Oui j’ai connu le temps où une exposition de Picasso à Marseille suscitait de la part des dockers et des autres travailleurs du port un véritable engouement, ils faisaient la queue pendant des heures pour voir les tableaux de ce génie qui était un peu le leur. Oui ce parti était le lieu où se mêlaient l’avant-garde de tous les arts et les sciences et celle des héros de la Résistance, comme il le dit. Ce parti je ne pourrais jamais l’oublier parce qu’il est la preuve de ce dont j’ai voulu témoigner dans mes mémoires, de ce monde un moment apaisé où tous ensemble nous nous rencontrions pour inventer l’avenir, pour nous parler, pour transformer le monde, nous avons été des révolutionnaires, ces géants ne sont plus là , nous pouvons encore dire et certains essayent d’étouffer nos voix, c’est imbécile; ‘note de danielle Bleitrach)
Pablo Picasso interviewé par Paul Galliard, pour le magazine américain «New Masses». Reproduit dans «L’Humanité», organe central du Parti communiste français, n ° 64, Paris, les 29 et 30 octobre 1944.
«L’Humanité» a reçu il y a dix jours en provenance de New York le télégramme suivant: «NOUS DEMANDONS UNE ENTREVUE AVEC PICASSO SUR SON ADHÉSION AU PARTI COMMUNISTE. EXPEDIE PAR CABLE NEW MASSES ».
Ainsi, un des grands hebdomadaires des États-Unis n’hésite pas à nous demander, par câble, les raisons de l’adhésion de Picasso à notre parti, sûr de l’intérêt que ces déclarations susciteront parmi tous les artistes américains et hommes de progrès . Quelqu’un osera-t-il ensuite affirmer que l’exposition Picasso dans la salle d’automne porte atteinte au prestige de la France?
Nous sommes donc allés rencontrer notre grand camarade dans son atelier et voici la déclaration qu’il a faite pour « New Masses ». Nous pouvons le publier aujourd’hui, toute l’Amérique est déjà au courant.
«Je préférerais y répondre par une peinture», dit-il: «Je ne suis pas un écrivain, mais comme il n’est pas facile d’envoyer mes couleurs par câble, je vais essayer de vous l’expliquer …
Mon adhésion au Parti communiste est la conséquence logique de toute ma vie, de tout Mon travail Et c’est cela essentiellement, et je suis fier de le dire, j’ai considéré la peinture comme un art de la satisfaction élémentaire, du plaisir: j’ai voulu, par le dessin et la couleur, parce que c’étaient là mes armes, pénétrer toujours au-delà de la connaissance monde et des hommes, de sorte que cette connaissance nous libère tous davantage chaque jour; J’ai essayé de dire, à ma manière, ce que je considérais comme plus vrai, plus juste, le meilleur, et c’était toujours, bien sûr, le plus beau, les plus grands artistes le savent bien.
Oui, je suis conscient d’avoir toujours combattu dans ma peinture, comme un véritable révolutionnaire. Mais maintenant j’ai compris que cela ne suffisait pas; Ces années de répression terrible m’ont montré que je dois me battre non seulement avec mon art, mais avec tout mon être …
Et ainsi, j’ai approché le Parti communiste sans hésiter, parce que, au fond de moi, je suis avec lui depuis toujours. Aragon, Éluard, Cassou, Fougeron, tous mes amis le savent bien; si je n’ai pas officiellement adhéré avant c’était par ce que l’on pourrait considérer comme de la « candeur », parce que je croyais que mon travail, mon adhésion du cœur suffisait, mais c’était déjà mon parti. N’est-ce pas ce parti là qui œuvre le plus pour la connaissance et la construction du monde, pour rendre les hommes d’aujourd’hui et de demain plus lucides, plus libres, plus heureux? Les communistes qui ont fait preuve de plus de courage à la fois en France et en URSS, ou dans mon Espagne? Comment aurais-je pu douter? Avoir peur de m’engager? Oui, au contraire, jamais je ne me suis jamais senti aussi libre, aussi complet! Et puis, j’étais si pressé de retrouver un pays: j’ai toujours été un exilé, je ne le suis plus: dans l’attente que l’Espagne puisse enfin m’accueillir, le parti communiste m’a ouvert les bras et là j’ai retrouvé tous ceux que je tiens en estime, les plus grands savants, les plus grands poètes, et toutes les figures des insurgés parisiens, si magnifiques, que j’ai pu voir durant les journées d’août, je suis de nouveau au milieu de mes frères ».
Il ait aisé de percevoir, sous ses belles paroles, la simplicité et l’émotion avec lesquelles Picasso nous a parlé.
Certes, en tant que communistes, nous n’avons pas l’intention de prendre parti pour l’une ou l’autre école de poètes ou de peintres; l’admiration que beaucoup d’entre nous éprouvent devant les toiles de Picasso, où, après l’étonnement initial, ils découvrent tant de beautés nouvelles , ne reposent sur aucun compromis. Mais nous sommes très fiers de compter dans nos rangs, aux côtés de Langevin et Joliot-Curie, d’Aragon et d’Éluard, un homme dont le génie est reconnu comme celui de l’un les plus grands peintres du monde: au service du prestige intellectuel et artistique de la France, Comme dans tout autre domaine, les communistes sont les premiers.
Discours prononcé par Miguel M. Diaz-Canel Bermudez, président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, à la clôture du 9e Congrès de l’UNEAC, au Palais des Conventions, le 30 juin 2019, « Année 61 de la Révolution »
Photo: José Manuel Correa
(Traduction de la version sténographiée du Conseil d’État)
Chers écrivains, artistes, créateurs,
Compañeros et compañeras de la présidence,
Ministres et vice-ministres présents,
Tout d’abord, recevez les salutations chaleureuses du général d’armée, salutations dont je suis porteur.
Votre 9e Congrès s’achève. Je ne parle pas de ces journées d’analyse et de débats au Palais des Conventions, mais des longs mois d’échanges et de contributions de la base. Combien d’intelligence et de talent, combien apprend-on de vous !
Il s’agit d’un processus que nous avons suivi de près lors de fréquentes réunions avec la Commission d’organisation, en tentant de trouver, autant que possible, des solutions aux insatisfactions les plus généralisées, et en confirmant, une fois de plus, la valeur d’aller au fond de l’extraordinaire foisonnement créatif du peuple cubain. La vérité nous y attend toujours.
Permettez-moi de me sentir un de plus parmi vous : dans l’insatisfaction et aussi dans l’engagement. Je suis un passionné d’art et de culture dans leurs expressions les plus diverses, qu’elles soient de Cuba ou universelles.
Les questions qui ont été abordées ici sont généralement le pain de chaque jour dans notre famille et entre amis. Du fait des professions de mes trois enfants et de mon épouse, la culture est presque permanente dans nos vies. En raison du besoin impérieux de l’esprit, nous ne saurions pas vivre sans accès aux arts.
Le contact avec la création artistique, ainsi que la gloire de notre Patrie, provoque sans cesse en nous l’émotion la plus profonde Personnellement, je ne saurais séparer le sentiment de plénitude, voire de bonheur, d’un plaisir esthétique déterminé. Et s’il s’agit de culture cubaine, le plaisir s’en trouve multiplié.
Ce que je veux vous dire, c’est que durant ces derniers mois, ces journées, ces heures, plus d’une fois, nous avons eu l’impression d’être parmi vous, partageant ce que vous exprimez et engagés envers ce que vous faites.
Et d’après ce que vous dites et ce que vous faites, je sais que beaucoup d’entre vous, parfois, se sont sentis à notre place, mis au défi de donner continuité à un processus historique unique, à l’impact et à la portée universelle et au leadership comparable seulement à la grandeur de la Révolution elle-même, un fait culturel supérieur qui a transformé depuis la racine une petite nation arriérée en une puissance mondiale indiscutable, non en raison de ses ressources matérielles mais de ses ressources humaines et sentimentales.
Photo: José Manuel Correa
Lorsque nous regardons le monde et que nous passons l’Histoire en revue, nous pouvons dire : Quel miracle de pays, quel grand peuple sommes-nous devenus ! C’est ce que nous ressentons quand nous assistons à un ballet ou à un spectacle de danse, à des concerts de musique, aussi bien dans un grand théâtre que dans un théâtre de nos quartiers ; à des pièces de théâtre, à des premières de films, à des foires du livre, d’artisanat, dans des galeries, à des « bœufs » de rumba ou à des écoles de dessin.
Un pays soumis à un blocus pendant six décennies, persécuté avec hargne et perfidie jusque que dans la gestion des médicaments pour enfants, bombardé par les médias les plus influents de la planète, ne s’est pas contenté de résister et de survivre. Comme je l’ai dit à l’occasion : « Nous sommes une Révolution qui peut se vanter d’avoir été racontée et chantée, depuis ses origines, avec le talent et l’originalité de ses artistes et créateurs, authentiques interprètes de la sagesse populaire et aussi des insatisfactions et des espoirs de l’âme cubaine.
« Et il en sera toujours ainsi. Intellectuels, artistes, journalistes, créateurs, seront toujours à nos côtés avec la détermination que cet archipel que la Révolution a placée sur la carte politique du monde continue d’être reconnu pour sa façon unique de se battre, en chantant, en dansant, en riant et en étant victorieux.»
Peut-être n’avons-nous pas encore appris, et dans certains cas avons-nous désappris, à raconter cette merveille, mais personne ne peut désormais nous ôter la fierté d’être une nation qui se respecte, grâce à une Révolution qui a toujours placé l’être humain au centre.
C’est quelque chose que notre génération doit en premier lieu aux fondateurs, depuis Céspedes jusqu’à Marti. Aux créateurs qui ont poursuivi leurs luttes et principalement à Fidel, l’intellectuel et guide incontesté de la Génération historique qui, en même temps que la remise de la terre et des usines à ceux qui la travaillaient, a alphabétisé le peuple, universalisé l’enseignement, créé des institutions culturelles puissantes et, dans les moments les plus difficiles, nous a appris que « la culture est la première chose qui doit être sauvée ».
