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La réflexion du jour : Pour un véritable Front populaire, il faut un parti communiste sur des bases de classe

18 Fév

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Cette année sera celle où en mai seront célébrées les conquêtes du Front populaire. Celles-ci ont ancré dans la mémoire populaire l’idée de gauche, celle d’une union qui permettait de changer la vie des masses populaires. Les familles accédaient aux congés payés, je me souviens d’une femme qui me racontait l’éblouissement que fut la nouvelle, elle me disait ce fut une flamme qui courait sur le port, on disait : « On va être payé et on pourra se reposer! » Une transformation complète de la perception du monde, des enfants découvraient la mer pour la première fois. Mais il y avait aussi la semaine de quarante heures, la réduction du temps de travail.

Le contexte, celui du malheur laissé dans la vie de chaque jour par la crise de 1929, la montée de l’extrême-droite et le défilé des ligues factieuses en février 1934, comme en Allemagne où Hitler avait pris le pouvoir. La France avait répondu à sa manière en élisant le Front populaire et aussitôt partout en occupant les usines pour exiger que le nouveau gouvernement remplisse ses promesses. C’est ça le Front populaire, l’élection d’un gouvernement de gauche et parallèlement le « soutien » actif du PCF . Une base consciente de sa force historique et révolutionnaire qui imposait le respect des promesses. Le parti communiste de masse et de classe qui avait été recréé, arraché à la fois au sectarisme et aux compromis de ses fondateurs par Maurice Thorez en appelant aux communistes, pour que les bouches s’ouvrent, sans mannequin dans le parti,  était à la fois l’origine et le produit de ce niveau de conscience, de cette exigence impérative.

Le contraire d’aujourd’hui, avec un parti communiste menacé de disparition et émietté en chapelles allant de l’opportunisme intégral au sectarisme qui nous invite à « sauver la gauche », une gauche où le PS hégémonique ressemble de plus en plus à la droite et se vante de ses dérives comme de l’ultime réalisme. Des politiciens qui se vendent à ce pouvoir pour un poste et pas seulement un ministère, toutes les élections sont un marchandage de plus en plus dérisoire. Les PS, toutes tendances confondues finissent par voter, ils renâcleront mais voteront ce qui s’annonce, les 60 heures par semaine s’il y a accord, la durée moyenne de 44 heures maximum de travail par semaine peut être portée à 46 heures désormais par accord d’entreprise, j’en passe et des meilleures…

Il faudrait « sauver » ceux qui  détricotent tous les acquis sociaux. Ceux qui  insufflent le renversement d’une manière de penser, la résignation devant les maîtres. Comme le proclamait en janvier à Davos le ministre Macron, qui a réussi à unifier le ministre PS avec le fondé de pouvoir d’une banque d’affaire, il faudrait apprendre à travailler plus sans gagner plus. Il n’ose pas encore dire « pour gagner moins », mais la logique est déjà inscrite dans la loi, dans ce qu’on découvre du projet El Khomri . La logique, le mot est mal venu : qui peut voir la moindre logique dans le fait d’allonger le temps de travail alors qu’il y a 6.5OO.000 chômeurs officiels.Gagner moins, faire plus d’heures allez le dire à nos services publics, à nos hôpitaux au bord de l’effondrement… A nos agriculteurs saignés par l’austérité et la politique belliciste des sanctions, le tout dans un cadre européen qui est celui de la plus impitoyable des mises en concurrence de la force de travail. Plus cette Europe nous enfonce, nous interdit toute politique de changement, plus il faudrait y voir la voie du salut.

La guerre comme horizon, les dépenses militaires, les alliances déshonorantes, dangereuses et la proclamation de l’état d’urgence contre l’ennemi intérieur.

Oui bien triste anniversaire du Front populaire que nous nous apprêtons à fêter.

Y a-t-il une perspective? Certainement pas celle d’un blanc seing avec le leurre d’une telle union de la gauche pour empêcher le retour de la droite, voire de l’extrême-droite. Des primaires qui jouent déjà le troisième tour de l’élection des mêmes pour la même politique qui produit désespoir et fascisme, comme si le PS s’employait à détricoter la mémoire et cherchait à donner in fine le pouvoir aux fascistes. Il arrivera bien un moment, et il est déjà là de fait où de l’autoritarisme, de la constitutionnalisation de l’arbitraire, on  glissera insensiblement vers ce fascisme déjà éclaireur autant que repoussoir. Là aussi le PS a fait avec sa politique anti-sociale, sa propension à la guerre et le vote de la loi d’urgence, tous les pas dans ce sens-là… Et il ne suffira plus de crier au loup par manoeuvre politicienne puisqu’on aura habitué le peuple français à ne plus le craindre.

