Puisque qu’on ne peut avoir l’impossible, il faut au moins avoir le courage de faire ce que ceux qui se battent toujours nous invitent à accomplir. (note de danielle Bleitrach)
Par Louis Nadau
« Oui, mais… » S’il est loin de signer un chèque en blanc aux gilets jaunes, dont la quatrième journée de mobilisation prévue samedi suscite une vive inquiétude au sommet de l’Etat, le secrétaire général de la CGT apporte, ce vendredi 7 décembre dans Le Monde, un soutien de fait à la mobilisation en appelant à la grève. »Les ronds-points, c’est bien mais les grèves en semaine, il faut les faire, c’est ça que l’on construit. (…) Il faut faire grève. Il faut que les ‘gilets jaunes’ se rassemblent« , explique Philippe Martinez, dont l’organisation, comme tous les autres syndicats, a été court-circuité par les gilets jaunes.
Philippe Martinez tente de maintenir son syndicat sur une étroite ligne de crête entre soutien aux gilets jaunes et condamnation de la violence. La CGT appelle-t-elle à manifester samedi ? « Non« , répond clairement et nettement le secrétaire général : « Nous n’appelons pas à marcher sur l’Elysée, ni à la démission d’Emmanuel Macron ni à la dissolution de l’Assemblée nationale. » A l’instar de six autres syndicats, la CGT a signé une déclaration commune appelant une au dialogue et au calme avant l’acte IV samedi, bien que « ce ne[soit] pas à la CGT de les empêcher d’aller manifester« .
Convergences locales
L’exercice d’équilibrisme ne s’arrête pas là : Philippe Martinez tend une main prudente aux gilets jaunes, et l’autre au gouvernement. S’il estime la convergence des luttes « impossible au niveau national » faute de « coordination » et en raison de la nature « infréquentable » de certains porte-parole, Philippe Martinez parle de « discussions » au niveau local. « Ça réfléchit« , assure-t-il.
Parallèlement, le leader de la CGT laisse sa porte ouverte au pouvoir. « Il faut que l’exécutif réponde sur les salaires, la justice fiscale, le rétablissement de l’ISF, la suppression de la hausse de la CSG et le relèvement des minimas sociaux. Soit on s’assied autour d’une table et on discute, soit le gouvernement continue d’essayer d’éteindre le feu avec un verre d’eau« , explique Martinez. « Si l’exécutif veut des interlocuteurs sociaux, nous sommes bien placés pour remplir ce rôle mais la CGT ne veut pas servir d’alibi. »