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Le luxe d’une autre politique, de croire à ce que l’on dit et à ce que l’on fait… putain que c’est dur…

13 Déc
L’image contient peut-être : plein air

Cette magnifique photo de Willy Ronis. je me souviens encore de ce jour où il est venu au Colonel Fabien, pour proposer au parti d’hériter de son fonds de photos, le parti était la seule institution dans laquelle il avait confiance comme tant d’artistes, tant de poètes, parce que ce parti était celui de la classe ouvrière et aussi parce que Willy était juif, comme Francis Lemarque, Le Chanois et tant d’autres dont le nom ne le disait pas… Un petit prolétaire juif, d’une famille récemment immigrée, et il n’y avait eu en ce temps de la bataille du rail que les communistes, la classe ouvrière, la seule qui n’ait jamais trahi reconnaissait Mauriac… .

A ce titre j’ai eu la chance de rencontrer ce très grand photographe à plusieurs reprises et le voir travailler à Messine en Sicile. Les communistes à Stalingrad m’ont donné la vie, comme à Willy Ronis, mais il m’ont donné tout au long de cette vie la possibilité de combats justes aux côtés d’individus respectables, les meilleurs… Je ne cesse de payer cette dette même si parfois je me demande ce que je fiche là…

Sa photo dit ma ville dans l’épaisseur de la brume et les oiseaux de mauvaise augure…

Cette ville de la misère et de la révolte sans cesse étouffée par les « combinaisons » politiciennes.

A l’image de ce détournement de sens, ce viol de la souffrance humaine qui s’est passé à l’Assemblée nationale hier. Non je refuse de participer à cela… Au nom des morts comme en respect de tous mes engagements.

Oui je me sens solidaire de ceux qui souffrent, des huit morts enterrés sous les ruines d’immeubles insalubres, 60% de logements de luxe inoccupés, et 40% d’un habitat dans cet état dans lequel s’entassent les misérables, et dont l’on découvre que les notables de la municipalité, la bourgeoisie marseillaise en possèdent une bonne partie. On se croirait revenu à ce temps où la peste s’était répandue sur Marseille parce que les échevins de l’époque n’avaient pas voulu laisser un navire en quarantaine au Frioul, parce que la charge de tissu devait être vendue dans une foire proche. Il ne fallait pas en rater les profits escomptés. Ce furent des centaines de milliers de morts, les galériens à qui on avait promis la liberté les évacuaient, la plupart en moururent…

La bourgeoisie marseillaise n’a pas changé, de pauvres petites gens en sont morts sous les gravats sans qu’il y ait la moindre inculpation. Il y a de la colère dans la ville, mais elle ne soulève pas assez les véritables victimes, les pauvres en état d’assistanat qui ont peur de tout perdre s’ils bougent, s’ils sortent du clientélisme qui pourrit cette ville.

Il y a eu au marché de Noël de Strasbourg des morts, des gens qui tentaient de croire que l’esprit de Noël c’était ces lumières et les achats, une petite part de bonheur à date fixe comme on cesse de nous le répéter, le temps du meilleur chiffre d’affaire et ceux qui le 15 du mois n’ont plus rien à manger devraient le respecter…

Pauvres gens qui n’avaient rien demandé, que l’on a aussitôt utilisés pour monter une partie du prolétariat contre les assistés trop silencieux des cités, ce prolétariat qui depuis le 17 novembre découvre le collectif et a tant de mal à lui donner forme mais qui a créé dans le cœur de chacun l’idée que tout cela était faux archifaux, la prise de conscience qui avance à toute vitesse. Il faut retrouver le collectif, se battre les uns pour les autres, l’argent existe, il faut le prendre où il est et ce pouvoir ne le fera jamais… la montée vers une maturité de classe des gilets jaunes, au moment où la CGT qui en a fini avec les élections rentre dans la danse, au moment où le discours présidentiel a fait un bide.

