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•Inconséquence, indécence et racisme Par Jacques Sapir

07 Déc
  • Le problème dans cette affaire n’est-il pas que les réseaux sociaux français se soient montrés une fois de plus aussi racistes et aussi incultes que ce que révèle la moue de leur président. Déjà Montesquieu se plaignait de cette incurie « comment peut-on être persan? », J’ai entendu les pires âneries sur le Kazakhstan, l’idiotie doublé du gauchisme donneur de leçon. Et pour une fois que Hollande daigne se souvenir du fait que la France a un autre rôle à jouer que celui de supplétif des Etats-Unis, le sommet du mépris, de l’inculture, de la barbarie belliciste, hier nous avons été confrontés à la connerie, à l’incapacité de penser le monde, au nombrilisme faussement humoristique et à l’incapacité de s’estimer soi même… (danielle Bleitrach)

    6 décembre 2014

    François Hollande s’est rendu le vendredi 5 décembre au Kazakhstan, et il profitera de ce voyage pour rencontrer Vladimir Poutine le 6 dans l’après midi à Moscou. A cela, rien à dire, si ce n’est le commentaire de rigueur sur la nécessité de développer les relations entre la France et le Kazakhstan. Sauf qu’un premier accroc est venu se glisser sous les ors des relations diplomatiques : François Hollande a été pris en photo avec la magnifique tenue traditionnelle des tribus Kazakhs. C’est un cadeau habituel pour les chefs d’Etat. Or, voilà que François Hollande semble surpris et exprime même sur cette photographie une gêne qui fait contraste avec la mine réjouie de son hôte, Nursultan Nazerbaiev. L’inadéquation de l’attitude de François Hollande frappe, et elle est renforcée quand on apprend que l’Elysées a cherché à faire supprimer la dite photo du site Instagram de la Présidence Kazakh où elle avait été installée. D’où certaines interrogations.

    François Hollande, en tenu traditionnelle, aux côtés du Président Nursultan Nazerbaiev

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    François Hollande était-il gêné par le vêtement ? C’est assez ridicule. D’abord, ce vêtement est beau. Ensuite, il fait partie des coutumes d’un grand peuple. A tout prendre, c’est plutôt un honneur. Il aurait dû sourire, voir rire, ce qui est l’attitude normale d’un chef d’Etat dans ces occasions.

    Une gêne est ses ressorts

    Etait-il gêné parce qu’il posait aux côtés de Nazerbaiev ? Il faut savoir que ce dernier tient d’une main de fer son pays, mais qu’il est loin d’y être illégitime. L’un des derniers dirigeants du temps de l’URSS, un soutien résolu de Gorbatchev lors de la perestroïka, il fut de ceux qui protestèrent quand l’URSS fut dissoute au coin d’un bois par Eltsine et les dirigeants de l’Ukraine et du Belarus. Il est clair que sur bien des points, que ce soit la corruption, la démocratie ou encore le sort des « minorités sexuelles », le Kazakhstan est en retard sur la Russie. Mais, ce qui apparaissait comme une tache indélébile sur le costume de Vladimir Poutine semble disparaître comme par magie sur la tenue de Nazerbaiev.

    Alors, oui, François Hollande a de quoi être gêné. Son voyage au Kazakhstan, que l’on peut justifier tant par un argumentaire de nature économique que géopolitique, car Nazerbaiev joue un rôle éminent parmi ses pairs en Asie Centrale, ne fait que ressortir de manière encore plus crue l’inconséquence qu’il y a à traiter Poutine en pestiféré. Et ce d’autant plus que ce traitement a commencé bien avant la crise ukrainienne. Que l’on se souvienne : l’année dernière, en décembre 2013, on annonçait à l’ambassade de France à Moscou que le Président ne viendrait pas à l’inauguration des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi en raison de l’ « homophobie officielle de la Russie ». La stupidité du propos est insondable. Ce qui était reproché aux Russes était une loi punissant la pédophilie, dont on rappelle qu’elle constitue un délit en France aussi. Assurément, les peines prévues par la loi russe sont plus lourdes que ce que prévoit en ce cas la loi française. Mais est-ce bien suffisant pour parler d’une « homophobie officielle » ? L’ambassadeur de France l’a bien compris, qui corrigea le tir un mois après en précisant que François Hollande ne viendrait pas à l’inauguration car aucun Président français ne s’était déplacé pour les Jeux Olympiques d’Hiver (à l’exception notable de Charles de Gaulle, lors des jeux de 1968 à Grenoble, autre temps, autres mœurs).

