légende : un polar chinois sur la corruption
Il y a une fois de plus une hypocrisie extraordinaire dans la manière dont on traite de la Chine en occident. Ne parlons pas des Etats-Unis qui à chaque veille d’élection font de la surenchère anti-chine pour faire plaisir à l’électorat des deux camps. Cela ne mange pas de pain et occupe les esprits. Mais les Européens ne le cèdent en rien en ce domaine à leurs alliés etatsuniens. Alors que chacun sait que ce soit en Chine, en Europe ou aux Etats-unis que les Chinois ont besoin du marché européen pour écouler leur production, comme d’ailleurs celui des Etats-Unis, parce qu’il n’existe pas dans le monde d’autres marchés de cette taille avec un tel pouvoir d’achat. Donc elle continue à leur acheter leur dettes pour qu’ils continuent à acheter et plus les chinois ont des devises (dollars, euros) plus ils ont intérêt à soutenir leurs débiteurs. Quand on traite de la Chine et de son gouvernement, il y a trois choses que l’on doit avoir présent à l’esprit : la première est qu’il s’agit d’un quart de l’humanité et la deuxième est que pour développer ce pays il y a eu une accélération susceptible d’accroître les tensions et la troisème est que pour la première fois le pays qui devient le premier de la planète reste de ce fait un pays sous développé. Nous avons là une masse de contradictions explosives dans une situation planétaire qui ne l’est pas moins alors que depuis le début de la crise c’est la Chine qui tire la croissance mondiale.
L’EUROPE ET LA CHINE
“ Nous attendons de la Chine qu’elle agisse en harmonie avec ses intérêts objectifs et en tenant compte du fait que l’Europe représente une destination importante de ses exportations, car la Chine souhaite ardemment élever le niveau de nos relations commerciales et économiques “ , explique Viorel Isticioaia Budura, en charge au service diplomatique européen du département Asie-Pacifique.
On ne saurait être plus clair. Et tous les discours sur la démocratie, les droits de l’homme, l’agitation thibétaine, l’environnement ne sont que tentative d’exercer des pressions supplémentaire pour inciter la Chine à offrir plus. Nos médias aux ordres relaient les pressions en masquant bien sur les intérêts pour inciter sur la vertu des occidentaux, vertu dont la planète peut témoigner du colonialisme à l’interventionnisme militaire en passant par le soutien à toutes les dictatures pourvu qu’elles soient dociles. . La Chine va continuer à acheter de la dette souveraine en zone euro, c’est ce qu’a déclaré le gouverneur de la banque centrale chinoise. Zhou Xiaoshuan a également appelé les européens à proposer des produits d’investissement plus attractifs pour Pékin. Le gouverneur a suggéré que l’Europe devait faire davantage d’efforts pour convaincre Pékin de lui confier ses capitaux. Il s’exprimait à l’issue du sommet Chine-Union européenne hier.
Que veut la Chine, avoir un interlocuteur crédible.
Il manque encore un haut niveau de compréhension et de confiance “ , dit Hua Chunying, conseillère du gouvernement chinois. “ J’entends des voix pleines de soupçons côté européen concernant une aide de la Chine à l’euro. Certains demandent que la Chine fasse plus pour aider l’Europe alors que d’autres demandent : est-ce que la Chine veut acheter l’Europe ? Donc, nous sommes prudents. “
Un quart des réserves en devises de la Chine seraient libellés en euros. Et côté européen, on laisse entendre que si elle veut poursuivre ses exportations massives vers l’Europe, la Chine a tout intérêt à ce que la zone euro sorte de la tourmente.
Au-delà des déclarations d’intention, la Chine entretient le flou. Elle n’a encore précisé ni dans quelle mesure elle pourrait contribuer au fonds de secours de la zone euro ni pour quel montant.
