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A propos du retrait de l’ordre du mérite par le gouvernement polonais.

15 Fév

Voici à propos du retrait de l’ordre du mérite à Gross, un historien d’origine polonaise, spécialiste de l’extermination des juifs à l’université de Princeton. Voilà le texte que je publiais à l’époque des révélations dans mon ancien blog « changement de société ». En le lisant vous remarquerez que les juifs sont massacrés par leurs voisins polonais avec la complicité des nazis, en tant que juifs mais aussi en tant que communistes sympathisants des bolcheviques russes. Cette image du judéobolchevique est très tenace en Europe de l’est. Un film récent IDA, qui s’interroge sur l’antisémitisme polonais a comme personnage principal une juive qui a commis les crimes du « stalinisme ». Actuellement l’antisémitisme en Ukraine qui vante les « héros » de l’indépendance ukrainienne derrière les nazis, fait la part belle aux « juifs de Staline ». Qui ignore ce contexte peut dire n’importe quoi et même inventer derrière Bernard henry Levy que les antisémites seraient les russes qui refusent ces néo-nazis. L’antisémitisme touche tout le monde mais il est particulièrement développé et entretenu dans les mouvements réactionnaires qu’entretiennent les occidentaux. L’Eglise polonaise et les Walesa ont utilisé l’antisémitisme pour lutter contre le communisme (danielle Bleitrach)

Percevoir une grange qui brûle – le cimetière de Jedwabne par Maciej Forycki ✲

card24[1]Voici l’article d’un scientifique dans un colloque qui a eu lieu à Bucarest sur « expérience et mémoire« . Au-delà de cette histoire à tiroir du négationnisme polonais, il est clair que je suis impliquée et pas seulement en tant que sociologue. En fait,  je ne décolère pas au fur et à mesure que je découvre l’hypocrisie, la haine qui s’entretient sous couvert de la défense d’une cause que je partage. Le négationnisme d’un Dieudonné fleurit selon moi sur la complicité des « voisins », avec l’appui des espèces d’ordures qui ces derniers temps ne cessent de répéter sur un ton faux cul : « comment les juifs qui ont subi les crimes nazis peuvent-il agir comme les nazis ? »  Cette phrase est une ignominie de quelque côté qu’on la prenne et ceux qui la prononcent ne s’en rendent même pas compte. Elle me donne envie de répondre « espèce d’hypocrite, les juifs t’emmerdent! ».  « Vous n’avez pas honte vous les juifs? » De quoi d’avoir été torturés, humiliés, massacrés et que certains d’entre nous soient désormais comme vous , comme les gohims le sont depuis 2000 ans avec l’apothéose nazi, la cerise sur le gâteau? Allez jusqu’au bout, soyez enfin honnêtes avec vous mêmes,  pourquoi ne pas féliciter le type qui à lui seul a tué 29.000 juifs, un bienfaiteur de l’humanité n’est-ce pas ?

C’est dans le fond la position d’un bricmont qui vient encore de « commettre » un texte dans lequel il revient à son antienne favorite, son unique idée: « il faut libérer l’occident de sa crainte d’être accusé d’antisémitisme », que bricmont se rassure, nul ne songera à croire qu’il est encombré de ce point de vue, ce n’est pas lui qui sentira jamais l’odeur des corps qui brulent et la défense de la palestine n’est pour que lui que l’occasion d’étaler ses obsessions. Les rapports de force dans le monde, les opportunités, rien ne l’intéresse, il n’y a que l’antisémitisme, la nécessité de sa banalisation pour libérer l’humanité.  Le gouvernement israëlien est d’abord pour lui  juif comme pour Liberman et Dieudonné. Tant que l’on n’aura pas le courage de voir que ces gens disent la même chose on n’avancera pas parce que l’on ne comprendra pas que les camps se reforment sur la même base, celle qui vise toujours et encore en temps de crise à transformer l’impérialisme, le capitalisme en problème racial, à développer « la haine du voisin ». Il y a désormais un antisémitisme qui se veut de gauche mais qui fournit à l’extrême-droite israélienne sa meilleure justification. Que l’on ne croit pas que ce qui me révolte est mon origine juive, ces gens là m’écoeureraient encore plus s’ils prétendaient utiliser la mémoire de l’esclavage ou les massacres de Sétif et de tannanarive pour développer la haine d’un groupe social quel qu’il soit. Aujourd’hui personne n’ose protester quand on en arrive à l’infamie d’oser rendre les déportés coupables et quand l’on dit que le remède est dans l’oubli de ce qu’ils ont vécu en les mettant à part de l’humanité, comme si ce qui arrivait à un juif ne concernait pas la dite humanité… Imaginez la même démonstration sur les nègres, les chinois (nous y sommes presque), les musulmans et dite vous bien que c’est là où des  « défenseurs des palestiniens » veulent nous entraîner, mais comme le racisme ne se divise pas, ces types là oeuvrent pour faire avancer pour tous une solution à la Jedwabne.

Il ne s’agit pas pour moi de tenter de réquilibrer les crimes commis à Gaza par le souvenir de ce qui a été subi par les juifs pendant 2000 ans et qui est illustré par cet atroce pogrom de 1941, rien ne justifie le crime surtout pas d’avoir été victime. Comme je l’ai dit à un de mes oncles aussi con qu’un Bricmont ou un Dieudonné: « Tu as raison oncle Simon, les youpins, les négros et les bicots tous en camp de concentration,! » Et ce con m’a répondu que j’étais antisémite puisque je voulais que les « youpins » aillent en camp de concentration, il avait oublié les autres. Comme Liberman, dieudonné et bricmont et tant d’autres… Le lobby sioniste est omniprésent : à qui vous le dites? Cela fait des années qu’il me censure et a été jusqu’à me menacer de mort, mais le lobby antisémite est du même tonneau et la manière dont il sévit sur internet organise la même censure, les mêmes obsessionnelles rengaines, ils fonctionnent ensemble à croire qu’ils ont une source commune… Tout sur les juifs isolés du reste de l’humanité comme cause et finalité de tout…

Moi je ne veux rien oublier et me battre contre ce qui se passe à Gaza… Et la mémoire, est nécessaire pour mon combat…

Parce  ce qu’on découvre par hasard à Jedwabne c’est le mensonge d’une Pologne héroïque que l’on voudrait aujourd’hui ennemi du nazisme et du communisme, deux équivalents. Et on découvre qu’il n’y a pas eu que les nazis, les populations autochtones européennes ont été capables d’agir dans le même sens, de vendre et de massacrer le « voisin », pour un communiste combien de pétainistes?  Ils ont essayé de savoir ce qui s’était passé à Jedwabne pour explorer « les crimes du communisme » et ils ont découvert l’ignominie ordinaire.

