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A des amis : quelques faits sur le Venezuela et les futures présidentielles

Le président vénézuélien Hugo Chavez et Jean-Luc Mélenchon, le 6 juillet à Caracas, lors du Forum de Sao Paulo.

ce matin, un inconnu sur facebook a lâché sur le ton de la rumeur villageoise  » je connais  des « gens de gauche » au Venezuela qui souhaitent le départ de Chavez, c’est un pitre, un bouffon ». j’ai siffloté: « au village sans prétention, j’ai mauvaise réputation »… le forum du village global ressemble plus à clochemerle qu’à autre chose et c’est navrant…  Ce « corbeau » du café du commerce  avait adopté tout le vocabulaire de la presse d’opposition vénézuelienne qui ne fait pas dans la dentelle dans l’injure et le racisme… le tout assorti du je connais quelqu’un qui connait quelqu’un…

Alors moi je connais le Venezuela. Je suis loin même trés loin d’éprouver pour ce pays et même pour Chavez l’empathie que je ressens pour Cuba, son peuple courtois et raffiné, cultivé. Caracas est une ville laide, sale, invivable… Et après…

Chavez n’a cessé d’affronter les scrutins démocratiques et il a changé la vie de son peuple

Mais  je ne connais aucun vénézuélien « de gauche » qui pense ainsi sauf les stipendiés de la CIA et ceux qui appartenaient au pétrole et qui se faisaient un fric pas possible en le vendant aux majors du pétrole. Toutes les forces syndicales, sauf un groupuscule complétement isolé et qui est directement lié aux Etats-Unis, soutiennent Chavez. Autre chose est son parti. le Venezuela est un immense pays avec des provinces dont certaines sont encore détenues par les grands propriétaires de l’opposition anti-chavez en particulier à Zulia et ces derniers aidés de la mafia des narcotrafiquants font régner la terreur… Il y a dans l’Etat le plus riche celui de Miranda un gouverneur qui tente de jouer un centre gauche et qui a quelques accointances avec les grands propriétaires mais aussi certains syndicalistes, le tout trés proche des nord-américains. Il y a eu des primaires entre eux pour présenter une opposition unifiée et c’est le gouverneur de Miranda, Henrique Capriles qui sera opposé à Chavez. En tant que figure rénovée de l’ opposition, moins caricaturale que l’antichavisme haineux et primaire, nul doute que les Etats-Unis aient pesé dans le sens d’une telle candidature. Comme par hasard Zulia et Miranda sont des zones aux richesses pétrolières et minérales visées par les grands monopoles et compagnies pétrolières.

Il y a également des notables apparternant au parti de Chavez qui peuvent être corrompus.

Mais sur le fond Chavez non seulement est estimé de son peuple qui le soutient et vote pour lui à toutes les élections reconnues comme transparentes par toutes les commissions internationales, il a littéralement changé leur vie.

Pratiquement toutes les années il y a eu des réferendum, des élections et Chavez les a emportées et tout indique qu’il en sera de même à ces présidentielles. Tout simplement parce qu’il a effectivement changé le Venezuela, la vie politique y était si corrompue que quand Chavez s’est présenté la première fois, il n’y avait que lui, un ancien officier putschiste et une miss Venezuela comme candidats, les partis traditionnels s’étaient écroulés sous le poids des scandales. Les gens crevaient de faim, étaient humiliés et allaient piller les magasins pour se nourrir

. La rente pétrolière était appropriée par les cadres du pétrole qui en échange livraient le pétrole vénézuélien aux majors nord-américaines.

Chavez a changé beaucoup de choses, il en reste pas mal encore à transformer mais la rente pétrolière a été utilisée par le peuple et pour le peuple, des institutions démocratiques de gestion locale ont été mises en place.

La liberté de la presse est totale et les insultes de cette presse liée aux monopoles espagnols sont indignes, racistes, immondes… De surcroît Chavez a apporté à toute l’Amérique latine des aides en particulier avec l’aide des cubains en matière de santé (opération miracle) d’éducation (opération yo si puedo) et l’alphabétisation du Venezuela est une grande réussite… De surcroit et c’est ce qui lui vaut la haine des USA et des capitalistes du pétrole, il a  imposé une rénégociation des contrats pétroliers et entraîné l’OPEP avec lui. Mais on va bien voir si Chavez est ou non détesté par son peuple, il va y avoir des élections libres ouvertes…

La lutte des Etats-Unis contre le Venezuela

A  propos de ces élections présidentielles qui auront lieu à la rentrée, je signale que non seulement elles seront transparentes mais le candidat de l’opposition bénficie trés officiellement du soutien financier des Etats-Unis. Ce qui est tout de même quelque chose qui n’est pas ordinaire et qui devrait soulever nos interrogations. Imaginons qu’il y ait dans le budget des Etats-Unis une ligne officiellement consacrée à soutenir l’opposition de droite en France… Et bien cela se passe comme cela en Amérique latine, à Cuba depuis longtemps et contre Chavez désormais.

