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Le Donbass: impasse politique et militaire pour Kiev

15 Mar

Ukraine acting the fool
Le chaos qui s’est emparé de l’Ukraine suite au coup d’état de Kiev en février 2014 approche du point de rupture. Déjà sous gouvernance étrangère, non seulement le Gouvernement ne peut avoir de majorité parlementaire, mais il a perdu tout soutien populaire, avec un Premier ministre à moins de 2%. Dans ce contexte, les accords de Minsk ne peuvent être appliqués, pas plus cette année que l’année dernière. Et la situation se dégrade à vue d’oeil, l’impasse étant tout autant militaire que politique.

Pour tenter de sauver la version « soft » du projet-Ukraine, Yatséniuklance un grand enfumage: un accord de toutes les forces politiques pour ne plus faire pression sur le Gouvernement. Ainsi, il faut reconstituer une coalition parlementaire permettant de reprendre une majorité, sinon ce sont les élections. Et il va les perdre, comme beaucoup de politiques en place.
Or, les élections sont un scénario inacceptable. 
Or, la constitution d’une majorité parlementaire gardant à sa tête ce Gouvernement est impossible – trop impopulaire.
Or, constituer un autre Gouvernement est impossible – les membres étrangers ont une totale impunité et sont inamovibles.
Tant que le projet marche.
Et le projet doit marcher tant que la supprématie américaine n’est pas restaurée – or elle ne le sera pas prochainement.
Donc, c’est l’impasse. Pour sortir de l’impasse, il ne reste que deux solutions à Kiev: militaire ou politique. Autrement dit, faire tomber le Donbass par le sang ou par l’argent.
La solution militaire
Ces derniers temps, parler d’un « cessez-le-feu » n’a de sens que si l’on entend par cette expression l’absence de l’aviation ukrainienne, comme dans les premiers temps, ou d’une grande offensive urkrainienne. Pour le reste, l’artillerie sort de ses garages labellisés OSCE pour revenir sur les lignes de front, les tanks et blindés se positionnent, les tirs s’intensifient. Des ouvrages civils sont détruits, comme la station de filtration d’eau de Donetsk, privant de nombreux quartiers de la ville d’eau potable.
Du 12 au 13 mars, les forces ukrainiennes ont attaqué la république de Donetsk plus de 200 fois, utilisant même des obus, interdits pendant le cessez-le-feu.
Parallèlement, un combat décisif se joue pour tenter de briser la route rejoignant Gorlovka et Donetsk, permettant aussi de rapprocher les forces ukrainiennes à portée de tir de la ville de Donetsk. Ainsi, labataille de Iassinovataya a failli entraîner la rupture officielle du cessez-le-feu. Seule la défaite de l’armée ukrainienne fait que ce simulacre est encore officiellement en place.
Le bataillon qui a mené l’attaque est le bataillon Poltavchina, un des nombreux bataillons ukrainiens composé à 60% de membres néo-nazis UNA-UNSO, qui ont notamment combattu contre la Russie en Tchétchénie ou encore en Transnistrie. Leurs actions sont plus radicales, ils mènent une guerre sale, et l’armée ukrainienne n’en est pas, officiellement, totalement responsable. Les garants étrangers gardent ainsi bonne figure.
Sur la carte ci-dessous, vous voyez la route de Iassinovataya, en rouge les forces ukrainiennes, en bleu celles du Donbass.

Afin de prendre la route, l’armée ukrainienne a reçu de son commandement l’autorisation d’ouvrir massivement le feu, d’utiliser l’artillerie, même si cela touche les quartiers d’habitation. En conséquence de quoi l’intensité du tir a été largement augmentée. Rien que dans cette région, l’armée ukrainienne a attaqué plus de 380 fois. Les forces ukrainiennes ont également tenté de prendre la zone neutre autour de Iassinovataya avec les tanks et les blindés, mais les combattants du Donbass ne les ont pas laissé faire, perdant une trentaine d’homme et comptant de nombreux blessés.

Lors de l’attaque, Bassourine, vice-commandant des forces armées et porte-parole de la république de Donetsk, a téléphoné au général-major ukrainien en poste dans le Centre de contrôle pour le cessez-le-feu. Il lui a été répondu: abandonnez-nous Iassinovataya et le feu cessera. L’OSCE reste silencieux.

Cela démontre une chose: si l’Ukraine a toujours envie de prendre le Donbass par la force et dans le sang, pour lui faire payer son insoumission, elle n’en a pas plus la force aujourd’hui avec toute l’aide extérieure, qu’il y a deux ans. Toute la stratégie ne peut lutter contre un homme qui défend sa terre natale.
 
La solution politique
Quant à la solution politique, le « plan Medvedtchuk« , elle est tout aussi irréaliste. L. Kutchma, lors des discussions pour une sortie de crise, aurait avancé une solution acceptable pour Kiev, proposée par P. Poroshenko. Les dirigeants élus de Donetsk et Lugansk, à savoir Zakhartchenko et Plotnitsky quittent le pouvoir et sont remplacés par des hommes de Kiev, à savoir les oligarques Akhmetov à Donetsk et Boïko à Lugansk. A ces conditions, le Président Poroshenko a annoncé être d’accord pour mettre en place un statut spécial pour le Donbass.
L’on rappellera que Boïko est à la tête du soi-disant parti d’opposition le Bloc d’opposition. L’on comprend mieux pourquoi il n’a pas voté le départ du Gouvernement Yatséniuk à la Rada. Quant à Akhmetov, il a abandonné le Donbass, disant que ce n’étaient que des barbares et qu’il fallait en débarrassé la région. Tout cela en soutenant l’opération de nettoyage ethnique lancée par Kiev.
Evidemment, le dirigeant élu de la région de Donetsk, Zakhartchenko a rappelé que la population a déjà voté au référendum et n’a aucune raison pour le refaire.
C’est aussi une impasse. Et il est surprenant que ce pouvoir pro-européen, issu du Maïdan contre les oligarques impopulaires et corrompus n’ait rien d’autres à proposé … que des oligarques, impopulaires et corrompus, comme Poroshenko lui-même d’ailleurs. Impopulaires à tel point que ce n’est pas leur élection qui est proposée, mais leur nomination par Kiev.
Le point de rupture arrive: l’implosion, avec ou sans radicalisation. C’est la seule inconnue.

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1 commentaire

Publié par le mars 15, 2016 dans Uncategorized

 

Une réponse à “Le Donbass: impasse politique et militaire pour Kiev

  1. leca

    mars 15, 2016 at 8:42

    Comme souvent une photo vaut mieux qu’un long discours. Celle qui illustre l’article est assez croquignolette. On y voit un lutin ukrainien cape au vent se fracasser la tête contre le rideau de fer de la russie impériale. Sous le regard amusé de trois personnages: l’Oncle Sam, un juif a papillote réprésentant sans doute Israel et un troisième personnage plus difficile à identifier il ressemble un peu à Lenine mais avec la moustache de Staline et la casquette de Krasucki ; serait ce le communisme international ? Le Donbass ? Ou bien un (Ata)turc ?
    Sinon, en cliquant en fin de texte sur ‘karine bechet-golovko’ on tombe sur sa présentation.
    sexe: féminin,
    secteur : droit. (sic)
    ça ne s’invente pas.

     

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