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« En Hongrie, la population elle-même a protesté contre la « dé-communisation »

04 Oct

А. Вайнаи: «В Венгрии само население протестовало против «декоммунизации»

http://ru.golos.ua/politika/attila_vaynai_v_vengrii_samo_naselenie_protestovalo_protiv_dekommunizatsii_7976

Attila Vaynai est un vrai combattant. En dépit des persécutions incessantes dans sa Hongrie natale, il reste un pilier de l’idéologie de gauche. Sa tâche est non seulement de rétablir les droits du Parti communiste de Hongrie, mais aussi de porter des coups décisifs contre le système capitaliste. Pourquoi sont persécutés les communistes en Hongrie, quel est le rôle joué par le Premier ministre Orban et pourquoi sont maintenues les sanctions contre la Russie? Tels sont les sujets de cette interview avec le chef du Parti des travailleurs de Hongrie.

– Attila, où en est-on avec la liberté d’expression et d’opinion en Hongrie? Est-il possible, sans crainte de persécution, d’exprimer ouvertement des points de vue communistes, de gauche?

– En Hongrie, le processus de «décommunisation» est en voie d’achèvement. Ce processus a commencé dès 1992, avec la loi sur les «symboles des régimes totalitaires». On peut clairement affirmer que l’adoption de cette loi avait pour but de préparer le terrain pour une interdiction légale du Parti communiste. Comme vous le savez, le 24 août 1991, un samedi soir, les membres actifs du Forum démocratique hongrois (MDF), le parti réactionnaire, de droite conservatrice, alors au pouvoir se sont réunis en privé dans un des hôtels de Budapest. Où il a été déclaré ni plus, ni moins : nous n’avons plus besoin maintenant de faire semblant d’être démocrates. Autrement dit, grâce à la victoire de la contre-révolution en URSS, plus rien ne menace le pouvoir de la bourgeoisie hongroise.

– Qu’est-il arrivé exactement en 1992?

– Une infâme provocation a été organisée. Le 23 octobre 1992, un groupe de jeunes gens s’est mis à huer le président sur la Place en face du Parlement, où celui-ci était sur le point de commencer son discours festif, empêchant ainsi son intervention. C’était un vendredi – et, le lundi suivant, au matin,sur la table des 386 députés du parlement se trouvait sous forme imprimée un projet de loi, signé par 106 députés (dans la faction MDF il y avait seulement 96 députés, ce qui nécessitait la signature de députés partenaires de la coalition). La question est: quand a-t-on eu le temps de recueillir toutes les signatures pour le lundi matin? Le temps était alors merveilleux: les températures étaient estivales–c’était le week-end, tout le monde était au bord du lac Balaton, ou en voyage. Sauf arrangement préalable de toute cette action.

– Lorsque le parti a été interdit, ses symboles ont aussi été frappés d’interdiction?

– Ont été interdits – hypocritement – aussi bien la croix gammée que l’emblème des fascistes hongrois: les Croix Fléchées. Et, bien sûr, l’étoile rouge à cinq branches et le marteau et la faucille. Parfois, il arrive que certains néo-fascistes, pour des infractions d’ordre public, fassent l’objet de poursuites, et dans de tels cas, ils sont incriminés aussi pour le port de symboles nazis. Mais qu’une personne soit poursuivie pénalement en raison du port de symboles nazis – un tel cas, je ne me souviens pas de toutes ces décennies.

– Vous avez été persécuté?

– J’ai subi des poursuites judiciaires à plusieurs reprises et pendant de nombreuses années pour le port de l’étoile rouge à cinq branches. On m’a même donné une peine de prison. Les poursuites ont pris fin seulement après que la Cour européenne des droits de l’homme, me donnant raison, a condamné les autorités hongroises pour violation de la liberté de parole et d’expression. La Cour a récemment acquitté un autre camarade, pour la même affaire. Les autorités hongroises ont immédiatement fait savoir qu’elles n’avaient pas l’intention de renoncer à de telles actions illégales à l’avenir.

– Qu’en estil du processus de décommunisation aujourd’hui?

– Le processus de «dé-communisation» est arrivé, de toute évidence, dans sa phase finale sous le gouvernement actuel. La plupart des lieux, par exemple la ville de Leninvaros, qui portaient les noms de personnalités éminentes, de héros et de martyrs communistes hongrois et du mouvement des travailleurs, ainsi que les noms rappelant que la Hongrie a été libérée des nazis par l’armée soviétique – ont été débaptisés dès 1989, ou juste après. Mais certains lieux publics, apparemment, ont été «oubliés» (ce qui montre bien que ces noms ne gênaient personne). Parfois, la population elle-même a protesté contre le changement de nom. Cependant, le gouvernement Orban a récemment publié un décret. Premièrement, il est obligatoire de renommer tous les espaces publics, sans exception, dont les noms rappellent encore les partis communistes ou de gauche et autres organisations du mouvement syndical, ainsi que l’armée soviétique. En second lieu, le mot «communiste» doit être retiré du nom de tout parti ou organisation, sinon ils peuvent être fermés, et même interdits.

