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Chris Marker a déjà écrit mes mémoires…

12 Nov

1037722_le-fond-de-l-air-est-rouge[1]parfois il me prend l’envie d’écrire mes mémoires mais souvent je me dis qu’il suffit de reprendre le fond de l’air est rouge de Chris Marker, toutes ces chutes de films sur la Révolution qui m’ont exaltée, entrecoupées de bandes d’actualité …

Je n’ai eu ni feu, ni lieu et j’ai parcouru la planète inlassablement, je feuillette du Chris marker stupéfaite que nos routes se soient ainsi croisées avec la même charge d’espérance et parfois les mêmes doutes, la même tentation optimiste, ne croyez pas pourtant que cet idéal fut simplement hyperbolique, il y avait beaucoup d’humour et de cocasserie comme chez Chris Marker parce qu’il y avait dans l’engagement révolutionnaire alors une regard de photographe, la tentative de fixer pour l’éternité ce qui était mortel, mais en exprimant ce transitoire dans une mise en scène, un instant. Nous guettions comme lui une usure des visage, les regards orgueilleux et suppliant, il a fait ça jusqu’au bout et moi je continue, saisir la beauté dans les rames du métro. La politique c’était de donner du sens à tout ce que nous découvrions de l’humanité comme des paysages… Mes mémoires ne sont que des chutes de film et des bandes d’actualité qui m’ont poussé à l’action, tout a débuté par ces photos de paris Match, celle des communistes pendus à des crocs de Boucher en Hongrie et face auxquelles j’ai envoyé mon bulletin d’adhésion, puis il y eut le deuil de la femme de Lumumba, cheveux très courts et seins nus sur un camion… J’ai ressenti avant de la vivre pour mon compte la perte de l’être aimé… Comme mon premier souvenir j’avais alors quatre ans est une descente de la Gestapo avec à la tête de la troupe un type qui ressemblait à Georges raft.

Pour la Révolution permanent que j’ai vécue voir
le fond de l’air est rouge première partie

Et puis il y a eu un moment où les chutes de film, celles d’actualité, les foules en mouvement se sont ralenties pourtant mon tour du monde s’est poursuivi mais c’était comme dans si j’avais 4 dromadaires, Une succession d’images fixes prises dans le monde entier, j’ai perdu des caisses entières de photos, mais celles de Chris Marker se sont substituées à mes médiocres clichés… Nous étions un groupe d’amateurs encore passionnés, j’ai même encore donné des conférences. De Tokyo à La Havane, en passant par Pékin, Moscou, Stockholm, Rome et Paris, et alors est venu le temps que je voudrais être celui de la sérénité mais je crois qu’il s’agit surtout de la solitude non imposée mais choisie parce que soit vous n’avez rien à partager avec des gens qui n’ont plus le même regard, la même éthique et qu’il y a à côtoyer ses semblables quelque chose de l’ordre de l’humiliation parce que vos exigences sur la responsabilité de l’art, du travail, des être humains, bref du socialisme n’a plus de répondant, il n’y a plus que le musée où tout est tolérance.

Et pourtant si vous saviez combien tout cela m’a laissé un bonheur que je ne puis exprimer… Chris marker y arrive…

 
 

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