Le président Barack Obama a présenté au Congrès un budget de 3 700 milliards pour 2012, le plus élevé de l’histoire des États-Unis. Il prévoit d’importantes baisses dans les programmes sociaux et dans les emplois publics fédéraux partout dans le pays, mais il prévoit une ligne budgétaire pour le financement des organisations anti-chavistes du Venezuela.Sur ces 3 700 milliards :  670 milliards iront au Pentagone, dont le budget continue de croître ;75 milliards aux différents services d’intelligence ;55,7 milliards au département d’État et à l’Agence états-unienne pour le développement international (USAID) (1)

Pour la première fois dans l’histoire récente, le Foreign Operation Budget, qui relève du département d’État, détaille ouvertement le financement des organisations anti-chavistes à hauteur de 5 millions de dollars.

Alors je voudrais que les insultes qui pleuvent sur Chavez soient au moins un peu réparties sur l’élégant président des Etats-Unis qui considère ce genre d’aide aux oppositions et fabriquants de coup d’Etat comme relevant du budget des Etats-Unis. Pour autant je n’ai pas envie que les Républicains l’emportent aux Etats-Unis.

OUI l’extrême-droite tente de prendre pied en Amérique latine

Oui en France, l’extrême-droite, les conspirationnistes, les antisémites veulent s’approprier Chavez. Mais c’est bien là la specificité de toutes les instrumentalisations, partir de faits réels pour les tirer vers la défense de causes étrangères à l’intérêt des peuples. Incontestablement il se passe au Venezueka et dans toute l’Amérique latine des choses importantes en matière de souveraineté des peuples, de l’appropriation de leurs ressources, de la redistribution de celles-ci. La gauche, celle qui cherche réellement une issue, doit savoir les reconnaître et ne pas les laisser dévoyer par une propagande infame qui utilise ce progrès pour tenter d’imposer un néo-nazisme.

Comme les mêmes utilisent la lutte pour la paix que nous ne menons pas pour faire avancer leurs idées nausabondes et leurs soutiens des tyrans. Comme les mêmes utilisent ce que subissent les Palestiniens et la politique israélienne pour faire avancer le réhabilitation du nazisme.

L’Iran joue un rôle sur lequel j’ai plusieurs fois insisté mais si l’on voit bien la manière dont ce pays finance l’extrême-droite négationniste on a tendance à ignorer les principaux soutiens du fascisme islamiste que sont l’Arabie saoudite et le qatar… qui sont en train de modeler avec l’appui de l’occident tout le proche orient et à s’attaquer au Maghreb.

Il faut regarder de près les nouveaux rapports sud-sud, les politiques en faveur des souverainetés nationales menées par les pays émergents du BRIC (Brésil, Russie,Inde et Chine), être inconditionnel de personne mais ponctuellement appuyer  ce qui défend paix, souverainté des peuples sur leurs ressources et dénoncer qui utilise des prétextes pour se les approprier en favorisant partout les guerres.

Il faut arrêter de caricaturer les forces en présence et partout rester axés sur la souveraineté et le développement endogène, au profit des peuples et de leur émancipation collective et individuelle, de ce point de vue Chavez représente une force positive.

Donc prenons l’habitude premièrement de mener ensemble des combats ponctuels sans prétendre imposer aux autres l’ensemble de notre conception du monde… Apprenons à discuter des faits dans le respect les uns des autres.

Danielle Bleitrach

(1)  vous n’êtes pas obligés de connaître ce que révèle ce budget et le détail des opérations et l’exemple de USAID notée ici nous permet de mesurer que même l’aide « humanitaire » peut être l’instrument d’une domination sur la souverainté d’un pays : L’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID) est l’agence indépendante du gouvernement des États-Unis chargée de développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde. Elle a  été créée par Kennedy dans l’esprit du plan Marshall mais en fait sous couvert de l’humanitaire et de la démocratie, elle soutient l’opposition qui convient aux Etats-Unis contre les chefs d’Etat qui lui déplaisent. De surcroît elle agit pour les trusts de l’agroalimentaire et gros producteurs d’OMG. Selon l’ONG Les Amis de la Terre, les autorités américaines utiliseraient « la faim à des fins commerciales et politiques, au bénéfice des grosses industries agroalimentaires », notamment par le biais de l’USAID pour livrer du « maïs transgénique dans les pays d’Afrique australe »

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Publié par le juillet 22, 2012 dans Uncategorized

 

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Pourquoi un nouveau blog de danielle bleitrach ? La République, le nom-du-père et le pas grand chose…

A la rentrée universitaire de 2011-2012, nous avons prévu de fonder un blog cinéma, nous c’est-à-dire une groupe d’étudiants de cinéma de l’Université de Provence. En attendant que ce blog existe, j’ai ouvert celui-ci dans lequel je pourrais approfondir  ce choix de…  déposer mes valises. Déposer mes valises cela signifie m’installer j’espère pour la dernière fois mais aussi abandonner ce qui est trop lourd.