– Les processus de «dé-communisation» en Ukraine et Hongrie ont coïncidé dans le temps?

– Je n’affirmerais pas que le Premier ministre Orban et Porochenko aient conspiré entre eux sur ce point. Mais il est symptomatique et profondément symbolique que le processus de «dé-communisation» se déroule à peu près en même temps et en Hongrie, et en Ukraine fasciste.

– En quoi consistent les persécutions? Sont-elles comparables à l’époque nazie pendant la Seconde Guerre mondiale?

– On ne peut pas parler d’une persécution des communistes, de leurs opinions, comme sous la junte fasciste, bien sûr. Mais les communistes en Hongrie ne peuvent se sentir complètement en sécurité. Appartenir au Parti communiste peut conduire à des conséquences désagréables – jusqu’à y compris le licenciement. J’ai déjà évoqué mes problèmes et ceux de quelques uns de mes camarades pour avoir porté l’étoile rouge. « Naturellement », l’accès à la presse « libre », à la libre concurrence est complètement fermé pour nous. Il faudra leur rappeler l’expérience de ces décennies, après notre victoire lorsque, bien sûr, recommenceront les vieux cris familiers sur l’absence de liberté d’expression sous le régime communiste.

– Comment les autorités justifient-elles une telle persécution draconienne?

– Il y a tout lieu de mentionner ici la justification «théorique» de tout cet obscurantisme: la «similitude» entre le communisme et le fascisme. Il suffit de poser une question simple: si vraiment ils sont des frères idéologiques, pourquoi quand les nazis arrivent au pouvoir, partout et en tout temps, ils commencent par la persécution des communistes. Et ensuite, au sujet du pacte Molotov-Ribbentrop –à cause duquel les « organisations européennes » ont décrété le 23 août jour de harcèlement et de calomnie contre le communisme et les communistes. Voyons un peu: le pacte était un appendice secret au traité de non-agression entre l’URSS et l’Allemagne. Avec l’attaque allemande contre l’URSS, le traité et son annexe secrète ont perdu toute validité.

– Que pense le Parti du Travail de Hongrie de la position officielle de Budapest sur la question des migrations et que propose-t-il pour contrer les menaces qui y sont associés?

– Il ne faut pas perdre de vue que l’archi-réactionnaire Premier ministre Orban, un nationaliste et un anti-communiste notoire, un dirigeant autoritaire qui ne supporte pas la moindre contradiction –est soutenu massivement par la petite et moyenne bourgeoisie des villes et des villages, les intellectuels d’esprit conservateur provinciaux. C’est une couche assez impressionnante par le nombre. Il exprime et défend leurs intérêts. Pour cela, il est même prêt à entrer en conflit avec la bureaucratie (jusque-là tout à fait inepte) de Bruxelles. Une question très commode pour lui comme «champ de bataille», est sans nul doute la question des migrants.

La tragédie des personnes, victimes de la guerre en Syrie et dans d’autres pays est exploitée par le gouvernement hongrois pour attiser la haine contre ceux qui sauvent leur vie, et occulter les causes de la guerre, la crise mondiale du capitalisme.

À cet égard, notre parti condamne fermement la politique agressive étrangère américaine, de tous les marchands d’armes qui s’enrichissent sur le sang et la souffrance des gens. Nous condamnons les actions de tous les gouvernements qui – permettant la fourniture d’armes aux zones de conflit –par là-même protègent les intérêts de ces entreprises. Nous condamnons particulièrement le régime d’Erdogan pour les crimes de guerre commis contre les Kurdes. La solution de la crise migratoire est impensable sans la paix dans la région, et sa reconstruction, dans le cadre d’une aide internationale.

– Dans quelle mesure les sanctions économiques anti-russes, imposées par les États-Unis et l’UE ont-elles une influence sur la situation économique et politique en Hongrie et dans l’UE?

– Pour être honnête, ces sanctions ne provoquent pas en Europe beaucoup de débats (au moins publiquement). Tous, bien sûr, comptent leurs pertes (en dizaines de milliards d’euros) du fait de ces sanctions. Tous sont conscients que sous le couvert de ces sanctions, les sociétés américaines les ont écartées–si ce n’est évincées – du marché russe. Mais quand ils se réunissent à Bruxelles, ils votent une fois de plus pour une extension de ces sanctions. Apparemment, les intérêts du grand capital (à la fois aux États-Unis et en Europe) sont plus importants que les intérêts des citoyens européens. Les sanctions économiques évincent la Russie sur les marchés européens, pour faire place au capital mentionné ci-dessus. Dans cette histoire, nous voyons à nouveau les effets de la crise du capitalisme. Il est évident que la résolution des conflits ne peut être trouvée que si nous nous occupons des causes majeures de ces processus catastrophiques. Le capitalisme est en train de détruire nos sociétés, quel que soit le pays où les forces du capitalisme prennent le pouvoir sur les processus économiques et sociaux.

Source : Golos.ua et PCU

Traduit par Marianne Dunlop pour Histoire et Société

 
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Publié par le octobre 4, 2016 dans Uncategorized

 

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