Photo: José Manuel Correa
Pourquoi Fidel insistait-il sur cette idée, qu’il a répétée si souvent ? Vous le savez sûrement, mais il n’est pas superflu de le rappeler. Parce que« nulle proue n’est capable de fendre une nuée d’idées », disait Marti.
Et Fidel a su mettre en garde sur le risque de perdre notre plus grande force : l’unité, l’identité, la culture, avec l’avalanche colonisatrice qui avançait au temps de la mondialisation, avec l’accès massif aux nouvelles technologies, promu par les marchands modernes, non pour enrichir mais pour appauvrir la capacité critique et la pensée libératrice.
Conscient que ces technologies au développement accéléré seraient une arme puissante d’éducation et de multiplication des connaissances auxquelles la Révolution ne pouvait ni renoncer ni accéder tardivement, Fidel fonda l’Université des Sciences informatiques (UCI), et alertait parallèlement la société cubaine sur l’importance de sauver la culture.
Ainsi qu’auparavant, dans ces réunions de la Bibliothèque nationale qui donnèrent lieu à ses « Paroles aux intellectuels » et très peu de temps après à la création de l’Uneac, Fidel se tournait vers l’avant-garde intellectuelle et artistique pour relever des défis que seul un visionnaire, comme [Miguel] Barnet l’avait défini, pouvait remarquer.
S’il y a 60 ans, la tentative de fracturer l’union viscérale entre cette avant-garde et sa Révolution, autrement dit, elle-même et son peuple, a été vaincue, plus tard et à maintes reprises au long des années l’adversaire s’est acharné inutilement pour y parvenir. Au changement de siècle, la bataille a atteint des sommets en s’attaquant aux forces progressistes dans la région et dans le monde.
Des mouvements tels que le Réseau en défense de l’Humanité et des projets culturels qui ont fleuri dans tout le pays ont démontré l’extraordinaire force de l’avant-garde pour nourrir et soutenir la spiritualité de la nation.
Photo: José Manuel Correa
De l’UNEAC fondée par Nicolas Guillén et d’autres cubains universels est né un éternel engagement envers le destin de la culture nationale, qui s’est affirmé ces jours-ci. Et c’est extraordinaire de voir la continuité de cette œuvre dans une organisation dirigée jusqu’à aujourd’hui par l’un des plus jeunes délégués à cette rencontre il y a 58 ans : le poète, essayiste, ethnologue, intellectuel, en bref, Miguel Barnet.
Ici, il a été question à plusieurs reprises des « Paroles aux intellectuels ». Je ne conçois pas un artiste, un intellectuel, un créateur cubain qui ne connaîtrait pas ce discours qui a marqué la politique culturelle en Révolution. Je n’imagine pas qu’un dirigeant politique, un fonctionnaire ou un dirigeant de la culture qui ignorerait ses définitions de principe pour s’acquitter de ses responsabilités.
Mais j’ai toujours été préoccupé par le fait que quelques phrases soient extraites de ce discours et qu’elles soient brandies comme des consignes. Il est de notre devoir de le lire en sachant que, s’agissant d’un document pour tous les temps, en raison des principes qu’il établit pour la politique culturelle, il requiert également une interprétation contextualisée.
Manifestement, Fidel a posé un point de départ : la relation entre la Révolution, l’avant-garde intellectuelle et artistique et le peuple. À cette époque, tout le monde n’était pas clairement conscient comme l’était Fidel de ce que les artistes et les intellectuels allaient comprendre dans la construction de leur œuvre : que la Révolution, c’était eux, c’était leurs œuvres et c’était le peuple.
C’est pourquoi il est réducteur de se limiter à citer sa phrase fondamentale : « Dans la Révolution tout, contre la Révolution rien », en ignorant le fait que la Révolution c’est plus qu’État, plus que Parti, plus que gouvernement, parce que la Révolution, c’est nous tous qui la rendons possible dans la vie et dans l’œuvre.
Et il serait également contradictoire avec l’originalité et la force de ce texte, de prétendre qu’il régisse de manière unique et inébranlable la politique culturelle de la Révolution. Ce serait couper les ailes de son vol fondateur et de son esprit de convocation.
Photo: Juvenal Balán
Aujourd’hui, nous avons le devoir d’apporter ses concepts à notre époque et de défendre leur incontestable actualité, en évaluant les temps que nous vivons, les nouveaux scénarios, les plateformes néo-colonisatrices et banalisantes que l’on tente de nous imposer, ainsi que les besoins, mais aussi les possibilités qui se sont ouvertes au cours années et des avancées technologiques.
Il convient de faire de nouvelles et enrichissantes lectures de ces Paroles. Développer et renforcer la politique culturelle, qui n’a pas été écrite au-delà des Paroles… et de lui donner le contenu que l’époque actuelle exige de nous.
Vous en avez fait beaucoup. Comme nous l’avons apprécié, vous avez travaillé et vous avez mieux progressé là où vous avez agi en coordination avec d’autres forces intellectuelles, comme celles créées par les universités et d’autres centres de recherche en sciences sociales et humaines.
De toute évidence, les résultats sont plus nombreux et meilleurs là où la création est soutenue par de nouveaux supports technologiques qui facilitent le travail.
Il y a quelques jours, lors d’un entretien avec la Commission d’organisation, j’ai abordé l’un des sujets qui suscitent toujours le plus de discussions dans les événements de l’UNEAC : la relation avec le tourisme. Et un autre sujet plus actuel qui est la politique culturelle dans les espaces de l’économie d’État et privée.
Aujourd’hui, je tiens à rappeler que nous avons, depuis l’administration, le devoir d’être cohérents. Il n’y a pas de politique culturelle pour le secteur d’État et une autre pour le secteur privé. Dans les deux secteurs, il convient de promouvoir, défendre et donner de l’espace à ceux qui font de l’art véritable.
Et dans le cas spécifique du tourisme, j’ai insisté sur le fait que la culture est un maillon fondamental dans les chaînes de production qu’il nous intéresse de promouvoir. Mais je défends surtout l’idée que le tourisme ne doit pas seulement amener les artistes dans ses établissements, mais que nous devons promouvoir une activité culturelle très intense dans toutes nos villes et zones touristiques qui, tout en enrichissant la vie culturelle du peuple, attire et conquiert le visiteur. Il nous faut être authentique et cesser de vendre des « spectacles en conserve », des produits pseudo-culturels qui répondent plus à la rentabilité qu’à la fierté de montrer qui nous sommes vraiment.
Cuba est une puissance culturelle et aujourd’hui le tourisme, tout en étant une activité économique qui contribue quotidiennement au budget, la vérité c’est qu’il apporte cependant beaucoup moins de ce qu’il pourrait le faire si les touristes sortaient pour consommer des biens et des services, non seulement culturels, mais surtout culturels (applaudissements).
À ce propos le système d’écoles d’art dispose d’une source de revenus provenant de l’exportation de services, insuffisamment exploitée, dans la production de cours dans des domaines de l’éducation artistique, dans lesquels nous sommes vraiment compétents et où nous devons établir des modalités et des prix cohérents avec le niveau de l’académie cubaine.
Dans le même ordre d’idées, il revient à l’UNEAC d’être une sorte d’électrode mobilisatrice de forces et d’actions visant la projection internationale de nos industries culturelles. Ne pas oublier que lorsque toutes les portes ont été fermées pour Cuba à cause son audacieuse volonté de souveraineté et de liberté, même dans l’empire, au moins quelques petites fenêtres se sont ouvertes par lesquelles sont entrés la musique, les arts plastiques, le ballet, la danse, le théâtre et autres manifestations culturelles.
Les ponts que la culture cubaine a construits, avec le soutien d’amis fidèles, durant tant d’années où n’ont existé aucune ou de rares relations entre Cuba et les États-Unis, nous ont permis de maintenir vivant un échange entre nos peuples d’une force telle que l’actuelle administration étasunienne a décidé de l’interrompre définitivement.
Mais les intellectuels et les artistes ont servi d’ambassades culturelles également vers l’Europe, l’Asie, l’Afrique ; ils ont ouvert des portes et favorisé des compréhensions qui pourraient être plus difficiles et même impossibles sans eux.
Il faut beaucoup, beaucoup travailler dans ce sens. Et vous avez le talent, la force et les connaissances pour le faire grandir, en apportant au pays les ressources indispensables à son développement.
Photo: José Manuel Correa
Je partage également les préoccupations de ceux qui estiment que certaines institutions de la Culture sont restées en arrière des créateurs. Il est inacceptable que l’on ne comprenne pas que toutes les institutions culturelles existent pour et par les créateurs et leur œuvre (exclamations et applaudissements), et non l’inverse, et que le bureaucratisme et le manque de professionnalisme étouffent la création.
Dans la bataille contre ces moulins à vent, aussi anciens qu’ils sont nuisibles, nous considérons que l’UNEAC a un rôle fondamental à jouer. Il faut rendre l’organisation plus proactive dans ses bases: enquêter sur les missions que chacune des sections accomplit en fonction de ceux qu’elles représentent et quels domaines de discussion elles conduisent. À partir de quelles positions ? Avec quels leaderships ?
Je vois aussi l’UNEAC lutter pour sauver et renforcer le poids et le rôle de la critique culturelle. Le manque d’analyses sérieuses et bien fondées sur les valeurs réelles des œuvres et des espaces culturels décourage les créateurs et prive les publics, en particulier les plus jeunes, de critères d’orientation qui établissent des hiérarchies artistiques à temps.
Il est incontestable que les créateurs cubains résidant dans le pays ont des œuvres capables d’égaler le meilleur de la création de leurs contemporains qui travaillent et vivent dans des pays du Premier monde, dans des conditions matérielles et incitatives parfois bien supérieures, ce qui leur a permis d’accéder à des marchés exigeants.
Pourquoi depuis Cuba ne parvenons-nous pas pas insérer, diffuser, exporter l’œuvre de ceux qui travaillent dans le pays et au lieu de cela faisons-nous la promotion et la reproduction de ce que le marché a déjà estampillé et nous renvoie enveloppé dans ses règles ? (Exclamations et applaudissements prolongés.) De quoi nos institutions ont-elles besoin pour faire en sorte que nos créations culturelles les plus authentiques s’épanouissent ?
