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La réflexion du jour: ma première réunion de section

19 Fév

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Hier j’ai eu ma première réunion de section, nous étions 25. J’ai retrouvé beaucoup d’anciens camarades et quelques jeunes dont le secrétaire de section, Jérémy 29 ans. Il doit nous envoyer un compte-rendu de la réunion, je vous la transmettrai. Je confirme l’impression que j’avais déjà ressentie dans mon début de plongée dans le PCF tel qu’il est aujourd’hui.

Les communistes sont très critiques sur la ligne poursuivie à l’instar des plus jeunes comme Nicolas qui s’exclame: « C’est de la folie, alors même que nous assistons à l’atteinte la plus forte contre le monde du travail de la part de ce gouvernement socialiste, nous apprenons que le même jour, Pierre Laurent se réunit avec d’autres pour envisager des primaires et les négocier. On croit rêver, moi je veux que pour ça et pour les résultats obtenus, cette direction nous rende des comptes. » C’est celui qui va le plus loin, mais sa prise de position ne provoque aucune tentative de défense plutôt des interrogations sur « notre » culpabilité collective dans l’échec. L’idée qu’il faut un parti communiste fort est acceptée de tous. Claude que je connais bien et qui est employé (administratif précise-t-il) à la fédération, va concrétiser cette question du parti: « Tous les Congrès nous faisons le choix majoritaire du parti et pas du mouvement, mais sitôt le congrès terminé, nous nous comportons en mouvement et pas en parti. Il réclame une autre organisation qui nous rende plus efficace, et que nous ne nous contentions pas de prendre acte de nos affaiblissements. »

Une camarade, qui appartient à l’exécutif fédéral, se lance dans l’exposé d’une analyse sociologique des dirigeants du parti: « Il n’y a plus d’ouvriers, mais des employés d’élus et des cadres territoriaux ». A côté de moi Anne que j’ai connue au Comité fédéral, silencieuse et pince sans rire murmure : « avec la débâcle électorale voilà une question en voie de résolution ». Elle me glissera d’ailleurs une autre remarque qui est pour moi une véritable révélation et que je reprendrai dans mon intervention : une camarade qui travaille à la ville nous a expliqué que ses collègues quand elle tente de leur dire qu’il faut lutter contre l’austérité lui disent « comment faire, on n’y peut rien »… Ma voisine pince sans rire me dit: il y a eu un moment où ils croyaient qu’il n’y avait pas d’argent maintenant ils savent qu’il y a de l’argent, mais ils ne savent pas comment le leur reprendre. Ça c’est une question de rapport de forces. »

Donc si l’accord peut se réaliser sans problème sur un parti organisé, bien ancré dans sa base de classe et où une véritable formation serait offerte aux militants issus des couches populaires, la question du rapport des forces confronte à une stratégie. L’idée que j’énonce d’un Front populaire nécessitant le parti qu’ils appellent de leur voeux a le mérite d’éviter les oppositions entre ceux qui en ont marre des alliances sans principe, de voir se renouveler des manoeuvres d’appareil qui nous mènent dans le mur et ceux qui pensent qu’il faut un rassemblement majoritaire pour arracher les moyens d’une politique contre l’austérité et la toute puissance du capital.

Nous sommes dans le 13 e arrondissement c’est-à-dire celui où le FN a pris le pouvoir et ferme les uns après les autres les centres culturels. Il y a eu la Busserine maintenant c’est le tour de Frais Vallon et la section se propose d’aller les soutenir en distribuant un tract et en tenant un point de rencontre dans cette cité. J’approuve cette initiative en notant pourtant que je ne suis pas convaincue que le centre culturel soit le problème prioritaire des habitants de Frais vallon, mais qu’il va être bon de le découvrir, je m’inscris pour l’initiative. Mon voisin que je connais depuis des années et dont l’épouse est une amie ancienne secrétaire du département de sociologie fait une intervention que l’on pourrait estimer folklorique si elle ne témoignait pas des choix dudit Ravier. A château Gombert, un village jadis socialiste avec le poids de la dynastie Masse, il y avait nous raconte-t-il un loto organisé par « les ânes de Château-Gombert », il avait vu que Ravier supprimait les subventions aux centres culturels mais il les renforçait pour « les ânes de Château Gombert ». Donc dans ce loto a débarqué le maire FN et tous « les ânes » se sont confondus en amabilité… Les camarades l’écoutent et certains s’exclament : « et tu n’es pas parti! »… Non! j’ai gagne le gros lot, la télé… J’ai poussé un hurlement de joie au milieu de leurs embrassades » et il mime son attitude… Nous éclatons tous de rire… Et le secrétaire de section propose de clore les débats et de prendre le verre de l’amitié. je continue à réfléchir, le maire FN joue les noyaux villageois avec leurs villas, leur sociabilité, une ancienne classe ouvrière qui vit correctement contre les cités gangrenées par le chômage et la misère qu’il prive des centres sociaux.. Les camarades qui sont là, en particulier les retraités sont plutôt des villages et ils aimeraient bien faire le lien, alors que les jeunes qui prennent des responsabilités à la CGT sont plus intéressés par leur entreprise, de fait ces immenses cités populaires sont pour tous de véritables terres de mission et pourtant c’est là que doit le plus se poser la question de « comment leur reprendre? »…

Ce qui est intéressant c’est que l’ANC de Charles Hoareau a réussi à atteindre à la fois les cités et l’entreprise avec la CGT. Les camarades insistent sur le mouvement informel de concertation et d’action qui s’est mis en place à Marseille : un collectif qui regroupe le PCF, la CGT, les rouge vif, etc… Oui mais voilà une illustration de plus de ce qu’a dit Claude : au Congrès nous faisons le choix d’un parti et pas d’un mouvement et après nous fonctionnons comme un mouvement. C’est bien ce que j’avais subodoré : un parti, un vrai parti, auquel tout le monde aspire a besoin d’une unification et pas d’ajouts. Mon choix de retourner au parti n’est peut-être pas le bon, dans la situation actuelle il n’y a pas de certitudes mais il faut avancer. parce que le problème est là, ni la combattive CGT des Bouches du Rhône, ni ce parti affaibli tel qu’il est , ni les Rouge-vifs devenus ANC n’ont résolu le problème, celui de constituer un parti fort et crédible qui obtiendrait la confiance des victimes dans les votes comme dans des rassemblements à la hauteur des coups portés, et dans les entreprises comme dans les grandes cités du 13 e arrondissement…

Je leur ai proposé une soirée autour de notre voyage en Ukraine, ils ont accueilli l’idée avec joie, ce n’était pas par politesse, c’est une question non résolue. Des camarades sont venus me demander notre livre, l’un m’explique qu’il envisage un voyage, est-ce dangereux? Il ne sait plus quoi penser de l’URSS. Il a lu « Cuba est une île ». Je lui promets de commander la nouvelle édition. Je sors de cette réunion très heureuse parce que j’ai retrouvé ma famille, ce bon sens populaire, ce désir de bien faire et dans le fond pour le moment nous ne sommes vraiment pas éloignés les uns des autres. Les jeunes m’avaient mis en garde sur l’état du parti, sa faiblesse, il m’avaient dit « tu seras certainement déçue ». Pas du tout…

Danielle Bleitrach

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petit chaperon rouge deviendra grand et mangera grand méchant loup…

 
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Publié par le février 19, 2016 dans Uncategorized

 

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