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Alors ce financement ? La traîtrise de Sarkozy épisode 2.

08 Sep

sarkozy_kadhafi432-1[1]Claude Guéant sur lequel Roselyne Bachelot envoya ce coup de pied de l’âne en se demandant s’il n’était pas à la fois « un menteur et un voleur » est au centre d’une réseau d’affaires avec l’argent comme fil conducteur: l’arbitrage contesté en faveur de Bernard Tapie, soupçons sur le financement de la campagne présidentielle de 2007, questions sur l’utilisation des frais de police, virement sur compte personnel à l’étranger… Est-il simplement le fusible du président ? Le fait est que ce dernier le tient à distance comme d’ailleurs les amis de Sarkozy de sommet se font rares…
La question à laquelle tente de répondre le livre de Catherine Graciet est la libye de Kadhafi a-t-elle financé le candidat Sarkozy dans sa course à l’Elysée en 2007 ? Depuis avril 2013, les juges Serge Tournaire et René Grouman sont saisis du dossier. Cette partie de l’enquête de la journaliste est très controversée, nous avons vu que les deux premières parties brossaient l’évolution d’un système : le lien de plus en plus étroit entre diplomatie, contrats d’armement en particulier et rôle de plus en plus central d’intermédiaires occultes mélangeant allégrement la diplomatie, les missions secrètes, les sommes versées pour service rendus aux marchands y compris d’arme et les relations directes avec l’entourage le plus proche du président et l’on retombe sur Claude Guéant mais pas seulement. La journaliste explique que nombreux sont ceux qui cherchent les preuves de ce financement, journalistes, avocats, barbouzes pour le compte d’officines privées.

La journaliste choisit de dire « je » alors que chacun sait que le journalisme est une écriture sans sujet mais c’est parce qu’elle prétend restituer les difficultés, les impasses et pourtant son intime conviction d’avoir remonté la bonne filière celle qui lui permet de répondre par l’affirmative à la question: Oui la libye de Kadhafi a bien financé la campagne de Sarkozy et le modus operandi de ce financement illicite.

Des affirmations sans montant, ni preuves

Tout démarre, on le sait par l’interview donné le 16 mars par le fils de kadhafi, Seïf el-Islam Kadhafi à la chaîne Euronew: « Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révêler. la première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu’il oeuvre pour le peuple libyen, mais il nous a déçus. Rendez-nous notre argent. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement. »

La journaliste nous dit que Kadhafi qui a cru jusqu’au bout que Sarkozy ne le trahirait pas aurait désapprouvé les déclarations de son fils. Comment a-t-elle su cette information importante, elle ne le dit pas et c’est là la faiblesse d’un certain journalisme, mêler des anecdotes « comme si vous y étiez », sans preuve et parfois erronées, ainsi il m’est arrivé à plusieurs reprises de noter des inexactitudes affirmées comme des évidences (ainsi elle note le fait, selon elle, patent des relations privilégiées entre Chavez et les FARC alors que dans la période en question ces relations sont exécrables). C’est un travail de journaliste pour le meilleur comme pour le pire, la facilité à gober des stéréotypes répandus dans la presse et qui sont souvent le fruit d’intoxications des services de renseignement. Mais pour le meilleur aussi parce qu’elle a fait un vrai travail de documentation, rappelant les faits.

Ainsi elle montre que le numéro 2 du régime, Abdallah Senoussi, en août 2011, a également accusé Sarkozy. Il s’agit également du contact privilégié de l’homme d’affaire Franco-libanais Ziad Takieddine dont nous avons vu les liens trés étroits avec la garde rapprochée de Sarkozy et Claude Guéant en particulier. Il s’agit d’une conférence de presse improvisée à la veille de sa fuite: « Il a accepté de travailler avec nous, libyens, et nous l’avons, en effet, aidé à devenir le président de la France en finançant sa campagne électorale(…) Sarkozy, quand il est venu visiter la Libye, il a en fait même dit au leader de ce pays que lui, personnellement Sarkozy, travaillait dur pour tirer Abdallah Senoussi d’affaire. Et nous avons tous les enregistrements de Nicolas Sarkozy en train de nous faire cette offre douteuse. » (il s’agit de sa condamnation par coutumance à la perpétuité pour l’attentat contre le DC 10 d’UTA.)

Il y aurait donc des vidéos. Tous les interlocuteurs de la journaliste sont convaincus qu’il y a eu financement mais personne ne fournit ni montant, ni preuve. L’enquête piétinne, les témoins se dérobent.

