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Quelques réflexions (un peu provocatrices) sur l’influence trotskiste dans le PCF

29 Sep

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Après s’être donnés à Mélenchon qui les a traités comme des moins que rien, je crois que les dirigeants du PCF n’ont toujours pas compris ou peut-être ne veulent-ils pas comprendre. A savoir que ce n’est pas en se diluant qu’on se fera accepter mais en sachant exactement qui on est et ce qu’on veut. la maitrise de notre propre histoire fait partie de cela.

Je découvre avec un certain bonheur à quel point la fraternité des communistes n’est pas un vain mot. Je suis dans un cellule où le débat a lieu et il est de qualité. Toutes les semaines avant la réunion de cellule nous distribuons des tracts en général contre la loi travail dans certains points fixes qui malheureusement ont une aire trop étendue.

On se donne rendez-vous pour des activités, hier c’était le repas champêtre des retraités CGT à Fabregoules, dans un parc où depuis longtemps ont lieu les rassemblements. Nous avons tous revu le film La Sociale, en présence de l’historien Michel Etievent. En arrivant il y avait le délégué de la France insoumise, Sammy Josuha. Disons tout de suite qu’il n’a rien d’un perdreau de l’année, nous avons fait ensemble mai 68, moi j’étais PCF et lui trotskiste. Je n’ai aucune antipathie pour lui mais je me dis que c’est bien caractéristique qu’il soit là le représentant de la france insoumise, je le soupçonne tout à coup de venir surveiller les biens, sièges, lieux de rassemblement du PCF pour s’emparer de la cage sans les oiseaux, en espérant qu’ils se cacheront pour mourir.

Je continue à penser à ce film de Peck sur le jeune Marx, incontestablement il connaît marx et il a tenté de faire un film matérialiste. De ce point de vue rien à voir avec Guedeguian, c’est le palier au-dessus. Mais comment un cinéaste qui aime son métier, un marxiste, un révolutionnaire peut-il prétendre nier la révolution bolchevique, effacer du tableau toute trace de celle-ci à la mode dite stalinienne, voir la diffamer en violation de la pensée de marx lui-même. Ainsi à la fin du film dans le générique final on voit tous les mouvements révolutionnaires sauf la Révolution d’Octobre qui les a pourtant permis. Et dans le film Marx déclare au passage que les Russes sont inaptes à la Révolution matérialiste. Pourquoi cette haine pour cette révolution, serait-ce parce qu’il est trotskiste?  pas de l’obédience de Mélenchon qui lui est depuis pas mal de temps en collusion avec la tendance droitière du mouvement ouvrier comme Jospin ou Cambadelis, non de la tendance gauchiste, tiermondiste, ce qui est plus sympa. Mais la haine, c’est le mot exact pour les bolcheviques revient à gommer jusqu’à l’oeuvre de Trotski lui-même.

On regarde le film la sociale et là je suis à nouveau frappée par le même travers. La seule référence à l’Union soviétique c’est la signature du pacte germano soviétique avec Staline aux côtés de Ribbentrop, pas un mot sur Munich. Non ce rapide cliché est censé expliquer la mise en prison des militants communistes. J’imagine Ambroise Croizat, le héros du film, découvrant que le rôle de l’Union soviétique est ainsi caricaturé. la manière où à cause de cela son action de communiste s’en trouvait incomprise. Pas un mot, je dis bien pas un mot sur les rapports de forces à la Libération, sur le rôle de l’Union soviétique, la peur de la contagion de la bourgeoisie qui la force à céder au programme de la résistance. Comme il n’y aura pas un mot sur l’évolution qui à la chute de l’Union soviétique va effectivement attaquer les conquêtes sociales. On voit bien Thatcher et Reagan, mais rien pas un mot sur l’attaque contre l’URSS, sur l’affaiblissement du camp socialiste. Ici, comme dans le jeune Marx, le rôle de l’Union soviétique y compris son système de santé, son rôle dans la prévention a été gommé.

Et tous mes braves communistes et cégétistes retraités étaient légitimement enthousiaste à voir un film clair précis qui dans la période actuelle montre bien l’axe du combat, la remise en cause de la cotisation sociale. L’augmentation de la CSG est non seulement une injustice pour les retraités qui vont en faire les frais, mais elle démantèle, étatise et change l’esprit de ce qu’a créé Ambroise Croizat. Une fois de plus c’est l’avancée d’un patronat qui reprend non pas les acquis mais les conquis. ce film est formidable, un outil de combat exemplaire… Oui mais…. ce qui me parait escamoté ce sont les conditions réelles du rapport de forces historique et le rôle des communistes.

