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Quelques remarques rapides sur la déroute de la gauche et celle du PCF

31 Mar

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la campagne a tenté de transformer la colère et la déception des français en manoeuvres politiciennes, c’est un échec le taux d’abstention le prouve. Une grande partie de l’élctorat de gauche refuse les manoeuvres et le dit en se détournant des urnes.
la campagne obstinée en faveur de la promotion du Front National lui assure une représentativité qu’il n’a jamais eu même si nous sommes très loin de la vague bleue.
Pour la première fois la stratégie de Mitterrand consistant à faire monter le Front National et réduire le PCF pour affaiblir la droite et assurer la suprématie au PS, n’a pas tout à fait réussi.
En effet la promotion obstinée, indécente du Front National n’a pas déclenché la vague bleue marine mais a au contraire amplifié la vague de la droite qui réussit un triomphe dans un contexte marqué par l’abstention.
En revanche la destruction du PCF s’accentue avec la disparition de bastion comme Bobigny ou Villejuif, c’est une stratégie qui a été poursuivie dans le même temps que l’on nous faisait peur avec le front national. Bartelone dans la Seine Saint Denis est l’homme de cette stratégie mais elle s’est étendue au Val De Marne et dans d’autres villes. Le PS dans sa destruction obstinée du PCF a un peu joué le rôle du scorpion demandant à la grenouille de lui faire traverser le gué et la piquant mortellement en chemin « c’était dans sa nature ». cela dit le département de bartelone , la Seine Saint denis qui passe à droite et voit la réélection de maires communistes par ailleurs témoigne de la folie d’une telle tactique à gauche. Le PS voit s’accélérer le désaveu de gauche, ne bénéficie plus du report des électeurs PCF et il a trouvé son propre scorpion avec les écologistes (Jean Luc Melenchon devrait méditer ce petit jeu des porteurs de venin)
Il est vrai que le PCF a fait tout ce qu’il fallait pour qu’il en soit ainsi.
Il a subi un quadruple phénomène:

le premier a été la chute de l’union soviétique

Le second a été l’intégration européenne qui a amplifié le bipartisme inscrit dans la Constitution de la Vème

Le troisième est d’ordre sociologique, avec la politique de desindustrialisation, le néolibéralisme, la pression constante sur les salaires, le peuple qui votait communiste s’est scindé en plusieurs catégories. Ceux qu’on a appelé les bobos et qui sont souvent des salariés de deux ordres, ceux avec des salaires élevés liés au tertiaire à la recherche, à la mondialisation dont une partie vote à droite mais une autre conserve un vote PS voire écologiste. Une partie qui soit travaille dans les milieux de la communication, artistes, enseignants. Ce qui caractérise donc ceux qu’on appelle les bobos est un fort capital culturel. Ils constituent le dernier bastion de la gauche, celle qui vote PS ou écologiste comme à Grenoble. En revanche et c’est ce qui a laminé le PCF, l’essentiel de ce qui formait jadis sa clientèle politique, les ouvriers, les employés soit sont allés dans l’ancien tissu rural, soit dans les banlieues avec forte paupérisation. Mais le PS paye lui aussi son abandon de ces couches populaires et de multiples manières. Si les villes mondialisées, tertiarisées comme Lyon, Lille, Paris et Grenoble conservent leur implantation, les communautés urbaines passent à la droite. De même, le PS ne bénéficie pas de report. Enfin une partie importante de ceux qui votaient pS sont allés au front national comme dans le cas de la mairie du 13e à Marseille. Dans la mesure où les électeurs du PCF se sont retirés, l’appel à la peur du front national ne joue plus. Donc si pour la première fois la montée du front national à cause de cette abstention ne joue pas en faveur du PS, cela amplifie donc le ressac du PS et joue de ce fait sur bon nombre de mairies communistes ayant fait alliance avec le PS.

Là-dessus en quatre, il y a les erreurs stratégiques du PCF en réponse à chacune de ces situations

I Face à la chute de l’Union soviétique, il n’y a eu aucune réflexion conséquente mais l’adoption de la condamnation du capital, une ignorance manifeste y compris des nouveaux rapports de force dans le monde, un repliement sur l’hexagone avec une seule stratégie, conserver des élus et sacrifier l’organisation militante et la formation à ce seul enjeu. Pour conserver des élus il fallait accepter la soumission au PS quitte à se soumettre à la stratégie mortifère de ce dernier.

II Dans un tel contexte, la question de l’Europe est devenue totalement inaudible et là encore de fait il y a eu soumission au PS avec l’idée que l’Europe en soi était bien mais que cette Europe là était mauvaise. Aucune réflexion sur ces espaces régionaux que les multinationales financiarisées constituaient partout et donc aucune proposition crédible, laissant au chauvinisme du Front National le soin de récupérer le thème. Il est clair que les prochaines européennes vont poursuivre sur cette lancée.

