
Pendant qu’un Parlement catalan mi-vide vote pour l’indépendance, le gouvernement de l’état espagnol menace de « rétablir l’ordre » et de destituer les dirigeants catalans (vote sur le dit article 155 de la Constitution espagnole). Rajoy à Madrid et Puigdemont en Catalogne, les deux leaders de droite vont au clash. A qui profitera cette surenchère nationaliste? Elle ne résoudra ni la crise sociale, ni la crise politique et démocratique. Au contraire, elle les aggravera.
Ada Colau, bourgmestre progressiste de Barcelone, parle carrément d’un désastre. Dans un message de Facebook elle souligne un point essentiel: il est toujours temps de revenir au dialogue: « Qu’on parle d’un accident de train au conditionnel ou au futur, il est dur d’accepter qu’aujourd’hui le jour de la collusion soit arrivé. Une décennie d’incurie du Parti populaire face à la Catalogne culmine aujourd’hui avec l’approbation du Sénat de l’article 155 [prise de contrôle autoritaire sur la Catalogne]. Rajoy l’a présenté parmi les applaudissements des siens, à la honte de tous ceux qui respectent la dignité et la démocratie. Ont-ils applaudi leur échec? Ceux qui ont été incapables de proposer une solution, incapables d’écouter et de gouverner pour tous, aujourd’hui ils approuvent le coup porté à la démocratie avec l’anéantissement de l’autogouvernement catalan.
De même, dans le sens opposé, un train plus petit, celui des partis indépendantistes, a progressé sans freins, avec la hâte du kamikaze (c’est l’heure, on est pressé), après une erreur quant à l’interprétation des élections du 27 septembre 2015 [quand les partis indépendantistes ont obtenu la majorité des sièges au parlement catalan mais pas la majorité des voix]. Une vitesse imposée par des intérêts partisans, dans une fuite en avant consommée aujourd’hui avec une Déclaration d’Indépendance faite au nom de la Catalogne, mais qui n’a pas le soutien de la majorité des Catalans. On ne se lassera pas de le répéter: c’est une erreur de prendre pour compte les 80% des Catalans en faveur d’un référendum convenu [plutôt qu’unilatéral], pour les 48% de Catalans en faveur de l’indépendance.
Durant beaucoup, beaucoup, beaucoup d’années nous avions averti de ce danger et, ces dernières semaines, travaillé en public et en privé pour éviter ce choc. Nous sommes majoritaires, en Catalogne et en Espagne, ceux qui voulaient arrêter les machines, imposer le dialogue, la sagesse et une solution concertée.
Il est toujours temps de revenir au dialogue. Quoi qu’il arrive, nous n’arrêterons pas de le demander. Mais maintenant, nous devons défendre les institutions catalanes, lutter pour préserver la cohésion sociale et la prospérité de Barcelone et de la Catalogne. Nous serons avec les gens, luttant pour que leurs droits ne soient pas violés. Guérir les blessures que tout cela provoque, et faire appel aux gens du reste de l’état pour qu’ils se battent ensemble parce que cette démocratie qui est en danger aujourd’hui est aussi la leur. Nous n’arrêterons pas non plus de demander aux [partis sociaux-démocrates] PSOE / PSC d’arrêter de soutenir ceux qu’ils applaudissent aujourd’hui, ou il leur sera impossible de faire partie d’une alternative crédible et efficace.
Je suis claire sur le fait que j’œuvrerai toujours à la construction de nouveaux scénarios d’autonomie gouvernementale qui nous donneront plus de démocratie, pas moins. Cela veut dire travailler pour évincer le PP, qui aujourd’hui, avec ses applaudissements cruels, a célébré la douleur de toute une ville. Mais aussi, ou surtout, de féminiser la politique, de faire de l’empathie une pratique commune qui nous permette de construire un large consensus dans lequel notre diversité est notre plus grand trésor. Cela ne se fera pas en mon nom: ni le 155 ni une Déclaration Unilatérale d’Indépendance.»
Baraglioli
octobre 29, 2017 at 10:42
Collision, non ?
Merci pour la traduction, j’avais vu passer ce post en espagnol.