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L’esprit de Vénissieux est contagieux

28 Nov

Ce qui m’a fait plaisir, entre autres, dans les rencontres de Vénissieux c’est de découvrir les effets du voyage à Moscou de ceux qui s’y étaient rendus pour la célébration des 100 ans de la révolution d’octobre… Ils avaient beau nous lire avec sympathie Marianne et moi dans le récit de nos pérégrinations dans ce qui fut le pays des soviets, le choc en a été intense. Tous ont découvert la popularité de l’URSS, de Lénine, Staline. Sans pour autant atteindre le niveau de stupéfaction d’un camarade d’origine italienne conversant dans un bistrot avec un Moldave. Il faut dire que le moldave c’est du roumain c’est-à-dire en fait de l’italien, donc la discussion a été facilitée. Il faut encore ajouter que les Moldaves, ces enfants de la nature, comme les appellent certains odéssites moqueurs sont parmi ceux qui ont les positions les plus tranchées en matière de bilan de l’Union soviétique… Donc ce moldave se plaignait beaucoup de la situation depuis la chute de l’URSS, notre camarade de Vénissieux, originaire d’Italie a voulu le consoler en lui disant qu’il allait un jour ou l’autre revenir un nouveau Lénine… Le Moldave lui a répondu froidement: « Pas Lénine, nous n’avons pas de temps à perdre, il faut directement Staline ».

Je suis incorrigiblement française et si je suis à peu près sûre que beaucoup de bêtises ont été dites sur Staline, je suis loin de considérer qu’il est l’avenir radieux vers lequel tendent nos espérances, c’est l’homme d’une époque terrible dont j’espère bien qu’elle nous sera épargnée… Je crois que les Russes, le Moldave excepté partagent cette vision, ils espèrent bien s’en sortir sans avoir à recourir à de tels dirigeants, face aux cataclysmes vécus, le dernier étant le retour du capitalisme. Ils espèrent que ça va passer, illusion peut-être, même sûrement, mais elle est nôtre également. Pourtant au rythme où ils attaquent nos conquêtes sociales, où ils dégradent nos conditions d’existence, dont il avancent vers la guerre, il est possible que nous ne puissions rien éviter, d’où la nécessité de se réveiller le plus vite possible.

Hier j’ai eu une longue discussion avec un camarade de ma fédération en qui j’ai toujours eu une totale confiance sur son intelligence des situations politiques, son art d’agir au mieux dans les difficultés et la force de ses engagements. Nous n’avons pas la même analyse de la situation du PCF. Moi j’insiste sur la trahison au moins depuis le Congrès de Martigues des directions, la destruction interne du PCF. Lui pense qu’il y a peut-être des coquins chez nous mais que là n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est la difficulté à mordre sur la réalité, la manière dont on nous étouffe, notre difficulté à prendre pied dans la lutte des classes directement. Ce qui entraîne le doute, les opportunismes, les abandons. Je l’écoute avec attention, il n’a pas tort. Et nous tombons d’accord cette fois sur le rôle nocif du congrès de Martigues qui nous a coupés des cellules d’entreprise.

Mais pour en revenir à Vénissieux, il me demande de lui décrire ce qui s’est passé. Quand je lui explique la délégation organisée à Moscou, il me demande pourquoi je ne l’ai pas prévenu, il aurait voulu lui aussi se joindre à un tel voyage, ils auraient été nombreux à souhaiter faire un tel voyage. Et de là je lui explique le contenu des journées de Vénissieux, les interventions des camarades russes, chinois, cubains et d’autres, je lui dis ma conviction que partout dans le monde la flamme de la Révolution d’octobre poursuit sa course. Il me dit « pourquoi est-ce qu’on ne le sait pas? » Je n’ose pas lui répondre, je n’en ai même pas envie, qu’alors que le Progrès de lyon a consacré une page à cette initiative il n’y a pas eu une ligne dans l’humanité. Que le seul compte rendu qui a été fait sur notre livre Marianne et moi qui a initié cette manière d’aller à la rencontre des communistes qui ont fait la Révolution d’octobre a été un article qui se moquait de nous, des deux vieilles dames et qui parlait de tout sauf de l’essentiel ce qui s’était passé à Odessa, la manière dont une cinquantaine d’Odéssites avaient été brûlés dans la maison des syndicats par les « héros du maidan », vrais fascistes.

On sait et rien ne changera sans que les communistes se soient renforcés et ils ne pourront se renforcer qu’en intervenant sur la réalité, en tentant de la transformer… A ce titre, Vénissieux c’est une section du PCF qui rayonne sur une municipalité ouvrière confrontée à toutes les difficultés de grandes cités en proie à la misère, à des entreprises menacées, c’est parce que les militants sont dans cette réalité-là qu’ils ont besoin de ces rencontres internationales, qu’ils sont capables de les organiser…

C’est pourquoi en parlant de Vénissieux il y a mieux à faire effectivement que dénoncer ceux qui dans nos rangs se conduisent mal, il y a à reconquérir la volonté de se battre de tous ceux qui doutent et écoutent de ce fait ceux qui leur disent que le communisme c’est fini. Et nous tombons d’accord sur l’idée que ce que nous avons fait à Vénissieux, c’est ce qui doit se faire ailleurs y compris chez nous dans les Bouches du Rhône. Il me dit l’initiative ne sera pas compliquée à organiser, la seule complication c’est toi et la réputation que l’on t’a faite, la peur qu’ils ont de t’accorder une quelconque notoriété. Ce à quoi je réponds que je suis une vieille femme, que je ne revendique aucun pouvoir, que je veux simplement partager avec tous l’optimisme que j’ai après avoir arpenté le vaste monde. Qu’à Vénissieux, le premier rôle a été celui des communistes venus d’ailleurs, celui de tous ceux qui sont allés à leur rencontre et que c’était ça l’essentiel. Mais je ne céderai pas non plus parce que si le parti apprend à vivre avec ceux qui ne croient plus en son utilité, il faut bien qu’il apprenne à vivre avec ceux qui depuis plus de vingt ans se battent pour défendre une perspective révolutionnaire, le socialisme à la française.

Voilà pour moi l’esprit de Vénissieux, une action qui ne se situe que par rapport à nous-mêmes communistes et par rapport à ce que nous voulons construire ce socialisme à la française, la conscience que nous avons que le principal obstacle réside dans notre affaiblissement, notre isolement… Qu’il ne s’agit plus de diviser mais de rassembler tous ceux qui sont prêts à agir en ce sens et à rejoindre nos camarades qui se battent partout dans le vaste monde. Je voudrais encore ajouter que cet enthousiasme est aussi celui de la camarade russe, des camarades chinois…

Danielle Bleitrach

 
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Publié par le novembre 28, 2017 dans Uncategorized

 

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