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Un dimanche ensoleillé dans le ciel et dans les coeurs

31 Mar

Hier j’ai passé la journée avec le secours populaire aux arènes de Port saint Louis du Rhône. Une journée magnifique grâce à la municipalité communiste qui l’avait préparée, grâce au secours populaire, départemental, municipal, mais aussi du centre ville de Marseille où ma fille Djaouida a réussi à rassembler des familles qui vivent dans les hôtels à la suite de l’effondrement de leur domicile. Elle s’occupe d’abord des enfants, organise les loisirs pour eux qui sont enfermés les jours de congé dans les chambres d’hôtel. Un car nous avait été offert gratuitement et un chauffeur, nous étions une cinquantaine de personnes et pas mal d’enfants qui n’ont posé aucun problème au contraire, ils ont créé la joie de la journée. Ces enfants sont devenus « des copains du monde » et désormais les plus grands accompagnent Djaouida dans ses « maraudes » dans le centre ville pour aider les SDF. L’un d’eux, Rayan, qui est allé à Paris témoigner de leur action est intervenu au micro pour expliquer que la solidarité ça se partageait, celle qu’ils avaient reçue il la rendait à ceux qui n’avaient même plus la force de parler mais dont le regard disait à quel point il était important qu’on s’occupe d’eux. Une estrade avec sono était là au milieu de l’esplanade et il y avait des stands qui vendaient à peu près n’importe quoi en matière de récup et qui nous invitaient à des voyages de solidarité, une buvette, partout des bénévoles amicaux. La pauvreté, ces rebuts devenaient la caverne d’Ali baba pour des enfants à qui l’on offrait de menus cadeaux.

Ces enfants étaient formidables, il faudrait décrire toute l’ambiance concrète de cette journée, les regards, les sourires, la dignité de tous. Ces adieux qui n’en finissaient pas et la promesse de s’inviter mutuellement à découvrir Marseille, à revenir l’été se baigner. Beaucoup travaillaient bien à l’école, l’un d’eux magnifique avec de grands yeux verts, un enfant qui mangeait à côté de la poubelle pour jeter aussitôt les assiettes en carton. Un jeune garçon d’une dizaine d’années dont la mère venait de trouver un logement sur la Canebière et dont elle me disait qu’il était le premier de sa classe et il ne voulait pas repartir en Algérie parce qu’il aimait l’école en France et sa sœur trouvait en France les soins qu’elle ne pouvait obtenir en Algérie. Toutes ces femmes me disaient à quel point elles approuvaient le mouvement qui avait lieu dans le pays, cela suffisait cette corruption qui détruisait l’Algérie, qui faisait que l’on devait verser des pots de vin pour être soignés, éduqués.

Il y avait l’inquiétude de ceux que l’on déplaçait à la Valentine, qui le matin devait faire des kilomètres pour rejoindre leur école du centre-ville qu’ils ne vouaient pas quitter comme tata Djaouida qui avait mobilisé des théâtres, des animateurs pour les aider.

Tous ceux qui s’étaient activés à Port saint Louis du Rhône pour nous accueillir, pour nous offrir des toilettes d’une propreté éblouissante, une gigantesque paella et même un chanteur adorable qui avait une belle voix mais surtout avait entrainé les enfants sur la scène. Même un délicieux petit bonhomme de 3 ans se dandinait avec rythme à ses côtés.

Samira qui organise le secours populaire à la mairie nous a accueilli avec des larmes de joie. J’ai discuté avec un camarade venu de la Somme qui aidait aux cuisines, il s’y retrouve dans le secours populaire mais a du mal à suivre ce qui se passe dans le parti. Nous avons parlé de Maxime Gremetz, il se souvenait de moi il y a quarante ans quand j’étais venue à une remise de carte et nous étions heureux de cette journée simplement en retrouvant notre parti.

Notre chauffeur était l’individu le plus humain le plus sympa qui se puisse imaginer, le moins raciste, il nous a dit tout le mal possible de Macron… et il s’apprête à voter pour Le Pen. Quand je lui ai parlé des communistes, il m’a dit que son père était gaulliste, qu’il était de droite depuis toujours et il a jouté, les communistes n’existent plus, ceux du temps de Marchais. je lui ai dit: « Mais ou croyez-vous être?  » je lui ai montré à l’entrée du stade une affiche dont les couleurs avaient blanchi mais qui n’avait pas été recouverte, celle de Iann Brossat. « Regardez cette affiche » c’est celle de notre candidat, qui est capable d’aider les pauvres? il m’a répondu « il n’y a que les pauvres pour aider les pauvres ». Mais il n’a pas changé d’opinion: « fallait pas voter macron, fallait voter le pen ». Tous ceux qui nous écoutaient étaient restés fixés sur la présidentielle, j’avais beau leur expliquer que l’élection européenne était différente de la présidentielle, cela paraissait trop compliqué le choix demeurait entre Macron et Le pen.

J’ai repensé à cet invraisemblable reportage sur Arte, autour de la défense du journal l’humanité. Cela se passait à Bourges, il y avait même un ancien député pour présenter la problématique. L’Humanité avait toujours été le journal des socialistes, celui de Jaurès, pendant un bref temps il avait été l’organe du parti communiste, mais maintenant c’était fini il était le journal de la gauche. On n’allait pas jusqu’à dire que les communistes n’existaient plus mais il n’y avait même plus à le dire, c’était devenu un fait. Au moment même où les communistes se dépensent pour sauver ce qu’ils croient être leur journal, où le secrétaire fédéral du parti communiste des Bouches du Rhône appelle à donner une journée de travail, la direction de l’humanité achève le parti sans état d’âme. Comment expliquer à ces braves gens qui animent cette journée ce qui se passe sans les écœurer un peu plus, sans les éloigner de la politique?

L’autre jour un camarade m’a demandé: « Est-ce que untel est un vendu? » Je lui ai répondu : « seul la mort transforme la vie en destin et donc PLH (et les autres) en coquin, mais c’est bien parti. Ils se sont approprié ce qui avait été gagné par les luttes, les supplices et la mort de dizaines de milliers de communistes et ils l’ont déshonoré et vendu pour s’assurer une bonne place en fin ils l’espèrent.

Il y avait dans cette journée toute la force et la faiblesse actuelle des communistes. Il étaient toujours là avec leur générosité, leurs valeurs de partage mais tous ces gens y compris les algériennes et leurs enfants étaient désormais loin de la politique, de la nécessité première du parti comme architecture fondamentale de cette vision du monde. Sans ce parti le bénévolat, l’humanisme concret est condamné à agir à la marge. Mais ils sont toujours là.

Danielle Bleitrach

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Publié par le mars 31, 2019 dans Marseille, SOCIETE

 

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