Hier j’étais place Sébastopol à Marseille; Cela me fait toujours drôle d’être sur cette place, je me revois assise derrière le kiosque en train de lire en cachette lisette accroché avec des pinces à linge… j’étais abonnée à Vaillant et à la semaine de Suzette .Mes parents donnaient dans le syncrétisme: le samedi et le dimanche aux fêts du parti, le jeudi le talmud thora et les éclaireuses israélites et le reste de la semaine dans le pensionnat religieux le plus proche, saint Charles plus le cours Bastide avant de rejoindre en 3 ème l’éducation nationale à Marseilleveyre, donc on tentait d’apaiser mes boulimies de lecture avec le communiste Vaillant et le catholique Semaine de Suzette, sans parler de felix le chat chez ma grand père dans Rouge-midi, mais je n’étais jamais rassasiée et tandis que ma mère faisait les courses, je m’abreuvais directement à l’étalage du kiosque… Mon père partait en voyage toutes les semaines et me rapportait une classique de la collection garnier que je devais lire dans la semaine ce qui parfois donnait lieu à d’étranges quiproquos, j’ai lu ainsi les gaillardes nouvelles de la fontaine et même le poronographique les mille et une nuit…
C’est dire si cette place me donne un sentiment de retour au bercail…
J’ai tout de suite repéré un groupe d’hommes retraités qui se plantaient devant un étal et feignaient d’y mener une discusssion animée tandis que les badauds s’agglutinaient peu à peu: il y était question des retraites, de ce qu’on allait nous enlever… Mais la chute était « tout ça pour donner aux nègres… « Je les ai interpellés, ils ont essayé de m’écarter comme une vieille femme qui n’y connaissait rien mais j’ai tenu bon.. Avec la vieillesse, je gagne en autorité et j’ai la canne belliqueuse… Je joue l’effet de surprise, le canotier en bataille… Tout y est passé: Bernard Arnault le milliardaire, l’évasion fiscale dont le total est équivalent au budget de l’éducation nationale… Ils étaient submergés et il ne leur restait plus que la fuite pour se débarrasser de moi… Quelques secondes après je les retrouve devant le possonnier et là je les insulte carrément: « Vous n’avez pas honte, de toujours attaquer plus petit que vous, de diviser les pauvres pour que les riches s’en mettent plein la lampe… Nous faire devenir des racistes, des nazis pour protéger les riches… » Vous devriez être fiers vous n’avez plus de droits sociaux, mais nos milliardaires sont en train de venir aux premières places des fortunes mondiales pendant que vous vous acharnez sur l’arabe du coin »…
Elle n’a pas tort disent les badauds, le possonnier se défend: « A marseille, on n’est pas racistes, on est chauvin comme pour l’OM, mais c’est sans méchanceté! »… Un admirateur m’explique « je n’en sais pas autant que vous mais j’ai bien l’impression qu’on nous prend pour des idiots ». Quand le débat en est là, un argument imparable : « imaginez qu’au lieu de Marine Le pen ou des verts, ce soient le Parti communiste qui ait fait 23% ou même 13%, vous croyez qu’ils en prendraient autant à leur aise avec nos retraites? » Mais là il reste l’essentiel: convaincre qu’il y a encore des communistes… des vrais…
Ce que je peux vous dire c’est que le fond de classe remonte vite et il est aisé de l’activer, le problème est ailleurs…
La veille en attendant l’ouverture de la poste, il y avait la queue, le plus jeune devait être quinquagénaire… Le rideau ne se léverait visiblement qu’à l’heure dite et les gens moquaient les fonctionnaires qui n’en faisaient pas plus… je me suis mise en colère: « Vous n’avez pas honte, on est en train de vous enlever tout le service public, bientôt vous n’aurez plys droit ni à la sécurityé sociale, ni aux retraites et toujours vous vous en prenez au travailleurs qui ne veulent pas donner des heures gratuites, c’est comme vos votes, un fois pour Macron, une fois pour sa complice la len pen et vous vous faites tondre… le silence a accueilli mes paroles, un homme m’a dit « Moi je vote plus ces gens-là m’écoeurent tous ».
Dans le métro, toujours dans les mêmes journées, un homme d’environ cinquante ans qui m’avait laissé la place se plaignait à haute voix: « il n’y a même pas de climatiseur, on étouffe, ils nous méprisent, pour eux le meilleur et pour nous le pire! » je lui dis « alors il ne faut pas voter pour eux! » Réponse: « ils sont tous pareils, moi je ne vote plus, alors moi je lui réponds: « moi j’ai toujours voté ccommuniste, je continue.. et lui « ça existe encore! » et marchais oui, c’était un communiste, il n’y en a plus…’
Ce que je ressens c’est une indigantion de classe à fleur de peau, la colère qui monte mais aussi le tous pareil qui prend de l’ampleur…
Retrouver la crédibilité communiste, d’abord la présence mais aussi la confiance après vingt ans d’absence cela ne se fera pas en un jour et pas avec les méthodes qui nous ont conduits là où nous sommes, il va falloir retrouver un parler vrai.
Caton l’ancien terminait tous ses discours par « delenda Carthago », il faut détruire Carthage: moi je suis plus constructive: je vais répétant: « Il faut un parti communiste digne de ce nom », et pour cela il faut une sérieuse autocritique, pas se battre la coulpe, nous ne faisons que ça depuis vingt ans… mais au contraire en finir avec l’autodestruction pour avoir enfin l’outil qui correspond à l’urgence de la situation… Il s’agit certes des échéances électorales mais aussi et surtout de l’organisation, de la formation des militants…
De nombreux amis ont acheté mes mémoires si j’en crois mon éditeur, j’espère qu’ils les liront et que cela contribuera à recréer ce parti communiste dont nous avons tous besoin, y compris ceux qui ne le savent pas…
Il faut détruire le capitalisme et cela ne se fera pas avec des gens qui ont tout fait pour l’aménager, qui n’ont cessé de le renforcer, de lui donner tous les doits…
danielle Bleitrach