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Egon Krenz: la Chine comme opportunité pour le monde – et pour le socialisme réel

10 Sep

Egon Krenz est une personnalité politique est-allemande, né le 19 mars 1937 à Kolberg. Il fut le dernier secrétaire général du Parti socialiste unifié d’Allemagne et d’après Marianne qui l’a rencontré à Berlin hier, il est en pleine forme, ils ont discuté en russe, bien que Marianne parle désormais aussi l’allemand. Voilà son opinion sur la Chine. Par parenthèse, je confirme le communisme ça conserve…  (note de Danielle Bleitrach)

28.04.2018

https://de.sputniknews.com/politik/20180428320504007-china-sozialismus-egon-krenz/

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« La Chine – comme je la vois » est le titre d’un livre récemment publié chez « edition ost ». Dans ce livre, Egon Krenz  contredit l’image de la Chine offerte habituellement dans les médias en République fédérale. L’auteur a présenté le livre jeudi à Berlin.

La Chine fournit un exemple de la façon dont les problèmes sociaux peuvent être résolus afin que tous les citoyens en retirent quelque chose. C’est ce qu’Egon Krenz (né en 1937), dernier secrétaire général du SED et président du Conseil d’Etat de la RDA, a déclaré dans une interview mercredi à Berlin. Il a présenté son nouveau livre « la Chine – Comment je la vois » dans la galerie du quotidien « jungeWelt ». Il y rend compte de ses six visites à « l’Empire du Milieu » et de ses impressions.

Avec ce livre, il s’oppose à la représentation traditionnelle de la Chine dans les médias allemands. Ceux-ci sont toujours anti-communistes et ne refléteraient donc pas une image réaliste du développement chinois, comme le fait Krenz. Il l’a clairement indiqué à travers plusieurs exemples concrets. Et aussi: la Chine ne cherche pas la domination mondiale, comme on le suppose en Occident. Au contraire, en coopération avec les autres États, elle souhaite résoudre les problèmes mondiaux communs, dans l’intérêt de tous.

Après la présentation du livre, Sputnik lui a posé quelques questions:

 

  1. M. Krenz, combien de fois êtes-vous allé en Chine? Et comment voyez-vous la Chine?

 

En tout, je suis allé en Chine six fois. En 1989, à l’occasion du 40e anniversaire de la République populaire, je dirigeais la délégation officielle de la RDA. A cette époque, j’ai eu des conversations très intéressantes avec Jiang Zemin et Deng Xiaoping. Jiang Zemin a cité en allemand de mémoire les derniers mots du Faust de Goethe lorsque je suis arrivé dans son bureau. Il a rappelé qu’il avait visité Weimar en tant que ministre et avait été impressionné par l’antifascisme de la RDA. Il a souligné à quel point les traditions peuvent être différentes, en particulier à Weimar, ville de musique classique avec Goethe et Schiller, et d’un autre côté, Buchenwald – la barbarie du fascisme.

 

Après le fameux «Tournant» et ma sortie de prison en 2003, je me suis rendu en Chine à plusieurs reprises, principalement à l’invitation de l’Académie des sciences sociales, et une fois par l’Institut de recherche stratégique. Bien sûr, les amis chinois ont voulu savoir comment j’évalue la disparition de l’Union soviétique. Et quelles erreurs ont conduit au fait que la RDA n’existe plus. Je pense que les dirigeants chinois, le Parti communiste chinois et les différentes institutions réfléchissent très fort à ce qui peut être appris de la chute de l’URSS.

 

Comment considérez-vous la Chine aujourd’hui, d’après ce que vous avez pu voir?

 

Surtout, je vois la Chine comme un pays socialiste. Ou plutôt, en tant que pays socialiste sur la voie de la construction du socialisme. J’étais dans le pays lorsque le 19e congrès du Parti communiste chinois a eu lieu (automne 2017 – ndlr) et j’ai ainsi pu connaître l’agenda ambitieux du parti. Ils se sont fixé comme objectif d’être un pays socialiste fort d’ici 2049, le 100e anniversaire de la fondation de la République populaire, un pays où les gens aiment vivre et où les gens vont bien. Je pense que c’est un excellent objectif. Je considère tout le développement de la République populaire chinoise comme une preuve que la chute de l’Union soviétique en 1991 n’était pas la fin du socialisme existant.

 

L’affirmation faite à une époque « Le socialisme est foutu, Jésus est vivant et le capitalisme est le but ultime de l’histoire » ne tient pas compte de la République populaire de Chine. Pour moi, la Chine est un espoir. Je pense qu’au 21ème siècle, personne ne pourra ignorer la Chine. Je suis personnellement très heureux de la bonne coopération entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. La coopération de la Chine et de la Russie également au Conseil de sécurité de l’ONU donne une très forte impulsion à la préservation de la paix. Je continuerai à suivre l’évolution de la situation en République populaire et je crois fermement qu’il s’agit d’une construction socialiste réussie.