On entend beaucoup le reproche – sur lequel il est important que les organisations d’artistes réagissent – selon lequel le système d’entreprises ou les dénommées industries culturelles, liées à la création artistique, en matière de production, promotion et commercialisation, sont restées à la traîne.
La culture peut et doit contribuer au Produit intérieur brut du pays et c’est à cela que servent ses entreprises. Les insatisfactions des artistes et des créateurs qui doivent gérer absolument tout pour diffuser ou promouvoir leurs œuvres ne manquent pas, alors que ceux qui en auraient la responsabilité exercent une sorte de parasitisme de l’inactivité (exclamations et applaudissements prolongés).
Les artistes ont le devoir de payer leurs impôts, mais ils ne devraient pas avoir à payer les entreprises si celles-ci n’ont rien eu à voir avec leurs contrats de travail, leur promotion ou leur protection juridique (exclamations et applaudissements prolongés).
Le fait que ce parasitisme favorise la corruption est un secret de polichinelle (exclamations et applaudissements), et masque le non-respect de la fonction de représentation et de gestion des opportunités pour le créateur et son œuvre. Il est inutile et trompeur que le peu de ressources dont dispose le pays soit recyclé entre des organismes sans aucun effet sur l’économie réelle (Exclamations et applaudissements).
D’autres questions qui, à mon humble avis, devraient susciter des actions et des réactions de la part de nos créateurs regroupés au sein de l’UNEAC concernent ceux que certains d’entre nous appelons « mercenaires culturels », qui sont prêts à lyncher tout artiste ou créateur qui fait l’éloge de la Révolution ou chante en faveur des causes les plus difficiles et en même temps les plus nobles dans lesquelles sont engagées les forces progressistes de notre région et du monde (Applaudissements).
Souvenons-nous du message du général d’armée Raul Castro Ruz, à l’occasion du 55e anniversaire de l’UNEAC :
« Aujourd’hui, nous sommes doublement menacés dans le domaine de la culture : par les projets subversifs qui prétendent nous diviser et par la vague colonisatrice mondiale. L’actuelle UNEAC continuera de relever ces défis complexes avec courage, engagement révolutionnaire et intelligence. »
Cette plate-forme colonisatrice promeut les paradigmes les plus néolibéraux : un minimum d’État ; le marché le plus que possible ; tout se vend et tout s’achète ; le soi-disant succès unique de l’entreprise privée ; attentifs à ceux qui mettent le marché en premier et non la culture ; égoïsme et vanité personnelle et non engagement social de la culture (Exclamations et applaudissements).Nous avons déjà dénoncé le fait que l’administration étasunienne actuelle alloue de nouveau des fonds plus importants à la subversion et qu’elle demande à ceux qui souhaitent accéder aux terres privilégiées de l’empire de rendre compte de ce qu’ils font ou disent sur les réseaux sociaux. Au vu de ce que certains taisent ou disent contre leurs propres compatriotes, il est facile de déduire lesquels aspirent à gagner le pitoyable billet.
Marti les appellerait « apostats ». Je me demande si quelqu’un croit que le fait de servir celui qui nous soumet au blocus, nous attaque et entrave notre développement lui ouvrira pour longtemps la petite porte par laquelle ils donnent accès à ceux qui renient leurs racines.
Nous n’allons pas limiter la création, mais la Révolution qui a résisté 60 ans pour avoir su se défendre, ne va pas laisser ses espaces institutionnels entre les mains de ceux qui servent son ennemi, soit parce qu’ils dénigrent tout effort pour surmonter le siège économique, soit parce qu’ils bénéficient des fonds pour détruire la Révolution (applaudissements).
Les limites commencent avec le non-respect des symboles et les valeurs sacrées de la Patrie. (Applaudissements).
La Constitution que nous venons d’adopter et qui sera complétée par ses lois correspondantes a, parmi les premières, celle des symboles nationaux.
Les naïfs font autant de mal que les pervers. Ce ne sont pas des temps de négation des idéologies, ni de décontextualisation. Et rien de tout cela ne signifie nier la liberté de création ou faire des concessions esthétiques. Cela signifie avoir le sens du moment historique, savoir qu’au-delà de Cuba, le monde vit des heures de grands risques et d’incertitudes, où les puissants passent outre les lois internationales, déclenchent des guerres sous le couvert de « fake news » ou fausses nouvelles et détruisent des civilisations millénaires au nom de l’intervention humanitaire. Construire et défendre un projet socialiste signifie défendre l’humanisme révolutionnaire.
Comme à l’époque de « Paroles aux intellectuels », la Révolution insiste sur son droit à défendre son existence qui est, aussi, l’existence d’un peuple et de ses créateurs et intellectuels.
J’aurais beaucoup plus à leur dire, mais je sais qu’il y aura de nouvelles occasions de le faire. Nous avons proposé de tenir des réunions mensuelles avec les dirigeants élus et les groupes de créateurs, ainsi qu’avec les ministères, pour examiner tout ce sur quoi nous pourrons collaborer pour enlever chaque fois une partie plus grande des problèmes et des difficultés (applaudissements).
Pour cela, comptez sur le soutien du gouvernement, dont six ministres et vice-ministres des organismes de l’Administration centrale de l’État sont présents aujourd’hui. Le Rapport des commissions nous offre un très large éventail de questions que nous devons maintenant traiter ensemble et y apporter des solutions.
Ne laissez pas mourir le Congrès. Travaillez à faire une réalité de tout ce que vous estimerez bénéfique à la nation, à sa spiritualité, à l’avenir que ceux qui n’ont pas pu nous détruire veulent nous refuser.
Nous nous sentons à l’aise parmi vous, enthousiastes, optimistes, conscients de fait que comme nous l’enseigne Raul : « Oui, on peut » quand on le veut. Et vous et nous, c’est-à-dire la Révolution, nous voulons la même chose :
Un pays libre, indépendant et souverain,
Fidèle à notre histoire,
Qui garantisse la justice sociale et une répartition équitable des richesses,
Dans le respect de la pleine dignité de l’être humain, femme et homme,
Avec une identité culturelle solide,
Où l’accès gratuit et universel à l’éducation sera préservé,
Qui avancera vers un développement économique équilibré et durable,
Prospère, inclusif, participatif,
Invulnérable sur les plans militaire, idéologique, social et économique,
Avec des services de santé gratuits de la plus haute qualité pour tous,
Solidaire, généreux, humaniste,
Qui condamnera toute forme de discrimination,
Où le crime organisé, la traite des personnes ou le terrorisme ne prospèreront jamais,
Défenseur des droits humains pour tous, et non pour des segments exclusifs ou privilégiés,
Libre de toute forme de violence, d’esclavage, d’exploitation humaine,
Avec un exercice exemplaire de la démocratie du peuple et non du pouvoir antidémocratique du capital,
Capable de vivre en paix et de se développer en harmonie avec la nature et de prendre soin des sources dont dépend la vie sur la planète.
Compañeros et compañeras,
J’adresse notre reconnaissance à Miguel Barnet pour le travail intense qu’il a réalisé durant ces années à la tête de l’Uneac.
Nous félicitons la nouvelle direction de l’UNEAC, son président élu, [Luis] Morlote, avec la conviction qu’ils comprennent que leur mission la plus importante est de déclencher une lutte intransigeante contre l’inculture et l’indécence (applaudissements), et dans cette bataille, les créateurs devront être, comme toujours, comme Fidel l’a demandé dans ses Paroles aux intellectuels : plus que des spectateurs, des acteurs.
Un monde meilleur est possible.
Nous avons hérité de cette conviction de nos parents et nous avons le devoir de la maintenir pour nos enfants.
Nous sommes Cuba ! Nous sommes continuité !
La Patrie ou la mort !
Nous vaincrons !
(Ovation)
Díaz-Canel: la creación artística junto con la gloria de la Patria
Las palabras del Apóstol fueron retomadas por el Preseidente de los Consejos de Estado y de Ministros, Miguel Díaz-Canel Bermudez, en la clausura del IX Congreso de la Uneac, en el Palacio de Convenciones…
La emoción más profunda, junto con la gloria patria, nos la provoca constantemente el contacto con la creación artística. (Marcelino Vázquez Hernández / ACN)
Versiones taquigráficas del discurso pronunciado por el Presidente de los Consejos de Estado y de Ministros, en la clausura del IX Congreso de la Uneac, en el Palacio de Convenciones.
Queridos escritores, artistas, creadores;
Compañeras y compañeros de la Presidencia;
Ministros y viceministros presentes:
Ante todo, reciban el cálido saludo del General de Ejército, del cual soy portador.
Ha concluido su IX Congreso. No digo estos días de análisis y debate en el Palacio de Convenciones, sino los largos meses de intercambios y aportes desde las bases. ¡Cuánta inteligencia y talento, cuánto se aprende de ustedes!
Es un proceso que hemos seguido de cerca en frecuentes encuentros con la Comisión Organizadora, tratando de aproximar, en lo posible, soluciones a las insatisfacciones más generalizadas, y confirmando, una vez más, el valor de ir a lo profundo del extraordinario caudal creativo del pueblo cubano. Allí siempre nos espera la verdad.
Permítanme sentirme uno más de ustedes: en la insatisfacción y también en el compromiso, soy un apasionado del arte y de la cultura en sus más diversas expresiones, sea de Cuba o universal.
Los temas que aquí se han tratado suelen ser pan de cada día en nuestra familia y entre amigos. Por las profesiones de mis tres hijos y de mi esposa, la cultura está de manera casi permanente en nuestras vidas. Por imperiosa necesidad del espíritu, no sabríamos vivir sin acceso a las artes.
La emoción más profunda, junto con la gloria patria, nos la provoca constantemente el contacto con la creación artística. Personalmente no puedo separar el sentido de plenitud, incluso de felicidad, de un disfrute estético determinado. Y si es cultura cubana, el goce se multiplica.
