RSS

Sarkozy, la libye, histoire d’une trahison: première partie des relations noyautés par les intermédiaires occultes et parfois douteux

07 Sep

express1_0[1]

un livre vient de sortir en librairie le 5 septembre,il fait déjà des vagues, au point que l’Express s’est fendu d’un numéro sur la Sarkozie. Au cœur de la tourmente, que ce soit dans le livre ou dans l’hebdo, un nom revient avec obstination, celui de Cleude Guéant. Le livre s’intitule:Sarkhozy-Kadhafi, histoire secrète d’une trahison et il est publié au seuil. L’auteur, une journaliste indépendante, Catherine Graciet a été tout de suite attaquée sur ses sources. Elle maintient avoir des preuves de ce qu’elle avance à savoir qu’il y aurait eu financement de la campagne électorale de Sarkozy par Kadhafi.

Je vais tenter de vous exposer un compte-rendu détaillé de ce livre. Et d’abord la première partie qui est tout entière centrée sur la démonstration du passage avec Sarkozy d’un système de diplomatie traditionnelle à un système où le président et ses conseillers les plus proches mènent le jeu du diplomatie parallèle avec des intermédiaires plus ou moins douteux pour obtenir des contrats à travers lesquels transitent des sommes qui échappent à tout contrôle. Donc le contexte dans lequel aurait pu intervenir un financement occulte.

Donc pour l’auteur il s’agit de comprendre les origines d’un système de relations , qui démarre en décembre 1969 avec la libye, le pays sort d’une révolution menée par le jeune colonal Kadhafi admirateur de Nasser. Michel Debré, ministre de la Défense, convainct Pompidou qu’il faut travailler avec Kadhafi, c’est-à-dire signer un contrat d’armement avec livraison par Dassault de douze patrouilleurs et 38 mirages F1.Il faudra néanmoins attendre 1973 pour que le Bourget (aviation privée)-Tripoli devienne une ligne régulière avec échange de pétrole contre armes: « On fabriquait des avions pour les libyens, on formait leur personnel… c’était des commandes inespérées et les ventes d’armes françaises augmentaient de façon exponentielle grâce à Kadhafi déclare Eric Desmaret. Ce dernier a derrière lui une carrière de dimplomate, puis de conseil en « affaire sensible » soit les ventes d’armement. iL y a là le fil conducteur de ce livre qui est bien l’imbrication constante entre diplomatie et vente d’armes. Mais cette confusion des genres est encore « saine », selon l’auteur, les ventes passaient par l’ambassadeur de France en Libye même s’il s’agissait d’achat et de vente. Ici on peut tenter un reproche en ce qui concerne cet avant-après, il est clair que les réseaux Foccard, les manœuvres de Elf au Congo, la mise à feu de l’Afrique, voir les assassinats de chefs d’Etat n’ont pas attendu l’arrivée de Sarkozy flanqué de Claude Guéant. Mais ce qui est vrai c’est que la lecture de l’ouvrage nous met en relation avec un retrecissement de perspectives entre la francafrique et le couple avaricieux et irresponsable que semblent former Sarkozy et Guéant. Jacques Chirac s’intéresse plus à la politique africaine qu’aux contrats… Sarkozy c’est autre chose… du moins selon l’auteur.

Des relations noyautés par les intermédiaires occultes et parfois douteux

C’est-à-dire qu’elles ne sont pas encore comme sous Nicolas Sarkozy totalement noyautées par les « intermédiaires » en relation directe avec le chef de l’Etat. Le contexte est d’abord celui de l’embargo aérien et militaire décrété en avril 1992 par les Nations Unies. Face à cet embargo, un vendeur d’arme du nom de Bernard Cheynel, qui ne fait aucun mystère de son rôle d’intermédiaire partout où l’on peut vendre de l’armement y compris lourd, se pointe en Libye en 1997 où il a l’appui de Benazir Butto, la pakistanaise et l’ambassadeur de France en Libye. Cheynel s’adresse à Thomson CSF qui va devenir Thales. Thomson CSF/Thales épaulé par le gouvernement français n’attendra pas la lévée de l’embargo et acommencé dès 1999 avec l’autorisation du gouvernement de Lionel Jospin à négocier la modernisation des systèmes électroniques des mirages F1 achetés autrefois. Seif-el-Islam est reçu par le même gouvernement de gauche dans une visite le 26 févier 2002.

