Les municipales à Marseille offrent un des spectacles politiques les plus navrants qui soit: une foire d’empoigne où l’ennemi c’est le partenaire, et la division n’épargne aucun camp dans une ville où la pauvreté fait des ravages.
La droite offre un spectacle de lutte fratricide remarquable, Gaudin semble avoir tout fait pour démontrer que sans lui le système s’effondre, il contemple avec gourmandise la manière dont ses deux poulains Vassal et bruno Gilles s’acharpent. La direction nationale a tranché en faveur de vassal, mais Bruno Gilles maintient des listes partout. Après avoir hésité la République en marche a misé sur Berland, apparement un départ en solo mais le profil de l’ex-président de l’université peut permettre des alliances au second tour avec la droite locale et plus si affinités avec l’éternelle menace du Front national.
On aurait pu espérer que la gauche et les communistes tirent partie de la situation, mais c’est mal connaître le clanisme marseillais et la manière dont il tient lieu de politique chez des gens qui ont le plus grand mal à sortir de là. Pour le moment on a l’impression de voir un thermomètre cassé et les boules de mercure qui s’en échappent se diviser sans trève.
Mon opinion est que l’affaire a été mal conçue dès le départ et ne pouvait mener que là.L’idée des deux groupes, l’un citoyen, le pacte démocratique et l’autre de l’union de la gauche ne pouvait que se casser la figure quand l’on serait passé du stade des etreintes fraternelles et de la chaleureuse atmosphère des feux de camps, youkandie, youkandia, aux questions qui fâchent « les places’. mais dans les dexu cas le programme ne prenait non pas non plus nécessairement corps et le temps des candidats fut celui de l’effet centrifuges. Les premiers à lâcher l’affaire furent les verts, tablant sur leur score des européennes, ce en quoi ils ont d’ailleurs bien tort, ils se voyaient aussi en arbitres du second tour face à l’abominable ravier du FN, toujours lui. Puis le pacte démocratique partit sur sa démarche citoyenne en laissant plâner le doute sur la suite.
Melenchon s’interposa et proposa de réconcilier tout le monde, ce qui bien sur accéléra la décomposition. Les siens y virent l’occasion de feindre de se diviser entre ceux qui voulaient continuer et ceux qui décidement ne supportaient pas les socialistes.
C’est pourquoi la dernière « inconnue » – pourtant prévisible- vient de la France insoumise qui constate tardivement que le PS marseillais n’est plus qu’une coquille vide et que son leader ne représente que lui-même, pas question de se laisser coiffer par lui.
Il est vrai que le pS est déconsidéré comme la droite à laquelle il est resté si longtemps lié, le siège a été vendu et l’appareil n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses « barons » comme samia Ghali, avec en toile de fond Tapie et Guerini en sont déjà sortis, on imagine que Menucci va en faire autant, avec une droite et en marche en embuscade déjà prêts à l’union sacrée face au FN.
Tout le monde sait ce qui se prépare.
Donc Melenchon, toujours fidèle à lui même, qui n »a même pas osé se présenter à Marseille tant il s’y sait peu apprécié y compris par les gens de sa circonscription, prend pretexte de cette situation pour faire des appels du pied aux verts qui ont été les premiers à quitter le navire, suivis de près par un regroupement citoyen très bobo qui s’est donné pour but d’écouter les pauvres et surtout d’éviter tout programme… Ils ne veulent plus oeuvrer avec le printemps marseillais, c’est le nom de « l’union de la gauche » qui se délite…
Quant aux communistes, des « refondateurs » ayant appliqué leur stratégie, le printemps marseillais ressemblant furieusement au printemps du communisme du Congrès, on commence à se demander ce qu’ils ont exactement recherché en dehors de l’élection de deux des leurs, au lieu d’arriver aux négociations avec un programme, des miltants en ordre de marche, ils se sont laissés prendre dans le pastis marseillais et tentent un peu tardivement de reprendre tout çaen main… Leur seul atout c’est que tous les leaders sont si haissables qu’ils apparaissent presque nimbés d’innocence même si ce ne sont pas des perdreaux de l’année du marigot marseillais.
Si ça continue, ils vont se retrouver avec deux ou trois groupuscules et encore… Plus le pS tel qu’il est, ils auraient probablement dû commencer par là, enfin en bonne logique électoraliste c’est cela qu’ils auraient du faire à partir d’un programme pour le moins evanescent, sans tête de liste, tout cela est bien tardif…
Mais les élections ont des lois qui ont intérêt à être respectées, on ne refait pas un terrain, on l’utilise et le grand problème est que quand une stratégie est erronée, le danger quand on prétend la corriger au milieu on risque de perdre sur tous les tableaux à la fois. Espérons qu’au moins, nous limiterons les dégâts en faisant un bilan de nos erreurs qui nous aidera dans les prochaines batailles. IL y a des élections qui exigent que l’on y aille seuls, parce que notre programme n’est conciliable avec une autre force et doit être exposé, c’était le cas des Européennes et ce sera encore plus le cas des présidentielles, mais il est des élections où l’union sur un programme limité s’impose, cela doit se faire dans la clareté, chaque force doit présenter son programme, le discuter, conserver son autonomie et négocier à partir de là avec l’aide de la population appelée à trancher.
La règle est toujours celle que Marx a défini, les communistes ne doivent jamais se confondre avec des partis « bourgeois » de manière permanente, en particulier quand ils s’agit du pouvoir d’Etat, mais ils peuvent et doivent le faire sur des sujets limités, et s’ils agissent comme ça, les premiers concernés, les citoyens l’imposeront. Mettre la charrue avant les boeufs ne mène nulle part mais de toute manière le sort a voulu que je ne sois que spectatrice de ce qu’à Marseille nous appelons « une cagade ». Espérons que la puissance du mouvement social aidera à redonner corps à tout cela, parce que de ce point de vue Marseille ce n’est pas rien.et c’est tout de même dramatique qu’une ville manifestant une telle combativité ne soit pas capable de trouver une issue politique qui lui permette de renverser une bande d’affairistes et de speculateurs qui ruinent cette ville. (note de danielle Bleitrach)
L’union, oui mais sans tête de liste socialiste. C’est la position adoptée par la France insoumise lors de son assemblée communale marseillaise vendredi 13 décembre. Dans un « avis à la population », la formation de Jean-Luc Mélenchon dit « tenir compte du rôle de ce parti dans le passé trop récent pour être oublié par le peuple de Marseille ». Cette sortie s’oppose clairement au président du groupe PS au conseil municipal Benoît Payan, favori au sein du Printemps marseillais pour représenter cette union de la gauche politique et associative.
La France insoumise indique rester partie prenante du Printemps marseillais pour militer pour « une alliance avec le Pacte démocratique [un mouvement regroupant notamment des militants associatifs et visant à une meilleure représentation des quartiers populaires, ndlr] et le choix d’une tête de liste non PS, en rupture avec le passé ». Une position qui viendra alimenter les tensions au sein de cette alliance lancée à l’automne.
Cependant, la France insoumise se ménage une porte de sortie en indiquant prendre « les contacts pour la formation éventuelle d’une liste alternative vraiment ouverte en vue du grand changement à Marseille ». Elle entend pour ce faire s’adresser d’abord au Parti communiste, puis à Europe écologie-les Verts, qui mène pour l’heure une campagne autonome, et au Pacte démocratique.