Je laisse l’exercice comparatiste Gaza égale l’holocauste, à ces collabos de toujours qui rêvent de revitaliser l’antisémitisme, sous couvert d’aider les Palestiniens. Il y a des juifs, je dirais simplement des êtres humains semblables à d’autres êtres humains comme les communistes, les résistants, une petite poignée, et c’est tout à leur honneur qui ne supportent pas,  même si on leur raconte que c’est pour assurer leur survie quelque part, de devenir comme les « voisins », les colonialistes, les racistes, c’était le cas d’Einstein et d’autres dont moi,  c’est aussi étonnant que ça!!!

Ces êtres humains veulent comprendre pour que cela ne recommence pas et pas seulement pour eux ou leurs proches, pour l’humanité: parce que le vrai problème est de savoir comment est favorisé « l’antisémitisme des voisins » , mais qui va bien au-delà de l’antisémitisme puisque les Palestiniens en sont effectivement victimes, une saloperie insuflée volontairement  par des autorités politiques et religieuses d’extrême-droite. Et là nous avons un enseignement qui mérite d’être étudié pour comprendre comment les colonialismes, y compris celui d’Israël fabriquent l’impossible cohabitation entre les « voisins ». La survie côte à côte étant prônée comme impossible et on y mêle le désir de s’approprier le bien de l’autre. Comment se crée une telle trace dans l’esprit de certains êtres humains et comment cela se reproduit-il de génération en génération, comment des gens qui se disent de gauche peuvent-ils rechercher cette jouissance haineuse ? Ca c’est intéressant et pas les saloperies antisémites sur les juifs sont devenus des nazis qui ne sont que la pierre apportée au racisme ordinaire, celui qui créé le crime des « voisins ». Parce qu’il faut reconstituer les faits et les traiter d’abord de manière politique et historique, ce que fait ce texte.

Si vous saviez la douleur ordinaire que me devient l’humanité!!!


En 2000 est paru en Pologne le livre de Jan Tomasz Gross intitulé Sasiedzi, « Les Voisins »
(publié en France chez Fayard en 2002), livre qui dévoilait à un très large public le massacre, dans une grange incendiée, de la population juive de la ville de Jedwabne commis le 10 juillet 1941 par leurs voisins polonais.

La tragédie de Jedwabne était présente avec tant d’intensité dans le débat public en Pologne quela société polonaise éprouva un véritable choc en percevant ces granges qui brûlèrent, il y a soixante ans, à Jedwabne et dans d’autres bourgades polonaises. Or – « dans la perception, un savoir se forme lentement », parallèlement à cette expérience, d’autant plus traumatique que l’on sait les souvenirs toujours héroïques et peuplés de martyrs, la Pologne vivait à présent le temps de la vérification des faits, qui aboutirait à l’affirmation officielle de la responsabilité du peuple polonais pour ce crime. La question sur d’autres crimes et offenses contre les Juifs, présente dans les débats sur Jedwabne, n’avait jamais été de si grande ampleur en Pologne.

Plusieurs questions de détail concernant le génocide des Juifs à Jedwabne ne furent pas résolues.
Les faits majeurs paraissent cependant indiscutables, ceci grâce à une enquête extraordinaire dirigée par l’Institut de la Mémoire Nationale (Instytut Pamieci Narodowej), établissement fondé en décembre 1998 pour « la poursuite des crimes contre la nation polonaise ». L’affaire de Jedwabne fut la première grande enquête de cette institution chargée pourtant par les politiciens de la droite dite « post-Solidarité » d’examiner notamment les crimes soviétiques et communistes.

Grâce à un feu vert politique, une équipe de spécialistes de l’Institut (notamment des juges d’instruction et des historiens), mais aussi des fonds financiers et des moyens techniques conséquents assurèrent à cette enquête policière doublée d’une enquête historique, le professionnalisme et l’objectivité.

Le résultat en était entre autres le livre blanc sur l’affaire de Jedwabne, intitulé « Autour de Jedwabne » (Wokol Jedwabnego, t. I-II, Varsovie, 2002). Le premier de ces gros volumes compte 500 pages d’études spécialisées sur différents aspects de la question (de la cohabitation des deux populations sur ces terres avant le crime, par les études démographiques et migratoires des Juifs au cours de la deuxième guerre mondiale, jusqu’à l’analyse juridico-historique des procès des meurtriers qui avaient eu lieu après la guerre). Le second volume présente, sur plus de 1 000 pages, tous les documents amassés au cours de l’enquête menée par l’Institut de la Mémoire Nationale. Il en ressort non seulement toute l’anatomie du crime polonais contre le voisin juif à Jedwabne, mais aussi la conclusion qu’il y avait d’autres massacres semblables dans la Pologne orientale, qui s’inscrivaient dans la vague de persécutions qui touchaient la population juive en Europe Centrale, des États baltes jusqu’à la Bessarabie.

L’enquête de l’Institut de la Mémoire Nationale fut aussi conclue par la reconstitution des événements incontestables qui avaient eu lieu en ce jeudi 10 juillet 1941, jour du génocide des Juifs de Jedwabne par leurs voisins polonais.

