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Mon ami et camarade Gaston Plissonnier

01 Oct

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un article de Causeur met l’accent sur le fait que le cadre « déchemisé » d’Air France était pierre Plissonnier, fils de Gaston et Juliette. je n’interviendrais pas sur le fond de l’article et sur Pierr Plissonier lui-même, sa carrière et ses prises de position personnelles, je n’ai aucune compétence sur le sujet. En revanche j’ai bien connu et eu beaucoup d’amitié pour Gaston Plissonnier et il y a des choses que je ne laisserai pas dire de lui. Il s’avère que j’ai été la plume de ses mémoires- une vie pour lutter- et que par amitié il tenait à ce que cela soit noté . Je garde un souvenir attendri du travail avec lui, de sa volonté de ne laisser transparaître aucun secret de l’internationale. Nous discutions des heurs, il ne me cachait rien, mais m’interdisait de rapporter ce qu’il m’avait confié.  il m’arrivait d’opérer des montages qui étaient révélateurs, mais il les débusquait et me disait « Danielle, ce n’est pas à moi à trahir des gens qui méritent notre respect! ». Ainsi en a-t-il été de son refus de raconter la parti qu’il avait pris au transfert dAalvaro Cunhal de la région parisienne au Portugal pour qu’il arrive de paris dans les troupes révolutionnaires victorieuses. Mais également dans son refus obstiné de dire ce que tout le monde savait: la demande de Duclos de laisser paraître l’Huma aux autorités allemandes. Notre travail en commun fut amical mais parfois je protestais, je voulais qu’il raconte ce qu’il me disait. Il protestait: « Non Danielle, ces gens ont accompli une erreur mais toute leur vie a été digne, je ne les trahirai pas. » Et je ferai comme lui, parce que dans le fond ce parti là où on était capable de se taire par respect de soi et des autres, a été l’honneur de ma vie.

Il me racontait aussi comme il lui fut difficile d’aller porter les critiques du parti communiste français au Congrès du PCUS, lui qui éprouvait pour l’URSS quelque chose de l’ordre de la vénération. je l’accompagnais en Grèce et je pourrais raconter nos discussions dans lesquelles il me faisait une totale confiance, de mes irritations mais aussi du respect et de l’amour filial qu’il m’inspirait par son attention aux militants, le parti était un village et il aidait chacun devant les aléas de la vie. Donc il y a des choses et des phrases qui me sont intolérables.

L’article revient sur les événements où l’on a vu des cadres d’Air france poursuivi par des syndicalistes, leur chemise déchiré, le procès récent et révèle que l’un des édéchemisé » était le fils d’un « cacique » du PCF, Gaston Plissonier. IL fait un parallèle indigne entre la carrière du fils et la manière dont le père a toujours été un fidèle exécutant et il a cette phrase ignoble sur l’engagement « tardif » de Gaston, qui aurait eu lieu en 1941, parce que celui-ci aurait respecté le pacte germano-soviétique. Quelle stupidité et mépris de la vérité par goût minable des ragots, bien digne de l’époque.

L’Histoire de Gaston est exactement le contraire de celle rapportée par l’auteur de l’article: Gaston m’expliquait que, comme beaucoup de militants, il a vécu d’abord l’opposition à la trahison de munich en affirmant « munich c’est la guerre », et le pacte est signé le 23 août, la France déclare la guerre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne. Tous les témoignages, celui de mon mari qui agit en Provence, lui Gaston qui agit en Bourgogne vont dans le même sens. Ils y voient un acte tactique face à Munich. Au plus haut niveau la direction du PCF envoie alors à Moscou des délégués. En attendant les explications, ils votent à l’Assemblée les crédits de guerre le 2 septembre et Maurice Thorez rejoint son unité. Mais ceux qui ne vont pas préparer la guerre et rester plus d’un an l’arme au pied, qui déjà pensent « il vaut mieux Hitler que le Front Populaire, vont utiliser ce pacte pour en finir avec le PCF. Le président du Conseil de l’époque, Édouard Daladier avait interdit la presse communiste dès le 26 août. Il dissoudra le Parti le 26 septembre.

Gaston et mon mari m’ont expliqué la même chose, le parti était dissous, la presse interdite, ils ne recevaient plus d’ordres, ils ont agi à leur manière et pour eux l’antifascisme était une évidence. Ils ont fait le tour des militants, prudemment, en ne sachant pas qui ils trouveraient et individu par individu ils ont reconstitué un système de résistance essentiellement cloisonné et un autre qui déjà envisageait le maquis. Il fallait un immense courage et beaucoup de prudence à ce petit bonhomme, timide et résolu, pour aller le plus souvent à pied, faisant des kilomètres de ferme en ferme, ne disant pas un mot de trop, pour avoir sous la présence allemande recréer le parti, le faire grandir . Ceux qui crachent sur de tels hommes ne méritent que mon mépris.