Il a été oublié la grande leçon de Lénine. C’est parce qu’il s’est basé sur les formidables développement du capitalisme mondial (impérialisme stade suprême du capitalisme) et plus particulièrement de la Russie y compris aujourd’hui dans sa partie asiatique, qu’il a pu envisager cette formidable accélération de l’histoire et la prise du pouvoir non par l’étape bourgeoise mais par le prolétariat, et cette leçon est restée celle des communistes. Ce n’était pas un hasard si tous les textes en discussion respectaient le schéma suivant: les rapports de force dans le monde, en France, nos tâches et le parti qu’il nous faut pour les accomplir. Le réformisme a toujours isolé la combativité ouvrière. Aujourd’hui comment mener une lutte conséquente contre le capitalisme financiarisé, contre son bellicisme si on n’a pas un minimum de conscience du champ global. Alors que de grandes questions comme la paix, les délocalisations, l’impunité de l’évasion  fiscale et en revanche les cadeaux au patronat en découlent. de ce point de vue nous sommes devant une situation contradictoire mais où le capitalisme perd pied… Partout et singulièrement en Europe.

La sécurité sociale en France, c’est le pouvoir du prolétariat qui s’impose, certes parce que le PCF est à 29%, la CGT a une force énorme, la bourgeoisie est affaiblie par sa collaboration avec les nazis, mais aussi parce que l’ Union Soviétique auréolée, y compris Staline, d’un immense prestige a pu créer un Etat socialiste dont les victoires sont reconnues par tous. C’est vraiment extraordinaire que ce film nie cette dimension ou l’occulte à ce point alors qu’il est très juste sur l’origine de classe de cette conquête. Il utilise le syndicalisme révolutionnaire pour opérer ce tour de passe-passe et il fait du PCF la courroie de transmission de cette combativité syndicale. Franchement quelqu’un comme Ambroise Croizat aurait vu la faille.

Je fais part à toutes mes copines de ma découverte, et nous menons une discussion passionnée. Je pense que quand le capital a gagné contre l’Union soviétique, il s’est employé à détruire tout pouvoir soviétique grâce à un Gorbatchev et un Eltsine, mais le premier a également aidé à la démolition des autres partis, dans les ex-pays socialistes mais aussi dans deux grands pays où les partis étaient forts comme la France et l’Italie.  J’ai assisté et je l’ai raconté dans un bouquet d’ortie en direct à la manière dont le PCI a été démantelé. En France, l’opération n’a pas pu être totalement menée à bien, mais il est clair qu’avec l’arrivée de Robert Hue, il y a eu un formidable « renouvellement des cadres ». La plupart des dirigeants de l’époque de Marchais ont été éliminés, ramenés à la base, les « lieutenants » de Georges Marchais, passés souvent directement de l’université à des postes de permanents, sans expérience dans les entreprises, ont pris le pouvoir. Il y a eu d’autres phénomènes étranges, ainsi dans ma propre fédération, une militante trotskiste et de la CFDT, dès son adhésion, s’est retrouvée au Comité National, et de là à la direction du PGE (le parti de la Gauche européenne), pour avoir un tel cursus il faut avoir été happée par le sommet.

L’utilisation de la social-démocratie sous ses différentes formes y compris trotskiste a joué à plein, ce fut la grande oeuvre de Mitterrand. Si en Amérique latine, les « réformes » néolibérales ont été imposées par un Pinochet et d’autres tortionnaires, en France ce fut avec Mitterrand flanqué de ministres communistes qu’il avait soigneusement choisi et après avoir convaincu les Américains que c’était le meilleur moyen d’en finir avec les communistes. C’est dans ce contexte qui reste encore à étudier que s’est produite la « transition » de la « mutation ».  On voit aisément le rôle de la social-démocratie mais on voit plus difficilement combien les courants qui la constituent ont une histoire.

En ce qui me concerne je n’ai jamais été anti-trotskiste, ma position est assez proche de celle des Cubains, qui non seulement n’ont jamais traqué les trotskistes mais ont lu si besoin était ses écrits et qui ont accueilli l’assassin de Trotski qui est mort à Cuba. Ils ont la haine de la division. Mais dans le même temps, ils sont beaucoup trop marxisto-léninistes-martiens pour ne pas voir les errances de certains de ses disciples. Trotski à l’inverse de certains de ses disciples n’a jamais nié le caractère socialiste de l’état soviétique, et surtout le choix léniniste auquel il participait bien qu’il soit un menchevique à l’origine,  pour lui cette révolution éliminait les résidus féodaux, à condition d’être une révolution permanente et ne pas prétendre comme Staline l’instaurer dans un seul pays. En attendant pour conserver ses points d’appui dans sa lutte avec Staline, il a successivement appuyé les gauchistes et les droitiers.

