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Babel et Gaza : l’illusion du peuple sans terre par Danielle Bleitrach

 A propos de l’arrestation de la flotille vers Gaza.

Ce fait d’actualité m’inspire des positions mitigées. Disons tout de suite que ce qui m’indigne est moins la situation de Gaza que la poursuite des colonisations et expropriations à Jérusaleme-Est et dans ce qui selon la loi internationale devrait être la terre de Palestine. Dans ces expulsions il y a ce mélange insupportable d’affairisme, de racisme, de colonialisme et d’hypocrite silence de « la communauté internationale » sur le sort des pauvres et des opprimés. Il y a fort heureusement en Israël même des gens qui se battent, des communistes, arabes et juifs, chrétiens, musulmans.  En ce qui concerne Gaza, il me semble que la situation a évolué du côté de l’Egypte et que c’est en tout cas de ce côté-là que devrait s’exercer la pression d’en finir avec cet indigne blocus, créer une continuité territoriale, mieux comprendre ce qui est en train de changer avec les Révolutions arabes pour y compris que la Palestine, Israêl vive ce qui est un grand mouvement de revendication, une volonté de liberté et de dignité mais aussi à partir des difficultés de vie, du chômage.

Le gauchisme est-il le mur sur lequel se brisera tout espoir?

Bref je souhaiterais qu’il y ait de véritables positions politiques et que tout soit mis en oeuvre pour rassembler largement autour de la revendication Palestinienne à un Etat, pas ces actions gauchistes qui sont minoritaires et qui ne prêtent que trop le flanc à la propagande sioniste : aucun Etat ne saurait accepter l’invasion de ses eaux territoriales et la paranoïa sur laquelle prospère l’extrême-droite israélienne a tout à gagner à ce genre d’opération. De surcroît malheureusement je sais désormais par expérience que l’antisémitisme chez ces gauchistes n’est pas un vain mot et là encore c’est le meilleur service à rendre à l’extrême-droite sioniste. Pour une part de gens simcères et droits il y a comme dans tout gauchisme une part de provocateurs et de gens dont les motivations sont autres…

Cette identification totale entre juif et israël qui pousse le trois quart des sites altermondialistes à produire une littérature nauséabonde est désormais une ligne qui interdit disons la seule politique qui m’apparaisse juste et dans laquelle je pourrais le reconnaitre au point d’avoir envie de me réengager pourf abattre l’extrême-droite sioniste et leurs alliés occidentaux, pour aboutir à la justice pour les Palestiniens ce serait celle du parti communiste israélien. Les autres sont des cons qui poussent la haine du juif jusqu’à nier l’holocauste ou à nier l’existence d’arabes israéliens comme le veut un Liberman. Un etat palestinien viable c’est-à-dire dans les frontières de 1967 en se donnant comme but à terme un Etat fédéral et en étant conscients que les communistes, les arabes israéliens sont un point d’appui. J’ai compris cela quand j’ai vue le malaise de ces gens là devant la mort de Juliano Mer-Khamis par un fanatique palestinien, il était clair que l’assassin n’était pas le bon et Juliano était trop juif à leurs yeux et pourtant ce qui avait été assassiné était une possibilité historique.

Dans l’état où est le monde, comme je l’ai écrit à propos du monologue d’Hamlet la seule chose qui conduise à maintenir des criminels en place, à permettre à un capitalisme à se maintenir est bien la crainte de ce qu’il adviendra lors de sa disparition… Le gauchisme, les outrances, la haine de l’autre et le refus de rassembler les victimes  est la meilleure chance de voir perdurer un système qui craque de toute part.

Etre arrivé par la bêtise de ces gens là, leur antisémitisme à m’éloigner moi est un véritable triomphe, aucun juif ne restera dans un tel lieu, quel que soit son antisionisme, sa colère contre la politique de l’Etat d’Israël, un jour ou l’autre il comprend qui il cotoie et il se retire.

 J’ai toujours été antisioniste parce que je crois que l’Etat d’Israêl est une catastrophe non seulement pour les Palestiniens mais pour les juifs, ceux d’Israêl et ceux de la diaspora. J’ai trouvé un vieil article de 1936 de l’Illustration, je vais le reproduire pour ce blog pour que chacun mesure à quel point tout a été fait pour pousser de pauvres gens vers cette folie et à quel point pourtant dès l’origine le mythe d’un peuple sans terre pour une terre sans peuple est erroné. Oui mais voilà « l’erreur » a été faite, un Etat a été créé le premier à le reconnaître a été Staline, peut-être par antisémitisme, peut-être par esprit borné parce que depuis le début Staline ne pouvait pas comprendre qu’il existe un peuple sans paysannerie. Peut-être aussi parce que l’Union Soviétique, ses combats héroïques avait sauvé les juifs comme tous les peuples de l’horreur nazie et qu’Israêl apparaissait alors comme un prolongement de cette saga soviétique…

Aujourd’hui je veux simplement dire quelques mots sur ce « peuple sans terre », j’y reviendrais. Ce blog est le lieu où je puis parler dans le désert de ce qui me préoccupe et je dois dire que peu de choses me préoccupent plus que cet exode auquel je suis contrainte à un âge avance, renoncer à mes engagements de toujours et ce parce que m’a été révélé l’antisémitisme des gauchistes avec lesquels j’avais peu à peu été contrainte de mener combat par ce que je croyais être l’ultime position révolutionnaire.