LA CRISE MONDIALE ET L’INSTABILITE GENERALE
Parce qu’ici nous avons un second problème qui est de taille.La Chine, une des rares fois de son histoire, est sortie de son territoire et a noué partout des relations d’intérêt réciproque d’abord en Asie mais aussi en Afrique, en Amérique latine se sont constituées des relations sud-sud trés interdépendantes qui ont apporté un incontestable développement en permettant à des continents entiers d’échapper pour la première fois à la dépendance nord sud. Mais l’intervention occidentale sous couvert d’humanitaire et les effets de la crise, en particulier sur le plan alimentaire et énérgétique font que l’interdépendance est de plus en plus conflictuelle et que tout est fait ici encore pour entretenir des fascismes identitaires exutoirs de la misère. Les liens sont étroits y compris avec des pays comme l’Arabie saoudite, l’iran, c’est-à-dire que le système chinois et son rôle à l’ONU le prouve est plaqué sur les situations conflictuelles. La volonté occidentale et celle de certains acteurs régionaux de multiplier les interventions militaires, les guerres civiles entre en contradiction avec le réseau commercial et diplomatique tissé par la Chine. Le cas extrême étant bien sur un conflit ouvert avec l’Iran (il existe déjà sous forme d’embargo) et le blocage du détroit d’ormuz par lequel passe une grande partie de l’énergie asiatique et celle de la Chine…
La Chine donc se retrouve avec ses principaux clients que sont l’Europe et les Etats-Unis en récession ou c’est tout comme. L’Asie pour les mêmes raisons est en train de rentrer dans une instabilité, le Japon en particulier et la paix chinoise, le commerce chinois se heurtent de plus en plus à une situation de conflit qu’attisent les Etats-unis.
CRISE INTERIEURE
La production industrielle chinoise a progressé à son rythme le plus faible depuis trois ans au mois d’août, pendant que l’excédent des comptes courants japonais plongeait de 40,6% en juillet, ont annoncé simultanément Pékin et Tokyo le 10 septembre 2012. Ces nouveaux chiffres officiels font craindre une fin d’année encore plus difficile que prévu pour ces deux grands pays de la zone Asie avec une révision à la baisse des perspectives de croissance. À ce rythme-là, la Chine pourrait enregistrer en 2012 son taux de croissance annuel le plus faible depuis deux décennies.
La croissance chinoise fait plus que ralentir, c’est la conséquence de la crise de la zone euro mais aussi de l’instabilité généralisée qu’a entraînée l’interventionnisme militaire de l’OTAN, la planète est de plus en plus à feu et à sang ce qui va a contrario de la tactique internationale chinoise.
A cela il faut ajouter à la veille du renouvellement complet du gouvernement et de la présidence chinoise, un mécontentement grandissant.
Il y a deux problème que l’on pourrait qualifier de « coloniaux » à la manière de l’Asie centrale soviétique, le Tibet ou les Ouïgours (musulmans). Dans les deux cas, l’intégration du territoire (par les migrations de Hans et la croissance économique) se double d’une absence de plus en plus marquée d’intégration des populations parce que le modèle de développement chinois est inégalitaire.
Mais c’est surtout dans ce domaine que la crise se fait plus violente, la Chine n’a pas été capable de créer un grand marché intérieur autrement que par l’enrichissement d’une classe moyenne qui en fait comme celle de l’Inde s’avère une classe supérieure d’environ trois cent millions d’individus face à laquelle un milliard d’individus vivent de plus en plus mal la corruption des notables locaux et des formes d’exploitation dans les entreprises étrangères et dans certaines PME. En revanche les mesures en faveur des paysans ont un peu desserré leur situation mais elles pèsent sur les travailleurs migrants qui malgré certaines améliorations (passeport intérieur, accès aux services de la ville) connaissent des situations toujours aussi insupportables.
A la veille du congrès qui doit changer d’équipe gouvernementale non seulement les luttes de faction s’exaspèrent mais elles le font dans un contexte général de mécontentement contre l’équipe sortante Hu jintao. Certes on a le sentiment et les médias occidentaux font tout pour qu’il en soit ainsi d’assister à de simples jeux de sérail dans lequels seuls comptent la révélation de scandales privés mais cet atmosphère inquiétante correspond en fait également à un mécontentement populaire grandissant.
de ce point de vue je vous renvoie au numéro du monde diplomatique Manière de voir sur la Chine, on y trouve des article intéressant sur la nature réelle de la contestation en Chine . Ainsi l’article sur les sociologues de l’université Tsinghua qui porte la « démocratie sociale », les articles de Shen Dingli ou de Li Xiguang montrent que l’on peut à la fois remettre en cause la façon dont est traitée la contestation sociale, ou les politiques qui ont abouti à un accroissement considérable des inégalités, et ne pas envisager un changement de régime. C’est aussi ce qui ressort des articles d’Isabelle Thireau sur les luttes des migrants.
Danielle Bleitrach
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