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Archives de Catégorie: GUERRE et PAIX

Discours de Vladimir Poutine à Yad Vashem : « Ce crime avait des complices »

que l’on soit d’accord ou non (personnellement je suis doublement en désaccord) avec la célébration de la libération d’Auschwitz à Jérusalem, le discours de Poutine mérite d’être entendu dans ces temps de négationnisme historique. En effet, je suis doublement en désaccord, parce que je pense que c’est à Auschwitz que cette cérémonie devait être célébrée et que le gouvernement israélien dont je récuse la politique à l’égard des Palestiniens n’a pas une fois de plus à utiliser le martyre du peuple juif. Et quand aujourd’hui on voit des israéliens parmi les plus osons le mot racistes à l’égard des Palestiniens s’indigner des inexactitudes de Poutine (40% des juifs massacrés étaient citoyens de l’union soviétique) en protestant contre le fait qu’Israël a été pris dans une guerre de mémoire au niveau de l’Europe, on ne peut s’empêcher de penser que l’arroseur est arrosé. Mais je récuse aussi l’attitude du gouvernement polonais dont les démons à la fois antisémites et russophobes ont conduit également au négationnisme y compris sur les origines de la deuxième guerre mondiale en impulsant au niveau du Parlement européen l’ignominie qui établit l’équivalence entre nazisme et communisme au préjudice d’ailleurs de ce dernier. Et c’est à ce titre que je publie ici ce discours de Poutine. qui dit la légitime indignation des Russes.(note de Danielle Bleitrach)

Ceux qui ont aidé les nazis « ont souvent été plus cruels que leurs maîtres », a accusé le président russe ; « un anéantissement délibéré, que les nazis voulaient infliger à d’autres »

Le président russe Vladimir Poutine au 5e Forum de la Shoah, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit by Abir SULTAN / POOL / AFP)

Le président russe Vladimir Poutine au 5e Forum de la Shoah, à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Crédit by Abir SULTAN / POOL / AFP)

Texte intégral du discours du président russe Vladimir Poutine lors de la « Mémoire de la Shoah : Lutte contre l’antisémitisme » à Yad Vashem, Jérusalem, 23 janvier 2020.

Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, chers collègues, amis, Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, nous sommes réunis au sein du forum international pour honorer les victimes de la Shoah par une responsabilité partagée, notre devoir envers le passé et l’avenir.

Nous pleurons toutes les victimes des nazis, dont les six millions de Juifs torturés dans des ghettos et des camps de la mort et tués cruellement lors de rafles. Quarante pour cent d’entre eux étaient des citoyens de l’Union soviétique, de sorte que la Shoah a toujours été pour nous une blessure profonde, une tragédie dont nous nous souviendrons toujours.

Avant de visiter Jérusalem, j’ai consulté des documents originaux, des rapports d’officiers de l’Armée rouge après la libération d’Auschwitz. Je dois vous dire, chers collègues, qu’il est très difficile, insupportable de lire ces rapports militaires, des documents qui décrivent en détails comment le camp a été mis en place, comment la machine à tuer de sang-froid a fonctionné.

Beaucoup d’entre eux ont été rédigés à la main par des soldats et des officiers de l’Armée rouge le deuxième ou le troisième jour après la libération des prisonniers. Ils expriment le choc que les soldats et les officiers de l’Armée rouge ont ressenti en voyant ce qu’ils ont vu là-bas, en entendant les témoignages qui ont provoqué douleur, indignation et compassion.

Le maréchal de l’Armée Rouge Konev, qui dirigeait alors l’opération militaire pour capturer la région industrielle de Silésie, densément peuplée, en Allemagne, a utilisé des tactiques pour épargner le plus grand nombre possible de civils et, ayant reçu un rapport sur les atrocités commises à Auschwitz, s’est même interdit de voir ce camp. Plus tard, il a écrit dans ses mémoires qu’il n’avait pas le droit de perdre sa force morale, afin de ne pas se laisser aveugler par un simple sentiment de vengeance pendant les opérations militaires et de ne pas causer de souffrances et de pertes supplémentaires parmi la population civile allemande.

Le 27 janvier marque le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Dans cet enfer, où des personnes de différents pays ont été conduites pour y être torturées, pour des expériences monstrueuses et pour être tuées en masse, des centaines de milliers de personnes de différentes ethnies sont mortes. Plus de la moitié d’entre elles étaient des Juifs.

Les crimes commis par les nazis, leur solution délibérée, planifiée et, comme ils l’ont dit, « finale à la question juive », est l’une des pages les plus sombres et les plus honteuses de l’histoire du monde moderne.

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors du cinquième Forum mondial sur la Shoah au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem, le 23 janvier 2020. (Abir SULTAN / POOL / AFP)

Mais nous ne devons pas oublier que ce crime avait aussi des complices. Ils étaient souvent plus cruels que leurs maîtres. Les usines de la mort et les camps de concentration ont été exploités non seulement par les nazis, mais aussi par leurs complices dans de nombreux pays européens.

Dans les territoires occupés de l’Union soviétique, où ces criminels opéraient, le plus grand nombre de Juifs ont été tués. Ainsi, environ 1,4 million de Juifs ont été tués en Ukraine, et 220 000 personnes en Lituanie. J’attire votre attention, mes amis, sur le fait que cela représente 95 % de la population juive d’avant-guerre de ce pays. En Lettonie, 77 000 Juifs ont été tués. Seules quelques centaines de Juifs lettons ont survécu à la Shoah.

La Shoah a été l’anéantissement délibéré d’un peuple. Mais nous devons nous rappeler que les nazis ont voulu réserver le même sort à de nombreux autres peuples. Les Russes, les Biélorusses, les Ukrainiens, les Polonais et de nombreux autres peuples ont été déclarés Untermensch [sous-hommes]. Leur terre devait servir d’espace de vie aux nazis et leur assurer une existence prospère, tandis que les Slaves et les autres peuples devaient être exterminés ou devenir des esclaves sans droits, sans culture, sans mémoire historique et sans langue.

En 1945, c’est d’abord le peuple soviétique qui a mis fin à ces plans barbares. Comme on vient de le dire, ils ont protégé leur patrie et ont libéré l’Europe du nazisme. Nous avons payé un prix qu’aucune nation ne pouvait même imaginer dans leurs pires rêves : un bilan de 27 millions de morts.

Nous n’oublierons jamais cela. La mémoire de la Shoah ne servira de leçon et d’avertissement que si elle reste pleinement intacte, sans aucune omission. Malheureusement, aujourd’hui, la mémoire de la guerre, ses leçons et son héritage sont souvent soumis à la situation politique immédiate. C’est tout à fait inacceptable. Il est du devoir des hommes politiques, des États et des personnalités publiques actuels et futurs de protéger la réputation des héros, civils et victimes des nazis et de leurs alliés, vivants ou tombés au combat.

Nous devons utiliser tout ce que nous avons – nos capacités informationnelles, politiques et culturelles ainsi que la réputation et l’influence de nos pays dans le monde – à cette fin. Je suis sûr que toutes les personnes présentes ici aujourd’hui, dans cette salle, partagent ces préoccupations et sont prêtes à protéger la vérité et la justice avec nous.

Nous avons tous la responsabilité de veiller à ce que les terribles tragédies de cette guerre ne se reproduisent plus, à ce que les générations à venir se souviennent des horreurs de la Shoah, des camps de la mort et du siège de Leningrad – le Premier ministre Netanyahu vient de dire qu’aujourd’hui un monument aux victimes du siège a été inauguré ici à Jérusalem – Babi Yar, et le village incendié de Khatyn, rappelez-vous que nous devons rester vigilants et ne pas oublier quand les premières graines de haine, de chauvinisme et d’antisémitisme prennent racine, ou quand les gens commencent à se livrer à la xénophobie ou à d’autres manifestations similaires.

La destruction du passé et le manque d’unité face aux menaces peuvent avoir des conséquences terribles. Nous devons avoir le courage d’être francs à ce sujet et de tout faire pour défendre la paix.

Je pense qu’un exemple pourrait et devrait être donné par les pays fondateurs des Nations unies, les cinq puissances qui portent une responsabilité particulière dans la préservation de la civilisation.

Nous en avons discuté avec plusieurs de nos collègues et, pour autant que je sache, la tenue d’une réunion des chefs d’État des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies a reçu un accueil généralement positif : la Russie, la Chine, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Nous pouvons la tenir dans n’importe quel pays, dans n’importe quel endroit que nos collègues trouveraient pratique. La Russie est prête pour une discussion aussi sérieuse. Nous avons l’intention d’envoyer cette proposition aux cinq dirigeants sans délai.

Nous sommes confrontés à de nombreux défis. Nous avons discuté de l’un d’entre eux récemment à l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel. Il s’agit de la Libye. Mais nous devrons revenir sur cette question au Conseil de sécurité et adopter une résolution pertinente.

Il y a aussi beaucoup d’autres problèmes. Je considère qu’il est important et symbolique de tenir la réunion proposée cette année. Après tout, nous célébrons le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la fondation des Nations unies.

Un sommet des États qui ont apporté la principale contribution à la mise en déroute de l’agresseur et à la formation de l’ordre mondial de l’après-guerre peut jouer un grand rôle dans la recherche de moyens collectifs de répondre aux défis et aux menaces actuels et démontrerait notre engagement commun envers l’esprit des relations alliées, la mémoire historique et les nobles idéaux et valeurs pour lesquels nos prédécesseurs, nos grands-pères et nos pères se sont battus côte à côte.

En conclusion, je voudrais remercier nos collègues israéliens pour leur accueil chaleureux et très hospitalier ici à Jérusalem, et souhaiter à tous les participants de la conférence, et bien sûr aux citoyens d’Israël, paix, prospérité et bonne chance.

Je vous remercie.

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La Retirada: la commune se souvient…

  • L’exode des républicains espagnols traversant Port-Vendres.
    L’exode des républicains espagnols traversant Port-Vendres.

Si vous en avez l’occasion relisez « les communistes  » D’Aragon, c’est un grand roman qui débute justement par la description de cet exode des républicains et le désordre dans leur accueil sciemment organisé par ceux qui sont déjà en train de pactiser avec Hitler de préparer non seulement Munich mais Montoire, la poignée de main entre Hitler et Pétain. Ceux qui sont en train de nous préparer une imbécile lecture de l’histoire du pCF à partir de leur frivole, mondaine et superficielle conception de l’histoire à l’aune de leur nombril ou de leurs préjugés de petits bourgeois pourraient utilement tenter de retraouver le contexte terrible de ce qu’ils bafouent comme le montre déjà le numéro de Cause commune. qui résume l’histoire du parti à son incapacité à s’intéresser au sociétal. Personnellement, je n’ai qu’un espoir qu’il sortira des luttes après les municipales des gens en capacité de préparer une tout autre célébration des cent ans du PCF. (note de danielle Bleitrach)
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LA RETIRADA

Retirada : la commune se souvient

Impitoyable, le mois de février avec ses tempêtes et ses intempéries rappelle les souffrances endurées par les Républicains espagnols, jetés sur les chemins de l’exil, confinés sur les plages hostiles, fuyant l’offensive franquiste. C’est le mercredi 5 février que l’hommage leur sera rendu au cimetière de Port-Vendres.

En présence de l’association Ffreee (Fils et filles de républicains espagnols et enfants de l’exil), la cérémonie aura lieu à 17 h au pied de la stèle qui scelle la tombe des Républicains espagnols morts sur les bateaux hôpitaux basés dans le port, le Lyautey et l’Asni. Rendez-vous à 17 h 30 au ciné-théâtre Vauban pour des témoignages dont certains inédits. Tout d’abord une interview du commandant Robert, né José Antonio Alonso Alcalde, combattant dans l’armée républicaine espagnole, devenu après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale résistant, passé au maquis comme chef d’état major de la 3e brigade de l’Ariège. Seront projetées lors de cette séquence les images du film de Lluis Llech et Louis Imbert, issu des collections de l’Institut Jean-Vigo, des images prises sur le vif entre la frontière du Perthus et le camp d’Argelès-sur-Mer. Suivra la projection du film Camps d’Argelès, réalisé par Felip Solé, le seul film consacré à la vie quotidienne dans le camp d’Argelès jusqu’à sa fermeture en septembre 1941. Inédit également le témoignage consacré à José Egido par ses petites-filles Port-Vendraises. Connu sous le pseudonyme « El Chofer », le maire d’Alpera, de la province d’Albacède, a réussi une évasion spectaculaire le 20 octobre 1939, échappant ainsi à l’exécution programmée par les franquistes qui l’avaient condamné pour avoir alimenté les hôpitaux de Madrid et une base des Brigades internationales. Thérèse Cau dédicacera le livre qui lui est consacré Ils voulaient fusiller la liberté.

Une exposition sur les articles de presse concernant la Retirada sera présentée dans le hall du ciné-théâtre Vauban.

Le mercredi 5 février, à 17 h hommage devant la stèle consacrée aux républicains espagnols. À 17 h 30, films, exposition et témoignages au ciné-théâtre Vauban, entrée libre.
 
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Publié par le février 4, 2020 dans CINEMA, GUERRE et PAIX, HISTOIRE

 

TRUMP et les USA poursuivent une guerre commerciale dangereuse pour tous à travers leur propagande sur le coronavirus

La Chine accuse Trump de diffuser de fausses nouvelles sur le coronavirus et de n’apporter aucune aide réelle, de mener de fait ce faisant une guerre commerciale cachée qui risque d’avoir des effets catastrophiques non seulement sur la Chine mais sur toute la planète parce que c’est la Chine qui tire l’économie asiatique qui elle même tire l’économie mondiale.

