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Les Chinois travaillent sur nos erreurs

26 Oct

Китайская работа над нашими ошибками

Ce texte, nous signale Marianne qui l’a traduit du russe, est écrit par un Ukrainien de Dniépropetovsk . Il nous a paru extrêmement important parce que comme nous l’avions signalé dans notre livre « URSS vingt ans après, retour de l’Ukraine en guerre » Delga 2015,  les Chinois ont consacré d’importants moyens financiers et humains à l’analyse de ce qui s’est passé en URSS. Il y a même actuellement un livre traduit en russe qui fait état d’un premier bilan de ces réflexions. Marianne va tenter de nous en présenter quelques données en tous les cas le compte-rendu fait ici par cet Ukrainien corrobore nos propres conclusions présentées à Venissieux: il y a eu trahison c’est incontestable mais tout n’est pas explicable par la trahison et le travail des communistes doit mettre à jour les conditions objectives et subjectives historiques sur lesquelles est intervenue cette trahison (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop).

 

Toutes ces années, la science chinoise s’est interrogée sur le destin de l’Union soviétique, consacrant tout un corpus de recherches à ce sujet.

http://liva.com.ua/kitajskaya-rabota-nad-nashimi-oshibkami.html

 

21.10.2019

 

Apprendre à partir de ce que  l’URSS a fait de bien est un grand avantage pour nous. Et tirer les leçons des erreurs de l’Union soviétique nous est également très bénéfique.

Deng Xiaoping

 

Les gens qui font des recherches sur les processus historiques controversés ont une tâche difficile: tracer la relation interne entre les nombreuses causes et facteurs, les hiérarchiser correctement, en montrer les conséquences. Mais que doit-on considérer comme étant une cause fondamentale, une conséquence ou un facteur concomitant mais nullement décisif de tel ou tel événement?

Malheureusement, on a aujourd’hui tendance à personnaliser les prémisses du processus complexe de la stagnation puis de l’effondrement de l’URSS autour de certaines personnalités historiques, « désignant le coupable » du cours tragique de l’histoire – Staline, Khrouchtchev ou Gorbatchev, selon les préférences idéologiques du critique.

Ces réponses soulèvent généralement à leur tour un certain nombre de questions nouvelles et très inconfortables. Qui a amené au pouvoir le « mauvais » secrétaire général? Qui a voté pour ses initiatives lors des congrès et des plénums? Qui a aidé à construire un système politique dans lequel une personne est capable d’inverser le développement de l’Etat et du parti? Et pourquoi les mécanismes de la démocratie soviétique créés pour se protéger de telles erreurs n’ont-ils pas fonctionné?

 

Contre cette personnalisation, les théories du complot et les réponses simplistes à des questions complexes, Friedrich Engels avait déjà mis en garde, se penchant sur ce sujet dans l’ouvrage «Révolution et contre-révolution en Allemagne»:

 

«Mais lorsque vous commencez à chercher les raisons du succès de la contre-révolution, vous rencontrez partout une réponse toute faite, comme si c’était Monsieur A ou le citoyen B qui avait « trahi »le peuple. Cette réponse, selon les circonstances, peut être juste ou fausse, mais en aucun cas elle n’explique quoi que ce soit, elle ne montre même pas ce qui a permis que le «peuple» se soit laissé trahir. Et l’avenir d’un parti politique est triste, si tout son capital consiste à ne connaître que le fait que le citoyen untel ne mérite pas la confiance ».

Analysant les causes de la défaite de la révolution, Engels conseille de les rechercher « non pas dans les motivations aléatoires, les vertus, les manquements, les erreurs ou les actions perfides de certains dirigeants, mais dans le système social et dans les conditions de vie de chacune des nations qui ont subi le choc ».

