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«On ne fait pas grève que pour nous !» affirment les conducteurs de la ligne D du RER

23 Déc
En grève depuis le 5 décembre contre la réforme des retraites, les conducteurs de la ligne D du RER affirment vouloir défendre les intérêts de tous. Rencontre avec trois d’entre eux à Melun, en Seine-et-Marne. Cet article nous brosse le portrait de ceux qui sont aujourd’hui un véritable rempart de nos droits et conquis. Quand j’entends les ignominies qui se déversent tous les jours dans les chaînes comme BMTV ou LCI contre eux, je dis que oui cette lutte doit aussi nous coûter , nous devons envoyer de l’argent. Ne serait-ce que pour dire à ces éditorialistes qui osent comme Michelle Cotta hier déclarer qu’ils sont une minorité qui veulent imposer leur refus de la réforme à des Français majoritairement pour ce que vous pensez d’elle et de ses pareils. (note de Danielle Bleitrach)

 Melun, le 17 décembre 2019. Conducteurs sur la ligne D du RER, Roland, Jérôme et Sylvain (de gauche à droite) sont en grève depuis le 5 décembre, et ne comptent pas baisser les bras.
Melun, le 17 décembre 2019. Conducteurs sur la ligne D du RER, Roland, Jérôme et Sylvain (de gauche à droite) sont en grève depuis le 5 décembre, et ne comptent pas baisser les bras. LP/J.M.
Par Julien Muller
Le 20 décembre 2019 à 13h11, modifié le 20 décembre 2019 à 15h08

« Il faut arrêter de croire qu’on ne pense qu’à nos intérêts ». Le message adressé par les conducteurs de RER de la ligne D est clair d’emblée. Alors qu’ils vivent leur deuxième semaine de grève contre la réforme des retraites, Roland, Jérôme et Sylvain, trois cheminots, réaffirment leur volonté de « défendre tout le monde », et pas seulement leur propre statut.

« C’est du système de retraite à points qu’on ne veut pas. Et ça, ça touche toutes les professions. L’objectif de cette grève est le retrait pur et simple de la réforme », explique Jérôme, 41 ans, conducteur depuis 20 ans. « Si je ne me battais que pour moi, j’aurais repris le boulot il y a un moment déjà, puisque je ne suis pas touché par cette réforme. Mais je me bats pour ma femme, mes enfants, mes collègues », ajoute Roland.

Des proches agacés, «comme tout le monde»

Des proches qui sont eux-mêmes également touchés par cette grève, comme les cheminots prennent soin de le rappeler. « Ma famille est autant impactée que n’importe qui. Ma mère, retraitée, n’est pas véhiculée. Elle habite à Veneux-les-Sablons et doit se rendre à Montparnasse (Paris) pour une prise de sang. Elle va mettre une heure pour aller à Melun en bus, puis devra attendre un train pour Paris. Évidemment, ça l’agace, mais elle me soutient », explique Roland.

Même anecdote pour Sylvain. Sa femme « met deux heures à aller au boulot, et deux heures à rentrer. Elle fait la gueule comme tout le monde, mais elle me soutient. Mes enfants vont seuls à l’école, parce que je suis au piquet de grève. » « Je me suis d’ailleurs rendu compte que je n’avais pas vu les miens grandir, reprend Roland. Pour les 18 ans de mon fils, j’ai voulu faire un diaporama avec toutes ses photos d’enfance. À un moment, je me suis rendu compte du nombre de photos de vacances, de fêtes, de repas de famille où je n’étais pas là. »

«Si vous pensez que c’est le métier idéal, foncez !»

« Sans cesse pointés du doigt », les trois conducteurs de trains veulent également mettre fin à certains « préjugés ». « On entend de partout dire que les cheminots sont des nantis. On travaille en horaires décalés, pendant les vacances, les jours fériés, etc. », détaillent-ils.

Et d’ajouter : « On ne s’en rend pas forcément compte, mais à chaque voyage qu’on effectue, on endosse seul la responsabilité de 2 000 personnes. Tout ça avec de moins en moins de contreparties », poursuivent-ils. « Donc si les gens pensent que conducteur c’est le métier idéal, foncez, la SNCF recrute. Mais mes enfants ne feront pas ça », affirme Roland.

Parce qu’ils ne se voient pas travailler plus longtemps dans ces conditions et voir leur pension diminuer, les cheminots veulent poursuivre la grève, coûte que coûte, et appellent au soutien de tous. « On comprend que dans certaines entreprises, on ne puisse pas faire grève, comme on comprend que certains ne veuillent pas perdre d’argent. Mais on ne demande qu’une chose à ces personnes : soutenez les grévistes. Ça, ça ne coûte rien. »

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