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En réponse à XUAN : le centralisme démocratique et la nature de classe

28 Fév

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Je crois que tu as parfaitement compris ce que je tente de poser à travers la question de la démocratie dans le parti. Il ne s’agit pas seulement de se sentir entendu, de savoir que son opinion compte, ce qui est très important si on veut un parti actif, et  dont partout les militants pratiquent une sorte d’agitprop organisée mais aussi spontanée. Ce qui est la meilleure réponse à la domination sur les médias d’une véritable oligarchie qui ne nous est pas favorable. Si l’on attend que les médias, qui en France ont la particularité d’être possédés par les marchands d’armes nous soient favorables on peu attendre longtemps, mais il y a toujours eu un parti, un syndicat de masse et de classe, des associations capables de créer un contre pouvoir. Récemment est venue s’ajouter la puissance des réseaux sociaux. Si ceux-ci sont capables d’envoyer des jeunes gens se battre en Syrie, de créer des microcosmes complotistes, d’exciter l’irrationnel,  il est évident qu’ils nous sont rarement favorables. Pourtant ils aident au retournement de l’opinion sur une base de classe comme dans le récent exemple de la loi EL Khomery. Donc dans tous les cas la priorité est celle des contenus et toute forme de démocratie ne peut se poser qu’en relation avec la popularisation de contenus, quels sont-ils et au profit de qui? En ce qui concerne nos propres objectifs qui demeurent la construction du socialisme, notre meilleure arme demeure des militants proches des exploités, de ceux qui ont besoin d’un changement et dont la voix est aujourd’hui étouffée, travestie dans une illusoire « opinion publique » qui n’est le plus souvent que celle du système médiatique. Ce contenu s’élabore dans des collectifs.

. La conscience de son importance réelle du militant existait dans le centralisme démocratique tel que je l’ai connu même si cela impliquait que l’échelon supérieur tranche. Il y avait incontestablement une valorisation du militant, dans certains cas dramatiques qui ont été montés en épingle, il y avait procès. C’était même là le hic. Je pense à des cas en Union Soviétique, le philosophe Zinoviev dont j’ai récemment traduit la position sur Gorbatchev qui était un patriote et un communiste critiquait les abandons et les problèmes, il aurait dû être entendu. Le centralisme démocratique s’est alors avéré un moyen d’exclusion non des problèmes réels mais de ceux qui les exprimaient.

Outre le fait que le centralisme démocratique léniniste a connu des évolutions diverses, au cours desquelles il a été d’abord question de la manière de gérer les problèmes entre minorité et majorité et ensuite en privilégiant l’unité et ce du vivant de Lénine, suivant les exigences de la lutte, mais toujours a été recherché une discipline de combat et une unité d’action. Ausune procédure nest en soi une garantie, la seule garantie est dans la définition des tâches à accomplir dans le combat de classe.

La question était déjà la nature de classe de ceux qui étaient au pouvoir, leur légèreté, leur vanité comme Gorbatchev. Parce que le centralisme démocratique à lui seul n’est pas une garantie. Il a néanmoins le mérite non seulement de valoriser l’adhérent, de renforcer l’unité du parti mais à travers le mandat impératif, c’est-à-dire le fait qu’à chaque échelon le dirigeant doit à la fois dire ce que disent les militants mais aussi savoir prendre ses responsabilités par rapport aux questions posées et revenir apporter la réponse argumentée et de là la discipline était exigée de tous.Paradoxalement cette culture continue à imprégner le parti et elle favorise aujourd’hui un légitimisme alors même que le contenu de classe pose problème autant que les résultats effectifs…. En fait tout tenait à la nature de classe du questionnement et la richesse de la discussion en dépendant. C’est pourquoi quand je parle de la démocratie dans le parti c’est non seulement de l’échange base sommet dont il est question, mais bien de la capacité de la base comme du sommet d’être en relation avec sa base naturelle, la classe ouvrière, les exploités et den exprimer les intérêts objectifs (comme l’Etat bourgeois exeprime l’intérêt objectif et général de la classe capitaliste selon l’analyse de Lénine dans le Que faire?).
Ce qui est frappant aujourd’hui et qui dépasse les individus est à la fois la verticalité féroce de la démocratie bourgeoise, qui éclate avec cette question des primaires qui est imposée sans discussion par la direction alors que nous venons de connaître une véritable déroute aux élections régionales. Alors que par ailleurs on nous refile un texte illisible qui décourage l’intelligence et qu’il est plus fait allusion aux sondages qu’à l’opinion du militant dans son travail, son quartier? A propos du texte du congrès et des textes alternatifs, j’ai découvert avec stupéfaction que les textes alternatifs étaient obligés à la même longueur et au même galimatias que celui de la direction. Personne, je dis bien personne sauf un retraité particulièrement consciencieux ne peut digérer pareille littérature en double voir triple exemplaire… C’est une fausse conception de la démocratie… Il faut une question de fond et trois pages maximum suffisent pour l’argumenter.
C’est pourquoi je trouve beaucoup plus efficace pour recréer une démocratie à l’intérieur du parti de partir du niveau qui me semble en premier audit le plus vivant: la section et celle-ci devrait pouvoir établir une sorte de cahier de doléance qui devrait remonter jusqu’à la fédération avec mandat impératif des délégués et de là jusqu’au CN. Ce qui n’interdirait pas le choix d’une motion alternative mais ne serait qu’une étape transitoire dont il n’y a pas en l’état grand chose à attendre, mais qui peut ultérieurement fournir la base à la constitution d’une nouvelle direction qui se sera montrée en capacité de dégager une stratégie correspondant aux problèmes de l’heure. 
C’est la seule solution que je vois si l’on veut que le parti soit à nouveau vivant, utile à notre pays et aux exploités. Il est possible également qu’un autre organisme de base soit en train de se substituer aux sections si celle-ci s’avèrent trop sclérosées, je pense aux comités Goodyear qui sont en train d’apparaître.
Je suis revenue au parti pour faire un audit parce que je suis convaincue que face aux périls qui nous menacent en France et dans le monde, nous avons besoin d’un parti communiste, qui soit autre chose qu’une simple machine électoraliste alors même que les élections semblent impuissantes à être un mode d’intervention populaire… La démocratie est partout la clé, mais une démocratie qui se donne réellement les moyens de l’intervention populaire et qui de ce fait n’a rien de spontanée.  Ce que je vois est un fort mécontentement comparable à celui qui existe dans le pays, une surdité des directions comparable à celle des dirigeants bourgeois au niveau de la nation, de l’Europe… Des manoeuvres de plus en plus inefficaces pour maintenir des pouvoirs qui mordent de moins en moins sur la réalité. Au négatif, il paraît presque impossible de soulever la masse d’inertie que semblent devenus le parti et la société française. Mais il y a aussi ce besoin d’expression… d’être entendu qui peut être à la fois étouffé dans les difficultés quotidiennes ou trouver les moyens de nouvelles expressions collectives… Partout c’est la question de classe qui donnera la vie…

Danielle BLEITRACH

 
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Publié par le février 28, 2016 dans Uncategorized

 

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