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Emmanuel Macron : cet homme est dangereux par Anicet le Pors

06 Mai

http://anicetlepors.blog.lemonde.fr/2017/05/04/emanuel-macron-cet-homme-est-dangereux/

Emmanuel Macron sera élu le 7 mai 2017 Président de la République. C’est le produit politique fabriqué par les efforts combinés de l’oligarchie financière, du MEDEF, des gouvernements Hollande, de la technostructure administrative, des opportunistes de tous bords, des stars de l’intelligentsia toujours avides de notoriété, de la totalité des médias ; bref, de tous ceux ayant joué un rôle dans la situation désastreuse actuelle et favorisé ou instrumentalisé la montée du Front national. Et cela dans le contexte d’une décomposition sociale profonde, d’une communauté des citoyennes et des citoyens désorientés, en perte de repères.

Son émergence est récente et il n’a cessé de cultiver l’ambiguïté pour se positionner électoralement au centre. Toutefois, on peut déceler à partir de plusieurs déclarations disparates une certaine cohérence idéologique, assez différente de celle qu’il veut accréditer ou qu’on lui prête. Cinq lignes de force peuvent être dégagées.

Un fervent de l’élitisme, hostile au monde du travail
Les analyses sociodémographiques publiées à l’issue du premier tour ont montré que Emmanuel Macron a été essentiellement soutenu par les personnes qui s’en sortent le mieux dans la cris, les plus riches, les plus diplômés, les partisans le l’Union européenne, laissant de côté la France qui souffre, accentuant ainsi les inégalités. Dans le même temps, il ne dissimule pas sa volonté de réduire le partenariat au sein de l’UNEDIC, plus généralement de préférer le soi-disant dialogue social à la concertation contradictoire. Il est un farouche partisan de la flexi-sécurité, cause de précarité et de pauvreté de masse. Il opérera une reprise en main étatique des crédits de la formation professionnelle. Il conteste la vocation des syndicats à s’exprimer au niveau national pour les cantonner autant que possible au niveau de l’entreprise dans l’esprit de la loi El Khomri qu’il veut prolonger par une réforme du code de travail adopté par ordonnances, c’est-à-dire sans l’aval du Parlement. L’avantage que l’on peut reconnaître à ce candidat c’est qu’il éclaire les contradictions de classe qui sont à l’œuvre.

La mise au pas des collectivités territoriales
Après Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron cherche le moyen de contourner le principe de libre administration des collectivités territoriales posé par l’article 72 de la constitution. Un système de conventions avec les régions pourrait y pourvoir qui conditionnerait le montant des dotations de l’État à la docilité des collectivités. L’État serait également appelé à compenser la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages ce qui rendrait ce financement discrétionnaire. Le processus de métropolisation serait poursuivi et développé aboutissant à la suppression d’un quart des départements. Les collectivités territoriales seraient ainsi mises sous pression avec la diminution de 2 milliards d’eurios par an des dépenses de fonctionnement, la réduction de 75 000 emplois de fonctionnaires territoriaux, un retour strict imposé aux 35 heures hebdomadaires. La maîtrise de cette nouvelle politique coercitive serait assurée par une conférence annuelle des territoires. La remise en cause statutaire de la fonction publique territoriale reste la cible privilégiée.

L’abaissement du Parlement
Il s’agit d’abord d’une réduction drastique des effectifs sensée dégager une économie annuelle de 130 millions, de l’ordre d’un tiers pour aboutir à 385 députés et 282 sénateurs. Le Parlement réduirait considérablement son activité législative qui, hors période budgétaire, serait limitée à trois mois. IL y aurait donc moins de lois nouvelles, ce qui laisserait davantage de champ à la réglementation par décrets. L’activité du Parlement serait aussi réorientée vers des missions de contrôle et d’évaluation. La haute administration aurait de ce fait une compétence d’expertise plus étendue et un pouvoir hiérarchique renforcé sous l’autorité de l’exécutif. Emmanuel Macron a prévu de légiférer rapidement par voie d’ordonnances dès le début de son quinquennat et il conservera le mécanisme de l’article 49-3. Il est clair que la démarche tourne le dos au régime parlementaire.