Non il n’est pas nécessaire de donner dans le complot et d’imaginer que ce pouvoir est à l’origine du crime, ça c’est encore leur mode de pensée, celui de leur droite extrême. penser ainsi c’est encore se soumettre à ce qu’ils sont, à leur conception du pouvoir, il y a mieux à faire… il suffit d’en mesurer le profit, la manière dont l’idéologie dominante étant celle de la classe dominante ils essaient de nous faire tous devenir les sujets respectueux de leur pouvoir immonde. Le complot n’existe pas, il suffit bien qu’ils soient ce qu’ils sont et qu’ils nous fassent nous prosterner devant leur légitimité qu’ils osent dire républicaine… Comme les échevins criminels de la peste qui a ravagé ma ville, ils auront leur nom célébré : rue chevalier Roze, rue Estelle, et les pauvres morts, les galériens n’auront que l’anonymat… les échevins se sont repentis et ils ont fait la charité… c’est bien suffisant pour qu’on les loue, que leur nom soit à jamais encensé…

Nous en sommes toujours là…

Tout cela a donné lieu à l’assemblée nationale à d’indécents discours sur la république… Je le dis comme je le pense j’ai eu envie de vomir quand j’ai écouté le dialogue entre le premier ministre et Mélenchon, cette entente, ce music hall des âmes nobles… Mélenchon que je n’ai jamais insulté, mais à qui j’ai trouvé là une sale gueule, se levant après l’intervention d’Édouard Philippe. La complicité au sein de la bourgeoisie, c’est à l’assemblée que tout se règle et donc dans les urnes, pas dans les rues… Pouvait-on être plus clair. Les communistes qui avaient initié la demande de censure pour aussitôt s’en faire voler le mérite par cette outre remplie de vent et par les socialistes, ont eu la décence d’en demander le report.

Qui croît aux larmes de ces gens là, qui éprouve autre chose que du mépris face à tous ceux qui sur les plateaux de télé viennent en leur soutien? quand je pense que ces abominables hypocrites nous répétent que la france est en train de se perdre de réputation, alors que partout en Europe et dans le monde la France est redevenue « cet air de liberté qui donnait aux peuples le vertige ».

Avoir la force alors que la nausée vous prend devant ces gens-là de dire et répéter qu’il faut qu’on soit très nombreux à la manifestation du 13, durant ce week-end, diffuser la proposition de loi de Fabien Roussel : « Le groupe PCF à l’Assemblée nationale va déposer une proposition de loi visant à prélever à la source les bénéfices des multinationales afin qu’elles n’échappent pas au fisc en France, a annoncé dimanche le député communiste du Nord Fabien Roussel. » Parce qu’il n’y a rien d’autre à faire que de mener ces combats là…

Être communiste a été le luxe de ma vie, celui de ne jamais oublier la souffrance des petits, des sans voix, de ceux qui ont le courage de dire NON comme ceux qui se taisent écrasés par l’injustice. Non je ne participe d’aucun consensus. Les communistes je les ai rencontrés, parfois j’en côtoie encore, je suis encore au parti parce que c’est là où il y a le moins de fascistes et parce que le peu que je pourrais faire vaut mieux que telle une petite bourgeoise je me drape dans l’excellence de mes aspirations à un idéal impossible; mais putain que c’est dur…

Danielle Bleitrach

 
2 Commentaires

Publié par le décembre 13, 2018 dans Marseille, mon journal, POLITIQUE

 

2 réponses à “Le luxe d’une autre politique, de croire à ce que l’on dit et à ce que l’on fait… putain que c’est dur…

  1. Jeanne Labaigt

    décembre 13, 2018 at 10:23

    Les applaudissements à E. Philippe de la FI debout, le refus du report du débat sur la motion de censure par la FI, contrairement à ce que proposait le groupe communiste qui était à l’origine du dépôt de la motion de censure (auquel FI s’est ralliée ensuite) m’ont vraiment mise en colère.
    De la part de Mélenchon ! megalo-tribun, qui rappelons -le en mars 2012 avait refusé, seul des candidats à la présidence (et qui était censé être le candidat pour le PCF!), de se rendre à l’hommage à Toulouse aux victimes de Mérah, dont cette petite fille blonde morte à 7 ans je crois PARCE QUE elle était juive, dans une école Juive: choisie dans la foule du tireur.
    Je ne comprends pas cet hommage « Républicain » et ce « moratoire des luttes octroyé à un gouvernement sous prétexte de marché de Noël-c’est- la- paix-du- commerce.
    Je n’étais pas allée voter au premier tour 2017 entre autre pour cette attitude de mars 2012, j’irai aux européennes car il y aura Brossat.