Elle dénonce l’alarmisme propagée par Trump à partir des mesures énergiques prises contre l’épidémie. Les chiffres exacts de cette épidémie sont les suivants: concernent une population chinoise de un milliard trois cent mille personnes.

 

Coronavirus en Chine: comment traque-t-on l'origine de la maladie?

voici ce que communique l’AFP

Washington interdit l’entrée sur le territoire américain de tous les non-résidents arrivant de Chine et recommande à ses ressortissants de ne pas se rendre dans le pays asiatique ou de le quitter s’ils s’y trouvent.

Mais la Chine accuse  Trump de vouloir propager des nouvelles plus alarmistes que nécessaire pour poursuivre la guerre économique . En effet, ce qui peut désormais plus alarmer la Chine et le monde est la chute de la Bourse de ShangaÏ (- 7,8%), vu le rôle joué par ce pays dans la stabilité et dans la lutte contre l’écroulement et une faillite plus ou moins généralisée.

 » Un scorpion voulait traverser une rivière. Alors il demande à une grenouille de l’aider. Non, dit la grenouille, non merci, car si je te porte sur mon dos tu me piqueras et le dard d’un scorpion c’est fatal. Il n’y a, dit le scorpion, aucune logique dans tout cela – car les scorpions ont toujours été bons logiciens. Si je te pique, tu mourras et je me noierai. Alors la grenouille convaincue autorisa le scorpion à monter, mais juste au milieu de la rivière elle ressentit une terrible souffrance et elle comprit qu’en fin de compte le scorpion l’avait piquée. Logique ! cria la grenouille affolée en entraînant le scorpion dans les profondeurs de l’abîme. Où est la logique dans tout ça ? Je sais, dit le scorpion, mais je n’y suis pour rien. C’est mon caractère. »

Celui qui combat le capitalisme doit garder en mémoire cette histoire, s’il baisse la garde un seul instant en oubliant la nature de l’adversaire et pense qu’il tiendra sa parole puisque c’est leur intérêt réciproque est déjà un impuissant. Je suis persuadée que les Chinois le savent autrement ils n’en seraient pas où ils en sont, mais je crains que les Français qu’ils s’estiment dans le camp du scorpion ou dans celui de la grenouille se fassent beaucoup d’illusion et n’aient aucun parti capable de mesurer cela.

Danielle Bleitrach

P.S J’en dirai autant des Israéliens et des palestiniens, et mêmes des kurdes qui ont cru chacun à leur manière pouvoir diner avec le scorpion sans en être piqué et en reconnaissant leur impuissance face à la puissance.

 

L’histoire américaine d’Oliver Stone: «Nous ne sommes pas menacés. Nous sommes la menace »

Cette présentation du travail du réalisateur Oliver Stone appelle quelques remarques. La plus fondamentale pour nous Français est sa croyance dans le fait qu’il existerait à Paris une vision différente de celle des Etats-Unis sur la légitimité du capitalisme, c’est une illusion. L’ère Mitterrand a consacré une vision social démocrate de l’unanimisme des « droits de l’homme » qui justifiait toutes les interventions derrière les USA, celle-ci est allée s’amplifiant et aujourd’hui où l’on assiste à l’ultime figure de la collaboration interclassiste inauguré avec Mitterrand et hyspostasiée sous Macron, on a avec l’écologie politicienne, la même tentative d’enrôler les jeunes générations dans ce négationnisme historique (note et traduction de Danielle Bleitrach).

Alors qu’il lance sa nouvelle série télévisée offrant une vision critique des exploits américains à l’étranger, le réalisateur dit à MEE qu’il ne l’a pas toujours vu de cette façon
Oliver Stone prend la parole lors d’une conférence de presse pour lancer son nouveau livre sur l’histoire américaine (MEE / James Reinl)

Par 

NATIONS UNIES –  Les controverses américaines sont le point fort d’Oliver Stone.

Le réalisateur hollywoodien a tourné ses caméras contre l’assassinat de John F. Kennedy, la guerre du Vietnam et les attentats du 11 septembre.

Mais, lors de ses recherches pour sa série télévisée, The Untold History of the United States, ce sont les exploits américains au Moyen-Orient qui lui ont laissé l’impression la plus durable, a-t-il déclaré mercredi à Middle East Eye.

« Quand j’ai étudié l’histoire inédite, une chose qui m’a vraiment frappé violemment est l’histoire de notre implication au Moyen-Orient », a déclaré Stone.

«C’était une implication néfaste.»

Stone retrace l’histoire de la main mise de Washington dans la région jusqu’aux années 1930, mais il dit qu’elle a atteint un sommet lorsque le président George HW Bush a envoyé des centaines de milliers de soldats américains pour libérer le Koweït après l’invasion irakienne de 1990.

L’Union soviétique s’était récemment effondrée et la région a été largement ouverte à une seule superpuissance, a-t-il déclaré.

«Nous ne sommes jamais sortis de là. Une fois que nous y étions, nous y sommes pour toujours », a déclaré Stone.

«Nous avons déstabilisé toute la région, créé le chaos. Et puis nous blâmons l’Etat islamique pour le chaos que nous avons créé », a-t-il ajouté, faisant référence au groupe État islamique (EI) qui gouverne désormais des pans de l’Irak et de la Syrie.

Stone a recherché et écrit la série et le livre avec Peter Kuznick, un universitaire de l’Université américaine spécialisé dans les frappes nucléaires américaines sur le Japon qui ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale.

«Tout tourne autour du pétrole. Vous vous souvenez de l’adhésif que nous mettions sur nos pare-brises : que fait notre pétrole sous leur sable? », A déclaré Kuznick à MEE.

La faim de Washington pour le carburant sous-tend son alliance avec l’Arabie saoudite, le coup d’État soutenu par la CIA contre le Premier ministre iranien Mohammad Mosaddegh en 1953 et son soutien aux militants religieux antisoviétiques en Afghanistan dans les années 1980, a-t-il déclaré.

«Nous créons ces dégâts, puis nous élaborons un grand plan militaire pour les résoudre. Et les solutions militaires ne fonctionnent tout simplement pas », a-t-il déclaré.

Les vues de Stone et Kuznick ne sont pas susceptibles de soulever des sourcils dans les rues du Caire, de Moscou ou de Paris.

Mais aux États-Unis, ils ne sont pas courants

Comme Stone le dit, les Américains vivent dans une bulle et sont alimentés à la cuillère par un système scolaire, des politiciens et des médias qui décrivent les États-Unis comme un phare de stabilité et une force du bien dans le monde.

Dans un exemple célèbre, l’ancien président Ronald Reagan a qualifié les États-Unis de «ville brillante sur une colline».

« C’est très réconfortant d’être un Américain », a déclaré Stone.

«Vous avez le sentiment que vous êtes en sécurité et que vous avez la prospérité des biens matériels, et que vous avez des ennemis partout – Russie, Chine, Iran et Corée du Nord.

« Vous entrez dans ce cocon où vous avez un grand pays, deux océans, mais que vous êtes toujours menacé. »

Stone dit qu’il comprend bien cela parce qu’il l’a vécu lui-même.

Il a été élevé à New York, le fils d’un agent de change républicain, Louis Stone. Il a toujours été créatif – il a souvent écrit de courtes pièces pour divertir sa famille – mais n’a jamais remis en question la façon dont ses professeurs d’histoire avaient gonflé les États-Unis, a-t-il déclaré.

«Je n’avais reçu qu’une partie de l’histoire, qui mettait l’accent sur l’exceptionnalisme américain, l’Amérique en tant que pays altruiste et bénéfique pour le monde», a-t-il déclaré.

En 1967, Stone s’est porté volontaire pour combattre dans l’armée américaine et a servi au Vietnam. Il a été blessé à deux reprises et a reçu une étoile de bronze pour son héroïsme et un Purple Heart pour son service.

«Je suis revenu du Vietnam perplexe, complètement confus quant à ce qui se passait là-bas», a-t-il déclaré.

« Mais j’ai eu une forte dose de double langage, le discours militaire. »

Il a commencé à poser des questions et à lire sur «l’histoire progressiste» en même temps qu’il étudiait le cinéma à l’Université de New York avec Martin Scorsese et d’autres enseignants, a-t-il dit.

Ces idées ont nourri son cinéma à orientation politique dans les années 1980.

Salvador (1986) s’est déroulé dans une guerre des années 80 en Amérique centrale. Platoon (1986), le film révolutionnaire de Stone, a dramatisé l’intervention  d’un jeune soldat au Vietnam, avec Charlie Sheen.

Il a continué à sonder cette guerre à Born le 4 juillet (1989), avec Tom Cruise. JFK (1991) a montré ses théories du complot sur le meurtre de l’ancien président; des films tels que Nixon (1995) et W (2008) ont abordé les commandants en chef suivants.

La sortie de son film sur le lanceur d’alerte Edward Snowden de la NSA a été retardée jusqu’en 2016, a-t-il déclaré.

Il a également interviewé des hommes d’État étrangers qui défient Washington – du révolutionnaire cubain Fidel Castro au président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch et au président russe Vladimir Poutine.

The Untold History of the United States, une série documentaire en 10 parties et un livre de 750 pages, offre aux Américains une perspective alternative sur l’histoire américaine de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide jusqu’à nos jours.

Stone dit qu’il veut contrer le «crime éducatif» infligé aux écoliers américains .

«L’exceptionnalisme américain doit être chassé de nos programmes», a-t-il déclaré.

«Nous ne sommes pas menacés. Nous sommes la menace.  »

 

Diaz-Canel : « Soyez assurés que nous ne nous rendrons pas

Lors de sa visite gouvernementale dans la province de Sancti Spiritus, le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a échangé avec la presse nationale et étrangère. Photo: Studios Revolution

« Soyez assurés que nous ne nous rendrons pas, que nous ne nous laisserons pas souiller et que nous ne nous agenouillerons pas. Peu importe le prix qu’il nous en coûtera. Nous avons la force, nous avons le soutien de la population. Notre peuple est endurci dans ces épreuves », a déclaré le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, dans la soirée du jeudi 23 janvier, à la presse nationale et étrangère qui accompagnait la visite gouvernementale dans la province de Sancti Spiritus.

À un moment donné, au cours de la visite nocturne du chef de l’État dans la ville, le groupe de journalistes l’a approché à la Gare routière nationale, inaugurée en février 2019, où le chef d’État s’était rendu pour inspecter les installations modernes et échanger avec les personnes inscrites sur la liste d’attente pour obtenir un billet.

En réponse à une question de la CNN concernant la possibilité de réélection de Donald Trump, Diaz-Canel a souligné que « Cuba est prête. Pour nous, ces situations ne sont pas nouvelles. Cuba est prête à affronter des moments difficiles, avec ou sans réélection ».

Nous disposons de toute une stratégie, a précisé le président, « nous avons toujours des réponses dans notre histoire, nous avons tout un héritage, face à des situations comme celle-ci, une histoire de résistance, de lutte, et nous avons toujours été capables, grâce à cette capacité de résistance et de lutte, de trouver des issues et des réponses émancipatrices ».

Nous continuons à insister, a-t-il ajouté, sur le fait que nous sommes ouverts au dialogue avec les États-Unis, que nous pouvons entretenir des relations civilisées, comme l’a déclaré le général d’armée Raul Castro Ruz. « Mais cela doit être sur la base de l’égalité, ils doivent nous traiter d’égal à égal, ils doivent respecter notre souveraineté, ils doivent respecter notre autodétermination », a souligné Diaz-Canel Bermudez.

En faisant une évaluation de l’état actuel des relations entre les deux pays, le chef de l’État a estimé que la manière dont Trump s’est comporté envers Cuba n’est pas seulement liée à un moment électoral.

Trois situations fondamentales se produisent, a-t-il dit. L’une est électorale, car il essaie sans aucun doute de gagner le soutien de la communauté cubaine la plus réactionnaire de Miami, que nous cataloguons de mafia cubano-américaine.

Selon notre façon de voir, a-t-il indiqué, « il commet une erreur de jugement, car la communauté de Miami avait apporté davantage de voix à Obama, qui avait adopté une position différente envers Cuba, qu’à Trump lui-même. Mais il s’obstine constamment à gagner le soutien de cette communauté, ce qui réellement signifie répondre aux intérêts d’une petite minorité de personnes qui s’opposent à une normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis. »

Le président a ensuite évoqué le fait qu’ « une partie importante de la politique des États-Unis a échoué en Amérique latine. Ils ont tenté de renverser plusieurs gouvernements progressistes et c’est le contraire qui s’est réellement passé ».

La Révolution bolivarienne elle-même est toujours debout, alors qu’ils tenaient pour acquis qu’elle n’existerait plus à l’heure actuelle. Par ailleurs, une série de manifestations de mécontentement populaires ont commencé à éclater dans les pays où le néolibéralisme a conduit la population à une situation très complexe, a affirmé Diaz-Canel.

« Face à l’échec de la politique des États-Unis envers l’Amérique latine, ils ont essayé de trouver des prétextes et l’un d’entre eux – qui est très injuste, manipulateur et mensonger – est de dire que Cuba en est la responsable, et ensuite ils nous incluent dans un axe du mal constitué par des pays comme le Venezuela, Cuba et le Nicaragua. »

Et comme troisième élément, a conclu le président : « il y a la façon de penser de Trump, sa politique envers Cuba, une partie de la politique que les États-Unis ont malheureusement menée pendant toutes ces années ».

