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Poutine en Asie centrale dénonce la déstabilisation islamiste de l’intervention turque en Syrie

11 Oct

Kirghizstan Russie Poutine Atambaïev Bichkek

Jusqu’ici Moscou a laissé faire mais la Russie commence à penser qu’il faut sonner la fin de la partie et il est clair que Poutine tient un certain nombre de cartes. Je vous conseille d’écouter l’analyse de la radio russe en langue française par rapport à l’intervention turque. Poutine a mis en garde Erdogan mais il n’a pas jusqu’ici sifflé la fin de la partie.

Il vient de le faire en Asie centrale : on ne peut pas laisser la Turquie et les États-Unis déstabiliser tout l’Asie centrale et de ce point de vue, il travaille dans cette zone en accord avec les Chinois.

Le président russe Vladimir Poutine a alerté vendredi sur la menace d’une résurgence de l’EI dans la région. « Je ne suis pas sûr que l’armée turque puisse contrôler la situation ou le faire rapidement », a ajouté M. Poutine lors d’un sommet d’ex-pays soviétiques à Achgabat, la capitale du Turkménistan. Selon lui, « les Kurdes abandonnent les camps où sont détenus les combattants de l’EI » et ces derniers « sont en mesure de s’enfuir ». Il a promis de « mobiliser les ressources des services spéciaux pour contrer l’émergence de cette nouvelle menace ».

Les propos du président russe sont de l’ordre de la litote vu que l’armée turque ne se cache pas de comprendre dans ses rangs des anciens de Daech. Le président russe ne peut pas non plus ignorer, comme nous l’avons découvert en Crimée chez certains Tatars de cette péninsule, les seuls très opposés au retour de la péninsule à la mère Russie, en relation étroite avec l’occident, l’existence de bureaux de recrutement turcs pour le Djihad. Il existait une presse financée par les Turcs qui entretenait à la fois la haine des Russes chez les musulmans tatars et le recrutement y compris par les voies du pèlerinage à la Mecque. Nous avons raconté tout cela dans notre livre : « URSS, vingt ans après, retour de l’Ukraine en guerre », Marianne et moi.

En Gagaouzie, au sud de la Moldavie, où l’on vote pourtant à 80% pour les communistes, nous avons constaté la même activité des Turcs en particulier à travers le financement d’écoles liées aux mosquées. Dans toute l’Asie centrale existe la même activité et Poutine n’a certainement pas besoin de faire un dessin quand il parle à un sommet d’ex-pays soviétiques de cette zone. Pas plus qu’aux Chinois qui subissent les mêmes formes de radicalisation et de recrutement dans la zone des Ouïgours. Bizarrement d’ailleurs, au même moment où les forces turques choisissaient avec l’assentiment des États-Unis de redonner force à cette engeance, nous assistions à une opération de grande envergure diffusant n’importe quoi sur cette zone de la Chine, une campagne lançant dans les réseaux sociaux des rumeurs sur de pseudos viols de masse perpétrés par les Chinois, l’enfermement dans des camps d’un cinquième de la population masculine de ce pays. Toute cette propagande qui provient de sources financées par les États-Unis qui n’était fondée sur rien laisse voir le caractère coordonné de l’opération.

Erdogan a voulu attribuer au prédicateur Fethullah Gülen, selon lui directement manipulé par les États-Unis dans le putsch raté du 15 juillet 2016, cette installation partout d’une idéologie islamiste tout au long de l’enseignement financé par les Turcs. Il s’est même rapproché de Poutine et des autres dirigeants de l’Asie centrale soviétique pour ensemble dénoncer « les forces obscures » de l’occident et en finir avec une vision « eurocentrée ». Mais il faut bien voir que Erdogan a continué et amplifié son islamisme, effaçant par la même occasion le rôle d’un ataturk au profit d’un expansionnisme islamiste.

Dans un premier temps les Russes ont comme la quasi totalité des populations non occidentales jugé que les Kurdes méritaient une leçon pour avoir rejoint le camp des États-Unis et de leurs alliés, théoriquement pour combattre Daech, en fait pour dépecer la Syrie, comme l’Irak, la Libye. L’idée même de combattre Daech de la part des États-Unis leur paraît de l’ordre de la plaisanterie vu qu’ils considèrent que c’est la créature des occidentaux comme Al Qaida avant. La Turquie en tant que membre de l’OTAN porte à leurs yeux la même orientation. Mais les Russes ont très vite compris, comme le montre non seulement la mise en garde de Poutine mais celle de Lavrov sur les responsabilités américaines en Syrie, dans tout le Moyen Orient et au-delà tout le monde musulman, qu’en faisant sauter le verrou kurde c’était une nouvelle vague de terrorisme que les États-Unis et l’OTAN déchaînaient sur ceux qui étaient ses ennemis, ce monde multipolaire en train de naître de l’Asie à l’Afrique en passant par l’Amérique latine.

Oui, ce qui se passe avec les Kurdes est abominable, la zone kurde faut-il le signaler est aussi une zone arabe avec des confessions multiples, avec une forte majorité de chrétiens, un nouvel exode qui concerne plus de 100.000 civils a déjà débuté, avec ses drames, ses morts, une méditerranée devenue un cercueil et avec ces drames humains on a libéré les forces du terrorisme vers l’Europe, l’Asie centrale, Trump ne fait pas mystère de son acceptation d’une telle situation en ce qui concerne ses alliés européens comme ses adversaires russes et asiatiques, sans parler du continent africain.

Il faut bien voir que ce choix des cavaliers de l’apocalypse est assez comparable à celui qui est jeté sur l’Amérique latine avec ses évangélistes fous, ses narcotrafiquants.

Plus que jamais pour comprendre le moindre événement il faut avoir une vision globale…

Danielle Bleitrach

Voici une excellente intervention qui éclaire les enjeux dans cette zone…

Cette réaction de cet expert syrien, montre que jusque là Poutine et la Syrie ont laissé donner une leçon aux Kurdes mais la réaction de Poutine en Asie centrale prouve à quel point il faut ne pas laisser la situation se dégrader.

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1 commentaire

Publié par le octobre 11, 2019 dans Asie, Asie centrale, Chine, INTERNATIONAL, Russie

 

Une réponse à “Poutine en Asie centrale dénonce la déstabilisation islamiste de l’intervention turque en Syrie

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