est associé au concept géopolitique d’une chaîne de perles. Utilisé pour la première fois dans un rapport de 2005 sur Energy Futures in Asia produit par Booz Allen Hamilton pour le département américain de la Défense ( The Washington Times , 2005 ), le concept suggère que la Chine prévoit de développer une chaîne d’installations militaires et commerciales le long des routes maritimes à partir du Le continent chinois à Port-Soudan dans la Corne de l’Afrique, encerclant l’Inde et menaçant sa sécurité nationale.

Y a-t-il d’autres explications au vif intérêt de la Chine pour les ports? La propre histoire de la Chine donne un aperçu. Les projets portuaires étaient l’une des principales priorités de la Chine lors de sa première réforme et ouverture en 1978. Entre 1980 et 2000, la Chine a construit plus de 184 nouveaux ports avec des zones de développement industriel et de résidence urbaine associées (ce modèle est désormais connu sous le nom de «port – modèle de parc industriel-ville associé à la ville chinoise de Shenkou dans la région commerciale animée de Shenzhen).

Étant donné que les ports sont à forte intensité de capital avec de faibles taux de rendement du capital en raison des longues périodes pendant lesquelles ils sont développés et que la capita est dépréciée, la Chine a privilégié les coentreprises avec des investisseurs étrangers qui devaient fournir des capitaux et une efficacité opérationnelle. Depuis lors, les ports chinois ont accueilli de nombreux investisseurs étrangers (Brautigam,2019 ).

Aujourd’hui, les industries portuaires et maritimes sont mondialisées avec des degrés croissants de concentration industrielle. Un exemple en est la compagnie maritime danoise Maersk, qui dessert 343 ports dans 121 pays, et ses sociétés associées qui incluent APM Terminals avec une infrastructure dans 73 ports et 154 sites intérieurs. En tant que plus grand exportateur et deuxième importateur au monde, et en tant que pays avec un grand secteur portuaire et maritime, les sociétés portuaires et maritimes chinoises cherchent également à se développer en investissant à l’étranger, en acquérant des actifs existants et en créant des coentreprises. Un exemple typique est la China Merchants Port Holdings Company (CM Port), partiellement détenue par l’État et basée à Hong Kong, qui a acquis Hambantota. En 2013, il s’est engagé dans la voie de la mondialisation avec l’acquisition d’une participation de 49% dans la filiale Terminal Link de la Compagnie Maritime d’Affrètement-Compagnie Générale Maritime (CMA-CGM). CMA-GGM est la troisième plus grande société de transport de conteneurs au monde, tandis que Terminal Link possède des terminaux dans 15 ports.

En même temps, d’autres pays qui souhaitent se lancer dans la croissance industrielle sont avides de capitaux et de savoir-faire chinois. En conséquence, les entreprises chinoises se sont également impliquées dans la construction de projets port-parc-ville à l’étranger, souvent en tant que coentreprises. Dans les endroits où ils risquent de manquer, les ports doivent être développés avant la demande. Le développement, cependant, implique un acte de foi que si le port est construit, les navires viendront. Cependant, l’investissement dans les ports et les zones industrielles ainsi que le développement urbain ne sont pas seulement à long terme, nécessitant de nombreuses années pour récupérer les coûts, mais aussi les revenus dépendent des tendances du commerce mondial et dépendent de la capacité d’un port à élaborer et à mettre en œuvre un plan stratégique pour attirer la navigation, les investisseurs et les résidents.

Dans le cas du Sri Lanka, l’idée de construire un nouveau port près du village de Hambantota dans la partie sud isolée du pays faisait partie des plans de développement du Sri Lanka depuis plusieurs décennies (pour plus de détails, voir Brautigam, 2019). En 2002, le Port Autonome de Marseille a proposé par exemple de réaliser une étude de faisabilité. Une entreprise chinoise s’est impliquée en 2004 lorsque, après un tsunami dévastateur, le Sri Lanka a utilisé l’aide étrangère du gouvernement chinois pour reconstruire le port de pêche artisanale de Hambantota; La China Harbor Engineering Company (CHEC) a été choisie pour mettre en œuvre ce projet. Avec la fin de la guerre civile au Sri Lanka en 2005 et l’élection de Mahinda Rajapaksa, originaire de Hambantota, le projet de faire de Hambantota une plaque tournante du commerce, des investissements et des services dans l’océan Indien a été choisi. Après l’achèvement d’une étude de faisabilité danoise, la CHEC a obtenu en 2007 un contrat pour la construction de la première phase et la banque China EXIM a accordé un crédit de 307 millions de dollars américains pour les acheteurs commerciaux à un taux fixe de 6. 3% (Sri Lanka s’est vu proposer un taux variable mais a choisi le taux fixe car les taux d’intérêt semblaient augmenter à cette époque). En 2010, une deuxième phase a été lancée avec un prêt à taux préférentiel de 2% de China EXIM Bank. .

Dans la période à partir de laquelle le port a été ouvert plus tôt que prévu en 2010, la SPLA a perdu plus de 300 millions de dollars américains. Il est souvent nécessaire de construire des infrastructures avant la demande, et les pertes dans les premières années d’un port ne sont pas inhabituelles. Hambantota n’a enregistré que 34 arrivées de navires en 2012 (il est intéressant de noter que c’est le seul chiffre que ccite The New York Times , 2018). En 2016, en revanche, 281 navires sont arrivés à Hambantota. Pourtant, c’était encore en deçà du potentiel et il n’y avait clairement pas de consensus ou de stratégie claire au sein du gouvernement sri-lankais sur la manière d’attirer des entreprises vers le nouveau port.

En janvier 2015, le gouvernement Rajapaksa a été défait lors d’élections. Fin 2016, le Sri Lanka avait une dette extérieure de 46,4 milliards de dollars selon la Banque centrale de Sri Lanka et le FMI – 57% du produit intérieur brut (PIB) – dont environ 10% étaient dus à la Chine. Le nouveau gouvernement considérait le projet Hambantota comme le projet favori de l’ancien président. Cherchant à lever des devises pour rembourser sa dette souveraine, il a décidé de privatiser une participation majoritaire dans le port de Hambantota. Le produit a été utilisé pour augmenter les réserves en dollars américains du Sri Lanka en 2017-2018 en vue du remboursement des obligations souveraines internationales arrivées à échéance. (Les prêts de la Chine étaient à des taux d’intérêt inférieurs à ceux des obligations du Sri Lanka en dollars américains, qui étaient d’au moins 8% et jusqu’à 12%,

Le constructeur du port CHEC et une autre entreprise chinoise, CM Port, ont tous deux soumissionné pour le port, et CM Port a été choisi par le gouvernement sri-lankais. CM Port avait déjà achevé un terminal à conteneurs de construction-exploitation-transfert dans le port de Colombo au Sri Lanka. En 2017, elle a acquis une participation globale de 70% dans deux coentreprises (avec SPLA) liées au port de Hambantota pour un paiement initial de 1,12 milliard de dollars américains. Bien que certains aient pensé qu’il s’agissait d’un échange de titres de créance, la dette est restée en place. La responsabilité du remboursement du prêt conformément aux accords originaux a été assumée par le gouvernement central du Sri Lanka.

CM Port est le plus grand propriétaire et exploitant de port en Chine, gérant près de 30% de tous les conteneurs expédiés à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, de sorte qu’il dispose des capitaux et des relations commerciales avec les expéditeurs nécessaires pour attirer du trafic. CM Port a déjà commencé à développer une zone industrielle adjacente d’un coût de 600 millions de dollars américains et à mobiliser des investissements de grandes entreprises d’État chinoises pour investir dans la zone et des infrastructures de connectivité sont en construction. Le développement élargi des installations de soutage et de raffinage du pétrole est envisagé, le port devenant un arrêt majeur de stockage, de ravitaillement et de maintenance en eau profonde à une courte distance des principales voies maritimes reliant le canal de Suez et le détroit de Malacca, traversé par le monde entier. plus grands porte-conteneurs et pétroliers. La création de sociétés de fabrication et de logistique transbordant vers le sous-continent indien est également prévue et va au-delà de l’étude danoise. Le Sri Lanka et l’Inde ayant un accord de libre-échange, les entreprises qui établissent des activités de fabrication à Hambantota auront un accès en franchise de droits aux marchés indiens, bien que l’Inde puisse s’inquiéter de l’impact de son déficit commercial avec les entreprises chinoises.

Par conséquent, la vente de Hambantota était à l’origine une vente au détail destinée à lever des fonds pour faire face à des problèmes d’endettement plus importants. En tant que tel, il a beaucoup en commun avec la vente d’intérêts dans le port grec du Pirée à la compagnie maritime chinoise COSCO, car les Grecs ont également fait face à une crise de la dette. Commercialement, la vente du port du Pirée a été un succès comme prévu au moment où le PDG de Cosco, Wei Jiafu, a déclaré: «Nous avons un dicton en Chine:« Construisez le nid d’aigle et l’aigle viendra . »Nous avons construit un tel nid dans votre pays pour attirer de tels aigles chinois» (cité dans Brautigam, 2019 ).

Dans le cas du Sri Lanka, le mème diplomatie de la dette affirme que la Chine a incité le Sri Lanka à «cracher un port». Dans le cas grec, un choix stratégique a été fait pour faire appel à un expéditeur chinois. Ce sont deux cadrages différents d’histoires similaires.

Une diplomatie piège de la dette? L’affaire Djibouti

Il a été indiqué ci-dessus que les préoccupations des Indiens au sujet de Hambantota étaient liées à une présence militaire chinoise potentielle, bien que le compte rendu actuel indique qu’il existe également des problèmes commerciaux potentiels.

Cependant, les inquiétudes indiennes concernant les utilisations militaires potentielles de Hambantota se sont répercutées sur les préoccupations du gouvernement américain concernant les investissements portuaires de la Chine dans le petit pays africain de Djibouti. De hauts responsables de l’administration américaine ont dénoncé le fait décembre 2018 que Djibouti pourrait:

bientôt… céder le contrôle du Doraleh Container Terminal, un port de navigation stratégiquement situé sur la mer Rouge, à des entreprises publiques chinoises. Si cela se produisait, l’équilibre des pouvoirs dans la Corne de l’Afrique… se déplacerait en faveur de la Chine. Et, notre personnel militaire américain au Camp Lemonnier pourrait faire face à encore plus de défis dans ses efforts pour protéger le peuple américain. (Bolton, 2018 )

En 2015, après environ sept ans d’engagement dans des opérations anti-piraterie le long des routes commerciales au large des côtes de la Somalie, la Chine a établi sa première installation militaire à l’étranger à Djibouti aux côtés de celles de plusieurs autres pays. Djibouti a réussi à attirer des locataires militaires, mais il semble que la Chine soit le seul pays à partager la vision de Djibouti d’elle-même en tant que «  Singapour de l’Afrique  » potentiel, tout comme Hambantota pourrait être considéré comme un Singapour potentiel de l’intérieur en général. sous-continent indien.

Djibouti occupe une position stratégique sur les routes de transit vers le canal de Suez et est un débouché vers la mer pour l’Éthiopie enclavée, qui, avec plus de 110 millions de citoyens, est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique subsaharienne. Il est bien placé pour servir de plaque tournante pour le transbordement, la transformation industrielle et les activités de vente en gros en franchise de droits dans la Corne de l’Afrique. Pour répondre à ses ambitions, Djibouti a accordé en 2006 à DP World à Dubaï une concession exclusive de 30 ans, mais y a mis fin en 2018 lorsque DP World n’était pas disposé à étendre ses investissements au-delà du terminal à conteneurs de Doraleh.

Avec l’aide de prêts chinois, CM Port a participé à la construction du port polyvalent de Doraleh, à partir de 2013, dans le but de faire de Djibouti une vitrine «  port – parc – ville  », mais il est confronté à un défi dans la mesure où DP World poursuit CM Port , accusant la firme chinoise d’attirer Djibouti pour rompre son contrat exclusif avec DP World. Bien que DP World n’ait pas voulu étendre ses investissements à Djibouti, elle voit clairement des perspectives de développement portuaire dans cette partie du monde. Une des préoccupations de Djibouti était le projet de DP World de construire un port rival au Somaliland qui desservirait également l’Éthiopie.

De telles ambitions sont au cœur du programme de prêts et d’investissement de la Chine dans les projets de ports et de zones de Djibouti. Dans ce cas, il y a un autre Rashomonhistoire de type. D’un côté, l’armée américaine s’inquiète que la Chine prenne le contrôle de l’ensemble du port et menace les opérations militaires américaines. Le gouvernement djiboutien a accusé DP World de ne pas vouloir investir à Djibouti, mais simplement de rester là à garder les concurrents potentiels à l’écart alors qu’ils investissaient dans d’autres endroits autour de la Corne de l’Afrique, alors que les Chinois étaient prêts à investir. Naturellement, DP World voit les choses différemment. Entre-temps, les emprunts pour financer le port et l’infrastructure ferroviaire Djibouti – Addis-Abeba dans un pays à petite économie ont entraîné une forte augmentation de la dette extérieure de Djibouti (environ 1,3 milliard de dollars) et maintenant ce petit pays est menacé de surendettement.

Djibouti est-il un cas de diplomatie chinoise délibérée de piège de la dette?

