Au titre de l’écho qu’a le mouvement des gilets jaunes, voici un article de nos camarades ukrainiens. Pour bien en mesurer la portée il faut connaître le contexte et ce que produit le gouvernement d’oligarques et de fascistes que les Etats-Unis, flanqués de la Pologne, de la France et de l’Allemagne ont installé dans ce malheureux pays. Non seulement la misère grandit, le salaire moyen ukrainien est équivalent à la prime de 100 euros obtenus par la lutte des gilets jaunes, mais les néo-nazis au pouvoir et qui massacrent les populations dans le Donbass, tous les jours répètent dans les médias officiels que c’est le kremlin qui a créé ce mouvement. C’est une véritable tragédie que vit ce malheureux pays avec à sa tête le pouvoir le plus ubuesque, le plus imbécile qui se puisse imaginer et dont cette rumeur (dont le Drian a récemment cru bon de se faire l’écho) est un mode d’absurdité parmi d’autres. Là encore les communistes ukrainiens qui mènent une lutte héroïque regardent avec envie et un peu d’exagération dans l’enthousiasme pour les Français le mouvement qui secoue notre pays (note de Danielle Bleitrach).
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Les puissantes manifestations de «gilets jaunes» qui ont enflammé la France ne sont pas seulement indirectement, mais aussi directement liées à l’Ukraine.
Le salaire minimum ukrainien ne sauve pas Macron
En France les manifestations de masse liées aux questions socio-économiques ne sont pas une rareté. Mais pour en trouver à une telle échelle il faut remonter assez loin, peut-être aux événements de 1968, appelés «mai rouge» et qui ont abouti à la démission du gouvernement et du président.
Le président français actuel, Emmanuel Macron, résiste toujours, mais a déjà faibli, d’autant plus que sa cote est en chute libre et, comme le montre le dernier sondage, a atteint 18%. Et cela ne semble pas être le fond.
En outre, 75% des Français soutiennent les demandes des Gilets jaunes, dont 49% qui soutiennent pleinement et 26% qui ressentent de la sympathie. Le soutien est de 75% dans la classe moyenne et de 83% dans la classe ouvrière. 81% pensent que Macron n’entend pas les manifestants et 69% – que les actions devraient continuer.
Le plus triste pour le président est la dynamique décevante au sein de son électorat. Si en 2017, il remportait confortablement le second tour avec un score de 66,1% (près de 21 millions de voix), aujourd’hui, 52% des électeurs qui ont voté pour Macron sont favorables aux exigences des Gilets jaunes.
Il n’est pas étonnant que Macron ait annoncé l’abolition des hausses de prix de l’essence, qui ont d’abord servi de catalyseur aux manifestations, puis promis de relever le salaire minimum de 100 euros à partir de l’année prochaine, ce qui correspond à peu près au montant du salaire minimum ukrainien. Mais les manifestants ne sont pas satisfaits et exigent beaucoup plus. Parmi les revendications socio-économiques et politiques: par exemple, des élections anticipées. Certains manifestants veulent même se retirer de l’UE et de l’OTAN.
Je sens la main du Kremlin
En Ukraine, sans y réfléchir à deux fois, Moscou est accusé d’aggraver la situation en France. Par exemple, l’ancien chef du service de renseignement extérieur, Nikolai Malomuzh, assure que la Russie est directement liée à l’organisation de manifestations.
Oleg Slobodian, vice-président du service des frontières de l’Ukraine, a qualifié les émeutes en France de « Vengeance de Poutine sur la position de Macron et son rôle dans l’échec de la réunion de Poutine avec Trump à Paris ».
Le SBU [services secrets] lui aussi a vu la trace russe. «Les frontières internationales ne constituent pas un obstacle pour l’agression hybride russe. Par des méthodes sales, le Kremlin détruit la stabilité européenne, y voyant une menace pour lui-même », a déclaré le chef du SBU, Vasily Gritsak.
La raison de cette déclaration est le drapeau de la RDD [République démocratique de Donetsk], déployé dans les rues de Paris. Si des conclusions aussi ambitieuses sont prises sur la base d’une seule apparition de ce drapeau, on peut imaginer des choses bien plus scabreuses par les temps qui courent, en rappelant quels drapeaux de toutes sortes de pays ont flotté sur le Maidan à Kiev.
Certes, Moscou peut tout à fait être et est très probablement intéressée par l’affaiblissement de l’un des principaux centres de l’UE. Mais il ne faut pas s’exagérer les possibilités de la Russie moderne. Organiser une révolte dans un État occidental développé n’était même pas à la portée de l’URSS, qui était pourtant beaucoup plus puissante et influente que la Fédération de Russie moderne.
Révolution civile
Si on veut, on peut d’ailleurs retrouver la trace ukrainienne dans les manifestations françaises. Par exemple, près de l’Arc de Triomphe, l’inscription « MAIDAN 2018 » est apparue. Cependant, entre les événements français et ukrainiens d’il y a cinq ans, il n’y a qu’une ressemblance visuelle: émeutes et affrontements avec la police. Mais à la base, ce sont des phénomènes complètement différents.
À Kiev, à Maidan, la principale exigence était la signature d’un accord d’association avec l’UE, que personne n’avait lu. Comme nous le voyons en France, les manifestants mettent en avant des questions sociales.
Un expert ukrainien en communication stratégique, Vladislav Mikheyev, établit un parallèle entre les manifestations française et ukrainienne et aboutit à une conclusion décevante pour nous.
«De manière générale, il n’y a pas de différence en vertu de quelle sauce mettre à feu et à sang votre pays. Mais la différence est toujours là – c’est dans la culture, dans la tradition de la protestation. Au cœur du français se trouve la dignité d’une personne qui se perçoit comme le maître du pays. Au cœur de l’ukrainien se trouve le sentiment que l’homme n’a pratiquement aucun droit dans son propre pays. L’émeute des esclaves et l’émeute des libres divergent quant à leur responsabilité vis-à-vis de l’avenir », résume Mikheev.
Nous ajouterons que le triplement des tarifs des services publics, ou à peu près la même augmentation du prix de l’essence en Ukraine, n’a pas provoqué de protestation massive.
Les Français ne vont pas se rendre. Le chef du mouvement radical de gauche «La France insoumise», Jean-Luc Mélenchon, qui avait recueilli 20% des suffrages en 2017 à l’élection présidentielle a appelé à la poursuite des manifestations. Aujourd’hui, sa cote a augmenté de huit points. «Les manifestations à travers le pays vont continuer. La révolution civile sera grande », a promis Mélenchon.