Ainsi, il fut prouvé tout d’abord qu’au petit matin, les habitants des environs de Jedwabne sont rentrés dans la ville. C’est une des preuves du caractère planifié et organisé du crime. La population – non seulement de la ville, mais aussi de ses larges environs – savait qu’il avait été prévu pour ce jour-là des actions contre les Juifs. Il est aussi certain que dès le matin, les habitants polonais de Jedwabne expulsaient les Juifs de leurs maisons et les obligeaient à se rassembler sur la place centrale de la ville. Un petit groupe non identifié d’Allemands assistait à l’expulsion des Juifs de leurs maisons, après quoi il resta passif. Pour les autres crimes commis ce jour-là, l’activité des Allemands reste non déterminée. Il n’est même pas prouvé qu’ils ont assisté à l’incendie de la grange.

Les Juifs rassemblés sur la place furent obligés d’arracher les herbes d’entre les pierres à paver.
Les habitants polonais de Jedwabne et de ses environs commirent des actes de violence contre les Juifs rassemblés sur la place.
Un groupe des Juifs, entre quarante et cinquante hommes, fut conduit jusqu’au monument de Lénine se trouvant dans un square à une centaine de mètres de la place. Ils furent forcés d’abord à détruire le monument et ensuite à porter son fragment (le buste) jusqu’à la place. Le groupe passa par la place vers midi et fut conduit ensuite jusqu’à la grange de Sleszynski. Les hommes de ce groupe furent assassinés et leurs corps jetés dans un trou creusé à l’intérieur de la grange. Faute de témoignages, il est impossible de déterminer de quelle manière ces hommes furent assassinés (seul l’usage des armes à feu par les meurtriers fut exclu). Les fragments du buste de Lénine furent ensuite jetés dans le même trou, sur les cadavres des Juifs.

Dans l’après-midi, quelques centaines de Juifs rassemblés sur la place furent contraints de marcher quelque sept cents mètres jusqu’à la même grange de Sleszynski. Poussés de force dans la grange, il y trouvèrent la mort. La construction en bois et couverte de chaume fut incendiée à l’aide de pétrole.
Le massacre des Juifs de Jedwabne fut suivi du pillage de leurs biens par les voisins polonais.
Probablement plus d’une centaine de Polonais, habitants de Jedwabne et de ses environs, prirent part, à un moment ou l’autre, au crime. En mai 1949, douze de ces participants au crime avaient été jugés devant les tribunaux de la Pologne Populaire et condamnés pour complicité au massacre. Une deuxième enquête, menée en 1967, ne pouvait être que fictive à cette époque où le pouvoir communiste manifestait son antisémitisme.

Dans les années soixante fut érigé sur le lieu du crime un monument portant l’inscription : « Lieu d’exécution des Juifs. Ici la gestapo et la gendarmerie hitlérienne ont brûlé vif 1600 personnes ».

Cependant, en avril 1945, un survivant juif, Szmul Waserstajn, avait déposé son témoignage devant la Commission Historique Juive (Zydowska Komisja Historyczna) à Bialystok. Dans les mois qui suivirent, d’autres rescapés du massacre déposèrent aussi leurs témoignages. Beaucoup plus tard, plusieurs déclarations concernant le massacre de Jedwabne virent encore le jour avec la publication du livre-mémorial des Juifs de Jedwabne publié en 1980 aux États-Unis, mais elles n’eurent pas non plus, tout comme les précédentes, d’influence sur l’interprétation des relations polono-juives au cours de la deuxième guerre mondiale.

Ainsi, toutes ces dépositions sont restées quasi muettes jusqu’en 2000, lors de la publication du livre Les Voisins. La publication en polonais du livre de Jan Tomasz Gross, en même temps que la diffusion à la télévision nationale polonaise d’un documentaire réalisé par Agnieszka Arnold, intitulé aussi Les Voisins, répandit très largement la problématique de la tragédie de Jedwabne.
Les témoignages déposés il y a plus de cinquante ans, racontant l’atrocité du crime et affirmant la responsabilité des voisins polonais, avaient constitué des sources majeures pour Jan Tomasz Gross, de même qu’ils devenaient des éléments de base dans l’enquête menée par l’Institut de la Mémoire Nationale. Ses spécialistes, outre les dépositions écrites, entendirent 111 témoins, certains vivant en Israël et aux États-Unis (un tiers parmi eux déclara avoir été à Jedwabne le jour du massacre et l’avoir vu).

Dans cette intervention, nous voulons nous interroger notamment sur ce lieu de crime et de mémoire qu’est le champ où se trouvait la grange : comment ce lieu a changé depuis le massacre, mais surtout à quel point il exige, depuis six ans, de s’en souvenir et à quel point il préserve encore les traces de cette grange qui brûla.

Dans l’affaire de Jedwabne, ce choc de percevoir après soixante ans les granges qui brûlèrent à Jedwabne et dans d’autres bourgades polonaises résultait d’une part de la large diffusion des images actuelles du lieu du crime dans les médias, et d’autre part, de ces témoignages abondants qui répétaient les ressentiments concernant le crime : les hurlements des Juifs, l’odeur âcre de la chair brûlée, la grande colonne de fumée noire, etc. Donnons quelques exemples de ces impressions éprouvées par les sens.

Entendre. Il existe plusieurs témoignages des voisins polonais qui se souvenaient des cris venant de la grange, des hurlements qui étaient entendus non seulement par ceux qui se trouvaient àproximité (qui assistaient au crime ou qui l’observaient), mais aussi par ceux qui restèrent dans la ville. « J’ai encore dans mes oreilles le cri des gens conduits à la mort, je sens encore l’odeur du brûlé », dit Helena Adamczykowa au journaliste Andrzej Kaczynski. Il est à entendre aussi un cri muet : le 10 juillet 2001, le titre à la une du journal Gazeta Wyborcza était « Le lieu qui crie ».