 

Les auteurs du recueil«L’histoire y réfléchit: Notes sur le 20e anniversaire de l’effondrement de l’URSS», publié [en 2012, en russe, 503 p. NdT] à Pékin par l’Académie chinoise des sciences sociales (ACSS), sont guidés par un principe similaire et nous permettent de nous faire une idée du développement de la pensée marxiste moderne dans l’un des pays les plus importants du monde moderne. Dans le même temps, les auteurs chinois refusent les schémas habituels, préférant à la personnalisation des événements historiques ou la recherche de coupables en Occident une analyse de classe de la situation dans la société soviétique tardive.

 

Il est à noter que cette collection ne considère le problème seulement depuis la hauteur d’un « clocher » chinois éloigné. Outre des articles d’auteurs chinois, la publication comprend des travaux de philosophes et de politologues du Vietnam, de l’ex-URSS, des États-Unis et de l’ex-RDA. En outre, il comprend un examen très intéressant de l’évaluation des causes de l’effondrement de l’Union soviétique, qui figure dans les documents des partis communistes des pays capitalistes – Grande-Bretagne, Allemagne, Grèce, États-Unis, Fédération de Russie, Portugal, Australie, Japon et autres.

 

D’ailleurs, parmi les auteurs de la collection, il y a non seulement des scientifiques universitaires, mais aussi des praticiens de partis politiques – chefs de secteurs et de départements du Comité central du PCC, employés de l’état-major général de l’APL et d’autres organisations. La réalité leur pose le défi de ne pas reproduire le scenario soviétique et pose des questions pratiques très spécifiques: où se situe exactement la ligne entre «l’application créative du marxisme dans des conditions historiques concrètes» et la déviation, puis le rejet total de ses idées? Quelles raisons ont conduit les communistes soviétiques à une crise profonde et empêché le parti de corriger ces erreurs à temps?

 

Les causes de la crise du modèle soviétique

 

Bien entendu, les auteurs des articles se tournent inévitablement vers le conflit de longue date entre Mao et Khrouchtchev, expliquant la fin de l’URSS par « une rupture avec le droit chemin et les alliances ». Cependant, ils sont toujours enclins à y voir un ensemble complexe de facteurs qui peuvent être réduits à un certain nombre de thèses :

 

– L’influence extérieure et le travail subversif des puissances impérialistes n’ont pas rendu en soi la chute de l’URSS inévitable.Les principales raisons de l’effondrement de l’État et du parti étaient internes, et la principale d’entre elles était la dégénérescence de l’élite du parti.  » Seul le parti lui-même pouvait détruire un parti aussi puissant que le PCUS. »

 

– L’économie planifiée et le système de gestion de l’Union soviétique présentaient d’importantes lacunes, qui n’étaient toutefois pas insurmontables et auraient pu être corrigées au cours des réformes.  » Si le PCUS était resté fidèle au marxisme et l’avait développé de manière créative en tenant compte des conditions modernes, des facteurs internes et externes, en apportant des ajustements au système de gouvernance de l’URSS, il aurait été possible d’éviter la chute du pays.

 

– Les violations flagrantes des principes du centralisme démocratique au sein du parti ont commencé après la mort de Lénine, dont le style était précisément la direction collective. La tradition politique établie de l’arbitraire unique et de l’arbitraire des dirigeants au-dessus de la Constitution et de la loi ne pouvait pas défendre le système socialiste et arrêter les actions destructrices de la direction de Gorbatchev. Pour le dire en termes non scientifiques, en raison de l’extrême concentration du pouvoir dans le système soviétique de direction, il n’y avait pas de « garde-fou ».

 

– Le parti « n’a pas accordé suffisamment d’attention au travail idéologique interne du parti, à la construction organisationnelle et au style de travail, ce qui a provoqué sa dégénérescence progressive ». Dans les rangs du PCUS, la stagnation et l’inertie idéologiques ont prévalu, la propagande et le travail d’éducation politique sont devenus inefficaces et la théorie idéologique est devenue dogmatique, ne permettant pas une évaluation rapide d’une situation en mutation rapide. Comme le confirment les auteurs chinois, les chefs de parti « ont perdu le contact avec les masses et la réalité ».