III- Il n’ya plus de stratégie mais des tactiques à chaque élection pour tenter de sortir la tête hors de l’eau quitte à s’enfoncer plus profondéments. Ainsi pour faire face à la présidentielle et à ses conséquences législatives le PCF a choisi de se donner à Jean Luc melenchon, tout en refusant les conséquences. Celles-ci sont multiples. Elles font un peu plus disparaître ce qui a constitué l’originalité du PCF. Le parti communiste a continué de dissoudre son appareil militant proche des victimes de la crise, dans les entreprises et dans les établissements scolaires et universitaires au profit d’un Front purement électoraliste. Ce qui a été négatif à la fois pour son implantation dans les quartiers populaires et pour les orientations syndicales de plus en plus attirées dans l’orbite de l’Europe et du PS. Mais un autre effet de ce choix est d’organiser la rupture avec le monde enseignant et celui avec capital culturel qui se reconnaît plus dans le Front de gauche que dans le PCF y compris au niveau de ses élus.

Au total, le PC perd 57 villes de plus de 3 500 habitants et en regagne 5, soit un déficit de 52 villes, près de 30 % de l’effectif de départ. Il perd 7 villes de plus de 30 000 habitants sur 28 et 19 villes de plus de 10 000 habitants sur 81. Mais alors que jusqu’ici selon la stratégie du PS qui estimait que les ville du PCF lui revenaient de droit, la grande nouveauté est que ce mouvement de perte se fait au profit de la droite et de l’extrême-droite ultérieurement… Un glissement…

Sur les 57 villes perdues, 30 l’ont été sur la droite, 22 sur la gauche, 5 sur des « divers ».

Voilà pour le diagnostic, mais les solutions je crois qu’il faut les voir dans ce diagnostic et la manière dont par exemple il témoigne que les vagues, les triomphes se situent dans un profond désaveu.

La France est en attente d’une autre stratégie face à la mondialisation, face à la crise qui frappe une grande partie de sa population, elle a des atouts et il faut les voir pour faire des propositions, tracer une perspective. Arrêter de se laisser avoir par cette technicisation de la politique où il ne reste que des appels à des positions partisanes politiciennes pour se répartir entre droite et gauche, ce qui est déjà le cas des Etats-Unis.

Voilà, si l’on veut avancer il faut certes penser à l’échéance des Européennes, mais le faire dans cette perspective plus vaste et arrêter ces tactiques au jour le jour pour tenter la survie. Il faut avoir le courage de la reconquête, à ce titre on peut se féliciter du nombre de mairie communistes réélues dès le premier tour et de celles dont le courage militant a assuré l’élection dans des terres hostiles comme venissieux ou dans un tout autre genre qui manifeste la. résistance à Bartelone celle d’Aubervilliers. Il est possible que nous soyons entrés dans une période de reflux durable du PS et de la stratégie social démocrate, cela ouvre un espace considérable.

Un mot encore, la situation était totalement prévisible, c’est pour cela que j’ai refusé dans ce blog à prendre position pour ces élections municipales en laissant ceux qui avaient en charge les directions politiques assumer leurs tactiques et leurs choix.

Danielle Bleitrach

 
6 Commentaires

Publié par le mars 31, 2014 dans actualités

 

6 réponses à “Quelques remarques rapides sur la déroute de la gauche et celle du PCF

  1. Pierre M. Boriliens

    mars 31, 2014 at 8:57

    Bonjour,

    Un peu de détente ?

    François Hollande promet que le prochain gouvernement mentira aux Français avec plus de conviction ( http://www.legorafi.fr/2014/03/31/francois-hollande-promet-que-le-prochain-gouvernement-mentira-aux-francais-avec-plus-de-conviction )

     
  2. pam

    mars 31, 2014 at 11:49

    comme toujours avec danielle, une analyse utile, profonde et pourtant immédiate qui détonne dans un grand blablamédiatique avec une direction du parti aphone…

    une seule remarque, si les communistes Vénissians ont effectivement eu le courage militant d’affirmer leur stratégie autonome du PS, en cherchant les voies d’un rassemblement populaire, qui soit une alternative aux alliances électoralistes du Front de Gauche, la formulation « terres hostiles » pour Vénissieux est ambiguë et peut -être mal interprétée.. c’est bien l’agglomération Lyonnaise qui est une terre de recomposition politique droite gauche dans laquelle le parti est durement attaqué, avec une direction fédérale qui a fait l’autruche et pire même jusqu’à se perdre dans la déroute du PS.. Mais Vénissieux a tenu le choc, réduit l’extrême-droite, bloque la droite et impose une défaite retentissante au PS de Collomb… Et même les communistes de Vaulx se sont révoltés et ont imposé le refus de la fusion avec le PS pour mener une bataille extraordinaire en frôlant la victoire de 150 voix… A noter aussi les communistes de Fontaines (38) qui ont réussit un exploit !