Il y a des centaines d’images liées à l’ensemble du crime et à sa mémoire. Mais il y a aussi un manque d’images, ressenti lorsque l’on consulte le site Internet officiel de la ville de Jedwabne, sans y voir aucune mention du massacre. C’est aussi regarder la place centrale de Jedwabne et s’inquiéter comme le fait Anna Bikont : « Je ne cesse de penser à la place du marché de Jedwabne. Savaient-ils qu’ils marchaient vers la mort ? »
Il y a aussi des images fortes, parmi lesquelles celles des fouilles archéologiques sur le lieu du crime. En effet, au tournant de mai et juin 2001, l’enquête de l’Institut de la Mémoire Nationale mena à des recherches et exhumations sur le lieu où se trouvait la grange. Elles apportèrent des preuves matérielles et levèrent plusieurs doutes concernant le déroulement du massacre.

Deux fosses communes furent alors découvertes. Dans la première tombe, à l’extérieur de la grange, on mit à jour les débris de 100-150 hommes qui trouvèrent la mort dans la grange enflammée, mais dont les restes n’ont pas brûlé. Dans la seconde fosse découverte sous les restes du monument de Lénine, on compta les restes de 40-50 hommes qui appartenaient au premier groupe massacré dans la grange. On trouva aussi dans les deux tombes les cendres de 50 hommes environ. Les anthropologues constatèrent que les débris retrouvés à Jedwabne étaient ceux des victimes, hommes et femmes d’âges variés, des nouveau-nés jusqu’aux vieillards.
Les corps et les cendres des suppliciés furent exhumés en présence du rabbin Schudrich de Varsovie et du rabbin Ekstein d’Israël. L’exhumation fut pourtant suspendue en raison des protestations de Juifs religieux, et il fut impossible de vérifier certains témoignages affirmant que les victimes étaient aussi enterrées dans le cimetière juif.

Les médias informaient sur les résultats des exhumations, en diffusant aussi des photographies.

Sentir. Même les hommes condamnés en 1949 pour la coparticipation dans le crime se souviennent d’avoir éprouvé cette impression. D’autres en parlent plus, comme Krystyna Kossakowska, née Ostrowska, à la journaliste Anna Bikont : « Nous étions, avec mes frères et soeurs, à la maison, sur les genoux et nous vomissions à cause de cette fumée fétide qui se répandait dans tout Jedwabne, le vent l’emportait et l’insufflait dans les appartements, elle empoisonnait ». Un autre témoignage affirme que l’odeur de la fumée fut ressentie dans un village à dix kilomètres de la grange.

Goûter. Anna Bikont cite dans son livre-reportage une conversation chez les E., habitants de Radzilow, à propos du cimetière juif en ruine depuis le massacre des Juifs de la ville, organisé trois jours avant celui de Jedwabne. Après la guerre, les habitants de Radzilow, en concurrence avec les pouvoirs locaux, pillaient le cimetière juif, en y ramassant notamment les pierres tumulaires et le gravier. Le cousin des E. se souvient qu’« on ramassait aussi de l’oseille sur les tombaux, elle poussait haut et on pouvait gagner quelque sous ». « De quoi tu parles ? – coupe sa femme – Cette oseille ne serait pas bonne, parce que trop grasse. Et qui mangerait de l’oseille du cimetière ? ». « Pourtant, elle se vendait très bien » – répond le mari.

Toucher. C’est marcher dans cette ville dont l’un des habitants a dit : « Tout Jedwabne est un cimetière », en mentionnant les crimes singuliers commis ce jour-là partout dans la bourgade. Et surtout, c’est aller au cimetière juif en face du lieu du crime. Cimetière ruiné et dévasté qui s’est couvert de végétation et qui pendant longtemps était aussi en partie utilisé comme champ, ensemencé au printemps, etc. Faute de survivants, ce cimetière, comme toutes les autres nécropoles juives en Pologne, paraît comme un espace lugubre.

Penser la grange brûlée de Jedwabne en tant que nécropole exige de présenter ce qui s’est passé sur ce lieu de mémoire depuis que le crime contre les voisins fut révélé au grand public.

Le 10 juillet 2000, deux personnes parmi les autorités de la ville se rendirent sur le lieu de crime. Le maire Krzysztof Godlewski et le président du conseil Stanislaw Michalowski y posèrent des fleurs au nom de la population. Premier signe de controverse : le maire avoua qu’il avait hésité à payer les fleurs avec la caisse municipale, craignant l’opposition du conseil. Il allait se révéler très bientôt que les deux hommes étaient les seuls représentants des pouvoirs locaux qui ne rejetaient pas ce lourd passé.

Jusqu’aux célébrations du soixantième anniversaire du crime en 2001, les préparations se révélèrent bien difficiles, notamment en raison de l’attitude hostile des habitants de Jedwabne et du fait que l’enquête de l’Institut de Mémoire Nationale était loin d’être close.

Ainsi, par exemple, le 15 mars 2001, à une heure matinale et sans annonce (pour ne pas inciter les contre-actions), un excavateur enleva sur le lieu de crime la pierre avec l’inscription indiquant la culpabilité immédiate allemande. Cependant, en Pologne, les discussions concernant le contenu
de la future inscription s’éternisaient. La première proposition officielle fut de mettre sur le monument deux phrases : « À la mémoire des Juifs de Jedwabne et de ses environs, hommes, femmes, enfants, co-maîtres de cette terre, assassinés et brûlés vifs en ce lieu le 10 juillet 1941.