Jusqu’à présent, il est difficile de voir un effet de levier chinois utilisé pour acquérir un actif stratégique. Il est vrai que Djibouti a emprunté à la Chine et a maintenant une dette à rembourser, mais on ne peut pas facilement construire un grand port et une voie ferrée dans un très petit pays sans emprunter un montant substantiel de financement. Si le port de Djibouti doit desservir l’Éthiopie et si Djibouti veut suivre le modèle de Singapour et de Dubaï, il doit prendre des risques. En tant qu’entreprise maritime commerciale, des projets tels que l’extension du port de Djibouti peuvent être considérés comme potentiellement attractifs mais risqués. Le fait que des projets concurrents soient en cours donne à penser que l’investissement est rentable; et dans ce cas, Djibouti a une longueur d’avance. Il faudra un certain temps avant de savoir si cet investissement sera un problème d’éléphant blanc pour Djibouti ou pour les bailleurs de fonds chinois. Cependant, il y a jusqu’à présent peu de raisons de penser que le projet chinois représente une menace directe pour les autres nations qui ont des intérêts militaires à Djibouti, y compris les États-Unis.

CONCLUSIONS

Cet article a commencé par présenter le film japonais Rashomon . À la fin du film, il n’est plus clair qui est la victime et qui a commis le crime. S’agit-il d’une histoire de tromperie ou d’héroïsme? Un viol a-t-il réellement eu lieu? Y avait-il un directeur; y avait-il un agent ou même une victime; et qu’arrivera-t-il aux protagonistes? Akira Kurosawa ne fournit pas une fin claire et le spectateur est abandonné à ses interprétations. .

Ce que fait Kurosawa est similaire à ce que font les universitaires. En tant qu’universitaires, nous laissons souvent les choses ambiguës, nous  restons vagues à leur sujet et les appelons zones grises: cela pourrait être ceci; ça pourrait être ça. La vérité ne peut jamais être connue. Parfois, les universitaires sont assez suffisants pour faire des allégations sur l’inconnaissabilité de la vérité.

Cependant, je voudrais plaider pour plus d’engagement, pour prendre position. Malgré les ambiguïtés, nous devons creuser les histoires que nous pensons connaître, en particulier lorsqu’elles affectent la politique publique, comme c’est le cas actuellement. Je vous exhorte à embrasser une mission, dans laquelle certains d’entre nous se sont lancés, d’aider à combler le fossé entre ce que nous faisons en tant qu’universitaires isolés et ce que font les experts et les conseillers politiques en dehors de nos tours d’ivoire.

Cette mission est d’apporter ce que nous savons en tant qu’experts dans nos domaines, de faire connaître les faits et les preuves que nous avons et qui sont très en disgrâce à Washington en ce moment. Faire entrer ces choses dans le débat implique d’essayer d’écrire pour un public plus large et de parler aux médias, aux décideurs politiques, y compris la communauté du renseignement. C’est ainsi que je passe actuellement mon temps. Je n’assiste pas souvent aux conférences académiques. Je donne la priorité aux entretiens avec les militaires, les décideurs, le FMI et le Département d’État américain sur ces questions. Dans mon propre domaine de l’économie politique de l’engagement de la Chine avec d’autres pays en développement, les médias d’information les plus diffusés n’offrent généralement qu’un seul récit, et les décideurs ne sont pas en mesure de vraiment creuser ces histoires.

L’histoire des prêts chinois est beaucoup plus compliquée, intéressante et potentiellement évolutive qu’elle n’est décrite actuellement.

D’autres universitaires peuvent trouver que des problèmes similaires se posent dans leur propre travail, où le simple récit et la sagesse conventionnelle sont contredits ou remis en question par la recherche sur le terrain et les résultats empiriques. Être un pont entre le monde universitaire et le monde politique peut aider à construire le type de réseaux épistémiques qui, au fil du temps, peuvent produire une refonte fondamentale de la sagesse conventionnelle, conduisant à des changements de pratique. Et c’est ainsi que la théorie et la pratique évoluent.

REMERCIEMENTS

L’auteur remercie Xue Zhang d’avoir retranscrit la conférence donnée le 5 avril lors de la conférence 2019 de l’Association of American Geographers (AAG) à Washington,

DC.

DÉCLARATION DE DIVULGATION

Aucun conflit d’intérêts potentiel n’a été signalé par l’auteur.

Remarques

1. Un accord de concession concernant le développement, la gestion et l’exploitation du port a été signé le 25 juillet 2017 par China Merchants Port Holdings Company Ltd (CMPort), Sri Lanka Ports Authority (SLPA), le gouvernement de la République socialiste démocratique de Sri Lanka (GOSL), Hambantota International Port Group (Private) Ltd (HIPG) et Hambantota International Port Services Company (Private) Ltd (HIPS), dans le cadre desquelles CMPort investira jusqu’à 1,12 milliard de dollars américains, dont près d’un milliard de dollars seront versés à le SLPA pour 85% du capital social du HIPG, et dont le HIPG utilise une partie pour acquérir une part de 58% dans le HIPS ( http://www.cmport.com.hk/En/news/Detail.aspx ? id = 10007328 ).

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Panama: Journée nationale du deuil 30 ans après l’invasion américaine, un cas extraordinaire de complicité médiatique

Souvenez-vous de cette période de Noêl en 1989, tandis que les médias nous montraient le faux charnier de Timisoara, un montage de cadavres pris à la morgue, destinés à nous montrer les crimes du communisme, l’opération « juste cause » d’invasion du Panama par les Etats-Unis faisaient des milliers de mort. Pas un grand médias à l’époque, pas une agence de presse n’a dénoncé cette invasion, toute l’information occidentale, à l’époque la seule passait en boucle les « cadavres » du communisme, une fake-new comme on le sait aujourd’hui. Noriega était un dictateur dont les Etats-Unis s’étaient bien accommodé jusque là et même de sa propension au trafic de drogue, mais il a voulu nationaliser le canal du Panama et ce fut l’invasion dans le silence le plus total.  (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Aujourd’hui, 30 ans après l’invasion, la Journée nationale du deuil

Les raisons du président américain de l’époque, George HW Bush, étaient les suivantes: pour préserver la vie de plus de 50 000 citoyens américains

Quelques minutes avant minuit, le 20 décembre 1989, il y a eu une invasion des États-Unis au Panama par quelque 26 000 soldats américains, qui sont entrés au Panama par voie terrestre, maritime et aérienne, dans le cadre d’une opération appelée ‘Just Cause’ et qui visait à capturer Manuel Antonio Noriega, le dernier militaire à diriger la dictature établie dans le pays depuis 1968.

Les raisons du président des États-Unis de l’époque, George HW Bush, étaient les suivantes: pour préserver la vie de plus de 50 000 citoyens américains parmi les civils et les militaires au Panama, retirer Noriega du pouvoir et le traduire devant un tribunal fédéral pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. d’argent, restaurer la démocratie dans l’isthme et assurer le bon fonctionnement du canal de Panama.

Le nombre de morts qui ont quitté cette invasion varie toujours. La Commission du 20 décembre 1989, créée uniquement en 2016 pour enquêter sur les événements, a mis sur ses pages une liste provisoire des victimes, qui comprend 341 noms. Bien que des groupes de la société aient déclaré que le nombre de morts est de plusieurs milliers.

http://elsiglo.com.pa/panama/30-anos-invasion-duelo-nacional-pero-laboral/24146941

de silence et de trahisons

Les États-Unis ont mobilisé 26 000 soldats contre quelque 12 000 hommes de Noriega pour envahir le Panama 

L’invasion américaine Le 20 décembre 1989, le Panama a laissé la plupart des Panaméens stupéfaits, qui ne s’étaient pas attendu à cette action, tandis que les militaires du régime du général Manuel Antonio Noriega ont vécu l’abandon de leurs commandants et la trahison de la population, ont déclaré à Efe. les protagonistes de ce sombre chapitre de l’histoire du pays.

Les États-Unis ont mobilisé 26 000 soldats contre quelque 12 000 hommes Noriega pour envahir le Panama et capturer «l’homme fort» de ce pays, accusé par la justice américaine de trafic de drogue et qui s’est finalement rendu le 3 janvier 1990.

Les documents déclassifiés publiés pour la première fois cette semaine réitèrent les chiffres des décès connus depuis lors sous le nom d’officiers: « 202 civils et 314 officiers militaires », a publié Panama Files. Officieusement, on parle de 500 à 4 000 civils tués.

Le quartier d’El Chorrillo, où se trouvait le quartier général central des Forces de défense panaméennes, a été rasé pendant la bataille, et dans les jours qui ont suivi l’invasion, il y a eu des pillages d’entreprises dans la capitale et la ville caribéenne de Colon avec des pertes de millions de dégâts

L’impuissance de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit, car il n’y avait pas de tête

Le sous-lieutenant José Ortega, membre de la First Tigres Infantry Company, raconte que le matin du 20 décembre 1989, il a été affecté comme escorte de Noriega, qui déménageait de Columbus à la capitale, mais qui n’en savait pas plus.

Ortega, aujourd’hui âgé de 70 ans, a ensuite été envoyé à la caserne de Panama Viejo, siège de l’unité spéciale de lutte contre le terrorisme (Uesat, la force d’élite de Noriega), et le capitaine Omar Garrido l’a alerté sur la chaîne de télévision du Commandement sud du Pentagone « Southern Command Network (SCN) » les gringos nous ont déclaré la guerre.  »

Rappelez-vous que dans le vieux Panama, il avait déjà eu des parachutistes américains pris au piège sur la plage, qu’il a été trouvé une cache  avec des soldats camouflés qu’il a évité et que lors de ses visites de la ville dans une voiture dans laquelle il portait un lance-roquettes «il a vu mort, mais c’étaient des civils, pas des forces de défense. »

Il  voulait se battre et ne pouvait le faire. «Ils m’ont pratiquement abandonné. Je ne savais tout simplement pas ce que j’allais faire. Quelle décision pourrais-je prendre seul? Le même jour, je fêtais mon anniversaire le 20 décembre », raconte Ortega.

 

 « LES PANAMAANS ÉTAIENT AVEC LES GRINGOS »

Carlos Marcelino, lieutenant réserviste du détachement Los Tigres de Tinajitas, était chez lui lors de l’invasion, et bien qu’il reconnaisse « l’antipathie » générée par les militaires du régime parmi les Panaméens, il reproche à certains voisins d’avoir dit  aux gringos où étaient  les membres de la Force de défense. «C’est là que j’habitais. Mauvais, mauvais, antipatriotique, c’était un mauvais geste des voisins », a-t-il dit.

« Mais les citoyens panaméens ont souligné, ils n’étaient pas avec les Forces de défense, ils étaient avec les gringos, parce qu’ils ont indiqué où chaque unité vivait, ils l’ont indiqué, bien sûr, cela a permis aux gringos d’arrêter plus facilement certains policiers qui étaient là-bas », a-t-il déclaré.

Cet homme, maintenant âgé de 79 ans, a déclaré qu’en conséquence « un capitaine portoricain, un gringo, est arrivé chez lui ». « Il m’a demandé le nom et m’a dit » tu es norieguista « ? J’ai dit non, je ne suis pas norieguista, je suis torrijista (faisant allusion au général Omar Torrijos). Il a dit qu’il cherchait tous les Norieists », a-t-il ajouté.

LES « CAMPS DE CONCENTRATION »

Herminio Villarreal, aujourd’hui âgé de 82 ans, était lieutenant à la fin du Département national des enquêtes (DENI, police secrète). Il a été capturé par les troupes américaines et détenu pendant environ 15 jours dans deux camps, qu’il décrit comme des «camps de concentration», avec plus de 300 militaires panaméens.

Rappelez-vous qu’il est tombé le 23 dans la nuit et a été emmené «au camp de concentration . Ils nous ont mis dans un bateau au soleil et sous des averses, dans la boue nous avons dû dormir près les uns des autres afin de nous couvrir du froid ».

« Je n’ai jamais pensé que je devrais passer par une transe égale, à la différence près qu’ici, dans ces camps de concentration, il n’y a pas eu d’exécutions, mais il y a eu abus de pouvoir contre les droits de l’homme », a déclaré Efe.

PERSONNE POURRAIT CROIRE QUE LES ÉTATS-UNIS AVAIENT ENVAHI LE PANAMA

Mirta Guevara était procureur du ministère public et était chez elle à Chanis, très proche du vieux Panama, avec ses quatre enfants, dont Giselle Buendía, 10 ans, et son mari, le jour de l’invasion.

Elle étudiait des dossiers le 19 décembre dans la nuit lorsque son mari, qui a servi dans l’armée américaine, lui a dit « ‘fermez déjà ces dossiers, ils vont nous envahir ».

« Oui, les USA vient nous envahir, et c’est le top », a expliqué son mari après avoir vu un bandeau sur la chaîne SCN avec des clés de renseignement militaire sur l’action de guerre.

«J’ai été choqué, parce que ça se voit dans les films, mais je n’ai jamais pensé, et je pense qu’aucun Panaméen, personne à l’époque, n’imaginait que nous allions jamais avoir une invasion, avec tout et le régime militaire qui il y  avait », a expliqué Guevara.

Il craignait également à la voix que les paramilitaires entraînés par les Forces de défense n’entrent dans les maisons « pour voler, piller et violer les femmes ».