 Lundi, je recommence une analyse.  Je me donne pour objectif universitaire de cette année un approfondissement de la relation entre Histoire et fiction, à partir d’un film Les Bourreaux meurent aussi qui raconte l’assassinat d’Heydrich à Prague, un film de Fritz Lang avec la collaboration de Bertolt Brecht. Un livre est en train de prendre forme, son titre : le nazisme n’a jamais été éradiqué. J’en suis convaincue.

 je vais tenter de vous faire partager mes plaisirs cinématographiques mais aussi mes lectures, les expositions que j’aime, la musique, les voyages et de temps en temps des réflexions politiques… Si ça me paraît utile, on verra… Un jour j’ai dit à un dirigeant communiste: vous qui voulez faire le bonheur de l’humanité comment pouvez-vous négliger à ce point tout ce que la dite humanité considère depuis l’aube des siècles comme le meilleur d’elle-même, ces silouettes animales, ces mains appliquées sur les parois de la caravane, cet essentiel que le politique a toujours manipulé avec un certain mépris, trop naif, hors sujet… Et pourtant…

D’abord dire un état d’esprit, celui d’une vieille dame de 73 ans qui hume le dernier été, c’est une image mais elle exprime ces bonheurs de la fin d’un été où les goûts, les senteurs arrivent à foison avec un léger parfum d’herbes coupées et humides, des éclats de rire d’enfant. On est enfin rassassié parce que l’on sait que bientôt tout cela va s’achever et qu’on a vécu et bien vécu. Je me souviens de cette phrase de Diderot expliquant que la mort était un sommeil dans lequel il partirait repu d’avoir aimé, vécu, senti. Je commence à comprendre les épicuriens qui prétendaient que n’attendre rien d’autre après apportait la sérénité, je suis en train de vivre une belle fin d’été avec à chaque moment l’épanouissement d’imaginer que ce sera peut-être le dernier.

Autre chose, j’ai toujours regardé  entre deux focales, deux champs de persception, c’est le regard mais c’est plus, c’est un positionnement, un rêve éveillé parfois proche de l’hypnose qui a rendu ma vie si pleine…  L’histoire et sa longue durée, l’espace planétaire d’un côté et d’un autre les bouleversements, l’indignation de l’actualité. Je pense tout à coup à ce magnifique texte de Marc Bloch sur la défaite dans les années quarante, un texte lucide par l’auteur de la société féodale… Je me revois non sans sourire en train de surveiller la route de la légion à Puyloubier, au volant d’une vieille quatre chevaux, je lisais la société féodale de Marc Bloch et je notais les numéros de voiture pour savoir si un ennemi de l’OAS ne passait pas par là…

 J’ai vécu comme ça et aujourd’hui je retrouve cette manière d’être dans plusieurs temps dans mon approche d’un film, du cinéma… Une archéologie mais j’y reviendrais…

Pourquoi avoir abandonné Changement de société?   Je suis devenue communiste à cause de ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale, l’extermination nazie. Le choix d’être communiste avait deux fondements essentiels, le premier était de remercier ceux qui avaient donné leur vie pour nous libérer du nazisme, les communistes. Le second était que personnellement je refusais d’aller dans la chambre à gaz comme une victime parce que juive; si les racistes, les nazis me mettaient en camp de concentration ce serait en tant que combattante. Depuis plusieurs décennies le sort s’est acharné sur cet engagement, on dirait que tout a été fait pour m’en désespérer…  Mais le coup de grâce a été  le négationnisme dans le camp de l’anti-impérialisme.  Et pourtant le paradoxe est là, je reste communiste, déjà sans parti, désormais dans le no man’s land d’une histoire que je continue à défendre parce que la mémoire m’est essentielle pour survivre, pour comprendre. A propos de mémoire historique, j’ai failli réécrire dans Changement de Société, pour dire à quel point je trouvais indécent et grotesque les faux débats autour du défilé du 14 juillet. Quelque jours auparavant toute cette bande de faux culs avait voté sans état d’âme les crédits à la sinistre expédition otanesque en  Libye, et là il nous la jouaient Vive la mère patrie et son héroïque armée républicaine