En avertissement pour le futur, pour que le péché de haine excité par le nazisme allemand ne tourne plus jamais les habitants de cette terre l’un contre l’autre ». Cette proposition provoqua beaucoup de controverses et les autorités polonaises, en accord avec les représentants juifs, décidèrent d’en laisser seulement la première phrase (en remarquant que la culpabilité des voisins polonais n’y était point exprimée, ce qui ensuite, après la clôture de l’enquête de l’Institut de la Mémoire Nationale, provoqua des protestations). En même temps, les autorités durent négocier avec l’héritier du propriétaire de la grange l’achat du terrain. Or, ce propriétaire, négationniste la responsabilité polonaise, voulait le vendre à un riche ultra-nationaliste polonais qui proposait le triple du prix réel. L’affaire fut enfin réglée, quand l’État paya presque le double du prix réel. Ce n’est que le 7 juillet 2001 que l’on put enfin ériger les nouveaux monuments à Jedwabne. L’un sur le lieu de massacre et l’autre sur le cimetière juif d’en face.

Soixante ans plus tard, le 10 juillet 2001, la tragédie fut solennellement commémorée. Après avoir conduit une marche silencieuse sur le trajet emprunté par les victimes, le président de la République, Aleksander Kwasniewski, prononça un discours expiatoire sur le lieu où se trouvait la grange brûlée : « Nous devons implorer le pardon aux ombres des victimes et à leurs familles.

C’est pourquoi aujourd’hui, en tant que citoyen et président de la République de Pologne, je demande pardon. Je demande pardon en mon propre nom et au nom de tous ceux parmi les Polonais dont la conscience est touchée par ce crime ».
Le rabbin Jacob Baker, jedwabien de naissance et co-auteur du Livre de Mémoire de Jedwabne, dit entre autres : « Je suis ici en tant que compatriote des assassinés et des meurtriers. Nous sommes ici grâce aux larmes versées par les Juifs et hommes d’autres confessions. Cela fit une grande impression aux Cieux. Le Président a dit qui la Pologne – notre Pologne – demande pardon. Ceux qui sont priés doivent accorder leur pardon ». Une autre voix semblait encore plus conciliatrice que les autres : « Moi, professeur Szewach Weiss, ambassadeur de l’Israël en Pologne, j’ai eu l’occasion de rencontrer dans ma vie aussi d’autres voisins. Grâce à eux, moi et ma famille, nous avons survécu à la Shoah. Grâce à eux, je peux aujourd’hui être des vôtres. J’ai connu dans ma vie aussi d’autres granges, celles où l’on cachait des Juifs ». Les prières suivirent les discours (à noter, ou plutôt pour une fois de plus à s’imaginer entendre, les psaumes chantés – et en fragments c r i é s – par le célèbre chanteur Joseph Malovany).
Ce lieu de la mémoire difficile polonaise connut cependant ce jour-là aussi de grandes absences.

Tout d’abord, celle des habitants actuels de la ville. Certes, le maire de Jedwabne salua les venus, mais il savait que ce geste lui coûterait son poste. En effet, les deux milles habitants actuels de Jedwabne sont restés dans leur ensemble négationnistes. Ils réfutent la responsabilité de leurs
ancêtres et surtout de leurs prédécesseurs (la majorité de la population s’est installée dans la ville seulement après 1945). Quelques-uns seulement sont venus assister aux cérémonies. La plupart sont restés muets, mais plusieurs personnes ont aussi manifesté leur désapprobation, certains par leurs propos antisémites, d’autres par les affiches visibles dans la ville le jour des célébrations : « Nous ne demandons pas pardon. Ce sont les Allemands qui ont massacré les Juifs à Jedwabne. Que les calomniateurs demandent pardon à la Nation Polonaise ».

On nota aussi que seulement quelques hommes d’Église y étaient présents, dont aucun hiérarque.

Il faut toutefois souligner que fin mai 2001, dans une église de Varsovie, fut célébré un grand office expiatoire. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église polonaise, ses hiérarques demandaient pardon à Dieu pour les délits des catholiques. L’évêque Stanislaw Gadecki remarqua alors que « l’effort de l’épuration de la mémoire devient pour nous le devoir difficile de l’épuration des consciences ». Au nom d’une cinquantaine d’évêques, il prononça un discours expiatoire pour Jedwabne et d’autres crimes. Il faut dire cependant que le lieu et la date de cet office solennel l’éloignèrent de l’affaire de Jedwabne.
Au cours des cinq années qui suivirent, le lieu de mémoire, devenu le champ où se trouvait la grange brûlée, fut témoin de cérémonies anniversaires chaque 10 juillet, mais les participantsn’étaient jamais plus de quelques dizaines. C’est seulement en 2006 qui Jedwabne revint à la une de la presse polonaise, en raison de la visite du vice-premier ministre polonais, Roman Giertych, chef du parti nationaliste catholique polonais (Liga Polskich Rodzin, Ligue des FamillesPolonaises), boycotté par l’ambassadeur d’Israël, considéré comme le représentant du parti antisémite. Il déposa des fleurs sur le lieu du crime et déclara devant les caméras qu’« il n’y a pas et qu’il n’y aura pas en Pologne de place pour l’antisémitisme ».

L’antisémitisme en Pologne est un sujet à part, mais qu’on ne peut omettre dans cette étude. Il y a d’abord la question de l’antisémitisme des voisins. La grande majorité des historiens n’ont aucun doute sur le fait que c’est l’une des causes majeures du massacre. Parmi les causes énumérées dans le livre blanc sur l’affaire de Jedwabne, l’antisémitisme survient à côté de la volonté de pillage, de la vengeance pour la collaboration, vraie ou imaginaire, des Juifs avec les Soviétiques, de l’inspiration nazie (notamment les directives d’Heydrich disant qu’il faut encourager,
provoquer, intensifier des actions de la population polonaise, « notamment contre les bolchéviques et les Juifs »). Sans l’antisémitisme, il n’y aurait pas eu de Jedwabne, et en revanche, avec l’antisémitisme très fort dans cette région-là avant la guerre, les historiens ont du mal à trouver un passé commun des voisins juifs et polonais de Jedwabne. Il y a des interprétations qui argumentent que les pogroms de 1941 n’étaient que l’explosion de l’antagonisme économique très profond et de l’idéologie antisémite qui excluait la cohabitation des deux populations, polonaise et juive, et que de tout petits groupes nazis, comptant quelques hitlériens, suffirent pour que la haine devienne meurtrière (Andrzej Zbikowski).