La seule perspective est de redonner force à ce mouvement populaire en le musclant, l’organisant à la base, sur ses deux jambes le syndicat et le parti politique. Un parti communiste qui replongerait ses racines dans le monde du travail, les exploités, les ouvriers, les employés, mais aussi les intellectuels confrontés à leur marchandisation, leur humiliation permanente.

Il n’y aura un véritable Front populaire que s’il y a un parti communiste digne de ce nom. Tout le reste n’est que manoeuvre d’appareil, lutte des places, au lieu de se préoccuper de sauver la gauche telle qu’elle est, il s’agit de recréer une véritable gauche qui ne peut que dériver vers la droite et l’extrême-droite si elle n’a pas l’ancrage de classe que peut lui donner un parti qui reste ancré sur cette nécessité et qui ne dérive pas lui-même vers les manoeuvres politiciennes.

Danielle Bleitrach

 
4 Commentaires

Publié par le février 18, 2016 dans Uncategorized

 

4 réponses à “La réflexion du jour : Pour un véritable Front populaire, il faut un parti communiste sur des bases de classe

  1. Thoraise

    février 19, 2016 at 2:05

    A reblogué ceci sur Bernard Gilleronet a ajouté:
    a lire

     
  2. leca

    février 19, 2016 at 8:03

    Les camarades grecs du KKE ont développé une stratégie originale qui devraient amener de nombreux communistes en France à se définir comme pro-grec (comme il y a eu et ce n’était pas que du folklore, des Italiens, des pro chinois, des albanais et même des castristes et des guevaristes)
    Le Parti communiste grec a apporté au mouvement communistes des concepts et des pratiques intéressantes
    1° Evaluer définitivement la social-démocratie PASOK et ses dérivés (Syriza, Varoufakis) comme objectivement contre révolutionnaire
    2° De ce fait abandonner toute cuisine électoraliste
    3° Mettre avant tout l’accent sur les développement d’organisation de masse sur une base de classe qui impulsent et fédèrent les luttes anti austéritaires.
    4° Fonder une structure européenne ‘ l’Initiative’, tenir un site en plusieurs langues dont le français pour y exposer ses conceptions.
    De plus:
    – les grecs appellent les communistes de France à quitter le PCF (et le PGE pour ceux qui sont hors du PCF mais bien dans le FDG) et fonder leur propre organisation . En vain
    – les grecs condamnent l’étapisme pour passer au socialisme. En vain
    – les grecs considèrent Russie , Chine et autre BRICS comme des blocs impérialistes et nationalistes, concurrents des impérialismes dominants US/UE. En vain
    Demain les textes alternatifs au congres feront entre 10 et 15% comme d’habitude, la moitié des organisations hors PCF resteront dans le FDG ou son avatar, les autres chercheront a construire des étapes avec des souverainistes ou des gaullistes, le train de la route de la soie sera considéré comme ouvrant la voie au socialisme.
    On en est là.
    Il est temps d’écouter les grecs, de rassembler nos forces et créer en France un parti frère.

     
  3. histoireetsociete

    février 20, 2016 at 7:46

    Le KKE fait comme il veut… je l’ai soutenu quand le PCF est venu lui planter au nom de l’Europe un parti pseudo révolutionnaire et dont on voit ce qu’il est devenu. Mais le KKE n’a pas plus à se substituer aux communistes français. J’ai reçu il y a peu de la part d’un jeune militant du PADS avec qui j’avais jusqu’ici les meilleurs rapports l’annonce de la création du PCF. Et ce jeune hoimme de m’expliquer que tel était la volonté du KKE et du PADS. Je ne lui ai même pas répondu tant sa démarche me paraissait insensée et je n’ai pas publié les deux pages qui annonçaient la création d’un nouveau groupuscule fut-il parrainné par le KKE. Charbonnier est maître chez lui… Je m’éleverai toujours contre ceux qui donneront des leçons à des combattants comme le KKE ou le PADS mais je n’accepterai jamais ce genre d’intrusion.

     
  4. Chevalier René

    février 25, 2016 at 6:07

    Merci pour ton article Danielle, si tu veux bien je vais reprendre une partie de celui-ci pour mon intervention politique au prochain comité de section d’Arras, afin de remettre les camarades sur la voie de la réflexion d’un véritable projet politique porté par les communistes (qui ne doit pas être une construction de sommet aux fins de négociations électorales). Mais un projet de société, actif, de réappropriation sociale, économique, culturelle, de Paix, pour affronter le capitalisme. Projet en lien avec le monde du travail et les classes populaires.

     

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