Lo que quiero decirles es que durante estos meses, estos días, estas horas, más de una vez nos hemos sentido entre ustedes, compartiendo lo que expresan y comprometidos con lo que hacen.
Y por lo que dicen y lo que hacen, sé que muchos de ustedes, alguna vez, pueden haberse sentido en nuestro lugar, desafiados a dar continuidad a un proceso histórico único, de un impacto y alcance universal y de un liderazgo solo comparable a la grandeza de la Revolución misma, hecho cultural superior que transformó desde la raíz a una nación pequeña y atrasada en una indiscutible potencia mundial, no por sus recursos materiales, sino por sus recursos humanos y sentimentales.
Nosotros cuando miramos al mundo y repasamos la historia podemos decir: ¡Qué milagro de país, en qué gran pueblo nos hemos convertido! Es lo que nos ocurre cuando asistimos a una función de ballet o danza, a conciertos de música, lo mismo en un gran teatro que en uno de nuestros barrios; a obras teatrales, a estrenos de cine, a ferias del libro, de artesanías, a galerías, a descargas de rumba o a escuelas de arte.
Un país bloqueado durante seis décadas, perseguido con saña y alevosía hasta en la gestión de medicamentos infantiles, acribillado mediáticamente por los medios más influyentes del planeta, no se ha conformado con resistir y sobrevivir. Como ya dije una vez: “Somos una Revolución que puede presumir de haber sido contada y cantada, desde sus orígenes, con el talento y la originalidad de sus artistas y creadores, intérpretes genuinos de la sabia popular y también de las insatisfacciones y esperanzas del alma cubana.
“Y así seguirá siendo. Intelectuales, artistas, periodistas, creadores, nos acompañarán siempre en el empeño de que este archipiélago que la Revolución puso en el mapa político del mundo siga siendo reconocido también por su singular modo de pelear cantando, bailando, riendo y venciendo”.
Quizás aún no hemos aprendido, y en algunos casos hemos desaprendido, a contar esa maravilla, pero nadie puede ya quitarnos el orgullo de ser una nación para respetar, gracias a una Revolución que siempre ha puesto al ser humano en el centro.
Es algo que nuestra generación les debe a los fundadores en primer lugar, desde Céspedes a Martí. A los creadores que continuaron sus luchas y fundamentalmente a Fidel, el indiscutible intelectual y guía de la generación histórica que, junto con la entrega de la tierra y las fábricas a los que la trabajaban, alfabetizó al pueblo, universalizó la enseñanza, creó poderosas instituciones culturales y en los momentos más difíciles nos enseñó que “la cultura es lo primero que hay que salvar”.
¿Por qué insistía Fidel en esa idea, que repitió tantas veces? Ustedes lo saben seguramente, pero no está de más recordarlo. Porque “no hay proa que taje una nube de ideas”, diría Martí.
Y Fidel supo advertir el riesgo de perder nuestra mayor fortaleza: la unidad, la identidad, la cultura, con la avalancha colonizadora que avanzaba en los tiempos de la globalización, con el acceso masivo a las nuevas tecnologías, promovido por los mercaderes modernos, no para enriquecer sino para empobrecer la capacidad crítica y el pensamiento liberador.
Consciente de que esas tecnologías de acelerado desarrollo serían una poderosa arma de educación y multiplicación del conocimiento a la que la Revolución no podía renunciar ni acceder tardíamente, Fidel creó la Universidad de Ciencias Informáticas (UCI) y paralelamente alertó a la sociedad cubana sobre la importancia de salvar la cultura.
Así como antes, en aquellas reuniones de la Biblioteca Nacional que dieron lugar a sus Palabras a los intelectuales y muy poco tiempo después a la creación de la Uneac, Fidel acudía a la vanguardia intelectual y artística para enfrentar desafíos que solo podía advertir un iluminado, como Barnet lo definió alguna vez.
Si hace 60 años fue vencido el intento de fracturar la unión visceral entre aquella vanguardia y su Revolución, es decir, ella misma y su pueblo, más tarde y muchas veces a lo largo de los años el adversario se empeñaría inútilmente en ello. En el cruce de siglos, la batalla alcanzaría cotas mayores golpeando a las fuerzas progresistas en la región y en el mundo.
Movimientos como la Red en Defensa de la Humanidad y proyectos culturales que florecieron por todo el país demostraron la extraordinaria fuerza de la vanguardia para alimentar y sostener la espiritualidad de la nación.
De la Uneac fundada por Nicolás Guillén y otras cubanas y cubanos universales emergió un compromiso para siempre con el destino de la cultura nacional, que se ha afirmado en estos días. Y es tremendo ver la continuidad de esa obra en una organización dirigida hasta hoy por uno de los más jóvenes delegados a aquella cita de hace 58 años: el poeta, ensayista, etnólogo, intelectual, en suma, Miguel Barnet.
Aquí se ha hablado varias veces de las Palabras a los intelectuales. No concibo a un artista, a un intelectual, a un creador cubano que no conozca aquel discurso que marcó la política cultural en Revolución. No me imagino a ningún dirigente político, a ningún funcionario o dirigente de la Cultura, que prescinda de sus definiciones de principio para llevar adelante sus responsabilidades.
Pero siempre me ha preocupado que de aquellas palabras se extraigan un par de frases y se enarbolen como consigna. Nuestro deber es leerlo conscientes de que, siendo un documento para todos los tiempos, por los principios que establece para la política cultural, también exige una interpretación contextualizada.
Claramente Fidel planteó un punto de partida: la relación entre Revolución, la vanguardia intelectual y artística y el pueblo. Entonces, todos no tenían tan claro como Fidel lo que los artistas e intelectuales irían comprendiendo en el desarrollo de su obra: que la Revolución eran ellos, eran sus obras y era el pueblo.
Por eso resulta reduccionista limitarse a citar su frase fundamental: “Dentro de la Revolución todo, contra la Revolución nada”, soslayando que Revolución es más que Estado, más que Partido, más que Gobierno, porque Revolución somos todos los que la hacemos posible en vida y en obra.
Y también sería contradictorio con la originalidad y fuerza de ese texto, pretender que norme de forma única e inamovible la política cultural de la Revolución. Eso sería cortarle las alas a su vuelo fundador y a su espíritu de convocatoria.
Hoy tenemos el deber de traer sus conceptos a nuestros días y defender su indiscutible vigencia, evaluando el momento que vivimos, los nuevos escenarios, las plataformas neocolonizadoras y banalizadoras que tratan de imponernos y las necesidades, pero también las posibilidades que con los años y los avances tecnológicos se han abierto.
Hay que hacer lecturas nuevas y enriquecedoras de aquellas palabras. Hacer crecer y fortalecer la política cultural, que no se ha escrito más allá de Palabras… y darle el contenido que los tiempos actuales nos están exigiendo.
Ustedes han hecho bastante. Como hemos apreciado, han trabajado y avanzado mejor allí donde más coordinados han actuado con otras fuerzas intelectuales, como las que crean desde las universidades y otros centros de investigación de las ciencias sociales y humanísticas.
Evidentemente, hay más y mejores resultados donde la creación se apoya en nuevos soportes tecnológicos que facilitan el trabajo.
Hace unos días, compartiendo con la Comisión Organizadora, les comentaba sobre uno de los temas que más discusiones genera siempre en los eventos de la Uneac: la relación con el turismo. Y otro tema más actual que es la política cultural en los espacios de la economía estatal y los privados.
Hoy quiero reiterar que tenemos, desde la administración, el deber de ser coherentes. No hay una política cultural para el sector estatal y otra para el privado. En ambos sectores tiene que promoverse, defenderse, dárseles espacio a quienes hacen arte verdadero.
Y en el caso específico del turismo, yo he insistido en que la cultura es un eslabón fundamental en los encadenamientos productivos que nos interesa promover. Pero defiendo, sobre todo, que el turismo no solo lleve a los artistas a sus instalaciones, sino que propiciemos una muy intensa actividad cultural en todas nuestras ciudades y zonas turísticas que, a la vez que enriquezca la vida cultural del pueblo, atraiga y conquiste al visitante. Hay que ser auténticos y dejar de vender “shows enlatados”, productos de seudocultura que responden más a la rentabilidad que al orgullo de mostrar quiénes somos realmente.
Cuba es una potencia cultural y hoy el turismo, siendo como es una actividad económica que aporta cotidianamente al Presupuesto, la verdad es que todavía tributa mucho menos de lo que podría si los turistas salieran a consumir bienes y servicios, no solo culturales, pero sobre todo culturales (Aplausos).
A propósito, el sistema de escuelas de arte tiene una fuente de ingresos por exportación de servicios, insuficientemente explotada, en la generación de cursos en áreas de la enseñanza artística, en las que somos realmente fuertes y donde debemos establecer modalidades y precios coherentes con el nivel de la academia cubana.
En esa misma línea de pensamiento, a la Uneac le corresponde ser una especie de electrodo movilizador de fuerzas y acciones para la proyección internacional de nuestras industrias culturales. No olvidar que cuando todas las puertas se cerraron para Cuba por su osada pretensión de soberanía y libertad, hasta en el imperio se abrieron al menos ventanitas por donde entraron la música, las artes plásticas, el ballet, la danza, el teatro y otras manifestaciones culturales.
Los puentes que ha levantado la cultura cubana, apoyada por fieles amigos, en tantos años de ninguna o escasas relaciones entre Cuba y Estados Unidos, nos han permitido sostener vivo un intercambio entre nuestros pueblos de tanta fuerza que la actual administración estadounidense se ha propuesto clausurarlo definitivamente.
Pero también hacia Europa, Asia, África, los intelectuales y artistas han fungido como embajadas culturales, han abierto puertas y favorecido entendimientos que podrían ser más difíciles y hasta imposibles sin ellos.
Hay mucho, mucho que trabajar en ese sentido. Y ustedes tienen el talento, la fuerza y el conocimiento para hacerlo crecer, aportando al país recursos imprescindibles para su desarrollo.