    Au contraire, la direction du PCF s’est vendue à Montreuil aux écologistes qui avaient fait tombé la ville communiste avec la droite, mais l’ancien maire communiste Brard, fait un score étonnant…

    Cette résistance locale de communistes dans des situations et des histoires différentes mais toutes marquées par la nécessité de sortir de l’Union de la Gauche engagée en 1972 est un espoir pour la reconstruction du PCF, y compris pour la reconquête des villes perdues (Bobigny, Villejuif…)

    pam

     
  3. Jeanne Labaigt

    mars 31, 2014 at 1:11

    Merci de ce bilan.
    De l’analyse aussi.
    Rien à y redire.
    Mais la solution que vous pointez : « avoir le courage de la reconquête », j’ai du mal à voir comment elle va pouvoir s’établir dans l’immédiat.
    Par exemple pour les européennes : tout me semble pipé.
    Quelle conduite peut-on avoir ? étant donné que le PCF ne fait que redire la thèse affirmant que  » l’idée que l’Europe en soi était bien mais que cette Europe là était mauvaise. » comme vous le dites si bien.
    Mélenchon, le PG et son renversement d’alliance total vers EELV, parti totalement « européen » au sens de cette Europe institution capitaliste, Mélenchon donc ne tenant pas d’autre discours que cette thèse.
    Quant à boycotter, ce que je m’apprête à faire pour le moment, cela ne me conviens pas en fait du tout, car je sais qu’il faudrait au moins participer au débat, monter concrètement qu’ une opposition frontale à l’UE ,telle quelle existe, est en état de marche.
    Je serais grecque même si le discours figé me heurte souvent par son vocabulaire rigide, je voterais KKE, et en aucun cas Syriza , qui tient vraiment viscéralement à cette idée que vous avez ici si bien dite et que je répète dans vos termes :  » l’idée que l’Europe en soi était bien mais que cette Europe là était mauvaise. »,Tsipras disant même aux américains,comme Hollande aux anglais : »je ne suis pas dangereux »
    Je soutiens que cette idée est un piège, le pire qui va nous lier. Les gens votent aussi FN parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’autre parti anti-européen, ce que leur répètent à satiété tous les journaux . Chacun sachant que la « gouvernance » (quel mot !) technocratique a remplacé de facto le gouvernement souverain issu de la volonté générale des peuples.
    J’espère que vous avez raison « un espace considérable » s’ouvrant à nous parce qu’il y aurait reflux durable du PS. Mais , moi, je suis terriblement pessimiste et je vois mal comment , où ,avec qui, avec quelles forces de jeunes agir, notre parti ayant laissé en friche l’éducation des masses, surtout je ne sais plus quoi faire, à chaque type d’élection un argument massue m’empêche d’agir et d’exercer mon devoir de citoyen et de manifester ma position de classe.
    J’espère que mon coup de blues est passager, mais à chaque lendemain d’élection je suis dans le 36 ème dessous!

     
  4. GQ

    mars 31, 2014 at 7:10

    Il y a sans doute un espace, mais cet espace existe depuis plusieurs années, et les appareils subsistants font tout pour le refermer. Je vais boycotter l’élection européenne, dans la mesure où le vote pour ce parlement croupion ne fait que donner aux institutions de dictature molle de Bruxelles une apparence de légitimité démocratique.

    et parce que le boycott sera un mot d’ordre impossible à confondre avec la position du FN, qui veut se part de saucisses de Strasbourg.

    Tsirpas est un faux nez social libéral. D’ailleurs es partisans en Italie cherchent des poux dans la tête du PDCI qu’ils ont exclu de leur liste, ils lui reprochent des positions trop radicalement anti-impérialiste, à propos de l’Ukraine et de la Syrie en particulier.

    Je crois que la rupture avec l’UE est devenue une condition préalable à la reconquête du peuple et à toute stratégie communiste digne de ce nom.

    amicalement GQ

     
  5. histoireetsociete

    avril 1, 2014 at 5:14

    merci à vous tous pour le partage de ces remarques. Je n’ai pas encore pris de décision quant à la stratégie aux Européennes. j’ai commencé ce matin une réflexion sur le sujet.

     
  6. marcel rayman

    avril 1, 2014 at 2:12

    Je crois que l’abstention aux européennes est déjà de 59%. Elle massive et généralisée sans que cela n’ait rien empêché en Grèce, au Portugal, en Irlande ou ailleurs (Ukraine). D’ailleurs aux US l’abstention est chronique (autour de 50%) et cela ne gêne nullement Washington pour se lancer dans les pires aventures.
    L’abstention n’a un poids que lorsqu’on a le soutien d’électeurs. C’est un choix politique comme celui de Jacques Duclos qui après une campagne épatante avait obtenu 22% des voix et prôné l’abstention au second tour en mettant ainsi un signe égal entre Poher et Pompidou, les deux représentants du Capital (et se faisant maudire -déjà- par les socialistes qui soutenaient Poher par anti-gaullisme).
    Alors oui Jospin en 2002, Melénchon en 2012 auraient pu (et aurait du) négocier ou menacer d’abstention. Ils ne l’ont pas fait et ont eu tort.
    Les groupes qui préconisent l’abstention montrent simplement leur incapacité politique à monter des listes communistes anti-européennes comme ils ont échoué à présenter un candidat aux présidentielles et finalement à toutes les élections.

     

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