Vous avez vu, a déclaré le chef de l’État aux journalistes, la façon ridicule dont les États-Unis appliquent presque chaque semaine une sanction contre Cuba et utilisent ensuite un langage manipulateur, en affirmant que c’est pour aider le peuple cubain.

« Qui aident-ils ? Ces mesures aident-elles le peuple cubain ? Ces mesures aident-elles la famille cubaine qui vit aux États-Unis ? Ces mesures aident-elles le peuple étasunien ? Elles vont à l’encontre de tout cela », a-t-il souligné. Nous restons sereins, au milieu de situations complexes, a-t-il assuré.

« Ils ont tenté de couper nos approvisionnements en carburant. Aujourd’hui, le pays fonctionne avec un déficit en carburant, mais vous avez vu, ici même, dans une province du centre du pays, que la vie continue, que les gens tiennent leur engagement, gardent de la vitalité dans toutes leurs aspirations et aussi dans leur vie quotidienne. Voilà, les Cubains, nous sommes ainsi. »

CONCEVOIR UNE ÉCONOMIE D’ÉQUILIBRES

Une journaliste de l’agence espagnole EFE, s’adressant au président cubain, a commenté la façon dont il a insisté pour « débloquer l’économie », ce qui est « très important pour son pays ». Diaz-Canel a souligné que de l’aide a été demandée à l’Université : « À l’Université, nous avons demandé la participation au peuple, et aussi aux groupes de travailleurs ». Il a ensuite rappelé l’indication donnée à tous les ministres du gouvernement de l’île de « travailler à un exercice de réflexion collective et d’essayer de disposer d’une banque de situations dans lesquelles il y a des obstacles, des situations dans lesquelles il peut y avoir de la bureaucratie, dans lesquelles il y a des décisions que nous devons mettre à jour, afin qu’ensuite, avec cette banque de problèmes, nous puissions commencer à chercher des voies, à partir de la gestion du gouvernement, des moyens nous permettant d’éliminer progressivement, de débloquer, de nous débarrasser de ces entraves ».

Le président Diaz-Canel a dit avoir insisté, notamment auprès des membres du gouvernement qui participent aux visites, sur le fait que chacun doit demander aux citoyens d’expliquer les problèmes qui les préoccupent le plus, et que toute personne pouvant formuler une proposition doit le faire afin qu’elle soit prise en compte.

Répondant à la journaliste de l’agence de presse EFE, Miguel Diaz-Canel a abordé plusieurs questions économiques sur lesquelles le pays travaille actuellement : il a parlé d’une matrice des relations entre les différents processus, dont les solutions ne viennent pas d’un seul coup ou qui ne dépendent pas d’une seule décision : « Vous devez les analyser (les décisions), car la décision que vous prenez dans un domaine affecte l’autre. »

Le président a souligné que pour cette prise de décision, on compte beaucoup sur le soutien des économistes, et il a rappelé qu’il y a environ un mois, il s’est réuni avec les membres de l’Association nationale des économistes et comptables de Cuba (ANEC), afin de « donner une continuité à ma participation à leur Congrès ».

De l’avis du président, ce que l’on cherche, c’est « sans freiner le secteur privé, il s’agit également de lever les obstacles dans le secteur de l’État, et trouver les dimensionnements adéquates que doivent avoir l’État, le secteur privé et les coopératives ».

De même, il s’agit de parvenir à des relations adéquates entre l’État et le secteur privé. « Je pense que tous les acteurs économiques à Cuba aujourd’hui sont importants », a souligné Diaz-Canel, qui n’a pas manqué de souligner le fait que « beaucoup de choses sont remises en ordre » et que des progrès sont réalisés en dépit de la complexité des processus.

C’est une situation complexe qui s’explique en partie « par la quantité de choses qui se sont accumulées » : le pays fait face au défi de l’unification monétaire et des taux de change, ce qui aidera à « stabiliser légèrement les conditions, et à partir de là, beaucoup plus de choses peuvent être faites, mais il y a beaucoup d’idées, il y a plusieurs groupes de travail réunissant des universitaires, des économistes, des personnes qui sont impliquées dans les processus fondamentaux, qui travaillent et font des propositions. »

Et d’ajouter : « Si vous regardez la liste des politiques qui ont été approuvées, des politiques qui ont été mises en œuvre, vous pouvez constater que le pays a beaucoup changé en dix ans, au cours des quinze dernières années, et il continuera à changer, il continuera à changer pour le mieux. »

« Nous avons également étudié les expériences de la Chine et du Vietnam », a souligné le président, qui a demandé de ne pas oublier que « ni la Chine, ni le Vietnam n’ont été victimes d’un blocus comme Cuba l’a été pendant plus de 60 ans, et ce n’est pas le blocus de n’importe qui : c’est un blocus exercé par le gouvernement des États-Unis, par la première puissance mondiale, et ce n’est pas un blocus rhétorique, c’est un blocus dans tout le sens du terme ! »

« Personne, aucun pays du monde ne s’est vu appliquer les choses qui nous ont été appliquées. N’est-il pas honteux qu’une puissance aussi grande que les États-Unis, si riche en ressources, interdise à une petite Île d’obtenir son carburant ? Est-ce un concept humaniste dans les relations politiques, dans les relations internationales, dans les relations entre pays ? Ou est-ce une position d’arrogance, d’offense, d’imposition ? », a-t-il demandé.

« Nous avons toujours dit, eh bien, je l’ai ratifié tout à l’heure : nous avons des différences idéologiques qu’à mon avis nous aurons toujours, mais nous pouvons établir une coexistence civilisée, mais elle doit être basée sur le respect », a-t-il conclu.

 
 

la culture et la CIA: chapitre 2 (suite)PP 51 à 56

Voici la suite du chapitre 2 avec la création de la CIA et l’aperçu de ses activités, en particulier la manière dont une « élite »abandonne tous principes pour lutter contre le communisme qu’elle définit comme également sans principes et organisant partout des activités clandestine de déstabilisation contre le capitalisme Ce dernier est  baptisé « démocratie »par cette élite regroupée au sein de la CIA et le communisme dictature assortie de séditions. l’ennemi de la veille, le nazisme, ses organisations de renseignement en particulier sont gardées intactes pour être ré-utilisées contre l’uRSS. C’est un personnage Wisner qui installe cette pratique au cœur de la CIA, mais elle correspond à un sauvetage massif des anciens nazis, recrutés et installés en Amérique du sud, avec l’aide du Vatican.  Cette organisation qui de fait a tous les droits, n’appartient pas au seul passé,  elle est  plus que jamais  aujourd’hui à l’oeuvre, et a évolué selon sa logique initiale: ce qu’il vaut bien mesurer c’est qu’à la chute de l’URSS, le dispositif théoriquement orienté dans la lutte contre le terrorisme a en fait utilisé son pseudo ennemi pour poursuivre sa lutte contre le communisme et les mouvements progressistes de libération nationale, le syndicalisme. Il en a été du terrorisme comme de la drogue,une autre des spécialités de la CIA, sous couvert de lutter contre la drogue celle-ci a été utilisée contre les vrais ennemis de la CIA. Nous en sommes toujours là et un chapitre pourrait être consacrée à leur infiltration en relais avec l’UE dans les partis communistes à partir de l’eurocommunisme. Mais voyons les missions et les moyens de cette machine de guerre que l’oligarchie capitaliste,se donne dès la fin de la 2ème guerre mondiale  contre le communisme. (note de danielle Bleitrach)

 
Frank Wisner imagesmentalflosscomsitesdefaultfilesstyles
Died  October 29, 1965, Maryland, United States, en effet atteint de troubles maniaco dépressifs, Franck Wisner de plus en plus dévoré par ue paranoïa anticommuniste finit par se suicider avec la carabine de son fils qui aura aussi une carrière politique. 

Le 19 décembre 1947, la philosophie politique de Kennan acquit une autorité légale dans une directive du Conseil de sécurité nationale, le NSC-4 de Truman. Une annexe hautement confidentielle à cette directive, le NSC-4A, chargeait le directeur de la CIA d’entreprendre des « activités psychologiques secrètes » pour soutenir la politique anticommuniste américaine. Etonnament évasive quant aux procédures à suivre pour coordonner ou approuver ces activités, cette annexe était le premier texte officiel d’après-guerre autorisant des opérations secrètes. Elle fut remplacée en juin 1948 par une nouvelle,et plus explicite, directive rédigée par Georges kennan, la NSC-10/2. Ces deux directives devaient  au cours des décennies suivantes piloter les services de renseignements américains dans les eaux agitées de la guerre politique clandestine.

Préparées dans le plus grand secret, ces directives « adoptaient  une conception étendue des besoins en sécurité de l’Amérique pour faire sien u monde essentiellement modifié à sa propre image(14) ». Partant du principe que l’Union soviétique et ses pays satellites étaient engagés dans un programme d’activités clandestines « vicieuses » pour discréditer et faire échouer les objectifs et les activités des Etats-Unis et autres puissances occidentales », la NSC-10/2 accordait  la plus haute approbation gouvernementale à une pléthore d’opérations secrètes: « propagande, guerre économique, action directe préventive incluant sabotage, antisabotage, mesures de destruction et d’évacuation, subversion contre les Etats hostiles incluant aide aux mouvements souterrains de résistance, guérillas et groupes de libération des réfugiés(15) ». Toutes ces activités, selon les termes de la NSC-10/2, devaient être « organisées et exécutées de telle manière que la responsabilité du gouvernement américain ne semble pas évidente aux personnes non autorisées et, en cas de découverte, que le gouvernement  américain puisse plausiblement décliner toute responsabilité à cet égard »(16) ».

La NSC/10/2 établissait des équipes spéciales pour les opérations secrètes, au sein de la CIA, mais la politique et le personnel étaient placés sous le contrôle du Bureau de planification politique du département d’Etat (en  d’autres termes sous le contrôe de kennan) Ces équipes prirent finalement le nom de Bureau de coordination politique (Office of Policy Coordination, OPC), titre inoffensif conçu pour en assurer la crédibilité tout en révélant pratiquement rien de son but (17). L’action secrète fut définie comme « n’importe quelle activité clandestine conçue  pour influencer les gouvernements, les événements, les organisations ou personnes dans les pays étrangers pour le soutien de la politique extérieure des Etats-Unis conduite de telle sorte que l’engagement du gouvernement américain ne soit pas apparent(18) ». Virtuellement illimité dans sa portée et son caractère secret, l’OPC n’avait pas de précédent dans l’Amérique en temps de paix. C’était le département des coups bas pour lequel Allan Dulles et ses cow-boys de Park-avenue avaient fait campagne. Issu de leurs rangs pour diriger cette nouvelle opération, Frank Wisner fut choisi dans cette liste de candidats présentés par Georges Kennan.

Frank Wisner, ancien conseiller juridique à Wall Street pourvu d’un accent du Mississippi et de l’inhabituelle vertu  d’être un champion  de courses de haies à l’Université de Virginie, était un vétéran des campagnes de l’oSS (office des services stratégiques) dans toute l’Europe, et le directeur de sa section de renseignements. Il avait continué à travailler pour les renseignements militaires après la guerre  et avait été responsable des contacts avec l’organisation Gehlen, unité de renseignement de l’armée allemande que les Américains avaient gardée intacte pour espionner la Russie. Wisner n’était pas homme a être freiné par des arguments moraux. Comme  l’explique Harry Rositzke, son proche collègue à l’OSS et plus tard à la CIA: « viscéralement, on utilisait n’importe quel salaud à condition qu’il soit anticommuniste (19) » Et Allen Dulles parlant des rapports entre Wisner  et le général SS Reinhard Ghelen disait « on n’a pas besoin de l’inviter à son club(20) ».