Le peuple sans terre ou le mythe de la tour de Babel
 
Quelques mots d’abord sur le choix de l’illustration, la tour de Babel de Breughel. Le tableau lui-même raconte l’histoire biblique de ce roi orgueilleux qui voulut ériger une tour défiant le ciel : A ce moment là nous dit la bible « Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’Orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! » La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! »Dieu descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Dieu dit : « Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. » Dieu les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Dieu confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est là qu’Il les dispersa sur toute la face de la terre. » Une assez bonne image non seulement de la diaspora mais de la mondialisation . Mais le tableau de Breughel est serein, sans menace, on croirait qu’il approuve l’industrie humaine. Cette vision du peintre est en fait conforme à certaines interprétations du mythe biblique dans le judaïsme qui explore une double tradition, celle de cette tour de Babel et celle de la Loi donnée dans le désert. La tour de Babel imagine un temps où les êtres humains ne formaient qu’un seul peuple, ne parlaient qu’une seule langue, donc comme toujours dans la bible ou plutôt dans la thora, est marquée l’origine unique de tous les êtres humains, leur universalité. Mais grâce à l’écroulement de la tour de Babel, cette unité fut marquée par la diversité, la nécessité du dialogue, de la traduction et le verbe ne se confondit pas avec la chose mais symbolisa. Si la survie du judaïsme a un sens elle réside dans la Loi donnée dans le désert aux hébreux mais pour l’humanité, avant même d’avoir une terre, une patrie, ils en furent dépositaire. La loi à peine donné non seulement elle s’accompagna d’idolâtrie pour le « veau d’or », colère de Moïse qui fut aussitôt sanctionnée par l’interdiction d’entrer en « terre sainte » mais aussi sitôt promulguée elle donna lieu à autant d’interprétations qu’il y avait d’hébreux. La Loi fut confiée comme « alliance » aux juifs mais pour être apportée à tous les êtres humains, un peuple sans terre mais avec le Livre. Le livre dont l’interprétation est telle qu’il n’y a aucun « sujet présumé savoir », ni les prêtres-rabbins qui sont eux-mêmes de simples interprètes sans sacralisation, ni les rois encore plus suspects, ils ont toujours sur le dos les prophètes qui eux-mêmes sont toujours accusés par Dieu « d’en faire trop » comme Elie ou Jonas, c’est-à-dire figer la loi, la ritualiser. L’homme parle, nomme mais il n’a pas le monopole de la pensée, seul dieu pense la réalité.
 
C’est une conception qui à l’inverse de la plupart des mythes qui sont des cosmogonies, des espaces utopiques, privilégie le temps, le mouvement, la marche dans le désert de la diversité humaine sont le destin et Jérusalem n’est pas atteint. Pour une athée comme moi et bien d’autres, dieu n’est que le nom de code d’un processus, un déséquilibre permanent comme toute marche, une dialectique entre l’être humain et la nature, avec sa propre nature, entre eux. Partout les juifs s’enrichissent (j’emploie volontairement ce terme) de l’humanité dans sa diversité et transportent au-delà des frontières, partout ils remettent en question l’autarcie, « ils éventrent les poches » selon l’expression de Marx. Nous avons parlé de Théories inconciliables à propos de Marx et de Freud mais elles se retrouvent sur un certain nombre de questions  en particulier la déconstruction du MOI et le sujet assujettissement dans les rapports de production ou dans l’inconscient structuré comme un langage. Nous sommes dans les deux cas entre déterminisme et liberté, c’est-à-dire un sujet assujetti, écrasé, pris dans des normes sociales et pourtant jamais dans la reproduction simple de ces normes et se construisant dans ce bougé.

Ceci vous dira à quel point je n’accepte pas un judaïsme qui s’enfermerait dans une terre, je revendique un destin proche celui d’autres nomades comme les tziganes et ce ne fut pas un hasard si les nazis en firent nos frères à jamais dans les camps d’extermination.

 
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Publié par le juillet 20, 2011 dans actualités, HISTOIRE, mythe et légendes

 

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