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Classe économique de l’OTAN. Washington crée une nouvelle alliance pour arracher l’Europe de la Russie et de la Chine

04 Nov

 

http://kprf.ru/international/capitalist/147982.html

Repris de « Svobodnaia Pressa » (SP)

Malgré les protestations de milliers d’Européens qui descendent dans la rue pour s’opposer à l’accord sur la zone de libre-échange avec les États-Unis, la bureaucratie de Bruxelles continue à négocier avec ses mentors d’outre-mer.

Les adversaires de « l’enlèvement de l’Europe » économique se sont déjà manifestés en Allemagne, en Autriche, en Finlande, en Belgique et en Suisse. A Londres, les manifestants ont déployé une banderole « Pas touche à la démocratie» en face du parlement. Les Européens ne croient pas aux assurances des fonctionnaires de Bruxelles que la création de la zone de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis aura pour effet de promouvoir la croissance économique. Au contraire, dans un contexte de crise économique, exacerbée par la «grande migration des peuples» qui fuient le chaos du Moyen-Orient, ce traité, selon eux, ne fera que renforcer la position des grandes entreprises et la montée du chômage.

Cependant, malgré les déclarations des autorités de « l’Europe civilisée » sur la transparence et l’ouverture dans la prise de décision, celles-ci préfèrent ne pas prêter attention à des «bagatelles», comme l’opinion publique. Il s’agit plutôt pour les négociateurs de Bruxelles de sauver les apparences démocratiques. Ainsi, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, selon le journal espagnol El País, a «pris à cœur la critique ». Toutefois, confirmant le fait des négociations en cours, elle ne s’est pas répandue sur les détails, mais a seulement dit « maintenir des contacts avec les vingt-huit capitales des Etats membres de l’Union européenne. »

En réalité, ces «contacts» se résument au fait que les autorités nationales des États membres de l’UE seront autorisées à prendre connaissance du traité une fois qu’il sera prêt. Il est clair que cette prise de connaissance ne prévoit pas la possibilité d’apporter des modifications au document. Washington n’a apparemment pas eu de difficultés à trouver un consensus avec les représentants du camp euro-atlantique, qui occupent depuis longtemps une position dominante dans les institutions « communautaires » européennes.

Formellement, l’accord entrera en vigueur après que les 28 pays auront donné exactement le même nombre de réponses positives. Selon Cecilia Malmström, il a été établi une  » liste restreinte de personnes qui auront accès à ce document. » Ils devront ensuite « apporter la vérité » à leur communauté nationale. Cependant, de nombreux experts européens pensent non sans raison que la liste des heureux élus a été dressée par Bruxelles selon les instructions de l’administration américaine. Ainsi, les «eurosceptiques» et autres opposants politiques auront le plus grand mal à pénétrer dans la salle de lecture du Parlement européen, où le document final devrait être mis à disposition pour la « prise de connaissance de tous ».

 

Que se cache-t-il réellement derrière l’accord qui est présenté par les bureaucrates européens comme un projet de commerce mutuellement bénéfique, et pourquoi, dans ce cas, est-il entouré d’un voile épais de secret?

Le Recteur de l’Université d’État de politique mondiale de Saint-Pétersbourg Dmitry Baryshnikov estime qu’il est nécessaire de distinguer entre le volet économique et le volet politique de ce projet.

– En ce qui concerne le premier, il ne suffit pas pour les USA d’ouvrir le marché de l’UE, qui est traditionnellement à leur disposition, mais de consolider leur présence par un cadre réglementaire clair. Pour servir les intérêts de leurs grandes entreprises, de leurs banques et de leurs fonds d’investissement.

Il est évident que le principal bénéficiaire d’une structure d’intégration est toujours le plus fort. Bien que le volet économique, apparemment, prend en compte les intérêts de la bureaucratie de Bruxelles.

En ce qui concerne l’aspect politique, l’égalité entre les Etats-Unis et leurs partenaires européens était dès le départ impossible. Compte tenu de la domination politique et militaire des USA en Europe. Les événements des dernières années ont clairement démontré que l’élite de l’UE, pour employer un euphémisme, n’est pas toujours en mesure de prendre les décisions importantes de manière autonome. Même si elles concernent, en fait, l’Europe elle-même.

« SP »: – A en juger par les manifestations de masse contre la signature de l’accord transatlantique, les Européens en sont conscients …

– Bien sûr. Mais surtout ils craignent l’influence croissante de la sphère politico-militaire des États-Unis. Les deux parties contractantes de Bruxelles et de Washington préfèrent ne pas rendre public le processus de négociation. Dans la mesure où sont discutés des sujets assez sensibles qui affectent les intérêts de tous les États membres de l’UE. La publication des détails pourrait affecter négativement les électeurs européens et influer sur leur attitude à l’égard de leurs dirigeants.