L’embargo européen sur les ventes d’armes à la libye est levé le 14 octobre 2004, tout est prêt pour la signature de juteux contrats. Jacques Chirac renâcle, à cause des infirmières bulgares et du docteur Palestinien entre autres, il ne veut pas inviter Kadhafi à Paris au grand désespoir des entreprises d’armement. Les patrons de ces dernières accusent même un lobby américain de l’armement de tenter de brouiller les relations de la France avec la Libye. Effectivement les Américains ont réouvert à la hâte leur consultat à Tripoli, Bush autorise l’achat de pétrole libyen. Tony Blair qui a pour objectif de bloquer partout les Français agit également, les Italiens ne sont pas en reste, Juan Carlos joue les ambassadeurs intéressés et Aznar se déplace à Tripoli. Mais le plus faux cul de tous est Gérard Schröder qui exige la solidarité de Jacques Chirac pour qu’il ne se rende pas à Tripoli à cause du non règlement de l’affaire de la discothèque de Berlin mais se rend en catimini à Tripoli pour prendre sa part du gâteau. Enfin après diverses péripéties dont l’arrestation de l’intermédiaire Cheynel pour escroquerie, Jacques Chirac arrive enfin en Libye le 24 novembre 2004.

Chirac est surtout intéressé par les affaires africaines, le Tchad mais aussi un futur Etat Touareg que Kafhafi encourage. Quant aux enjeux économiques, la France s’est laissée distancier par ses principaux concurrents. Sa part de marché est de 6,3% contre 6,9% pour le Toyaume Uni, 7,4 pour le japon, 11,2% pour l’allemagne et jusqu’à 22% pour l’Italie. La nouvelle libye nage dans les pétrodollars, télécoms, pétrole, électricité, pétrole et gaz.. Mais lors de la visite de Jacques Chirac aucun contrat n’est signé, seuls des accords cadres avec EADS, Thales, Vinci et les universités de POitiers et de Tripoli.

Le basculement vers les intermédiairesa débuté selon certains témoins à l’époque où Edouard Balladur était premier ministre (1993-1995) »C’est à ce moment là que les services secrets et les industriels ont fait la politique étrangère de la France. Le contrat démocratique a été rompu par les espérances de businessé. »

Bernard Cheynel devenu l’agent de Thales (Dassault) en Libye décrit l’entourage de Jacques Chirac à Tripoli, le PDG de Veolia et l’autre du clan chiraco-villepiniste qui va bientôt passer dans celui des balladuriens et qui déjà a la haute main sur les contrats stratégiques. Cheynel s’estime exclu. Un autre individu de l’ombre intervient, Patrick Ollier le compagnon de Michel Alliot Marie qui au titre des amitiés franco-libyenne (comme des amitiés franco-tunisienne) mène sa propre stratégie et ,offre ses services à Thales. Tout cela se passe en pleine affaire Clearstream et les coups fourrés ne manquent pas . C’est le moment où intervient le modèle du genre un mixte entre la diplomatie secrète et les intérêts des marchands d’armes Ziad Takieddine.

La guerre des réseaux

D’autres personnages tout aussi troubles passent dans le paysage comme Alexandre Djouhri qui parachuté par l’Elysée comme intermédiaire dans la vente d’airbus réclame à EADS une commission de 12,8 millions d’euros qui lui est refusée. Même scandale en 2008 chez Alstom à propos du métro d’Alger mais cette fois le patron de l’international de l’entreprise saute : il n’est plus question de mécontenter des personnages comme Djouhri et Takieddine. La guerre fratricide des droites s’exapère en vue de la présidentielle de 2007, avec une obsession de chacun des camps : assécher les sources de revenu de l’autre camp et augmenter sa propre pelote. Takieddine devient l’homme de Balladur et donc de Sarkozy et de Guéant. Djouhri qui a trempé dans l’affaire clearstream est obligé de rallier le camp sarkoziste. Dans un article de Libération on rapporte les propos de Sarkozy: « S’il n’était pas venu à Canossa, il aurait reçu une balle entre les deux yeux ». NOtons pour le folklore que la venue à Canossa aurait lieu à l’Hôtel bristol en présence de sarcozy, Guéant et cela ne s’invente pas Bernard Squarcini, alors préfet délégué à la sécurité à Marseille qui a de vieux liens avec Djouhr ,et lui sert de témoin de moralité.