 

– La période des années 60 à 70 est caractérisée dans le recueil comme ambiguë – quand des processus à la fois bourgeois et socialistes se sont développés et se sont combattus dans le parti, la société, l’économie et la culture de l’URSS.

 

– La fermeture au monde extérieur a conduit l’URSS à un grave retard de l’économie. De ce fait, la science économique s’est de plus en plus écartée du matérialisme historique et, sous Gorbatchev, elle a adopté une orientation franchement pro-capitaliste, ignorant la nature de classe de la science économique occidentale et le facteur fondamental le plus important – la forme de la propriété des moyens de production.

 

– Les réformes de Gorbatchev n’ont fait que catalyser la transformation de la couche privilégiée du PCUS en une classe de nouveaux capitalistes. Au moment de son élection, « ces personnes s’étaient pleinement fortifiées et s’étaient appropriées la plupart des richesses de l’Etat, comptant déjà sur l’effondrement du PCUS et la dégénérescence du système politique pour légitimer la richesse appropriée et la transférer par héritage.

 

– Des réformes étaient en effet nécessaires, mais elles ont été faite de manière erronée.

 

La Chine moderne construisant elle-même une économie mixte, elle ne critique pas Gorbatchev pour sa transition vers le marché, mais pour le fait que, autorisant l’économie de marché, le PCUS n’a pas créé les mécanismes nécessaires pour réguler le marché comme dans le modèle chinois, ce qui a permis aux fonctionnaires de « transformer le pouvoir en capital ».

 

Dans le même temps, les experts chinois ne mélangent pas les relations de marché et la privatisation des biens de l’État. Selon eux, la politique de mise en place de mécanismes de marché correspondait généralement aux exigences de la nouvelle situation. Toutefois, « remplacer la propriété publique socialiste par la propriété privée capitaliste détruisait la base économique du socialisme« .

 

L’effondrement de l’URSS ne signifie pas l’échec du socialisme – résument en conséquence les analystes chinois. Ils concluent que l’effondrement de l’URSS et du PCUS a été l’effondrement d’un Etat bourgeois dégénéré et d’un parti bourgeois d’essence social-démocrate. Ainsi, en février 1990, l’article sur le rôle dirigeant du PCUS a été supprimé de la Constitution, puis les cellules du parti dans les entreprises et les établissements d’enseignement ont été liquidées. Et en juillet de la même année, le PCUS a abandonné l’idéologie directrice du marxisme et introduit ces changements dans la Charte de son parti.

 

Les racines du mal à la loupe

 

La conclusion généralement admise dans la science chinoise sur la dégénérescence idéologique et de classe de la direction du PCUS soulève des questions sur les causes de ce phénomène – et indique également les leçons que les partis communistes modernes devraient en tirer.

 

Ainsi, le professeur de philosophie Zhang Yuanxing rejette l’explication simpliste «Khrouchtchev a tout gâché». Parlant de la perte du mécanisme de contrôle effectif sur l’élite du parti, il apprécie de manière très positive le travail des différents organes de contrôle du peuple qui se sont succédé dans les années 1920 et 1930 – le Commissariat populaire de contrôle d’État, l’Inspection des travailleurs et des paysans (Rabkrin) et la Commission centrale de contrôle. Il analyse le changement organisationnel maintenant oublié du 17e Congrès du PCUS (B.) En 1934, lorsque la Commission centrale de contrôle (et le Rabkrin, qui avait déjà fusionné avec elle) fut transformée en Commission de contrôle du parti. Outre le nom, le mécanisme de sa formation a changé: la composition de la commission était désormais élue non par les délégués du Congrès, mais par les membres du Comité central, c’est-à-dire précisément les secrétaires des comités régionaux et les employés de l’appareil central, dont la Commission était chargée de modérer les errements et les appétits. Et le poste de président de la commission a été fusionné avec celui de l’un des secrétaires du PCUS (b).