Sa fille, qui a eu 10 ans le 22 décembre 1989, a déclaré que son souci était d’aller à l’école le 20, mais que son père l’interrogeait: « Aujourd’hui, il n’y a pas d’école, nous sommes envahis », se souvient cette femme qui a désormais. 40 ans.

Après 30 ans de cette action militaire, Guevara a soutenu à Efe que rien ne la justifiat .

«Beaucoup de gens sont morts. Les morts qu’ils disent…il en avait beaucoup  plus selon moi », alors que pour Buendía l’invasion« a résolu un problème que nous avions au Panama, je ne le nierai pas, mais contextuellement c’était un problème qu’eux-mêmes (les Américains) nous ont posé  »

 

 

 

Diaz-Canel : Luttons ensemble pour un monde meilleur, possible, juste et nécessaire !

Photo: Estudio Revolución

(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)

Vive l’Argentine ! (Applaudissements et exclamations de : « Vive ! »)

Vive Cuba ! (Applaudissements et exclamations de : « Vive ! »)

Vive Fidel ! (Exclamations de : « Vive ! »)

Vive le Che ! (Exclamations de : « Vive ! »)

Chers amies et amis,

Frères argentins,

Tout d’abord, j’aimerais remercier le peuple argentin. Nous sommes ici depuis quelques heures, ce qui, je pense, représente une journée de visite, pour la première fois, dans ce beau pays frère, et avec les rencontres que nous avons eues avec des représentants du peuple argentin : artistes, écrivains, sociologues, intellectuels, hommes d’affaires et gens de la rue, je peux vous dire que nous avons beaucoup appris et que nous avons reçu beaucoup d’affection.

Nous tenons également à remercier le mouvement de solidarité avec Cuba en Argentine, les autorités de l’Université de Buenos Aires et la Faculté des sciences exactes pour l’occasion qui nous a été donnée de participer à cette rencontre, à ce meeting émouvant et combatif.

J’aimerais remercier Eugenia pour ses paroles, issues de la sensibilité d’un médecin formé à Cuba.

La passion de Leonel avec la musique de son bandonéon. J’ai rencontré Leonel chez un ami argentin qui vit à Cuba depuis de nombreuses années. Dans la cour de cette maison, un soir, Leonel nous a enchantés avec des chansons de son répertoire, du tango argentin, des chansons de Silvio et aussi de Fito. Et Leonel s’apprêtait à partir en tournée à Cuba, il portait sac au dos pour faire le tour du pays, et il nous a dit qu’il allait parcourir le pays avec une telle humilité que nous nous sommes alors attelés chaque jour à appeler les camarades du Parti dans chaque province où Leonel allait passer afin qu’il y ait quelqu’un au cas où, comme on dit à Cuba, « pour lui filer un coup de main », pour l’aider (Rires et applaudissements).

Merci à Hugo pour ses paroles, au nom des travailleurs argentins.

Merci à Paula pour la musique de sa guitare et sa chanson. Paula était avec nous aujourd’hui à la rencontre avec les artistes, elle y était allée avec sa guitare mais elle n’a pas eu le temps de chanter, mais bon, elle a chanté pour nous ici.

Et merci à vous tous.

L’une des impressions les plus immédiates que nous avons de ce voyage, de cette rencontre, c’est que nous sommes d’accord sur de nombreuses idées qui doivent être défendues, et que nous devons défendre quel qu’en soit le prix.

J’aimerais aussi exprimer un sentiment personnel sur ce qui est en train de se passer dans ce meeting, dans cette rencontre : je suis convaincu que Fidel et le Che sont présents ici (Applaudissements).

Je suis très ému de me trouver enfin, pour la première fois, en Argentine et avec des amis et des frères argentins. Je pense que vous en connaissez les raisons aussi bien que moi : pour les Cubains, il s’agit d’une nation à laquelle nous vouons une affection particulière, pratiquement, depuis notre naissance. Cette première empathie vient peut-être des sons du tango, qui a toujours eu sa place dans presque toutes les stations de radio de Cuba.

Mais il y a une raison plus profonde : c’est ici que le Che est né, lui qui a également été déclaré cubain de naissance, une exception qu’il ne partage dans notre histoire qu’avec le généralissime Maximo Gomez, un extraordinaire soldat dominicain devenu général en chef des troupes mambises dans nos guerres d’indépendance.

De plus, la ville où je suis né, où j’ai grandi et où j’ai été formé comme dirigeant révolutionnaire est Santa Clara, qui s’est proclamée fièrement Ville du Che, parce c’est là-bas que fut livrée avec succès et sous ses ordres l’une des batailles décisives pour la victoire du 1er janvier 1959. En outre, c’est dans cette ville que reposent en paix ses restes immortels.

Des amis et des émotions inséparables de nos sentiments se sont ajoutés à cette histoire, depuis tous les compagnons que le Che a entraînés dans son sillage dans la construction de nos rêves de justice sociale dans les années fondatrices, en passant par la douleur partagée devant les 30 000 disparus en Argentine (Applaudissements), les luttes des Grands-mères et Mères de la Place de Mai (Applaudissements) ; la passion pour le football, Maradona et son amitié personnelle avec Fidel (Applaudissements) ; le meilleur du cinéma latino-américain et du rock argentin, jusqu’à Nestor et Cristina (Applaudissements), dont l’héritage se fait sentir à présent dans la victoire d’Alberto, et demain quand l’aube en Argentine sera plus brillante, plus lumineuse en espoirs, Cuba sera à vos côtés (Applaudissements).

Comme dirait Leon Gieco : tout est gardé dans la mémoire, et celle que nous partageons est immense et profonde.

D’autres motifs d’émotion sont un peu plus privés et je vais les raconter aujourd’hui, publiquement, pour la première fois.

En juillet 2006, tout juste rentré de son dernier voyage à l’étranger, précisément en Argentine, pour assister à un sommet historique du Mercosur, le commandant en chef de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, téléphona à Holguin, où je dirigeais alors le Parti communiste de Cuba, pour me dire qu’après la cérémonie nationale du 26 juillet, qui devait avoir lieu dans la province voisine de Granma, il allait se rendre dans notre province.

Je me souviens encore de l’enthousiasme avec lequel Fidel est arrivé. Moins d’un mois avant de fêter ses 80 ans, il ne semblait pas épuisé par le très long vol ou par l’intensité des émotions vécues ici et par la suite à Bayamo, le chef-lieu de la province de Granma.

Photo: Estudio Revolución

Lors de la réunion du Mercosur, il avait présenté et proposé de partager avec les gouvernements de ce bloc régional les expériences de Cuba dans le Programme d’efficience énergétique. Ensuite, Chavez et lui avaient visité la maison-musée du Che à Altagracia, où ils avaient fait part à la presse de leurs rêves communs d’intégration.

Sur Internet on peut trouver quelques vidéos de l’imposant accueil que nos dirigeants ont reçu lors de cette visite à la maison du Che, et de l’enthousiasme qu’ils ressentaient tous les deux à donner, à partager, à intégrer les ressources humaines et de toutes sortes. Ils ont parlé du projet commun visant à redonner la vue à des millions de personnes : la Mission Miracle, qui plus tard allait avoir ses propres missionnaires, précisément à Cordoba.

À l’université historique de cette province, dont la réforme a eu un impact sur toute l’Amérique, Fidel et Chavez ont prononcé des discours qui nous remplissent d’émotion encore aujourd’hui. Le commandant en chef a qualifié d’incroyable le fait qu’il y ait encore 50 millions d’analphabètes dans l’hémisphère et plus de 200 millions de semi-analphabètes ou analphabètes fonctionnels, et depuis cette tribune il a lancé le programme d’alphabétisation « Yo sí puedo », qui était déjà arrivé en Bolivie grâce à la coopération de Cuba et du Venezuela, et qui est maintenant présent aussi en Argentine.

Par la suite, à Holguin, il m’a dit avec son énergie et une passion que je n’oublierai jamais : « L’ALBA est ici ». Il faisait référence à un projet de production d’électricité que nous étions en train d’inaugurer, mais aussi aux Latino-américains qui, à l’époque, étudiaient la médecine et d’autres disciplines dans la province : 1 000 Boliviens qui vivaient chez des familles d’Holguin, et des milliers de Vénézuéliens qui étaient formés comme travailleurs sociaux, et qui ont tous participé à ce meeting mémorable.

Précisément dans quelques jours, nous célébrerons à La Havane le 15e anniversaire de ces idées de Fidel et Chavez qui se sont cristallisées dans l’ALBA-TCP, une alliance solidaire de plusieurs pays, qui a marqué le début de l’une des périodes les plus importantes et prometteuses de l’histoire de Notre Amérique. Tellement prometteuse et porteuse d’espoirs que les ennemis de l’intégration régionale ont insisté pour la briser, en attaquant sans merci et avec les méthodes les plus barbares les gouvernements progressistes et leurs projets solidaires.

Du Honduras au Paraguay, de l’Équateur au Brésil, du Nicaragua à la Bolivie, du Venezuela à Cuba, ils ont mis en pratique, aussi loin qu’ils l’ont pu, toutes les modalités de coups d’État possibles et ont réactivé les pires expériences de l’OEA pour les mettre en œuvre.

Il est impossible d’ignorer que c’est précisément à Cordoba, en 2006, lors du Sommet des peuples, qu’Hugo Chavez a annoncé que le pétrole vénézuélien avait comme priorité les pays du bloc régional.

C’est également à Cordoba qu’il a mis en garde contre les risques de l’hégémonie étasunienne qui « doit cesser parce qu’elle menace le monde », après que Fidel a signalé : « Cette intégration a des ennemis depuis des siècles et ils ne sont pas contents quand ils entendent parler de cette réunion ». Les événements ultérieurs qui surviennent chaque jour dans Notre Amérique donnent raison aux deux leaders.

Chers amies et amis,

J’ai évoqué avec émotion les journées inoubliables de la visite de Fidel en Argentine en 2006, mais je ne peux pas manquer de mentionner celle qu’il avait effectuée trois ans plus tôt, en 2003, dans le même but qu’aujourd’hui, celui d’assister à une investiture historique, à cette occasion, celle de Nestor.

Le Grand escalier de la Faculté de Droit de l’Université de Buenos Aires, débordant d’étudiants, de professeurs, de gens du peuple, de plus de 50 000 personnes attentives à un discours de plus de deux heures – le mien ne sera pas aussi long (rires) – par une froide soirée de Buenos Aires, fait partie de notre perception la plus profonde de ce que signifie être et sentir l’Amérique latine et les liens affectifs entre nos peuples. Les paroles de Fidel ce soir-là ont reçu un écho extraordinaire pour leur contenu de dénonciation du modèle néolibéral qui s’est imposé dans la région avec un coût social élevé, en particulier ici, où il a généré une grande instabilité politique due aux difficultés et aux souffrances qu’il a provoquées pour le peuple argentin. Certains amis qui avaient organisé cette réunion se trouvent aujourd’hui parmi nous.

C’était un contexte très semblable à celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Le peuple argentin saluait avec joie et espoir l’arrivée de Nestor à la présidence. Le pays était encore énormément endetté et plongé dans une crise profonde, tandis que Cuba était menacé par le gouvernement belliciste du président de l’époque, George W. Bush, déterminé à attaquer ce qu’il définissait comme « les recoins sombres du monde », parmi lesquels il nous incluait, en même temps qu’il durcissait le blocus. Changeons les noms, et nous vivons les mêmes temps.

Que cette évocation puisse servir pour réaffirmer ici que le peuple cubain ne se laissera pas non plus intimider cette fois-ci par l’actuelle administration étasunienne ! (Applaudissements).

Le scénario est à nouveau un scénario de lutte pour les droits des peuples, pour l’unité et la paix dans notre région, contre les dictatures néolibérales et leurs instruments militaires, policiers, judiciaires et médiatiques, et pour la préservation de la planète et de ses ressources naturelles toujours plus menacées.

Les oligarchies néolibérales, soutenues par le gouvernement des États-Unis, s’obstinent à ne pas renoncer au contrôle de tout ce dont elles se sont approprié ces dernières années par des moyens trompeurs et pervers.

Avec le soutien de juges corrompus et le contrôle monopolistique des médias à l’ère dynamique des réseaux sociaux, ils promeuvent et appliquent des techniques modernes de manipulation et des procès judiciaires à motivation politique, presque toujours axés sur les persécutions, l’emprisonnement et la destruction de l’image des dirigeants politiques et sociaux de gauche progressistes.

Le coup d’État contre le président constitutionnel de Bolivie, Evo Morales Ayma, à qui nous réitérons ici notre solidarité et notre soutien indéfectibles, ainsi qu’à son noble peuple (Applaudissements), a été le plus récent épisode de ces affrontements.

Photo: Estudio Revolución

En Bolivie, comme dans d’autres pays d’Amérique du Sud, la répression brutale et les violations graves des droits de l’Homme, avec des dizaines de morts, des centaines de blessés et des milliers de personnes détenues lors de manifestations sociales contre le coup d’État, contre les politiques et les lois néolibérales et la violence sociale, ont lieu sous le regard complice des États-Unis, des gouvernements oligarchiques et d’une OEA discréditée.

Nous n’avons lu aucune déclaration ou prise de position face à l’effondrement des institutions et aux violations flagrantes et massives des droits de milliers de citoyens qui manifestent, dont la plupart aujourd’hui en Amérique latine sont des jeunes.

