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Comment Gorbatchev a trahi son pays par Oleg Nazarov

24 Fév

L’opinion d’un membre  du Club Zinoviev, Oleg Nazarov, Mikhaïl Gorbachev  n’a pas signé la fin de la guerre froide dans le sommet de Malte  en 1989, mais il a accompli un acte de capitulation totale et irréversible de l’URSS. Le PCF m’avait envoyé à Malte pour ce sommet, une tempête terrible secouait l’île et Bush qui avait le pied marin s’était rendu sur le navire où Gorbatchev avait du mal à récupérer ses esprits. Tous les partis progressistes et communistes avaient été conviés par les travaillistes au pouvoir dans  cette île étrange dominée à la fois par l’Angleterre et par l’argent déversé par le colonel Khadhafi. Nous étions effectivement là pour célébrer la fin de la guerre froide mais tout cela avait l’allure d’une fin et pas seulement à cause de la tempête. Aujourd’hui dans le cadre du grand débat sur l’URSS qui a lieu en Russie, non seulement il est question de procédures pour juger Gorbatchev, mais les intellectuels comme ici un membre du prestigieux club Zinoviev, dénoncent la trahison des dirigeants communistes et de leur leader le plus puissant. Il ne s’agit pas seulement de la grandeur de l’URSS mais bien de ce que le régime d’alors apportait à ses citoyens. Encore un mot, la débâcle des leaders communistes comme Gorbatchev éclaire sans doute ce qui s’est passé dans d’autres partis occidentaux y compris le PCF, un mélange de vénalité et d’imbécilité anticipant sur les désirs du capital dans l’autodestruction (note de Danielle Bleitrach)

18:42 13/05/2015 (mise à jour 18h46 13/06/2015)

Comment Gorbatchev a trahi son pays traduit de l’espagnol par danielle Bleitrach pour Histoireetsociete
Un  membre du Club Zinoviev, Oleg Nazarov, donne son opinion : Mikhaïl Gorbatchev n’a pas signé lors du sommet de Malte, 1989, la fin de la guerre froide, mais l’acte total et irréversible de la capitulation de l’URSS
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Tout le monde est d’accord maintenant sur le fait  que la rencontre entre George HW Bush et Mikhaïl Gorbatchev en Décembre 1989 à Malte a laissé une marque profonde dans l’histoire. Mais c’est  évalué de différentes manières. Certains pensent que ce fut la fin de la guerre froide. D’autres y voient un précédent de la trahison. Gorbatchev et son équipe sont catégoriquement opposés au dernier point de vue. Pour  approcher de la vérité, nous avons besoin d’une analyse scientifique.
Qu’est-ce qu’une trahison
La clé de la réponse à cette question complexe  a été donnée par le grand philosophe russe et patriote de son pays, Alexandre Zinoviev. Il a utilisé le mot «trahison» au sens sociologique, moral et juridique.
Dans son article « le facteur de trahison» Zinoviev a écrit: « Pour  qualifier les actions du pouvoir  du Soviet suprême comme une trahison ou pour rejeter cette qualification, avant tout,  il est nécessaire en premier lieu de partir du devoir des autorités  envers la population – sauvegarder et renforcer le régime existant, protéger l’intégrité territoriale,  renforcer et protéger la souveraineté du pays dans tous les aspects de l’organisation sociale (le pouvoir, le droit, l’économie, l’idéologie, la culture), garantir la sécurité personnelle des citoyens, défendre la système de formation et d’éducation, les droits sociaux et civils … en un mot, tout ce qui avait été réalisé dans les années soviétiques et  qui constituait le mode de vie normal de la population. Les autorités savaient que la population était sûre que la direction du parti devait remplir son devoir et elle avait confiance dans ses dirigeants. Est-ce que lesdites autorités ont accompli leur devoir.?  Et pourquoi ne l’ont-elles pas fait ,  si nous choisissons la réponse négative? Deuxièmement, nous devons comprendre si les autorités soviétiques ont agi de leur propre initiative ou ont été manipulés depuis l’extérieur; si elles ont obéi à un comportement planifié par quelqu’un de l’extérieur du pays ou non, ou si le pouvoir a agi dans l’intérêt d’une force externe « .