 

A partir de ce moment, écrit Zhang Yuanxing, « la formation d’une couche privilégiée dans le parti est devenue inévitable». Après quoi, le parti de la classe ouvrière est devenu un instrument entre les mains de la nomenclature, ce qui ne pouvait que saper son autorité parmi les masses laborieuses. A la même époque, les masses populaires étaient également écartées du contrôle dans le système de représentation soviétique – par exemple, en 1936, les électeurs ont perdu le droit de révoquer les députés.

 

Selon le professeur de l’école supérieure du Comité central du Parti, Zhang Yao, un groupe de dirigeants ayant subi une décomposition bourgeoise et engagés dans la voie capitaliste existe au sein du parti depuis les années vingt. « La formation d’une couche privilégiée signifiait que la restauration du capitalisme avait déjà acquis une base socio-politique. »

 

Concernant les causes et les mécanismes de formation et de dégénérescence de la « démocratie de parti », le directeur de l’Institut du marxisme de l’ACSS Cheng Enfu, et le professeur de l’Université de Nankai Ding Jun, notent l’opacité, la proximité et le caractère non démocratique de la pratique du recrutement stalinien, rompant avec les principes léninistes de nomination et de formation des travailleurs et paysans. « La partocratie (…) s’est écartée des principes de la démocratie interne de parti, le rendant incontrôlable pour les cercles de partis plus larges et les masses.  » En conséquence, les non-marxistes ont progressivement commencé à occuper des postes de responsabilité au sein du PCUS. Et les représentants de la direction qui ont continué à adhérer à une orientation socialiste à la fin des années 80 ont été limogés par Gorbatchev sous le prétexte officiel de rajeunir les cadres.

 

Cependant, partageant l’opinion bien connue de Mao, les auteurs chinois ont plutôt de la sympathie pour la figure de Staline lui-même, citant les excès de la déstalinisation parmi les raisons qui ont sapé la confiance du peuple dans le parti et l’idéologie marxiste. Cependant, ils n’hésitent pas à signaler les erreurs dans sa politique des cadres et sa politique organisationnelle – déclarant que Staline a laissé après lui une génération d’exécutants disciplinés, parmi lesquels il n’y avait pas assez de personnes capables de prendre des décisions sous leur propre responsabilité.

 

Les experts chinois évaluent avec modération et pragmatisme le « modèle stalinien »: « Dans les années 30-40, ce modèle était cohérent avec la situation et répondait avec succès aux exigences du développement des forces productives … Nous ne pouvons donc pas le rejeter complètement. Cependant, à partir du début des années 50, les défauts de ce modèle ont commencé à apparaître et à s’exacerber. La direction du PCUS n’a pas réussi à ajuster sa politique et à mener à bien les réformes ».

 

Les activités des membres de l’équipe de Mikhaïl Gorbatchev sont évaluées différemment par les auteurs des articles – certains experts considèrent sa politique comme une trahison délibérée, mais d’autres expliquent ce qui s’est passé par sa faible compétence et les conditions difficiles pour la transformation de la société. « Gorbatchev a procédé aveuglément à une réorganisation politique et s’est trop hâté d’introduire la démocratisation », a déclaré Zhang Shuhua, chercheur en chef de l’ACSS. Les partisans de la théorie de la «trahison» de Gorbatchev citent des déclarations ultérieures de l’ancien dirigeant soviétique pour confirmer leurs points de vue – mais, de notre point de vue, ces propos doivent être pris avec une distance critique. Après avoir subi un fiasco complet et écrasant de leur politique, les initiateurs de la perestroïka ont jugé préférable de ne pas apparaître comme des apparatchiks médiocres, mais comme des anticommunistes profondément conspirateurs.