Un autre problème semble toucher le paradoxe. Il fut révélé que certains des meurtriers étaient devrais héros de la lutte contre les deux totalitarismes, rouge et brun. Quelques historiens polonais, controversés dans leur milieu, mais dont les propos trouvent un auditoire, essaient de nier le crime commis par les Polonais. Ils développent d’autres sujets : l’héroïsme de toute la nation polonaise au cours de la deuxième guerre mondiale ; la prétendue collaboration réticente de la population juive qui aurait accueilli en 1939 l’Armée Rouge envahissant massivement la Pologne, avec un grand enthousiasme, au point de dénoncer ensuite des résistants polonais et de contribuer ainsi à leur déportation en Sibérie ; enfin, la collaboration des Juifs après la guerre, à l’époque stalinienne, notamment dans les services secrets du régime.

Il ne peut y avoir de doute : l’affaire de Jedwabne commença à déconstruire les tabous polonais à tel point que les historiens avaient la possibilité de mener des débats ouverts sur toutes ces questions, les arguments scientifiques contre d’autres arguments scientifiques ou contre les stéréotypes. Les autorités morales polonaises se sont déclarées sur cette question. Pour en donner des exemples : l’évêque et philosophe Jozef Zycinski coupa à très haute voix toutes les spéculations, en déclarant que « toute suggestion disant qu’il puisse exister des raisons justifiant le brûlement collectif d’êtres humains dans des granges serait folle » ; le père Stanislaw Musial dans Rzeczpospolita intitula son texte devenu célèbre « Jedwabne est un nouveau nom pour  Holocauste ». D’autre part, le prêtre Jankowski, connu pour ses propos antisémites, installa en 2001 dans l’église Sainte-Brigide à Gdansk une Crèche en forme de grange à moitié brûlée, avec l’inscription : « Les Juifs ont tué Jésus et les prophètes et ils nous ont aussi persécutés. Polonais, sauvez la Pologne ». C’était aux Polonais de choisir entre ces deux attitudes. Krzysztof Godlewski, le maire courageux qui représentait dignement Jedwabne le jour du soixantième anniversaire du massacre avoua à la journaliste Anne Bikont : « Auparavant je n’ai pas réfléchi à tout cela, j’étais antisémite ». La majorité des autres habitants de Jedwabne ont cependant leur propre version de la deuxième guerre mondiale, celle du joug soviétique, puis nazi, des occupations rouge et brune dont ils ont énormément souffert et contre lesquelles ils savaient lutter. La grange qui brûla dans leur ville ne fait pas partie de cette histoire, elle appartient au passé des autres. Et d’ailleurs, comme l’avoue l’un des habitants de Jedwabne : « est-ce que le
passé nous intéresse, quand il y a 40% des chômeurs dans notre ville, de la pauvreté et de l’alcoolisme comme peut-être nulle part ailleurs ? ».

Waldemar Kuczynski dans son article Plonaca stodola i ja (« Une grange qui brûle et moi ») fit appel en cette année 2001 à ses compatriotes : « Nous ne pouvons pas soulager notre conscience de cette grange brûlante d’il y a soixante ans et de ce cri qu’on entendait à deux kilomètres. Elle brûle toujours et le cri est toujours fort. Elle brûlera et on entendra ce cri aussi longtemps que nous refoulerons notre responsabilité pour ce génocide ».

La discussion sur Jedwabne était le plus important, et sûrement l’un des plus grands débats publics en Pologne depuis la chute du communisme. Même si certains Polonais – encore nombreux – ont toujours du mal à faire face à la mémoire difficile, la réaction de l’État polonais et des autorités du pays en 2000 et 2001 (l’enquête de l’Institut de la Mémoire Nationale, la demande de pardon par les hauts dignitaires de l’État, jusqu’aux célébrations de l’Église) a posé des fondements nécessaires pour la guérison de la mémoire nationale. Nier Jedwabne – génocide tant affirmé par les recherches scientifiques et les enquêtes juridiques indépendantes – commence à ressembler à la négation de la Shoah.

On a assisté au cours de cette « affaire de Jedwabne » à l’effondrement d’un paradigme de la mémoire collective polonaise fonctionnant depuis le XVIIIe siècle et affirmant que les Polonais étaient toujours des victimes innocentes, notamment de ces voisins russe et allemand. En effet, Jedwabne détruit ce mythe. L’enquête de l’Institut de Mémoire Nationale affirme qu’il y eut au cours de ces années noires de la guerre, certes combien héroïques de l’histoire des Polonais, des événements et attitudes barbares qui font de sorte qu’ils appartiennent aussi à notre passé national commun, les pages gravées par les bourreaux, et ceci non seulement des meurtrier individuels, mais aussi collectifs comme « la population d’une ville ». L’historien Krzysztof Jasiewicz croit que Les voisins de Gross n’ont pas seulement imposé le sujet de la co-responsabilité polonaise, mais aussi la manière de présenter ce genre de problèmes du passé et c’est pourquoi le chercheur doit désormais en donner une présentation personnelle, émotionnelle. Raconter cette histoire, c’est comme il dit de sa propre expérience, « écrire un roman dont les héros sont normalisés par les sources ». Pawel Machcewicz, rédacteur en chef du livre blanc de Jedwabne, soulève un autre problème fondamental : « comment parler et écrire sur les massacres de Juifs, d’Allemands et d’Ukrainiens perpétrés épisodiquement par les Polonais, sans omettre cette vérité majeure : pendant la seconde guerre mondiale, les Polonais étaient aussi des victimes, et leurs crimes n’étaient que les marges de leur destin guerrier sous l’Occupation ». En généralisant la question de Jedwabne, il est donc capital de relativiser. Jedwabne a prouvé la force de la vérité historique dans un État démocratique qui, en tant qu’État justement, sait faire face au passé le plus lugubre de ses citoyens, en ne limitant aucunement la libre discussion sur ce sujet, mais un État aussi qui doit désormais faire face à des polémiques venues de l’étranger, telles que ces fameuses évocations de l’existence de « camps polonais d’extermination des Juifs».