 

Vous ne partagez pas la vision occidentale du développement de la Chine. Comment verriez-vous cette différence? Comment évaluez-vous la représentation occidentale, en particulier celle des médias grand public, du développement de la Chine?

 

Pour l’évaluation de la Chine, ainsi que pour l’évaluation ultérieure de la RDA, il existe un modèle d’explication en Occident : il s’agit de l’anticommunisme. Et pas seulement l’anticommunisme. C’est aussi la distorsion des faits. La Chine que je vis est très différente de ce que les médias rapportent ici. Et c’est toujours une tentative de s’élever en humiliant les autres. Je trouve que le point de vue de l’Allemagne sur la Chine est préjudiciable à l’Allemagne. L’Allemagne étudie les expériences de la Chine uniquement afin d’en tirer parti pour son propre développement.

 

Vous serez toujours et encore confronté à votre visite en Chine en 1989, à Pékin, qui sera toujours associé aux événements de la place Tiananmen. On prétend que vous auriez  pensé à une « solution à la chinoise » pour la RDA. Que dites-vous à quelqu’un comme moi qui vous le rappelle?

 

Je me trouvais le 1er octobre 1989, à l’occasion du 40e anniversaire de la fondation de la République populaire à Pékin. A cette époque, je dirigeais la délégation de la RDA. Cette visite a été accompagnée par une campagne des médias ouest-allemands contre moi disant que j’aurais menacé de trouver une solution par la violence en RDA. Je me suis plaint de cela et les faits ont parlé pour moi. Le tribunal de district de Hanovre a pris une décision et a déclaré que les déclarations faites contre moi étaient diffamatoires. Incidemment, il n’y a jamais eu de discussion en République populaire de Chine sur la manière d’utiliser la force – et encore moins sur la manière de prévenir la violence.

 

Vous avez mentionné plus tôt dans le livre que cela vous avait été dit à Beijing.

 

Oui, quand j’étais à Pékin, nous avons discuté de la manière d’édifier le socialisme, pas de la manière d’utiliser la violence contre les gens.

 

Comment voyez-vous l’idée du socialisme aujourd’hui? La Chine est un exemple de tentative pour continuer dans cette voie. Comment voyez-vous les opportunités face au développement international et mondial?

 

C’est un processus. Je pense que ceux qui veulent le socialisme ne devraient jamais se laisser abuser par la propagande contre des États qui ont un objectif socialiste. En plus de la Chine, il y a des développements au Vietnam, au Laos, à Cuba et, bien sûr, des efforts au Venezuela pour aller dans une autre direction. Les efforts pour maintenir l’idée socialiste en vie sont multiples. Je n’abandonne pas l’idéal du socialisme. L’idée du socialisme est tout aussi impossible à détruire que l’idée du christianisme, qui a maintenant plus de 2000 ans et qui se manifeste encore et encore, même s’il y a eu des luttes et même s’il y a eu des crimes. Mais les idéaux des gens sont juste forts. Je crois que le capitalisme n’est pas le dernier mot de l’histoire, mais que le socialisme a une chance. Quand et comment – c’est complètement différent.

 

Cette année est commémoré de différentes manières le 200ème anniversaire de Karl Marx. J’ai récemment revu cette affiche, qui est apparue à la fin de la RDA et où il est écrit sous le portrait de Marx à peu près ceci: « Désolé, camarades, c’était une erreur ». Comment voyez-vous cela?

 

Je pense que c’est l’affiche où il est dit: «C’était juste une idée comme ça». Je pense que Marx est à nouveau à l’ordre du jour. Même les économistes bourgeois ne peuvent éviter de citer le Capital. J’ai lu chez des intellectuels que le manifeste communiste est remarquablement bien écrit. Donc, Marx ne peut pas être tué, ni Engels – et je ne crois pas non plus Lénine.

 

Je dis toujours que l’on ne peut pas blâmer Marx, ni Engels, ni même Lénine, pour le fait que les générations suivantes n’ont pas réussi à mettre leurs œuvres en pratique. Aucun mathématicien ne proposerait l’idée de blâmer les mathématiques s’il a fait une erreur de calcul. Si nous nous trompons, vous ne pouvez pas en donner la responsabilité à Marx. Au contraire: je pense que le 200ème anniversaire devrait être l’occasion de lire vraiment Marx. Je me plains que l’on lit beaucoup sur Marx, mais malheureusement trop peu Marx lui-même.

 

Egon Krenz: « Chine – comment je la vois »/ « China – Wie ich es sehe » ; Édition ost 2018

155 pages, livre de poche; ISBN 978-3-360-01885-4; 12,99 Euro (en allemand, NdT)

Traduction de l’allemand Marianne Dunlop, au retour de la fête du DKP à Dortmund, pour Histoire et Société. Ce livre a fait également l’objet d’un débat à Dortmund samedi.

 

 

 

 

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Publié par le septembre 10, 2018 dans Chine, HISTOIRE, INTERNATIONAL

 

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