Un gouvernement aux ordres
Le Gouvernement serait lui aussi resserré à 15 ministres, et fortement instrumentalisé par le Président de la République qui continuerait à présider les réunions du Conseil des ministres. Celles-ci seraient plus fréquentes pour assurer une discipline sans faille des ministres. Contrairement aux dispositions actuelles de la constitution, ce n’est toujours pas le Gouvernement qui définirait et conduirait la politique de la nation mais le chef de l’État. Les ministres seraient évalués chaque année. Pour autant, leurs pouvoirs et surtout leurs cabinets exerceraient une autorité renforcée sur les administrations placées sous leur tutelle. Le candidat Macron jugeant le statut général des fonctionnaires « inapproprié », outre une réduction des effectifs prévue de 120 000 emplois, accentuera la dénaturation du statut par une extension du spoil syste , le recrutement accru de contractuels de droit privé sur la base de contrats négociés de gré à gré. Il s’agirait donc d’une mise en cause des principes d’égalité, d’indépendance et de responsabilité et d’une réaffirmation sévère du pouvoir hiérarchique, de l’obligation de réserve, du devoir d’obéissance.

Un exécutif opaque et autoritaire
Emmanuel Macron ne remet pas en cause les institutions de la V° République, notamment l’élection du Président de la République au suffrage universel, ni l’usage plébiscitaire du référendum, ni de façon significative le mode de scrutin. Les conditions d’une VI° République ne sont pas réunies : pas de large consensus de récusation des institutions actuelles, pas de consensus sur les caractéristiques d’une nouvelle constitution, pas d’évènement fondateur comparable à ceux qui ont présidé à l’avènement des Républiques antérieures et de l’actuelle. Si l’ambiguïté sur ce que pourrait être la fonction présidentielle du nouveau président demeure grande, on peut déduire de ses quelques déclarations sur le sujet et de ses postures que son exercice de la fonction présidentielle, qui a pu être qualifiée de « jupitérienne », serait à la fois opaque et autoritaire, autocratique. La « dérive bonapartiste » qui a caractérisé le quinquennat de Nicolas Sarkozy risque d’être ici renforcée avec plus de méthode et, sans doute une traduction institutionnelle qui se durcira face aux conflits sociaux que la politique présidentielle ne manquera pas de provoquer. Jusqu’à quelles limites et à quelle échéance ? C’est la principale incertitude sur le danger encouru.

S’il est clair qu’on ne saurait voter pour la politique de filiation autoritaire, xénophobe et nationaliste de Marine Le Pen, le danger de la politique portée par Emmanuel Macron constitue une autre redoutable menace pour le progrès social et la démocratie.

Dimanche 7 mai 2017 je voterai Blanc.

Ce blog n’a pas de vocation prosélyte. Il met simplement à disposition de ceux qui le consultent les articles rédigés par l’auteur et les textes de base, en version intégrale ou résumée, des conférences qu’il donne. Le texte qui précède a été rédigé à la suite de demandes dans une conjoncture politique importante et singulière. Texte rédigé après le débat télévisé du 3 mai 20

 
16 Commentaires

Publié par le Mai 6, 2017 dans Uncategorized

 

16 réponses à “Emmanuel Macron : cet homme est dangereux par Anicet le Pors

  1. Sisyphus47

    Mai 6, 2017 at 10:56

    Votez blanc l’aidera. Vous vous fourvoyez, il n’y a vraiment qu’une menace: la dictature des oligarchies que ce larbin du kapitalisme représente!

     
  2. J-Antoine COLIN

    Mai 6, 2017 at 11:02

    Contre l’advenue du règne des bobos (le cœur à gauche, le portefeuille à droite…), que les réels producteurs de richesses (& leurs alliés) se réveillent, & se coalisent pour rénover un PCF (et/ou autre…) qui reprenne sa place dans le cours d’une histoire qui se poursuit…
    Salut & fraternité, comme disaient ceux de 89 !!!

    J-Antoine COLIN
    Architecte & enseignant (retraité…)

     
  3. RATEL

    Mai 6, 2017 at 3:39

    nous allons vers une pente dangeureuse pour tous les citoyens de ce pays!!!!!

     
  4. Albatros

    Mai 6, 2017 at 5:05

    Je ne peux que plussoyer Sisyphus. Ce type me fait peur. C’est un vampire.

     
  5. Insoumis

    Mai 7, 2017 at 8:16

    Excellentissime article , merci de votre analyse sur les visées à long terme de Macron et sa dérive autoritaire programmée. Merci encore

     
  6. Insoumis

    Mai 7, 2017 at 8:24

    Personnellement pour la première fois de ma vie je vais m’abstenir parceque rien n’a été fait et ne sera fait pour interdire ce parti xénophobe raciste islamophobe et antisémite. Il suffirait pour cela de modifier la constitution trop vague en la matière. Mais les partis traditionnels ont instrumentalisé le FN pour se barrer la route les uns les autres

     
  7. JFS

    Mai 7, 2017 at 1:09

    Cet Homme est dangereux il aura été choisi par un électeur sur 6 et par un français sur 8! Pourra-t-il gouverner? Le laisserons nous amener le pays et ses habitants dans le mur? Que faut-il pour que la force du ^peuple balaie toute cette oligarchie?
    Comment reconstruire une force organisée, disciplinée et vaillante pour non seulement les virer mais surtout reconstruire un monde où le partage, le bien commun, l’entraide et le goût des autres deviendraient centraux? M Lepors quelles sont vos idées à ce sujet?