« SP »: – Cette nouvelle concession à Washington ne va-t-elle pas renforcer les forces nationalistes en Europe et mettre en péril le projet européen?

– Nous pouvons voir que ce processus est déjà en cours. Ce n’est pas une coïncidence si les conservateurs de droite ont remporté les élections en Suisses. Il en va de même pour la Pologne, où les conservateurs ont pris le dessus avec le parti « Droit et Justice » de Jaroslaw Kaczynski. D’un autre côté, le succès des forces de droite n’est pas lié seulement à la tentative de faire entrer l’Europe dans l’orbite de l’influence américaine (qui, en fait, est depuis longtemps une réalité).

Ceci est en grande partie expliqué par les processus internes liés à l’afflux de réfugiés en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ainsi que le pouvoir absolu des organismes pan-européens, qui dictent leur volonté depuis Bruxelles.

Bien sûr, le fait que les États-Unis se comportent en Europe « comme chez eux, » fait le jeu des eurosceptiques. En ce sens, le traité de projet transatlantique vise objectivement à la destruction de l’intégration européenne. Le problème des migrants peut mettre un terme au projet européen. À cet égard, Washington a bien choisi le moment pour imposer le TTIP (partenariat transatlantique de commerce et d’investissement -. Ed).

« SP »: – A l’heure où Bruxelles subit une forte pression (crise économique, migrants, rupture des relations avec la Russie), Washington tente de resserrer l’alliance euro-atlantique ?

– Dans de telles circonstances, les États-Unis ont de meilleures chances de faire passer leur projet en catimini, si possible, sans attirer l’attention des Européens ordinaires. Rappelons-nous que l’UE a été initialement conçue comme une structure d’intégration régionale. Une sorte d’ « Etats-Unis d’Europe. » Autrement dit, non pas comme une alternative (et encore moins un appendice), des États-Unis, mais comme un autre centre de pouvoir dans l’arène internationale.

Bien sûr, cette approche n’a jamais eu les faveurs de l’élite américaine. Cette fois, ils offrent non seulement un «parapluie nucléaire» et de nombreuses bases militaires, mais aussi la création d’un marché commun, qui couvrira presque la moitié de l’économie mondiale. Qui peut y résister? Si ce projet est soutenu par les grands pays de l’UE, les autres n’auront simplement aucune autre issue.

Selon l’économiste indépendant, conseiller en investissement Vladislav Joukovski, les Américains essaient de maintenir l’Europe dans l’orbite de la mondialisation financière, construite sur ​​l’ «impérialisme du dollar ».

– Ils étendent leur zone d’influence et les marchés contrôlés par les sociétés au capital transnational. D’une part, les États-Unis écrasent sous leur poids le marché européen en créant leTTIP. Et, d’autre part, ils effectuent une manœuvre similaire dans la région Asie-Pacifique.

« SP »: – Est-ce bénéfique pour l’Europe elle-même?

– La Maison Blanche ne s’occupe pas de cela. Partout dans le monde il y a un processus de consolidation du capital. Dans le même temps il y a une lutte pour la redistribution du marché mondial. Ce qui devient particulièrement important alors que l’économie plonge dans une nouvelle phase de récession.

Aucune sortie de la crise systémique de 2008-2009 n’a été trouvée. La Fed a tout simplement actionné la planche à billets à pleine puissance, abaissé les taux d’intérêt au maximum. Dans le même temps les États-Unis ont augmenté une fois et demie leur dette nationale, les émissions non garantis s’élèvent à plus de $ 6000000000000. Malgré tous ces efforts, l’économie mondiale en 2013 ne fait que s’éteindre. La Chine et les pays BRICS dégringolent. Cela signifie que l’économie risque dans un délai de 1,5-2 ans d’être en « chute libre. »

Dans le contexte de la turbulence financière mondiale et de chaos sur les marchés monétaires, la tâche principale n’est pas le désir de survivre mais de «mourir le dernier ».

« SP »: – En quoi consiste ce jeu américain de « dernier héros »?

– Leur tâche est de supprimer les points de croissance à la périphérie au moyen d’un dollar cher. Pendant près de trois décennies en Amérique, il y eu une baisse des taux d’intérêt, accompagnée d’une forte émission. En conséquence, le dollar est devenu un fonds de monnaie mondiale. Maintenant, les États-Unis vont essorer les finances de l’économie mondiale tout entière. Y compris le groupe des pays BRICS et l’Europe. Supprimant ainsi leurs concurrents.