 

« L’effondrement de l’Union soviétique a mis à nu l’échec de l’idéologie des »valeurs universelles « et de la » démocratisation « , montrant que cette idéologie allait à l’encontre du cours de l’histoire et constituait un parti pris idéaliste », écrit Cao Jiangsheng, professeur à l’Université de Pékin. En dépit des conflits sino-soviétiques dans les années 1950 et 1970, les experts chinois évaluent sans ambiguïté l’effondrement de l’URSS – expliquant qu’il a conduit à une crise profonde dans la région post-soviétique et réduit le niveau de sécurité dans le monde.

 

Le développement de la pensée marxiste chinoise

 

La collection «L’histoire en témoigne: Notes sur le 20e anniversaire de l’effondrement de l’URSS» offre une occasion unique d’analyser l’évolution de la pensée politique chinoise moderne, permettant ainsi de tirer des conclusions sur son état et son orientation.

 

L’examen de l’appareil de référence du recueil montre que toutes ces années, la science chinoise s’est intensément penchée sur le sort de l’Union soviétique, y a consacré toute une série de travaux de recherche et a activement mis en circulation des sources traduites. Ainsi, dans les années quatre-vingt-dix et deux mille, les livres de Gorbatchev, de Yeltsine, de l’ambassadeur américain Matlock, ainsi que les mémoires de Ligatchev, Ryjkov et d’autres acteurs de la Perestroïka ont été traduits en chinois.

 

Bien entendu, les articles publiés dans ce paradigme n’étaient parfois pas exempts de falsifications, de théories du complot réactionnaire et d’erreurs factuelles évidentes. Cependant, ce sont des exceptions plutôt fâcheuses dans le contexte général de l’analyse du problème soviétique. La plupart des auteurs de la collection prennent appui sur les positions du matérialisme historique, démontrant une connaissance approfondie des œuvres des classiques du marxisme. Ils analysent les événements historiques précisément à partir des positions de classe et du prolétariat – c’est-à-dire qu’ils ne remplacent pas le processus de recherche par la distribution de bons et de mauvais points, mais considèrent l’histoire de l’URSS comme une contradiction entre les processus et les groupes capitalistes et socialistes apparus depuis les premières années du nouvel État.

 

Un académicien russe qui y est publié, et, conformément à l’idéologie éclectique de la Fédération de Russie actuelle, est nostalgique de l’URSS, espérant son réveil avec l’aide de l’église et du « blason impérial », fait office de curiosité amusante dans les pages de la collection.

 

Nous connaissons bien les paroles souvent citées de Deng Xiaoping: « Peu importe si un chat est noir ou blanc s’il peut attraper des souris, c’est un bon chat. » Cependant, les Chinois eux-mêmes préfèrent rappeler ses autres citations, en particulier les mots sur la nécessité de tirer les leçons des erreurs de l’URSS. «S’il n’y avait pas eu l’effondrement de l’Union soviétique, un désastre énorme dans l’histoire de l’humanité, nous n’aurions pas compris la difficulté et le grand sacrifice de la cause du socialisme et du communisme, et nous n’aurions donc pas réalisé la grandeur et la beauté de cette cause», écrit le vice-président de L’ACSS Li Shenmin.

 

Par conséquent, il est logique que les compilateurs ne se limitent pas à soupirer sur le cercueil de l’URSS. La dernière partie du recueil est entièrement consacrée aux tâches urgentes et aux perspectives du mouvement socialiste, ainsi qu’à l’analyse des tendances du capitalisme après 1991.

 

« Les fruits amers de la théorie libérale »

 

Les textes du recueil démontrent les points de vue résolument anticapitalistes des intellectuels chinois. Ils écrivent à propos de la « folie » et de « la nature bestiale » du capitalisme, de la « supercherie de la théorie économique capitaliste et de sa tendance inhérente à tromper ». Selon les auteurs, l’économie bourgeoise moderne reflète l’idéologie de la classe capitaliste et «repose sur un concept vicieux dès le moment où elle est née». Par conséquent, elle ne devrait pas être utilisée dans la mise en œuvre des réformes chinoises.