Les Cubains ont tenté un pont entre les non alignés et la Révolution bolchevique qui avait su créer la rupture avec le capitalisme et instaurer un pouvoir prolétarien sur lequel avaient pu s’appuyer les conquêtes ouvrières aussi bien que les luttes d’indépendance nationale. Le grand traumatisme pour eux c’est la querelle sino-soviétique qui casse l’articulation entre anti-impérialisme et pouvoir socialiste. Toutes questions dont il faudra bien débattre pour éviter en chaque circonstance de se faire manipuler par la propagande du capital.

J’ai toujours été pour un débat sur ces questions et le livre qui va paraître « 1917-2017, Staline tyran sanguinaire ou héros national? » loin d’être un hymne au stalinisme pose des pistes pour un débat.

En ce qui concerne des films comme la sociale et le jeune Marx, il faut se réjouir qu’ils existent et les défendre me parait évident, mais dans le même temps je suis pour qu’on refuse le négationnisme historique qui consiste à prétendre effacer le rôle immense joué par l’Union soviétique. Et si nos amis trotskistes veulent s’amuser à ce petit jeu qu’ils trouvent devant eux des communistes conscients de leur propre histoire.

Oui mais voilà en ce moment j’ai l’impression que le PCF, les communistes, leur passé, sont la proie non d’une réflexion mais d’une manipulation du capital par le biais de la haine que les trotskistes et les sociaux démocrates ont toujours voué à l’union soviétique et là nous allons dans le mur.

Danielle Bleitrach

PS comment un cinéaste peut-il nier le rôle de ce que peut le cinéma dans la politique volontaire de collectivisation représentée par cette séquence de la ligne générale d’Eisenstein où un ingénieur agricole vient expliquer aux paysans l’intérêt qu’ils ont dans l’industrialisation. Je signale que le film est de 1928, une période charnière puisque la NEP échoue en 1927 et que la ligne de Staline va triompher.

 

12 réponses à “Quelques réflexions (un peu provocatrices) sur l’influence trotskiste dans le PCF

  1. delepine

    septembre 29, 2017 at 6:58

    un mot en passant sur Guediguian. nous avons assisté il y a quelques mois au mont Valérien à la projection en pleine air du film de Guédiguian sur le groupe Manouchian. dans l’échange de congratulations surfaites (le public n’a pas été invité à s’exprimer) entre « officiels » pas UNE SEULE FOIS l’idéal de communiste ne fut évoqué! le mot est sans doute devenu grossier , même par Guédiguian! sur sa page FB je m’en suis ému mais rien! son silence est assourdissant!Quelle déception!
    jacques d

     
  2. lemoine001

    septembre 29, 2017 at 7:21

    Dès le milieu des années 70 il y a eu un problème dans le recrutement des cadres du parti. Je me souviens que vers la même époque que celle du bourrage des urnes, je me trouvais invité avec quelques autres chez un nouvel adhèrent, un jeune petit bourgeois beau-parleur et disons « très libre de mœurs ». Voilà que quelqu’un frappe à la porte : c’était une sorte de hippie qui venait livrer une galette de shit ! Notre adhérent le paie (très cher) et entreprend de rouler des joints. Nous refusons et nous les laissons à leurs affaires.

    Voilà que j’apprends dans les semaines qui ont suivi que ce blanc-bec, qui n’avait jamais milité, distribué un tract, manifesté ou collé une affiche et qui se contentait de passer nous saluer le dimanche matin sans même prendre l’huma dimanche, avait été élu (par qui et pourquoi ?) pour être au comité de section. Je n’ai pas eu alors le courage (je le reconnais) de dire qu’il y avait peut-être là un problème. Pendant ce temps-là un militant, peintre en bâtiment, qui avait siégé au conseil municipal de Paris s’excusait auprès de nous de devoir se tenir à l’écart quelques temps car il n’avait plus aucun mandat et devait impérativement trouver un emploi. Il prévoyait que cela allait être difficile.

     
  3. etoile rouge

    septembre 29, 2017 at 9:50

    L’opportunisme est destructeur. Mais le mitan des années 70 n’est-ce pas l’abandon ( l’un des premiers?) de la dictature du prolétariat? Notion difficile mais réalité concrète dépassable? C’était le fil de l’expérience et de la théorie Léniniste et du marxisme qui se dévidait soi-disant pour mieux coller à la réalité d’alors. Certains expliquaient que « les gens » ne voyaient plus de différences entre socialistes et communistes! Pourtant la guerre d’Algérie n’était pas si loin.
    Je me souviens d’un camarade, mon secrétaire de cellule d’entreprise d’alors qui me proposa l’ensemble des oeuvres de LENINE. Le considérait-il dépasser?
    J’étais jeune adhérent. La « gauche » progressait. Pourtant j’avais trouvé le Programme du PCF autrement structuré et convainquant que celui du PS! J’avais adhéré lors de la venue de DUCLOS à Marseille que j’avais trouvé brillant, amusant et très convainquant. Qu’un P LAURENT loin de cette pensée là et de ces hommes là; même lorsqu’il fait effort cela me sonne faux;