    Au-delà de l’anecdote, que reproche-t-on à Vladimir Poutine que l’on tolère par ailleurs chez Nazerbaiev et plus encore chez l’Emir du Qatar ou en Arabie Saoudite ? Poser la question est y répondre. A tout prendre, Poutine est plus libéral (dans l’acception classique du terme) que Nazerbaiev, qui est cependant et il n’en faut pas douter un grand Président, et bien entendu que les dirigeants du Golfe ou de Djeddah. Alors, peut-être faut-il s’intéresser au contenu implicite de ce comportement explicite. Une possible interprétation serait que François Hollande considère que Nazerbaiev et les dirigeants de la péninsule arabique ne font pas partie de notre univers et que ce qui est bon pour nous ne l’est point pour eux. Mais, en ce cas, outre qu’il donne raison à la théorie des doits nationaux, soutenue de la Malaisie à la Chine en passant par Singapour, il fait preuve d’une condescendance insultante qui confine au racisme pour ces peuples et ces Nations. On espère que nos « grandes âmes » intellectuelles se réveilleront enfin et condamneront sur le champ un Président assez hypocrite pour tordre la bouche devant une différence de peine mais faire tout sourire à des dirigeants qui pratiquent la condamnation à mort des homosexuel(le)s. Ou alors faut-il considérer que pour François Hollande et son entourage, les Russes ne sont que des barbares, des sauvages et des brutes, bref de ces untermenschen (des « sous-hommes ») comme le disait les nazis. Bref, ce serait à un racisme anti-russes que nous serions confrontés. Quelle que soit la réponse valable, qu’elle traduise une condescendance profonde ou inconsciente ou un racisme, tout aussi profond qu’inconscient, c’est nous tous, Français de toutes origines et de toutes opinions, qui avons le droit de nous sentir gêné et humilié par la « gêne » du Président recevant le cadeau de Nursultan Nazerbaiev. Dans tout ceci se révèle l’inconséquence d’une politique, l’indécence d’un comportement personnel et le racisme sous-jacent qui transparaît à cette occasion.

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1 commentaire

Publié par le décembre 7, 2014 dans Uncategorized

 

Une réponse à “•Inconséquence, indécence et racisme Par Jacques Sapir

  1. Eugène

    décembre 7, 2014 at 9:26

    Jacques Sapir n’a qu’à moitié raison, pour être roi de l’actualité monétaire reste-t-il malgré tout borgne sur la posture du Président. Hollande gêné? Assurément qu’il est. Est-ce la seule fois? Certainement pas si on analyse les clichés et morceaux vidéo des ses derniers déplacements. Se limiter au dernier du Kazakhstan souligne une vision tronquée du personnage d’Etat. Cet air gêné, il l’affiche depuis pas mal de temps maintenant autant à la suite d’une rencontre avec un coreligionnaire qu’en campagne française. Mais pour cette ultime excursion en terre ennemie, visionnez derechef les instants de l’adieu entre Poutine et le président poire sur le tarmac au pied de l’avion qui doit ramener ce dernier vers le pays qu’il est censé diriger, et constatez l’extrême embarras et la contrariété qui se lisent sur le visage de la Poire présidentielle lorsqu’il tourne les talons vers l’aéroplane. Et cette mine-là n’est pas rare du tout, je la remarque trop souvent depuis une année, même lorsqu’il sort d’une entrevue d’avec son maître Obama. La PP (Poire Présidentielle) trahit un malaise profond, cet homme est dépressif, inhibé, n’a pas la pointure des bottines de marche qu’on lui prête (bien trop grandes pour ses petons de la taille de sa bouche et de ses idées). Alors que Poutine se retenait de s’esclaffer ouvertement à sa face comme pour s’amuser d’un moment de détente franche offert par le camp transatlantique et de sa naïve et chimérique audace de toute dernière chance. Les carottes sont cuites depuis longtemps pour Pierre le G… euh… Poutine. Sorry, cela débutait par la même lettre. Pour s’en convaincre, observons l’actualité de l’année! Que de décisions irrévocables prises de son chef. L’Occident perd et… perd et sa cruauté rageuse est à la mesure de son désespoir de névrosé chronique.

     

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