C’est se moquer des gens que d’essayer de présenter les manifestations comme une menace contre le prétendu ordre démocratique.

Nous, les Latino-américains, sommes conscients que les politiciens néolibéraux et la politique dominante sont impuissants à résoudre nos problèmes et à améliorer nos vies, et l’Amérique latine en a assez.

Les réductions de salaires, l’affaiblissement des droits du travail, la privatisation et la suppression des services publics sont absents des discours électoraux. Ces mesures sont ensuite appliquées en trahissant les peuples auxquels ils mentent. Et comme Abraham Lincoln le disait à l’époque : « Vous pouvez tromper une partie du peuple pendant un certain temps, mais pas tout le peuple tout le temps.»

Le néolibéralisme promu par les États-Unis en Amérique latine a rendu les citoyens plus inégaux, plus pauvres, moins protégés, et les a amenés à se méfier des politiciens.

En Amérique latine, le néolibéralisme a diminué les prestations sociales en les qualifiant de « très généreuses » et il a réduit l’accès aux soins de santé universels, à l’éducation et aux pensions de retraite.

Il est facile de comprendre qu’à l’heure actuelle les peuples de Notre Amérique rejettent l’impact du néolibéralisme, qui a accru les inégalités, la pauvreté, la violence et la criminalité. Il est inexact de dire qu’ils déstabilisent. Ils ne font que défendre leurs droits fondamentaux.

Cuba appelle à mettre un terme aux attaques contre les jeunes et les étudiants qui sont tués, rendus aveugles, handicapés ou gravement blessés pour avoir dit leurs vérités.

Cuba appelle toutes les forces politiques honnêtes de la planète à exiger la fin des attaques et des persécutions judiciaires contre la vice-présidente Cristina Fernandez et l’ancien président brésilien Luiz Inacio « Lula » da Silva (applaudissements).

Cuba alerte en même temps que la lutte contre le néolibéralisme et l’impérialisme sera plus dure, dans la mesure où ils ont réussi à multiplier des accords de libre-échange léonins avec lesquels ils ont tendu un piège d’assujettissement aussi grave que celui de la Zone de libre-échange des Amériques, qui a été vaincue ici, en Argentine, lors de cet inoubliable Sommet de Mar del Plata en 2005, sous la conduite de Nestor et de Chavez.

Chers amies et amis,

Notre ministère des Relations extérieures a publié voilà quelques jours une Déclaration ferme dénonçant la sale guerre que l’impérialisme et les oligarchies nationales mènent contre les processus progressistes de la région.

Le document recense les actions de déstabilisation promues par Washington, dont les principaux meneurs – il est impossible de les désigner autrement – n’utilisent plus désormais d’euphémismes pour nous traiter comme leur « arrière-cour », pour déterrer le couperet de la doctrine Monroe et étendre les pires pratiques du maccartisme, selon des formules plus sophistiquées telles que la prétendue lawfare [guerre juridique], qui vise à propager la matrice mensongère que les leaders de gauche sont corrompus.

Alors que des années, des mois et des jours ont été douloureusement instructifs dans Notre Amérique au sujet de la guerre dite de quatrième génération, la récente confrontation de Cristina avec ses bourreaux confirme une fois de plus ce que Fidel a dit si souvent : « Il n’existe pas d’arme plus puissante que la vérité. » Même les médias les plus hostiles ont dû reconnaître la manœuvre évidente et l’illégalité des méthodes utilisées pour tenter d’écarter les candidats du Front de Tous de la route de la présidence.

La victoire électorale, au milieu de cette campagne féroce, est la meilleure expression des espoirs ouverts par cette investiture, à laquelle nous sommes honorés d’assister pour être témoin d’un autre moment historique dans ce pays admiré, et pour féliciter ses protagonistes (Applaudissements).

J’adresse toutes mes félicitations à Alberto et à Cristina pour le courage et l’unité dont ils ont fait preuve face aux tentatives de leurs adversaires politiques pour les briser… Félicitations Argentine ! (Applaudissements.)

Comme le dit la chanson : Qui dit que tout est perdu, Cuba vient vous offrir son cœur (Applaudissements et exclamations : « Cuba, Cuba, Cuba, Cuba, le peuple te salue ! »).

Cuba est venue exprimer sa solidarité au nouveau gouvernement de la nation sœur et partager avec vous tous, qui avez défendu et soutenu le peuple cubain dans les heures les plus sombres, une évaluation du moment que nous avons vécu et de la manière dont nous y avons fait face.

Je sais que tout le monde suit de près les nouvelles de notre pays et je n’abuserai pas du temps que vous avez pris à d’autres tâches pour être ici avec nous.

Je voudrais simplement confirmer que, comme nous l’avons dénoncé auprès des Nations Unies et de tout forum ou plateforme où nous avons pu le faire, le blocus de Cuba s’est intensifié de façon criminelle et il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle décision de sanctions directes contre l’économie et les finances cubaines, y compris en portant préjudice à des tiers, ne soit prise comme une véritable pratique de terrorisme économique.

Cette persécution s’accompagne de menaces et d’accusations aussi fausses que ridicules, que ce soit dans les messages des porte-parole présidentiels, comme monsieur Pompeo ou même du président des États-Unis.

Au comble de la malveillance et pour tenter de couper Cuba de tout accès aux ressources financières, ils ont lancé une croisade cynique et criminelle contre la coopération médicale internationale, accusant notre pays de soi-disant esclavage moderne et de traite des personnes, qui travaillent dans notre système de santé à des fins – disent-ils – d’exploitation ou d’ingérence présumée de ce personnel dans les affaires intérieures des États avec lesquels nous maintenons cette coopération. Ils tentent, en même temps, de rétablir le Programme de Parole pour les professionnels de la santé cubains, avec l’objectif ouvert de saboter nos accords bilatéraux, de priver les pays bénéficiaires de ces services et de nous priver de main-d’œuvre hautement qualifié dans un pays qui subit un blocus depuis six décennies.

Un nouveau fantôme parcourt le monde : aujourd’hui, on accuse Cuba et le Venezuela de promouvoir l’instabilité dans laquelle le néolibéralisme et la pratique même du commerce inégal et en rien solidaire avec la région ont plongé plusieurs pays.

Comme l’affirment les spécialistes, on tente de semer une matrice gœbbelsienne, dans le pire style des années du nazisme allemand, dans le cas de Cuba pour soutenir la politique génocidaire de blocus, condamné par l’immense majorité de la planète.

Que fait Cuba face à cette guerre illégale et immorale qui contrevient à tous les accords internationaux sur les relations entre pays souverains ?

Nous avons décidé de résister et de nous défendre en créant, en mettant l’accent sur la défense et l’économie. Quand nous affirmons « Nous sommes Cuba » et « Nous sommes la continuité », il ne s’agit pas d’un slogan de plus, nous exprimons la volonté de maintenir les conquêtes de la Révolution et la dignité que nos dirigeants nous ont léguées (Applaudissements), une volonté partagée par la majorité absolue du peuple cubain.

José Marti disait : « Ni les peuples ni les hommes ne respectent celui qui ne se fait pas respecter (…) Les hommes et les peuples vont de par ce monde en enfonçant leur doigt dans la chair des autres pour savoir si elle est molle ou si elle résiste, et il nous faut endurcir notre chair, de telle façon qu’elle rejette les doigts qui s’aventureraient. » Che Guevara a averti plus tard qu’on ne peut pas faire confiance à l’impérialisme « ne serait-ce qu’un petit peu ». Toute notre histoire s’est construite sur des piliers solides de résistance contre les prétentions annexionnistes et contre l’immixtion impériale, non seulement dans notre propre destin, mais dans celui de toute Notre Amérique et de tous les peuples qui luttent pour leur souveraineté.

Fidel, qui fut le meilleur disciple de Marti et un brillant interprète de l’idéal révolutionnaire latino-américain et universel, depuis Bolivar jusqu’à nos jours, nous a enseigné la solidarité et l’internationalisme sans frontières. À bien des égards, il nous a appris à comprendre et à mettre en pratique le principe martinien selon lequel la Patrie, c’est l’Humanité, depuis les confins de l’Afrique jusqu’à Notre Amérique et le reste du monde, mais aussi le plus noble du peuple étasunien.

Pour Cuba, le défi est colossal. L’hostilité disproportionnée du gouvernement étasunien actuel viole le Droit international et les règles de la navigation et du commerce et nous a contraints de faire face à de graves difficultés dans l’approvisionnement en carburant.

Le blocus a été renforcé par l’activation du Titre III de la Loi Helms-Burton, à travers laquelle le gouvernement des États-Unis commet des violations massives des droits humains des Cubains, en même temps qu’il nuit aux entreprises internationales et à celles de pays tiers souverains.

Cependant, ces menaces ne nous arrêtent pas et ne nous détournent pas de notre route. Nous sommes prêts à faire face aux conséquences d’une campagne électorale dans ce pays, qui peut conduire à une aggravation de la confrontation avec Cuba et d’autres pays frères.

Nous l’avons dit lors du récent Sommet du Mouvement des pays non-alignés, en Azerbaïdjan, où la crise du multilatéralisme, qui met aujourd’hui le système des Nations Unies en danger, a suscité une vive inquiétude.

En d’autres termes, nous ne sommes pas seuls dans cette lutte contre les menaces à la paix et à la stabilité régionales et planétaires. Au niveau mondial, les revers enregistrés dans des domaines importants tels que l’autodétermination et la souveraineté des nations, l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, les droits humains, la justice sociale et la recherche de l’équité soulèvent une grande préoccupation.

Dans la liste des reculs, nous plaçons également le système interaméricain, qui réactive des mécanismes d’une mémoire aussi odieuse que le Traité d’assistance réciproque (TIAR), que l’empire lui-même s’est chargé de saborder ici, aux Malouines, en soutenant des puissances extra régionales (Applaudissements), au moment où l’agressivité de l’OEA discréditée et son Secrétaire général sont de plus en plus utilisés par les États-Unis comme instruments politiques de pression contre Notre Amérique.

C’est pourquoi, pour nous comme pour le reste des gouvernements de gauche et progressistes, la tâche dont Fidel nous a parlé si souvent reste une tâche prioritaire : semer des idées et des valeurs, faire prendre conscience et organiser la mobilisation populaire, unir les forces. Par-dessus tout, être unis : dans toute notre diversité, mais unis ! (Applaudissements).

Ce n’est pas un hasard si parmi les objectifs de l’offensive impériale et oligarchique figurent la Celac, l’Unasur, le Mercosur et l’ALBA, et qu’ils insistent inlassablement sur le fait qu’ils n’auront de cesse tant qu’ils n’auront pas renversé Cuba, l’exemple de Cuba et son audace.

Et il est légitime de se demander : Pourquoi Cuba ? La Révolution, depuis le début, n’a été rien d’autre que la recherche permanente des meilleures façons de répondre aux exigences et aux aspirations des majorités. N’est-ce pas de la vraie démocratie ?

Fidel, Raul et leurs compagnons de la génération du Centenaire, qui nous accompagnent encore aujourd’hui, nous ont enseigné la valeur de la responsabilité qui s’acquiert face au peuple. Avec eux, nous avons appris à ne pas dire : « crois ! », mais à dire : « lis ! », à transformer les vieilles structures de l’abus et de l’inégalité laissées par les mauvaises gestions de la pseudo-république dans laquelle les ambassadeurs yankees avaient plus de pouvoir que ceux qui occupaient le Palais présidentiel et à élever le peuple au statut de protagoniste des changements, depuis la Réforme agraire radicale jusqu’à l’exercice du pouvoir populaire.

C’est sur cette ligne de principes que nous travaillons, les oreilles « collées au sol », comme le dit notre général Raul Castro Ruz, qui, depuis le Parti, dirige le processus de transition générationnelle qui, à Cuba, est basé sur les efforts et les résultats du travail des cadres et des dirigeants formés dans les provinces, les municipalités et les organisations de quartier.

C’est dans cette relation vivante et intense avec le peuple, avec ses exigences et ses besoins que Cuba est gouvernée. Nous ne sommes pas la société parfaite, parce que nous sommes, en première instance, une société humaine et que notre archipel n’est pas protégé par une urne des effets d’un monde globalisé où prédominent des politiques absolument opposées, mais ce qui est sûr, c’est que nous tentons simplement de rendre notre société aussi juste et égalitaire que possible.

Nous pourrions avancer plus vite et avec de meilleurs résultats si l’empire nous libérait de son encerclement. Mais nous n’allons pas renoncer à nos projets de justice sociale à cause de leur blocus criminel et de la traque financière aberrante qui ne permet pratiquement pas à un baril de pétrole d’arriver à Cuba sans sanction pour ceux qui osent le transporter.

Avec Fidel, nous avons aussi appris à transformer les revers en victoire et les obstacles en défis.

Si l’empire tente de dénigrer le socialisme en étouffant tout effort de développement à Cuba, notre nation démontre exactement le contraire : grâce au socialisme, à la planification socialiste, à l’idéal socialiste, nous avons construit un pays où le sort de chacun compte pour tous (Applaudissements) ; une société humaine, instruite, solidaire et juste dans la mesure où peut l’être une nation du tiers monde, aux ressources naturelles rares et encerclée par l’empire le plus puissant de l’Histoire.