Comparto igualmente las preocupaciones de quienes sienten que algunas instituciones de la Cultura se han quedado por detrás de los creadores. Resulta inaceptable que no se comprenda que todas las instituciones culturales existen por y para los creadores y su obra (Exclamaciones y aplausos), no a la inversa, y que el burocratismo y la falta de profesionalidad ahogan la creación.
En la pelea contra esos molinos de viento, tan antiguos como dañinos, vemos un papel fundamental de la Uneac. Es preciso hacer más proactiva a la organización en sus bases: indagar qué misiones cumple cada una en función de aquellos a quienes representan y qué ámbitos de discusiones lideran. ¿Desde cuáles posiciones? ¿Con qué liderazgos?
Igualmente veo a la Uneac batallando por rescatar y elevar el peso y el papel de la crítica cultural. La sequía de análisis serios y bien fundamentados sobre los valores reales de obras y espacios culturales desestimulan a los creadores y privan a los públicos, particularmente a los más jóvenes, de criterios orientadores que establezcan las jerarquías artísticas a tiempo.
Es un hecho incontestable que los creadores cubanos residentes en el país tienen obras capaces de emular con lo mejor creado por sus contemporáneos que trabajan y viven en naciones del Primer Mundo, bajo condiciones materiales e incentivos muy superiores a veces, lo que les ha valido acceder a mercados exigentes.
¿Por qué desde Cuba no logramos insertar, difundir, exportar la obra de los que trabajan dentro del país y en cambio promocionamos y replicamos lo que ya el mercado acuñó y nos devuelve envuelto en sus reglas? (Exclamaciones y aplausos prolongados.) ¿Qué necesitan nuestras instituciones para hacer florecer nuestras más auténticas creaciones culturales?
Se escucha mucho la queja —sobre la cual es importante que actúen las organizaciones de artistas— de que el sistema empresarial o las llamadas industrias culturales, con relación a la creación artística, en cuanto a su producción, promoción y comercialización, se han quedado atrás.
La cultura puede y debe aportar al Producto Interno Bruto del país y para eso están sus empresas. Sobran las insatisfacciones de artistas y creadores que deben gestionarse absolutamente todo para difundir o promocionar su trabajo, mientras quienes tendrían la responsabilidad de hacerlo ejercen una suerte de parasitismo desde la inactividad (Exclamaciones y aplausos prolongados).
Los artistas tienen el deber de pagar sus impuestos, pero no deberían tener que abonar a las empresas si estas no han tenido nada que ver con los contratos de trabajo, con su promoción ni con su amparo jurídico (Exclamaciones y aplausos prolongados).
Es un secreto a voces que ese parasitismo favorece la corrupción (Exclamaciones y aplausos) y enmascara el incumplimiento de la función de representación y gestión de oportunidades para el creador y su obra. Es inútil y engañoso que el escaso dinero de que dispone el país sea reciclado entre entidades sin ningún efecto en la economía real (Exclamaciones y aplausos).
Otros temas que, en mi modesta opinión, deberían concitar acciones y reacciones de nuestros creadores agrupados en la Uneac tienen que ver con lo que algunos llamamos “mercenarios culturales”, esos dispuestos a linchar a cuanto artista o creador exalte a la Revolución o les cante a las causas más duras y a la vez más nobles en que están empeñadas las fuerzas progresistas de nuestra región y del mundo (Aplausos).
Recordemos el mensaje del General de Ejército Raúl Castro Ruz, en ocasión del aniversario 55 de la Uneac: “Hoy estamos doblemente amenazados en el campo de la cultura: por los proyectos subversivos que pretenden dividirnos y la oleada colonizadora global. La Uneac del presente continuará encarando con valentía, compromiso revolucionario e inteligencia, estos complejos desafíos.”
Esta plataforma colonizadora promueve los paradigmas más neoliberales: Estado mínimo, mercado hasta donde más sea posible, todo se vende y se compra, el supuesto éxito único de la empresa privada; atentos a los que ponen por delante mercado y no cultura; egoísmo y vanidad personal y no compromiso social de la cultura (Exclamaciones y aplausos).
Ya se ha denunciado que la actual administración estadounidense destina nuevos y mayores fondos a la subversión y que pide a quienes desean acceder a los cotos privilegiados del imperio que rindan cuenta de cuanto hacen o dicen en las redes sociales. Por lo que callan y por lo que dicen algunos contra sus propios compatriotas, es fácil colegir quiénes aspiran a ganarse el penoso boleto. Apóstatas les llamaría Martí. Me pregunto si alguien cree que servir al que nos bloquea, ataca y obstaculiza nuestro desarrollo le abrirá por largo tiempo la pequeña puerta por la que les dan acceso a quienes reniegan de su raíz.
No vamos a limitar la creación, pero la Revolución que ha resistido 60 años por haber sabido defenderse, no va a dejar sus espacios institucionales en manos de quienes sirven a su enemigo, sea porque denigran cualquier esfuerzo por sobreponernos al cerco económico o porque se benefician de los fondos para destruir a la Revolución (Aplausos).
Los límites comienzan donde se irrespetan los símbolos y los valores sagrados de la Patria (Aplausos).
La Constitución que acabamos de aprobar y que se complementará con sus leyes correspondientes tiene, entre las primeras, la de los símbolos nacionales.
Los ingenuos hacen tanto daño como los perversos. No son tiempos de negar ideologías, ni de descontextualizar. Y nada de esto significa negar la libertad de creación ni hacer concesiones estéticas. Significa tener sentido del momento histórico, saber que más allá de Cuba el mundo vive horas de mucho riesgo e incertidumbre, donde los poderosos pasan por encima de las leyes internacionales, lanzan guerras al amparo de las llamadas fake news o falsas noticias y destruyen civilizaciones milenarias en nombre de la intervención humanitaria. Construir y defender un proyecto socialista significa defender el humanismo revolucionario.
Como en los tiempos de Palabras a los intelectuales, la Revolución insiste en su derecho a defender su existencia que es, también, la existencia de un pueblo y de sus creadores e intelectuales.
Tendría mucho más que decirles, pero sé que habrá nuevas oportunidades para hacerlo. Nos hemos propuesto realizar encuentros mensuales con la directiva electa y grupos de creadores, junto a los ministerios, para revisar todo cuanto podamos colaborar en arrancarles cada vez un pedazo mayor a los problemas y dificultades (Aplausos).
Para eso cuenten con el apoyo del Gobierno, presentes aquí seis ministros y viceministros de los organismos de la Administración Central del Estado. El Dictamen de las comisiones nos ofrece un menú de temas muy amplio que debemos ahora abordar entre todos y en darle solución.
No dejen morir el Congreso. Trabajen por hacer realidad todo lo que entiendan que aportará al bien de la nación, a su espiritualidad, al porvenir que quieren negarnos los que no han podido destruirnos.
Entre ustedes nos sentimos cómodos, entusiastas, optimistas, conscientes de que como nos enseña Raúl: “Sí se puede” cuando se quiere. Y ustedes y nosotros, es decir, la Revolución, queremos lo mismo:
Un país libre, independiente y soberano;
Fiel a nuestra historia;
Que garantice justicia social y justa distribución de la riqueza;
Con respeto a la dignidad plena del ser humano, mujer y hombre;
Con una sólida identidad cultural;
Donde se preserve el acceso gratuito y universal a la educación;
Que avance hacia un desarrollo económico equilibrado y sostenible;
Próspero, inclusivo, participativo;
Invulnerable militar, ideológica, social y económicamente;
Con servicios de salud gratuitos y de la mayor calidad para todos;
Solidario, generoso, humanista;
Que repudie todas las formas de discriminación;
Donde no prosperen nunca el crimen organizado, la trata de personas o el terrorismo;
Defensor de los derechos humanos de todos, no de segmentos exclusivos o privilegiados;
Libre de toda forma de violencia, esclavitud, explotación humana;
Con un ejercicio ejemplar de la democracia del pueblo y no del poder antidemocrático del capital;
Capaz de vivir en paz y desarrollarse en armonía con la naturaleza y cuidando las fuentes de las que depende la vida en el planeta.
Compañeras y compañeros:
Nuestro reconocimiento a la intensa labor realizada por Barnet en estos años al frente de la Uneac.
Felicitamos a la nueva dirección de la Uneac, a su presidente electo, Morlote, con la certeza de que comprenden que su misión más importante es desatar una irreconciliable batalla contra la incultura y la indecencia (Aplausos), y en ese bregar los creadores deberán ser, como siempre, como pidió Fidel en Palabras a los intelectuales:más que espectadores, actores.
Un mundo mejor es posible.
Esa certeza la heredamos de nuestros padres y tenemos el deber de sostenerla para nuestros hijos.
Le peintre espagnol, qui a habité en France de 1901 jusqu’à sa mort en 1973 , a vu sa vie rythmée par les guerres : Première Guerre mondiale, Guerre d’Espagne, Seconde Guerre mondiale, et Guerre Froide. Paradoxalement, l’artiste ne s’est jamais confronté frontalement à la guerre : il réussit à passer entre les mailles du service militaire.
Réalisée en partenariat avec le Musée national Picasso-Paris, cette exposition explore le rapport de Picasso aux conflits, qui ont nourri et influencé son œuvre. Celui qui a frappé les esprits avec Guernica, devenue aujourd’hui une icône universelle du pacifisme, se livre dans une sélection d’œuvres retraçant son ressenti face aux événements.
La création, Picasso l’envisage comme son « journal » : dès son plus jeune âge, il fait apparaître dans son travail des faits d’actualité. Au cœur de la guerre et de l’occupation, l’artiste réfugié en France se retrouve dans une période sombre, et son art est qualifié de « dégénéré ». A la libération, des symboles de paix viennent se mêler aux motifs de guerre qui jalonnaient jusqu’ici ses œuvres. Construite de manière chronologique, l’exposition présente des œuvres de Picasso qui n’hésitent pas à dialoguer avec des éléments de contexte : archives personnelles, presse, photographies, objets.
Des nombreuses animations sont prévues en parallèle de l’exposition. Le chef Alain Passard donnera notamment une masterclass culinaire toute particulière, puisque qu’elle nous apprendra la cuisine « en temps de guerre ». Alain Passard y réinterprétera une recette issue de l’ouvrage Cuisine et restrictions d’Édouard de Pomiane, livre emblématique de la Seconde Guerre mondiale.