La mémoire du post-communisme vue à travers la petite ville de Jedwabne, une ville-cimetièrejuive, vide ou presque des preuves physiques de tout un monde anéanti, s’est révélée ouverte depuis six ans à une richesse extraordinaire de témoignages sur le passé, de retentissements politiques, allant même jusqu’à raviver des impressions sensorielles. Et voilà comment une mémoire cachée ou connue seulement de l’expérience individuelle de quelques personnes parvient à acquérir un très vaste et bien vif aspect entre autres socio-psychique et sensoriel.

 

✲ Maciej Forycki est maître de conférence en histoire. Ses recherches qui portent notamment sur l’histoire intellectuelle et culturelle du temps des Lumières et sur les relations entre les Slaves et le monde francophone ont donné matière à des livres sur l’anarchie polonaise dans la pensée des Lumières (2004) et sur Stanislas Leszczynski (2006). Sa présente réflexion fait partie du projet intitulé « Faire appel aux morts pour se souvenir, faire taire les tombes pour oublier. Les cimetières dans la Pologne postcommuniste », sous la direction de Bogumil Jewsiewicki.

Bibliographie
Bikont (Anna), My z Jedwabnego, Varsovie, 2004.
Cala (Alicja), Wizerunek Zyda w polskiej kulturze ludowej, Varsovie, 1988.
Gross (Jan Tomasz), Sasiedzi, Historia zagłady zydowskiego miasteczka, Sejny, 2000.
Jasiewicz (Krzysztof), Pierwsi po diable. Elity sowieckie w okupowanej Polsce 1939-1941,
Varsovie, 2002.
Postanowienie o umorzeniu sledztwa. Prokurator Radoslaw J. Ignatiew – Naczelnik Oddziałowej
Komisji Ścigania Zbrodni przeciwko Narodowi Polskiemu, publié sur l’Internet,www.ipn.gov.pl.
Steinlauf (Michael C.), Pamiec nieprzyswojona. Polska pamiec Zagłady, Varsovie, 2001.
Weiss (Szewach), Czas ambasadora, Cracovie, 2003.
Wokol Jedwabnego, t. I : Studia, t. II : Dokumenty, Machcewicz (Pawel), Persak (Krzysztof)
reéd., Varsovie, 2002.
Yedwabne. History and Memorial Book, Baker (Julius L.), Baker (Jakob L.), Tzinowitz (Mosce)
réd., Jérusalem-New York, 1980.
Zbikowski (Andrzej), U genezy Jedwabnego. Zydzi na kresach Polnocno-Wschodnich II
Rzeczypospolitej, wrzesień 1939 – wrzesień 1941, Varsovie, 2006.
Parmi des dizaines d’articles sur l’affaire de Jedwabne, voir notamment :
Bosakowski OP (Ryszard), « Mesjasz w Łomżyńskiem », Tygodnik Powszechny, 23 juillet 2006.
Kaczyński (Andrzej), « Oczyszczenie pamieci », Rzeczpospolita, 19 mai 2000.
Krol (Marcin), Spiewak (Pawel), Zaleski (Marek), « Akt skruchy i co dalej? », Res Publica Nova,
7, 2001.
Magdziak-Miszewska (Agnieszka), « Między Jedwabnem a Pawliwka. Pamiec jako czynnik w
stosunkach miedzynarodowych », Wiez, 10 (540), octobre 2003.
Kuczyński (Waldemar), « Plonaca stodola i ja », Wprost, 25 mars 2001.
Michnik (Adam), « Szok Jedwabnego », Gazeta Wyborcza, 17-18 mars 2001.
Musial (Stanislaw), « Jedwabne to nowe imie Holokaustu », Rzeczpospolita, 10 juillet 2001.
Stola (Dariusz), « Pomnik ze slow », Rzeczpospolita, 1 et 2 juin 2001.
Strzembosz (Tomasz), « Inny obraz sasiadow », Rzeczpospolita, 31 mars 2001.
Zycinski (Jozef), « Banalizacja barbarzynstwa », Wiez, 3 mars 2001.

 
4 Commentaires

Publié par le février 15, 2016 dans Uncategorized

 

4 réponses à “A propos du retrait de l’ordre du mérite par le gouvernement polonais.

  1. M.L.

    février 15, 2016 at 2:33

    A reblogué ceci sur Le blog d'un libre penseur révolutionnaireet a ajouté:
    Parce que je pense que l’antisémitisme est tout aussi condamnable que le NAZIonisme, et qu’il faut donc les considérer également comme une forme de racisme, je partage la réflexion qui suit:

    Voici à propos du retrait de l’ordre du mérite à Gross, un historien d’origine polonaise, spécialiste de l’extermination des juifs à l’université de Princeton. Voilà le texte que je publiais à l’époque des révélations dans mon ancien blog « changement de société ». En le lisant vous remarquerez que les juifs sont massacrés par leurs voisins polonais avec la complicité des nazis, en tant que juifs mais aussi en tant que communistes sympathisants des bolcheviques russes. Cette image du judéobolchevique est très tenace en Europe de l’est. Un film récent IDA, qui s’interroge sur l’antisémitisme polonais a comme personnage principal une juive qui a commis les crimes du « stalinisme ». Actuellement l’antisémitisme en Ukraine qui vante les « héros » de l’indépendance ukrainienne derrière les nazis, fait la part belle aux « juifs de Staline ». Qui ignore ce contexte peut dire n’importe quoi et même inventer derrière Bernard henry Levy que les antisémites seraient les russes qui refusent ces néo-nazis. L’antisémitisme touche tout le monde mais il est particulièrement développé et entretenu dans les mouvements réactionnaires qu’entretiennent les occidentaux. L’Eglise polonaise et les Walesa ont utilisé l’antisémitisme pour lutter contre le communisme (danielle Bleitrach)