Wisner avait démissionné des renseignements militaires sur un coup de colère, lorsque ses supérieurs avaient coupé les cheveux en quatre à propos de sa demande de bicyclettes supplémentaires pour ses officiers. Il avait alors intégré le département d’Etat et, là, continué à diriger ce qui était virtuellement  son groupe de renseignements personnel , qui consistait en une série de terriers bien cachés dans la bureaucratie du gouvernement. C’était ce groupe qui intégrait alors la CIA avec l’OPC. L’habitude que Wisner avait d’employer des nazis ne s’arrêta pas lorsqu’il prit la direction de l’OPC. « Wisner amena tout un groupe de fascistes après la guerre, vraiment des sales types. Il pouvait le faire, car il était puissant(21) », explique un collègue de la CIA. « Il était la référence d’un grand nombre de choses, un homme brillant, compulsif, doté d’énormément de charme et d’imagination, et il avait la conviction que n’importe quoi, absoluent n’importe quoi pouvait être accompli, et par lui (22) »

Sous la conduite de Wisner, l’OPC devint l’élement qui se développa le plus rapidement dans la CIA. Selon Edgar Applewhite, inspecteur général  adjoint de la CIA, ses membres « s’arrogeaient  un pouvoir absolu, et il n’y avait pas de précédent pour y mettre des bornes. Ils pouvaient faire ce qu’ils vouaient , à condition que « l’autorité supérieure », comme nous appelions le Président , ne l’interdise pas expressément. Ils étaient  extrêmement aristocratiques dans leurs présupposés, extrêmement bornés sur les rapports entre les hommes et les femmes, très romantiques et arrogants. Ils avaient  reçu du ciel une mission et, Dieu sait, quelle aubaine! Ils s’en pourléchaient (23) »

Afin de faciliter les opérations de l’OPC,le Congrès adopta en 1949 la loi qui instituait la CIA et autorisait son directeur à dépenser des fonds sans avoir à rendre des comptes. En quelques années, les activités de l’OPC – la portée de ses opérations, ses effectifs et son budget -grandirent telle une hydre. Sa puissance totale en effectif passa de 302 en 1949 à 2812 en 1952, plus de 3142 membres contractuels à l’étranger . Dans le même temps, son budget enfla de 4,7 millions à 82 millions de dollars. Son aménagement interne, qui créait une demande de projets, contribua à son expansion.Les activités de l’OPC n’étaient pas programmées autour d’un système financier mais autour de projets. Ceci finit par avoir des effets internes néfastes: « Un individu au service de l’OPC n’étaient pas programmées autour d’u système financier mais autour de projets. Ceci finit par avoirdes effets internes néfastes: « un individu au service de l’oPC jugeait sa propre performance, et était jugé par les autres,selon l’importance et le nombre de projets qu’il initiait et dirigeait. Cela entraînait une compétition parmi les individus et les divisions de l’OPC pour générer le plus pssible de projets (24). »

Au début, la cIA eut son quartier général dans une série de bâtiments délabrés, connus sous le nom de « cabanes », éparpillés autour du Capitole et de Washington Mall. Là, dans les couloirs poussiéreux, les nouvelles recrues étaient charmées par « l’atmosphère de guerre et la fièvre de la mobilisation. Les salles étaient remplies d’hommes et de femmes inquiets et assidus, courant à des réunions tout en poursuivant leurs entretiens, donnant des instructions tranchantes à des assistants qui tenaient de les suivre. De nouveaux venus enthousiastes, se mélangeaient aux  vétérans de l’oSS, les collègues de Jedburgh membres de l’élite de l’après-guerre, tout juste sortis des campus des Universités de Ivy League qui portaient des vestes de tweed, fumaient la pipe, et débordaient d’idées innovantes audacieuses. Ces gens-là avaient afflué à la CIA parce que c’étaitlieu où un libéral non communiste pouvait lutter le plus efficacement contre la menace communiste(25) ».

La ligne de front de cette bataille était évidemment établie non pas à Washington mais en Europe. En ouvrant un bureau à la base aérienne de Tempelhof, à une demi-heure de route de Berlin, la CIA sembla inonder l’Allemagne de ses officiers. Avec les autres divisions de la CIA, il y avait 1400 agents en poste en Allemagne à cette période.

Une des premières recrues de l’OPC en Allemagne dut Michael Josselson. Dans ses notes en vue de ses mémoires qui ne furent jamais terminées, Josselson écrit: « Ma période de service […] se terminait en 1948. Mais un retour à la vie civile, qui pour moi signifiait de recommencer à travailler comme acheteur pour un grand magasin américain, carrière sans intérêt particulier, me remplissait de désespoir. C’est à ce moment qu’un ami américain qui travaillait dans les renseignements me présenta à un chef de l »‘équipe » en Allemagne. Suivirent un ou deux autres  entretiens à Washington, un questionnaire interminable, et enfin une très longue attente pendant que le FBI tentait avec sa maladresse coutumière de découvrir s’il y avait quoique ce soit de négatif dans mon passé.  E automne 1948, mon habilitation arriva et je rejoignis l' »équipe » en tant que chef du poste de Berlin pour l’action clandestine (Covert action ou CA), qui se distinguait du secteur renseignement  ou espionnage (FI). A part l’aspect « secret », c’était en réalité une continuation de la guerre psychologique, sauf qu’elle était cette fois dirigée contre les Soviétiques et les communistes de l’Allemagne de l’Est. C’était une action défensive car les Soviétiques avaient depuis longtemps commencé la guerre froide psychologique (26). »

le recruteur de Josselson était lawrence de Neufville, membre de l’OSS, qui était arrivé en Allemagne avec la première vague des troupes américaines en 1944. Jusqu’au début 1948, il servit comme consultant  pour l’administration civile à Berlin. Il fut alors contacté par John Baker, un des premiers officiers de la CIA en Allemagne, célèbre par la suite pour avoir été déclaré persona non grata par les Soviétiques pour avoir « violé systématiquement le code de conduite des représentants diplomatiques » (c’est-à-dire espionné) quand il était deuxième secrétaire de l’Ambassade des Etats-Unis à Moscou. « je n’ai pas posé ma candidature ou quelque chose comme cela pour entrer à la CIA, déclara plus tard Neufville. J’étais tout à fait heureux là où j’étais, travaillant à la Constitution, aidant à mettre en place le gouvernement d’Adenauer. C’était très excitant. Mais alors un jour John Baker entra dans mon bureau et me demanda si j’aimerais rejoindre l’Agence (27). » Neufville accepta l’offre et on lui attribua u poste « secret » au Bureau du Haut Commissaire américain, John McCloy. La première chose qu’il fit fut de recruter  Josselson que son travail à Berlin avait transformé en légende dans les cercles de renseignements.

Pendant ce temps, Nicolas Nabokov était-il conscient du nouveau travail de son ami? Michael Josselson était un homme farouchement secret, le monde des renseignements lui convenait idéalement. Lorsque des membres de sa famille qui vivaient à Berlin Est réussirent à le retrouver en 1949, il les renvoya sèchement en leur disant de ne jamais plus le contacter à l’avenir. Blessés,ils crurent que leur cousin « américanisé » les trouvait maintenant indignes de lui. En fait il était inquiet pour leur sécurité. Pour des berlinois de l’Est, avoir un parent dans les services secrets américains les aurait immédiatement mis en danger. Toutefois , Nabokov se faisait certainement une bonne idée de la nouvelle direction de Josselson. Il y avait davantage d’espions à Berlin à cette époque que de bicyclettes en état de marche, et Nabokov avait travaillé aux côtés de beaucoup d’entre eux

En fait, il apparaît que contact avait été également pris avec nabokov pour entrer à la CIA. En 1948 il fit acte de candidature à un poste au gouvernement. N’étant pas bureaucrate de nature, il est peu probable qu’il ait souhaité intégrer le département d’Etat (que bon nombre de recrues de la CIA dédaignaient: « tout politique et pas d’action »), et étant donné que Allen Dulles s’intéressait à sa candidature, on peut raisonnablement présumer qu’il essayait d’obtenir un poste dans les renseignements. Mais sa candidature posait problème et il ne fut pas habilité. Son répondant, Georges Kennan, très embarrassé, lui écrivit en lui conseillant de retirer sa candidature: »Je vous donne cet avis (qui me donne une tristesse considérable et une véritable inquiétude) uniquement parce que je n’ai pas pu tirer cette affaire au clair d’une façon qui me satisfasse et que je peux vous assurer que vous serez exempt de désagréments ultérieurs si vous continuez à vouloir travailler avec le gouvernement […] Je ne peux que dire que selon moi toute l’action du gouvernement dans cette affaire, dans son ensemble, est mal pensée, myope, injuste et tout à fait incohérente par rapport au désir d’utiliser les services de personnes pourvues de sensibilité, d’intelligence et de valeur […] Je pense que le gouvernement a perdu  tout droit d’utiliser votre avis et si j’étais vous, je laisserais tout  tomber pour l’instant (24). » Jusqu’à nouvel ordre, Nabokov fut laissé à l’écart.

Et Melvin Lasky? N’était-il pas un candidat idéal  pour rejoindre les rangs de plus en plus fournis de la CIA On a prétendu qu’il en était devenu un agent. Ce qu’il a toujours nié. Comme pour Thaxter dans le don de Humboldt de saul bellow, la rumeur ajouta beaucoup à son mystère » Sa présence constante sur les premières lignes  de la guerre froide culturelle pendant les deux décennies à venir n’allait pas passer inaperçue.

 

fin du chapitre 2 intitulé »les élus du destin » et qui va de la page 44 à 56

.le prochain chapitre 3  s’intitulera Des marxistes au Waldorf

 

La culture et la CIA (suite) :chapitre 2 , les élus du destin première partie)pp44-51

Suite du livre de Frances Stonor saunders mais on rentre dans le vif du sujet. La CIA, créée le 26 juillet 1947, dans sa lutte contre le communisme innove sur deux points, elle est la première organisation de renseignement américain en temps de paix, ensuite son intervention secrète dans la politique des autres nations n’est jamais contrôlé par autre qu’un président et donne donc lieu à des activités clandestines paramilitaires qui en feront  une organisation anti-démocratique et anti-souveraineté internationale par excellence. C’est le passage avec équivalence idéologique de la lutte contre le nazisme à la lutte contre le communisme. Ce qui est en fait la lutte de l’oligarchie capitaliste contre la Révolution communiste prolétarienne devient lutte contre « le totalitarisme », dans laquelle le capitalisme devient la liberté et le communisme, la dictature. L’influence de Max Weber est patente chez Frances Stonor Saunders qui nous décrit la base originelle de la CIA, à savoir l’OSS comme relevant de l’éthique protestante et de l’esprit du capitalisme sur la côte Est en particulier, regroupant les véritables fortunes des Etats-Unis. Tout est dit dans cette phrase sur l’esprit qui animait ces gens qui s’étaient rencontrés dans les plus grandes écoles: « Rompus aux vertus chrétiennes et aux devoirs qu’imposent les privilèges, ils en sortirent avec la croyance en la démocratie mais la méfiances en l’égalitarisme  non contrôlé.  » Ces gens là sont impitoyables dans leur vision de classe (je vous recommande la vision de l’intervention en Italie pour empêcher le communisme. Ce qui est encore une théorie va devenir partout une réalité.

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Georges kennan , le théoricien de la guerre froide ou » l’élite » organise la lutte contre le communisme par n’importe quel moyen.

Chapitre 2

Les élus du destin

Il n’existe pas une telle chose que l’innocence.

l’innocence teintée de culpabilité  est le mieux qu’on puisse obtenir

Mike Hammer dans j’aurais ta peau de Mickey Spilane

 

La proposition américaine avait déjà été énoncée  dans la doctrine Truman et dans le Plan Marshall. A  présent, une nouvelle phase de la guerre froide s’ouvrait avec la création de l’Agence centrale de renseignements, la CIA, la première organisation de renseignements américains en temps de paix. Créée par la National Security Act (Loi de Sécurité nationale) du 26 juillet 1947, l’Agence était à l’origine chargée de coordonner les renseignements diplomatiques et militaires.Essentiellement – et dans un langage extrêmement vague- elle  était également autorisée à mener des « opérations d’intérêt commun » secrètes et à remplir « toute autre fonction et obligation » que le Conseil National (créé par la même loi) pouvait ordonner. « Nulle part dans la loi de 1947 la CIA n’est explicitement habilitée à recueillir des renseignements et à intervenir secrètement dans les affaires d’autres nations, devait rappeler ultérieurement un rapport gouvernemental. Mais la formule élastique « tout autre fonction » fut utilisée par les présidents successifs pour demander à l’Agence espionnage, action clandestine, opérations paramilitaires et collecte de renseignements techniques (1) ».

La fondation de la CA marque une refonte dramatique des données traditionnelles de la politique américaine. Les termes selon lesquels l’Agence fut établie institutionnalisaient les concepts de « mensonge nécessaire » et de « possibilités de démentis plausibles » comme stratégie légitimes en temps de paix,et produisirent à la fi une strate gouvernementale invisible dont le potentiel de risque d’abus, dans le pays comme à l’étranger, n’était pas freiné par la nécessité de rendre des comptes.

Cette expérience d’influence illimitée est illustrée par le héros éponyme de Norman Mailer dans son monumental Harlot et son fantôme : « Nous mettons tout sur écoute, dit Harlot. Si les bonnes récoltes sont un instrument de politique extérieure, alors nous sommes obligés de savoir quel temps il fera l’année prochaine. La même exigence nous interpelle où que nous regardions: finance, médias, relations du travail, production économique, conséquences thématiques de la télévision. Où se trouve la limite de tout ce qui peut légitimement nous intéresser?… Personne ne sait combien de pipelines nous avons dans des endroits propices – de cumulards du Pentagone, de contre-amiraux, de membres du Congrès, de professeurs de différents courants de pensée, de spécialistes de l’érosion du sol, de syndicalistes étudiants, de diplomates, d’avocats d’entreprise, ou que sais-je encore! Tous nous ont apporté leur contribution(2) ».

La CIA possédait des compagnies aériennes, des stations de radio, des journaux , des compagnies d’assurance et des agences immobilières, et sa présence dans les affaires internationales grandit d’une façon si prodigieuse au fil des ans que les gens commencèrent à suspecter sa présence derrière chaque buisson. Ainsi que devait le regretter plus tard un membre de l’Agence: « Comme Dorothy Parker et les choses qu’elle dit, la CIA est louée ou blamée à la fois pour ce qu’elle a fait et pour beaucoup de choses qu’elle n’a même pas envisagées(3). » des opérations désastreuses comme la baie des Cochons ne contribuèrent guère à améliorer son image publique. Un stéréotype négatif émergea de la CIA, qui serait peuplée d’Américains « méchants », jésuitiques et sans pitié, dont la vision du monde serait défformé par un dédale de miroirs.

Il est certain que l’histoire continue à valider cette version. La doctrine Truman et les Lois de sécurité nationale qu’elle inspira sanctionnaient l’agressivité et l’intervention à l’étranger. Mais l’envergure impériale de ses actes de piratage a tendance à obscurcir des vérités moins calamiteuses concernant la CIA. Au début, ses officiers se sentaient investi d’une mission – » sauver la liberté occidentale des ténèbres communistes »-, mission qu’un officier compare à l' »atmosphère d’un ordre de Templiers (4) ». Initialement, l’influence dominante venait de « l’aristocratie » de la côte est et de l’Ivy League, un Bruderbund d’anglophiles raffinés qu trouvaient  de puissantes justifications à leurs actions dans la tradition des Lumières et les principes enchassés dans la déclaration d’Indépendance.