J’affirme que, comme henri krasucki, ces hommes là partout dans toute la France sans attendre des ordres ont recréé le parti sans attendre l’entrée des soviétiques en guerre.
Alors voilà comme il est à la mode d’inventer une sorte de droit du sang dans l’ignominie, attribuant aux ministres les errances de leurs enfants, de Fabius à Marisol Touraine en passant par Pecresse, ce contre quoi je me suis élevé comme une indignité, Je n’éprouve qu’hostilité envers la politique de ces gens mais je n’admet que l’on attribue au parents les actes de leur descendance, c’est une pratique digne de l’extrême droite. Alors a fortiori quand il s’agit d’un homme aussi respectable que Gaston Plissonnier à qui nous devons pour une part notre liberté, nos acquis sociaux.  Je considère cet article comme à vomir. Une manière de relativiser  les turpitudes des dirigeants actuels du PS et du gouvernement qui ont appuyé une répression syndicale infâme contre des Cgétistes défendant leur emploi, en vulgarisant le tous pourri cher aux fachos.

Il y a vraiment des limites à ne pas franchir.

 
7 Commentaires

Publié par le octobre 1, 2016 dans Uncategorized

 

7 réponses à “Mon ami et camarade Gaston Plissonnier

  1. Thoraise

    octobre 1, 2016 at 9:36

    Sans connaitre personnellement Gaston, qui a toujours eu une excellente réputation dans le parti, j’ai lu (et Facebooké, pour le critiquer vertement) cet article de Causeur.
    Il n’y a hélas rien que de très naturel dans la carrière professionnelle de Pierre (qui n’est même pas invité par ce torchon à donner son sentiment sur l’affaire): fils d’un intellectuel organique du PCF, il a selon les « lois » connues des sociologues, sans doute fait de brillantes études, et ensuite en tant que fils de communiste: tout le poussait à se diriger vers une entreprise nationalisée!
    Hélas, le PS est passé par là, avec ses mutants libéraux, et Air France a été privatisé…
    Dès lors, pour les cadres, supérieurs de surcroit(à 52 ans ce n’est pas une anomalie ni une trahison), comment résister à l’endoctrinement managérial forcené diffusé dans les entreprises?
    Avec entrain ou pas, il a été contraint d’endosser les responsabilités des actionnaires, et ensuite il s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, dans la lutte de classes.
    Pas de quoi en faire un fromage.

     
  2. dominique

    octobre 1, 2016 at 9:42

    Tres bien !

     
  3. Frank

    octobre 1, 2016 at 3:14

    Merci Danielle car tu t’adresses à nous en personne loyale,libre et souveraine.
    Nous qui avons ton témoignage comme viatique par dessus le temps qui file et ses distorsions.,Oui chère Danielle nous te remercions………

     
  4. Frank

    octobre 1, 2016 at 3:25

    Une précision: l’Ambassadeur allemand a manipulé les militants du PCF pour la demande de réapparition de l’Huma en Mai 1940,d’aprés Pannelier dirigeant le Maitron.Dès la mi juillet 1940,tout ça fut condamné,en premier par J.Duclos.

     
  5. lemoine001

    octobre 1, 2016 at 3:54

    C’est certain que les communistes ont résisté bien avant l’entrée en guerre de l’URSS mais même ceux qui ne l’ont pas fait ne peuvent pas être blâmés. Pour avoir une idée des difficultés de cette époque il faut lire le roman d’Aragon, qui clôt le cycle de la « vie réelle ». Il porte sur la période de février 1939 à juin 1940 et dit en quatre volumes ce qu’étaient alors des communistes et la confusion et les difficultés de l’époque. Il a été publié de 1948 à 1951 c’est à dire bien avant qu’il soit possible de mentir effrontément sur les faits (lesquels étaient beaucoup trop récents). Malheureusement ces quatre volumes n’ont pas été publiés depuis 1975 et aujourd’hui Aragon a disparu de l’histoire. Le grand écrivain de l’époque maintenant c’est Céline. Voilà où nous en sommes !

     
  6. etoile rouge

    octobre 3, 2016 at 5:24

    Non seulement par J DUCLOS pais par le bureau de l’internationale communiste; Au fait que diffusait alors le FIGARO ou les journaux socialistes? Comparons, comparons..
    Condamner à mort les communistes qui allaient vaincre à STALINGRAD fallait le faire…Ils l’ont fait socialistes, droites de toutes obédiences. Quelques mois plus tard ils votèrent massivement( les mêmes ) les pleins pouvoirs à PETAIN et à la collaboration après avoir ignoblement capitulé. Staline et les communistes n’ont pas capitulé!. Exception à droite DE GAULLE que le gouvernement d’extrême droite PETAINISTE pro nazi condamna à mort par contumace, déchu de sa nationalité …ainsi que THOREZ! C’est eux la collaboration avec ces social traitres et cette droite antinationale, pro allemande et aujourd’hui pro américaine! Les mêmes à travers l’histoire et le temps fidèles à ce qu’est le capitalisme! Une barbarie!

     
  7. etoile rouge

    octobre 3, 2016 at 5:30

    J’aimerai savoir quand , les armes à la main ont résisté patrons, députés, magistrats, policiers, préfets toute cette bourgeoisie qui gueulait plutôt HITLER que le FRONT *POPULAIRE. Dans le livre sur J MOULIN dédicacé par DE GAULLE Himself il clairement rappelé que seul un préfet résista effectivement face aux nazis, JEAN MOULIN ! Que faisait les autres, ils arrêtaient les communistes?

     

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