     
  8. guet

    Mai 7, 2017 at 4:04

    Michel Guet Je crois que la campagne est restée trop floue pour montrer où passait la frontiére entre politiques de droite et de gauche Les termes de marxisme ou d’anticapitalisme n’ont pratiquement jamais été prononcés. même par Mélenchon pas plus que n’ont été expliuqué le contenu de la social- démocratie et sa parenté avec le capitalisme . P Laurent aurait du chercher à se faire entendre pour clarifier par exemle les désaccords au sein du Ps Les électeurs non politisés qui sont nombreux n’ont pas bien compris o passait la frontpére entre droite et gauche.
    Heureux de ce confact avec toi Anicet j’aimerais avoir quelques échanges.
    Bien cordialement

     
  9. etoile rouge

    Mai 7, 2017 at 7:50

    L’article est excellent mais LE PORS, lui, est incohérent. Il sait parfaitement que les régions devenues gigantesques sont une condition de l’Union Européenne pour affaiblir l’état français capable de mettre en échec la formation de l’empire capitaliste euro américain dont ses dirigeants se voient gouverner le monde , un véritable délire propre aux bourgeoisies capitalistes et porteur de guerre. Il faut sortir de l’UE , de l’euro, de l’OTAN en s’appuyant sur les revendications ouvrières et des travailleurs . Pour cela il faut un véritable parti communiste. La fin de l’URSS a montré qu’il n’ y avait aucune amélioration à attendre du capitalisme parce que le socialisme mettait de l’eau dans son vin au point de se dissoudre malgré le vote des soviétiques. HITLER fut appelé au pouvoir par seulement 33% des votes, MACRON est élu Président et dès son premier discours menace la France populaire par un martial: je ne me laisserai intimider par aucun obstacle alors que seuls 17% des inscrits lui sont réellement favorables . Tout démontre que ce freluquet est salopard de la pire espèce, de celle des PETAIN. C’est un homme du sérail patronal c’est à dire un traître, un homme des américains dont ARTE nous abreuvait hier soir des heures durant avec le clown OBAMA , et ce alors que celui-ci intervenait dans les élections françaises, notre souveraineté et notre indépendance balayée en choisissant pour qui il fallait voter. Dans le silence des vendus de l’Elysée et de ses complices.
    Mais LE PORS est pour rester dans l’euro et l’UE . Assez de toutes ces manigances.

     
  10. uberslan

    Mai 8, 2017 at 12:25

    A reblogué ceci sur uberslan's Blog.

     
  11. ermite-athee

    Mai 8, 2017 at 3:30

    Toujours mieux que Le Pen !!!!!

     
  12. utp

    Mai 8, 2017 at 7:15

    Le vieux monde est mort … Vive la révolution et l’homme 2.0 !

     
  13. xav

    Mai 8, 2017 at 9:08

    ça réconforte d’avoir la même analyse.

     
  14. Kirk

    Mai 8, 2017 at 10:46

    Non, ce n’est ps mieux que Le Pen, c’est pire parce que plus opaque, plus sournois, et il faudra du temps pour que le Français deviennent conscients et ça sera peut-être trop tard. Macron a dit à la Chambre de Commerce d’Amiens, alors que Le Pen parlait aux grévistes: JE , MOI JE; ne supporterai pas plus longtemps les exactions de Bachar et j’interviendrai si possible avec l’aval de l’Onu mais aussi sans son aval. Sans oublier qu’il veut rester dans l’Otan, ne pas lever les sanctions sur la Russie, augmenter le budget de l’armée, renforcer la police, gouverner par ordonnance etc… On est très mal partis.

     
    • Robert Lechêne

      Mai 14, 2017 at 10:48

      Un bonapartisme, en civil pour le moment. Mais qui peut aller jusqu’à la Berezina. On ne se méfie pas assez des napoléons en début de carrière.

       
  15. legayarmand2014

    Mai 8, 2017 at 12:38

    Bonjour Monsieur.
    Tour à fait d’accord avec votre analyse. Mais où sont donc les autres marxistes?
    Mes respectueuses salutations.

     

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