En cela la CIA était l’héritière de son prédécesseur du temps de la guerre,  l’OSS (l’Office des Services Stratégiques), établis en 1941 à la suite de Pearl Harbour et démantelé en 1945 par le Président Truman qui, selon ses propres termes, ne voulait rien avoir à faire avec une « Gestapo » en temps de paix; Cette peur primitive reflétait peu de la réalité de l’OSS, qui avait acquis le surnom de « Oh Si Snob » à cause de l’atmosphère de club et de collège qui y régnait. Le chroniqueur Drew Pearson l’appelait « l’un des groupes les plus à la mode de diplomates dilettantes,banquiers de Wall Street et détectives amateurs jamais vu à Washington(5) ». « Tous les membres de l’OSS avaient un barda où se trouvaient une carabine, quelques grenades, des pièces d’or et une capsule de cyanure ». »,se rappelle Tom Braden qui avait travaillé en liaison étroite avec le chef de l’OSS, William « Wild Bill » Donovan (surnom que lui avait valu ses exploits contre Pancho Villa). « Une fois, Donovan oublia sa capsule dans un tiroir à l’hôtel Dorechester et il demanda à David Bruce d’envoyer un câble de france pour que la femme de ménage la lui envoie. C’était un fameux compère, Bill Donovan,une légende en son temps. Une fois il m’a dit : »Braden, si t’es dans le pétrin, sors ton couteau et plante- le-lui dans les couilles. »(6) ».

régis par une législation qui interdisait peu et admettait virtuellement tout, les membres de l’OSS parcoururent l’Europe en guerre tels des proconsuls modernes Le premier homme de l’oSS à arriver à Bucarest après le retrait des Allemands à l’Automne 1944 devint un invité permanent des réunions du cabinet roumain, et se vanta auprès de ses collègues: « Avant n’importe quel vote, ils me demandent ce que j’en pense… Ils votent toutes mes lois à l’unanimité. Je n’aurais jamais cru que diriger un pays fut si facile (7). Mais diriger un pays était précisément ce à quoi leur éducation avait préparé la plupart des membres de l’OSS. En recrutant au coeur de l’Etablishement américain des affaires, de la politique, de l’Université et de la culture, Donovan avait constitué u corps d’élite issu des familles et des Institutions les plus puissantes d’Amérique. Des membres de la famille mellon occupaient des postes d’espionnage à Madrid, Londres, genève et paris. Paul mellon travaillait pour le Bureau des opérations spéciales (Special Operations Executive) à Londres. Sa soeur Ailsa (la femme la plus riche du monde à une certaine époque) était mariée à son commandant, le chef de l’OSS à Londres, David Bruce, fils du sénateur américain, et personnellement millionnaire. Les fils de J.P. Morgan appartenaient tous deux à l’OAS. Les familles vanderbilt, Du Pont, Archibold (standar Oil), Ryan (Equitable Life Insurance), Weil (les grand magasins Macy) et Whitney étaient toutes représentées dans les rangs de l’armée secrète de Donovan.

Figuraient aussi parmi les recrues de l’OSS l’éditeur de guides touristiques Eugène Fodor; le journaliste new-yorkais Marcello Girosi qui devint plus tard producteur de films américains et italiens avec sophia Loren; Ilia TolstoÏ, petit fils émigré du célèbre écrivain, qui fut membre de la mission de l’OSS à Lhassa; et Julia Mac Williams Child, plus tard cuisinier de renom, qui tenait les dossiers de l’oSS à Chongqing. Raymond Guest, homme du monde, joueur de polo, cousin de Winston Churchill, causa de pittoresques ravages dans les opérations de l’oSS en France et en Scandinavie. Antoine de Saint Exupéry était u ami proche de Donovan, tout comme Ernst hemingway, dont le fils John appartenait aussi à l’OSS.

Un critique a beau se plaindre que de nombreux membres de l’oSS « semblaient être des gamins excités pour qui l’oSS était peut-être un moyen d’échapper au service militaire ordinaire en même temps qu’une sorte de rigolade(8) », l’idée prévalait  aussi que tous les plus hauts gradés du service de Donovan « risquaient  leur futur statut de banquier, d’administrateur ou de politicien en s’identifiant à des pratiques illégales et non orthodoxes(9) ».Lorsque l’OSS fut démantelé beaucoup de ces banquiers, administrateurs et politiciens retournèrent à la vie civile. Allen Dulles, brillant adjoint de Donovan, responsable des opérations de l’OSS en Europe, retrouva son poste d’avocat à New York, où il anima un groupe informel de militants qui étaient en fait un service américain permanent et de renseignements. Dans ce groupe surnommé les « cow-boys de park Avenue », figuraient Kermit « Kim » Roosvelt, le petit-fils de Theodore Rossvelt; Tracy Barnes (qui avait aidé à récupérer auprès de comtesse Ciano le fameux journal de Ciano); Richard helms et franck Wiesner, qui rapportaient les rumeurs du service de renseignement  militaire en Allemagne occupée; et Royal tyler qui allait bientôt prendre la tête du bureau parisien de la Banque Mondiale.

Loin de risquer leur « futur statut « , les membres de l’OSS découvrirent qu’ils avaient gagné un regain de réputation et l’occasion d’élargir la vieille camaraderie scolaire qui avait été leur premier lien. Ceci, ainsi que leur iniatiation à l’illégalité et à la non orthodoxie, devait offrir de riches ressources à la CIA. Ce fut cette élite historique, ces membres de l’Ivy League qui devaient exercer leur influence dans les conseils d’administration, les institutions universitaires, les plus importants journaux et médias, les cabinets juridiques et le gouvernement, et qui s’avancèrent alors pour remplir les rangs de l’Agence à ses débuts. Nombre d’entre eux étaient originaires d’un petit cercle de Washington, environ une centaine de familles riches, connues sous le nom de « troglodytes », qui militaient pour la préservation des valeurs épiscopaliennes et presbytériennes qui avaient guidé leurs ancêtres. Elevés dans les principes d’intelligence vigoureuse, prouesse athlétique, politesse oblige et solide éthique chrétienne , ils prenaient exemple  sur des hommes tels que le révérend Endicott Peabody, dont ,sur le modèle d’Eton, Harrow et Winchester , l’école Groton fut l’alma mater de tant de dirigeants nationaux. Rompus aux vertus chrétiennes et aux devoirs qu’imposent les privilèges, ils en sortirent avec la croyance en la démocratie mais la méfiances en l’égalitarisme  non contrôlé. prenant à contre-pied la célèbre déclaration de Willy Brandt : »Nous sommes des élus du peuple et non pas les élus », ils étaient les élus qui n’étaient pas des élus du peuple.

ceux qu n’avaient pas servi dans l’OSS avaient passé la guerre au département d’Etat et au Foreign Office où ils avaient gravi tous les échelons. Ils gravitaient autour de personnages tels que Charles « Chip » Bolhen, futur ambassadeur en France. Au début des années quarante, sa maison de Dumbarton Avenue à Georgetown était un foyer intellectuel fréquenté par Georges Kennan et Isaiah Berlin que les cercles  de Washington révéraient déjà comme « le prophète ». Un  observateur décrit Kennan, Bolhen et Berlin comme un « un trio amical et homogène ». Bolhen  avait été l’un des fondateurs d’une science nouvelle connue sous le nom de Kremlinologie. Il avait vécu en Russie, fréquenté ses dirigeants et ses bureaucrates,étudié la littérature idéologique et pouvait citer ses classiques. Il avait été témoin des purges et des procès de la fin des années trente, et des retombées de la « politique culturelle » de Jdanov. « Il existe deux célèbres « mots de la fin » aimait à répéter Bolhen, l’un est « l’alcool ne m’atteint pas », l’autre est « je comprends les Russes ». » Pour mieux comprendre, il se tourna vers isaiah Berlin et vers Nicolas nabokov qui travaillait alors pour le département de la justice. Bolhen disait  toujours de Nabokov que c’était un « atout psychologique »,et Nabokov lui retournait le compliment  en appelant Bolhen « mon modèle, ma source de conseil ».

Ces nouveaux amis se faisaient peu d’illusions sur « Oncle Joe », écrit plus tard Nabokov. De bien des manières, ils formaient un groupe anachronique dans le Washington de l’époque, peut-être même dans toute l’Amérique. L’Amérique était dans un état  d’euphorie soviétophile, qu’aucun des habitués de la maison de Dumbarton avenue ne partageait. La majeure partie de l’opinio publique américaine avait changé de sentiment envers la Russie deux fois en trois ans. D’abord elle avait été contre – après le partage de la Pologne et la « diabolique » guerre de Finlande. Dans les caricatures de journaux, Staline était un effroyable mélange de loup et d’ours . Puis, tout aussi brusquement , l’opinion fut pour la Russie- après l’invasion nazie de la Russie en 1941. Staline fut subitement  embelli, représenté en preux chevalier en armure défendant le Kremlin contre une horde de Teutons, ou dans le style des profils amincis et idéalisés des photographies  de Margaret Bourke-White. Et puis en 1943, le sentiment pro-russe fut renforcé par Stalingrad. « Vous verrez, disaient les Américains confiants, le communisme ne redeviendra jamais en Russie tel qu’il était avant. Ce sera un pays différent après la guerre, Staline n’avait-il pas rappelé le patriarche de l’exil? Et les écrivais et les poètes?  Et Staline n’avaient-il pas rétabli les grades d’officiers et réhabilité les héros nationaux historiques, et mêmes quelques tsars et saints comme Alexandre nevski et Pierre le Grand? » Ce n’est pas ce que pensaient  les sceptiques de Dumbarton Avenue. Ils savaient comme kennan l’avait un jour dit, que le stalinisme est irréversible (10) ».

Les sceptiques de Dumbarton Avenue furent rejoints par david Bruce, Averell Harriman, John Mac Cloy, Josseph  et Stewart Alsop, Richard Bissell, Walter Lippmann et les frères Bundy. Au cours de longs échanges , échauffés par la passion intellectuelle et l’alcool, leur vision d’un nouvel ordre mondial commençait à prendre forme. Internationalistes, sarcastiques et adeptes de la compétition, ces hommes possédaient une croyance inébranlable dans leur système de valeurs,et dans l’obligation morale de l’offrir aux autres. Ils étaient les patriciens des temps modernes, les paladins de la démocratie, et n’y voyaient pas de contradiction. C’était l’élite qui dirigeait la politique extérieure  de l’Amérique et modelait  les lois intérieures.Cellules de réflexion, fondations, postes de directeurs, appartenance à des clubs de gentlemen, ces mandarins  étaient étroitement lié entre eux par leurs affiliations institutionnelles et par une croyance commune en leur propre supériorité. Leur mission était d’établir et puis de justifier la pax americana d’après-guerre. Et c’étaient d’ardents  partisans  de la CIA qui fut bientôt investie par leurs camarades de classe et relations d’affaires et la vieille garde de l’oSS.

Le plus éminent théoricien des convictions partagées par l’élite de l’Amérique était Georges Kennan, savant  et diplomate, architecte du plan Marshall,et , en sa qualité de directeur du Bureau de planification politique (Policy Planning Staff) du département d’Etat, un des pères de la CIA. En 1947, il préconisait l’intervention militaire directe en Italie dans ce qu’il diagnostiquait comme un effondrement imminent  dans une guerre civile soutenue par les Communistes: « Il faut reconnaître qu’il en résulterait beaucoup de violence et probablement une partition militaire de l’Italie, déclarait-il au département d’Etat, mais cela serait de beaucoup préférable à une victoire électorale sans effusion de sang, à laquelle nous nous serions pas opposés, qui livrerait toute la péninsule aux communistes d’un seul coup, et soulèverait un océan de panique  dans tous les pays voisins(11) ». Truman, heureusement ne suivit pas  cette suggestion irréfléchie, mais autorisé tout de même une intervention  secrète dans les élections italiennes. En juillet 1947, changea d’opinion- pas sur la nature de la menace soviétique, mais sur les moyens d’y répondre. Dans son célèbre article « X » de la revue Foreign Affairs, il soutint la thèse qui prévalut pendant les premières années de la guerre froide. Il déclara que le kremlin était déterminé à dominer  » chaque recoin et fissure disponible[…] dans le bassin de la puissance mondiale » avec son idéologie fanatique  » et il proposa une politique de « contre- force inaltérable » et « d’endiguement ferme et vigilant ». Dans cette politique, il préconisait « le développement maximal de la propagande et des techniques de la guerre psychologique(12) », que , en sa qualité de directeur  du Bureau de Planification  politique (conçu pour surveiller l’endiguement politico-idéologque de l’Europe), il était parfaitement placé pour mettre en oeuvre. « le monde était à nous » écrit-il plus tard à propos de ce bureau….

Dans un discours prononcé au Collège militaire national en décembre 1947, ce fut kennan qui introduisit le concept de « mensonge nécessaire », comme composante vitale de la diplomatie américaine d’après-guerre. Les communistes, dit-il, se sont taillés « une position puissante en Europe, si immensément  supérieure à la nôtre […] grâce à l’utilisation habile  et sans vergogne de mensonges. Ils nous ont combattus avec l’arme de l’irréalité et de l’irrationalisme. Pouvons-nous triompher de cette irréalité avec le rationalisme, la vérité une assistance  économique honnête et bien intentionnée(13)? » demanda-t-il. Non. L’Amérique avait besoin d’entrer dans une nouvelle ère  de guerre secrète pour faire progresser ses objectifs démocratiques face à la fourberie soviétique.