Nous sommes Cuba ! Nous sommes la continuité ! Nous sommes l’os en travers de la gorge de l’empire qui tente de nous avaler depuis près d’un siècle et demi et qui n’y parvient pas. Et encore une fois, comme auparavant, comme toujours : Nous vaincrons ! (Applaudissements)

Sœurs et frères,

Avec des mensonges aussi infâmes et ridicules que ceux qui sont lancés aujourd’hui contre le nouveau gouvernement argentin, ils ont un jour encerclé Cuba et l’ont séparée pendant des années de ses frères de la région, dont l’Argentine. Rien de moins que de l’Argentine !, la fille de la Grande Patrie, dont José Marti fut le consul et qu’il défendit à la Conférence monétaire des Amériques. L’Argentine bien-aimée où naquit Che Guevara ! Cette même Argentine qui a accueilli Fidel, alors que la Révolution venait juste de triompher et qui nous a donné tant de solidarité pendant soixante ans. L’Argentine, dont nous avons pu accueillir avec amour les enfants à Cuba et avec laquelle nous avons partagé des efforts et des résultats exaltants comme l’alphabétisation, la formation de médecins et d’autres professionnels, et la miraculeuse Opération Miracle, qui a rendu la vue à des millions de personnes en Amérique latine et dans les Caraïbes (Applaudissements).

Que les impérialistes et les oligarques le sachent : aucune force en ce monde ne pourrait séparer nos peuples. Aucune force en ce monde ne pourrait séparer Cuba et l’Argentine ! (Exclamations et applaudissements).

Vous incarnez le meilleur esprit d’une Argentine profonde et vraie. Vous confirmez le triomphe des mouvements populaires et paysans, des syndicats, des forces politiques, des organisations d’étudiants et de femmes, ainsi que des groupes intellectuels. C’est pourquoi vous avez vécu, en toute justice, une journée de fête et d’engagement.

À notre arrivée ici, nous avons senti dans l’air l’esprit de joie pour l’espoir sauvé une fois de plus du fond du puits néolibéral.

Au nom de Cuba, nous vous confirmons également que nous continuerons à être des révolutionnaires fermes et loyaux, dignes de nos pères, et que nous ne céderons pas un pouce dans la défense de l’indépendance, la souveraineté et la justice sociale, et que nous ne renoncerons pas à la solidarité avec les peuples qui luttent et qui résistent.

Luttons ensemble pour un monde meilleur, possible, juste et nécessaire !

Hasta la victoria siempre !

(Ovation).

 
 

QUE FAUDRAIT-IL FAIRE SI LE MONDE DECIDAIT DE  TRAITER LES ÉTATS-UNIS COMME UN ÉTAT CRIMINEL ?

 L’article expose l’impossibilité pour le reste du monde de sanctionner les Etats-Unis à la proportion de ce qu’il est réellement une menace permanente pour le reste du monde. Mais en lisant attentivement l’article vous verrez que le talon d’Achille de ces propositions réside moins dans la puissance des Etats-Unis que le fait que c’est tout le système capitaliste qui s’est construit autour de cette puissance, dollar, armée, toute croisade face à l’empire devenu fou ou comme le dit macron de l’OTAN ayant perdu la tête se heurte au fait que ces gens là veulent faire perdurer le système capitaliste devenu un voyou irresponsable avec une arme au poing. La solution réside-t-elle dans la manière dont partout les peuples s’opposent à la violence que ce capitalisme prétend leur imposer
qu’il s’agisse de la destruction de l’environnement, de l’exploitation sans limite des êtres humains, de la guerre… Il est clair que la bataille est engagée (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

QUE FAUDRAIT-IL FAIRE  SI LE
MONDE DECIDAIT DE  TRAITER
LES ÉTATS-UNIS COMME UN
ÉTAT CRIMINEL ?

Certaines propositions risquées mais pratiques pour exploiter
une superpuissance qui a clairement perdu le contrôle.

Histoire de Samanth Subramanian. Illustrations de Zach Meyer

Le mode de réalisation le plus dense de la planète. La coopération internationale se situe au cœur de Genève, à quelques kilomètres carrés du lac. Depuis le bord du lac, une brève promenade dans un parc amènera un visiteur au Palais des Nations, construit dans les années 1930 pour abriter le siège de la Société des Nations, et maintenant au bureau des Nations Unies dans la ville. À l’est, l’Organisation mondiale du commerce; au nord-ouest, l’Organisation mondiale de la santé. Un peu plus loin, le siège de la Croix-Rouge, l’Organisation internationale du Travail, l’Union internationale des télécommunications et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, parmi des dizaines d’autres. L’hôtel InterContinental se trouve également à proximité. En novembre 2013, l’Iran a accepté de diluer son programme nucléaire en échange d’un allégement des sanctions – la première édition du pacte que le président Donald Trump a abandonné l’année dernière.

Il est tout à fait approprié que l’Institut de hautes études en études internationales et du développement, situé au bout de la rue InterContinental, occupe un complexe appelé Maison de la Paix, composé de six bâtiments disposés en pétales de fleurs éparses. L’InterContinental intéresse particulièrement Thomas Biersteker, politologue à l’Institut, qui a mené une carrière dans l’étude des sanctions. Biersteker, un Américain qui a enseigné à la Brown University jusqu’en 2007, a tendance à discuter des singeries des États-nations sur un ton de curiosité pleine de persiflage, comme s’il relatait  les activités des colonies de fourmis dans son jardin. Il vit une partie de l’année dans une maison des Alpes suisses, où il anime tellement de discussions sur son sujet de prédilection, ce qui fait que  ses collègues l’appellent le «Chalet des sanctions». En règle générale, les études de cas de Biersteker portent sur de mauvais acteurs: des États devenus voyous, des  leaders dangereux se moquant du monde. De plus en plus, cependant, ces descriptions semblent correspondre non seulement aux autocraties de la dictature pétrolière, mais également aux États-Unis d’Amérique.

Sous Trump, les États-Unis sont en train de créer ou d’approfondir activement les menaces qui pèsent sur le monde : détruire  le climat ; conférer l’impunité aux soldats américains et aux sous-traitants militaires reconnus coupables de crimes de guerre ; fournir des armes à l’Arabie saoudite, afin que le royaume puisse bombarder le Yémen. Pendant un moment, il sembla que Trump pourrait attaquer la Corée du Nord. Il est encore possible qu’il entame une guerre avec l’Iran. Dans des notes récemment divulguées, Kim Darroch, l’ancien ambassadeur britannique aux États-Unis, craignait que Trump ne détruise le commerce mondial. En cours de route, son administration a anéanti tellement de règles et de normes diplomatiques que tout l’édifice du multilatéralisme de l’après-guerre est menacé. ( 1 ) Le discours de Mike Pompeo à Bruxelles, en décembre dernier, lorsqu’il a attaqué l’Union européenne, l’ONU et tous les autres types de multilatéralisme défendus par les États-Unis, a découvert le pot aux roses. « Il y a eu un silence stupéfait après le discours », a déclaré Anthony Gardner, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’UE, « puis il est parti immédiatement sans répondre à aucune question ». Il y a deux ans, Mary Robinson, ancienne Envoyée spéciale de l’ONU pour la lutte contre le changement climatique, a qualifié les États-Unis d ‘ »État voyou » pour avoir renoncé à l’accord de Paris. Il est maintenant courant que les professionnels de la politique étrangère alliés traditionnels de l’Amérique murmurent bruyamment au sujet de «l’ordre fondé sur des règles», comme s’ils se tenaient au chevet d’un ami chéri et mourant.

Tout le monde en première ligne de la politique étrangère a des histoires à raconter sur le chaos et l’effondrement. Les représentants de l’ONU ont été choqués l’été dernier lorsque les États-Unis ont soudainement décidé de ne plus verser 300 millions de dollars, soit moins de 0,6% de leurs dépenses d’aide étrangère, au budget du Secours and Works Office pour les réfugiés palestiniens. L’agence avait commencé ses travaux en 1949 pour venir en aide aux Palestiniens qui venaient de se retrouver sans abri; durant des  générations successives, ses bénéficiaires ont augmenté pour atteindre environ 5,4 millions, dont beaucoup vivent encore dans ou à proximité des camps de réfugiés. « Les États-Unis n’ont jamais eu de problème avec ce chiffre, jusqu’à l’année dernière », m’a dit un responsable de l’ONU. « Ensuite, ils ont avancé l’argument selon lequel le financement devrait être indexé sur le nombre initial de quelque 800 000 réfugiés. » Les États-Unis ont refusé de bouger malgré plusieurs réunions, dont une à la mi-août qui a duré 15 heures – si longtemps qu’après la fermeture des cafés du bâtiment à 17 h 30, les délégués ont dû quitter les lieux pour se restaurer. Ces réunions se terminent rarement sans une sorte de consensus, ou du moins un langage ambigu pour obtenir l’unanimité, a déclaré le responsable. Mais dans ce cas, même cela n’était pas une option. La dissidence des États-Unis a du être consignée dans une note de bas de page avant que la réunion puisse continuer.

   UN POLITOLOGUE A COMPARÉ L’INCARNATION ACTUELLE DES ÉTATS-UNIS À  » UN GRAND, PUISSANT ET ENVAHISSANT ENFANT AVEC UNE ARME DE POING. COMMENT GÉREZ-VOUS CELA? « 

Il y a tellement «d’exemples flagrants» de ce genre, m’a dit Wendy Sherman, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques sous l’administration Obama. «Au point que nos alliés, les dirigeants européens, recherchent la solidarité ailleurs.» Une politologue canadienne qui a conseillé son pays lors des renégociations de l’ALENA de l’année dernière a été écœurée lorsque Trump a imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en utilisant une disposition se référant à  la sécurité nationale. «Ce que cela signifiait pour les Canadiens, c’était que nous constituons une menace pour la sécurité nationale des États-Unis». Elle a décrit les actions de Trump comme «brutales» et «une énorme trahison» et a ajouté: «Nous avions de plus en plus le sentiment qu’il était insensé de croire qu’il pouvait exister de la confiance entre nos deux pays « .

C’est une situation inédite pour tout le monde. David Sylvan, politologue et l’un des collègues de Biersteker, a comparé l’incarnation actuelle des États-Unis à «un grand, puissant, enfant avec une arme de poing. Comment gérez-vous cela? ». Les États-Unis n’ont jamais hésité à créer les règles eux-mêmes, mais après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont été largement considérés comme un hégémon maintenant un ordre mondial. Maintenant, c’est un hégémon qui méprise cet ordre. De plus en plus, le monde craint que Trump ne soit qu’un symptôme d’un problème beaucoup plus profond, a déclaré James Davis, politologue américain à l’université de Saint-Gall en Suisse. Les politiciens européens en particulier, a-t-il dit, craignent que les profondes tendances sociales en Amérique – vers le chauvinisme, l’insularité et la coercition – ne continuent de s’épanouir même après le départ de Trump de la Maison Blanche. Les autres gouvernements « ne seront pas disposés à traiter avec vous sur les mêmes conditions », a ajouté Davis. « Ils ne feront pas confiance au système. Ils craignent que dans quelques années, il y ait une autre explosion.  »

La question mérite donc d’être posée: combien de temps faudra-t-il avant que le reste du monde ne songe à punir les États-Unis pour leurs méfaits? Et comment pourraient-ils même discipliner un pays aussi puissant que les États-Unis?

Un jour d’avril pluvieux, dans une salle de conférence de l’une des ailes de la Maison de la Paix, Biersteker m’a convoqué une table ronde réunissant une douzaine d’érudits en matière de sanctions: praticiens, universitaires, chercheurs, économistes. Peu d’entre eux ont accepté d’être cités nommément. Certains travaillaient avec des institutions multilatérales et participaient à titre personnel ; un couple était iranien et ne voulait pas être lié à la critique des États-Unis. Ensemble, ils ont proposé des scénarios dans lesquels la mauvaise conduite de l’Amérique pourrait constituer une menace réelle pour le monde, et ont spéculé sur la manière dont la communauté internationale pourrait réagir par des sanctions, au sens le plus large du ce mot.

Au printemps, j’ai également parlé à d’autres experts, à Genève, Londres, Hambourg, New York et Washington DC. Le monde change, ont-ils tous dit. Le moment unipolaire américain se termine. Les économies de la Chine et de l’Inde deviendront bientôt trop grandes pour les États-Unis. De nouveaux réseaux de pouvoir, de commerce et de richesse émergent. Les pays forment des arrangements financiers alternatifs en dehors de l’influence américaine. Ces développements rendront finalement les États-Unis vulnérables aux leviers de pression d’une manière qu’il n’a jamais connu auparavant. Dans les couloirs du pouvoir à Bruxelles, Paris et Berlin, l’idée de pousser ces leviers commence à sonner de moins en moins bizarre de jour en jour.

Selon Biersteker, la sanction moderne est un dispositif né du système multilatéral du XXe siècle. Il décrivait cela de manière générale: « une mesure restrictive – pas nécessairement économique – appliquée dans un but politique. » C’était un outil essentiel du kit de la Société des Nations, tel que l’envisageait Woodrow Wilson. Il y a cent ans cet automne, Wilson effectuait une tournée aux États-Unis pour vendre aux Américains le potentiel de la Ligue en vue de préserver la paix et l’ordre. Dans un discours prononcé à Indianapolis, il a expliqué que si les agissements d’un État menaçaient le bien-être de la communauté internationale, d’autres pays de la Ligue pourraient organiser un boycott du commerce, des voyages et des communications. «Appliquez ce remède pacifique, silencieux et mortel», a-t-il déclaré, «et il n’y aura pas besoin de force.»