Il n’y a plus d’armée Républicaine. Ceux qui défilent ne sont plus les soldats de l’an II, les gueux de la République qui la défendaient face aux rois conjurés ? Non! C’est une armée mercenaire qui va porter le feu et le sang dans une démarche colonialiste, impérialiste… Oui on peut pleurer les soldats morts en Afghanistan, mais comme de pauvres chômeurs à qui il ne restait pas grand chose d’autre à faire que de vendre leur vie… Quant à la République, Machiavel, ici d’accord avec Spinoza et Marx, en définit l’essence: « Dans toute république, il y a deux partis ; celui des grands et celui du peuple ; et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition (…)On ne peut pas davantage qualifier de désordonnée une république où l’on voit briller tant de vertus : c’est la bonne éducation qui les fait éclore et celle-ci n’est due qu’à de bonnes lois ; les bonnes lois à leur tour sont le fruit de l’agitation que la plupart condamnent si inconsidérément. Quiconque examinera avec soin l’issue de ces mouvements ne trouvera pas qu’ils aient été la cause d’aucune violence qui ait tourné au préjudice du bien public ; il se convaincra même qu’ils ont fait naître des règlements à l’avantage de la liberté »  N.Machiavel, « Discours sur la première décade de Tite-Live» dans Œuvres Complètes, Paris, Gallimard,1952, livre I, chapitre IV, pp 390-391 .

Le problème n’est-il pas justement qu’il n’y a plus de République  quand il n’y a plus d’affrontement entre le parti des Grands et celui du peuple, donc pas de possibilité de faire de la politique la conquête de l’émancipation, de la liberté…

 A la République il manque un peuple.

  Avez-vous vu le film de Cavalier et Lindon, Pater? Alain Cavalier est un des cinéastes français qui a encore  quelque chose à dire et qui a une véritable écriture, un désir de liberté qui aurait dû lui faire retrouver la politique, il revient au fondamental, au fait qu’il devrait y avoir un point de jonction  entre la nature et la culture, la culture au sens large, ce que l’on mange, les habits qui s’entassent dans le dressing et que Lindon ne jette pas, les siens, ceux du père, la culture ainsi conçue qui foit le système d’alliance et de parenté qui tient l’individu comme une parole, comme cette cravate qui passe de main en main. Si le politique était cette appartenance à la même famille que le père, à la même communauté, à la même espèce humaine… Est-ce l’important?

Mon humeur varie.  Cette relation fusionnelle entre un acteur et un metteur en scène, un président et son premier ministre tout à coup me paraît vaine, c’est la politique vue par Mitterrand, une corruption permanente, une faisanderie.  Et en disant celà je me trouve injuste parce que j’aime tellement la manière dont Cavalier frôle avec sa caméra la cuisine, les plats dont on croit sentir les odeurs… Les papilles salivent on imagine ce que pourrait être ce partage, ce lien social politique mais aussi paternel et filial entre un président et son premier ministre, on touche au pouvoir, la représentation qui nous donne le sentiment d’exister. Cavalier a vielli, il est devenu son propre père et il veut offrir à Lindon tout ce qu’il a mais en fait c’est de Lindon qu’il se nourrit, son univers qu’il exhibe. dans cette cuisine politique on partage le pain  dans un acte de parole ininterrompu:  « Car l’homme qui, dans l’acte de parole, brise avec son semblable le pain de vérité, partage le mensonge » dit Lacan dans un texte énigmatique -sans doute pour préserver l’indicible- texte intitulé la Prosopée de la vérité. Un texte énigmatique mais très beau  revendiquant entre l’analyste et l’analysant une mise en scène qui cherche la vérité.

Oui le mensonge et c’est la poursuite de l’ère Mitterrand,   la tactique comme une école des passions et la menace d’être abandonné vaincu par son propre fils, le successeur haï résultat le vieux se débrouille de  faire perdre le fils adoptif, « Tu quoque papa! » dit Brutus en s’effondrant sous la traîtrise du coup… Qui a entendu le vieux Chirac appeler à voter Hollande sait ce qu’il en est aujourd’hui  des affrontements républicains… La fin de Volpone ce vieux filou…

 Pas de femme, Cavalier a expliqué au cours du débat que c’était un film qui était fait pour les femmes puisque les hommes y étaient offerts en spectacle. Et si le pouvoir c’était justement le fait que les hommes s’amusent entre eux en feignant de ne pas s’intéresser aux femmes pour qu’elles croient qu’ils mentent alors que c’est vrai que ces hommes là ne s’intéressent pas à elles, simplement ils sont la proie d’une frustration narcissique, une faim qui ne peut pas s’assouvir. 

Danielle Bleitrach

 
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Publié par le juillet 17, 2011 dans actualités, CINEMA

 

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