 

 

 

Irak: le Cimetière de Najaf, par Polo Higinio

Voici la description terrible qui rappelle celles de la guerre de trente ans dans laquelle disparut la moitié du continent européen des résultats de l’intervention américaine et ses coalitions de mercenaires en Irak. La population se révolte à la fois contre la présence américaine et iranienne, contre la corruption, l’impossibilité de vivre. Le foyer de la révolte est Bassorah mais aussi les lieux saints chiites, ce fut jadis la première zone d’implantation communiste du grand parti communiste d’Irak. Une partie de celui-ci a trahi mais demeure une implantation ouvrière, syndicale et politique qui manifeste sa colère et refuse les partages confessionnels, mais le gouvernement, les milices tirent pour tuer et les morts s’accumulent. Quand est-ce que le bilan réel de ces expéditions criminelles sera fait, quand est-ce que sera dénoncée cette idéologie des droits de l’homme contre l’humanité? (note et traduction de Danielle Bleitrach)
Mundo Obrero
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Wadi as-Salaam est un cimetière situé à Najaf, en Irak. C’est entre la ville et la route qui borde la mer de Nayaf (aujourd’hui, presque complètement sèche, avec quelques marais saumâtres aux alentours), à cent soixante kilomètres au sud de Bagdad. A proximité, il y a la tombe d’Ali, gendre de Mahomet et premier imam des chiites, dans un mausolée avec une coupole dorée entouré de marchés, d’hospices, d’écoles coraniques, de rues animées couvertes d’énormes auvents pour lutter contre le soleil de cette ville sainte qui n’est dépassée en ferveur et afflux de pèlerins que par La Mecque et Médine. Le cimetière, le plus grand du monde, est une immense steppe de tombes d’Irakiens morts lors de la guerre avec l’Iran et de la guerre du Golfe que les États-Unis ont déclarée, et après l’occupation en 2003. Alors, des fossoyeurs ont enterré des gens de nuit comme de jour, sans trève ; plus d’un million de personnes ont péri dans ces années infâmes et sinistres de la guerre américaine, qui n’est pas encore terminée. Là, les sans-abri irakiens continuent de porter leurs morts, dans des fourgons précaires, avec les cercueils attachés  par les proches sur le toit des véhicules.

À Najaf, il y avait une base, Al-Andalus, de l’armée espagnole, qui, le 4 avril 2004, a livré une bataille contre les miliciens de al-Mahdi, sous le commandement du religieux Chíita Muqtada Al Sadr. La base était dirigée par le colonel Alberto Asarta et le général Fulgencio Coll (aujourd’hui respectivement député et conseiller du parti fasciste Vox). Quelques jours plus tôt, quatre mercenaires de Blackwater Worldwide avaient été tués dans une embuscade à Fallujah, et les représailles américaines avaient consisté à kidnapper Mustafa al-Yacubi, un lieutenant de Muqtada al-Sadr, à Najaf, qui a  de nouveau riposté en mettant à feu et à sang  la ville et le pays, et ses miliciens ont attaqué le Base espagnole croyant qu’al-Yacubi était là. Des soldats espagnols, des Salvadoriens, des Honduriens et des mercenaires de Blackwater Worldwide (aujourd’hui connue sous le nom d’Academi) ont participé à la bataille, la société qui fait du sale boulot pour le compte du Pentagone: les mercenaires ont même tiré sur des civils qui étaient venus prendre d’assaut l’entrepôt d’armes espagnol pour se procurer des munitions et des armes. Des hélicoptères Apache et des avions de chasse F-16 ont tenté de bombarder un hôpital voisin, en raison de la présence de tireurs d’élite, mais Asarta a tenu bon, soutenu par Coll, et ils ont pu les repousser. Entre trente et quarante miliciens sont morts.

 

Tout cela était grotesque et criminel. Muqtada as-Sadr en usait comme dans des jeux vidéo, les mercenaires américains qui tiraient dans tous les sens semblaient eux aussi s’amuser avec des jeux vidéo. En Espagne, l’irresponsable Aznar était en fin de  mandat, Zapatero préparant son gouvernement, qui s’installa douze jours après le massacre de Nadjaf: l’incompétent Bono remplaça l’insouciant Trillo. Le gouvernement Aznar a choisi d’ignorer la bataille: il était officiellement en « mission de paix », bien qu’il ait été impliqué dans la misérable campagne qui a détruit l’Irak.

Peu de choses ont changé depuis lors, car en Irak, la mort est toujours là. Dans Najaf vit Muqtada as-Sadr, qui avec son turban noir de descendant du prophète, sa barbe blanche et son drapeau autour du cou, était l’un des architectes de l’actuel gouvernement du Premier ministre Mahdi, créé il y a un peu plus d’un an, dont les membres étaient intégrés dans son parti-milice, l’armée d’al-Mahdi, bien que maintenant les mêmes n’aient aucun scrupule à la dénoncer. As-Sadr a combattu les troupes américaines, puis s’est allié à l’Arabie et plus tard à l’Iran, dans une exhibition d’opportunisme féroce qui a servi de guide à l’essentiel des actions des dirigeants politiques irakiens. Mahdi lui-même, qui avait été communiste et est maintenant un allié de l’Iran, prépare un nouveau gouvernement, soi-disant libéré de la corruption et des drapeaux religieux et du favoritisme. Mais ses mots sont de la fumée.

La population est fatiguée de la corruption, du chômage qui tue, du chaos inhumain, au point qu’à Bassorah et dans d’autres villes, dans les maisons ce n’est pas de l’eau potable qui sort des robinets mais des eaux usées. Des manifestations massives ont mis le feu aux sièges des partis, et la répression a déjà tué plus de quatre cents personnes et blessé quinze mille: l’armée et la police tirent pour tuer. Le 28 novembre, l’armée a tué plus de quarante personnes à Nasiriyah, Bagdad et Najaf, le consulat iranien a été incendié et l’ayatollah Ali al Sistani a retiré son soutien à Mahdi, qui a démissionné quelques heures plus tard. L’Irak voit les morts à Bagdad, Nasiriyah, Najaf, Kerbala, Basra: seize ans après l’invasion américaine, les souffrances irakiennes semblent sans fin, et les cadavres retournent au cimetière de Wadi as-Salaam.

Rebellion a publié cet article avec la permission de l’auteur via une licence Creative Commons, respectant sa liberté de le publier dans d’autres sources.

 

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Mundo obrero

 

 

 

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Publié par le janvier 31, 2020 dans Asie, GUERRE et PAIX, INTERNATIONAL

 

Un conseiller évangélique de Trump remettra le prix des « Amis de Sion » à Poutine

‘imagine la tête de Lavrov découvrant ces alliés inattendus, les évangélistes attendant impatiemment l’Apocalypse(1)  contre le négationnisme historique de l’UE inspiré par les Polonais et les lituaniens. Cette tête sera probablement la même que la mienne à l’idée que cette bande de cinglés apocalyptiques est plus soucieuse de vérité historique que les socialistes du parlement européen qui ont voté l’infâme résolution assimilant nazisme et communisme… Sans parler des Polonais de toutes obédiences que Churchill appelait « les hyènes de l’Europe à cause de la rapidité avec laquelle après le pacte de Munich, ils s’étaient jetés avec les nazis, et les hongrois sur la malheureuse Tchécoslovaquie. cela dit Lavrov dont la diplomatie a réussi à se faire des alliés de tout le moyen-orient, du Hamas à Netanayoun, en passant par l’Iran et les saoudiens serait moins surpris que moi. (note de danielle Bleitrach)

(1) Remarquez si Bernie Sanders qui bien que juif dénonce la politique de l’Etat d’Israêl comme une bonne partie des juifs américains qui sont tout à fait hostiles à Trump et encore plus aux évangélistes, l’équilibre n’en sera pas transformé. Dans le genre apocalyptique, Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président iranien qui avait la c^te auprès des anti-impérialistes appartenait lui même à une secte apocalyptique… Il m’arrivait quand je voyais ce crétin de Bush disciple des évangéliste et lui de me dire que le nombre de gens rêvant de la fin du monde était un peu excessif.

Mike Evans, conseiller de Trump sur Israël, dit vouloir notamment remercier le président russe pour le rôle des Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale

Mike Evans au musée des Amis de Sion de Jérusalem, le 16 mai 2017 (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Mike Evans au musée des Amis de Sion de Jérusalem, le 16 mai 2017 (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Un responsable évangélique américain, conseiller du président Trump sur le dossier israélien, a annoncé qu’il remettrait un prix au président russe Vladimir Poutine.

Mike Evans, personnalité appartenant à un groupe informel de conseillers évangéliques auprès du président américain, a indiqué mercredi qu’il remettrait l’un de ses prix des « Amis de Sion » à Poutine pour rendre hommage au rôle tenu par l’Union soviétique dans le sauvetage de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le conseiller se trouvait en Israël cette semaine à l’occasion du Forum mondial sur la Shoah.

« Nous voulons lui remettre cette récompense pour les raisons suivantes. Raison numéro un, l’Union soviétique a libéré Auschwitz. Raison numéro deux, 8 660 000 soldats soviétiques sont morts en combattant les nazis », a expliqué Mike Evans au Times of Israel.

« Raison numéro trois, si l’Union soviétique n’avait pas combattu les nazis alors Hitler se serait probablement emparé de toute l’Europe, ce qui aurait impliqué la mort de trois millions de Juifs supplémentaires », a-t-il ajouté.

« Enfin, l’Union soviétique a été le premier pays à reconnaître l’État d’Israël. Il y a de nombreuses raisons de remercier les Russes pour ce qu’ils ont fait », a continué Mike Evans.

Le président israélien Reuven Rivlin escorte son homologue russe Vladimir Poutine à son siège lors du cinquième Forum mondial sur la Shoah au musée mémorial de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem, le 23 janvier 2020. Derrière eux se trouve Moshe Kantor du Forum. (Abir SULTAN / POOL / AFP)

Au cours de son discours prononcé jeudi lors d’une cérémonie du Forum mondial de la Shoah 2020 organisée à Yad Vashem, à Jérusalem, Poutine a souligné le rôle central de l’Armée rouge dans la défaite des nazis ainsi que les pertes humaines colossales enregistrées par l’Union soviétique.

Il a également fustigé la collaboration avec les Allemands « dans de nombreux pays européens ». L’allocution du président russe a été critiquée par certains historiens qui ont déploré de mauvaises représentations de l’Histoire, revisitée en faveur du pays.

Les organisateurs du Forum, dans la matinée de jeudi, ont pour leur part démenti que l’événement ait pu être utilisé pour politiser la Shoah. Les présidents polonais et lituanien n’ont finalement pas participé à la cérémonie, le chef d’État polonais ayant affirmé – à tort – n’avoir pas été invité à s’exprimer à la tribune de Yad Vashem et le président ukrainien, venu à Jérusalem, a pour sa part décidé au dernier moment de ne pas assister à l’événement.

La Russie fait actuellement l’objet de sanctions internationales pour son invasion de l’Ukraine, et l’événement de Jérusalem, qui a été organisé par un oligarque russe proche du Kremlin, a été interprété par certains observateurs comme une tentative par les Russes d’utiliser le génocide pour redorer leur blason à l’international.

La Russie et la Pologne sont actuellement au cœur d’une bataille autour de la Seconde Guerre mondiale et du récit de la Shoah qui ne cesse de s’intensifier. La Pologne accuse la Russie de glorifier des aspects positifs de l’histoire soviétique en effaçant d’autres événements tels que le pacte Molotov–Ribbentrop de 1939, conclu entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie.

Mike Evans a indiqué avoir fait savoir à l’ambassade russe en Israël que Poutine se verrait remettre le prix et que l’ambassade devait maintenant décider du lieu et de la date de la remise de la distinction.

Interrogé sur le message qu’il souhaitait transmettre à Poutine en lui octroyant le prix, Mike Evans a expliqué vouloir « remercier les Russes » et informer Poutine du rôle vital tenu par les Évangéliques américains dans l’élection de Trump.

« C’est notre base évangélique qui a élu le président des États-Unis », a-t-il clamé.

Mike Evans a également déclaré qu’il avait joué un rôle dans la formulation d’un décret signé par Trump, le mois dernier, pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus universitaires.

« Quand le président a adopté sa législation sur l’antisémitisme contre les universités, j’étais à ses côtés avec Alan Dershowitz », rapporte-t-il. « Lorsqu’il l’a signée, il m’a donné le stylo qu’il avait utilisé pour le faire. Cela a été sa manière de me remercier ».

Le président Donald Trump signe une ordonnance visant ce que son administration qualifie d’antisémitisme croissant sur les campus des universités américaines, le 11 décembre 2019. Mike Evans est quatrième à droite (Crédit : AP/Manuel Balce Ceneta)

Mike Evans dirige une organisation appelée « Jerusalem Prayer Team », qui enregistre près de 70 millions d’abonnés sur Facebook. L’objectif poursuivi par cette organisation est d’encourager les chrétiens, dans le monde entier, à « prier pour la paix à Jérusalem » ainsi que de les informer sur l’actualité de la politique israélienne à travers un prisme chrétien.