Malgré l’optimisme de Wilson, l’ONU n’a imposé des sanctions qu’à deux reprises entre 1945 et 1990: contre la Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) et l’Afrique du Sud. Mais depuis la fin de la guerre froide, la sanction est l’instrument de choix de la diplomatie coercitive. Quand j’ai rencontré Biersteker, à New York, il a sorti son téléphone pour me montrer une application qu’il avait aidé à développer, qui contient des histoires et des analyses de toutes les sanctions imposées par l’ONU depuis 1991. («Vous pouvez la télécharger si vous voulez, et jouer avec « , a déclaré Biersteker. Je pensais qu’il plaisantait, mais l’application m’a permis de choisir parmi divers scénarios théoriques de menace et de conflit, pour ensuite recommander des programmes de sanctions qui ont été efficaces dans des épisodes analogues dans le passé. Mais Candy Crush Saga n’est pas le cas.) Au cours de la première décennie qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique14 régimes de sanctions de l’ONU sont entrés en vigueur. Des pays ont également déployé leurs propres sanctions, en particulier les États-Unis. À l’heure actuelle, les Etats-Unis comptent près de 8 000 sanctions en place, tant que les experts craignent que l’outil s’émousse par la surexploitation.

Les experts en sanctions aiment parler le langage de la douleur. Un expéditeur de sanctions étudiera l’anatomie du pays d’accueil, puis le pincera dans les endroits qui font le plus souffrir, a déclaré Richard Nephew, expert principal en sanctions de l’équipe américaine qui a négocié avec l’Iran sous le régime Obama. Évaluer « comment la douleur se traduit en action » est un exercice délicat et imprécis, écrit-il dans son livre « L’Art des sanctions ». Infliger une souffrance aux citoyens d’un pays pourrait provoquer une dissidence interne et conduire à un renversement du gouvernement. Mais cela pourrait aussi rapprocher les citoyens de leur gouvernement et les uns des autres – un effet de «rassemblement autour du drapeau». Parfois, les conséquences des sanctions peuvent être inattendues, comme dans la grande pénurie de poulet en Iran en 2012. À l’approche des plus grandes vacances en Iran, les sanctions américaines ont provoqué une inflation qui a triplé les prix du poulet. C’était comme si le coût de la dinde en Amérique avait triplé juste avant Thanksgiving, a déclaré Nephew. Cela a suscité plus de frustration parmi les Iraniens à l’encontre de leur gouvernement que des années de contraintes financières n’auraient pu atteindre.

Pour que les sanctions imposées à un pays soient plus efficaces, son économie doit être étroitement et de diverses manières intégrée au réseau mondial des échanges et du commerce, de sorte que l’exil de ce réseau provoque une véritable douleur. Cela explique en partie la domination des États-Unis en tant qu’envoyeur de sanctions. D’autres blocs interconnectés, tels que la Ligue arabe et l’Union africaine, ont utilisé leur pouvoir collectif pour sanctionner l’un des leurs. Mais seuls les États-Unis ont été en mesure d’appliquer unilatéralement les sanctions de manière cohérente, en sanctionnant non seulement les pays destinataires, mais également les autres États et sociétés qui les utilisent.

  L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE RESSEMBLE À « UNE GRANDE PLAQUE QUI TOURNE SUR UN AXE MINUSCULE. IL NE FAUT PAS FORCÉMENT BEAUCOUP DE MOUVEMENT POUR VOUS SORTIR DE CET AXE. « 

La raison la plus pratique de ce pouvoir est la puissance du dollar, la monnaie de réserve mondiale. Le dollar américain représente 88% des transactions en devises, ce qui signifie que les réseaux bancaires du monde entier sont également implantés en Amérique. «Si vous allez à un guichet automatique à Bangalore ou ailleurs, il est très probable que certaines de ces données vont, à un moment donné, transiter par New York», m’a dit Jarrett Blanc, chercheur principal au sein du programme de géoéconomie et stratégie à la dotation Carnegie pour la paix internationale. « Et avec des transactions plus importantes, vous devrez avoir recours aux États-Unis de manière significative. » Seules quelques devises majeures – celles que les banques et les pays ont le plus souvent en réserve – peuvent être échangées sans être préalablement échangées contre des devises  dollar. « Peut-être que vous pourriez convertir des euros en yens sans passer par les États-Unis », a déclaré Blanc. «Mais en dirhams en euros, non. C’est comme si le système financier était un égout.

Pour les entreprises et les banques, être banni des sources américaines est un destin proche de la mort. En 2015, la banque française BNP Paribas a payé une amende de près de 9 milliards de dollars pour violation des sanctions américaines à l’encontre de Cuba, du Soudan et de l’Iran. «Et si vous examinez leur plaidoyer, ils diront en gros:« Oui, nous l’avons fait. Nous avons tout fait », a déclaré Biersteker (Finalement, BNP Paribas a suspendu pendant un an ses opérations de compensation en dollars américains par l’intermédiaire de sa succursale de New York pour certains secteurs d’activité). Biersteker a expliqué: combien de temps ils craignaient d’être gelés du système bancaire américain.  »

La force d’attraction exercée par les États-Unis sur les finances mondiales, comme un trou noir qui plie l’espace-temps, est également la raison pour laquelle il a toujours été si difficile à sanctionner. Mais ce n’est pas juste la finance. Par exemple, Amazon et Microsoft détiennent près de la moitié du stockage utilisé par les entreprises et les institutions du monde entier. Si les entreprises américaines entraient dans le genre de liste noire générale qui s’appliquait aux entreprises iraniennes, la BBC, Fujitsu, Novartis, Samsung, Maersk, Lufthansa, HSBC, le London Tube et l’Agence spatiale européenne devraient tous trouver d’autres fournisseurs de cloud dans le monde pressé.

L’économie américaine est trop fortement ancrée dans la vie de chacun pour se défaire facilement. Tous les experts que j’ai interrogés ont commencé par cette mise en garde : en effet, certains ne pourraient même pas aller au-delà de la réalité, même pour résoudre des situations spéculatives dans lesquelles les États-Unis se retrouvent sanctionnés par leurs pairs. Mais d’autres, particulièrement ceux d’Europe, ont hâte de jouer. Selon Nephew, malgré toute sa primauté, l’économie américaine ressemble toujours à «une grande plaque qui tourne sur un petit axe. Il n’en faut pas forcément beaucoup pour vous sortir de cet axe.  »

IL ÉTAIT UNE FOIS UNE SANCTION qui a fortement agité la plaque sur son axe. En 1973, pendant la guerre de Kippour, les États arabes ont imposé un embargo sur le pétrole à l’Amérique pour le punir d’avoir armé Israël. L’embargo n’a duré que quelques mois et n’a pas empêché l’Amérique de vendre des armes à Israël. Mais refuser l’accès de l’Amérique au pétrole arabe a causé une véritable douleur. Les voitures alignées dans les stations-service, les camionneurs se sont mis en grève et le taux d’inflation a augmenté. Le choc a contribué à déclencher une récession de deux ans. Les États-Unis ont même brièvement envisagé d’envahir l’Arabie Saoudite pour rétablir ses réserves de pétrole. (2)Quand on a dit à Henry Kissinger que James Schlesinger, le secrétaire à la Défense, avait parlé d’envoyer des troupes, Kissinger a répondu: « Il est fou. »

Lors de la table ronde à Genève, un orateur a fait valoir que l’embargo sur le pétrole arabe restait le meilleur exemple permettant de surmonter le «problème classique de l’action collective». Tous les pays du monde ne doivent pas s’unir pour contraindre les États-Unis. Un ensemble d’États contrôlait une marchandise sur laquelle l’Amérique s’appuyait, facilitant la coordination des sanctions, a-t-il déclaré. « La question est donc la suivante: quelle est la faiblesse structurelle des États-Unis que vous devez cibler et quelle est la coalition d’acteurs que vous devez ensuite mettre en place? »

Identifier les points de pression de l’anatomie américaine n’est pas chose facile. Après l’embargo de 1973, le gouvernement américain s’est efforcé de devenir autonome en pétrole et a largement réussi. L’énorme levier financier que la Chine détient théoriquement représente une responsabilité potentielle pour les États-Unis, sous la forme de titres américains représentant 1,12 billion de dollars, soit plus du quart de la dette américaine détenue par des gouvernements étrangers. Un dumping même d’une partie de celle-ci sur le marché déprimerait les prix des obligations américaines, rendrait l’emprunt coûteux pour les Américains et ralentirait l’économie. Mais il est peu probable que la Chine utilise réellement cet effet de levier – les fibrillations résultantes sur les marchés financiers présenteraient des risques pour tous les pays, y compris la Chine.

Richard Nephew a passé en revue certaines des options les plus audacieuses pour moi (Il les commentait en désignant son menton et en disant: “Évidemment, je ne veux pas être comme: “ Hé, frappe-nous ici! ”»). Les cinq pays qui hébergent le plus d’investissements directs américains – les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Luxembourg, l’Irlande et le Canada – édictent des réglementations qui interdisent à leurs marchés et à leurs entreprises d’accepter des fonds de sociétés et de particuliers américains. Les banques nationales de ces pays refuseraient de l’argent américain cherchant, par exemple, un marché boursier dans lequel investir, une usine de fabrication ou une filiale à financer. Supposons en outre que les retours sur les investissements existants ne soient pas autorisés à être renvoyés en Amérique. Les États-Unis perdraient des milliards de dollars en revenu national. À l’aide des données de 2013, Nephew a calculé que les investissements internationaux réalisés par les États-Unis s’élevaient à 439 milliards de dollars, chiffre supérieur à celui de la totalité des 28 économies les plus importantes du monde. «L’impact sur l’inflation, l’emploi, les marchés du logement, c’est grave».

Ou, comme dans le cas de l’embargo sur le pétrole, les États-Unis pourraient se voir refuser l’approvisionnement d’autres produits de base étrangers dont ils ont un besoin urgent, tels que des métaux de terres rares. Environ 90% du commerce mondial des terres rares est contrôlé par la Chine, et les entreprises américaines importent pour environ 160 millions de dollars de ces éléments à utiliser dans la technologie. En mai, un éditorial du People’s Daily, contrôlé par l’État, notait sans ambages qu’en imposant des droits de douane sur les produits chinois, les États-Unis «risquaient de perdre leur approvisionnement en terres rares».

Une forme de sanction à l’encontre des États-Unis a déjà fait l’objet de discussions sérieuses. À la fin de 2017, quelques mois après que Trump eut annoncé son retrait de l’accord de Paris, un analyste français de la politique climatique avait été invité au bureau du conseiller économique du président Emmanuel Macron. Le conseiller a demandé comment l’UE pourrait imposer une taxe carbone aux pays qui ne respectent pas leurs engagements en matière de changement climatique. Lors de cette réunion et d’une autre début 2018, m’a expliqué l’analyste, le conseiller a présenté les propres idées du gouvernement sur, par exemple, ce que l’UE pourrait faire avec les revenus d’une telle taxe. « C’était très contre les Américains, bien que ce ne soit pas dit dans ces mots », a déclaré l’analyste. « Ils étaient très enthousiastes. Ils pensaient que c’était un moyen de rééquilibrer la relation avec les États-Unis et de respecter l’accord de Paris en même temps. »

Depuis  2003 au moins, les économistes se demandent comment une taxe sur le carbone aux frontières pourrait s’appliquer. Premièrement, l’UE limiterait le plafond d’émissions, ce qui rendrait l’achat ou l’échange de permis de carbone plus coûteux pour ses propres entreprises. Il pourrait également introduire une taxe carbone nationale sur ses secteurs des transports, de l’énergie et de la fabrication. Ensuite, afin de maintenir le terrain de jeu sur le plan commercial, la Commission européenne recommanderait des taxes frontalières sur le carbone sur les importations fabriquées dans des pays qui font preuve de négligence quant à leur empreinte carbone. Au niveau le plus immédiat, ces taxes pourraient s’appliquer à des matériaux tels que l’acier, l’aluminium ou le ciment, dont la production est fortement émettrice et dont le coût du carbone est simple à calculer. La taxe pourrait être dirigée vers les pays qui n’imposent aucun prix du carbone (Seulement Quarante-six pays ont mis en place un système national de tarification du carbone). Elle pourrait aussi s’adresser au seul pays qui refuse de respecter l’Accord de Paris: les États-Unis.

Les États-Unis déposeraient presque certainement une plainte auprès de l’OMC, arguant que la taxe était discriminatoire. Mais l’UE pourrait contrer le fait qu’elle étend simplement sa politique climatique nationale à toutes les importations. Elle pourrait même raisonnablement soutenir que les États-Unis tirent un avantage commercial injuste de leur irresponsabilité. « Ne pas payer le coût des dommages causés à l’environnement est une subvention, tout comme ne pas payer tout le coût des travailleurs », écrivait en 2006 Joseph E. Stiglitz, l’économiste lauréat du prix Nobel de la paix.