     
    • histoireetsociete

      décembre 13, 2018 at 11:06

      je suis comme d »habitude d’accord avec toi mais nous ne sommes pas les seules, je n’ai d’ailleurs que des exemples féminins à offrir en appui de ce que j’ai à dire… Hier matin, comme d’habitude dialogue avec l’infirmière V qui est très proche des communistes, elle me dit qu’elle ne croit pas à cet attentat… Ils sont capables de tout commente-t-elle et elle ajoute que pourtant tous ces gens et elle même ne demandent pas grand chose, une vie décente, ne plus se faire du souci pour les enfants… et eux avec leurs milliards incapables de comprendre ça… ils sont bien capables de tuer… je lui dis que l’autre infirmière,M, se politise à une vitesse étonnante et qu’elle a un gilet jaune dans la voiture… moi aussi dit-elle… Hier soir, c’est k, un héroïque femme qui malgré son cancer multiplie les boulots pour s’en sortir, je lui raconte ce que m’on dit les infirmières, elle me dit: moi aussi j’ai le gilet jaune… et elle ajoute, on le doit aux morts qui ont donné leur vie pour ce combat et elle me parle de l’octogénaire tuée par un tir de grenade lacrymogène chez elle, une algérienne comme Kheira… Elle a une véritable piété pour ces morts là mais elle aussi me dit qu’elle pense que c’est le gouvernement qui a monté cet attentat, elle travaille à mi-temps dans un hôpital et elle m’explique que tout le monde disait la même chose… Enfin ce matin, je vais au marché et après je passe chez l’esthéticienne du quartier pour prendre rendez-vous… elle me provoque en me parlant de Macron et elle est ravie de voir ma réaction… Elle m’interroge vous avez entendu ces journalistes qui lui donnent raison ? J’explose… et je lui dis à quel point je ne crois pas ces politicxiens, l’échange entre Mélenchon et edouard Phlippe à l’assemblée… elle déclare: « c’est honteux, ces gens se moquent de nous… ils font semblant d’éprouver de la pitié pour les morts de Strasbourg, ils s’en foutent, c’est comédie et compagnie… Elle me tient des propos étonnants sur le manque de sensibilité, d’intelligence de la réalité de ces gens-là… Comment s’en débarrasser, il faut tout vhanger, elle même à ce petit institut et le 3/4 du temps elle ne se paye pas, elle paye seulement ses employées, un minimum, personne ne peut vivre avec ça… elle doit rembourser des traites à la banque… Ils ne comprennent rien et elle est persuadée que la Révolution va venir et quand je lui raconte l’histoire des infirmières et de k qui ont le gilet jaune… Elle me dit « mais moi aussi je suis un gilet jaune »… Elle sait que je suis communiste et quand je lui dis que les politiciens se déshonorent tellement que je suis contente de voir les miens rester sur les revandications , elle sourit… Et elle hoche la têt quand je lui dis que c’est comme ça qu’on aboutit à la nécessité d’un Robespierre ou d’un Staline, à force d’avoir devant soi des gens pareils, elle dit son accord…
      lundi je suis descendue jusqu’à longchamp, là j’ai pris le tramway, à mi-chemin on nous a annoncé qu’à cause d’une manif le tram allait s’arrêter là… un homme a protesté, je lui ai dit que s’il n’y avait pas de manif, il n’y aurait pas eu de sécurité sociale, de congés payés et que je les soutenais.. Une femme a haute voix elle aussi me donne raison, et je lui dis nous sommes deux au moins, un jeune femme rousse prend le relais « moi aussi je suis d’accord… » l’ambiance est franchement enthousiaste et s’il y a des contraditeurs ils se taisent devant ce choeur féminin résolu…

      Je n’invente rien je puis te l’assurer, partout il y a comme ça des débats, le besoin d’échanger surtout parce que l’on sait que je suis communiste, on me reconnait une ancienneté dans la révolution, une sorte de compétence des temps anciens… je crois que personne ne mesure la colère devant le spectacle du politique. si j’ai insisté sur le fait que ce sont des femmes, c’est parce que toutes ont fait état comme toi Jeanne et comme moi, de l’insensibilité imbéciel de ces gens là… le fait qu’ils soient si mauvais comédiens et qu’ils pensent nous duper, ce côté attentif aux mimiques, aux expression est me semble-t-il très féminin… et il est redoutable… parce que quand la colère en est à ce point là une femme est plus impitoyable qu’un homme.

       

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