La bombe de médiapart

En avril 2012, entre les deux tours de la présidentielle, Médiapart publie un document censé émaner des services secrets libyens et qui prouverait le financement libyen de la campagne de 2007: une note du 10 décembre 2006 signée de la main du chef des renseignements libyens Moussa Koussa.
« En référence aux instructions émises par le bureau de liaison du comité populaire général concernant l’approbation d’appuyer la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles, Monsieur Nicolas Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros.
Nous vous confirmons l’accord de principe quant au sujet cité ci-dessus, et ce après avoir pris connaissance du procès verbal de la réunion tenue le 6-10.2006., à laquelle ont participé de notre côté le directeur des services de renseignement libyens et le président du Fond libyen des investissements africains, et du côté français, Monsieur brice Hortefeux et monsieur Ziad Takkieddine, et au cours de laquelle un accord a été conclu pour déterminer le montant et le mode de paiement. »

On se souvient du coup de tonnerre, Sarkozy porte plainte et Mediapart porte plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Moussa Koussa de son exil au Qatar nie et Bachir Saleh en France en fait autant. Ce qui ne prouve rien. Seul Ziad Takieddine estime le document crédible tout en niant avoir été présent.

En fait Catherine Graciet doute du document mais pas de la somme de 50 millions d’euros qui aurait bel et bien fini dans des poches sarkozystes. Nous serions alors devant une pratique de chantage ou d’envoi de message à qui de droit, les journalistes sont souvent les dépositaires de ce genre de vraies-fausses révélations qui sont des menaces d’aller plus loin si il y a attaque ou non respect des garanties.

L’affaire Baghdadi al Mahmoudi à Tunis

En octobre 2011, l’ex-premier ministre Baghdadi al Mahmoudi, dépressif et terrorisé à l’idée de retourner en libye affirme devant un tribunal tunisien avoir supervisé le dossier de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy. Un de ses nombreux avocats Bechir Essid avait organisé une conférence de presse à Tunis dans lequel il affirme que son client sait que kadhafi a financé la campagne et il avance le chiffre de 50 millions d’euros lui aussi et il avance le nom de Moussa Koussa comme l’idée qu’il existe des preuves. En fait de preuve la journaliste se heurte à une sorte d’industrie locale qui utilise la terreur des populations libyennes réfugiées en Tunisie pour leur vendre de la sécurité y compris en France et plus ils ont de l’argent plus on fait miroiter des relations y compris avec la DGSE. Ces gens sont terrorisés parce que les nouveaux maîtres du pays assistés de français torturent les kadhfistes. Mais dans cette débâcle il n’y a rien à récolter sur le sujet simplement des vidéos sur les tortures dans le pays.Et ça tout le monde s’en fout même si le livre de Catherine Graciet débute effectivement par le récit de ces tortures accomplis par les libérateurs de la Libye avec les conseils compétents des Français qui visiblement n’ont pas perdu la main depuis la guerre d’Algérie et l’exportation de leurs compétences en Amérique latine.Une des torturées Zhora mansour témoigne comme Tahar torturé à l’électricité par les Français toujours au début du livre, ces deux personnes vont être de fait les informateurs de la journaliste.

Une filière très crédible

Parce que enfin la journaliste prétend avoir trouvé des interlocuteurs crédibles, deux français qui ont travaillé pour la Libye et ont pris fait et cause pour le régime pendant la guerre, elle les appelle par leur prénom Franck et Fabrice. Ils ne cessent de dénoncer les mensonges et se sont rendus en Libye sous les bombes et témoignent du fait que le mandat de l’oNU n’a jamais été respecté que Kaddhafi était ciblé malgré que ce ne soit pas l’objet du mandat du conseil de sécurité. Ils sont en relation encore aujourd’hui avec « la résistance verte », celle qui est encore au Niger avec saadi , un des fils de kadhafi mais aussi en Algérie et au Sahel. La résistance selon eux est très forte en libye même avec des cellules opérationnelles et le nouveau pouvoir divisé en bandes rivales n’a pas les moyens d’y faire face malgré une loi votée en 2013 qui vise à exclure les anciens partisans de la vie politique.

Ce serait cette résistance verte qui ménerait des attentats contre les intérêts étrangers en Libye, par exemple celui du 23 avril 2013 contre l’ambassade de France en Libye. Ce qui différencierait selon cette source les attentats commis par la résistance verte de ceux des islamistes c’est que quand ce sont ces derniers il y a un carnage alors que la résistance cible les forces de police, voir l’ambassadeur qu’elle cherchait à enlever. Ils affirment même intervenir en commando dans les attentats islamistes comme dans le cas de l’assassinat de l’ambassadeur américain où ils ont profité d’une action des islamistes pour déstabiliser Obama. ce que le FBI semble avoir perçu.

Donc la journaliste est persuadé qu’il y a là de véritables informateurs, des fidèles de l’ancien régime au courant de bien des choses. Et parmi eux deux personnes, Zohra mansour, la femme torturée, une des responsables des gardes du corps de kadhafi et elle travaillait au service « France » du ministère libyen du service des affaires étrangères, comme diplomate. Kadhafi lui avait personnellement confirmé qu’il avait financé la campagne de sarkozy: « Nous n’aurons pas de problème avec Nicolas Sarkozy. On lui a donné de l’argent pour sa campagne. Le France est avec nous. Il faut plutôt travailler avec l’Allemagne que l’on connaît moins bien. la France et l’Allemagne sont clés dans l’Union européenne ». Zohra mansour renouvelle à plusieurs reprise ses affirmations et accepte de témoigner devant la justice française.