 

Zinoviev fut le premier à pressentir que Gorbatchev était capable de trahir cette confiance. »Avant d’occuper le poste de secrétaire général du PCUS,il avait été au Royaume-Uni et il a refusé de visiter la tombe de Karl Marx, et au lieu de cela  il s’est rendu à la réception de la reine. On m’a demandé de commenter cette affaire. Je répondis qu’alors avait commencé une trahison historique sans précédent. je ne m’étais pas trompé. « .
A Londres, lors de la visite du futur dirigeant soviétique, il avait rencontré le premier ministre de la Grande-Bretagne, qui était  Margaret Thatcher. Il est intéressant de noter  que juste après cette réunion, la Dame de fer est partie aux États-Unis pour rencontrer le président d’alors, Ronald Reagan, pour lui dire qu’il était possible de traiter avec Gorbatchev. En mars 1985, Thatcher est venue à Moscou aux funérailles du secrétaire général du PCUS et dirigeant soviétique Konstantin Tchernenko et s’est réunie avec Gorbatchev,  qui peu de temps auparavant avait été nommé le leader de l’URSS et du parti.
La première étape
Un mois après, au plénum du Comité central du PCUS, a été annoncée l’accélération du développement socio-économique du pays. Une meilleure application des réalisations de la science et de la technologie et le développement de l’ingénierie mécanique. La soi-disant «Perestroïka» a commencé ainsi . En février 1986, elle a été approuvée par le ХХVII Congrès du PCUS .
La période Brejnev a été souvent appelée période de stagnation. Zinoviev a vivement protesté contre cette désignation. Dans son article «La contre-révolution soviétique» il a rappelé: «Dans les années d’après-guerre, la population de l’Union soviétique a augmenté de cent millions de personnes. S’est accru leur niveau de vie.  Ont crû les besoins des personnes … Dans les années d’après-guerre (!. et surtout dans la « stagnation ») a augmenté de dix fois le nombre d’entreprises, les institutions, les organisations, la société est devenue plus complexe et variée, si rapidement et à une telle échelle que l’humanité  n’avait jamais vu d’aussi grandioses réalisations que celles de  l’URSS. Tous les aspects de la vie sont devenues plus complexes et plus variés : éducation, culture, communication, relations internationales, etc., bien sûr,  alors sont apparus des problèmes et des difficultés … « .
Pour les surmonter, comme l’a dit  Zinoviev, « Il fallait défendre la voie du renforcement et du perfectionnement de tout ce que critiquait et ridiculisait la propagande et l’idéologie de l’Occident: il s’agissait de quelque chose qui fonctionnait vraiment et qui aurait pu permettre à l’URSS de surmonter ces difficultés. Mais les dirigeants soviétiques et leurs laquais idéologiques ont fait tout à l’envers. Ils ont commencé à monter la « perestroïka », avec des conséquences négatives évidentes l’avance. La perestroïka a déclenché une crise universelle, englobant aussi le domaine de l’économie.

Déjà Gorbachev et les autres critiques de la stagnation annonçaient par avance   l’accélération. Ces mots pompeux ne se sont jamais matérialisés. Les partisans de la ‘Perestroïka’ n’ont pas réussi à surmonter les problèmes dont beaucoup étaient le résultat de leur propre activité. Gorbatchev s’est avéré être un dirigeant incapable de construire quoi que ce soit, ce qui provoquait dans la société une désillusion et une irritation qui allait croissant.

 « Plus la situation empirait  à l’intérieur du pays, plus Gorbachev s’efforçait d’obtenir une reconnaissance en Occident. Il était même disposé à renoncer aux conquêtes géopolitiques de la période de la Deuxième Guerre mondiale, payées par les vies de dizaines de millions de citoyens soviétiques. L’ex-chef du Département Analytique du KGB de l’URSS, Nikolai Leonov, était sûr que c’était Gorbachev qui avait initié la ruine de l’empire soviétique après être allé à l’Assemblée Générale de l’ONU en automne de 1988 avec l’idée de réjouir tout le monde en déclarant depuis la tribune que l’URSS n’allait pas empêcher par la force les changements dans d’autres pays de l’Europe de l’Est. C’était le premier pas, et après il n’y eut pas de retour en arrière .
L’URSS ne voulait pas voir les  Etats-Unis comme un adversaire

Henry Kissinger dans son livre ‘ Diplomatie ‘ rapporte  comment après avoir déclaré depuis la tribune de l’ONU la réduction unilatérale des Forces Armées de 500.000 effectifs et 10.000 tanks, Gorbachev a ajouté d’une voix assez humble : « Nous espérons que les EU et les Européens feront quelques pas aussi »… Une réduction unilatérale à si grande échelle est un échantillon soit  d’une confiance  unique  dans ses  propres forces ou d’une faiblesse unique. Dans cette étape du développement il est douteux que l’URSS ait été en mesure de faire la démonstration de ladite confiance en ses forces.

