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Retour à la diplomatie : Le chef-d’œuvre russe en Syrie: tout le monde gagne

18 Oct
Poutine a sans aucun doute conseillé à Assad et aux Kurdes d’entamer un dialogue dans l’intérêt commun de la Syrie. Il aurait sans doute également convaincu Erdogan et Trump de la nécessité d’accepter ces plans. Il a mis en œuvre quelque chose d’inconnu ces derniers temps: il ne s’agit plus de pillards flanqués de missionnaires de droits de l’homme convaincus d’être le bien, mais de gens sachant qu’il y a des intérêts et que l’on doit les ménager pour aboutir à une solution: ce qui a nom la diplomatie. Il faut voir que dans la description de chef d’œuvre diplomatique, il y manque les cocus intégraux, irréversibles que sont les boute-feux français. Donc tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes  mais il y manque encore la voix solidaire des peuples pour ouvrir les convergences et surmonter les intérêts particuliers (note et traduction de Danielle Bleitrach).

Par Federico Pieraccini via la Fondation pour la culture stratégique:

« Moscou et Damas ont toujours affirmé qu’ils s’opposaient à toute forme de partition ou à toute présence étrangère illégale en Syrie. »

Moscou a réussi à maintenir des contacts avec toutes les parties au conflit, même en dépit de sa position contre la partition et la présence étrangère illégale. Des pourparlers trilatéraux entre l’Iran, la Turquie et la Russie ont eu lieu à Astana, à l’invitation de Moscou. Poutine a réussi à réunir à Sotchi le gouvernement syrien et des groupes d’opposition pour discuter de l’avenir de la Syrie. À Genève, Moscou a joué un rôle de médiateur entre Damas et la communauté internationale, protégeant ainsi la Syrie de la corruption diplomatique des États-Unis et des autres ennemis de la Syrie.

La Turquie, uniquement à la suite de sa défaite en Syrie, se trouve maintenant dans un dialogue actif avec Moscou et Téhéran. Alors qu’Ankara éprouve une détérioration de ses relations avec Washington et d’autres capitales européennes, Moscou voit une grande opportunité de rapprocher la Turquie de Damas.

L’opération de la Russie était compliquée et demandait beaucoup de patience. Mais grâce aux négociations supervisées par la Russie, ainsi qu’au courage et à la ténacité des soldats syriens, la quasi-totalité des poches terroristes disséminées autour de la Syrie ont été progressivement résorbées.

Outre la province d’Idlib, le principal problème de Damas résidait dans l’occupation américaine au nord-est du pays, sous prétexte de protéger les Kurdes (SDF) du «régime Assad», ainsi que de «combattre Daesh».

Erdogan se trouve actuellement coincé dans une économie en déclin, menacé par ses alliés (l’achat du système russe S-400 a irrité beaucoup de gens à Washington et à l’OTAN): il doit désespérément présenter une sorte de victoire à sa base.

C’est peut-être la raison principale derrière la décision d’Erdogan de s’installer en Syrie sous prétexte que le YPG est une organisation terroriste liée au PKK – en procédant à la création d’une zone tampon à la frontière entre la Syrie et la Turquie et en déclarant «mission accomplie» pour renforcer sa popularité.

Quant à Trump, il cherche désespérément à détourner son attention de la procédure de destitution (un canular) et doit également présenter une sorte de victoire à sa base. Quoi de mieux pour ce faire qu’un mini-retrait des troupes américaines de Syrie, laissant les Kurdes à leur destin (le facteur de soin de Trump concernant SDF est minime, car ils sont plus liés à ses opposants politiques au sein du parti démocrate), proclamer sa victoire sur Daesh pour la énième fois ces derniers mois?

Trump, avec une poignée de tweets dirigés contre les «dépenses folles» du Pentagone et les guerres passées de l’Amérique, se retrouve, lui et sa base, en train de se donner la haute main sur leur attachement à la doctrine de «America First».

Erdogan et Trump ont également résolu le conflit interne embarrassant au sein de l’OTAN entre la Turquie et les États-Unis, rétablissant probablement des relations personnelles (malgré les propos durs de la Maison-Blanche).

L’accord entre les Kurdes (SDF) et Damas est la seule conclusion naturelle à des événements lourdement orchestrés par Moscou. Le déploiement de troupes russes et syriennes à la frontière avec la Turquie est le prélude à la reconquête de l’ensemble du territoire syrien – résultat que le Kremlin souhaitait dès le début de ce chef-d’œuvre diplomatique.

Washington et Ankara n’ont jamais eu l’occasion d’empêcher Damas de réunifier le pays. Moscou et Damas ont supposé que Washington et Ankara chercheraient tôt ou tard la bonne stratégie de sortie, même au moment de proclamer la victoire de leurs bases respectives face à la défaite en Syrie. C’est exactement ce que Poutine et Lavrov ont proposé ces dernières semaines, offrant à Trump et Erdogan la solution à leurs problèmes syriens.

Trump déclarera qu’il s’intéresse peu aux pays situés à 7 000 milles de la patrie; et Erdogan (avec une certaine réticence) affirmera que la frontière entre la Turquie et la Syrie, lorsqu’elle est tenue par l’armée arabe syrienne, garantit la sécurité contre les Kurdes.

Poutine a sans aucun doute conseillé à Assad et aux Kurdes d’entamer un dialogue dans l’intérêt commun de la Syrie. Il aurait sans doute également convaincu Erdogan et Trump de la nécessité d’accepter ces plans.

Un accord qui récompense Damas et Moscou sauve les Kurdes tout en laissant Erdogan et Trump avec un semblant de dignité dans une situation difficile à expliquer à un public national ou international.

Moscou a entamé des patrouilles conjointes avec l’armée arabe syrienne aux frontières avec la Turquie dans le but de prévenir tout affrontement militaire entre Ankara et Damas. Si Ankara met fin à ses opérations militaires dans les prochains jours, Damas reprendra le contrôle des champs de pétrole.

Le monde aura alors assisté à l’un des plus grands chefs-d’œuvre diplomatiques jamais conçus, chargé de rapprocher la fin du conflit syrien, qui dure depuis sept ans.

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