     
  4. etoile rouge

    septembre 29, 2017 at 10:10

    Cependant c’est bien autour du stalinisme que la division s’est faite. Non pas des décisions politiques et historiques analysées dans leur contexte mais un STALINE agité comme un grand diable qui hors de lui nous réconcilierait tous avec le socialisme, le communisme. Ce fut l’inverse. ELLENSTEIN révisait l’histoire de l’URSS en tenant compte du rapport KROUTCHEV . Ce n’était pas convainquant mais cela semblait cohérent. L’opportunisme. Son histoire contemporaine de la France finissait par soit nous nous adaptions à la nouvelle situation( les cellules c’était fini pensait Elleinstein déjà) soit nous disparaitrions. Certes Elleinstein n’est pas pour autant un opportuniste déguisé. Non , c’est le glissement du PCF y compris au rapport KROUTCHEV et le désenchantement qui s’ensuivit puis 1956 et 1968. Pourtant d’autres vivant sous la terreur capitaliste fasciste comme nos camarades grecs tenaient bon et voyaient autrement la situation de 1956 ( Hongrie) et 1968. Nous, nous baignions alors dans un certain idéalisme comme médicament ou purge du rapport Kroutchev et du stalinisme. Le revirement de la CHINE n’a pas été compris je pense dans toute ses conséquences quant au rapport de forces mondial et il faut en voir aujourd’hui les aspects contradictoires régressifs et dialectiquement portant un coup pourtant à l’impérialisme. Quant à la contre offensive social démocrate elle fut comprise de certains puis peu à peu analysée comme une évolution nécessaire ou inévitable sans réaction propre à la pensée marxiste et léniniste de laquelle nous nous éloignions.
    Oui nous avons besoin de discussions de cellules, de retrouvailles avec notre pensée et notre jeunesse et de transmettre un vrai flambeau et non cette cendre qui ne nous ressemble pas.

     
    • Axel

      septembre 30, 2017 at 10:52

      C’est en section qu’il faut faire entendre votre (notre) voie haut et fort camarade.

       
  5. etoile rouge

    septembre 29, 2017 at 10:15

    Je voudrais rappeler aussi les travaux d’un sociologue analysant le système de consommation comme une marche vers un néo fascisme et apportant au marxisme analysant la production capitaliste, une analyse brillante mais insuffisamment comprise des conséquences de l’ordre de consommation. Communiste sa pensée fut abandonnée comme trop complexe ou trop obscure, je ne sais. Pourtant…Le relire aujourd’hui est bouleversant.

     
    • Axel

      septembre 30, 2017 at 10:54

      Quel sociologue?

       
  6. etoile rouge

    septembre 29, 2017 at 10:16

    Oui le communisme passé présent et à venir est toujours la jeunesse du monde!

     
    • Axel

      septembre 30, 2017 at 10:45

      Merci pour ton travail chère camarade!

       
  7. etoile rouge

    septembre 30, 2017 at 10:38

    A faire entendre quelque chose c’est plutôt en cellule cher camarade…mais ne les avez vous pas supprimée lors du contre congrès de MARTIGUES laissant le peuple sans pratique politique livré aux religieux intégristes de tous bords, aux commerçants du capital, aux corrompus de la politique politicienne et aux droites soi disant communistes?
    D’ailleurs n’avez vous pas tout vendu ? La cellule, le marxisme, le léninisme, le centralisme démocratique, la dictature du prolétariat, l’internationalisme ( se tient à Marseille le ramassis appelé Parti de la gauche européenne avec TSIPRAS le traïtre. Où sont les communistes or IZQUIERDA UNIDA? Où est le PC portuguais, grec, allemand ( interdit depuis 1953) où sont les communistes suédois et du reste du monde? PERSONNE !
    POURQUOI?

     
  8. etoile rouge

    septembre 30, 2017 at 10:44

    Et maintenant d’après la Marseillaise ils veulent se rapprocher'( le PGE des verts de gris) Cela promet.

     
  9. Xuan

    novembre 12, 2017 at 6:09

    Ce débat sur les réflexions de Danielle est très riche, merci (comment s’appelle ce sociologue ?).
    Il faut être optimisme, le capitalisme engendre toujours son contraire. « Le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest » et le marxisme revient sur le devant de la scène.
    Revenons aux principes marxistes-léninistes et au matérialisme-dialectique. Partir des faits, de la loi des contradictions et d’une position de classe.
    salut à tous

     

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