En premier lieu, les mots de Kissinger font référence à Gorbachev qui a aussi manifesté sa faiblesse dans le cours des négociations à Malte. En décrivant le comportement du leader soviétique,  l’ambassadeur américain en URSS, Jack F. Matlock, a dit : « Il avait besoin que tous voient qu’il était en train de négocier avec Bush d’égal à égal et non comme un adversaire vaincu ». 

 

 

Mais Gorbatchev n’a pas réussi à  convaincre les politiciens américains qui respectent la force au-dessus de tout.
Aujourd’hui, nous savons très peu sur le contenu des négociations. Mais cela doit exister quelque part. Les concis commentaires médiatiques contrastent avec les estimations pompeuses qu’ont donné Gorbatchev, Bush et leurs cercles proches. Tous ont insisté sur le fait que le principal résultat de la réunion était la fin de la guerre froide. Alors qu’aujourd’hui, il est évident que ces déclarations ne correspondent pas à la réalité.

Tout le monde convient aujourd’hui sur le fait que la rencontre entre George H. W. Bush et Mikhaïl Gorbatchev en décembre 1989 à  Malte a laissé une trace profonde dans l’histoire. Mais on l’évalue de différentes manières. Certains croient que c’était le point final de la Guerre Froide. Les autres le qualifient comme une trahison sans précédent. Gorbachev et son équipe s’opposent catégoriquement à cette dernière opinion. Pour trouver la vérité, il faut une analyse scientifique.

 

L’ancien ambassadeur soviétique aux Etats-Unis,  Anatoly Dobrynin a déclaré qu’à  Malte, Gorbatchev a ignoré la directive du Bureau politique du Comité central du PCUS selon laquelle la  réunification allemande n’était possible que si les deux blocs, l’OTAN et le Pacte de Varsovie étaient dissous et que cela soit scellé par un commun accord, Gorbatchev non seulement s’est réjoui de la déclaration de Bush que «l’URSS ne voulait pas être vue comme un adversaire des États-Unis, » mais il a continué à exhorter les Américains à être les médiateurs dans les transformations pacifiques en Europe de l’Est.
– Je ne vous considère pas comme notre ennemi- a-t-il dit à Bush. Beaucoup de choses ont changé. Nous souhaitons votre présence en Europe. Votre présence est importante pour l’avenir de ce continent. Pourquoi est-ce nous devrions penser que vous deviez vous en aller…
Sans surprise, plusieurs semaines après le sommet à Malte l’administration Bush va se montrer prête à jouer le rôle de médiateur non seulement entre Moscou et le pacte de Varsovie mais aussi entre Moscou et la capitale de la République socialiste soviétique de Lituanie, Vilnius.

L’historien Matvei Politnov a dit : « Les forces séparatistes de Lettonie, Lituanie et Estonie, ayant obtenu l’appui des Etats-Unis après le sommet de Malte, ont considérablement intensifié leur activité de sortie de l’URSS ». C’est pourquoi le diplomate Anatoly Gromyko a décrit le sommet comme un Munich soviétique. Pour Gromyko il était évident qu’à Malte « Gorbatchev avait perdu tous les matchs ».

Et il n’a même pas cherché à gagner. Plus, j’ose dire qu’il n’a même pas cherché à gagner : A en juger par les événements qui se sont déroulés après le sommet (la réunification allemande, la désintégration du bloc socialiste, la dissolution du Pacte de Varsovie, la détérioration des relations avec Cuba, etc.), Gorbatchev, agissant de son propre chef à Malte a signé le procès-verbal de la capitulation complète et irréversible de l’URSS.

