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La tournée ukrainienne Paris-Marseille

28 Jan
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L’excellent orchestre des Fralibs accueille le camarade Tsarkov, Natalia et Marianne, dans le local des « rouge-vif ».
Quelques nouvelles de Paris. Monika et Gilles nous ont raconté hier soir au téléphone… Monika malgré un léger mal à la gorge était comme toujours une bombe, dynamique, excessive et efficace comme il se doit pour une polonaise… Gilles qui est un british, toujours sur la réserve, était presque dans le même état tant ils avaient l’impression d’avoir réussi malgré des vents contraires… La conférence de presse au niveau du nombre était plus que correcte, ce qu’il en sortira nul ne le sait, mais visiblement il y a eu un écho.
Puis à l’instant je reçois cet E-mail de la librairie des Tropiques, de Dominique:
Tu vas voir les vidéos que je suis en train de finaliser sur l’Ukraine, avec les documents que nous ont amenés les ukrainiens (et pour faire bonne mesure j’ai ajouté un reportage institutionnel de … la BBC), c’est terrifiant , mais ce qu’il y a de formidable c’est qu’hier soir la librairie a été saturée comme jamais … un public attentif, et enthousiaste (on a même eu un agent provocateur pour mettre encore de l’animation).
On a du rejeter les gens tant on était bourrés à craquer et la soirée fut formidable, grâce à ces dames courageuses qui osent affronter les nervis fascistes promus, armés et entretenus par ces salopards de l’UE et de l’OTAN (qui ne soutient pas nos manifestations).
à+
Dominique
Alors maintenant passons à Marseille. Hier  à 15 h30 Marianne, Eugène Tsarkov, Natalia Touroukhina sont arrivés à Marseille en provenance de Lille. Exceptionnellement Charles Hoareau était à l’heure sur le quai, d’ordinaire sa spécialité c’est de prendre les trains alors qu’ils démarrent… Vous connaissez de réputation Charles, il s’est rendu célèbre pour avoir su organiser les chômeurs. Il nous a donné rendez-vous après un passage à l’Hôtel, dans les quartiers nord, à Saint Gabriel, dans le local des Rouges vifs qui présentaient leur vœux… Des vœux de lutte, les Fralibs ont monté un orchestre, excellent… Nous en parlons ce matin avec Marianne, elle a demandé à Tsarkov si depuis la fin de l’Union soviétique, cette tradition des orchestres ouvriers, dans chaque entreprise perdure. C’est fini, finis les bibliothèques, les centre culturels. C’est comme le Pas de Calais dit Marianne, ils ont pratiquement réussi à persuader les ouvriers que la lecture ce n’était pas pour eux… Je lui raconte ce qui s’est passé à la Libération, à Marseille, les ouvriers résistants qui avaient eux-mêmes libéré Marseille ont réquisitionné les entreprises aux patrons collaborateurs.  Parmi ces réquisitions la plus célèbre, les aciéries du Nord, ont fait un travail culturel fantastique, organisant les vacances des ouvriers et de leurs familles, créant un théâtre. Le premier acte du patronat quand il a repris l’usine, ça a été de supprimer le théâtre et de le transformer en garage. Ce que j’ai ressenti dans le Donbass, c’est ça, cette haine de la classe ouvrière, le mépris du prolétariat de la part des punisseurs fascistes…
Cette salle très grande est bourrée de monde, au moins deux cent personnes, je reconnais tous mes copains, ceux de l’agro-alimentaire, les moulins Martin Maurel, les Fralibs, la SNCM en lutte… Chaque groupe présent est en pleine bagarre, fermeture d’entreprise, revendications salariale…
Tsarkov parle et quand il les interpelle « Tovarich », l’un d’eux, le fils d’un copain de Port de Bouc a les larmes aux yeux, Tsarkov lui dira: « Bientôt ce sont les bourgeois que nous allons faire pleurer »… Il me dira après: « ici on sent l’âme des gens », après son allocution des  gens viennent lui parler, des mots rares mais pleins de sens. Gerard Meylan, le Marius de Marius et Jeannette, lui dit : je suis d’accord avec les principes léninistes, encore plus avec le centralisme démocratique, mais il ne faut pas oublier que c’est une pyramide, et que la base de la pyramide est large, importante ». Tsarkov lui répond du tac au tac: « Oui c’est essentiel, parce que si on prétend renverser la pyramide et tout faire reposer sur le sommet, elle se casse la gueule et après ça dépend de qui ramasse les morceaux. Encore si ce sont des camarades, ils reconstruisent, mais si c’est l’adversaire, on s’en sort plus ».
En parlant de l’allocution de Tsarkov, plusieurs camarades sont venus me dire: « Il a dit ce qu’il fallait, pas un mot de trop ! » Honnêtement je crois que cette tournée ukrainienne est bonne pour nos amis d’Odessa, mais elle est bonne pour nous français. Je glisse à Marianne: « Ce serait bien que les camarades du Pas de calais soient là, ils seraient à leur place… » C’est le parti que j’ai toujours connu et que j’ai toujours aimé, celui qui mêlait l’intellectuel, l’artiste aux ouvriers, employés, chacun apprenant de l’autre »… Celui qui a connu cette fraternité, cet échange en reste marqué pour toujours…
Tsarkov est un roc, il plaisante, il explique que quelqu’un de l’entourage de Porochenko est venu leur dire: « les américains et l’UE veulent que l’on vous interdise, vous ne pourriez pas changer de nom ? » Non seulement, ils n’ont pas changé de nom mais ils ont déposé la marque PCU, elle est leur propriété en bonne logique capitaliste et si on les interdit le lendemain, ils reprennent leur marque. Il est lui-même né dans le Donbass, il est convaincu qu’ils vont gagner, qu’il va y avoir un statut particulier, il suffit de tenir et ça, tenir, ils savent faire. Odessa est aussi une ville particulière, russe d’abord, dans les rues on n’entend que le russe, ils auront aussi la reconnaissance de leur spécificité, il faut tenir, ne pas se mettre soi-même en clandestinité, affirmer sa présence mais avec beaucoup de discipline pour éviter les provocations, pour que ne se renouvelle pas le drame de la maison des syndicats.
J’ai connu ce type de dirigeant, je pense à François Billoux, la manière dont il a reconquis le port sur les fascistes… Dans la salle l’atmosphère est plutôt celle du syndicalisme révolutionnaire, ils rêvent tous d’avoir un parti qui serait à eux et cela se traduit par ce copain qui n’ose pas s’adresser à Tsarkov et qui me glisse : voilà ce qu’il faudrait pour mener la bataille contre ces gens-là… Nous on se laisse trop faire, on parle pour ne rien dire et on n’agit pas… Ce qui est tout de même un comble si l’on considère cette salle bourrée de travailleurs en lutte… Cet excellent orchestre qui fait danser l’assistance sur des paroles de lutte… Mais là encore Tsarkov a une phrase lapidaire : « le pouvoir ça se prend, personne ne le donnera! », je lui dis: c’est vrai! mais beaucoup des communistes sont convaincus aujourd’hui que s’ils se montrent gentils, très gentils, on leur donnera le pouvoir…
Danielle Bleitrach
 
3 Commentaires

Publié par le janvier 28, 2015 dans Uncategorized

 

3 réponses à “La tournée ukrainienne Paris-Marseille

  1. Jeanne Labaigt

    janvier 28, 2015 at 9:52

    Bravo! Merci!

     
  2. Pierre M. Boriliens

    janvier 29, 2015 at 12:32

     

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