 

Nous devons comprendre que les États-Unis ont mis au point l’économie la plus high-tech du monde – malgré tous les déséquilibres macroéconomiques. Ils contrôlent environ 80% de toutes les technologies de production et de gestion. L’économie mondiale aujourd’hui est gouvernée non plus tant par le secteur des TI que par les technologies humaines. Le contrôle de l’esprit et des processus sociaux – voilà la principale ressource des Américains.

Leur objectif, masqué sous de beaux discours sur la coopération, le libre échange et les avantages de la division du travail, est d’ouvrir les frontières douanières des régions du sud-asiatiques et de l’Europe. Pour écraser dans de nouveaux créneaux tous leurs concurrents. Peut-être à l’exception de l’Allemagne, du Royaume-Uni et en partie des pays du Benelux. Toute l’Europe du sud-est sera submergée par une vague de faillites. Ces pays ne résisteront pas à la concurrence ouverte avec les capitaux américains, la technologie, l’industrie et même l’agriculture.

L’Europe et la Chine sont menacées d’une tempête sur les marchés financiers. Dans une telle situation, pour rester à flot, les Etats-Unis doivent inventer un schéma de redistribution du revenu national des pays européens et asiatiques. Ceci dans le but de maintenir leur domination dans le système financier, dans le domaine des technologies de l’information et de l’industrie.

« SP »: – Par leur « intrusion » économique en Europe, les États-Unis portent un coup à la Chine, qui prévoit d’augmenter le volume des échanges avec l’UE dans le cadre du projet « Nouvelle Route de la Soie »?

– Ce sera l’une des conséquences les plus flagrantes. En réponse, la direction chinoise sera forcée de participer à la « course à la dévaluation. » Les projets intégrationnistes des Etats-Unis sont une variante moderne du «Plan Marshall». Mais maintenant, il s’étend au monde entier. Les Américains préparent pour tous leurs concurrents une puissante contraction monétaire, la Fed va arrêter d’imprimer et mettre en marche le mécanisme d’appréciation de la devise américaine. Provoquant ainsi la fuite des capitaux de la périphérie mondiale.

Rien qu’un chiffre – depuis l’année dernière les marchés émergents ont vu « filer entre leurs doigts » des capitaux pour une valeur de plus de 1 billion $.

« SP »: – L’Europe sera-t-elle également touchée par ce processus?

– Sans aucun doute, en dépit de son « rapatriement » partiel qui a eu lieu cet été. Les perspectives de l’Euro ne sont pas brillantes. Je pense que d’ici la fin de l’année, nous allons voir l’euro face au dollar à 1,05, la parité sera atteinte au printemps, et dans l’avenir il sera à 0,85 et au-dessous.

« SP »: – Mais un dollar fort ne garantit pas la compétitivité de l’économie américaine?

– Le principal avantage des États-Unis est qu’ils font le commerce des technologies et du capital. En embrassant le monde entier, ils peuvent facilement venir à bout de leurs concurrents. En les rendant encore plus dépendants de leurs prêts étrangers. Dans le même temps un dollar plus fort rend les importations de l’étranger moins chères. En contrôlant l’human-tech, dont le coût est inélastique, il est possible de réduire le déficit commercial, même à un taux de change élevé du dollar.

 

Un autre point important – de même que pour l’accord de partenariat Trans-Pacifique, les Etats-Unis vont créer la même zone de libre-échange avec l’UE, où seront abaissées les normes environnementales. Cela ouvre le marché européen aux producteurs américains d’OGM et aux biotechnologies non approuvées (y compris le génie génétique). Chacun sait que les normes européennes sont plus sévères qu’aux États-Unis. D’où la tâche qui est d’ouvrir le marché européen, en le transformant en un grand «marché», où règneront sans partage les produits « de l’industrie chimique » américaine.

« SP »: – Quel effet aura l’absorption économique de l’Europe sur l’indépendance des institutions de l’UE et les autorités nationales, la prise de décision politique?

– La réponse, je crois, est évidente. Ces processus contribueront à la formation d’une classe unique de gestion globale. Par conséquent, ses représentants européens confèrent tranquillement avec les Américains derrière des portes closes. Sans prendre en compte les intérêts des larges masses de l’Europe. Les élites transatlantiques considèrent les citoyens des Etats membres de l’UE selon la formule – « estomacs bien nourris, esprits vides. »

Ainsi prépare-t-on la dégradation du potentiel intellectuel de la population de l’Europe. Cependant, leurs estomacs seront remplis des calories appauvries apportées par des produits de faible qualité. La tâche des Européens, du point de vue des Américains – est de manger beaucoup (afin de créer une demande pour le capital transnational) et de poser moins de questions. En résumé, les États-Unis et les sociétés transnationales connexes vont transformer l’Europe en un grand «ventre». L’enjeu est un énorme jackpot – le contrôle du marché européen. Et c’est un demi milliard d’habitants, et 16,8 billions de PIB $.

 
 

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