Noël en Juin 1990
La réponse à la question de savoir si Gorbatchev a agi dans l’intérêt des États-Unis ou non, n’est pas évidente. Les Américains eux-mêmes ont été surpris par la rapidité avec laquelle le dirigeant soviétique s’alignait sur les positions de l’Occident, un coup après l’autre. Comme l’a reconnu l’historien américain, Michael Richard Beschloss, et l’ analyste de politique étrangère, Strobe Talbott, les Américains cherchaient comment remercier Gorbatchev capable de négocier une Allemagne réunifiée au sein de l’OTAN. Et comme la visite de Gorbatchev aux Etats-Unis était planifiée en juin 1990, Robert D. Blackwill avait déclaré: « la rencontre doit être convertie pour Gorbatchev dans un Noël en juin ».
Le président nouvellement proclamé de l’URSS est venu aux États-Unis le 30 mai. Beschloss et Talbott racontent la suite ainsi :
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« Gorbatchev était ivre de joie devant son succès. Quand la foule l’a accueilli avec des applaudissements, il a hurlé avec l’aide d’un interprète « Ici, je me sens à la maison! » c’était une expression inusitée mais très éloquente parce que dans son propre pays personne ne songeait à l’applaudir. Gorbatchev avait tant envie de ressentir la bienveillance de cette société, et mesurer les témoignages de sa popularité en Occident  que le jour suivant pendant quatre heures il les a passées à recueillir les prix de diverses organisations (…) avec un large sourire il a reçu les présidents desdites organisations qui pénétraient  solennellement dans les salles de banquet luxueux de l’ambassade soviétique avec ses emblèmes accrochés au mur et ils prononçaient des discours flatteurs sur Gorbatchev face aux caméras de télévision soviétiques et américaines « 
 la même année 1990, Gorbatchev a remporté le prestigieux prix Nobel de la paix.
On doit attendre deux ans pour le prochain cadeau. En 1992, lorsque l’URSS avait déjà été enterrée, Reagan a invité l’ancien président dans son Ranch et lui a donné un chapeau de cowboy. Gorbatchev l’a décrit dans ses mémoires. Commentant ces faits, le politologue Sergey Cherniajovski dit avec ironie « L’ex-césar de la moitié du monde manifestait de l’orgueil devant cet acte. Ainsi les serfs se sentaient orgueilleux quand le tsar leur offraient des mantaux et des pelisses. Comme eux et Richard III d’York qui a imploré au moment du danger « mon royaume pour un cheval » , ce lauréat du prix Nobel se sentait fier de son échange avantageux : la moitié du monde contre le chapeau de l’ex-président américain.  Après les invités de Reagan payaient 6000 dollars pour une photo de l’ex-président de l’URSS avec le chapeau de vacher du Texas. Gorbatchev décrit le fait avec fierté sans comprendre que ce qui les intéressait était de le voir avec un bonnet de clown.
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épilogue
En août 1991, trois jours après le « coup d’Etat appelé d’août » en Union soviétique, Zinoviev a écrit les mots  prophétiques : « Maintenant tout le monde croit que la Guerre Froide est terminée et en attribue le mérite à  Gorbatchev et son équipe. Des années passeront et les descendants évalueront ce rôle comme il se doit : je veux dire, comme une trahison des intérêts  nationaux du pays et de son propre peuple.  Je ne connais pas dans l’histoire un autre cas de trahison comparable par son échelle et ses conséquences. La Grande Guerre patriotique a présenté quelques cas de trahison contre la patrie, mais ils ne sont rien à côté de ce que Gorbatchev a fait en temps de paix. Si les dirigeants occidentaux  avaient mis à cette place un quelconque des leurs ils n’auraient pas connu un succès aussi grand que celui que leur a offert Gorbatchev. Il a agi comme un agent expérimenté de l’appareil du parti, en utilisant toutes les capacités et les leviers à la disposition de l’Etat communiste. »
Alexandre Zinoviev a donné une réponse à la question qu’il avait lui-même soulevée: «La réalité de l’histoire soviétique après 1985 est telle qu’un observateur objectif ne peut pas hésiter à la qualifier comme une trahison de l’action des autorités soviétiques à l’égard de sa population » .
 
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Publié par le février 24, 2016 dans Uncategorized

 

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