     
    • Krystyna Hawrot

      février 17, 2016 at 12:38

      La seule chose qu’il faudrait faire, c’est replacer la question de la découverte de Jedwabne dans le contexte politique de la Pologne ultralibérale capitaliste sous domination américaine: si autant de Polonais refusent de voir que des villages polonais ont été antisémites (particulièrement dans ce nord polonais qui avait été pris par l’URSS dans le cadre de l’accord Ribbentropp Molotov) c’est parce qu’il perçoivent Gross, Bikont, et les personnes qui ont mené cette enquête comme des collaborateurs du système ultralibéral actuel , la clique de la « Gazeta Wyborcza », la « clique de Michnik » qui a si bien réussi dans le système capitaliste pendant que eux pourrissent dans le chômage et la déclassation depuis 25 ans. Il faut dire que Michnik et les journalistes de la « Wyborcza » n’ont pas été tendres pour le « homo soviéticus » de la campagne, cela fait 25 ans qu’ils rendent les Polonais responsables du chômage, de la précarité et de la pauvreté et absolvent le système ultralibérale et les capitalistes occidentaux comme étant ce qui pouvait nous arriver de meilleur.
      Alors ce peuple ne voit pas que Michnik et ses amis font la propagande anti-peuple parce qu’ils sont capitalistes et pas parce qu’ils sont juifs; Jedwabne a heurté les Polonais pauvres des campagnes (Jedwabne est en fait un village) par le contexte dans lequel cette affaire été découverte et médiatisée: en 2001 à la veille de l’entrée de la Pologne dans l’UE il y avait 20% de la population au chômage, et 40% dans ces régions dévastées par la désindustrialisation. Cela aussi il faut s’en souvenir. Alors oui, les gens voulaient qu’on parle de leur chômage et pas de l’antisémitisme et des crimes des anciens habitants du lieu -sans parler que bien sur les descendants des familles des criminels ont légitimement eu peur de devoir répondre des crimes devant un tribunal…

      Plus le peuple polonais est déclassé et appauvri plus les gens auront du mal à examiner ce passé peu glorieux. pourtant, cela commençait à être fait: en 1988 le journal de gauche communiste « Polityka » avait mené une grande enquête sur le pogrom de Kielce, perpétré en 1946 sur des survivants juifs par justement « des voisins » – à ce moment là les Polonais ont commencé à regarder de façon démythologisée leurs propres errements historiques – et le régime communiste a commencé à admettre la faute de la folie antisémite de 1968 – il expulsa alors les meilleurs cadres communistes du pays parce qu’ils étaient juifs!
      Mais c’est alors qu’en 1990 survient le capitalisme et la domination des multinationales occidentales, puis la domination occidentale tout court et plus aucun travail de mémoire n’est possible car les gens se braquent. Il estiment en l’occurrence que ce n’est pas à Israel ni aux USA de faire la morale aux Polonais.

      De plus, l’auteur de l’article cite « l’excellent » travail de « L’institut de Mémoire National » IPN – il faut savoir que cette institution curieuse a été crée par… les frères Kaczynski en 1997 pour… décommuniser les Polonais! A mi chemin entre institut historique et tribunal d’exception, cette étrange agence qui n’a aucun équivalent dans les pays d’Europe occidentale, a accaparé, trusté toutes les archives modernes polonaises (surtout celles de l’ancienne police politique) et s’en sert pour discréditer toute personne voulant faire de la politique en Pologne. En effet, en vertu des lois de la « décommunisation » datant de 1997 toute personne briguant un mandat électif née avant 1970 doit présenter une « fiche de décommunisation » et son passé est examiné par l’IPN à l’aune des archives de la police politique… Que de vie ont été brisées par cette institut totalement totalitaire puisque vous ne pouvez pas faire appel à la justice ordinaire en appel contre ses décisions!
      La gauche anticapitaliste polonais demande depuis 19 ans la disparition de cet entité monstrueuse et la réintégration des archives détenus par elle dans les Archives Nationales. que les archives servent à faire de l’histoire et pas de la politique.
      J’ai toujours tendance à me méfier des recherches menées par cette entité bizarre qu’est l’IPN – car sa vocation a toujours été de combattre le communisme et pas de chercher la vérité et la réconciliation. Je préfèrerais qu’une enquête sur Jedwabne soit menée par une commission internationale non impliquée dans les errements de la classe politique polonaise actuelle.

       
  2. Krystyna Hawrot

    février 17, 2016 at 1:14

    Je n’arrive pas à être certaine si Waldemar Kuczynski, un des auteurs sur Jedwabne cité dans l’article est bien le même que Waldemar Kuczynski célèbre ministre des privatisations des années 89-91, véritable homme du FMI en Pologne, artisan de la destruction de l’industrie polonaise avec Balcerowicz? Si oui, alors permettez moi de ne pas m’étonner que sa parole n’ait aucune légitimité: les gens des villages ne le considèrent comme les Russes considèrent leurs oligarques, comme des escrocs.

     
  3. histoireetsociete

    février 17, 2016 at 2:00

    je suis assez d’accord avec vos analyses, mais reconnaissez que quelles que soient les bonnes raisons qu’ont les Polonais de se plaindre comme par hasard les juifs et es Russes sont toujours les seuls coupables de leurs malheurs. Il ne leur viendrait jamais à l’idée de s’en prendre aux capitalistes… Je dois dire que dans quelques jours je vais me rendre en Pologne non sans appréhension tant l’antisémitisme polonais me sort par les trous des narine… au fait quelqu’un sait-il où se trouve przeworsk, c’est le lieu de naissance de ma grand mère, mon grand père c’était Tarnov et croyez moi les deux avaient gardé un sacré souvenir de la haine des Polonais…

     

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