Mais le feuilleton continue, Djouhri disparaît momentanément après cette scène et on ne le retrouvera qu’après l’élection de Sarkozy à l’Elysée. Mais son ami Bachir Saleh connaît une rapide ascension dans le cabinet kadhafiste, sans faire de l’ombre au fils kaddhafi, la parenté de Kadhafi formant un autre nœud de vipères, l’homme s’enrichit rapidement et a des liens avec le pakistan. un portrait de jeune Afrique le montre à la tête de Libya Africa Investment Portfolio (LAP) doté de 8 milliards d’euros… De passage à Paris en décembre 2007, l’Elysée de Nicolas Sarkozy l’accueille en grande pompe. Tout comme les patrons d’Airbus , d’Arianespace, de Lafarge, de Total et de quelques autres grands groupes.

Le véritable réseau semble être celui de Takieddine et qu’il met au service de Sarkozy. Il débarque en Libye avec une lettre de recommandation de Nicolas Sarkozy. IL promet si Sarkozy devient président, le blanchiment de tous les actes litigieux y compris ceux concernant la famille de Kadhafi. IL parle de contrats avec Dassault, la Sagem en expliquant que tous ces petits industriels sont aux ordres de Nicolas Sarkozy s’il est élu. La lettre de recommandation a-t-elle existé? Sarkozy la nie.

Claude Guéant et Ziad Takiedinne

Zias Takieddine a tout fait pour infiltrer la zarkozie, il se lie à Coppé, à Hortefeux, Les relations avec Guéant sont très régulières à partir du moment où il lui propose des liens avec l’Arabie saoudite et fait miroiter là aussi contrats et financements. Si les relations avec Claude Guéant sont effectives celles avec Sarkozy semblent plus distantes.

Les relations directes entre les libyens, Sarkozy et Claude Guéant se nouent autour du terrorisme, de jeunes salafistes français empruntent une filière sahélienne qui transite par la Libye pour se rendre en Irak et en Afghanistan (je dois dire avoir toujours eu les plus grands doutes sur la manière dont Claude Guéant a géré l’affaire merah pour deux raisons, la première avait été au moment de l’élection de Chirac contre Balladur, la multiplication des attentats terroristes, Guéant étant déjà en charge, et la reproduction à la veille d’une présidentielle d ‘attentats menés par un individu suivi par la police de Guéant. Note de danielle Bleitrach)

Désormais dans l’ombre de claude Guéant dont il a découvert l’âpreté, Ziad Takieddine s’agite avec brio en libye en tablant sur deux registres: la diplomatie parallèle et les contrats. Aus passage il s’immisce dans des questions relevant exclusivement des services de renseignement et non d’un intermédiaire, comme la ccoopération des services français et libyen en matière de terrorisme et l’envoi de soldats et officiers pour y être formés en France. Il est devenu en 2005 « conseiller spécial » auprès des autorités libyennes et il propose ses services à la DGSE, elle même. Il prépare les visites diplomatiques de Sarkozystes et bien évidemment celle de Claude Guéant, le 1 er octobre 2005. puis celle de Nicolas Sarkozy le 6 octobre 2005 redevenu ministre de l’intérieur, toujours sur le terrorisme et l’immigration illégale avec un volet officieux, la rencontre avec Kadhafi.

Ziad Takieddine est en coulisse, l’ombre de claude Guéant mais pour mieux signer des contrats qui sont d’un certains rapport pour le franc-libanais mais dont toute la question est bien du rapport à Claude Guéant dont on ne cesse de découvrir aujourd’hui l’avidité au point aujourd’hui de compromettre désormais Sarkozy lui-même.

La question importante est bien ^sûr celle du financement dans un tel contexte de la campagne de Sarkozy par Kadhafi et les raisons de la « trahison ». Je vous ai résumé le livre jusqu’à la page 84 et je pense ultérieurement donc aborder la suite de ce roman feuilleton balzacien où l’on voit jusqu’ici la manière
dont on est passé d’une diplomatie traditionnelle basée sur les relations entre un gouvernement français et ses diplomates à un tout autre système, celui d’un chef d’Etat et de son premier cercle qui dans le contexte d’une compétition électorale avec son rival de droite va nouer une diplomatie secrète avec des intermédiaires douteux chargés d’alimenter leur caisse noire.

Nous avons certes du côté libyen, un pouvoir despotique, fantasque, imprévisible, avec des jeux de sérail, mais ce qui se passe en France autour du chef de l’Etat, lui cède à peine. On doit cela incontestablement à la constitution la plus monarchique du monde, au financement des campagnes de plus en plus onéreuses, les relations internationales deviennent le fait de grands marchands intermédiaires pour les marchands d’armes comme Dassault et Lagardère et mêler de ce fait diplomatie secrète et contrat, voilà le théâtre dans lequel interviennent les « guerres humanitaires » (A SUIVRE)

 

Laisser un commentaire