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DANS L’EQUIPE DE STALINE DE Sheila Fitzpatrick

22 Fév

DANS L’EQUIPE DE STALINE DE Sheila FITZPATRICK

Je n’ai pas lu cet ouvrage, mais comme je l’explique dans notre livre 1917-2017, Staline, un tyran sanguinaire ou un héros national? Delga, je pense que la « destalinisation a été ratée, et que le rapport Khrouchtchev ne permettait pas d’opérer une véritable critique de la période stalinienne. J’en donne plusieurs exemples, non seulement à l’inverse de ce que réclamait maurice Thorez,les éléments négatifs caricaturaux n’ont jamais permis un véritable bilan de cette période, mais la vision d’un « pouvoir personnel » où tout reposerait sur un seul tyran est totalement erronée; sans doute par’ce que Khrouchtchev participait de cette équipe dirigeante et a voulu en perpétuer les avantages. Si Staline l’emporte sur trotski c’est comme le dit Togliatti parce qu’il sait créer collectif et parce qu’il fait ce qu’il dit. Il sait s’entourer de gens très capables et des bolcheviques sincères. je viens de retrouver dans ma bibliothèque le gros volume consacré au XXe Congrès du PCUS (1956). Le fameux rapport Khrouchtchev secret n’a pas été présenté aux délégués. Le rapport officiel insiste sur le fait que les forces du capital, les pays occidentaux qui espéraient qu’à la mort de Staline, l’uRSS s’écroulerait en sont pour leur frais. Le bilan sur l’état de l’URSS est aussi celui de la période stalinienne à sa manière. Je crois qu’il y a des travaux d’historiens et qu’il faut s’appuyer sur eux, comme il est nécessaire de tenir compte de l’opinion des Russes sur la question. Il est en outre clair que les anglosaxons n’ont pas comme les auteurs français tendance à mener un combat d’abord idéologique sur le sujet à travers le concept qu’ils dénoncent de totalitarisme. C’est à ce travail qui n’a rien d’hagiographique auquel nous convions nos lecteurs.Il devrait au premier chef intéresser les communistes si ceux-ci étaient capables de ce travail indispensable de savoir regarder leur passé avec leur propre lunette et s’en prétendre l’occulter.ce qui leur permet d’ailleurs de poursuivre, ils abandonnent la combattivité « stalinienne » mais gardent l’infaillibilité pontificale, l’opinion du dirigeant devenu dogme, quel que soit par ailleurs le caractère desastreux du dirigeant en question. Oui la destalinisation a été ratée. (note de danielle Bleitrach)

 

Les éditions Perrin continuent leur remarquable travail de traduction d’ouvrages étrangers de premier plan avec  la publication “Dans l’équipe de Staline” de l’historienne américaine  Sheila Fitzpatrick. Cette dernière nous propose une analyse très approfondie  du réseau de dignitaires communistes sur lequel s’appuya Joseph Staline de 1920 jusqu’à 1953. Des hommes qui ont permis au successeur de Lénine de se maintenir à la tête de l’Union Soviétique.

Ce que le travail de Fitzpatrick met en évidence tient principalement au fait  que les hommes qui entouraient  Staline étaient à la fois dévoués, fidèles et compétents.  Au terme de l’ouvrage l’historienne propose un lexique qui recense l’ensemble de ces personnalités. La liste est importante mais surtout si ces hommes sont indispensables, ils sont toujours en équilibre précaire dans des jeux de pouvoir qui peuvent tourner au jeu de massacre. Ainsi le russe Molotov, son dauphin, qui resta à ses côté alors que sa femme avait été arrêtée et exilée par Staline. Il survécut à au maître du Kremlin et mourut à presque cent ans.  De son côté le géorgienBeria  fut l’une des pièces maitresses du dispositif de sécurité soviétique. Il dirigea le NKVD mais fut exécuté peu de temps après la mort de celui qu’il servit avec passion.  Jdanov fut l’un des plus anciens compagnons de route de Staline et fut l’un des idéologues de la reprise en main de la culture par le parti.  Il disparut en 1948. Joukov fut l’un des artisans du succès de l’armée soviétique contre les troupes nazis.  Il avait la confiance de Staline et après sa mort il participa à la liquidation de Béria.

Certaines de ces personnalités ont connu des destins contrastés. Ainsi Kirov  ami intime de Staline et compagnon de route sera assassiné en décembre 1934. Nombreux furent ceux qui furent liquidés ou emprisonnés pour des raisons idéologiques  : Kamenev, Rykov, Svanidzé, Piatakov, Lozoviski. On oublie à quel point il était dangereux d’approcher de près ou de loin Joseph Staline durant la période où il dirigea l’URSS.

Dans l’équipe de Staline” met en exergue les trajectoires d’hommes dévoués à une idéologie, un projet et un homme.  L’ouvrage nous aide à mieux comprendre le cercle rapproché de celui qu’on surnommait le “Vodj” et que Khrouchtchev démantèlera quelques années après la mort  de celui qu’il servit. Un ouvrage utile et éclairant.

 

3 réponses à “DANS L’EQUIPE DE STALINE DE Sheila Fitzpatrick

  1. etoilerouge

    février 22, 2018 at 1:35

    KIROV n’a pas été tué par STALINE mais par un groupe trotskiste. Il n’existe aucune preuve de l’intervention de STALINE dans cette affaire mais une campagne rodée des ennemis du socialisme et de l’URSS lesquels trouvent normal d’utiliser l’arme nucléaire sur les populations civiles japonaises hier ou coréenne demain. Ne faut-il pas arrêter de se taper sur la tête?

     
  2. histoireetsociete

    février 22, 2018 at 2:00

    Le texte ne dit pas que Kirov ait été assassiné par Staline, il se contente de mettre le fait dans une série qui est attribuée elle à Staline. C’est souvent comme cela qu’il est procédé.Cela dit je crois qu’il faut encourager cette maison d’édition, j’ai déjà lu cgchez eux un travail sur Joukov qui tranchait avec la doxa haituelle, ceretes ce n’était pas les publication de Delga et ces éditions retiennent des auteurs qui font une large part à la dénonciation de Staline, mais parce qu’elles publient de vrais chercheurs, elles introduisent un coin dans l’habituelle littérature française sur le sujet qui est tout simplement honteuse. je ne dirai même pas que les auteurs reprennent la vulgate trorskiste étant donné qu’un trotskiste anglo saxon comme Moshé Lewin produit des textes d’une autre qualité. Non il s’agit de l’influence des « nouveaux philosophes » et vrais idéologuqes de la CIA.

     
  3. leca

    février 23, 2018 at 7:57

    Belin a publié le journal de Dimitrov qui est incontournable pour ceux qui s’ intéressent à la période et il faut lire aussi les conversations avec Molotov éditées chez Albin Michel, deux ouvrages dont Danielle nous a souvent parlé.
    Moins sérieusement, tout le monde ne déteste pas Staline, le commissaire new yorkais devenu chef de la Police Isaac Sidel le personnage de Jérôme Charyn est un des ses partisans. Comme quoi !
    . Sur le net il y a un clip ‘le saviez vous ?’ sur Staline avec les crétineries habituelles mais aussi l accusation d avoir voulu assassiner a plusieurs reprises John Wayne ce qui aurait été un demi mal nous évitant Alamo mais nous privant d’ Hatari. C est dialectique ..Avec les années j ai peur que cette accusation s étende à tous les artistes réacs, une sorte de chasse au sorcières à l envers qui feraient oublier les blacklistés.

     

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