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Les Etats-Unis se trouvent dans la situation de l’Empire romain avant sa chute, selon le Tea party Par Jean-Laurent Cassely

14 Août

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Cet article insiste sur les excès du tea party, mais ce qu’il indique est un phénomène qui pourrait nous permettre de mieux comprendre notre propre extrême-droite et la manière dont elle paraît lutter contre la mondialisation au point de quelquefois paraître se confondre avec l’extrême-gauche. Ce qui nous vaut d’ailleurs des titres à la fantomas dans la dite extrême-gauche du type (je cite) : pourquoi la finance de l’ombre reste au-dessus des lois… Après s’être attaqué à Fantomas toujours en vain puisque celui-ci renaît de ses cendres, le petit bourgeois du type Soral, est toujours sur son point de départ le point de vue du petit bourgeois qui ne reproche au capital que de ne point lui faire une place dans l’élite.

En fait quand on lit ce texte, on retrouve les fantasmes de nos propres identitaires et du Front national, d’abord le plus fondamental, l’idée de la décadence… C’est la chute de l’empire romain dont le mariage gay est le symptôme… parce que comme le montre l’article, l’analogie historique la plus vaseuse ne leur fait pas peur, on songe à Dieudonné expliquant à la télévision iranienne qu’il faut que chrétiens et musulmans s’entendent puisque les sionistes qui ont pris le pouvoir en Occident ont tué le christ. On ne peut pas « dépasser » la décadence tout au plus s’y enfoncer ou s’en abstraire par le retour en arrière…

Mais il y a d’autres analogies… Ce qui caractérise l’extrême-droite et les identitaires est la manière dont le capital est le plus souvent limité aux banques, on peut imaginer qu’il s’agit de leur part d’une obsession antisémite qui leur fait voir dans Wall street et Goldman et Sachs l’origine de tous les maux puisque même si Goldman et Sachs ont changé de main, s’il ne s’agit pas de la première institution financière, ces noms deviennent l’équivalent du fantasme Rothschild au siècle précédent. Ce n’est pas parce qu’ils sont antisémites qu’ils ne voient que le « capital intérêt », mais parce qu’ils veulent sauver le capital en en dénonçant les seuls « voleurs »… Comme le disait Marx: « Considérer le capital portant intérêts comme la forme principale du capital, mais vouloir faire une application particulière du crédit, de l’abolition prétendue de l’intérêt, la base de la transformation sociale – voilà une fantaisie tout ce qu’il y a de plus philistin. Aussi la trouve-t-on déjà élucubrée con amore chez les porte-parole économiques de la petite bourgeoisie anglaise du XVII° siècle.

Donc au lieu du capital qui exploite, qui nécessite des luttes, nous avons « la pieuvre » anonyme d’un pouvoir occulte, l’Etat n’étant plus qu’une marionnette mais aussi l’instrument de la toute puissance qui empêche la libre entreprise, le petit commerce et les capacités, un discours qui peut rassembler tous les ratés des couches moyennes…

Et enfin alors même que notre extrême-droite est volontiers islamophobe on la retrouve toujours en train de dénoncer l’expansionnisme ce qui dans les deux derniers cas amène la confusion entre son discours et celui des anti-impérialistes.

Notez bien que le discours de notre extrême-droite n’est JAMAIS sur le fond en contradiction réelle avec les libertaires du Tea party. Ce qui est tout de même un comble quand on sait à quel point ils se sont fait une spécialité en France et en Europe de prétendre entretenir la confusion avec les communistes qu’ils accusent pourtant de tous les maux.(note de danielle Bleitrach)

L’Empereur romain Tibère s’amusait à faire se prostituer de jeunes libertins devant ses yeux. Et après lui, Commode descendait parfois dans l’arène du Colisée pour aller tuer lui-même un gladiateur ou un animal sauvage… Autant dire que comparer la classe politique américaine en 2013 aux comportements des Empereurs romains est un poil exagéré. Mais la chaîne américaine Fox News n’est pas spécialement célèbre pour son goût de la demi-mesure.

Un présentateur de la chaîne, John Stossel, a ainsi fait de ce rapprochement entre les deux situations historiques le sujet d’un show télévisé lors de la FreedomFest, «le plus grand rassemblement d’esprits libres», qui s’est tenue à la mi-juillet 2013 à Las Vegas.

Car les libertariens s’inquiètent du niveau d’endettement du pays. Après tout, alerte Stossel sur le site Reason, la banque fédérale n’a-t-elle pas racheté 2.300 milliards de dollars (1.800 milliards d’euros) de dettes du pays depuis la crise de 2008, de la même façon que les empereurs dévaluaient périodiquement la monnaie pour effacer leurs excès?

Lawrence Reed, président de la FEE (Foundation for Economic Education), une autre organisation libertarienne, a tenu un discours similaire en 2012, intitulé «Sommes-nous Rome?», dans lequel il mettait en garde les Etats-Unis. Rome, annonce-t-il au risque de la relecture anachronique, était une société fondée sur la libre-entreprise et l’autorégulation du marché: le rêve de tout libertarien.

L’Empire romain. Source: Wikimedia Commons

Mais le passage de la République à l’Empire a coïncidé avec un changement de mentalité, les Romains commençant à se tourner vers un système plus étatique et centralisé et vers ce que les libertariens craignent par dessus tout: l’Etat-providence et sa classe dirigeante, la bureaucratie.

Hausse des dépenses publiques et pression fiscale auront alors raison de l’esprit d’entreprise du Romain. Matt Kibbe, le président de FreedomWorks, organisation rattachée au u Tea party, a estimé lors de la FreedomFest:

«Les parallèles sont plutôt menaçants: la dette, la politique étrangère expansionniste, l’arrogance du pouvoir exécutif.»

«Mais il existe une grande différence entre l’Amérique d’aujourd’hui et la Rome d’hier», veut rassurer le journaliste John Stossel. «Nous avons des mouvements comme le Tea party, le libertarianisme et même des événements comme la FreedomFest pour alerter les gens du danger couru par la Washington impériale, et pour essayer de le combattre. S’ils peuvent réveiller les gens, alors il reste de l’espoir», se réjouit-il!

Les comparaisons entre l’économie capitaliste et la chute de Rome sont fréquentes, et autorisent bien des versions différentes. En 1984, l’historien allemand Alexander Demandt a collecté pas moins de 210 raisons avancées par les historiens pour expliquer le déclin de l’Empire romain d’Occident, allant de la question agricole à l’esclavage, en passant par le rôle du christiannisme, des psychoses ou du système des gladiateurs.

Et comme l’a écrit sur Slate Ron Rosenbaum, le Tea party s’est fait une spécialité des rapprochements historiques contestables sinon dangereux: ses membres n’hésitent pas par exemple à considérer qu’ils vivent sous un règne tyrannique, ni à traiter Barack Obama tour à tour de nazi ou de communiste.

 
 

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