Des séances de cinéma, des représentations théâtres, ainsi qu’un cycle de conférence viennent également agrémenter l’accrochage, visible jusqu’au 28 juillet 2019.
Chère X, J’aurais préféré décliner pour la première fois une invitation à participer à une exposition à quelqu’un d’autre qu’à vous et Y. À vrai dire, vous êtes ceux à qui il me coûte le plus de le faire connaissant votre engagement et compte tenu de la sympathie que j’ai pour vous. Et pourtant, voici un bon moment (deux ans déjà) que j’ai laissé tomber toute activité artistique. D’une part, il ne fait plus aucun sens pour moi de poursuivre un travail artistique étant donné l’urgence de la situation (ou alors peut-être des œuvres anonymes et éphémères comme des ciné-tracts ou des tags). D’autre part, je refuse d’œuvrer davantage depuis cet inconsistant milieu qu’on appelle « art contemporain » (quelle idiotie, comment l’art pourrait-il être autre chose que contemporain).
Cela fait un moment déjà que je me sens en divorce complet avec les artistes, commissaires et autres galeristes. Disons que leur désengagement total (quand ce n’était une réelle animosité) à l’égard du mouvement de Nuit Debout m’avait déjà mis la puce à l’oreille, mais leur complète désertion du mouvement actuel des gilets jaunes ne fait que renforcer le profond mépris que j’éprouve à leur endroit. Voilà des gens à qui l’on dit depuis des années (15000 scientifiques encore cet été, je ne sais pas ce qui leur faut) que nous avons tué 60% du vivant sur terre durant les 40 dernières années d’un néolibéralisme en roue libre et que ce qui s’annonce est tout simplement catastrophique mais qui continuent malgré tout à penser à leur misérable carrière et leur mesquin confort. Et comment pourrait-il en être autrement quand c’est l’ennemi même qui les nourrit ?
Qu’on vote une loi sur le secret des affaires, sur les fake news ? Qu’on vote une loi Collomb ? Qu’on supprime l’ISF ? Qu’on fasse passer pour mesure écologique la taxation des plus démunis ? Qu’on détruise un à un les services publics ? Qu’on fasse entrer l’état d’urgence dans le droit commun ? Qu’on touche à la liberté de manifester ? Qu’on réprime le peuple en le mutilant ? Qu’on mette derrière les barreaux des gens pour activisme écologique ou pour « délit de solidarité » ? Qu’on transforme la Méditerranée en tombeau ? Ces bons artistes n’y trouvent rien à redire si ce n’est à aller signer des pétitions pour épargner leur bonne conscience. Et les voici qui rejoignent la cohorte des inutiles « marcheurs pour le climat » et continuent de produire de volumineuses et polluantes œuvres qu’il faudra stocker pendant des années avant de les envoyer par avion pour je ne sais quelle exposition à l’autre bout du monde. Ce seront les mêmes qui, quand ils crèveront la gueule ouverte, diront : « si seulement on avait su ». Personnellement, j’ai mieux à faire avec le peuple, les opprimés, qu’avec cette nuisible petite bourgeoisie. Les seules œuvres d’art qui me touchent aujourd’hui sont ces sublimes tags qui fleurissent à chaque printemps comme ce récent « Vous ne nous attraperez pas, nous n’existons pas », ou encore cette banderole nantaise aujourd’hui même qui dit : « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce ». Je n’ai jamais fais de tags et il est un peu tard pour s’y mettre (déjà 40 ans) mais il me démange tout de même d’aller décorer Beaubourg d’un « On refera des œuvres d’art quand on aura renversé le pouvoir ».
Depuis un peu plus de deux ans donc, je mets toute l’énergie en mon pouvoir pour participer à ce magnifique combat qui s’intensifie et qui sera nécessairement victorieux (quand ? où ? comment ?) et qui a pour objet la mort du capitalisme.
Csontváry est né le 4 juillet 1853 à Hisszebezn alors dans le royaume de hongrie, aujourd’hui en Slovaquie, il est mort le 20 juin 1919 à Busapest. Quand ke k’ai découvert en 1989 au musée de Budapest j’ai été à la fois éblouie et déchirée parce qu’il était shizophrène.
Durant une après-midi ensoleillée, le 13 octobre 1880 – alors qu’il n’avait que 27 ans –, il eut une vision mystique. Il entendit une voix lui dire : « Tu seras le plus grand des peintres de l’écliptique, encore plus grand que Raphaël l ! » (« Te leszel a világ legnagyobb napút festője, nagyobb Raffaelnél! ») ”Il passa des journées entières en Europe, visitant les galeries d’art de la cité du Vatican Dès 1890, il voyagea à travers le monde. Il visita Paris les pays méditerranéens ( Dalmatie, Grènce, italie) l’Afrique du Nord et le Moyen Orient,
Il réalisa ses plus grandes Oeuvres entre 1903 et 1909. Certaines de ces œuvres ont été exposées à Paris (1907) et en Europe de l’Ouest. De nos jours, un musée lui est consacré à Pecs.
ce qui est proprement stupéfiant chez lui est sa couleur qui n’a rien à voir avec celle des peintres de son époque sans doute parce qu’il n’utilise pas l’huile. IL mélange de la teinture pour les textiles, avec de la poudre d’argile blanche du kaolin, cela donne une pate brillante qui s’élève en relief. Il part de trois couleurs de base ‘jaune, vleu et rouge) et les deux unités de contraste ‘noir et blanc)il recherche la lumière du soleil germe pour lui de la vie.
qquand je pense que depuis près de vingt ans, nous avons à la tête du parti et de l’Humanité des gens qui obstinémant ont tenté de nous faire honte de notre passé, de nous couper des autres partis pour mieux assurer la promotion de ceux qui voulaient nous détruire, ont censuré impitoyablement tous ceux qui se battaient pour l’honneur des communistes, nous ont culpabilisés et maintenant viennent nous dire qu’il faut sauver un journal, qu’il faut leur accorder le même pouvoir qu’à notre secrétaire pour qu’ils continuent leur « oeuvre », je pense qu’il est temps de virer ces gens-là pour notre dignité et pour notre histoire (note de Danielle Bleitrach)
Gennevilliers. A la tête d’un fonds de 200 œuvres, la ville est notamment propriétaire de cette peinture de Boris Taslitzky « Les Fondeurs ». DR.
A l’automne prochain, la ville de Gennevilliers accueillera « Trésors de banlieue », une exposition rassemblant quelque 350 œuvres prêtées par une quarantaine de villes populaires. La constitution de ce patrimoine s’est faite au gré d’histoires humaines… et politiques.
Il y a des noms très connus, tels Chagall ou Fernand Léger. D’autres un peu moins comme les peintres Boris Taslitzky et Corneille ou le dessinateur de bandes dessinées Caza. Et certains quelque peu inattendus, comme celui d’Elsa Triolet, la muse d’Aragon, dont on découvre qu’elle n’était pas seulement une femme de lettres mais aussi créatrice de bijoux à ses heures.
Autant d’artistes dont certaines œuvres ne sont pas la propriété de musées ou de riches collectionneurs mais… de municipalités de banlieues populaires. A l’instar de Gennevilliers, qui s’apprête à accueillir à l’automne prochain une exposition de 350 œuvres représentatives de ces « Trésors de banlieue ». « Cet automne, Paris va nous jalouser, prédit Patrice Leclerc, le maire (PCF). Le public va enfin avoir l’opportunité d’accéder à ces œuvres, qui se rapprochent des lieux de vie des habitants. »
C’est l’association l’Académie des banlieues qui s’occupe de la scénographie, du transport, de l’événementiel et de la communication. « 350 œuvres, 41 collectivités de toute la France, des villes de banlieues parisienne mais aussi de la périphérie de Rouen (Saint-Etienne-du-Rouvray), de Lyon (Vénissieux) ou encore de Toulon (Solliès-Toucas) : à cette échelle, c’est unique », salue Sylvie Gilles, la secrétaire générale de l’association. Mais comment des villes aux populations parfois très modestes se retrouvent-elles à posséder des pépites d’art contemporain ?
Caza a réalisé la BD « Scènes de la vie de banlieue ». Des planches originales seront exposées dans le cadre de Trésors de banlieues. DR.Une partie de ce fonds colossal vient de donations. « De nombreux artistes ont été en résidence dans les communes ou ont été aidés et accompagnées par celles-ci, détaille Noël Coret, le commissaire de l’exposition. En remerciement, ils ont offert une ou plusieurs œuvres ». Autre possibilité : des collectionneurs locaux qui font don d’une œuvre à leur commune.
Mais la principale explication de ce phénomène est… politique. Tout au long du siècle dernier, des villes de banlieue rouge ont enfourché un des chevaux de bataille du Parti communiste : rendre la culture accessible au plus grand nombre, notamment via l’achat régulier d’œuvres. C’est par exemple le cas du conseil départemental du Val-de-Marne, qui a acquis un tel fond d’art contemporain qu’il a fini par lui bâtir un musée, le désormais célèbre MAC Val à Vitry-sur-Seine.
La Courneuve proposera des esquisses de la fresque Conquête du bonheur de Blasco Mentor. DR.
L’incroyable histoire du Chagall de Fontenay-sous-Bois
L’histoire de Fontenay-sous-Bois rassemble ces deux aspects. A la fin des années 1960, Eugène Balayn, un « homme d’un certain âge », vivait chichement à Fontenay. Il décide alors de remercier la ville qui lui fournit assistance et aides sociales en lui faisant don de son trésor : un Chagall, que l’artiste lui avait offert directement bien des années plus tôt.