 

Le système financier et monétaire mondial semble irrationnel du point de vue des experts chinois. Ils appellent le XXIe siècle une époque de l’expansion rapide d’une économie fictive, indiquant que le monde moderne est attaché au « char de la folle circulation du capital fictif ».

 

«Les formes et les caractéristiques de l’exploitation capitaliste ont changé, tandis que les superpuissances ont partiellement remplacé l’exploitation nationale par l’international», explique le professeur Yu Wenle. « Les réformes menées dans l’esprit du néolibéralisme se sont effondrées dans le monde entier, et en particulier en Amérique latine, apportant une profonde leçon lorsque la population a été contrainte de goûter aux fruits amers de la théorie et de la pratique néolibérales « , a déclaré Liu Zhiming de l’Institut du marxisme de l’ACSS.

 

Les prévisions pour l’espace post-soviétique sont généralement pessimistes – les auteurs chinois notent que les partis communistes formés sur les ruines du PCUS n’ont aucune perspective politique et que le mouvement de gauche post-soviétique est en récession. « Le processus de l’effondrement de l’URSS n’est pas complètement terminé, les différends territoriaux et l’ajustement des frontières entraîneront de nouvelles guerres et conflits, et le rôle de la CEI en tant que mécanisme de stabilisation est limité. » Et nous voyons aujourd’hui que l’histoire moderne a pleinement justifié ces prévisions décevantes.

 

Les articles de marxistes chinois indiquent que la pensée socio-politique de la RPC reste, dans une certaine mesure, autonome par rapport aux relations de marché grandissantes. Les élites intellectuelles chinoises sont prêtes à utiliser les instruments du marché pour développer leur économie, mais ne se font aucune illusion quant aux risques sociaux et politiques qui y sont associés. La présence d’importants actifs appartenant à l’État est pour eux un « marqueur » du système socialiste et une « garantie que les citoyens sont les propriétaires de l’économie ».

 

Le temps nous dira si le PCC sera capable de maintenir ce jalon déclaré. D’une part, les processus de dénationalisation en Chine se déroulent à un rythme assez actif. D’autre part, les entreprises d’État stratégiques restent non seulement une base économique, mais également une réserve de personnel pour les dirigeants du parti et de l’État.

 

De nombreuses idées exprimées dans le recueil ont déjà été intégrées dans la ligne officielle des dirigeants chinois. Ce sont notamment des appels à stimuler le développement des forces productives afin de concurrencer avec succès les pays capitalistes, ainsi qu’une disposition sur l’importance primordiale des idéologues dans la construction de l’État et du parti – afin de maintenir un contrôle étroit sur le parti et l’élite bureaucratique, avec une lutte irréconciliable contre les privilèges de parti, le luxe, la dégénérescence et l’ »arrogance communiste ».

 

Le modèle chinois moderne, lorsque l’idéologie socialiste est adjacente à une économie de marché, exige objectivement son explication idéologique. Par conséquent, la théorie du « stade précoce du socialisme » est proclamée dans la Chine moderne. Selon ses dispositions, le pays se trouve à un stade précoce de construction socialiste, dont la tâche principale est de développer les forces productives et de construire un « état de droit » sous la direction du Parti communiste. Et tandis que les observateurs étrangers se disputent à propos du système étatique de la Chine, ses intellectuels qualifient de manière autocritique la RPC comme un «pays en développement», indiquant que leur État ne fait que construire la base matérielle du socialisme.

Grigory Globa

 

 

Une réponse à “Les Chinois travaillent sur nos erreurs

  1. Martine Vuil Randriamanantena

    octobre 26, 2019 at 6:55

    Peut-on se procurer le livre en français?

     

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