Selon le site internet, Jérusalem est important parce que « presque toutes les prophéties se réfèrent à Jérusalem et à la fin des temps ; la construction du nouveau temple, l’antéchrist, la bataille d’Armageddon et les 144 000 évangélistes. Quand nous prions pour la paix à Jérusalem, nous prions pour la paix du Seigneur. ‘De même le Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut’. »

C’est Mike Evans qui avait été à l’origine de dizaines d’affiches collées à Jérusalem, au mois de mai 2017, qui recommandaient vivement à Trump de « Rendre sa grandeur à Israël ».

L’objectif poursuivi par cette campagne était alors de rappeler au président américain sa promesse électorale faite aux évangéliques de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, explique-t-il au Times of Israel. Trump avait annoncé cette relocalisation quelques mois plus tard, en décembre 2017.

Il est également responsable du centre du patrimoine des Amis de Sion, un musée multimédia du centre de Jérusalem consacré à l’histoire de l’amitié des non-Juifs pour les Juifs et Israël. Il indique que « 100 % » du financement pour le musée provient des évangéliques, et que le centre est en cours d’agrandissement : il comptera bientôt neuf bâtiments.

Ces nouvelles structures accueillent notamment un centre pour les médias, ouvert récemment, et dont l’objectif est d’enseigner aux journalistes l’histoire d’Israël ; un institut qui formera 100 000 « ambassadeurs » chrétiens qui défendront les intérêts d’Israël à l’étranger ainsi qu’un centre de communication qui apprendra aux militants, sur internet, à combattre le mouvement BDS et autres activités perçues comme anti-israéliennes sur les réseaux sociaux.

L’organisation « Jerusalem Prayer Team » a également annoncé, mercredi, de prochaines expositions en l’honneur de la Russie et de Trump.

« Le centre du patrimoine des Amis de Sion va organiser une exposition spéciale en hommage à la Russie pour son sauvetage de nombreux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le centre est également en train de mettre en place une exposition en l’honneur du président Trump pour tout ce qu’il a fait en soutien à l’État d’Israël et à la lutte contre l’antisémitisme », a fait savoir Mike Evans dans un communiqué.

Il a expliqué au Times of Israel que le centre des Amis de Sion ne s’impliquait dans aucune activité prosélyte. Il avait, dans le passé, été critiqué pour son zèle à vouloir convertir des Juifs au christianisme.

« Ce n’est pas notre objectif, notre objectif est de combattre l’antisémitisme », martèle-t-il. « Tous les membres de notre personnel sont des Juifs. Je pense que l’antisémitisme est à la racine des problèmes que rencontre Israël avec ses ennemis. Si on peut éradiquer l’antisémitisme, alors on pourra résoudre le problème de l’Iran et celui des Palestiniens ».

Il a souligné que plus d’une dizaine de hauts responsables du monde entier avaient reçu le prix des « Amis de Sion » depuis 2015. Parmi les lauréats, Trump ; l’ancien président américain George W. Bush ; le prince de Monaco, Albert II ; l’ancien président de la Bulgarie, Rosen Plevneliev ; le président brésilien Jair Bolsonaro et la présidente géorgienne Salome Zourabichvili.

Alors qu’il lui était demandé s’il pensait que la remise du prix à Poutine pourrait tromper ses 70 millions d’abonnés en leur faisant penser que les Israéliens soutiennent le président russe – dans les faits, les points de vue des Israéliens à son égard sont plutôt mitigés – il a répondu : « je pense que la manière la plus avisée de créer des amitiés depuis Israël est de trouver les choses positives que font les individus. Notre position, ce n’est pas d’évaluer une personne sur la base d’une éventuelle perfection ».

« Nous ne faisons que dire merci pour les bonnes actions destinées à aider. Parce que si on y pense, si l’Union soviétique avait adopté le positionnement de Chamberlain et n’avait pas combattu les nazis, peut-être toute l’Europe aurait-elle été perdue, ainsi que tout le Moyen-Orient – et qu’il n’y aurait pas d’État juif », a-t-il ajouté.

Interrogé sur ce que la Russie a fait récemment pour afficher son amitié à l’égard d’Israël, Mike Evans a répondu : « cette semaine [au forum mondial de la Shoah] est consacrée à la lutte contre l’antisémitisme. Et le fait est que Poutine a pris le temps, dans son calendrier, de venir ici pour parler de l’antisémitisme – et en particulier parce qu’on peut être sûr que les Palestiniens en sont très mécontents. Le fait est que les Russes ont perdu un très grand nombre de soldats pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’ils ont libéré Auschwitz. A notre avis, nous devons les en remercier ».

Le responsable évangélique est l’auteur de plus de cent livres, dont certains sont devenus des best-sellers. Au mois d’août 2016 encore, il critiquait la Russie dans un billet de blog consacré aux accusations de piratage par les Russes du Comité national démocrate dans le cadre des tentatives du Kremlin d’interférer dans les élections américaines.

« Il semble maintenant que les Russes tentent avec audace de mettre le doigt dans le gâteau électoral américain », avait-il écrit. « On verra qui remportera le morceau à la fermeture des urnes, le 8 novembre 2016 ».

Son point de vue sur la Russie a-t-il évolué depuis ? Mike Evans répond, « je ne suis pas impliqué dans les renseignements américains. Je ne sais rien de ce qui a pu filtrer. La seule mission que j’ai, c’est de combattre l’antisémitisme et de construire des passerelles entre les individus ».

La présidente de la Géorgie honorée

Salome Zourabichvili s’exprime lors d’une réception au musée des Amis de Sion de Jérusalem, le 21 janvier 2020 (Crédit : Simona Weinglass/Times of Israel)

Le 21 janvier, le musée des Amis de Sion a accueilli une réception en l’honneur de la présidente géorgienne Salome Zourabichvili, également lauréate du prix des Amis de Sion. Parmi les invités, l’ambassadeur géorgien en Israël Lasha Zhvania ainsi que la ministre israélienne de la Culture et des Sports Miri Regev. Deux autres éminents invités qui devaient s’exprimer lors de l’événement, l’ambassadeur américain David Friedman et l’homme d’affaires israélo-géorgien Mikhail Mirilashvili, ont annulé leur participation à la dernière minute.

Lors de la réception, un grand nombre d’intervenants ont clamé que la Géorgie était, d’une manière unique dans l’Histoire, un pays étonnamment exempt d’antisémitisme.

« Il y a une histoire d’amitié longue de 27 siècles entre les Géorgiens et les Juifs », s’est exclamée la présidente Zourabichvili.

Elle a ajouté que des événements de commémoration de la Shoah comme celui qui a été organisé cette semaine à Jérusalem étaient nécessaires « parce que c’est seulement si les êtres humains peuvent se souvenir des choses intolérables qu’ils pourront en empêcher la répétition. Nous devons avoir la capacité de reconnaître là où nous avons échoué et de nous repentir ».

Un célèbre duo israélo-géorgien, Kolan, a interprété la chanson « Tbilisi. »

Dans une allocution en hommage à la cheffe de l’État, Mike Evans l’a comparée – favorablement – à Trump. Il a raconté une anecdote décrivant la soirée électorale américaine qu’il avait passée en 2016.

« J’étais au David Citadel Hotel, en train de dîner avec le grand rabbin de Moscou, le soir de la victoire de Donald Trump. Le rabbin m’a regardé et m’a dit : ‘Il va gagner’. J’ai répondu : ‘Vous croyez ?’ et il a rétorqué, ‘Je le sais’. ‘Pourquoi ?’, ai-je continué. ‘A cause de la lecture de nos écrits de cette semaine’. Et j’ai demandé ‘Quelle était-elle ?’ Et il m’a dit : ‘L’histoire d’Abraham, des bénédictions et des malédictions. Ce président veut apporter sa bénédiction à Israël, et Dieu va le bénir et lui donner la présidence », a-t-il raconté.

« Cela peut sembler très simpliste, mais je peux vous dire qu’en tant que leader évangélique parmi 25 autres, nous avons accordé la présidence à Donald Trump sous la forme d’un raz-de-marée – et nous le ferons encore en raison de sa clarté morale, de son soutien à l’État d’Israël et de son soutien à nos valeurs. Et c’est la même chose pour vous, Madame la présidente, et nous vous applaudissons. Dieu vous bénisse », a-t-il continué.

Le rabbin Aryeh Lightstone, haut conseiller auprès de l’ambassadeur David Friedman, a encouragé la présidente géorgienne à transférer l’ambassade de Géorgie à Jérusalem.

« Quand il sera temps de choisir les œuvres d’art pour votre ambassade à Jérusalem, Mme Friedman et l’ambassadeur seront impatients de vous y aider », a-t-il continué.

 

La guerre froide culturelle: chapitre 1 troisième partie pages 36-43

la dernière partie du chapitre 1, destiné à nous présenter l’équipe (Josselson, l’ancien acheteur de grand magasin, Nabokov le compositeur de musique et Lansky, le militant politique) qui vont créer un programme culturel de la CIA destiné à gagner l’élite à l’impérialisme américain débute par le versant économique et politique de l’hégémonie, le plan Marshall. Ici l’on voit que la problématique de Frances Stonor Saunders est plus inspirée par Max Weber que par Marx. Du plan Marshall, elle ne retient que la conquête idéologique alors qu’il s’agit de bien autre chose qui va mettre durablement l’Europe sou la subordination de l’industrie américaine qui va trouver là de quoi faire tourner à plein la machine que la guerre, à l’inverse du reste du monde, à développé aux Etats-Unis. C’est cette ruée vers le profit qui va engager tout le capital, y compris celui qui avait collaboré à se ranger derrière la bannière étoilée.  Mais cela donne incontestablement à sa description de la force dans la mesure où tout reste centré sur « la conquête et la fabrication des élites » Il est tout de même à noter que l’auteur a pu écrire tout cela sans jamais parler d’Hiroshima en août 1945,.que les Soviétiques analysèrent non sans raison comme l’ouverture de la guerre froide, face à l’avancée des troupes de Staline.l est vrai que l’impact pour l’avoir perçu enfant m’en est toujours extraordinairement limité dans l’opinion publique. Notez que ceux qui vont créer ‘aile culturelle de la CIA et qui sont présentés dans ce premier chapitre ont face à eux des communistes, des gens dont nous n’avons qu’une pâle idée, des êtres de fer comme Markus Wolf, dont il faudrait que vous lisiez les mémoires, même si celles-ci sont écrites à la chute. Le fait que beaucoup soient d’un côté comme de l’autre juifs n’est sans doute pas étranger à l’horreur que vient de vivre le monde avec la deuxième guerre mondiale. Notez que le troisième homme Melvin Lasky est en quelque sorte l’inventeur de l’identification entre nazisme et communisme dans laquelle la référence au martyre juif va devenir la référence ultime, convaincre d’antisémitisme les communistes est le fin du fin. Je crois que tous ceux qui aujourd’hui tentent de construire une image aseptisée d’Aragon, à partir d’Argenteuil, ignorent qu’il a été mêlé à cette époque là et en a vécu les secrets. Le nom de Jdanov est devenu l’antithèse du Comité central d’Argenteuil à cause de ses errances sur la chimie, mais il y avait bien d’autres dimensions à la lutte culturelle qui fut menée. (note de danielle Bleitrach)

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Mais tous les concerts symphoniques, toutes les pièces et toutes les expositions ne pouvaient cacher la dure vérité de ce log et rude hiver 1947: l’Europe était au bord de la faillite. Un marché noir endémique, une agitation sociale et une série de grèves paralysantes (largement orchestrées par les syndicats communistes) provoquaient des dégradations et des privations égales à tout ce qui avait été éprouvé aux heures les plus sombres de la guerre. En Allemagne, l’argent avait perdu sa valeur, les médicaments et les vêtements étaient impossible à obtenir, des familles entières vivaient dans des bunkers souterrains sans eau ni électricité, et des jeunes enfants – filles et garçons- s’offraient aux GI américains en échange d’un tablette de chocolat.

Le 5 juin 1947, le général Georges Carlett Marshall, le chef de l’Etat-major de l’armée américaine pendant la guerre et à présent le secrétaire d’Etat de Truman, annonça un plan pour faire face à « la grande crise ». Prononcé lors de la 296 ème remise des diplômes d’Harvard à laquelle assistaient le physicien atomiste Robert Oppenheimer, le général Omar Bradley, commandant durant le débarquement, et T.S Eliot (qui, tous comme Marshall, recevaient le diplôme de docteur honoris causa), le discours de dix minutes de Marshall marqua un moment déterminant dans le destin de l’Europe d’après-guerre. Prévenant que le « monde entier » […] et le mode de vie que nous avons connu sont littéralement en jeu », il appela le Nouveau Monde à s’engouffrer dans la brèche avec un programme intensif d’aide financière et d’assistance matérielle à très grande échelle, et à prévenir ainsi l’effondrement du vieux monde. « L’instabilité est la face entière de l’Europe telle que nous la connaissons, et celles-ci sont contraires aux intérêts de l’humanité libre, déclara Marshall. Si nous les abandonnons à elles-mêmes, on ne pourra éviter une détresse économique si intense, une intensification sociale si violente et une confusion politique si générale que les fondements historiques de la civilisation occidentale, dont nous faisons partie intégrante par croyance et par héritage, prendront une nouvelle forme à l’image de la tyrannie que nous avons combattue pour la détruire en Allemagne(34) ».