« Il n’a posé qu’une condition, que le tableau soit exposé au public », précise Jean-Philippe Gautrais, le maire (FdG). Par souci de sécurité, l’original est prêté au Musée d’art et d’histoire du judaïsme mais une copie est bien exposée dans le hall de l’hôtel de ville. « C’est un geste très fort, poursuit l’élu. Ici, la culture ne sera jamais le parent pauvre. Nous avons 300 œuvres d’art, un salon qui fête ses 18 ans cette année, la première classe prépa art, un atelier d’artistes, etc. »
L’original de ce « Villageois tenant la Torah » est exposé au musée d’art et d’histoire du judaïsme. Une copie est toujours en mairie. Ville de Fontenay-sous-Bois.« Dans le même temps, des artistes de renom étaient liés au Parti, poursuit Noël Coret. Boris Taslitzky dont on trouve des œuvres à Gennevilliers ou Levallois-Perret, a réalisé de véritables témoignages de la vie ouvrière. »
Ce n’est donc pas un hasard si des villes populaires ou qui l’ont longtemps été se retrouvent propriétaires de tels trésors. « La banlieue est à l’origine de 95 % de la création contemporaine, analyse le conservateur. Ensuite Paris digère et revendique ces courants, mais c’est bien la banlieue qui façonne et imprime sa marque à l’art. Aujourd’hui c’est le cas avec le street art et le hip-hop. Je suis encore stupéfait de cette puissance créatrice. La banlieue est bien le terreau de l’art contemporain. »
LA BELLE RENCONTRE DU MAIRE DE VILLIERS-ADAM AVEC LE PEINTRE CORNEILLE
Villiers-Adam. Bruno Macé, maire de cette commune du Val-d’Oise de 850 habitants s’est vu offrir un tableau de l’artiste contemporain Corneille. Il sera exposé en octobre-novembre 2019 à Gennevilliers./LP/O.B.L’œuvre que Bruno Macé va prêter à l’exposition trône dans sa mairie de Villiers-Adam, un village de 850 âmes dans la vallée de l’Oise : un triptyque de près de 2,5 m sur 1,60 m du peintre Corneille, Guillaume Cornelis Beverloo de son vrai nom, une figure de l’art contemporain membre du mouvement artistique Cobra.
Passionné d’art, Bruno Macé est élu maire en 2008. « J’ai alors fait la connaissance d’une femme qui commençait à s’impliquer dans la vie locale, se souvient-il. J’ai découvert que son mari n’était autre que le peintre Corneille, un artiste dont j’admirais l’œuvre : cela a été une révélation. » Très discret, l’artiste alors âgé de 76 ans, habite la commune depuis plus de dix ans, presque incognito. Les deux hommes sympathisent.
Grâce au maire, l’artiste est enterré à côté des frères Van Gogh
« Il s’est alors investi dans la commune et a même animé des classes avec les enfants de l’école, poursuit l’élu. On s’est connu deux ans mais cela a été intense. » A la mort de Corneille, en 2010, Bruno Macé et son homologue d’Auvers-sur-Oise réussissent à accéder une des dernières volontés de l’artiste : qu’il soit enterré dans le cimetière d’Auvers, juste à côté des frères Van Gogh, d’origine néerlandaise comme lui.
Entre-temps, en 2009, Corneille avait offert ce triptyque à son village d’adoption. L’immense œuvre contemporaine et colorée a suscité discussions et débats dans ce village niché au cœur du berceau des Impressionnistes. Aujourd’hui, elle domine la salle du conseil avec pour voisins deux toiles de Pazem et Dan Jacobson.
« C’est le résultat d’une belle rencontre, résume Bruno Macé. On aurait pu ne jamais nous croiser. Une telle œuvre est une incroyable richesse pour une petite commune comme la nôtre. »
Voici le cadeau que nous offre Marianne, la première partie du manga que le Parti communiste chinois a consacré à Karl Marx. Les chansons ne sont pas traduites en russe et Marianne a traduit à partir du script en russe.
Pensez à activer les sous-titres : 7 langues sont proposées! Et merci à Katia et Svetlana qui ont traduit de chinois en russe (note de Marianne).
Bien que réduites à l’état de ruines, ces mosaïques sont l’un des derniers artefacts de l’ère communiste. Elles témoignent d’une autre conception de l’humanité où sont exaltés les valeurs du progrès, du travail, de l’égalité et de la tension vers un monde nouveau. J’ai commencé ma carrière universitaire par l’étude de l’iconographie des chapiteaux des cloitres du XIIe siècle au XIIIe siècle, du passage du rural à l’urbain et quand je suis dans les ex-pays socialistes, partout je lis un projet, une vision collective digne de ce que l’on trouvait dans les églises médiévales. Décrier le réalisme socialiste est une imbécilité, il a donné lieu à l’éclosion de chef d’œuvres, à une civilisation et il ne s’est pas borné à quelques avant-gardes des années 20 comme on a tenté de nous le faire croire. Il tombe en ruine mais il reste présent dans la quotidienneté et dans l’art d’aujourd’hui. Je vais tenter de vous exposer ce que je suis en train de lire en ce moment dans le numéro du Mouvement social à savoir les mémoires plurielles et patrimoines dissonants: l’héritage architectural soviétique (note et traduction de Danielle Bleitrach).
Depuis la désintégration de l’Union soviétique en 1991, une grande partie de l’art public – ou de la propagande – du vaste empire a également péri. Le réalisme socialiste était le style dominant de l’époque, c’est-à-dire un art qui renforçait le message socialiste en glorifiant le prolétariat et en célébrant les triomphes civiques. Des hommes et des femmes qui travaillent dur, aux proportions héroïques, sont représentés sur des affiches et dans des mosaïques aux couleurs vives sur les murs des usines, des écoles et des gares routières. Rappels audacieux d’une époque très différente, les mosaïques qui restent sont pour la plupart en ruine, se transformant lentement en gravats dans des quartiers industriels en faillite et sur les côtés de bâtiments abandonnés. Voici 13 exemples de l’ancien État soviétique de Géorgie.
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Dans cette usine abandonnée de la capitale géorgienne, Tbilissi, nous voyons un homme et une femme annonçant la prospérité d’une fabrication innovante.
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Toujours à Tbilissi, cet entrepôt situé au bord du rail représente plusieurs scènes d’hommes et de femmes travaillant dur. C’est l’élévation de la classe ouvrière au sujet de l’art.
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Les proportions de ces personnages dans un parc de Tbilissi ne sont pas tant réalistes qu’ambitieuses.
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Une mosaïque abstraite sur la route de Rustavi.
5/13
Cette façade de caserne de pompiers montre à quel point les ouvriers étaient stylisés dans l’art soviétique.
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Ce mémorial de la Seconde Guerre mondiale à Chokhatauri décrit une victoire soviétique presque sacrificielle avec un barrage de symboles et de troupes soviétiques.
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Un couple soviétique est immortalisé du côté d’une usine de ferro-alliages à Zestafoni.
8/13
Sur la même usine de ferro-alliages, cette mosaïque a rappelé que, grâce à un incroyable effort collectif, l’URSS avait envoyé le premier homme dans l’espace.
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Une mosaïque colorée d’usine à Kutaisi au-dessus d’un garage automobile rouillé.
10/13
Avec ses couleurs vives, cette mosaïque de Khashuri glorifie les muscles d’un animal.
11/13
Cette mosaïque près du motoparc international Rustavi est par essence soviétique, avec marteau et faucille.
12/13
Une mosaïque en trois dimensions à Tbilissi.
13/13
Sur le côté de ce théâtre à Tschvarichamia se trouve une mosaïque sonore dédiée aux arts. Pour plus, visitez; facebook.com/sovietmosaics/
traduit pour histoire et societe par danielle Bleitrach
Artemisia Gentileschi a transformé les horreurs de sa propre vie – répression, injustice, viol – en peintures bibliques brutales qui constituaient également un cri de guerre pour les femmes opprimées. Pourquoi son génie extraordinaire a-t-il été négligé?
La vengeance est à moi… un détail de Judith et Holopherne, représentant Gentileschi et l’homme qui l’a violée. Cliquez ici pour voir l’image complète . Photographie: Rex / Museo Nazionale di Capodimonte, Naples
deux femmes bloquent un homme sur un lit. L’une d’elle presse son poing contre sa tête , il ne peut donc pas le lever du matelas, tandis que sa compagne bloque son torse. Elles sont bien baties avec des bras puissants, mais malgré cela, il faut leur force combinée pour maintenir leur victime immobilisée, car l’une d’elle lui coupe la gorge avec une épée brillante. Le sang jaillit des geysers d’un rouge profond il est encore en vie Elle ne s’arrêtera pas tant que sa tête ne sera pas complètement coupée. Les yeux de sa victime sont grands ouverts. Il sait exactement ce qui lui arrive.
Le mourant est Holopherne, un ennemi des Israélites dans l’Ancien Testament, et la jeune femme qui le décapite est Judith, son assassin désigné de manière divine. En même temps, c’est aussi un peintre italien appelé Agostino Tassi, tandis que la femme avec l’épée est Artemisia Gentileschi, celle qui a peint ce tableau. C’est effectivement un autoportrait.
Deux grandes peintures sanglantes de Judith et Holopherne de Gentileschi survivent, l’ une au Capodimonte à Naples, l’autre aux Uffizi à Florence. Elles sont presque identiques à l’exception de petits détails – à Naples, la robe de Judith est bleue, en jaune à Florence – comme si cette image était un cauchemar qu’elle gardait, l’acte final d’une tragédie qui se répète sans cesse dans sa tête.
«C’est la bague que vous m’avez offerte et ce sont vos promesses!» A hurlé Gentileschi alors qu’elle était torturée dans un tribunal de Rome en 1612. Des cordes étaient enroulées autour de ses doigts et resserrées. Le juge avait conseillé l’utilisation modérée de la sibille , comme on l’appelait torture, car elle avait tout de même 18 ans. De l’autre côté de la cour était assis l’homme qui l’avait violée. Personne n’a pensé à le torturer. En le défiant, Gentileschi lui disait que les vis serrant ses doigts étaient la bague de mariage qu’il lui avait promise. Elle a répété à maintes reprises que son témoignage sur le viol était fiable: «C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai, c’est vrai. »
Gentileschi était la plus grande artiste féminine de l’époque baroque et l’une des plus brillantes adeptes de l’artiste incendiaire Caravaggio, dont la peinture terrifiante de Judith et Holopherne a influencé la sienne. Elle est l’une des stars de Beyond Caravaggio, une enquête épique sur ses rivaux et ses disciples sur le point de s’ouvrir à la National Gallery de Londres. Avec des mots et des images, elle lutta contre la violence masculine qui dominait le monde dans lequel elle vivait.