Tahar avant de témoigner remet des copies de son dossier médical prouvant les tortures (pratiquées à l’électricité par les Français). Peu bavard, il donne néanmoins des noms qui permettent de vérifier ses contacts réels avec Seïf-el-Islam et Saadi kadhafi. Les documents dit-il ont été perdus et retrouvés et se trouvent en lieu sur à Koufra. « les preuves portent sur 57 millions d’euros versés en deux fois: 30 millions d’euros puis 27 millions. Il y a eu une commision de 7 millions d’euros pour un intermédiaire libanais ». La torture par les Français n’était donc pas un hasard, tout le monde ne bénéficiait pas de ce « prvilège » Tahar a été un membre important des comités révolutionnaires, l’épine dorsale du régime, la police privée de la famille kadhafi.

L’homme à abattre après kadhafi était pour les Français Seïf el-Islam prêt à donner des preuves. Ainsi une source française fiable selon elle lui téléphone à la mi-mai 2013 pour lui rapporter la confidences d’un officier français: « Lorsque Seïf el-Islam a été arrêté en Libye, on a envoyé un commando sur place pour le liquider. mais un commando d’un autre pays l’a ex-filtré et l’a installé dans la tribu de Zenten où il se trouve encore ». Seîf el islam est censé effectivement avoir été capturé le 19 novembre 2011 par des milices de la tribu de Zenten (170 km au sud de Tripoli) où il est détenu aujourd’hui. Ce qui est confirmé par ses sources locales, oui un commando français assisté par des qataris a débarqué pour l’exécuter et des forces spéciales russes se sont interposées et l’Algérie a négocié avec la tribu de Zenten pour le protéger ». Trois militaires français seraient morts dans l’opération.

A ce niveau là la journaliste est abasourdie mais d’une manière encore indirecte elle recueille une information de l’ambassade de Russie, c’est Poutine lui-même (opposé à Medvedev) qui aurait envoyé des forces spéciales pour intervenir dans le jeu libyen.

On se dit que l’affaire commence à laisser loin derrière tous les James Bond et même le docteur Fol amour de Kubrick, mais la journaliste en retire l’idée que les Français ont mis une certaine obstination à tuer les témoins d’un deal passé entre Sarkozy et Kadhafi. Ses informateurs qu’elle considère désormais pour crédibles lui mettent alors le marché en main:
Il existe un témoigne video irréfutable en raison des personnes que l’on y voit et le messager coupe court à toute discussion: « Si la France de françois Hollande veut cette vidéo, alors il faut exfiltrer Seïf el-Islam de libye. Les kadhafistes peuvent le libérer de là où il se trouve, à Zenten, mais il faut ensuite un appui aérien étranger pour le sortir du pays ».
La discussion se poursuit avec des informations qui filtrent au compte-goutte. les sommes sont confirmés, leur livraison en plusieurs temps également, le lieu l’hôtel Corinthia, l’intermédiaire libanais est double deux frères, l’un ayant un passé de révolutionnaire, c’est cette video qui existe, Tahar se trouvait dans l’hôtel et il est prêt à témoigner devant la justice française. Le libanais est-il Souheil Rached qui a le profil et est un ancien du FDLP? Impossible l’homme contacté au téléphone refuse de parler. Outre la vidéo, il y a d’autres preuves qui sont exactement ce qu’annonçait Seïf el Islam à Euronew. Ainsi qu’un plan de vol de Bachir Saleh l’autre source sité par médiapart qui décolle de Syrte avec 30 millions d’euros, le premier versement.
Toutes ces preuves peuvent immédiatement être apportées à la justice à la seule condition de la sortie de Libye de Sdeïr el-Islam. Ils ne veulent pas d’argent mais préparer l’avenir y compris un gouvernement en exil… Ils ont du temps…

Voilà pour la partie concernant les preuves: elles sont minces en regard du scénario rocambolesque mais elles ont pour elles d’autres faits, l’incroyable manière dont la France a joué, cette fois officiellement, avec kadhafi, les retournements de Sarkozy, c’est-à-dire la suite du feuilleton que je vous présenterai dans un prochain article. ce que l’on retire en effet de cette histoire est non seulement une série de déclarations convergentes, des preuves qui n’arrivent jamais mais qui sont des monnaies d’échange potentielles et une obstination de la France à éliminer les témoins au premier rang desquels Kadhafi et ses fils… Alors même que le mandat de l’ONU obtenu à l’arraché affirmait protéger les habitants de Benghazi du méchant tyran sans jamais, c’est juré, c’est promis prétendre changer de régime ou mettre godillot à terre, Sarkozy a ciblé l’assassinat… Pourquoi?

Danielle Bleitrach

 
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Publié par le septembre 8, 2013 dans Afrique, COMPTE-RENDU de LIVRE, POLITIQUE

 

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