Bruxelles a également une autre ligne de défense, celle fournie par les États-Unis eux-mêmes. Au milieu des années 90, le gouvernement américain a interdit les importations de crevettes en provenance de quatre pays asiatiques, affirmant que leurs méthodes de récolte étaient dangereuses pour les tortues de mer en voie de disparition. La décision qui en a résulté précisait que les préoccupations environnementales constituaient une raison légitime de restreindre le commerce. Cette décision, écrit Stiglitz, crée un précédent pour l’imposition de mesures telles qu’une taxe carbone limite.

Anthony Gardner, l’ancien ambassadeur des États-Unis, m’a dit qu’après l’éclatement de la discussion, l’idée d’une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone s’était enlisée dans les limbes. La présidence de Macron s’est enserrée dans d’autres inquiétudes, a expliqué l’analyste climatologue, «et les États-Unis « La volatilité est passée de Paris à cette folie aujourd’hui. » Pourtant, pas plus tard qu’en mai, Macron a répété la proposition. Le même mois, les ministres espagnols ont exhorté l’UE à l’examiner également. La première section d’un manifeste de la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présente une taxe sur les émissions de carbone et activité liée au carbone. « Si Trump remporte un second mandat », a déclaré Gardner, « il y aura encore plus de pression. »

C’est en France que Karen Donfried, présidente du German Marshall Fund, perçoit les courants d’exaspération les plus intenses avec les États-Unis. «Je me pose à Paris et commence à parler aux gens, et je le vois. Ils prêchent maintenant à partir de l’évangile de l’autonomie stratégique »- en essayant de réduire la dépendance de l’Europe à l’égard de l’Amérique. «C’est une position française de longue date, mais ils en discutent aujourd’hui avec plus de véhémence, car ils pensent que l’Amérique a mal tourné.» L’année dernière, la France a mené huit autres pays européens à former une «initiative d’intervention», une coalition militaire extérieure à l’OTAN a maintenant augmenté à 13 membres. Macron a également suggéré de ne pas conclure d’accords commerciaux avec les États-Unis du fait du rejet de l’accord de Paris par Trump – un point qu’il a renforcé la semaine dernière à l’ONU. Et c’est la France qui a le plus insisté sur le Fonds européen de défense, un projet de plusieurs milliards de dollars visant à améliorer la capacité de l’Union européenne à mener ses propres opérations de sécurité et de défense, a déclaré Donfried. « Les Français considèrent que le rôle des États-Unis a changé au fil du temps et qu’il ne revient pas à ce qu’il était. »

QU’EST CE QUI PEUT ARRIVER?  Supposons qu’un groupe de pays déterminés décident d’une forme de sanction à infliger aux États-Unis. Ils constateront qu’en cas de représailles de la part des États-Unis, leur premier objectif sera de trouver un moyen de contourner le dollar américain. Mais saper le dollar peut aussi être une sanction en soi, un moyen de censurer les États-Unis. Dans un café à Genève, j’ai rencontré Ramon della Torre, économiste et ancien élève de Biersteker, qui m’a expliqué, de manière animée, les méthodes pour le faire.

L’une des stratégies, a-t-il déclaré, serait que les plus grands pays producteurs de pétrole, voire l’OPEP, le cartel qui unit ces pays, cessent de nommer le prix du brut en dollars. Au moins 60% de la production mondiale de pétrole est payée en dollars. Les contrats à terme sur pétrole et les options valant des billions de dollars sont également libellés en dollars. « Les pays producteurs de pétrole pourraient dire: » Nous ne voulons plus participer à ce régime de pétrodollars « , a déclaré della Torre. «Les pays arabes pourraient dire cela. Ou la Russie, ce qui serait plus intéressant. Et la Chine pourrait décider de ne pas se soucier d’acheter du pétrole en dollars ou en euros. » Cela ferait basculer le dollar, a-t-il déclaré. « Je me demande pourquoi cela n’est pas encore arrivé. »

Certains pays soumis à des sanctions américaines ont tenté de le faire. Le Venezuela a lancé une pétro-crypto-monnaie pour vendre du pétrole et l’Iran a commencé à accepter l’euro pour le pétrole en 2006. Mais le jeu a besoin de gros joueurs. L’année dernière, la Chine, premier importateur mondial de brut, a présenté le premier contrat à terme sur son pétrole libellé dans sa propre monnaie. De grands producteurs de pétrole tels que le Nigéria, la Russie et l’Indonésie ont annoncé qu’ils accepteraient les paiements en yuan. En avril, face à la perspective que l’OPEP pourrait être nouvellement soumise aux lois américaines antitrust, l’Arabie saoudite a commencé à envisager de vendre du pétrole dans des monnaies autres que le dollar américain. « Les Saoudiens savent qu’ils ont le dollar comme option nucléaire », a déclaré à Reuter une source comme on dit. Si le plus grand exportateur mondial de pétrole cotait son baril en euros ou en yuan, a déclaré une autre source, « ce serait la chute de l’économie américaine ».

   DE NOMBREUX AMÉRICAINS PENSENT QU’IL N’Y A AUCUN MOYEN DE CONTOURNER LA SUPRÉMATIE DU DOLLAR, A DÉCLARÉ JARRETT BLANC. « ILS CONFONDENT LE FAIT QUE CE N’EST PAS ARRIVÉ AVEC UNE PRÉDICTION QUE CELA NE PEUT PAS ARRIVER. »

Une autre façon de diminuer le dollar consiste à créer un ensemble alternatif de ce que Jarrett Blanc appelle des «tuyaux» : des canaux de financement internationaux qui ne sont pas obligés de compter sur les banques américaines pour exécuter des transactions. Des exemples de tels systèmes commencent tout juste à émerger – ironiquement, à cause des pressions exercées par les sanctions américaines sur des pays tels que l’Iran et la Russie. Plus tôt cette année, l’UE a créé un instrument spécial appelé Instrument de soutien aux échanges commerciaux, ou Instex, qui contourne les canaux de paiement en dollars pour continuer à faire affaire avec des sociétés iraniennes. (3) Instex tient une sorte de registre pour vérifier que les entreprises européennes exportant vers l’Iran ne sont pas payées avec des fonds iraniens mais avec des euros provenant d’autres entreprises européennes qui importent d’Iran. Un centre d’échange en Iran fait de même pour les entreprises iraniennes qui traitent avec leurs homologues européennes. Instex n’autorise pour l’instant que le commerce de produits alimentaires et de médicaments, bien que l’UE veuille l’ouvrir aux pays comme la Chine, l’Inde et le Japon, tout en le faisant faciliter les exportations de pétrole de l’Iran. Par ailleurs, la Russie et la Chine ont développé leurs propres réseaux de transfert qui constituent une alternative à SWIFT, le protocole bancaire le plus courant, basé en Belgique mais conforme aux sanctions imposées par les États-Unis à d’autres pays et sociétés. Des ONG désireuses d’acheminer de l’aide en Syrie, bloquées par les sanctions américaines, s’emploient à mettre en place des détours de crypto-monnaie autour du dollar.

Toutes ces initiatives pourraient bien aboutir à la défaite. En effet, un nouveau train de sanctions sur l’Iran, dévoilé par Trump le 20 septembre, menace déjà de paralyser Instex. Comme le souligne Blanc, vous ne pouvez appuyer sur aucun bouton pour défier le dollar. L’euro est soumis aux tensions internes de l’UE ; le yuan est étroitement contrôlé par le gouvernement chinois. Beaucoup d’Américains pensent qu’il n’y a aucun moyen de contourner la suprématie du dollar, a déclaré Blanc. « Ils confondent le fait que cela ne s’est pas produit avec une prédiction que cela ne peut pas arriver. » Jusqu’à présent, il était trop coûteux et difficile d’essayer de contourner le dollar. Mais le coût et la difficulté de faire face à une Amérique insouciante pourraient l’emporter sur la rénovation du système financier, a expliqué M. Blanc. « Ce n’est que maintenant que nous testons ce qui se passe si les États-Unis agissent de manière véritablement unilatérale. »

Pour que le théâtre complet des sanctions soit révélé, l’Amérique devra commettre un acte si flagrant qu’il incite la communauté internationale à agir. «Ce doit être quelque chose de très visible», a déclaré Julia Grauvogel, chercheuse senior à l’Institut allemand d’études mondiales et régionales à Hambourg. Une frappe nucléaire contre la Corée du Nord ou l’Iran pourrait le faire, a-t-elle déclaré. Une intervention militaire, par exemple au Venezuela? «Cela dépendra de la nature de l’intervention», a-t-elle déclaré. «Enverraient-ils des troupes sur le terrain? Utilisent-ils leur capacité nucléaire comme une menace? Il doit y avoir un cas très clair où les États-Unis ont enfreint le droit international.  »

La délinquance liée au changement climatique peut-il ou non la réduire. Quand j’ai commencé à me renseigner sur les sanctions liées au climat, on me disait invariablement que le rythme de la détérioration du climat, bien que suffisamment rapide pour alarmer, était trop lent pour provoquer des sanctions. Mais le mois dernier, lors du sommet du G7 à Biarritz, en France, un cas d’essai s’est présenté. Avec la forêt amazonienne en flammes, les dirigeants de l’UE ont menacé de suspendre la ratification d’un nouvel accord commercial avec le bloc sud-américain Mercosur, à moins que le Brésil ne prenne des mesures pour éteindre l’incendie. Il s’agissait du premier cas majeur de menace semblable à une sanction pesant sur un pays à cause du changement climatique.

Même dans ce cas, il sera difficile d’étendre le modèle aux États qui sortent de l’accord de Paris ou ne parviennent pas à réduire leurs émissions. Les dispositions les plus critiques de l’accord de Paris, relatives aux objectifs d’émissions et aux engagements financiers, ne sont pas juridiquement contraignantes. Même la volonté de réduire les émissions varie à travers le monde. «Vous devez avoir une norme qui soit également partagée», a déclaré Christian von Soest, collègue de Grauvogel. Pensez à la Russie. Auraient-ils des sanctions environnementales? Je ne pense pas. Ce n’est pas une norme clé pour eux.

Mais les événements climatiques vont inévitablement commencer à se dérouler en cascade: tempêtes exceptionnelles, sécheresses, inondations, migrations, pertes de récoltes, conflits. «Peut-être que dans dix ans, lorsque les équilibres économiques mondiaux changeront, si les États-Unis appliquent depuis dix ans des politiques semblables à celles de Trump », a déclaré Nephew, des facteurs moins importants pourraient servir de déclencheurs. « Il peut s’agir d’actions militaires, d’un recours intensif aux frappes de drones et aux violations des droits de l’homme qui leur sont associées ou d’un retrait des accords internationaux. »

    «À QUOI RESSEMBLE CE MONDE, OÙ… CHAQUE PAYS DÉCIDE DE CE QU’IL VEUT FAIRE, SANS RÈGLES? ANCIEN AMBASSADEUR DES ÉTATS-UNIS AUPRÈS DE L’UE. «C’EST UN JEU MONDIAL GRATUIT QUI NE SERA BÉNÉFIQUE POUR PERSONNE.»

À court terme, l’option la plus réaliste est peut-être que les pays adoptent des mesures de désobéissance civile. Déjà, les pays européens le font en suspendant leur collaboration militaire. David Sylvan, le politologue, a évoqué le plan de courte durée de Trump en décembre dernier pour que l’Amérique quitte la Syrie. «Normalement, les États-Unis demanderaient à d’autres pays d’envoyer des troupes pour les remplacer. Ils l’ont fait en Irak et en Afghanistan. Cette fois-ci, quand ils ont frappé aux portes, personne ne leur a répondu. »La Grande-Bretagne et la France, les deux partenaires européens de l’Amérique sur le terrain, ont catégoriquement refusé de rester. « C’est totalement hors de question », a déclaré à l’AFP un responsable du gouvernement français. « C’est juste non. »

En conséquence, les États-Unis ont dû garder la moitié de leurs deux mille soldats en Syrie, risquant ainsi plus de vies américaines qu’ils ne le souhaitaient, tout en continuant de chercher de l’aide auprès de l’Europe. James Jeffrey, représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, s’est rendu en Allemagne en juillet pour demander des troupes au sol, mais cela a été refusé. La Grande-Bretagne et la France ont finalement accepté d’envoyer un contingent beaucoup plus réduit que celui demandé par l’administration Trump. D’autres pays ont demandé aux Etats-Unis un paiement en échange d’un soutien militaire, a déclaré un responsable de l’administration Trump. À la fin du mois de juillet, l’Allemagne a également refusé de participer à une mission navale conjointe dirigée par les États-Unis contre l’Iran dans le détroit d’Hormuz. « C’était un moyen de mettre les États-Unis en quarantaine, dit Sylvan, en disant: » Nous ne jouons pas.  » Ces quarantaines agissent comme une sorte de sanction furtive, empêchant les États-Unis d’atteindre leurs objectifs de politique étrangère.

 

La croisade des États-Unis contre la coopération médicale internationale de Cuba

Photo: Archives

Comme nous l’avions dénoncé dans la Déclaration MINREX du 29 août 2019, le gouvernement des États-Unis mène depuis l’année dernière une campagne intense et insultante contre la coopération médicale offerte par Cuba, une campagne assortie de menaces de sanctions à l’encontre de dirigeants cubains et de pressions exercées contre les États bénéficiaires de cette aide afin qu’ils y renoncent.

