Nous sommes dans le temps du cahier des doléances. Il y eut jadis un téléfilm dont les moins de 20 ans ne peuvent pas se souvenir, son auteur Faillevic, un de ces fondateurs de la télé proche du PCF, décrivait ce moment où dans tous les villages de France, il y avait une tentative de prise de parole. Personne n’osait cette parole individuelle, mais le groupe villageois se déchaînait ensemble(‘1).
Le temps du cahier de doléances a été précédé de celui du vol du bois mort parce que l’on interdit à la collectivité villageoise de prendre le bois mort dans la forêt, ce collectif ne peut pas faire autrement et aucune répression ne l’arrête, ça c’est Marx analysant le rôle de la coutume dans le changement de société. Aujourd’hui dans les gilets jaunes, c’est la remise en question non de l’impôt mais de la justice de cet impôt, son utilisation, l’antique colère contre la gabelle et contre les privilégiés. Prise de conscience dans laquelle on peut aisément confondre le capital et « les élites ». Donc dans le temps du cahier de doléance se mêlent l’aspiration au changement avec d’autres aspects réactionnaires, la colère et la résignation tant que le collectif n’est pas là dans sa force.
Des prises de conscience se font jour, par exemple la manière dont on utilise la nécessaire écologie comme un prétexte à accroître la misère des uns et donner encore plus aux véritables pollueurs. Le rôle de l’Europe, tout cela nous aide dans notre propre réflexion y compris à avancer sur un certain nombre de questions sur lesquelles nous avons pu nous opposer faute d’en privilégier la dimension de classe. Nous avons besoin de poursuivre cette réflexion comme d’ailleurs sur le monde qui bouge, l’Europe mais au-delà.
Il y a ce que Marx, encore lui décrit dans la critique de l’économie politique, ce temps de l’ébranlement de l’énorme superstructure, cette crise de légitimité des institutions avec la colère populaire contre l’hypocrisie de ceux qui s’en parent pour mieux les trahir. le danger du « dégagisme », de se fourvoyer dans un poujadisme, mais existe aussi la nécessité de parler ensemble, de garder le cap sur les exigences concrètes : abolition de la taxe carburant et augementation du SMIC à 200 euros. pas de leçons des propositions. Il y a cette parole vraie de gens vrais, usés, au bord des larmes, de la mère avec ses trois enfants, une jeune femme dont Hollande’ aurait dit que c’était une édentée. Cette étudiante qui décrit le fait qu’elle ne peut plus étudier, ni se nourrir… Quand les femmes entrent dans la danse de la revendication, c’est qu’on est sur le fond, est-ce que notre canception du féminisme ne va pas en être enrichie?
Nous sommes dans ce temps là et l’écho de ce temps de cahier de doléances s’en est ressenti jusque dans notre parti, lors du dernier congrès. les communistes non seulement se sont rassemblés autour du refus de l’effacement, mais également dans ce sentiment de ne plus avoir de prise sur cette colère collective qu’ils partageaient. Et le mouvement a été celui de la base des communistes, qui parfois a été entravé par les rigidités de l’appareil, par les jeux du sérail. Il a fallu qu’il soit bien fort pour renverser la légitimité élire un nouveau secrétaire. Celui-ci apporte un ton nouveau, avec des priorités claires, précises, une sincérité, une absence de cynisme qui réjouit tout le monde et qui a un écho certain autour de nous.
Regardez comme tout évolue, il y a ceux qui veulent frapper ensemble et qui ne sont plus en concurrence, François Ruffin ne me gêne pas, au contraire, sur la liste pour les européennes, Iann Brossat, le parisien, le diplômé, a souhaité que soit aux premières place l’ouvrière dont le film de Ruffin a raconte la lutte contre Bernard Arnault, celui qui ne cesse de d’enrichir, chaque heure plus(2)… Pourquoi Ruffin ne me gêne-t-il pas, parce que sa préoccupation est de réveiller ceux de « nuit debout » pas d’être vu par les caméras seulement. Comment avancer vers la convergence ? Est-ce un hasard si j’imagine aussi le capitaine Marlow sur cette liste et si j’ai du mal en revanche à voir qui je souhaiterais réellement sur cette liste dans mon département, dans ma région… C’est peut-être parce que la Picardie, le nord, le pas de calais ont pris de l’avance en organisant la marche sur paris, l’an dernier. Il y a d’autres gens d’expérience qui se confrontent à la gestion, aux grandes cités. Notre parti demeure d’une grande richesse même s’il est en danger de « groupuscularisation »
Nous avons été à l’origine du manifeste avec d’autres, ce manifeste a d’ailleurs été un cahier de doléance autour duquel se sont rassemblés des gens très différents qui au niveau national et dans certaines fédération ont appris à travailler ensemble alors que dans d’autres comme la notre la fédération des Bouches du rhône, sont restés isolés et ont été soumis à toutes les manoeuvres possibles et imaginables.
Nous avons tous conscience qu’il faut un parti renouvellé dans bien de ses dimensions actuelle, plus jeune, plus proche du monde du travail, et pour cela un parti qui ne soit pas le produit des clientélismes. Nous ressentons cela avec beaucoup de force dans la région marseillaise et dans les Bouches du rhône. Nous avons besoin de confronter notre expérience et nos aspirations tout en faisant avancer la réflexion sur la campagne électorale de notre camarade Ian brossat, sur l’Europe, sur la paix autant qu’une meilleure prise directe sur l’entreprise et sur la classe ouvrière, les employés, la jeunesse.
Qu’en pensez-vous?
danielle Bleitrach
(1) Maurice faillevic, 1789, téléfilm.
(2) merci patron
Jeandin
novembre 30, 2018 at 8:53
Ne pas oublier l’auteur du scénario : Jean-Dominique de la Rochefoucauld.
Ce fut l’objet d’une publication aux Éditions sociales avec notamment une préface du grand historien de la Révolution française, Albert Soboul
Michel