Tout en prononçant ces mots, le général Marshall contemplait le visage des étudiants rassemblés sous le soleil printanier et, comme John Crowe Ransom avant lui, il vit « les jeunes lauréats d’Harvard/ Flamboyant comme des torches et se dispersant en désordre/ Comme des brandons pitoyables à éeindre(35) ». Ce n’était pas par hasard qu’il avait décidé de prononcer son discours à Harvard plutôt que sur une estrade officielle du gouvernement.Car c’étaient là les hommes dont la mission serait de réaliser la « destinée manifeste » de l’Amérique, l’élite chargée d’organiser le monde autour des valeurs que les ténèbres communistes menaçaient d’obscurcir. L’accomplissement de ce qui fut plus tard connu sous le nom de plan Marshall était leur héritage.

Le discours de Marshall visait à renforcer l’appel aux armes idéologiques que le président Truman avait lancé quelques mois plus tôt, et qui avait été immédiatement sacré sou le nom de doctrine Truman. S’adressant au Congrès en mars 1947 sur la situation de la Grèce, où existait la menace de prise de pouvoir communiste, Truman, dans un langage apocalyptique, avait appelé un nouvel âge d’intervention américaine: »Aujourd’hui dans l’histoire du monde presque chaque nation doit choisir entre deux modes de vie opposés, déclara-t-il. Trop souvent le choix n’est pas libre. L’un des modes de vie est fondé sur la volonté de la majorité […] Le second […] est fondé sur la volonté d’une minorité imposée par la force à la majorité. Il repose sur la terreur et l’oppression, le contrôle de la radio et de la presse, le truquage des élections et la suppression des libertés individuelles. J’ai la conviction que la politique des Etats-Unis doit être de soutenir les peuples libres qui résistent à la tentative d’asservissement par des minorités armées ou des pressions extérieures. J’ai la conviction que nous devons aider les peuples libres à trouver leur propre destinée par leurs propres moyens(36) ».

Après le discours de Truman, le secrétaire d’Etat Dean Acheson s’adressa aux membres du Congrès: « Nous sommes arrivés à une situation sans précédent depuis l’Antiquité. Depuis Rome et Carthage il n’y avait pas eu une telle polarisation du pouvoir sur cette terre. En outre, les deux grandes puissances étaient divisées par un gouffre idéologique insurmontable (37). » Joseph Jonez, le fonctionnaire du département d’Etat qui avait rédigé le discours de Truman au Congrès, comprit l’énorme impact des paroles du Président: « Absolument tous les obstacles à une action hardie étaient effectivement tombés », dit-il. Parmi les politiciens on sentait qu’un « nouveau chapitre dans l’Histoire du Monde s’était ouvert, et qu’ils avaient eux-mêmes l’insigne privilège de jouer un rôle dans un drame tel qu’il s’en rencontre rarement même dans la longue existence d’une grande nation(38) ».

Le sentiment aigu des dimensions classiques du rôle de l’Amérique après la guerre tel que l’évoquait le discours de Truman fournit le contexte rhétorique du discours ultérieur, moins manifestement anticommuniste, du général Marshall. Le mélange des deux- un programme d’aide économique joint à un impératif doctrinal- donnait un message sans ambiguïté : l’avenir de l’Europe de l’Ouest, si elle devait en avoir un, devait désormais être attelé à une pax americana.

Le 17 juin, le quotidien soviétique Pravda attaqua la proposition de Marshall comme une extension du « plan de Truman pour exercer des pressions politiques à coup de dollars et comme un programme d’ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats(39) ». Les Soviétiques avaient bien été invités par Marshall à participer à son programme de rétablissement de toute l’Europe, mais cette offre était , selon Georges kennan, « fourbe, conçue pour être rejetée (40) ». Comme prévu, les Soviétiques refusèrent de participer au Plan. Leur objection peut avoir été  exagérée, mais ils avaient essentiellement raison d’associer aux intentions humanitaires du plan des visées politiques moins évidentes  Loin d’envisager la coopération avec l’Union soviétique, le Plan Marshalll participait à une philosophie de la guerre froide qui cherchait à creuser un fossé entre Moscou et ses pays satellites(41). « Il était tout du long implicite qu’il était important que nous ne donnions pas aux communistes l’occasion de s’implanter dans ces pays, devait écrire plus tard Dennis Fitzgerald, commissaire du Plan Marshall . ON avançait toujours l’argument que si nous n’arrivions pas comprendre totalement les besoins de x,y ou z, les communistes profiteraient de la situation pour mettre en avant leurs intérêts(42) ».Le sous-directeur du plan, Richard Bissel,était de cet avis: « Même avant le début de la guerre de Corée, il était parfaitement clair que le plan Marshall n’avait jamais été conçu pour être un projet entièrement altruiste. Il avait espéré que renforcer le pouvoir économique des pays européens occidentaux augmenterait leur valeur de membres de l’Otan, et leur permettrait éventuellement d’assumer une responsabilité de défense dans le soutien des efforts de la guerre froide(43). »Secrètement on s’attendait aussi à ce que ces pays assument d’autres responsabilités « dans le soutien des efforts de la guerre froide », et pour ce faire, des fonds du plan Marshall furent bientôt distribués pour activer le combat culturel à l’Ouest.

Le 7 octobre 1947, le Bureau d’information communiste tenait sa première réunion à Belgrad. Créé à Moscou le mois précédent, le kominform était la nouvelle base opérationnelle de Staline pour la guerre politique, en remplacement du défunt komintern. La réunion de Belgrade servit à lancer publiquement un défi à la doctrine Truman et au plan Marshall, dénoncés tous deux  comme des stratagèmes « agressifs » pour satisfaire « les aspirations américaines à la suprématie mondiale(44) ». Andrei Jdanov,architecte de l’impitoyable politique culturelle de Staline, déclara aux communistes d’Europe de l’Ouest que « s’ils étaient prêts à prendre la tête de toutes les forces prêtes à défendre la cause de l’honneur et de l’indépendance nationale dans la lutte contre les tentatives d’asservissement économique et politique de leur pays, alors aucun plan d’asservissement de l’Europe ne peut réussir(45). » Exactement comme Marshall avait choisi de s’adresser au noyau intellectuel de l’Amérique, Jdanov demandait à l’intelligentsia du monde de prendre la plue sous la bannière du communisme, et d’écrire contre l’impérialise américain. « Les partis communistes [d’Europe] ont obtenu des succès considérables dans leur travail au sein de l’intelligentsia. La preuve est que dans ces pays les meilleurs esprits dans les domaines de la science , de l’art et de la littérature appartiennent au Parti communiste, ils conduisent le mouvement de combat pour e progrès au sein de l’intelligentsia et, par leur infatigable lutte créative, ils gagnent de plus en plus d’intellectuels à la cause du comuisme (46). »

Résumé, à ce stade du livre, c’est-à-dire à la fin de la page 39, l’auteur introduit Mevin Lasky, né en 1920 dans le Bronx, Melvin Jonah Lasky avait grandi dans « l’ombre imposante » de son grand -père qui parlait Yiddish,un homme érudit et barbu qui nourrit le jeune Lasky d’extraits de légendes hébraïques. Devenu l’un des diplômés les « plus brillants » du City Collège de New York où se tenaient des débats idéologiques passionnés, Lasky se révéla un antistalinien ardent avec le goût de la confrontation intellectuelle et parfois physique.

Le portrait que Frances Saunders dresse de cet anticommuniste passionné et extraordinairement doué fait de lui « quelqu’un d’aussi inébranlable que le rocher de Gibraltar », d’un courage physique impressionnant qu lui fait porter la contradiction au Congrès des écrivains à Berli Est lui valut le titre de « Père de la guerre froide à Berlin » où il se retrouve après sa démobilisation.

reprise du livre p.40 : Son action inquiéta même les autorités américaines qui menacèrent de le renvoyer. Epouvanté par la frilosité de ses supérieurs, il comparait Berlin à ce qu’une ville de la frontière doit  avoir été au milieu des Etats-Unis au milieu du XIX ème siècle: les Indiens apparaissent à l’horizon et il faut absolument avoir un fusil prêt sinon vous êtes scalpé. Mais en ce temps-là une ville frontière était remplie d’hommes qui combattaient les Indiens […] Ici très peu de gens ont du cran, et s’ils en ont en général dans quelle direction pointer leurs fusils(47) »

Mais lasky connaissait le sheriff et, loin de le chasser de la ville, le gouverneur militaire, le général Lucius Clay, le prit sous son aile protectrice. C’est à lui que Lasky affirma avec indignation que, tandis que le mensonge soviétique tournait autour du globe à la vitesse de la lumière, la vérité avait encore à chausser ses bottes. Il présenta sa thèse  dans un document argumenté avec passion qu’il soumit  le 7 décembre 1947 au bureau de Clay; ce document appelait à une remise en cause  radicale de la propagande américaine. Connu sous le nom de « Proposition Melvin Lasky », il constituait le  plan personnel de Lasky pour organiser la guerre froide cuturelle. « De grands espoirs de paix et d’unité internationale nous ont empêchés de voir qu’une guerre politique concertée contre les Etats-Unis était en cours de préparation et d’exécution, et nulle part plus vigoureusement qu’en Allemagne, déclarait-il. Les mêmes vieilles formules antidémocratiques et antiaméricaines dont on a nourri beaucoup de génération  européennes, et que la machine de propagande nazie sous Goebbels a fait culminer, sont aujourd’hui en cours de remaniement . C’est-à-dire le prétendu égoïsme économique des Etats-Unis (l’oncle Sam serait Shylock), sa prétendue réaction politiqe profonde (une « presse capitaliste mercenaire »), sa prétendue  déviance culturelle(la « manie du jazz et du swing », les réclames à la radio, les inepties d’Hollywood, « son art provocateur et aguichant »), et sa prétendue hypocrisie morale (la question noire,les petits fermiers, la migration des travailleurs agricoles) et ainsi de suite (48) ».

Dans un langage extraordinaire Lasky poursuit  sa défintion du défi: « la formule honorée de tout temps aux Etats-Unis , « répandez la luière et les gens trouveront eux-mêmes leur chemin » exagère les possibilités d’une conversion facile en Allemagne (et en Europe) […]Il serait vain de croire que l’on puisse sevrer un sauvage primitif de sa croyance dans de mystérieuses herbes de la jungle par la simple propagation d’informations scientifiques et médicales modernes |…]. Nous n’avons pas réussi à combattre l’ensemble des facteurs- politiques, psychologiques, culturels- à l’oeuvre contre la politique extérieure américaine, et particulièrement contre la réussite du Plan Marshall en Europe. »Ce qui était nécessaire à présent continuait fiévreusement Lasky, c’était une vérité « active », une vérité assez hardie « pour entrer dans l’arène », une vérité qui ne se conduisait pas comme un « spectateur olympien ». Ne vous y trompez pas, prévenait-il, la substance de la guerre froide est « à portée culturelle. Et c’est là qu’un sérieux vide dans le programme américain a été le plus exploité par les ennemis de la politique extérieure américaine […] Ce vide[…] est réel et grave (49) ».

Le vide « réel et grave » dont parlait Lasky était de ne pas avoir réussi à « gagner » à la cause américaine « les classes éduquées et cultivées- qui en fin de compte fournissent les dirigeants moraux et politiques de la communauté ». Ce défaut avançait-il, pourrait être partiellement résolu par la publication d’un nouveau périodique, qui « fournirait à la fois un stimulant positif à la pensée germano-européenne et la preuve que derrière les représentants officiels de la démocratie américaine il existe une grande culture de progrès , riche en accomplissements dans les arts, la litterature, la philosophie, et dans tous les aspects de la culture qui unissent les traditions de liberté de l’Europe et de l’Amérique(50) ». p.42 premier paragraphe

[…]

reprise troisième paragraphe p.42: le résultat fut la parution de la revue Der Monat (le Mois), revue mensuelle destinée à jeter un pont idéologique entre intellectuels allemands et américains et, comme le formulait  explicitement , l’adoption des intérêts de la politique extérieure américaine en soutenant « les objectifs généraux  de la politique des Etats-Unis en Allemagne et en Europe ». Lancée le 1er octobre 1948 avec l’appui du général Clay et sous la direction de Lasky, la revue fut d’abord imprimée à Munich et transportée à Berlin à bord des avions cargos alliés dont dépendit la ville durant le blocus. Elle fut successivement financée par des « fonds secrets » du Plan Marshall, par des subsides de la CIA, par l’argent de la fondation Ford, et derechef par les dollars de la CIA. Par son seul financement ce fut un pur produit- et un exemple parfait- de la stratégie américaine de la guerre froide dans le champ culturel.

Der Monat était un temple voué à la croyance en la possibilité qu’une élite cultivée pourrait sauvegarder le monde d’après-guerre de sa propre extinction. C’est cette croyance, en plus de leur rattachement au gouvernement d’occupation américain, qui unit Lasky, Josselon et nabokov. A l’exemple de Jean Cocteau qui allait bientôt lancer une mise en garde à l’Amérique – « Vous ne serez sauvés ni par les armements ni par l’argent, mais par une minorité pensante, parce que le monde est en train d’expirer, du fait qu’il ne pense plus mais seulement dépense(52) »-, ils comprirent que les dollars du Plan Marshall ne suffiraient pas: l’aide financière devait être complétée par un programme intense de guerre culturelle. Ce curieux triumvirat- Lasky, le militant politique, Josselson l’ancien acheteur de grands magasin. Nabokov le compositeur de musique – se tenait désormais sur le fil du rasoir de ce qui allait devenir, sous leur direction, l’une des plus ambitieuses opérations secrètes de la guerre froide: gagner l’intelligentsia occidentale au projet américain.