Dirigée au moindre détail par le Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, cette campagne est menée avec la participation active de sénateurs et de membres du Congrès associés à la mafia anticubaine de la Floride et à plusieurs fonctionnaires frénétiques du Département d’État.

Ils accusent Cuba de soi-disant « esclavage moderne » et de « traite des personnes » sur le personnel qui travaille dans le système de santé cubain, à des fins d’exploitation ou d’ingérence dans les affaires intérieures des États où ils sont présents.

Ils tentent également de réactiver le dénommé « Programme de Parole pour les professionnels cubains de la médecine », en vigueur jusqu’au 12 janvier 2017, appelé à jouer un rôle actif dans l’incitation à la défection à travers le paiement des billets et l’offre de services juridiques, la délivrance de visas et de documents de voyage étasuniens à nos coopérants en poste dans des pays tiers, dans le but de saboter les accords bilatéraux conclus avec ces pays et de les priver ainsi de leurs services, et de nous dépouiller de notre main-d’oeuvre hautement qualifiée.

En mai 2019, le Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) a organisé une conférence au siège de cette organisation sur les soi-disant crimes contre l’humanité que Cuba aurait commis dans le cadre de sa coopération médicale à l’étranger.

En juin, le Département d’État, dans son rapport de 2019 sur la Traite des personnes, a dénigré la coopération médicale internationale de Cuba et, un mois plus tard, il a imposé des sanctions restrictives en matière de visas aux responsables cubains liés aux missions médicales.

Par la suite, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), une institution étasunienne qui finance des programmes de subversion contre notre gouvernement, a affecté 3 millions de dollars à des projets dirigés contre les brigades médicales cubaines à l’étranger.

La traque orchestrée par les États-Unis a commencé par l’Amérique latine et a provoqué la cessation des programmes de coopération au Brésil, en Équateur et en Bolivie.

Par ailleurs, le président fasciste et servile du Brésil, Jair Bolsonaro, a dénigré et expulsé nos médecins spécialistes qui, en vertu d’un accord tripartite avec l’Organisation panaméricaine de la santé, d’août 2013 à novembre 2018, avaient traité 113 359 000 patients dans plus de 3 600 municipalités et assuré une couverture permanente à 60 millions de Brésiliens.

Il est à noter que 1214 étudiants brésiliens ont obtenu leur diplôme en médecine dans notre pays.

Cette décision lui a permis de démontrer sa complaisance à l’égard du gouvernement étasunien et de démanteler un programme destiné aux familles à faible revenu, dans le cadre d’une politique brutale de destruction des acquis sociaux obtenus sous les gouvernements progressistes du Parti des travailleurs.

De hauts responsables étasuniens ont lancé la calomnie selon laquelle les brigades médicales cubaines en République bolivarienne du Venezuela sont des troupes militaires, ce que Bolsonaro a répété comme un perroquet, en septembre 2019, lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, triplant de manière ridicule, par malice ou par ignorance, le chiffre mensonger et sans fondement avancé par Washington.

Des responsables du Département d’État, de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et d’ambassades des États-Unis se sont activés auprès d’autorités nationales, comme au Guatemala, pour obtenir, de manière suspecte et péremptoire, des données précises sur la coopération médicale cubaine afin de trouver les moyens d’y mettre fin.

En mai 2019, l’ambassade des États-Unis en Équateur a demandé aux hauts responsables du gouvernement des informations détaillées sur les accords et les services des coopérants humanitaires cubains. Cinq mois plus tard, le gouvernement équatorien a abruptement résilié ces accords, malgré leur expiration imminente, arguant des raisons économiques.

Depuis le début de la coopération médicale dans ce pays, un total de 3 565 professionnels cubains de la santé ont fourni leurs services. Ainsi, 6 749 666 consultations médicales, 212 360 interventions chirurgicales, 3 548 naissances et 100 84 doses de vaccination ont été assurées. Et 153 coopérants ont participé à l’ « Opération Miracle », un programme par lequel 168 543 interventions chirurgicales ophtalmologiques gratuites ont été réalisées. Grâce à la mission de solidarité « Manuela Espejo », 825 576 personnes ont été traitées, dont 35 257 en consultations spécialisées en neurophysiologie et en oto-rhino-laryngologie, et 21 62 patients ont fait l’objet d’études génétiques cliniques.

Il est bon de préciser que 2 093 jeunes Équatoriens ont suivi leurs études à Cuba.

Au mois d’octobre, le ministère équatorien des Affaires étrangères a demandé à connaître l’objet du voyage dans ce pays d’une liste de citoyens cubains munis de passeports diplomatiques et officiels. Par la suite, la ministre du Gouvernement a déclaré de manière insultante que plusieurs Cubains, associés aux accords de coopération, avaient participé aux manifestations du peuple équatorien contre l’application des mesures néolibérales durant cette période.

Comme cela a été prouvé, aucun Cubain n’a participé ou organisé ces manifestations populaires massives, et aucun passeport officiel ou diplomatique n’a été utilisé de manière abusive. Les manipulateurs n’ont pas été en mesure de présenter une seule preuve.

L’État cubain délivre les passeports diplomatiques, officiels et de service conformément aux dispositions de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, et garantit que les titulaires respectent les dispositions relatives à leur utilisation conforme.

Lors du coup d’État en Bolivie, l’ambassade des États-Unis à La Paz a été l’instigatrice d’actions hostiles menées par les forces de police et, ce qui est surprenant, par les pompiers, contre les coopérants cubains, et elle y a participé directement. Comme il a été dénoncé publiquement, des fonctionnaires étasuniens ont participé directement à ces actes, en utilisant la voiture diplomatique étasunienne immatriculée 28 CD-17.

Durant ces journées, 26 incidents graves ont été recensés contre nos coopérants, dont le passage à tabac de deux d’entre eux, l’incitation publique à la violence des autorités du coup d’État, des fouilles corporelles brutales, des perquisitions de leurs biens et de leur domicile, de fausses accusations, et la détention temporaire arbitraire de 50 coopérants de la santé, dont 4 pendant plusieurs jours.

Face à cette situation, le gouvernement cubain a été contraint de procéder au rapatriement immédiat de notre personnel et il a rejeté énergiquement les déclarations mensongères du soi-disant ministre de la Santé, qui exagère sans vergogne le montant des honoraires des médecins spécialistes cubains, en fait inférieur à celui des médecins généralistes boliviens ; et il cache le fait que Cuba n’a pas reçu un seul centime pour cette coopération.

La Brigade médicale cubaine en Bolivie, qui comptait 54% de personnel féminin, était composée de 406 médecins de 32 spécialités telles que la médecine générale intégrale, pédiatrie, médecine interne, gynécologie et obstétrique, anesthésiologie et réanimation, ophtalmologie, chirurgie générale, orthopédie et traumatologie, médecine intensive et urgence, néonatologie et autres. Par ailleurs, 258 diplômés en technologies de la santé telles que l’imagerie, l’endoscopie, l’électromédecine, les laboratoires cliniques, la rééducation et l’infirmerie y réalisaient également un travail remarquable.

Au cours de ces années de travail, ils ont réalisé 73 330 447 consultations et 1 529 301 interventions chirurgicales. Ils ont assuré 60 640 naissances, appliqué 22 221 vaccins et effectué 508 403 opérations ophtalmologiques.

5 184 médecins boliviens ont obtenu leur diplôme dans les universités cubaines.

La traque et la quête d’informations ont inclus des tentatives d’interrogatoire du personnel cubain par des « diplomates » des États-Unis dans les centres de santé mêmes où nos coopérants travaillent à l’étranger, y compris en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Il est immoral et inacceptable de remettre en question la dignité, le professionnalisme et l’altruisme des plus de 400 000 coopérants cubains de la santé qui, en 56 ans, ont effectué des missions dans 164 pays.

Parmi leurs exploits figurent leur rôle de premier plan dans la lutte contre l’Ébola en Afrique, la cécité en Amérique latine et dans les Caraïbes, le choléra en Haïti, et la participation de 26 brigades du Contingent international de médecins spécialisé dans les situations de catastrophes et de graves épidémies « Henry Reeve » au Pakistan, en Indonésie, au Mexique, en Équateur, au Pérou, au Chili et au Venezuela, entre autres.

En vertu de ce même désintéressement et de ce même dévouement, 35 613 professionnels de la santé de 138 pays ont été formés gratuitement à Cuba.

Dans les pays où les conditions économiques sont plus défavorables, Cuba assume pratiquement les coûts de la coopération. De même, et conformément aux conceptions des Nations Unies en matière de coopération entre pays en voie de développement, cette coopération est offerte dans d’autres pays sur la base de la complémentarité et de la rémunération partielle des services rendus.

Les techniciens et professionnels cubains engagés dans ces programmes le font en toute liberté et volontairement. Durant leur mission, ils continuent de recevoir leur plein salaire à Cuba et bénéficient également d’une allocation dans le pays de destination, ainsi que d’autres allocations.

Lorsque Cuba reçoit une compensation pour la coopération fournie, ces coopérants ont le mérite d’apporter une contribution équitable et tout à fait légitime au financement, à la viabilité et au développement d’un système de santé universel et gratuit, accessible à tous les Cubains, ainsi qu’aux programmes de coopération qui sont mis en œuvre, sans aucun paiement à notre pays, dans de nombreuses régions du monde.

Comme nous l’avons rappelé le 29 août dernier, l’accès à la santé est un droit humain. La croisade des États-Unis contre la coopération médicale internationale est un acte infâme et criminel contre les peuples ayant besoin de soins médicaux, qui ne parviendra pas à ternir la solidarité et la contribution humaine des 29 000 professionnels de la santé cubains qui, au prix d’un énorme sacrifice et avec la compréhension de leurs familles, offrent actuellement leurs services à 65 pays.

L’attitude du Gouvernement des États-Unis dans cette affaire est méprisable. La réponse de Cuba est ferme : nous continuerons à sauver des vies et à soutenir la santé et le bien-être dans le monde, dans la mesure de nos possibilités, partout où on nous le demandera.

La Havane, le 5 décembre 2019.

(Cubaminrex)

 

AMLO ARRÊTE À NOUVEAU LES MENACES DE DONALD TRUMP

Voilà ce que c’est que d’être le voisin d’une bête féroce qui a nom les Etats-Unis, comment se prémunir non seulement des foucades du dernier président mais du danger permanent quel que soit le président que représente cette nation pour le reste de l’humanité. Une part importante de la gouvernance des chefs d’État d’Amérique latine et du reste du monde passe dans l’art d’éviter les coups d’état, les manœuvres de la CIA, les déstabilisations permanentes du crime que les USA prétendent combattre mais qu’ils encouragent en sous-main, le tout pour préserver le droit au pillage de l’empire et de ses vassaux (note et traduction de Danielle Bleitrach).

06DÉC
2019

Ce qui semblait un fait accompli ne l’était pas.

Oui, le président des États-Unis, Donald Trump, « retardera » la désignation des « cartels » mexicains comme « terroristes » , et travaillera plutôt avec le gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador pour empêcher ces organisations de continuer à se développer .

C’est la deuxième fois qu’Andrés Manuel López Obrador opère politiquement pour empêcher les menaces de Donald Trump de se réaliser.

La première fois, c’est lorsque le président américain a menacé de fixer des tarifs sur tous les produits mexicains, car, soi-disant pour lui, le Mexique n’a rien fait pour empêcher les migrants d’arriver aux États-Unis.

À cette occasion, après plusieurs pourparlers, le gouvernement mexicain a convaincu les États-Unis que la migration est un processus social et qu’elle serait empêchée si les conditions de vie de ceux qui migraient s’amélioraient. Il n’y avait pas de tarifs et il y avait des stratégies de travail conjointes.

Il y a quelques jours, Donald Trump a menacé de qualifier les cartels mexicains d’organisations « terroristes ». Bientôt, Andrés Manuel López Obrador a rejeté cette proposition et a demandé une coopération et non une intervention. En outre, il a dit qu’il discuterait de cette question avec le gouvernement américain.

Aujourd’hui, Donald Trump a déclaré qu’à la demande d’AMLO, son administration ne ferait pas pour le moment la déclaration des cartels comme terroristes, malgré le fait qu’ils disposent déjà de toutes les procédures pour le faire. Au lieu de cela, il travaillera avec le gouvernement mexicain pour lutter contre les organisations criminelles.

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

All necessary work has been completed to declare Mexican Cartels terrorist organizations. Statutorily we are ready to do so. However, at the request of a man who I like and respect, and has worked so well with us, President Andres Manuel @LopezObrador_ we….

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

All necessary work has been completed to declare Mexican Cartels terrorist organizations. Statutorily we are ready to do so. However, at the request of a man who I like and respect, and has worked so well with us, President Andres Manuel @LopezObrador_ we….

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

….will temporarily hold off this designation and step up our joint efforts to deal decisively with these vicious and ever-growing organizations!

«Nous avons accompli tout le travail nécessaire pour déclarer les organisations terroristes des cartels mexicains. Nous sommes statutairement prêts à le faire. Cependant, à la demande d’un homme que j’aime et respecte et qui a si bien travaillé avec nous, le président Andrés Manuel López Obrador, nous retarderons temporairement cette désignation et intensifierons nos efforts avec le Mexique pour traiter de manière décisive avec ces organisations vicieuses et croissance constante ».

C’est donc la deuxième fois que López Obrador arrête Trump dans ses menaces d’affecter notre pays.