Gentileschi a réalisé quelque chose de si improbable, si proche de l’impossible, qu’elle mérite d’être l’un des artistes les plus célèbres au monde. Ce n’est pas simplement qu’elle est devenue une artiste très célèbre à une époque où les guildes et les académies fermaient leurs portes aux femmes. Elle a également fait ce qu’aucune des autres – rares – femmes de la Renaissance et du baroque qui oeuvraient comme artiste en tentant de s’en sortir: elle a communiqué une vision personnelle puissante. Ses peintures sont évidemment autobiographiques. À l’instar de Frida Kahlo, de Louise Bourgeois ou de Tracey Emin , elle a consacré sa vie à son art.
Et quelle vie brutalement endommagée c’était. Dans le monde de l’art sauvage de la Rome du Caravage, les artistes étaient riches, arrogants et pouvaient faire presque tout ce qui leur plaisait tant qu’ils restaient dans les bons papiers du pape. Gentileschi a dû rencontrer le Caravage à plusieurs reprises lorsqu’elle était enfant: il l’a peut-être même encouragée à peindre. Son père, Orazio, également artiste talentueux, était l’ami intime de Caravaggio. En 1603, Orazio et Caravaggio ont comparu devant le tribunal après avoir griffonné des propos diffamatoires sur un artiste ennemi dans les rues de Rome. Dans son témoignage, Orazio a mentionné avec désinvolture que Caravaggio était venu chez lui pour emprunter une paire d’ailes d’ange.
Cela nous donne un bel instantané de l’enfance de Gentileschi: le grand Caravaggio qui défile pour ses accessoires. Née en 1593, elle avait 10 ans quand cela s’est passé. Quand elle avait 13 ans, le maljheur a frappé le cercle de Caravaggio. Il était toujours au bord du danger – il portait une épée et était prêt à l’utiliser – mais en 1606, il tua un homme qui avait des amis à la cour papale. Il a fui. Orazio et sa fille ne verront plus jamais leur inspirateur.
Être la fille d’un artiste était le seul moyen pour une jeune femme d’espérer acquérir les compétences complexes nécessaires pour peindre de manière professionnelle à l’âge baroque. Il semble qu’Orazio avait de l’ambition pour sa fille – après tout, il lui a donné un nom saisissant et classique. Et au fur et à mesure que ses compétences se développaient, il engagea un élève artiste Agostino Tassi, pour lui donner des leçons. Puis, en 1612, Orazio accusa Tassi d’avoir violé sa fille.
Le procès qui en a résulté a duré sept mois et a choqué Rome. Cela a fait de Gentileschi une célébrité – de la pire façon possible. Étonnamment, chaque mot de cette affaire judiciaire a survécu, dans une transcription qui ouvre une fenêtre sur la vie des artistes à l’ère du Caravage. Gentileschi nous parle de ce document vieux de 400 ans avec une voix éloquente, courageuse et convaincante. C’est un exemple rare de femme à l’ère pré-moderne qui prenait position contre l’oppression qui faisait partie de la vie quotidienne.
Elle a témoigné que Tassi se frayait un chemin dans sa chambre et commençait à faire des offres de sexe non souhaitées. «Il m’a ensuite jeté sur le bord du lit, me poussant avec une main sur ma poitrine et il a mis un genou entre mes cuisses pour m’empêcher de les fermer. Levant mes vêtements, il a placé une main avec un mouchoir sur ma bouche pour m’empêcher de crier.
Elle a riposté. «Je lui ai griffé le visage», a-t-elle déclaré à la cour, et je lui ai tiré les cheveux et, avant qu’il ne me pénètre à nouveau, j’ai saisi son pénis en le serrant de telle sorte que je lui ‘ai même retiré un morceau de chair. «Mais elle ne pouvait pas l’arrêter. Ensuite, elle s’est précipitée vers un tiroir et a sorti un couteau. « J’aimerais te tuer avec ce couteau parce que tu m’as déshonoré », cria-t-elle. Il ouvrit son manteau et dit: «Je suis là.» Gentileschi jeta le couteau mais se protégea. «Sinon, dit-elle, je l’aurais peut-être tué. »
Le procès comportait également des mois d’interrogatoires sinistres. Des amis, des locataires, des artistes et des membres de leur famille ont construit une image du ménage de Gentileschi. Elle est décrite comme une adolescente qui a passé tout son temps à peindre et à sortir rarement. Son violeur, quant à lui, est apparu comme un personnage encore pire qu’il ne le semblait au début. Plusieurs témoins ont affirmé qu’il avait assassiné sa femme et qu’il ne pouvait offrir aucune défense valable.
Pourtant, Gentileschi a été torturé et Tassi a été libéré. Pourquoi? Il était protégé par le pape, car son art, oublié aujourd’hui, était coté à l’époque. Tout le monde savait qu’il était un méchant. «Tassi est le seul de ces artistes à ne jamais me décevoir», a déclaré le pape Innocent X. D’autres artistes ont prétendu être des hommes d’honneur, a-t-il expliqué, mais l’ont laissé tomber. Avec l’irremplaçable Tassi, il savait où il en était.
Gentileschi, encore adolescente à la fin du procès, était couverte de honte dans une culture où l’honneur était tout. Mais cela lui a aussi fourni une sorte de publicité monstrueuse. Dans les années 1620, elle est une artiste célèbre qui travaille aussi loin que possible de Rome. Et elle se vengeait avec la seule arme dont elle disposait: un pinceau. Elle ne pouvait pas écrire son histoire car, comme elle l’avait révélé lors du procès, elle était plus ou moins analphabète. Elle pouvait cependant la peindre et en changer la fin, comme le montrent ses peintures de Judith et Holopherne.
Gentileschi, cependant, fait ressortir un élément de l’histoire biblique sur lequel aucun artiste masculin ne s’était jamais attardé. Dans la plupart des peintures, y compris le rendu hallucinatoire du Caravage, Judith a une servante qui attend de récupérer la tête coupée. Mais Gentileschi fait de la servante une jeune femme forte qui participe activement au meurtre. Cela fait deux choses. Cela ajoute un réalisme farouche auquel même Caravage n’avait jamais pensé: il faudrait deux femmes pour tuer cette brute. Mais cela donne aussi à la scène une implication révolutionnaire. «Quoi, se demande Gentileschi, si les femmes se réunissent? Pourrions-nous nous battre contre un monde gouverné par des hommes?
Armé d’un pinceau… Autoportrait, allégorie de la peinture, de Gentileschi. Photographie: Royal Collection Trust
Beyond Caravaggio présentera une autre œuvre de Gentileschi, son tableau de Susannah et les veillards de 1622. Ici encore, elle utilise une histoire biblique pour dramatiser ce qu’était une femme au 17ème siècle. Deux vieillards espionnent une jeune femme en train de se baigner, mais Gentileschi accentue encore plus la peur en plaçant les hommes entrain de se regarder et de regarder, alors que d’autres artistes ont tendance à montrer qu’ils se cachent à distance. Pourquoi montre-t-elle les voyeurs comme totalement dénués de gêne, sans chercher à dissimuler leur désir et à s’introduire dans l’espace de Susanne?
C’est un effet troublant, rappelant étrangement sa propre persécution. Lors du procès, il est apparu que Tassi avait un complice qui la convoitait également. Ils restèrent tous les deux dans les parages, la regardant, comme les voyeurs qui troublaient Susannah. Le traumatisme provoqué par le viol de Gentileschi et le procès qui ne la rendit pas justice hantent son art. Pourtant, elle n’a pas été écrasée par ses souffrances. Au contraire, le pouvoir viscéral de ses peintures en fait l’une des artistes les plus célèbres d’Europe.
Même la cour britannique lointaine avait entendu parler d’elle. En 1638, Charles Ier l’invita personnellement à Londres pour travailler pour lui. Gentileschi y a peint ce qui est peut-être son œuvre la plus originale et la plus importante. Dans son autoportrait en tant qu’allégorie de la peinture – exposée le mois prochain à la galerie Queen’s à Buckingham Palace dans le cadre de l’exposition intitulée Portrait of the Artist – elle se présente comme un personnage musclé, dynamique et énergique, à l’instar des femmes qui tiennent Holopherne . Au lieu d’une épée, elle est armée d’un pinceau. Des siècles avant le féminisme, Gentileschi se déplace dans l’espace avec une fluidité extraordinaire, le créateur de sa propre image, le héros de sa propre vie.
Sur antenne 2 un commentaire qui réhabilite Jdanov. Il s’agit d’une tableau de Bernard Buffet dans les années soixante qui représente deux hommes nus enlacés. La dame qui commente explique le caractère « engagé » de l’œuvre et explique alors que l’engagement a besoin du figuratif, l’abstrait étant la marque d’une distance avec son temps, un refuge… Enfin elle a compris les arguments de l’époque… L’expression de valeurs… je n’ai rien contre, ni contre la liberté de l’enlacement entre deux hommes, ni contre l’expression de valeurs par le figuratif, si ce n’est que je trouve Bernard Buffet un fort mauvais peintre et à choisir j’aime autant Fougeron, dans les deux cas il ne s’agit pas de peinture aurait dit Aragon… en prenant la défense de Fougeron.
Parce que dans ce que dit la dame l’engagement reste limité au sociétal, s’il s’agissait d’exalter le prolétariat et des valeurs collectives, nous n’aurions pas droit à un tel commentaire de la même dame… mais des ricanements…
je crois qu’il faut reparler du « réalisme socialiste », à la condition de bien expliquer qu’il ne s’agit pas d’un « naturalisme » comme chez Bernard Buffet mais bien d’un réalisme et que comme dirait Grémillon orfèvre en la matière, ce réalisme a quelque chose de plus, le rêve matérialiste d’une espérance…